CHAPITRE 2 : Engagements.
La solitude de Harry aurait pu paraître pesante pour la majorité de ses camarades d'école. Hors le jeune sorcier ne s'était jamais autant amusé durant ses étés. Poudlard était un lieu qui regorgeait de salles les plus inattendues. Armé de la carte du maraudeur qu'il avait réussi à reprendre discrètement des affaires de Barty Croupton l'année précédente, le jeune homme allait de découverte en découverte. De la bibliothèque secrète de Rowena Serdaigle à la grotte enchantée _ d'étranges oiseaux déplumés et fluorescents y vivaient _, le château se révélait un labyrinthe sans fin où Harry aurait pu aisément s'y perdre sans jamais en ressortir vivant s'il n'avait pas eu sur lui la carte. Il se plaisait à se faufiler entre les pierres ou murs constitués de terre en imaginant les aventures des maraudeurs, perdus ou riant, cherchant à s'effrayer _ Queudver était toujours leur cible préférée ou n'étant seulement pas là _, glissant sur les sols visqueux, feignant de tomber dans des crevasses, revenant vers deux heures du matin, complètement couvert de boue et de liquide projeté par les plus bizarres des créatures en guise de défense pour la protection de leur habitat, exténués mais heureux. Bien sûr, le lendemain, ils bailleraient longuement pendant les cours d'histoire de la magie sous l'oeil réprobateur de sa mère... Sur des parois molles à des dizaines de mètres sous le château, un soir, probablement très tard, Harry avait ouvert de grands yeux en contemplant avec émerveillement un message (ancien étant donné la difficulté à discerner les lettres) creusé dans le mur (magiquement sans doute!):
En ce lieu se tient la preuve du passage incontesté
de la bande la plus intenable de Poudlard,
celle des grandissimes Maraudeurs!
Si, à votre tour vous, élèves, passez ici un jour (ou une nuit!),
sachez que vous êtes les dignes héritiers spirituels
de Lunard, Queudver, Patmol et Cornedrue!
Montrez vous à la hauteur et continuez votre exploration.
Avec tous nos encouragements!
Chacun des maraudeurs avait écrit deux lignes du texte. Harry était longuement resté devant, tentant de lier les différentes écritures à leurs maîtres respectifs. Il connaissait déjà celles de Sirius et du Professeur Lupin : elles s'étaient peu modifiées malgré les années. Entre les deux restantes, il devina celle de son père, étrangement semblable à la sienne, bien que cela ne provienne pas d'un critère génétique. Il en déduisit que l'écriture brouillonne et ronde appartenait à Queudver. Harry avait passé et repassé ses doigts dans les creux des deux dernières lignes, celles de son père... Si seulement ce simple geste avait suffi à le rapprocher de lui... Au bout d'une heure environ, il s'était arraché de ses pensées et avait décidé de revenir ultérieurement pour immortaliser le message dans du plâtre grâce à une technique de moulage moldue. Si ce n'était qu'un simple mot pour certains, il était le plus inestimable objet que Harry ait jamais possédé, en dehors de l'album de ses parents et de la cape d'invisibilité héritée de son père. Il avait par la suite soigneusement ajouté un sortilège de conservation afin de contrer l'action du temps sur la pierre. Puis il avait continué sa route, espérant à chaque détour, apercevoir un nouveau message, une empreinte de leur venue... Jusqu'à observer une chose insolite: la carte était incomplète. Arrivé devant un passage où Neville n'aurait pu entrer (Queudver avait certainement bloqué l'exploration des maraudeurs, il était le plus rondouillé de tous...), le plan s'était arrêté. Mais alors que Harry s'y glissait, de nouvelles lignes s'y dessinaient jusqu'au niveau de sa position. Il continuait d'avancer et des informations naissaient au coeur de la carte. Les maraudeurs ne sont jamais venu ici, pensait Harry. Par conséquent, il s'était désormais fixé un autre objectif : compléter les plans. Quand on y pense, je n'ai pas regardé la carte pour pénétrer la bibliothèque de Serdaigle...
Harry passait ainsi ses nuits à déambuler dans les endroits les plus effrayants comme les plus extraordinaires de l'école. Les ordres de Mac Gonagall avaient cédé face à la curiosité du jeune sorcier. Hermione l'aurait certainement réprimandé. Ron serait venu, incapable de résister à la tentation d'énerver leur amie en enfreignant les règles de l'école. Il se serait identifié à un grand explorateur parti dans une de ses croisades et n'aurait pas manqué de se réfugier derrière Harry dès qu'une malheureuse petite araignée leur serait passée sous le nez... Ses amis lui manquaient. Enormément. Mais sa journée ne s'en trouvait pas moins remplie. S'il ne pouvait faire de parties d'échecs version sorciers, il partageait son temps entre sa passion pour le Quidditch et les livres. Les découvertes se déroulaient la nuit, quand Harry évitait son lit et ses cauchemars... Il s'était aidé de L'Histoire de Poudlard, pour associer les légendes aux lieux visités et laisser carte blanche à son imagination débordante. Le livre s'était révélé intéressant _ Harry se promit de faire part de ses impressions à Hermione, rien ne lui ferait autant plaisir _, mais très vite, il avait montré des lacunes _ version revue et révisée, selon son amie, rageuse du manque d'informations concernant l'emploi des elfes de maison _. Rien ne laissait sous-entendre l'existence de la bibliothèque secrète. Et elle n'était pas la seule pièce à ne pas être mentionnée... Les autres livres ne l'avaient guère aidé plus. Harry prit notes à effectuer quelques recherches sur ce lieu grâce à sa propre collection d'ouvrages.
Peu à peu, en passant son temps entre les rayonnages, le jeune sorcier s'était intéressé à des tomes consacrés aux mythes _ ce qui aurait fortement déplu à Mr Binns, son professeur d'histoire, très attaché aux faits et non aux extrapolations de l'histoire _ ainsi qu'à des volumes ayant pour sujet les sorts offensifs de la magie blanche, les duels, etc. Cependant, il prit rapidement conscience que la plupart des maléfices lui étaient inaccessibles. Le niveau de puissance requise était bien plus élevé que celui d'un élève de cinquième année. Aussi entreprit-il d'étudier plus attentivement les livres qu'il devrait par la suite acheter pour la rentrée prochaine. Mme Pince possédait toujours un ou deux exemplaires de chaque ouvrage recommandé par les professeurs, quelque soit le niveau. Ils étaient entreposés sur les étagères de façon à ce que les élèves qui perdaient accidentellement leurs affaires scolaires en cours d'année puissent continuer à travailler. Neville revenait souvent dans les parages...
Sa rencontre avec Voldemort avait poussé Harry à apprendre davantage. Ses cauchemars, toujours aussi terribles, ne faisaient que l'encourager dans cette voie. Il avait conscience de l'impact qu'avait pris la troisième tâche sur ses habitudes mais il l'avait finalement accepté. Ses engagements ne modifiaient pas son caractère, ils n'en faisaient que souligner certains aspects comme la détermination et l'envie de faire ses preuves. Faire face à la mort sans aucun moyen de défense lui était une situation intolérable à laquelle il fallait rapidement remédié. Par voie de conséquence, il prenait énormément de temps à la lecture, ce qui ne passait pas inaperçu auprès de Mme Pince.
Au contraire de Harry, Mme Pince souffrait de la solitude, ce qui était assez contradictoire quand on connaissait sa réputation. Froide avec les élèves, elle ordonnait le silence au moindre chuchotement et était fermée à toute conversation. Elle lisait des journées durant ce qui ressemblait à des romans à l'eau de roses et pestait contre quiconque osait la déranger pour un renseignement quelconque. Pourtant les allers-retours quasi constants du jeune sorcier ne la laissèrent pas indifférente. Alors que le jeune homme avait décidé d'apprendre sans se soucier le moins du monde de la présence de la documentaliste, celle-ci s'était un jour approché de lui en lui demandant s'il avait besoin d'une aide quelconque. Harry était resté stupéfait devant le changement radical d'attitude de la bibliothécaire mais avait fini par se reprendre en lui expliquant ses recherches. Il s'était avéré par la suite qu'elle était d'un grand secours et connaissait la bibliothèque comme sa poche, du moins le rangement des livres et leurs sujets principaux si ce n'était leur contenu. Harry apprit à mieux la cerner. Il suffisait de s'intéresser à ses lectures sans pour autant s'en moquer et elle se révélait la personne la plus aimable au monde. La susceptibilité ne lui faisait pas défaut et Harry sembla croire que cela provenait, tout comme Rusard, de sa condition de Cracmol. Elle avait fini par lui avouer un matin où Harry réussit à maîtriser parfaitement le sortilège traversio qui consistait à faire passer un objet dans un mur ou autre obstacle. Il l'utiliserait cette année en cours d'enchantement. Mme Pince l'avait félicité et Harry avait bredouillé un "oh, mais ce que j'ai fait, c'est rien", pensant qu'elle était capable de plus grands exploits. Quand elle lui avait affirmé que non et expliqué pourquoi, Harry comprit davantage son attitude envers les élèves. Bien sûr, elle lisait des romans à l'eau de rose et ce loisir était souvent ridiculisé par la majorité des camarades de Harry, mais son retrait s'expliquait aussi par la peur d'être rabaissée sur son manque de puissance magique. Le jeune sorcier lui avait répondu que les Cracmols n'étaient pas inférieurs aux sorciers, tout comme les Moldus. Ils s'agissait là de préjugés semblables à l'antisémitisme. La honte entraînait le retrait à la société et renforçait donc ces idées reçues. Les relations s'étaient ainsi considérablement favorisées à partir de ce moment-là. Harry avait même réussi à sortir Mme Pince de sa bibliothèque pour lire dans le jardin central du château, sous la douce chaleur estivale, ce qui tenait du miracle. Ils restaient parfois assis pendant plusieurs heures dehors, chacun plongé dans son propre univers, appréciant la proximité de l'autre.
