CHAPITRE 7: Instauration d'une routine.
Huit heures. Harry dévalait les escaliers, la chemise sous la main, en priant pour que les cours n'aient pas commencé. Il avait deux heures d'histoire de la magie et trois étages à descendre. Le jeune sorcier, en compagnie de Sirius, n'avait pas vu le temps passé. Mais tandis que Patmol retournait paisiblement dans la chambre des Cinquième année, Harry avait cours. Heureusement pour lui, Ron avait pris son emploi du temps, distribué au petit déjeuner normalement, et l'avait posé sur son lit. Maintenant, il n'avait plus qu'à foncer vers la salle de Binns en espérant qu'il ne le repère pas.
A son entrée discrète, le professeur racontait déjà quelque épisode ennuyant sur l'histoire de ce monde. Il ne se retourna pas vers le jeune sorcier, n'ayant pas aperçu sa présence. Harry s'assit en silence à côté d'Hermione, quelques regards posés sur lui. Celle-ci glissa un parchemin vers lui, où elle avait commencé à prendre des notes. Les autres élèves se contentaient d' "écouter" ("s'endormir au son de" était l'expression la plus exacte) la voix monocorde du professeur. Dean, la tête couchée sur son bureau, avait grand peine à laisser ses yeux ouverts. Dans le fond de la salle, Seamus, qui se réveillait généralement trop tard pour prendre un petit déjeuner correctement, mordait dans un biscuit chocolaté, caché derrière son bureau, en étouffant au maximum ses craquements sous la dent. Il mâchait, la bouche gonflée et fermée, en regardant prudemment le professeur, prêt à s'immobiliser dès qu'il se tournerait vers lui, jouant la statue innocente et attentive au cours.
Sur la leçon, le jeune sorcier put voir le sujet actuel et un petit message discret écrit par la jeune fille: "Tu te sens mieux?". Elle tourna la tête vers lui et, à son sourire rassurant, en conclut que oui. Harry se mit à écouter vaguement, comme le reste de la classe.
Alors qu'il ne restait que quelques minutes avant la sonnerie, le professeur Binns arrêta la leçon. Harry avait l'esprit quelque peu endormi, de même que Ron qui baillait longuement.
_ En ce qui concerne vos BUSES, dit le professeur en changeant de sujet, l'histoire de la magie, comme les autres matières, comportera une épreuve courte et écrite qui se déroulera en Juin prochain en plus d'une recherche effectuée durant l'année dont vous me remettrez le rapport.
Sur ce, des grognements de mécontentement s'élevèrent. Hermione, quant à elle, s'était redressée, prête à relever le défi.
_ Votre exposé aura pour thème "Les fondateurs de Poudlard". Vous devrez enquêter sur leurs biographies complètes, l'influence dont ils ont fait preuve sur les progrès magiques, leurs pouvoirs et leurs héritiers. Il est indispensable que vous la meniez tel un véritable historien, de manière objective, et non pas en se basant sur des mythes. Vous vous organiserez en plusieurs groupes, chaque maison étudiant sur le fondateur qui la représente. Travaillez dans un esprit d'équipe, vous avancerez plus rapidement. Il est évident que vous ne trouverez pas le nom des héritiers à la bibliothèque, nous ignorons leurs identités à l'heure actuelle.
Harry eut un raclement de gorge comme s'il lui démangeait de répliquer "Tu parles!". Celui de Serpentard ne lui était que trop connu...
_ Nous ne savons même pas s'ils existent, poursuivit le professeur.
Les héritiers des fondateurs... Le jeune sorcier se demanda si Voldemort avait pensé à avoir un enfant: une grimace de dégoût s'afficha clairement sur son visage.
_ Ne vous attendez pas à les découvrir. Allez seulement le plus loin possible dans leurs descendances. Vous effectuerez vos recherches le jeudi après-midi de quatre à six heures. Les autres cours qui nous sont attribués se centreront sur le programme d'histoire. Prenez notes de leurs principaux thèmes...
_ Pour une fois, je regrette de ne pas être à Serpentard, ça nous aurait facilité la tâche, grommela Harry à la fin du cours, alors qu'il se dirigeait vers la salle de Flitwick.
_ Le comble est qu'ils l'ignorent eux-mêmes, dit Hermione tout en relisant le premier chapitre de Sorts et Enchantements niveau cinq.
_ Et ne compte pas sur moi pour le chuchoter à l'oreille des Serpentard, ajouta Ron d'un air intransigeant. Qu'ils le trouvent eux-mêmes!
En effet, Ginny et les trois amis s'étaient tenus de ne pas révéler l'identité de l'héritier de Salazar Serpentard aux autres élèves. Harry, Ron et Hermione en avaient convenu pour éviter la gêne éprouvée à la petite soeur du garçon roux de s'être faîte enrôlée par Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom en plus de la peur que l'intrusion du mage noir dans l'enceinte de Poudlard aurait provoqué chez les élèves en cette période. Dumbledore et Mac Gonagall, quant à eux, gardaient toujours un silence respectueux.
_ Tiens, de nouveaux élèves sont devant notre salle, remarqua Harry.
_ Elles sont de notre maison, renseigna Hermione tandis qu'ils s'approchaient des camarades en question. Nous leur avons parlés au petit déjeuner, ce matin. Elles ont pas mal de cours en commun avec nous.
Ils arrivèrent à destination. Les nouvelles étaient au nombre de trois: l'une d'elle discutait avec Parvati et Lavande, une autre attendait patiemment que le professeur leur ouvre et la dernière était en train de faire connaissance avec les Serdaigle.
_ Salut Astrarie, dit poliment Hermione en s'approchant d'une petite blonde, adossée au mur, aux cheveux courts et bouclées avec quelques petites tâches de rousseur autour du nez qui lui donnaient un air de fillette timide et amusante.
Celle-ci tourna la tête et fit un sourire à Hermione. A ce moment-là, Flitwick apparut au seuil de la porte, sa tête ne dépassant pas la hauteur de la poignée, en leur faisant signe d'entrer.
Alors que le professeur effectuait l'appel, Harry observa mieux les nouvelles arrivantes. Au nom de Rose Skatlet, une jeune fille au teint mat leva la main: elle avait la carrure d'une sportive et un dynamisme flagrant dans chacun de ses gestes. Celle à qui son amie avait parlé portait le nom de Astrarie Lumman. Enfin, Milia Jalius était assise à côté de Lavande: son regard, constamment dans les nuages, fit sourire le jeune sorcier. Milia avait trouvé ses amies, toutes avec une impression d'en savoir plus que les autres sur l'avenir.
La leçon du jour se centrait sur le sortilège d'appartenance: la formule qu'il fallait employer était Possessio. Neville, à la droite de Harry avait quelque mal à le lancer. Les étincelles bleues qui caractérisaient sa réussite n'apparaissaient pas, malgré ses efforts.
_ Pfff, dit-il d'un air découragé. Ca ne fonctionne pas. En plus, je me demande à quoi ça sert un sort d'appartenance.
