Petit mot de l'auteure : Ce texte a été écrit pour la 155e nuit du FoF sur le thème "Cailler". Je l'ai pas placé dans le texte mais je suis partie sur l'idée "se cailler" et donc du froid.


Marinette adorait la neige.

De toutes les saisons, l'hiver était peut-être bien sa préférée. Même si le verglas la rendait encore plus maladroite que d'habitude, elle aimait la douce vision des flocons qui tombaient du ciel.

Pourtant, quand elle vit ce jour-là la neige tomber, elle poussa un juron.

- Mais c'est pas possible, pas encore ! maugréa-t-elle.

Quelques mois plus tôt, elle serait sorti en trombe de sa chambre pour aller avaler les flocons. Elle aurait espéré que la neige ne s'arrête pas et qu'elle soit suffisamment persistante pour lui permettre une bataille ou la fabrication d'un bonhomme. Mais là, Marinette demeura bien enfouie sous son lit, espérant que la pluie blanche cesse rapidement.

C'était mal connaître sa chance.

Ses parents ne tardèrent pas à surgir dans sa chambre pour l'alerter :

- Ca recommence. Les journalistes conseillent à tout le monde de rester à l'intérieur en attendant que la situation soit réglée.

- Pas de problème, répondit Marinette d'un ton sage. Je dois finir mon exposé de toute façon.

Néanmoins, sitôt ses parents repartis, elle avait soufflé « Tikki, transforme moi ! »

Elle n'était devenue Ladybug que depuis dix secondes que son portable avait sonné, affichant Chat Noir.

- Ma Lady, il y en a un nouveau !

- Je sais... soupira-t-elle. J'arrive.

En deux ou trois coups de yoyo magique, elle s'était retrouvée à côté de son acolyte, lequel regardait un glaçon géant.

- Il est complètement givré, rigola Chat Noir en guise d'accueil.

- Avec ces températures, ce n'est pas étonnant... On a jamais connu de mois d'août aussi chaud ! Avec le thermomètre qui montent à 40° depuis une semaine, les gens sont épuisés et veulent un peu de fraîcheur.

- On sait tous que la plus fraîche ici, c'est toi ma lady, ronronna le Chat.

- Très classe... soupira Ladybug. Dis-moi plutôt si tu as vu quelque chose d'utile.

- Et bien... comme les dernières fois. C'est plutôt étrange d'ailleurs. Les akumatisés changent d'apparence, mais pas leurs pouvoirs. Depuis la semaine dernière on a eu deux verres de limonade fraîche, trois glaçons, un thermomètre en température négative, un igloo et quatre cornets de glace, mais tous ont les mêmes capacités : faire tomber de la neige.

èC'est vraiment bizarre, commenta la coccinelle. Papillon ne donne pas des mêmes pouvoirs à des personnes différentes, normalement !

- Oui... mais cela arrange nos affaires, non ?

Ladybug dû bien convenir que c'était le cas : au bout du cinquième akumatisé lanceur de neige, ils avaient fini par résoudre le problème machinalement.

Un cataclysme, une libération du mal et cinq minutes plus tard, Paris retrouvait donc sa canicule aoûtienne.

- N'empêche... Je me demande bien ce que Papillon trafique, marmonna Marinette à Tikki une fois rentrée chez elle.

- Peut-être qu'il veut endormir tes réflexes ? suggéra le kwami.

- Peut-être. En tout cas, je suis parée à tous les plans tordus qu'il peut préparer !

Gabriel Agreste détestait la chaleur.

Certains médisants diraient de lui que cette haine provenait de son cœur de glace, mais la raison était tout autre : la chaleur, ça faisait transpirer. Et qui disait transpiration, disait vestes, chemises et autres costumes complètement ruinés – chose que les badauds ne pouvaient comprendre. Chaque année, lorsque les températures grimpaient, il devait déployer des trésors d'imagination pour se prévenir de ces désagréments tout en restant bien habillé (il n'allait pas déambuler en débardeurs et bermuda, un peu de sérieux voyons!).

Mais cette année... cette année, Gabriel avait une arme.

Une arme puissante.

Le Miraculous du papillon, dont il avait enfin comprit le véritable potentiel.

C'est ainsi qu'il avait imaginé un plan : akumatiser suffisamment de personnes se plaignant de la chaleur pour faire tenir sur Paris un joli petit climat neigeux et surtout frais.

Avec toutes les personnes fragiles souffrant de la canicule, trouver des gens à akumatiser pour cette raison n'avait pas été bien difficile. Malheureusement, aucune n'avait su résister assez longtemps à Ladybug et Chat Noir pour qu'il puisse en profiter. Ainsi, quand son troisième glaçon akumatisé fondit pour laisser place à une vieille dame en sueur, il cria de rage. Il n'y avait pas une seule personne ici qui soit un tant soi peu capable et qui pourrait lui permettre d'abandonner son poste pour aller savourer l'air frais ? Il était vraiment entouré d'idiots...

Gabriel se força néanmoins à se calmer. Le prochain serait peut-être mieux. Voilà, c'était ça : il fallait garder espoir. Il laissa donc vaguer son esprit, jusqu'à trouver un touriste piégé dans un hôtel minable qui n'avait pas de clim.

- Bonjour... Je suis le Papillon... Tu es fatigué de voir ce monde devenir fournaise ? Je peux te donner le pouvoir d'amener le frais et la neige à toi... En échan...

- Ca serait pas possible d'avoir de l'eau chaude, plutôt ?

- Hein ?

- Cet hôtel est vraiment nul, le chauffe-eau est tombée en rade et ma douche et tiède et... Papillon ?

Mais Papillon avait enlevé son emprise pour récupérer son akuma. Non mais c'était quoi ces gens qui voulaient de la chaleur quand les températures étaient déjà hallucinantes ? Le monde ne tournait vraiment pas rond.

Il repartit donc vers une nouvelle cible. Quand celle-ci accepta son emprise sans aucune résistance, Gabriel sourit : il allait peut-être enfin avoir le droit à une après-midi sans dégouliner !