Harry se surprit à penser qu'il n'avait plus de temps libre. L'absence des professeurs l'inquiétait (Mac Gonagall n'avait pas réapparu). Mais compte tenu des ordres stricts auxquels il était soumis, il ne pensait pas les retrouver pour obtenir de leurs nouvelles. Sans oublier qu'il aurait été incapable de sortir d'ici, même en le voulant (il avait vu des sortes de nuages bloquant les passages secrets et en avait conclu qu'il s'agissait de charmes interdisant l'accès extérieur). Deux semaines passèrent ainsi. Du terrain de Quidditch pour perfectionner ses tactiques, il se rendait aux cuisines manger en compagnie des elfes, de là, il allait à la bibliothèque prendre des livres à savourer dans les différents parcs de l'école, pour enfin finir sa journée à déambuler au coeur du château. Ses seuls moments d'égarement étaient lorsqu'il passait devant la cabane d'Hagrid en se questionnant sur les activités de son ami, les chances de réussite de sa mission et au dortoir des Gryffondor où il attendait impatiemment que les lits se remplissent à nouveau de ses amis grognons à l'idée d'avoir un cours de Potions le lendemain. Il pensait aussi à la réaction de Ron ou d'Hermione s'ils voyaient la magnifique bibliothèque de Rowena Serdaigle (Harry n'en avait pas parlé à Mme Pince: il était évident qu'elle ne le suivrait pas dans les sombres couloirs, même en rassemblant tout son courage) ou leur extase devant la salle qui se tenait à présent devant lui.
Cette nuit, il s'était enfin décidé à longer le couloir où les murs menaçaient de le réduire à l'état de galette. Il avait remarqué cet endroit auparavant mais avait préféré l'éviter soigneusement pour mieux explorer d'autres parties de l'école. En effet, les murs ne cessaient de se rapprocher ou de s'éloigner, ce qui n'était pas pour rassurer les gens aventureux. Mais alors qu'il avait décidé de tenter un pied en avant... tout s'était arrêté. Les murs avaient laissé place à un couloir infiniment long et les craquements que provoquait le frottement des pierres contre le sol et le plafond avait été remplacé par un grand silence. Au bout de dix minutes environ, Harry avait atteint une minuscule porte. En posant sa main sur la poignée, un minuscule déclic s'était fait entendre. Il avait lentement tiré la porte vers lui dans un grincement sinistre. Et l'appréhension de Harry s'était effacé pour un plus grand émerveillement.
Devant lui, une pièce de la taille de la grande salle était éclairée magiquement par une lumière aussi naturelle que celle du soleil, ce qui était étonnant quand on savait que Harry était descendu dans les profondeurs de Poudlard. Des matelas, éclatant neuf, faisaient office de sol. Un sortilège anti-poussière, pensa Harry, un sort assez simple qu'il apprendrait dans le courant de l'année. Mais la difficulté résidait dans la surface et le temps. Et étant donné la superficie de la salle et sa construction datant probablement d'un millénaire, le jeune sorcier en conclut qu'il avait été lancé par un des fondateurs de Poudlard, les plus puissants sorciers de l'histoire. Les murs aussi étaient tapissés de matelas blancs. Harry comprit rapidement la fonction de la salle: il en avait apprit l'existence en deuxième année, avant leur premier cours "pratique" de duel avec Lockhart. Une salle de duellistes professionnels, woaw, souffla Harry. Les matelas servaient d'absorbeurs de sorts et... de matelas. Ils étaient très utiles pour les malheureuses personnes qui étaient propulsées contre les parois de la pièce, cas de figures trop connus en cas d'échec du face à face. Eh bien voilà, j'ai trouvé l'endroit idéal pour m'entraîner... A partir de là, il revint chaque jour, augmentant peu à peu ses performances. Parfois, il amenait avec lui des objets tests, ou des livres, pour les sorts un peu plus complexes notamment. Il commençait à bien maîtriser tous les maléfices de cinquième année et repousser leurs limites. Cela lui rappelait la préparation à la troisième tâche. Il apprit de même à quel point toutes les matières enseignées étaient liées. La métamorphose, parmi ses nombreuses ouvertures, rendait un environnement hostile plus protecteur _ la transformation d'une seringue en moineau par exemple, ou le contraire en cas d'attaque _, la botanique assurait sa survie en pleine nature et se complétait étrangement bien avec les potions, très efficaces lors d'une perte totale d'énergie, de puissance magique. Quant aux enchantements, l'idée de mangemorts atteints d'hallucinations passagères n'était pas pour lui déplaire... Dans tous les cas, chaque domaine lui offrait une sortie de secours en cas de duel et il n'était pas prêt à gâcher les rares opportunités qu'il avait de survivre. Mais bientôt, il prit conscience de la chance qu'il avait de passer un été à Poudlard. Bien sûr, l'absence des Dursley et le terrain de Quidditch étaient des avantages dont Harry avait grandement profité. Cependant, jusqu'ici, il n'avait jamais songé au fait que le monde de la sorcellerie était à sa portée, dans toute sa splendeur. Il était enfermé à Poudlard, mais contrairement à ce qu'il avait cru au premier abord, il n'était pas seul. Les elfes l'avaient prouvé. Le village aquatique et la forêt interdite le confirmèrent.
Après une maîtrise parfaite du sortilège de Têtenbulle (deuxième sort appris en cours d'enchantement en sixième année), Harry retourna auprès des sirènes et créa des liens d'amitié avec elles. Malgré leur aspect repoussant, elles s'avérèrent très orgueilleuses et fières de leur physique. La flatterie ne suffisait pourtant pas à gagner leur confiance. Mais l'attitude de Harry lors de la deuxième tâche ("sa grande force morale" ayant contribué au sauvetage de Gabrielle, la petite soeur de Fleur DeLacour) avait influencé leurs relations dans le bon sens. Les sirènes étaient assez intelligentes et avancées en matière de défense : leurs chants envoûtants persuadaient leurs ennemis à se montrer pacifiques. Harry revint régulièrement les voir, en particulier, en période de grande chaleur, appréciant leurs coutumes et "technologie". Ses visites équivalaient de loin à tous les ouvrages écrits sur leur monde. Le monde magique était là, devant lui. Les sirènes lui expliquaient qu'elles étaient très réceptives au moindre son produit dans Poudlard mais s'abstenaient de "tendre l'oreille", les élèves, souvent trop bruyants à leur goût. Elles réservaient une partie de leurs sens aux appels urgents et lointains de leurs congénères, attaqués par des strangulots ou autres "parasites sous-marins". Elles lui apprirent aussi que leur monde, à une très grande profondeur où la pression était telle qu'elles étaient parmi les seules créatures à pouvoir y nager, était relié à la mer par un long tunnel. Ceci expliquait pourquoi Harry avait senti du sel dans un lac apparemment d'eau douce. Les sirènes lui proposèrent également de l'aider dans ses entraînements: elles savaient lire sur les lèvres. Or le thème principal en matière de défense contre les forces du mal en sixième année était les maléfices trompeurs. Un sorcier lançait un sort qui se trouvait être différent de celui entendu par l'adversaire. Pour prévenir cette attaque, il devait remarquer que les mouvements des lèvres ne correspondaient pas aux sons perçus et que les gestes effectuées par la baguette n'étaient pas les bons. Grâce à ces créatures, Harry était capable de deviner en plus le véritable maléfice lancé sur lui...
Harry était fasciné par leurs caractéristiques et leur personnalité, si différente de celles des elfes, modestes et serviables, qu'il côtoyait. Chacune des espèces vivant dans l'enceinte de Poudlard avait des traditions, mythes et légendes, idoles et ennemis... Mais toutes avaient un point commun, un accord universel : Voldemort et ses mangemorts devaient être rayés de la carte. Elles en parlaient avec une conviction inébranlable, une froideur sans précédent. Le jeune sorcier en avait été impressionné, surtout de la part des elfes, habitués à ne dire du mal de personne. Elles regardaient la réalité en face sans sourciller : avec Lord Voldemort au pouvoir, elles étaient toutes, sans exception, condamnées à l'extinction ou l'esclavage. Harry n'en ressentit qu'une détermination plus farouche quant à son apprentissage.
Tous avaient vécu misérablement lors du règne de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Et Harry craignait un retour à l'angoisse et la violence. Si, au début des vacances, ses cauchemars lui rappelaient des moments intenses liés à Voldemort durant les quatre dernières années, ils se centraient peu à peu sur le personnage lui-même. Selon Harry, c'était loin d'être un bon présage. A chaque réveil, la culpabilité d'être à l'origine de son retour le rongeait de l'intérieur, l'abattait moralement avant de lui insuffler un "trop plein" d'énergie qu'il déversait ensuite dans le Quidditch. Il ne dormait plus que quatre heures par nuit. Quand minuit approchait, il redoutait son sommeil, plus que tout. Il tentait tant bien que mal de s'y habituer. Mais il n'avait pas le choix. En revanche, il demeurait étonné de ne pas ressentir les effets secondaires du manque de repos. Restait à combattre les sentiments dérangeants que laissaient en lui ses rêves.