_ Possessio empêche d'éventuels vols de tes affaires, Neville, expliqua gentiment Hermione, assise aussi à côté de lui.
_ Tu m'excuseras, interrompit Ron, mais je comprends toujours aussi peu que Neville, Hermione. Si ce livre (il le montra du doigt) porte en lui la marque de ma possession, qu'est-ce qui peut empêcher une autre personne de me le dérober en jetant lui-même un sort d'appartenance?
_ Ron, ce sort n'interdira jamais quelqu'un de te prendre ce livre sous ton nez. Il bloque ou limite simplement les sortilèges d'apparition, répondit tranquillement la jeune fille tandis qu'elle le jetait sur le sien.
_ Les sortilèges de quoi?, répéta le garçon roux.
_ D'apparition Ron, d'ap-pa-ri-tion.
_ J'abandonne, fit un Neville à bout de souffle.
Harry, qui lisait un livre, se pencha vers lui.
_ Non Neville, ne t'arrête pas. Prends ta baguette et... (il cherchait une nouvelle stratégie d'apprentissage) pense à ce que ce livre représente pour toi.
Neville lui jeta un regard étonné qui signifiait "ce livre représente seulement des devoirs en plus, pour moi".
_ Imagine qu'il s'agit d'un livre de botanique, dit Harry en lui présentant l'objet sous un angle différent.
Neville se retourna vers son livre, ferma les yeux, concentré...
_ Tu aimes le lire et tu ne veux pas te le faire dérober par un Serpentard, continua le jeune sorcier en l'observant.
..., il leva sa baguette,...
_ Or l'un d'entre eux avait justement l'air de s'y intéresser, il y a quelques instants..., poursuivit Harry.
_ Possessio.
Des petites étincelles bleues apparurent autour de l'objet test. Neville eut les yeux brillants et un grand sourire devant son oeuvre. C'était une de ses rares fois où il réussissait dès le premier cours. Il se tourna vers Harry et ils se sourirent.
_ D'apparition, murmurait Ron entre ses dents. Et puis c'est quoi ça d'abord, les sortilèges d'apparition?
_ Nous les étudierons dans un peu plus de deux semaines, je pense, répondit la jeune fille.
_ Ca ne me renseigne toujours pas sur ce que ça peut-être, répliqua le garçon roux, légèrement énervé d'avoir l'impression de perdre son temps avec des maléfices inutiles.
_ Ils servent à faire apparaître des objets devant toi, Ron, mais tu ne peux les réaliser que s'ils t'appartiennent, expliqua la jeune fille, toujours patiente face à la mauvaise humeur de son ami.
_ Aaaah, fit Ron, comprenant enfin. Comme chez Hagrid, quand Dumbledore a fait apparaître un service de table...
_ Exactement, confirma Hermione, souriante.
_ Serpensortia, c'est un sortilège d'apparition, non?, demanda un Neville intéressé.
_ Oui, mais quand Malefoy a pu le jeter en deuxième année, le serpent devait certainement se trouver dans la pièce à côté, commenta Hermione. Rogue avait préparé son coup... Toujours est-il que nous, nous ferons apparaître des objets qui viennent de l'autre côté du château, ça demande davantage de concentration et de puissance...
_ Maintenant, je comprends tout à fait!, s'exclama Ron, brusquement devenu enthousiaste. Imaginez que le sort d'appartenance n'existe pas... j'aurais pu faire apparaître tout l'argent de Gringotts devant moi!
Le groupe éclata de rire à la remarque.
_ Oui, mais..., recommença Neville, sceptique. Comment fait-on si on jette auparavant un Possessio sur l'argent de Gringotts?
_ On ne peut pas, répondit Harry, qui était resté assez silencieux jusque là. On ne peut pas lancer deux sortilèges d'appartenance à la suite sur un même objet. Si nous voulons qu'il change de propriétaire, il faut que l'ancien jette un Dépossessio pour annuler son Possessio. Le nouveau peut ensuite lancer le sien.
_ Tu n'as jamais vu les vendeurs le faire sur la marchandise que les gens achetaient, Neville?, rappela Hermione.
_ Ben... Pour ma baguette, pas vraiment, avoua-t-il.
_ La baguette est un des rares objets qui établissent un lien instantané avec leur maître, un sort d'appartenance instinctif, si tu préfères, ajouta-t-elle. Mais le lien est moins fort que le sort.
_ Pourquoi?, demanda Ron, curieux.
_ Maintenant, vous allez intervertir vos objets tests, coupa Flitwick de son bureau.
Le groupe se retourna, attentif aux instructions données.
_ Puis vous lancerez un sortilège d'attraction sur le livre de votre camarade qui, en cas de réussite du Possessio, restera immobile. Allez-y.
_ Tu vois, Ron?, fit signe Hermione. Avec ce sort, Accio ne fonctionne pas; alors qu'habituellement, tu peux attirer n'importe quelle baguette à toi, lié à son maître ou pas.
Harry et Neville intervertirent leurs livres.
_ Je croyais que les étincelles suffisaient à prouver que le maléfice avait fonctionné, dit Neville, apparemment incertain de lui.
_ Les étincelles n'apparaissent que lors de ta première réussite, répondit Harry. Ne t'inquiète pas, je ne vais pas pouvoir attirer ton livre à moi, le rassura-t-il.
Et en effet, le livre resta immobile.
_ Si votre Possessio a fonctionné, récupérez votre livre et lancez le sortilège annulateur Dépossessio, ordonna Flitwick tranquillement, toujours à son bureau.
_ Oh non..., fit Neville.
Il avait cru avoir gagné la guerre en réussissant son Possessio alors qu'il avait uniquement remporté la victoire d'une bataille.
_ Neville, recommença Harry. Le processus est identique. Pense seulement que ce livre est rempli de magie noire et que tu ne le voudrais pour rien au monde cette fois-ci.
_ D'accord, dit le garçon rond, reprenant courage en levant sa baguette.
_ Quand vous aurez réussi..., commença Flitwick.
_ Eh, pas déjà!, s'exclama Ron.
_ ... vous lancerez votre Possessio à distance, sur le livre de votre camarade à l'opposé de la classe. Et vous le vérifierez par un Accio, finit le professeur.
Harry regarda en face de lui. Rose Skatlet rencontra son regard et écarquilla les yeux. Elle ne s'attendait pas à faire équipe avec "l'évadé d'Azkaban", apparemment. Harry lui montra son livre pour qu'elle puisse s'exercer tandis qu'elle acquiesçait en lui présentant le sien. Le jeune sorcier lança le Possessio. Rose, pendant ce temps, tentait le Dépossessio de près. Harry se leva ( les élèves bougeaient souvent dans ce cours), et se rendit à sa table.
_ Je prends le livre et tu jettes un Accio, d'accord?
La jeune fille hocha la tête affirmativement, ne sachant pas comment lui adresser la parole. Le jeune sorcier repartit à sa table.
_ Accio!, incanta Rose d'une forte voix.
Quelques élèves se retournèrent pour voir le résultat: le livre était resté immobile. Harry se releva pour rendre l'objet test à la jeune fille en la remerciant et repartit à sa place se plonger dans sa lecture.