Au fur et à mesure que le temps s'écoulait, Harry se créait de nouveaux loisirs : il perfectionnait ses langues étrangères _ les sirènes lui montraient comment se comprendre hors de l'eau et lui avaient fait remarquer qu'il possédait un accent "plat"_, et s'aventurait plus dangereusement dans la forêt interdite. Des centaures l'accompagnaient parfois mais s'interdisaient d'intervenir lorsqu'un danger se présentait à Harry. Ce dernier ne pouvait s'empêcher d'éprouver un peu d'amertume envers l'indifférence de ses créatures. Ils s'avéraient cependant très savants : ils enseignaient à Harry les divers races des habitants de la forêt et leurs histoires. Ils avaient voulu montrer au jeune sorcier comment lire son avenir dans les étoiles, mais celui-ci s'y était opposé. Comme disait Hagrid, il arriverait ce qu'il arriverait et il faudrait alors se préparer à l'affronter...
Neuf heures sonnèrent. Harry retourna dans son dortoir, un ouvrage dans les mains. Dans les couloirs, il croisa Mr Rusard.
_ Bonsoir Mr Rusard.
_ Humph, grogna-t-il.
Le comportement du concierge était aux antipodes de celui de Mme Pince. Il ne comprenait pas qu'on puisse admettre la présence d'un élève au château pendant l'été. Le seul être à qui il accordait un sourire ou conversait était Miss Teigne. Malgré tout, Harry se montrait respectueux. Un peu de politesse n'a jamais tué personne...
Arrivé auprès de son lit, Harry s'empara de quelques notes posées sur sa table de chevet et de son livre. Ce soir, il aborderait les chasseurs sans tête, une des plus redoutables créatures qu'un sorcier puisse affronter. Et non les «Chasseurs sans tête» comme le club qu'espérait fréquenter Nick aimait se nommer, voulant ainsi donner à leur groupe une réputation plus terrible... Ils étaient immortels, comme la plupart des monstres étudiés en Septième année. Certes leur taille n'était pas impressionnante. Mais leur détermination à vouloir décapiter les gens était féroce. Pour survivre, un sorcier devait les neutraliser à défaut de les tuer. Le charme de défense employait une technique similaire aux patronus. Le niveau à acquérir était plus faible que celui du sort utilisé à l'encontre des Détraqueurs. Former sa défense exigeait une dépense moindre d'énergie. Seulement, la difficulté résidait dans le sentiment, le côté "mental". S'il fallait penser à une joie intense en prononçant "Spero Patronum", Harry devait visualiser un moment de sa vie où il aurait fait preuve d'une grande sagesse pour le fameux "Spero Ratiosophia". Ainsi, une tête apparaîtrait peu à peu pour se fondre au corps du chasseur qui aurait retrouvé par conséquent la raison. Il abandonnerait alors sa folie des massacres et deviendrait une sorte de spectre assimilable aux fantômes et totalement inoffensif.
Se défendre contre un chasseur sans tête n'était pas accessible à tous les sorciers. En effet, beaucoup n'avaient jamais fait preuve d'une vraie sagesse. Harry réfléchit à ce qu'il avait fait de plus sage. La première idée qui lui vint à l'esprit fut les cours. Qui n'a pas entendu une fois dans sa vie "As-tu été sage à l'école aujourd'hui ?". Mais très vite, il réalisa qu'il n'était pas le plus modèle des élèves et son souvenir, si souvenir il y avait, ne serait pas suffisamment fort. Il pensa alors à la requête de Cédric : les gens auraient pensé qu'il avait sagement agi s'ils avaient su ce qui s'était passé ce soir-là. Cependant, Harry pensait qu'il s'agissait seulement d'imprudence, de pure folie passagère, voilà tout... La plupart des personnes auraient fui sans demander leurs restes... Puis il se souvint : C'est la preuve d'une grande sagesse, Harry... Le professeur Lupin. Il avait expliqué à Harry combien il était sage d'avoir pour plus grande peur les Détraqueurs. Voilà, c'est ça. Le jeune homme se rendit compte qu'il lui fallait penser aux Epouvantards "déguisés" en Détraqueurs pour réussir sa manoeuvre. Un comble pour le jeune sorcier. Il allait créer un système de défense semblable aux patronus en pensant aux Détraqueurs. Harry, résigné, se leva donc et entreprit le commencement de l'entraînement. Parvenir à un début de résultat fut beaucoup moins long que lors de ses tentatives de troisième année. Après deux heures et une tablette de chocolat croquée, Harry put percevoir une forme assez nette sortir de sa baguette. Une tête se dessina lentement, pourvue de longs cheveux argentés, des lunettes ressortaient avec une forme peu commune lui rappelant celles de...
_ Albus Dumbledore !
Harry se rassit sous le choc. La tête de son mentor lévitait dans le vide à un mètre de lui. La bouche du jeune sorcier sembla bloquée sur le mode "ouvert". Tout en ne lâchant pas du regard sa "création", ses mains partirent à la recherche de l'ouvrage, toujours sur le lit. Une fois celui-ci ramené à ses côtés, Harry s'arracha de sa contemplation pour tenter d'expliquer ce phénomène plus qu'étrange. Il parcourut quelques pages en diagonales puis posa son regard sur une remarque écrite en minuscule.
Note: Un lien indéfinissable se crée entre le rationum formé et l'esprit de l'apprenti. Le passé du sorcier influence considérablement l'apparence empruntée par le charme. Ainsi, il s'avère que la plupart des rationums réalisés ressemblent aux visages de parfaits inconnus, ceci largement expliqué par le fait que nombre d'entre nous ne connaissent des hommes, philosophes à part entière. Cependant, il peut exister des rationums dont les traits rappellent une connaissance qui selon vous incarnerait la sagesse et la raison.
Harry releva les yeux et s'aperçut que le visage de Dumbledore avait disparu. L'explication que lui avait donné son livre lui parut alors évidente. Son Directeur n'avait rien d'un vieux fou sénile pour lui. Il était bien plus... Le jeune sorcier reprit sa baguette et continua l'entraînement.
_ Spero Ratiosophia! Spero Ratiosophia! Spero Ratiosophia!
Trois têtes apparurent à la suite. Harry sourit, un sourire qui s'effaça bien vite quand il prit conscience qu'il avait dépassé ses limites. Pour une première fois, les efforts qu'il avait fourni étaient bien trop importants. La tête lui tournait. Il tomba sur son lit, exténué, et s'endormit.
Une grotte. Des chauve-souris. Une brise, peut-être rassurante... La lune éclairait l'entrée. Elle était bien ronde ce soir. L'endroit aurait pu sembler désert si l'on entendait pas des clapotements grossiers retentir. A l'évidence, une personne au souffle court s'y engouffrait sans prendre la peine de ralentir malgré les nombreuses flaques d'eau et petits obstacles dont le lieu regorgeait. Un grognement se fit entendre à son tour. Deux yeux jaunes apparurent dans le champ de vision. D'apparence calme et serein, la bête ne pouvait contenir son excitation. Elle restait cependant sagement assise. C'est alors que Harry perçut cette voix froide et glaciale:
_ Je ne te retiens pas plus longtemps. Va et règle le compte de ce traître. N'oublie pas. Je ne veux plus de lui. Même de ton espèce, Karkaroff ferait un piètre serviteur. Et dépêche-toi, l'Angleterre m'attend.
L'horrible créature se leva, plia ses pattes en signe de révérence et bondit vers la grotte. Sa course effrénée ne laissait présager que le pire. Harry ne voulait pas entendre. Il commençait à s'agiter de terreur, à crier. Ses hurlements se joignirent bientôt à ceux de la victime rattrapée. Il continuait à se remuer, se retourner mais rien. Ce n'est que lorsque l'acte abominable fut accompli, ce n'est que lorsque les cris eurent brusquement cessé, que les os furent broyés, que Harry rouvrit les yeux, allongé, le visage en sueur et la cicatrice brûlante.
Le premier meurtre. Harry le savait et ne se l'expliquait pas. Par conséquent, cela signifiait aussi que tous les prisonniers d'Azkaban s'étaient joints à Voldemort. Aucune victime, que des alliés. Les batailles qui se préparaient promettaient d'être terribles. Les loups-garous obéissaient à Voldemort. Harry eut une pensée pour Lupin. Se pouvait-il... Le jeune sorcier se secoua vivement la tête. Non, Sirius était auprès de lui lors des pleines lunes, il le surveillait. Espérons qu'il ne lui ait jamais échappé... Harry aurait voulu recevoir de leurs nouvelles, ne serait-ce que pour le rassurer, qu'ils allaient bien et que tout se passait comme prévu... Sachant qu'il n'en saurait pas plus en restant là, il prit son Éclair de Feu et se dirigea à sa fenêtre. Ce n'était pas le dernier meurtre dont il serait témoin. Et encore, il avait eu de la chance de ne pas voir Karkaroff se faire dévorer devant lui. L'aube pointait à l'horizon. Le rêve avait été court en lui-même, mais pour une raison inexplicable, il avait duré plusieurs heures ici. Harry s'élança de la tour et se dirigea vers le terrain.
Ses sombres pensées ne firent pas le poids longtemps face à la merveilleuse sensation éprouvée en volant. Harry fit plusieurs tours au-dessus des gradins pour apprécier les distances et s'élança droit vers une des tribunes avant de freiner brutalement. Il reprit de la vitesse, fonça vers le poteau d'or principal et s'arrêta brusquement en se cramponnant à son balai. Les Serpentera avaient pris la mauvaise habitude de couper ses trajectoires en espérant que Harry tombe de son Éclair de Feu. Ce qui n'était plus prêt de se produire...
Un sentiment de joie intense l'envahissait. L'air était son élément. Après avoir atteint la vitesse maximale, il remonta en chandelle au milieu du terrain.
_ Les attrapeurs foncent vers un vif d'or invisible, côte à côte et serrés. La confrontation est rude...
Il desserra alors son balai de ses deux jambes et prit celui-ci uniquement dans sa main gauche. Il tomba dans le vide, tenant toujours son Éclair de Feu, sans pour autant l'enfourcher.
_ Wouaouououh!...
Son cri de joie se répercuta en écho. Et alors qu'il allait s'écraser, il se rétablit sur son balai et repartit droit devant en frôlant le sol. L'adrénaline lui courrait dans les veines. Il n'était plus à un entraînement mais au beau milieu d'un match digne de la Coupe du Monde. Les foules en délire hurlaient, sifflaient ou criaient à pleins poumons, Hermione et Ron l'encourageaient vivement et Malefoy s'écrasait lamentablement au sol... Lee Jordan insultait les adversaires de tous les noms, les cognards prenaient Harry pour cible... Il zigzagua en effectuant des virages tout aussi serrés les uns que les autres avant de perfectionner sa petite feinte de Wronski. Certes, Harry ne pensait jamais égaliser Krum dans l'art et la manière de la réaliser mais si Malefoy y croyait assez pour chuter... Il vira à gauche et plongea dans un petit tunnel qui faisait office de coulisses. Il stoppa devant une porte et après avoir murmuré Victoire, un déclic indiqua l'accès à la réserve. C'est là qu'était entreposé le matériel de l'école. Sombre et poussiéreuse, la minuscule pièce était à l'image des fonds financiers de l'école, misérables... Harry saisit une grosse boîte, une batte, et remonta aussitôt sur son balai. Un autre avantage qui s'était offert à lui pendant son séjour à Poudlard était qu'il volait dans les couloirs, au milieu des escaliers, sans répréhension; cela dit, il fallait éviter le concierge. Inutile de commencer à faire perdre des points à sa maison avant la rentrée. Il sortit des coulisses et vola jusqu'au milieu du terrain. Là, il se posa et ouvrit la boîte. Il en retira le vif d'or et un cognard. Il ne préférait pas risquer de s'entraîner avec deux cognards. Mme Pomfresh était absente et compte tenu du fait qu'il était le seul joueur sur le terrain, ces "sales bêtes" le prenaient toujours pour cible. Une impression de déjà vu... Il réenfourcha son balai et s'élança dans les airs, la batte à la main. Il la tenait en cas d'urgence _ en effet, il essayait juste d'éviter le cognard car après tout il n'était qu'un attraper _, mais on ne savait jamais...
Deux heures plus tard, Harry rentra enfin, essoufflé mais heureux. Entrant dans la grande salle, il aperçut avec surprise Dumbledore. Il arborait toujours un air malicieux et son charisme était plus grand que jamais. Le voyant à son tour, il vint à sa rencontre.
_ Bonjour Harry.
_ Bonjour professeur, répondit Harry avec un grand sourire.
Il éprouvait un sentiment de félicité à discuter avec une personne _ et non pas une créature _ qu'il tenait à coeur. Il n'oublierait jamais le comportement de son Directeur après la troisième tâche et en ressentait une gratitude et reconnaissance infinie.
_ Les avantages de notre école ne t'ont pas laissé indifférent, je vois.
Le professeur avait remarqué la rougeur des joues de Harry et sa respiration, encore un peu saccadée. Harry sourit.
_ Je profitais d'un moment libre pour venir te parler. J'ai des nouvelles à t'apporter. Mais d'abord, dis-moi : comment te sens-tu ?
_ Bien professeur. Mes vacances n'ont jamais été aussi distrayantes.
Le regard du Directeur pétillait.
_ J'avais craint que ta solitude en ce lieu ne t'amène qu'à te replier sur toi-même mais je constate avec joie que mes craintes étaient infondées. Cependant, je me dois de savoir si ta cicatrice se fait douloureuse.
Le sourire de Harry s'effaça, ce qui ne passa pas inaperçu aux yeux de Dumbledore.
_ Eh bien, je dors peu... Le professeur Mac Gonagall me l'a fait elle-même constater...
Le professeur hocha la tête en signe d'approbation. Elle l'avait donc mis au courant.
_ Je fais des cauchemars. Au début, ils s'agissaient de souvenirs mais ils se centrent de plus en plus sur Voldemort lui-même, parfois c'est comme si je voyais par lui. Ensuite, je me réveille avec une douleur à la cicatrice.
Il frissonna légèrement. Il détestait penser à ces cauchemars et cette brûlure insupportable. Harry repoussa ses pensées et songea un instant à son rêve de la nuit dernière. Il préféra ne rien dire. Les cris étaient encore trop présents pour en parler. Il reprit :
_ Pourtant, il semble que mon sommeil soit très réparateur. Je ne ressens aucun effet secondaire.
Le Directeur fronça les sourcils et l'examina attentivement. Un mal-être s'installa en Harry. Il haïssait ne pas comprendre ce qui se produisait, surtout quand il s'agissait de sa santé. Son professeur resta silencieux. Au bout d'un moment, il prit la parole.
_ Harry, il faut que tu saches qu'Hagrid ne pourra malheureusement pas acheter tes fournitures scolaires. Sa mission s'annonce plus difficile que prévu.
Harry s'inquiéta.
_ Mais ne crains rien. Hagrid n'est en aucun cas en danger. Simplement, je doute qu'il revienne avant la rentrée des classes.
Harry se demanda bien quels problèmes son ami rencontrait.
_ Donc...
Dumbledore sortit une gourde de sa poche.
_ ... Je te confie ceci pour les vacances. C'est du polynectar, Harry. Le professeur Rogue en a rapidement préparé l'équivalent de trois après-midi entiers de transformation continue. Il l'a amélioré. La potion comporte des cellules de plusieurs garçons de ton âge. Ainsi tu ne ressembleras à personne. Tu pourras par conséquent te rendre au Chemin de Traverse avec prudence et acheter tes fournitures. Le professeur Rogue a veillé à ce que seul ton visage change de forme au cas où tu aurais de nouvelles robes à acheter...
Harry contemplait la gourde avec un mélange de joie, de dégoût et de méfiance.
_ J'ai une totale confiance en lui. Tu peux en boire sans danger, je m'en porte garant, ajouta-t-il en remarquant la mine de Harry. En revanche, tu dois me promettre de t'y rendre aux heures à grande affluence. Tu te fondras ainsi dans la foule. Pour y aller, tu emprunteras le passage qui mène à Pré-au-lard puis le magicobus.
Harry allait le couper mais le professeur lui fit signe de se taire. Une fois de plus, il semblait avoir lu dans les pensées du jeune homme.
_ Pettigrow ne peut passer par là. Sirius s'est personnellement chargé de lancer des charmes pour lui en interdire l'accès et il ne peut pas transplaner à l'intérieur de l'un d'eux.
Harry se sentit soulagé. D'après Mac Gonagall, Sirius était un élève exceptionnellement brillant. Et sa rage envers Pettigrow avait du influencer largement son travail. Les passages devaient être complètement inaccessibles à présent.
_ Par contre, toi, tu le peux. Mais à partir de la rentrée, je compte sur toi pour ne pas les emprunter. Il y va de ta vie, n'oublie pas.
L'expression grave du vieil homme suffit à Harry à décider de ne pas trahir sa promesse. Il acquiesça et Dumbledore sembla s'en satisfaire.
_ Ton parrain ainsi que le professeur Lupin et bien d'autres ne pourront malheureusement pas te rendre visite. Les tâches qui leur sont confiées sont de la plus haute importance et d'une extrême urgence.
Harry baissa la tête pour cacher sa déception.
_ Par contre, je pense pouvoir faire en sorte que des nouvelles de tes amis te parviennent bientôt.
Le jeune homme redressa vivement la tête et un sourire se dessina sur son visage.
_ J'aimerais aussi te parler de la carte Harry.
_ Ooh, fit Harry pour toute réponse, visiblement gêné.
A la fin de la troisième tâche, Dumbledore, en interrogeant Barty Croupton, en avait découvert l'existence.
_ En examinant les affaires de Mr Croupton, je me suis aperçu qu'aucune carte n'y figurait. J'ai donc pensé que tu l'avais récupéré...
Harry fit un faible sourire.
_ Je ne vais pas te réprimander Harry. Je considère que cette carte fait partie de ton héritage bien que j'en désapprouve l'utilité. Rémus m'en a dévoilée l'origine cet été. J'aimerais cependant que tu me la montres.
Sur ce, Harry fit un sortilège d'attraction perfectionné par un sortilège de passage (traversio) pour que celle-ci puisse franchir le cadre de la grosse Dame. Dumbledore sourit devant la manoeuvre mais garda le silence. Harry saisit la carte et en expliqua le fonctionnement au Directeur. Les yeux du professeur s'agrandirent.
_ Stupéfiant...
Harry observait attentivement Dumbledore. De par son expression, il se doutait que son père et ses amis avaient accompli un mini-miracle en tant qu'élèves.
_ Des traits sont différents.
_ Oui, la carte est incomplète. Les caractères gras indiquent les lieux visités par les Maraudeurs. Quant aux autres... c'est moi.