A l'heure du déjeuner, les Gryffondor étaient tous à table, en général joyeux par rapport à cette première matinée de cours. La grande salle était bondée et bruyante.
_ J'adore le lundi!, s'exclama Ron, en déposant une bonne louche de purée dans son assiette.
_ Ah bon? Et pourquoi?, demanda curieusement Harry en versant de l'eau dans les différents verres, coupé par des "mercis" timides.
_ Je viens de vérifier notre emploi du temps, expliqua son ami. On a un double cours de métamorphose cet après-midi.
_ Et alors?, continua le jeune sorcier.
Il lui était quelque peu étrange que Ron soit aussi stimulé par des cours où le professeur était aussi sévère.
_ On n'a aucun cours avec les Serpentard aujourd'hui!
_ On se rattrapera demain..., soupira Hermione en observant son parchemin. Eh! Ce soir, j'ai mon premier cours de musique!
_ Attention, votre attention s'il vous plaît!, avertit Ron. Hermione va répéter l'hymne au travail à partir de ce soir!
Neville, Seamus et Harry éclatèrent de rire. Hermione fronça les sourcils pour donner un air faussement vexé. Il y avait longtemps maintenant qu'elle avait appris à gérer les taquineries de ses amis.
_ Eh! Moi aussi, j'ai musique!
C'était Astrarie Lumman. Elle était assise à deux places à côté d'Hermione et avait entendu la conversation.
_ C'est vrai?, demanda la jeune fille, intéressée, se penchant pour mieux la voir.
_ Oui. J'ai hâte d'y être!, s'exclama-t-elle. Et après, j'ai une séance de journalisme!
_ Comme moi, alors!, prit conscience Ron qui se jetait sur son sac pour vérifier son emploi du temps.
_ Tu as choisi beaucoup d'options, remarqua Harry.
Astrarie fixa soudainement Harry, comme si elle était prise au dépourvu. Décidément, les gens réagissaient d'une étrange manière avec lui... Neville, lui-même, avait dû fournir un gros effort en enchantements ce matin, du moins au début du cours, pour adresser la parole au jeune sorcier de façon normale, comme à l'accoutumée, c'est-à-dire avant Azkaban...
La jeune fille blonde se reprit cependant et lui répondit:
_ Ce sont les seules que j'ai choisies.
_ Finalement, déclara Ron, nous avons tous deux options...
_ Tu n'as pas pris cours de défense contre les Détraqueurs?, demanda Hermione à Astrarie.
_ Non. Quand j'ai fait savoir que je venais, je n'étais pas au courant... pour les Détraqueurs, dit-elle d'une toute petite voix.
_ Tu crois Dumbledore alors... et moi, murmura Harry.
_ Euh, oui... Disons que... quand tu t'es défendu... tu avais l'air de dire la vérité..., justifia Astrarie, en fournissant de grands efforts.
Harry la remercia silencieusement d'un bref sourire et observa à son tour son emploi du temps.
_ J'ai ma soirée de libre, annonça-t-il. Je m'occuperai du Quidditch.
Ce fut Rose Skatlet qui entendit, cette fois-ci. Elle se pencha, intéressée. Harry, lui, vérifia si les autres joueurs étaient à table. Il aperçut Fred et George, en face de Lee Jordan, à quelques places de lui.
_ Fred! George!, les interpella-t-il. Vous êtes occupés ce soir?
Ils haussèrent les épaules.
_ Peut-être... Ca dépendra de Sinistra, répondit George.
_ Que diriez-vous de faire passer quelques personnes sur le terrain, si vous avez le temps?
_ Déjà!, s'exclama Fred, légèrement troublé dans son petit conformisme quotidien. Nous devrions attendre samedi prochain. Toutes les équipes s'occuperont de trouver des remplaçants dans l'après-midi.
_ Et toutes les équipes sauront qui nous acceptons, et quels sont leurs points faibles, finit Harry en portant un bout de viande à sa bouche.
_ Aussi..., soupira Fred, fataliste.
Alicia et Katie, qui n'étaient jamais loin d'eux, s'intéressèrent à la conversation qui, peu à peu, gagnait la table entière.
_ Nous pourrions proposer aux élèves de notre classe qui veulent faire partie des sélections de venir, suggéra Alicia.
_ Et je me chargerai de la mienne, compléta Harry.
_ Tu ve... proposes de les regarder jouer groupe par groupe?, intervint Katie.
_ Oui, ce sera long et ça nous occupera quelques soirées mais cela nous permettrait de garder le plus de bottes secrètes dans notre équipe, justifia le jeune sorcier.
_ Je ne peux pas, assura Alicia d'une mine dépitée. Cette année, avec l'ASPIC, les professeurs nous surchargeront de travail dès les premiers jours...
_ Oui, c'est vrai, compléta Katie. Et puis Harry a ses BUSES, il ne peut pas s'en occuper seul...
_ Le plan tombe à l'eau, conclut d'une voix pessimiste Fred.
_ Non, contredit Harry. Enfin, peut-être...
_ Tu as une autre idée?, questionna George. Parce qu'à part ce soir et encore, on ne peut vraim...
_ Je peux m'en occuper, en effet, informa Harry.
_ Harry! Tu n'es pas sérieux!, s'indigna Hermione. Tu as tes BUSES à passer!
_ Je t'assure que je peux m'en occuper seul, Hermione, trancha-t-il d'un ton sans réplique.
Puis il se tourna vers les autres membres.
_ Je m'en occuperai, répéta-t-il, si vous le voulez...
Il attendait leur permission. Ils devaient lui faire confiance pour être un bon juge face aux concurrents. Sans cela, il ne pouvait pas se permettre de représenter son équipe en choisissant à leur place les futurs joueurs.
_ Bien sûr que nous voulons, dit Katie. Là n'est pas la question...
_ Tu feras tes devoirs la nuit avec un tel plan!, fit comprendre Alicia. La stratégie est excellente mais irréalisable à moins de lâcher ton travail scolaire dès le début!
_ Je dors peu, je travaillerai la nuit.
Puis il ajouta tout doucement:
_ Ca me fera passer le temps...
Hermione, qui avait entendu, eut un regard peiné en devinant ce qui se cachait derrière cette phrase.
_ Très bien, souffla Fred. On est d'accord, Harry.
Un garçon de sixième année, qui suivait silencieusement la conversation, intervint:
_ Je peux venir ce soir?, demanda-t-il, non sans mal, à Harry.
_ Oui, d'accord. A quelle heure?
Peu à peu, des élèves l'abordèrent, toujours très timides. Bientôt, Harry eut une impressionnante liste de concurrents. Les Gryffondor avaient fait circuler le message dans toutes les classes, s'étaient levés, étaient partis en chercher d'autres, se bousculant et entourant le jeune sorcier qui s'était muni d'un parchemin pour écrire noms et classes. Le garçon de sixième année, Emile Moon, s'était inscrit, ainsi que Milia Jalius et Rose Skatlet.
_ Pfiou, souffla George tandis qu'un dernier concurrent regagnait sa place, tu vas devoir voler souvent avec ce monde...
_ C'est vrai, ajouta Fred. On n'a plus besoin d'avertir qui que ce soit, maintenant. Le téléphone arabe, ça fonctionne.
_ Tu vas être complètement à bout, affirma Ron avec certitude.
Harry nota le dernier nom sur son parchemin et le rangea dans sa chemise, l'air satisfait malgré tout.
La rentrée en métamorphoses fut terrible. Dès leur arrivée en cours, les élèves avaient été confrontés à l'intransigeance du professeur. Elle avait souligné la rigueur à laquelle ils allaient devoir se tenir pour une préparation sérieuse aux BUSES qui leur apparaissaient à présent, comme un examen ayant lieu dans deux jours seulement. L'atmosphère s'était avérée aux antipodes de celle, détendue, du cours de Flitwick ou Binns. Mac Gonagall avait fait un rapport détaillé du programme à suivre, en écrit comme en pratique, et leur avait signalé l'importance de l'épreuve longue dont le compte-rendu représenterait un tiers de la note finale en métamorphose. A la fin, ils eurent l'impression de porter un poids énorme sur les épaules tant ils s'étaient tassés sur leur chaise au fur et à mesure des paroles strictes du professeur.
_ Je vous distribue maintenant les noms de personnes décédées il y a plus d'un siècle et qui se trouvaient être des animagi. Les dossiers de la bibliothèque révélant l'animal en lequel ils se transformaient ont été déplacés et cachés de vous. Inutile d'essayer de trouver la salle, vous perdrez votre temps.
Elle commença à passer entre les rangées, donnant de minuscules parchemins aux Gryffondor et aux Serdaigle.
_ Votre travail consistera à déterminer l'animal de ce sorcier en se servant de sa biographie, ainsi que d'une recherche sur son ascendance. Tous ces animagi de l'histoire ancienne ont poursuivit leurs études à Poudlard ou sont décédés à une date antérieure à la construction de l'école. En ce qui concerne ces derniers cas, il vous sera peut-être impossible de trouver leur animal: seul votre raisonnement sera alors noté. Des fichiers les concernant sont répertoriés dans la salle des archives. Je vous conseille vivement de vous y rendre. Pour y avoir accès, donnez ce parchemin à Mme Pince, elle libérera magiquement ceux qui vous sont utiles. Un charme protégeant l'intimité des anciens de l'école vous interdira d'en lire d'autres. Commencez le plus tôt possible, pas une semaine avant les examens ou je peux vous assurer que vous serez sanctionnés pour un travail qui ne peut être que bâclé.
Neville déglutit difficilement. Les élèves ne soufflèrent un mot, se penchant sur leurs affaires, déjà pris d'une culpabilité pourtant injustifiée.
_ Allez-y, je dois parler à Mac Gonagall, dit Harry alors que ses amis sortaient du cours.
Hermione lui jeta un regard étonné, puis, emportée par le mouvement général des élèves, se dirigea au-dehors. Harry se trouvait maintenant seul avec le professeur de métamorphoses qui s'était assise pour commencer la correction des copies de vacances. Le jeune sorcier s'approcha timidement. Mac Gonagall ne s'était pas rendu compte qu'il était resté.
_ Professeur?
Elle eut un sursaut, releva la tête et rétablit ses lunettes rectangulaires en lui lançant un regard interrogateur.
_ Que voulez-vous, Potter?
_ Je me demandais... Quand vous avez parlé de la salle des archives où étaient répertoriés les bulletins et fichiers concernant les anciens de Poudlard..., hésitait-il, ... Est-ce que ce serait possible d'avoir accès à d'autres dossiers?
_ Je vous ai dit que non, Potter.
_ Je le sais, répondit précipitamment Harry. Je voudrais seulement en consulter quelques uns..., poursuivit-il, mal à l'aise.
_ Et lesquels, s'il vous plaît?
Harry murmura des paroles incompréhensibles.
_ Pardon?
_ Demafmille, répéta-t-il, le regard s'intéressant brusquement à une armure entreposée dans un coin de la pièce.
Le professeur posa délicatement ses lunettes sur le bureau et le dévisagea.
_ On ne peut pas libérer plusieurs dossiers à la fois du charme.
_ Alors on pourrait..., commença-t-il dans une tentative désespérée.
_ Mais, le coupa-t-elle, je peux faire en sorte qu'il soit totalement annulé.
Harry entrevit de l'espoir, mais bientôt, il réalisa qu'elle n'accepterait probablement pas de le privilégier.
_ Je vous donne une permission spéciale...
Le jeune sorcier releva vivement la tête.
_ ... à condition que Mme Pince veuille vous accompagner durant vos visites. Je me dois de protéger les dossiers qui n'ont aucune affinité avec vos... recherches particulières.
Harry sourit. Mme Pince serait certainement ravie d'être de temps en temps éloignée de tous ces élèves et le jeune homme pourrait peut-être découvrir d'autres renseignements sur ses parents que Sirius ignorait.
_ Je vous fait un mot.
Mac Gonagall leva sa baguette et une plume se mit à écrire rapidement sur un morceau de parchemin qui lévitait. La feuille s'enroula elle-même et vint se poser entre les mains du jeune sorcier.
_ Merci Professeur, dit Harry, un grand sourire aux lèvres.
Il ne s'était pas attendu à ce que sa requête soit acceptée. Ses yeux brillaient de reconnaissance. Le papier en possession, il se rendit au dortoir se changer. Plusieurs élèves l'attendaient.
Les sélections ressemblaient à des consultations moldues chez le médecin. Pourqu'elles passent inaperçues auprès des autres élèves, Harry effectuait des allers-retours du dortoir au terrain en compagnie d'un Gryffondor différent. Le rythme était soutenu. Cependant, Harry avait toujours en lui l'entrain de l'été dernier et son endurance travaillée. Chacun des concurrents hésitait à se rendre seul avec le jeune sorcier sur le terrain, mais le tête-à-tête les rassurait vite et les encourageait à donner le meilleur d'eux-mêmes.
A chaque fois qu'il revenait dans le dortoir ("Suivant!"), toutes les têtes se tournaient en se demandant qui serait le prochain: certains nettoyaient leurs balais pendant l'attente, d'autres faisaient des parties d'échecs sorciers ou de cartes explosives, et les plus malchanceux, leurs devoirs. Harry se sentait extrêmement bien: non seulement, il recommençait à voler, son passe-temps favori, mais il établissait des liens privilégiés, courts certes mais suffisants, avec des Gryffondor de tout âge. Peu à peu, tous le reconsidéraient comme une personne "normale" et non comme "LE survivant d'Azkaban". Il était dommage qu'il ne puisse pas faire de même avec les Poufsouffle et les Serdaigle. Il éprouvait tant de plaisir à ce recrutement qu'il en oublia de dîner, ayant toujours quelques élèves à portée de main au dortoir.