Il avait fini sur une toute petite voix. Et voilà, Mac Gonagall saurait qu'il ne lui obéissait pas en effectuant des promenades nocturnes. Car assurément, il ne s'y était pas amusé durant l'année scolaire en plus des tâches à préparer... Dumbledore se remit à examiner Harry.
_ Tu as... perfectionné la carte ?
_ Oui, répondit timidement le jeune sorcier en se demandant quelle punition il recevrait plus tard.
_ Tu as l'inconscience de ton père, Harry.
Le jeune homme ne sut comment interpréter cette remarque. Il choisit de la prendre comme un compliment.
_ Mais si tu as réussi à visiter ces parcelles sans dommage, je peux donc ajouter que tu ne le fais qu'avec sagesse. La sagesse de ta mère.
Cette fois-ci, Harry sourit avec bonheur. Le professeur reporta son attention à la carte. Après quelques secondes, il fronça les sourcils.
_ Tu as découvert la bibliothèque de Rowena Serdaigle, Harry ?
_ Oui, je l'ai vu pour la première fois il y a un peu plus de deux semaines. Elle est magnifique et elle... Elle donne l'irrépressible envie d'apprendre, finit-il en rougissant.
Dumbledore savait que Harry s'endormait en cours de divination parfois, alors le jeune sorcier ne put s'empêcher d'éprouver de la gêne en avouant que, pour une fois, il aimait se plonger dans les livres. Le professeur, lui, donna l'inexplicable impression d'être soulagé.
_ Harry... Il faut que tu saches que ce lieu recèle un charme semblable à celui du miroir du Risèd.
Le jeune sorcier fut pris au dépourvu. Il ne s'était absolument pas attendu à ça.
_ Ça signifie... que je vais être attiré... par tous ces livres et finir par devenir fou ?, demanda-t-il innocemment.
Dumbledore sourit.
_ Non, Harry. Ecoute-moi. Apparemment, tu as pu t'y rendre sans en devenir dépendant durant deux semaines. Le charme n'agit donc pas contre toi.
Harry ouvrit des yeux ronds.
_Dans l'autre cas, tu aurais perdu la raison peu de jours après ta découverte. Le charme agit rapidement.
Le jeune homme déglutit difficilement. Il venait d'avoir énormément de chance...
_ La bibliothèque a été ensorcelée par Rowena Serdaigle pour limiter l'accès aux visiteurs. A ce jour, nous ignorons quelles sont les conditions requises à l'exploration de ce lieu sans danger. Certains pensent que seuls les gens qui n'ont pas l'intention de propager leur savoir peuvent y pénétrer. Rowena Serdaigle gardait jalousement ses secrets. D'autres pensent qu'elle protégeait ses grimoires des mages noirs ou toute autre personne susceptible de se servir de ces connaissances à des fins maléfiques. Mais aucun sorcier n'a réussi à découvrir la véritable raison de ce piège. Aussi je te demanderai de ne pas la montrer à tes camarades, lors de la rentrée. Et il faut que tu comprennes que tu ne dois en aucun cas leur prêter un de ses livres. Les conséquences pourraient être dramatiques, même avec le plus innocent des ouvrages. Tu dois me le promettre, Harry.
_ Bien sûr. Vous pouvez compter sur moi.
_ Bien.
Harry était stupéfait par ce qu'il venait d'apprendre. Il s'était aventuré dans un endroit où il aurait pu perdre la raison sans aucune arrière pensée, sans prêter garde. Il se sentait à la fois soulagé et coupable. Coupable de ne pas s'être montré plus vigilant... Il pensa ensuite à ce qui aurait pu se produire si Hermione ou Ron étaient parvenus là-bas grâce à lui. Et s'il les avait mené à leur perte ? L'horreur s'inscrit dans son regard. Il se ressaisit: rien ne leur arriverait, il en avait parlé à Dumbledore, il tiendrait sa promesse. Puis une autre question lui traversa l'esprit.
_ Professeur ? Et moi ?... Je veux dire... Je pourrai y retourner, n'est-ce pas ?
Dumbledore sourit.
_Oui, évidemment. Le charme ne t'affecte pas. Au contraire, je te recommande d'y aller. Tu fais partie des rares privilégiés.
Harry sourit avec soulagement. Le seul inconvénient finalement était qu'il ne pourrait jamais en faire part à Hermione. Elle aurait pourtant été aux anges...
_ Bien, je dois malheureusement te laisser Harry.
_ Comment le ministre a-t-il réagi à la destruction d'Azkaban ?
Harry avait senti que le Directeur devait le quitter, mais il n'avait pas résisté à la tentation de lui demander de plus amples informations concernant la crise. Dumbledore parut surpris de la spontanéité du jeune sorcier puis soupira presque imperceptiblement.
_ Azkaban a seulement été détruite de l'intérieur.
Harry fronça les sourcils. Il ne comprenait absolument pas.
_ Le bâtiment est resté intact. Il s'agit de l'organisation qui a été complètement chancelée. Voldemort a prit le contrôle de la prison sans incident. Les Détraqueurs se sont ralliés à lui pratiquement après son arrivée. Mais il demeure discret. Le ministère croit ainsi qu'il n'y a eu aucun incident. Et chaque criminel envoyé en ce lieu est une aide supplémentaire apportée à Lord Voldemort. J'ai tenté de raisonner Fudge mais il persiste à dire qu'il s'y est rendu récemment et qu'aucun changement n'a été relevé. Quant à moi, sans le ministère à mes côtés, mes forces sont insuffisantes pour donner l'assaut.
Harry était ébahi devant les nouvelles. La réalité était bien pire que ce qu'il avait imaginé. Voldemort exécutait ses plans en silence et créait une séparation des forces adverses. Et il ne s'était pas encore manifesté en public. Mac Gonagall devait être encore sous le choc pour ne pas lui avoir dévoilé la vérité.
_ Sans preuve, je ne peux avertir le peuple, finit tristement le professeur.
Il n'avait jamais paru aussi las et aussi vieux. Harry sentit un profond désespoir le submerger. Il refusa pourtant de se laisser emporter. Dumbledore sembla réagir de même.
_ Mais ce n'est pourtant pas ce qui me préoccupe le plus.
Harry ouvrit des yeux ronds. Se pouvait-il qu'il y ait quelque chose d'autre ? Quelque chose de plus grave encore?
_ Le ministre a beaucoup de droits sur Poudlard. C'est lui en outre qui décide qui a droit ou non à l'accès de l'école.
Harry comprit de suite. Fudge et Malefoy étaient en bons termes. Les mangemorts pouvaient donc entrer dans l'école... Dans ce cas, comment se faisait-il qu'il ne se soit pas encore fait attaquer ? Le professeur sembla lire en lui.
_ Voldemort pense que tu es caché chez les Weasley. J'ai rassemblé un maximum de partisans en ce lieu.
_ Mais... Mais ils risquent, ils risquent de mourir!, bafouilla Harry.
Voldemort les tuerait sans remord s'ils les menaient à lui.
_ Ne t'inquiète pas, Harry. J'ai installé moi-même mes propres charmes. Leur maison est presque aussi inaccessible que Poudlard lui-même!
Le jeune sorcier tenta de se calmer. Oui, rien ne leur arriverait. Absolument rien... Ils restèrent un moment silencieux. La situation devenait vraiment catastrophique. Harry n'aurait jamais imaginé à quel point quelques heures auparavant.
_ Il faut que j'y aille à présent Harry. Je suis désolé mais le temps presse. Mets tes angoisses de côtés, elles te sont inutiles. Tu dois rester ici. Concentre-toi sur autre chose et fais-nous confiance. Il ne leur arrivera rien.
Le jeune homme acquiesça silencieusement et le Directeur s'éloigna. Harry le suivit du regard, perdu dans le discours qu'il venait de lui tenir avant de se secouer vigoureusement la tête et penser à des activités futiles comme prendre son petit-déjeuner. Il pourrait alors réfléchir à ce que son professeur et ses amis devaient être confrontés.
Malgré ce qu'il avait apprit le matin même, Harry eut une merveilleuse journée. Enchaînant activité sur activité, il était comme une batterie qui semblait ne jamais se décharger. Ses entraînements au duel le rendaient plus endurant, au même titre que le Quidditch. La condition physique influençait énormément ses performances. Harry dévalait donc les escaliers en courant, heureux de se sentir aussi bien quand il eut subitement l'impression d'avoir pris une douche glacée. Il se rendit très vite compte qu'il venait de traverser Nick-Quasi-Sans-Tête.
_ Eh bien, vous êtes pressé mon jeune Potter!
_ Bonjour Nick!
_ Bonjour Harry. Vous allez rendre visite à l'infirmière ?
_ Mme Pomfresh ?
_ Oui. Elle vient d'arriver ce matin, expliqua Nick, comprenant que Harry n'était de toute évidence pas au courant.
_ Elle revient si tôt ?, demanda-t-il, étonné.
_ Mme Pomfresh a beaucoup de travail avec les sortilèges d'agrandissement cet été.
_ Pourquoi ?
_ Vous ne savez pas ? La majorité des élèves d'autres écoles ont été invités à passer l'année scolaire en ce lieu, pour davantage de sécurité.
_ Je pensais que personne ne croyait au retour de Voldemort! Et puis, il n'y aura pas assez de place!, s'exclama Harry.
Nick-Quasi-Sans-Tête éclata d'un rire franc.
_ Allons mon jeune ami, vous savez très bien que personne n'a jamais pu délimiter Poudlard. Cette école recèle bien des cachettes.