Il eut davantage de répulsion que d'agrément cependant quand ce fut le tour de Colin Crivey. Le dialogue qui s'était instauré entre eux n'avait été que superficiel mais incessant. Harry dut recourir à toute sa patience pour ne pas le disqualifier avant même qu'il n'ait décollé. Les "Eh, Harry! C'est quoi ton équipe préférée?", "Dis, Harry, c'est toi qui va être capitaine?" et "J'y vais, Harry? Tu me lances la balle et je fais quoi, Harry?" lui avaient porté sérieusement sur les nerfs. Au bout de quatre années, on aurait pu penser que le jeune Gryffondor aurait développé un comportement plus mature envers le cinquième année. Ce dernier avait du pourtant subir les interrogations continuelles du petit fan, comme s'ils ne s'étaient jamais rencontrés.
A huit heures trente, il revint dans la salle commune et vit Ron, installé à une table aux côtés de Dean et d'Hermione qui parlait à voix basse à Astrarie, sans doute de musique. Quelques brefs regards se posèrent sur lui et le dernier concurrent, apparemment essoufflé. Ceux qui ne passaient pas les épreuves s'interrogeaient sur les méthodes de sélections de Harry et comment se pouvait-il qu'il revienne frais comme une rose à chaque fois, alors que celui qui l'accompagnait s'écroulait aussitôt sur un fauteuil, exténué. Des Septième année, dont les joueurs de Quidditch, étaient assis en cercle devant la cheminée, s'accordant une pause entre quelques devoirs.
L'heure interdisant aux Gryffondor de sortir à présent, Harry dut arrêter les sélections. Il remonta dans la chambre des Cinquième année, se changea, prit sa chemise avant de redescendre dans la salle commune et s'installer non loin de Ron et d'Hermione, la table entourée de monde. Elle était envahie de parchemins, objets divers de sorcellerie, malgré le fait que les élèves aient rarement des devoirs. Le jeune sorcier poussa doucement quelques papiers et se mit à travailler en silence, ne perturbant pas la concentration de ses amis.
_ Non, plus en caractères gras le titre, Dean, expliqua doucement Ron en se penchant sur le travail de son ami.
_ Comme ça?, proposa-t-il.
_ Mais là, c'est bien le "la" dièse, non?, demanda Hermione, les doigts maladroitement posés sur sa flûte.
_ Oui, c'est ça, encouragea Astrarie. Maintenant, essaie cet enchaînement de notes, Hermione.
La jeune fille aux cheveux broussailleux répéta le morceau de musique, le bec de l'instrument contre le menton.
_ Et là, l'attrapeur fait la faute de continuer à plonger, cet imbécile!, s'exclama Seamus, en face de Neville, les yeux grand ouverts à l'écoute du récit de son ami.
_ Il faut voir le vif avant de piquer à vitesse maximale, commenta Milia Jalius qui gribouillait sur son parchemin, mécontente d'elle.
_ Peut-être, mais si l'autre a de l'avance sur toi, tu n'as pas d'autre choix que d'espérer l'apercevoir avant de t'écraser, ajouta Rose Skatlet tout en nettoyant sa baguette.
_ Ouh, c'est joli comme présentation, fit Parvati qui passait derrière Dean.
_ N'est-ce-pas?, dit fièrement Ron en rajustant la feuille de Dean.
_ Comment avez-vous choisi de le nommer, votre journal?, demanda curieusement Harry, le visage toujours penché sur son parchemin.
_ Le Hibou Déchaîné, répondit son ami.
Le jeune sorcier sourit à l'appellation.
_ Vous avez déjà trouvés des sujets d'articles?, poursuivit-il.
_ Oui, renseigna cette fois-ci Astrarie, tout en lisant un livre sur les pianos ensorcelés. Je vais interviewer les élèves sur ce qu'ils pensent des options proposées et s'ils aimeraient que ce système se poursuive l'année prochaine.
_ Quant à moi, ajouta Dean, je réaliserai une bande dessinée qui caricaturera une journée à Poudlard, en suivant un étudiant quelconque.
Harry plia le parchemin qu'il venait de terminer, résumant les performances des derniers joueurs passés, et ouvrit sa chemise pour en retirer le sujet de rédaction en métamorphoses dont il devrait rendre le devoir la semaine suivante.
Peu à peu, les heures passèrent et des élèves montèrent se coucher. Ron fut surpris quand Harry lui répondit qu'il désirait rester un peu plus dans la salle commune. Le garçon roux regagna donc la chambre, non sans quelques interrogations. L'état de Harry le préoccupait un peu, sans doute.
Bientôt, seuls les acharnés au travail, dont Hermione et Ginny, et quelques hyperactifs étaient toujours présents. A la table qu'avaient occupé les Cinquième années, le jeune sorcier lisait tranquillement tandis que la jeune fille aux cheveux broussailleux commençait à bailler, la fatigue la gagnant. Neville discutait doucement avec Ginny devant la cheminée où brûlait un feu paisible. Le garçon rond se couchait habituellement tôt... Trois Septième année étaient en cercle, non loin d'eux, se disant bonne nuit avant de se séparer. Hermione, qui avait de plus en plus de mal à se concentrer sur sa relecture du premier chapitre de Potions qu'ils étudieraient le lendemain releva les yeux vers Harry, plongé dans son monde.
_ Que lis-tu?, demanda-t-elle, histoire d'engager une conversation.
Le jeune sorcier releva la couverture de son livre pour qu'elle puisse voir le titre.
_ Découverte des types de magie ancestrale et ses mystères... Mmmh, murmura Hermione. Il était classé dans la catégorie des mythes, non?
L'adolescent hocha la tête négativement en soupirant exagérément et posant son livre à plat sur la table.
_ Miss Granger, dit Harry en imitant Mr Binns, ce livre ne peut être comparé à ces publications d'hypothèses plus que douteuses. Découverte des types de magie ancestrale et ses mystères est bien plus objectif. Il est par conséquent évident que sa place repose parmi ceux de la rangée "histoire de la magie".
Ils eurent un rire léger mais celui d'Hermione se prolongea en un autre bâillement. Harry fit un petit sourire.
_ Tu devrais dormir, Hermione, lui conseilla-t-il. Tu vas être exténuée demain.
_ Et toi?, questionna gentiment la jeune fille.
_ Je reste encore un peu. J'irai plus tard, je n'ai pas sommeil.
_ Tu as dit exactement la même chose à Ron il y a... (elle regarda sa montre) une heure et demie, dit-elle avec un regard qui disait "Ne me mens pas, tu ne dors pas, pourquoi?".
_ Je te l'ai dit. Je ne suis pas fatigué.
_ Je t'ai entendu très bien, la nuit dernière, tu sais.
_ Et Ron, et Neville, et Seamus, et D..., commença à énumérer patiemment Harry.
_ Et les Première année, et les Septième..., continua Hermione.
_ Ouh, j'ai du coffre, dit Harry d'un ton frivole.
Il n'avait pas vraiment envie d'entamer une conversation grave. Hermione fronça les sourcils. Harry sut qu'il n'aurait pas du se comporter ainsi. La jeune fille souhaitait seulement l'aider et il agissait comme un imbécile.