_ Oui, sans doute. Mais toutes ses cachettes ne sont pas forcément très habitables...
_ Les elfes s'en occupent. Et les élèves n'auront pas à s'engouffrer dans les profondeurs du château. Mme Pomfresh et ces créatures ont bien du travail. Déjà qu'elle m'a confiée que son emploi du temps était largement complet grâce à vous..., ajouta-t-il avec un sourire en coin.
_ Je croyais qu'il s'agissait de secrets médicaux, dit Harry en fronçant les sourcils.
_ Allons votre abonnement annuel à l'infirmerie est connu de tous, mon jeune ami! Et que peut-on cacher à un fantôme...
Harry soupira.
_ Vous ne m'avez pas dit pourquoi tous ces élèves acceptaient de venir ?, interrogea-t-il en changeant de sujet.
_ On ne peut empêcher les rumeurs, mon jeune Potter. Votre retour au bord de l'inconscience, le corps du jeune Diggory en mains, est passé de bouche à oreille. Beaucoup n'y croient pas réellement malgré les affirmations de vos camarades, mais les parents prennent leurs précautions...
_ Je suis sûr que les Serpentera démentent les faits, grogna Harry.
Le fantôme ne dit rien. Puis il fit sortir Harry de ses sombres pensées.
_ Et où alliez-vous à cette vitesse ?
_ Je me rendais à la bibliothèque, répondit le jeune sorcier en redressant vivement la tête.
_ Ah! Les études..., dit-il sur une pointe de nostalgie. Vous avez raison de profiter de toutes ces... merveilles, ajouta-t-il en contemplant l'école. Je ne vais donc pas vous retenir plus longtemps.
_ A plus tard Nick.
_ A plus tard Harry.
Harry se rendait effectivement à la bibliothèque, certes, mais il s'agissait de celle de Rowena Serdaigle. Deux jours auparavant, il avait lu dans celle de Mme Pince un ouvrage sur les Animagi mais celui-ci n'avait été qu'une liste de biographies des rares sorciers catalogués en tant que tels. Or Harry souhaitait se renseigner sur les liens qui les unissaient, eux et leur animal. En outre, pourquoi son père était-il devenu un cerf ? L'avait-il choisi ou était-ce l'animal qui s'était imposé à lui ? Etait-ce génétique ? Harry serait-il un cerf s'il tentait l'expérience ? Il eut un sourire de victoire devant un livre de longueur égale à celle d'un bureau d'écolier. Perché sur une échelle, à six mètres de hauteur, il le retira avec difficulté de son étagère et eut le plus grand mal à redescendre. Une fois en bas et encore surpris de ne pas s'être fracassé au sol, il se mit en tailleur et commença sa lecture en espérant de tout coeur de ne pas voir apparaître devant lui une liste similaire à celle du livre de la première bibliothèque. Les Animagi conservaient un maximum de discrétion sur leur transformation. Harry n'avait vu aucun ouvrage concernant leurs techniques d'appropriation de l'animal, que ce soit à Poudlard ou au Chemin de Traverse. Le sujet s'avérait pourtant très intéressant et le monde de la magie ne semblait pas être sous l'emprise de censures quelconques quant aux sujets publiés. Il en avait conclu que la métamorphose dissimulait par conséquent quelques secrets jalousement gardés. Harry apprit que les animaux reflétaient le caractère et les qualités de l'humain. Il s'imposaient à leur esprit en pensant aussi aux fins pratiques de la métamorphose. Aucun des maraudeurs n'aurait pu devenir un poisson, inadapté aux escapades nocturnes à travers les bois alors... Dès le commencement, ils entraient en communion avec le sorcier. Celui-ci serait capable de recourir aux caractéristiques de l'animal vers la fin de l'entraînement. De plus, l'inconvénient majeur à être animagus revenait à la difficulté de maîtrise sur les instincts de l'animal. C'est le prix à payer. Harry lut alors l'histoire d'une jeune femme, capable de se transformer en Ouaska, une espèce cannibale mais faible. Elle avait été victime d'une séquestration au cours de laquelle son kidnappeur ne la nourrissait jamais. S'abandonnant aux instincts de l'animal, elle avait commencé à se dévorer elle-même avant de tomber dans l'inconscience, assommée par la douleur. Après une lecture attentive du premier quart du livre _ il ignorait le temps passé au coeur de la bibliothèque _ il fit un bilan adapté aux maraudeurs. Pettigrow dont le rat représentait la bassesse et la traîtrise _ Harry n'avait pas tenu compte du fait qu'il ne fallait pas fonder ses idées sur des préjugés moldus _ pouvait aisément se cacher, se dissimuler n'importe où. La fuite avait toujours été sa spécialité. Sirius était fidèle et exceptionnellement brillant, donc le chien qui lui était associé ne risquait pas d'être un caniche mais une espèce dotée d'une grande force. Quant à son père, eh bien... Il était le roi de la forêt. Harry éprouva un élan de fierté en pensant à lui. Puis il se demanda quel était l'animal qui lui correspondrait si jamais il devenait un jour un animagus, ce qui était hautement improbable, songea-t-il. Cependant, son estomac grouillait tellement à l'annonce du dîner prochain que tout ce qu'il put penser fut : "J'ai une faim de loup".
Une semaine était encore passée. Harry avait rendu visite à Mme Pomfresh et en avait profité pour lui demander des potions de sommeil sans rêves. Cependant, elle avait refusé en lui expliquant que les effets secondaires étaient particulièrement dangereux et qu'elle n'en donnait qu'en cas de situation extrêmement grave. Harry avait grogné en murmurant sur le trajet du retour que ce n'était pas elle qui devait subir ses cauchemars. A part ce léger accroc, le jeune sorcier était loin de s'ennuyer entre les elfes, de plus en plus bavards avec lui, les centaures, les sirènes, les fantômes... On aurait pu croire que le monde qu'il côtoyait lui suffirait pour seule compagnie. Pourtant aucune de ces créatures ne parviendrait à remplir le vide qu'éprouvait aujourd'hui le jeune homme. Car aujourd'hui, c'était son anniversaire. Il avait quinze ans. Et personne ne pourrait le lui souhaiter. Bien sûr, c'était mieux qu'être avec les Dursley, mais il ne recevrait aucune lettre, ni de Ron, ni d'Hermione. Harry se rendit dans son dortoir, le pas lent et l'air morose. La journée était ensoleillée, mais c'était à peine s'il en avait tenu compte. Il était perdu dans ses pensées, s'imaginant ce qu'ils auraient pu lui annoncer s'ils avaient été avec lui. Il se dirigea vers son lit, machinalement, quand il eut la surprise de découvrir un petit paquet de lettres déposé sur son lit. Aussitôt, son visage rayonna. Hedwige, qui s'était perchée sur le rebord de la fenêtre, vint à la rencontre de son maître et se posa sur son épaule en poussant un hululement de bonheur. Harry tourna la tête dans sa direction.
_ Ce n'est pas toi qui est venu déposer ceci, n'est-ce pas ?
Pour toute réponse, la chouette hulula de plus belle, surtout quand le jeune sorcier entreprit de lui caresser le plumage. De sa main libre, Harry saisit les enveloppes entre ses mains, d'où un petit mot tomba.
Harry,
je te transmets, par l'intermédiaire de Mme Pomfresh, des lettres de tes amis. Tu y trouveras aussi la nouvelle liste de fournitures scolaires ( à croire que le professeur Mac Gonagall aime te l'envoyer en ce jour si particulier en guise de cadeau...). Au passage, je te signale que la famille Weasley m'a presque harcelé pour qu'elles te parviennent. Ils tiennent vraiment beaucoup à toi, mais cela, je suppose que tu le sais déjà. Bon anniversaire Harry.
Albus Dumbledore.
P.S: Tu recevras tes cadeaux à la rentrée. J'espère que tu comprendras que ces mesures de sécurité sont primordiales.
Harry mit le mot de côté et ouvrit celle de Poudlard. Il se demanda alors d'où elle était réellement envoyée... Il prit connaissance des achats scolaires où il remarqua non sans quelque étonnement celui d'une robe grise pour un bal. Harry fit la moue. Le gris n'était définitivement pas sa couleur préférée. Et elle se rapprochait dangereusement de la couleur argentée des Serpentard... Quand il la rangea dans l'enveloppe, il s'aperçut qu'un autre parchemin qu'il n'avait pas vu y figurait.
Cher Mr Potter,
En cette nouvelle année qui débutera le Vendredi 1er Septembre, de nouvelles activités seront ouvertes à tous les élèves, de la première à la septième année. Parmi elles, une requiert un travail personnel imaginatif qui ne peut être effectué qu'à l'extérieur de l'école. Un journal de l'école sera en effet régulièrement tenu par une trentaine de personnes, toutes maisons confondues. Il aura pour objectif de présenter Poudlard sous tous ses angles, des activités extrascolaires aux cours obligatoires, en exposant des sondages sur des sujets d'actualité et interviews de tout le personnel élève enseignant. Il comportera de nombreuses rubriques _ humoristiques ou historiques _ et sera publié hebdomadairement. Si vous souhaitez participer à cette activité, rédigez un article et envoyez-le nous. Vous êtes libre d'en choisir le sujet. Faîtes preuve d'inventivité, d'originalité dans votre création. Ouvrez-vous sur le monde qui vous entoure. Un jugement sera alors apporté sur vos compétences et nous déciderons du poste convenu. Les résultats seront affichés à l'entrée de la grande salle le lendemain du banquet de début d'année. En vous souhaitant d'agréables vacances,
Minerva Mac Gonagall.