_ Ne t'inquiète pas, Hermione. Je gère tout à fait mes cauchemars maintenant, dit-il sérieusement cette fois-ci.
La jeune fille lui lança un regard étonné: "maintenant?". Harry plissa les yeux, lisant ses pensées.
_ Tu croyais que je cauchemardais à cause... à cause d'Azkaban?
_ C'est ce que tout le monde pensait, s'inquiéta Hermione.
_ C'est vrai, j'aurais dû me douter..., réalisa le jeune sorcier à voix basse.
Il releva les yeux, partis un moment dans ses songes.
_ Ce n'est pas ça, pas ça du tout. Mais ce n'est pas grave, je t'assure.
Harry leva les mains d'un air solennel.
_ Promis, tu ne te réveilleras pas cette nuit.
Hermione baissa la tête vers la table.
_ Comme si être réveillée m'importait quand on entend tes cris, chuchota-t-elle plus à elle qu'à lui, le visage triste.
Elle se leva sans un regard, sachant que Harry ne lui en dévoilerait pas plus ce soir, et se dirigea vers les escaliers des filles. Elle se retourna juste avant de monter et lui souhaita doucement:
_ Bonne nuit Harry.
Elle grimpa aussitôt.
_ Bonne nuit Hermione, fit Harry, perdu dans les pensées de son amie.
_ Je trouve cette situation extrêmement embarrassante, dit Ron à voix basse.
_ Je ne vois rien, soupira Harry.
_ Ca reste toujours très gênant.
_ Fais semblant de te concentrer, au moins.
_ Quelle heure est-il?
_ Je ne sais pas. Je ne peux pas regarder ma montre.
_ C'est un comble, se lamenta le garçon roux.
_ Fais attention, elle approche. Je sens son parfum.
Les deux amis continuèrent à se regarder dans le blanc des yeux, leurs visages à vingt centimètres l'un de l'autre. Le professeur Trelawney, la démarche flottante, passa derrière eux.
_ Continuez, mes chéris, c'est très bien. Les portes de l'avenir s'ouvriront bientôt à certains d'entre vous et alors, il apparaîtra dans les fabuleux reflets de votre âme que sont vos yeux les épreuves qui attendent votre camarade prochainement.
_ Oh, mais je vois ce qui t'attend: une belle retenue. Je le vois très bien, ça, chuchota Ron.
_ Arrête, Ron. Ce n'est pas drôle du tout. Heureusement qu'on a Défense contre les Forces du Mal cette après-midi, ou je n'aurais pas survécu à cette journée.
En effet, la divination était le deuxième cours de la journée qui se présentait bien pire que la veille. Le cours de Potions avait été détestable. Ron, Hermione et Harry s'y étaient rendus juste avant la sonnerie pour éviter l'obsession de Drago Malefoy à les mettre hors d'eux, mais ce n'avait été que pour subir une foudre du nom de Rogue. Contrairement au cours de métamorphoses, aucune présentation sur le programme n'avait été effectuée, aucun renseignement sur l'examen de fin d'année. Après une distribution brutale de parchemins leur expliquant la recherche exigée au long de l'année, le professeur leur avait ordonné de suite de préparer une des potions les plus sensibles. Plusieurs explosions, sous le coup de la peur, avaient eu lieu, ne rendant Rogue que plus exécrable encore. Neville avait tremblé du début à la fin du cours. Son épouvantard n'aurait pas disparu à coups de Ridikkulus. Le monstre Rogue avait été bien réel.
Ron, lui, n'avait pu s'empêcher de chuchoter à son ami:
_ Je ne sais pas ce qui me retiens de ne pas publier en douce un article intitulé Rogue, le corbeau coriace de Poudlard: Peut-on espérer un jour son renvoi?
A défaut de ne pas s'être fait entendre, le sourire de Harry n'était pas passé inaperçu aux yeux du professeur qui s'était fait une joie de reprendre les bonnes vieilles habitudes avec le jeune sorcier. Il l'avait pris à part et interrogé incessamment sur le programme. Lorsque Harry eut le malheur de répondre juste à l'une des questions dont la mixture demandée n'était étudiée qu'en début de sixième année, Rogue avait tourné les talons vers son bureau et dit d'une voix doucereuse:
_ Savoir la composition d'une potion n'est pas tout, Potter. Encore faut-il savoir la préparer. Et je doute que vous y arriviez un jour à moins que vous ne soyez assez doué en vol pour vous permettre de faire plusieurs choses sur votre balai.
Son commentaire fut suivi des habituels ricanements des Serpentard.
_ Au fait, votre retenue aura lieue dans deux jours, à trois heures, dans cette salle.
Cette phrase avait laissé Ron et Hermione littéralement ébahis. Cependant, à la sortie, ils s'étaient empressés de demander la cause de cette punition au jeune sorcier qui leur avait expliqué comment Rogue avait failli être embroché le jour de la rentrée. Ron avait éclaté de rire mais Hermione était restée stupéfaite du fait que le professeur ait soutenu la retenue malgré son séjour à Azkaban, un assez grande punition à son goût. Elle les avait ensuite quitté pour rejoindre Astrarie en Arithmancie.
_ J'ai des crampes, maugréa Ron en se dandinant légèrement, essayant de détendre les muscles de ses jambes.
_ Tiens bon, tu es un Gryffondor, n'oublie pas. Tu es fort et coura..., fit Harry, commençant à jouer des gémissements de son ami pour passer le temps.
_ J'ai surtout faim.
_ Ca, c'est brave. L'acceptation de la réalité. Bravo Ron.
_ Et je m'endors.
_ Ca, c'est très fort. Seulement, ne confonds pas tes rêves avec ce qu'il y a dans mes yeux, d'accord?
_ Pourquoi est-ce que je n'ai pas pris Arithmancie?!..., se plaignit Ron.
_ Parce que tu aurais du faire d'horribles calculs, qu'ici, tu n'as qu'à inventer de superbes catas...
_ Tu sais que tu as de jolis yeux, coupa le garçon roux, un sourire intimidant aux lèvres.
_ Pitié, que la cloche sonne!, supplia Harry, les yeux ronds de dégoût.
DRRRING!
_ Je suis béni!, s'exclama le jeune sorcier en s'arrachant aussitôt de sa "contemplation".
Les deux amis sortirent aussi vite qu'ils le purent de la salle étouffante, en n'écoutant que d'une oreille les derniers conseils de Trelawney, et coururent vers la hall bondé d'élèves. Là, ils rejoignirent Hermione et Astrarie. Ils les voyaient souvent ensemble. La préfète se liait-elle d'amitié avec une autre sorcière de son âge?
_ Alors?, leur demanda-t-elle, souriante.
_ Nous avons étudier l'hypnose, informa Harry. Pendant une heure, Ron et moi nous sommes regardés dans le blanc des yeux, dit-il en articulant exagérément.
Les deux jeunes filles pouffèrent de rire mais Ron regardait ailleurs, vers les autres élèves.
_ Harry? C'est normal que je te vois... partout?