Actuelle Directrice de la maison de Gryffondor.
Actuelle Directrice adjointe de Poudlard.
Harry étudia la proposition. Elle semblait intéressante. Mais il avait déjà ses entraînements de Quidditch qui lui prenaient beaucoup de temps. Et cette activité ne le passionnait pas vraiment en réalité. Il déclina donc l'offre en se demandant si Ron et Hermione y participeraient. Avec du recul, il était convaincu que lui et la presse faisaient deux. Il était plus souvent une "victime" des journalistes que l'auteur d'une quelconque rumeur. A cette pensée, il pria pour que Colin Crivey et son frère Denis ne soient pas sélectionnés. Dans le cas contraire, l'année promettait d'être tout sauf une routine. Mais depuis sa fréquentation au collège, quelle année aurait pu être qualifiée de monotone ?
Il posa la lettre sur le côté pour saisir la prochaine enveloppe. Les fautes d'orthographe y régnaient en abondance. Hagrid, pensa de suite Harry avec un grand sourire.
Cher Harry,
je te souhaite un très bon anniversaire! Déjà quinze ans! Il me semble que c'était hier que j'amenais un tout petit garçon pas très sûr de lui au Chemin de Traverse pour la première fois... Les professeurs m'ont mis au courant pour ta présence à Poudlard. Je parie que tu t'y plais largement plus que chez tes moldus! Si seulement ma mission n'était pas aussi difficile, je t'aurais tenu compagnie avec plaisir. Olympe m'aide énormément. Elle a un grand talent de persuasion! Mai je ne t'en dis pas plus... J'espère que tu te sens mieux et que tu a repris du poil de la bête! Ne t'inquiète surtout pas sur ce qui se passe au-dehors, tu en perdrais la tête avec tous leurs commérages... A bientôt Harry et prends soin de toi!
Hagrid.
P.S: J'ai parlé avec Aragog l'année dernière. Elle ne vous fera plus de mal, toi et tes amis. Tu peux lui rendre visite si tu veux.
Harry se demanda s'il en avait réellement envie avant de se pencher sur la prochaine lettre. Il reconnut aussitôt l'écriture appliquée et soignée d'Hermione, sa meilleure amie.
Cher Harry,
le professeur Mac Gonagall m'a prévenue que je ne pourrai pas te joindre cet été. Aussi, lorsque les Weasley parents enfants confondus ont "harcelé" le professeur Dumbledore, Ron m'a tout de suite avertie pour que je puisse donner ma lettre avec les leurs. Quelle chance tu as d'avoir la bibliothèque à toi seul! Tes devoirs seront sûrement meilleurs que les miens... Sauf si tu suis l'exemple de Ron qui les fait au dernier instant! Par contre, les mesures radicales qui ont été prises à ton sujet m'inquiètent un peu, j'avoue. Tu-Sais-Qui doit avoir des plans... Mais je m'arrête là. Je ne veux pas te transmettre ma peur, tu n'en as pas besoin. Si tu ne sors pas de Poudlard, tu ne dois pas avoir beaucoup de nouvelles du monde des sorciers. Je t'informe donc : les rumeurs sur le retour de Tu-Sais-Qui prennent forme, d'autant plus que les élèves ont du parler... Seulement elles ne restent que des rumeurs car les élèves de Serpentera nient la vérité.
Je le savais, songea Harry.
Tu-Sais-Qui peut donc agir sans gêne. Dumbledore ne tente pas d'annonce directe _ je pense qu'il tient à avoir le plus d'impact possible quand il le fera et avec Fudge qui contredit toutes ses paroles, il a plus de chances de se faire rire au nez qu'autre chose. Cette pensée me révolte. Dumbledore est tout de même le plus grand sorcier des temps modernes! Cependant, certains fuites _ qui laissent leur trace dans la gazette _ ont entendu des bribes de disputes entre les deux sorciers et cela ne fait que nourrir les rumeurs. Tu-Sais-Qui n'a apparemment commis aucun meurtre, ou alors Fudge a étouffé l'affaire. Je ne sais pas trop quoi en penser. Mais tu es mieux placé que moi pour voir si c'est bon ou mauvais signe... Ta cicatrice te fait mal ? J'enrage de ne rien savoir. En tout cas, j'espère que tu t'es bien remis des événements passés. Maintenant, tu vas sûrement bénéficier d'une sécurité à toute épreuve! Pourvu que tu aies des gardes du corps qui prennent nos bagages... Pire que Viktor! En parlant de Viktor, tu sais qu'à la fin de l'année dernière, il m'a parlée en tête-à-tête. En fait, il souhaitait connaître ma réponse au sujet de l'invitation. Cependant, je l'ai déclinée. Je n'en ai rien dit dans le train, tu as vu dans quel état était Ron avec ses "Et qu'est-ce que tu lui as répondu ?"! Pathétique!... Bref, j'ai préféré refuser car, par les temps qui courent, fréquenter uniquement des gens qui viennent de Durmstrang n'est pas bien prudent... Même en trouvant Viktor très sympathique. Il m'a confiée en outre qu'il redoublait sa dernière année. Ses résultats scolaires ne suffisaient pas à obtenir son ASPIC malgré son score au Tournoi des Trois Sorciers. Les professeurs ont étudié vos dossiers pour le passage en classe supérieure comme vous étiez dispensés d'examens... Voilà, je reste donc en Angleterre avec mes parents. Peut-être que j'irai chez Ron plus tard cet été, il me l'a proposée... Je ne te donne pas rendez-vous au Chemin de Traverse mais je te dis: A la rentrée! Elle me tarde... Mes amis me manquent.
Passe un bon anniversaire Harry.
Amitiés,
Hermione.
P.S: J'ai relâché Rita Skeeter. Pas de scoop en vue!
Harry rit doucement. Hermione demeurait Hermione. Les événements, qui auraient du les éloigner pour une plus grande sécurité, les rapprochaient. Voldemort, vivant ou mort, n'altérait pas ses relations amicales. La jeune sorcière serait toujours aussi déterminée à se venger de la journaliste qui avait été indirectement responsable des beuglantes et lettres remplies de pus de Bubobulb reçues après un article honteux; elle resterait la travailleuse acharnée qu'elle était envers et contre tout et lui serait à jamais une oreille attentive quand les autres lui tourneraient le dos. Harry soupira. Hermione lui manquait terriblement. Il éloigna avec tristesse sa lettre pour saisir la prochaine enveloppe. Celle-ci était lourde. Quand il l'ouvrit, il aperçut plusieurs parchemins pliés soigneusement. Il prit la première, l'écriture lui était inconnue.
Très cher (et aimé, non adoré, non idolâtré... bref!) Harry,
cette année, nous avons absolument tenus à t'écrire malgré les grandes réticences des professeurs pour te remercier une nouvelle fois de ta générosité. Mille gallions! Nous n'en revenons toujours pas. Nous en avons profité pour améliorer nos inventions mais nous économisons le reste pour notre futur magasin. Tu nous permets de réaliser notre rêve le plus cher Harry! Merci encore! Quant à Ron... Quelques petits problèmes ont eu lieu.
Harry fronça les sourcils.
Nous avons, il y a bientôt deux semaines, demandé à notre très chère mère de nous amener au Chemin de Traverse avec Ron (ce n'était pas de la tarte avec les zigotos qui sont autour de chez nous pour notre protection et qui ne veulent pas vraiment qu'on sorte... mais il faut bien vivre!). Celui-ci était étonné et quelque peu méfiant. Il a tout de même accepté. Quand on lui a dit qu'on voulait lui acheter une robe, il a commencé à dire "c'est quoi l'embrouille ?", et il a fallu un moment pour qu'il se rende compte que nous étions sérieux. Il nous a alors bombardé de questions "Comment allez-vous payer ?", "maman est au courant ?", etc, etc. Il a quand même fini par accepter la robe et nous a remerciés. Ce qui ne lui a pas empêché de continuer à nous interroger sans cesse. Il a le don de l'exaspération, notre petit Ron.
Harry sourit. Il savait à quel point Ron pouvait se montrer entêté. C'était pourquoi leur séparation de quatrième année avait si longuement duré. Mais c'était sans compter le fait que Harry était aussi une vraie tête brûlée...
Malheureusement pour nous _ et pour toi _, il a fini par découvrir le sac. Nous pensons sérieusement que Malefoy a déteint sur lui. Il est devenu une vraie petite fouine! Il voulait absolument connaître l'origine de l'argent. Une véritable obsession. Lorsqu'il l'a vu, nous avons réussi à le faire taire avant qu'il ne le crie sur tous les toits. Heureusement! Là, _ et nous sommes vraiment, vraiment désolés _ nous avons dû lui avouer ton don. Il était stupéfait par ton geste Harry. Et comme il n'y a que deux jours qu'il en a découvert l'existence, attends-toi à ce qu'il t'en parle... si tu n'as pas déjà lu sa lettre.
Le jeune sorcier jeta un coup d'oeil méfiant à l'enveloppe.
Enfin, nous sommes impatients de te revoir et reprendre les entraînements de Quidditch. Les sorties à Pré-au-lard nous manquent aussi. Nous allons tenter de signer un contrat avec Zonko cette année. Croisons les doigts. Nous parlerons ensuite des mille gallions à notre mère. Ça va lui faire un choc! En te souhaitant un agréable anniversaire,
Fred et Georges.
P.S: Sympa les gorilles qui nous servent de gardes du corps! Quoi qu'ils nous servent aussi de testeurs pour nos nouveaux produits!... Merci!
Harry rit. Les jumeaux avaient l'art de tourner les inconvénients de leur protection rapprochée en avantages. Décidément, ils ne changeaient pas eux non plus. le jeune sorcier prit le prochain parchemin.
Cher Harry,
le temps me manque cruellement. Je te laisse donc ce petit mot pour te souhaiter un heureux anniversaire. Prends bien soin de toi.
Arthur.
Fais attention mon petit Harry , maintenant plus que jamais. Nous t'embrassons tous et bon anniversaire.
Molly.
Bon anniversaire Harry. Prends soin de toi.
Ginny.
Un petit mot pour un gros anniversaire. Veille sur toi et sois prudent surtout Harry.
Charlie.
Pas de promenades nocturnes. Pas de sorties interdites. Pas de risques inutiles. Reste enfermé dans ta chambre et ne respire plus. Voilà à peu près tout ce que voulait écrire ma très chère mère. Sauf peut-être pour la dernière recommandation. Mais elle ne voulait pas non plus t'inquiéter. Je le dis donc à sa place. Bon anniversaire Harry et j'espère qu'on se reverra bientôt.
Bill.
Je te souhaite un excellent anniversaire Harry. Peut-être aurons-nous l'occasion de nous revoir cette année. Le ministère s'intéresse de près à Poudlard. Mais ne t'inquiète pas, j'ai la situation en mains.
Percy.
Harry crut qu'il en avait fini des petits mots quand il aperçut une jolie écriture inconnue à la suite.
Bon anniversaire Harry! Tu dois sûrement te demander ce que mon message personnel vient faire au milieu de ceux de la famille Weasley. Bill m'a invitée à passer quelques semaines en leur compagnie. Nous avons fait connaissance quelques jours après la troisième tâche et nous nous entendons très bien. Tu as beaucoup de chance d'être apprécié de tous ici! Ce sont des gens charmants. Sans compter que je peux améliorer mon anglais! On ne se verra pas cette année (j'ai eu mon ASPIC!) mais j'espère garder contact avec toi. Tu es quelqu'un de très gentil.
Fleur.
Harry sourit. Ainsi il avait vu juste quand il se disait qu'elle regardait Bill avec beaucoup d'intérêt avant la troisième tâche... Ron devait être... Harry ne trouva pas de mot. Stupéfait ? Jaloux ? Heureux pour son frère ? Non vraiment, il ne savait pas... En observant la lettre dans son ensemble, Harry se sentit touché pas la marque d'attention que portait pour lui chaque membre de la famille. Cependant, il fut déranger par une sensation désagréable. Tous ne cessaient de répéter "prends soin de toi", "fais attention", ainsi que de nombreux autres conseils. Sa vie était-elle aussi menacée ? Ses amis semblaient être davantage conscients du danger que lui. En y réfléchissant, il vivait dans un cocon, loin du peuple depuis un mois. Eux fréquentaient des sorciers quotidiennement. Si les collègues de Mr Weasley lui tenaient des conversations tout aussi optimistes que celle qu'il avait eu avec Dumbledore, ils devaient être très réceptifs à la peur et la crainte. Harry soupira et prit le dernier parchemin de la grosse enveloppe, celui de Ron, inévitablement.
Cher Harry,
Je n'ai qu'une seule chose à dire: Merci! Au début, j'ai songé à t'envoyer une beuglante qui t'aurait aidé à retrouver la raison... Mille gallions, Harry! C'est une sacrée somme! Mais Fred et Georges m'ont dit qu'ils avaient essayé de te les rendre et que tu étais une vraie tête brûlée! J'ai conscience que tu n'accepteras jamais que nous te rapportions l'argent et je crois avoir compris au fond de moi pourquoi tu l'as fait. Alors je te dis merci, en espérant un jour te rendre la pareille. Si ce n'est pas en espèces, et bien on se débrouillera, tu verras! La robe qu'ils _ et donc tu m'as offert est magnifique. Alors imagine ma déception quand j'ai vu qu'ils nous demandaient une robe grise. Grise! Tu te rends compte! Nous allons ressembler à de vulgaires Serpentard!
Harry sourit. Son ami avait eu les mêmes pensées que lui.
Bref, il vaut mieux oublier. Papa m'a dit que tu étais à Poudlard juste après que Mac Gonagall nous envoie des ordres comme quoi il ne fallait pas te contacter. Il était blanc comme du linge le jour où il est venu te chercher. Quand il nous a expliqués (soit quelques heures après s'être enfin détendu!), je crois que nous avons pris le même teint que notre très cher père! Tu nous as fait une de ces peurs! (Et pourtant, cela faisait longtemps que tu étais à Poudlard, en sécurité...). En tout cas, j'espère que tu vas bien. Dis donc, deux mois au château... Que fais-tu là-bas? Je parie que tu profites du terrain de Quidditch! Entraîne-toi bien, j'ai hâte de voir Malefoy se prendre une raclée! Je ne le supporte plus. Quoi que tu le savais déjà cela... Il va falloir se méfier encore plus d'eux maintenant, ils pourraient servir d'espions. Pour ce qui sont des nouvelles de notre monde, je suis sûre qu'Hermione t'a déjà tout raconté (ou te racontera) en détails. Quant à moi, elle n'arrête pas de m'écrire pour me prévenir que j'ai des BUSES à préparer! Elle m'exaspère! Et Ginny devient identique, le même style! Acharnée au travail! Tout ce que je souhaite, c'est qu'Hermione ne lui passe pas le virus de la SALE! A ce propos, elle ne m'en a pas reparlée dans ses lettres, peut-être que sa dernière rencontre avec eux les a refroidis, elle et son projet...
Harry se souvint. Les elfes avaient été choqués par le discours d'Hermione et les avaient forcés, lui et ses amis, à quitter rapidement les cuisines.
Ah, les filles et leurs obstinations! En parlant de filles, as-tu remarqué le message de la très belle Fleur ? Elle a tenu ABSOLUMENT à t'écrire... Mais ne te fais pas d'illusion ( je crois que je parle à moi-même, là), elle sort avec Bill. Bill! Tu te rends compte! Moi, je suis toujours aussi assommé par la nouvelle... Finis les beaux rêves, retour à la dure réalité. Alors je me contente d'être heureux pour eux, de jouer le bon petit frère sympathique... Enfin, je ne dois pas ruminer. C'est ton anniversaire après tout! Tu dois être heureux loin de tes moldus, dis-moi! Le château t'est-il assez grand ?... Veinard! Quoique je ne dois pas me plaindre... J'ai mes propres gardes du corps! C'est cela, la vie de star!... Cette année, les gardes du corps, l'année prochaine, le droit à la magie. Mmmh... De mieux en mieux... Tu pourras enfin jeter des sorts à ton cousin! Tu m'inviteras ?
Encore bon anniversaire et Rendez-vous à Poudlard!
Ron.
Harry se sentait bien. Ron restait le même ( bien qu'il ait une légère tendance à parler davantage des filles...) et avait l'air de prendre la vie du bon côté. Une dernière lettre restait à ouvrir. Le jeune sorcier ne douta pas une seconde. Il ne pouvait s'agir que de son parrain.
Cher Harry,
Rémus et moi te souhaitons un agréable anniversaire. Cela nous rend triste que tu te retrouves seul au château même si j'ai la certitude que tu t'y plais davantage que chez ta famille d'accueil. De notre côté, nous avons fini de rassembler tous les Anciens. Ceux-ci voyagent à présent dans le monde entier à la recherche de puissants alliés. Quant à Rémus, il s'occupe d'organiser une prison gardée par des aurors sous les ordres de Dumbledore. Je l'aide autant que je peux tout en ne dévoilant pas mon identité. Je passe pour le chien de Rémus. Notre travail avance mais les barrières de sécurité sont loin d'être suffisantes. Je compte bien les renforcer et y enfermer tes véritables ennemis. Je te dis cela car ils ont l'air de t'avoir pris pour cible principale. Je t'avoue que je pensais que Voldemort s'occuperait à détruire de nombreuses familles au lieu de te tourner autour. Il s'avère être vraiment rancunier. J'ai vu en outre le ministre l'autre jour _ sous mon autre apparence, bien sûr _, il "discutait" avec Dumbledore. J'ai bien failli lui mordre la jambe. J'ai du mal à contenir ma rage... J'espère que tout va bien pour toi et que tu t'es remis de l'année passée. Montre-toi prudent surtout,...
Et voilà, c'est reparti..., pensa Harry.
... tu es jeune et tu n'as pas encore acquis la puissance et les connaissances d'un sorcier adulte. Tu représentes une proie facile ( je ne le dis pas pour te vexer, je sais de quoi tu es capable). Mais Voldemort te voit ainsi. Reste bien à Poudlard et surveille tes arrières à la rentrée. J'espère te revoir bientôt malgré le travail ( de Fudge...) dont nous sommes chargés.
Sniffle.
P.S: Nous avons réussi à faire passer Buck incognito dans un réserve d'animaux magiques au sud de la France. Le directeur du parc nous a informés qu'il s'y sentait très bien (la réserve est immense!).
Cher Harry,
je n'ai pas grand chose à ajouter après ce que vient d'écrire Sniffle si ce n'est ce conseil: exerce-toi à lancer plusieurs patronus sans éprouver une quelconque fatigue, ce sortilège nous sera très utile à l'avenir, j'en suis certain. Passe un bon anniversaire.
Rémus Lupin.