Astrarie, Hermione et Harry éclatèrent de rire à nouveau, et tous se dirigèrent peu à peu dans la grande salle pendant qu'Hermione leur établissait un compte-rendu de leur cours avec le professeur Vector.
_ Au moins, deux d'entre nous n'ont pas perdu leur temps, soupira Harry.
_ Que tu crois!, le contredit ouvertement Ron. Leurs calculs servent à la construction des bâtiments moldus par exemple, alors qu'il suffit de quelques coups de baguette magique pour obtenir un résultat semblable. Pas de quoi y passer trois heures par semaine!
_ Faux!, répliqua Hermione, l'air de "mademoiselle-je-sais-tout" revenant au galop. Connaître leur science permet une meilleure maîtrise de nos sortilèges du quotidien. Beaucoup des maisons construites par des sorciers s'écrouleraient dans la seconde qui suivrait si un Neutermagia adapté aux objets leur était lancées, je peux te l'assurer. Tu as vu toutes ces habitations tordues!
Harry ne put s'empêcher d'approuver silencieusement Hermione. C'était ce qu'il avait pensé la première fois qu'il avait vu la maison de Ron. Le Terrier était si bancal que, dépourvu de sorcellerie, un drame ne manquerait pas de se produire... Cependant, il préféra garder le silence. Ses années à Poudlard lui avaient appris à ne jamais prendre parti pour l'un d'entre eux: ils s'insurgeaient alors rapidement contre lui...
Ron s'écroula sur le banc. On aurait dit que les cours matinaux avaient été pour lui synonyme de marathon. Hermione, malgré les plats appétissants, prit son emploi du temps, fidèle à son habitude. Elle le connaissait par coeur mais préférait y jeter un coup d'oeil rassurant. La grande salle était plus bruyante que jamais, et avec tout ce monde, Harry dut élever la voix pour se faire entendre.
_ Tes frères ou soeur ont déjà eu cours avec Lyth, Ron?
_ Non. Je n'ai absolument aucune idée sur sa façon d'enseigner, répondit-il en haussant les épaules.
_ J'ai cours de Défense contre les Forces du mal avec Strikken, dit Astrarie, plus à elle qu'aux autres, regardant elle aussi son emploi du temps.
_ Tu n'as pas de chance, compatit le garçon roux.
Il se déplaça légèrement vers la gauche pour permettre à un groupe de quatrième année de s'asseoir près de lui.
_ Tu te bases sur des préjugés, Ron, dit Hermione. Nous ne savons rien sur lui. Il peut-être très sympathique ("Humph!" grogna son ami). Et n'oublie pas qu'il dirigera le cours contre les Détraqueurs, lui rappela-t-elle en se servant de haricots verts.
_ Vraiment?, s'étonna Harry. Et pour les autres options, qui est-ce?
_ Mac Gonagall pour le journal, Euterpe pour la musique, Lyth et Infly pour Combat avec Armes Magiques..., énuméra Astrarie.
_ Deux professeurs pour une seule option?, coupa le jeune sorcier en posant son verre vide.
_ Oui, les armes sont enchantées donc Infly en expliquera le processus, renseigna Hermione. Il paraît qu'il est duelliste, en plus. Vous aurez certainement droit à quelques démonstrations des deux professeurs...
_ Et puis, ils ne peuvent pas assurer toutes les heures à eux seuls, à cause des autres classes, finit Ron en reprenant une bouchée.
_ Pour les Sports Moldus, ce doit être Bibine ou Lyth, non?, proposa Harry.
_ On ne sait pas, dit Astrarie. Le professeur qui devait s'en occuper a peut-être renoncé et ils cherchent un remplaçant. En tout cas, ça reste un mystère... Tu nous le diras toi-même...
_ Imagine que ce soit Rogue, suggéra sournoisement Ron.
_ Sports Moldus? Rogue?, fit Hermione en hochant négativement la tête.
_ Impossible... et heureusement, avoua Harry. Croyez-vous que ce soit Strikk...
FLASH!
Une lumière aveuglante surgit de nulle part. Le jeune sorcier cligna des yeux, ébloui.
_ Salut Harry!, s'écria une voix familière appartenant à une personne dont l'adolescent se serait volontairement passé.
_ Bonjour Colin, répondit-il d'un ton las, en se frottant les yeux une dernière fois.
_ Ca va?
Et voilà, les questions ennuyantes recommençaient. Colin avait-il une vie aussi monotone qu'il jugeait sa discussion avec le Cinquième année essentielle pour passer une bonne journée? En tout cas, c'est ce qu'il paraissait au yeux de Harry.
_ Ca va, assura Harry d'une voix monocorde.
Ron et Hermione regardaient le jeune fan avec curiosité: ne se rendrait-il jamais compte que Harry ne s'intéressait pas le moins du monde à lui?
Colin allait le rephotographier quand le jeune homme se leva subitement pour cacher l'objectif de sa main droite.
_ Non, s'il te plaît Colin. Je ne tiens pas à être pris en photo aujourd'hui, expliqua-t-il calmement.
_ C'est pour le journal de l'école, se justifia-t-il.
_ Colin, on avait dit qu'il n'y aurait pas d'article sur Harry, dit Ron d'un air paternel répréhensif. On l'avait dit.
_ Mac Gonagall avait précisé "pas ce qui concerne Azkaban", poursuivit tranquillement Colin.
Le petit Crivey pouvait se montrer têtu quand il le voulait. Harry fronça les sourcils. Le journal était déjà en marche vers de fabuleux scoops concernant le Survivant, ou alors, l'idée avait déjà traversé l'esprit de quelques uns.
_ Je peux prendre ton chien, alors?, demanda-t-il par dessus les épaules du jeune sorcier.
_ Mon quoi?, fit Harry en se retournant pour s'apercevoir de la présence de Patmol, sagement assis à sa place.
_ Euh... non Colin, continua-t-il en observant l'animagus.
Il entendit le garçon de quatrième année s'éloigner, peut-être vexé finalement (ou peut-être pas, rien ne semblait le faire partir réellement) et reporta son attention sur Patmol. L'expression de ce dernier était décidée.
_ Toi, tu veux me montrer quelque chose, dit le jeune sorcier en affirmant plus qu'en questionnant.
Le chien noir fit un signe affirmatif de la tête et descendit du banc.
_ Attends-nous, d'accord?, lui souffla-t-il. Nous finissons notre repas et nous te suivons.
Patmol approuva et se glissa sous la table.
_ C'est la salle de notre prochain cours, s'étonna Hermione alors que les trois amis s'étaient séparés d'Astrarie, précédés de Patmol à la démarche joyeuse.
_ Et Rémus!, s'exclama Harry en accélérant le pas.
En effet, l'ancien professeur se tenait contre la façade de pierre, les mains dans les poches, attendant patiemment la visite du trio. Il était vêtu d'une robe verte qui n'avait plus rien de mîteux. Il était même élégamment habillé, profession obligeait.
_ Harry!, s'écria Rémus d'un ton jovial.
Comme tous les proches du jeune sorcier, sa première réaction, à la vue de Harry, fut de s'assurer de son état physique et mental. Après l'injuste arrestation, c'était la première fois qu'il le retrouvait. Le jeune homme eut un sourire qui s'étala presque jusqu'aux deux oreilles. Malgré le fait qu'il ait vu l'ancien professeur il y avait à peine cinq jours, il lui semblait que cela équivalait à une éternité.
Rémus, en lui parlant, ne tarda pas à se sentir soulagé. Le dynamisme de l'adolescent convainquait les plus sceptiques. Aucun doute ne planait quant à sa remise morale sur les derniers événements. Et même informé par Sirius, voir Harry était tout de même plus rassurant que de simples bonnes nouvelles par courrier, surtout quand on connaissait les effets néfastes des Détraqueurs sur lui.
Lupin prit également des nouvelles de Ron et Hermione, contents de le revoir et le nommant toujours timidement "Professeur Lupin".
_ C'est bien que vous ayez pris l'option contre les Détraqueurs, les approuva-t-il en milieu de discussion. Dumbledore ne pouvait pas l'intégrer dans le programme scolaire obligatoire: ces créatures sont censés être de notre côté. Ou alors, vous les auriez étudié en Soins aux Créatures Magiques...
Ron fit une grimace en imaginant les cours qu'il aurait pu avoir. Harry sourit à l'expression de son ami.
_ Mais cette année, les cours de défense sont primordiaux, reprit Lupin d'un air sérieux. Et puis, j'ai vu votre nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal. Elle vous enseignera des sortilèges efficaces, je pense. Vous êtes entre de bonnes mains, finit-il d'un air confiant.
Mouais, espérons..., songea Harry, pas tellement convaincu. Ses prédécesseurs avaient été, pour la plupart, pas réellement fréquentables...
_ C'est vraiment nul regrettable que tu ne puisses pas reprendre ce poste, bouda presque Harry en repensant au comportement lamentable de Rogue qui avait révélé aux Serpentard la condition de loup-garou de Lupin.
Rémus lui sourit.
_ Mon travail actuel me plaît aussi, j'avoue. Sans compter qu'une cellule se trouve enfin occupée... Nott est ravi qu'un loup-garou le garde précieusement, annonça-t-il malicieusement. Il faut dire que les aurors lui donnent aussi du fil à retordre.
Les adolescents sourirent aux sous-entendus de Lupin.
_ De toute façon, il se serait fait prendre tôt ou tard, affirma Hermione, convaincue. Vous imaginez: il aurait du prendre du Polynectar toutes les heures en faisant en sorte que cela passe inaperçu!
_ C'était perdu d'avance, confirma Ron.
Rémus et Harry ne dirent rien. Pourtant, ils étaient certains que Nott aurait trouvé un prétexte, tout comme Bartemius Croupton Junior l'avait fait avant lui. La sonnerie retentit et coupa court à leur conversation.
_ Je vous laisse, dit précipitamment Rémus en relevant la tête vers la cours du château. Je préfère éviter les élèves. Passez une bonne après-midi et soyez attentifs au cours!
Il s'éloigna à grands pas avant de se retourner soudainement et marcher à reculons.
_ Harry! Pour le destinataire, demande à Dumbledore!, s'écria-t-il avant de risquer d'oublier à nouveau.
Le jeune sorcier fit signe qu'il avait compris et Rémus repartit dans le bon sens en les saluant une dernière fois. Lupin croisa Melle Lyth, à la démarche sereine et ils se sourirent poliment. Ron et Hermione eurent une expression d'étonnement face à la dernière recommandation de Lupin mais oublièrent vite alors que le professeur venait calmement à leur rencontre. D'autres Cinquième année arrivaient dans un tumulte de conversations qui s'interrompirent à la vue de Melle Lyth. Des "bonjour" timides furent murmurés et elle entra dans la pièce.
Hésitante, Hermione regarda la salle de dehors en se penchant. La voix du professeur, invisible de son emplacement, l'avertit:
_ N'entrez pas. Je reviens.
Hermione eut un petit sursaut de surprise et attendit avec tous les Cinquième année, à présent parvenus à destination. La jeune femme sortit, la baguette en main et leur fit signe de la suivre, en direction du parc. Enhardis par une initiative identique à celle de Lupin deux années auparavant, une vague d'enthousiasme se fit sentir parmi les élèves. Le sourire avenant du professeur encourageait les plus repoussés par la matière. Le groupe des trois amis se dirigea vers le parc où, à leur plus grande surprise, des cibles flottaient de un à deux mètres au-dessus du sol un peu partout non loin de la forêt. Elles étaient certainement plus nombreuses que les Gryffondor eux-mêmes et s'étalaient sur une très grande superficie, en désordre. Elles ressemblaient à des ballons en bois où plusieurs cercles de différentes couleurs et diamètres se superposaient, à la manière moldue. Ron siffla d'admiration devant la préparation du cours. Lyth s'arrêta et fit face à sa classe.
_ Posez vos sacs ici et allez vous positionner face aux cibles les plus grosses, ordonna-t-elle tranquillement.
Les élèves obéirent et tous durent se séparer. Harry s'éloigna vers la tour ouest, marcha un petit moment et choisit une cible. Ron et Hermione s'étaient appropriés de deux autres ballons très loin de lui. Ce ne serait pas un cours qui permettrait des bavardages...
Harry vit que les cibles comportaient deux tailles différentes. Les plus petites étaient certainement pour ceux d'un niveau supérieur. Il leva la tête vers le ciel: le temps était radieux et donc idéal pour un entraînement extérieur. Il regarda sur sa gauche: Neville avait choisi une cible non loin de la sienne. Les deux camarades se sourirent en manifestant un enthousiasme commun quant à la suite du cours.
Melle Lyth fit l'appel à l'aide d'un Sonorus et se positionna au centre du parc, afin qu'ils puissent tous bien la voir.
_ Durant votre apprentissage, vous avez acquis des bases concernant les créatures maléfiques et les sortilèges impardonnables. Cependant, rien, jusqu'ici, ne vous permettait de vous défendre correctement contre de mauvais sorciers. Notre programme se fondera ainsi sur les duels de moindre envergure que les duels mortels, lorsque nous souhaitons nous défendre ou... donner une bonne leçon (quelques petits rires ponctuèrent son discours). Pour le premier cours, je souhaite évaluer votre précision et votre étendue de connaissances en matière de sorts offensifs. Je serai essentiellement près de vous pour une remise à niveau. Ces cibles (elles les présenta rapidement d'un geste vague de la main) évalueront votre puissance dès que vous les atteindrez d'un maléfice quelconque. Elles réagiront en conséquence: elles pourront rester immobiles ou reculer ou encore se mouvoir pour se rendre moins aisées à viser. Continuez de leur lancer des maléfices autant que vous le pouvez. Je passerai parmi vous pour vous conseiller. Allez-y.
Elle se plaça derrière Parvati et l'observa. Les autres se retournèrent pour faire face à leurs sphères respectives. Certains jetèrent un petit sort timide à côté de leurs ballons pour évaluer la distance tandis que d'autres réfléchissaient sur la liste de ceux qu'il connaissait avant de commencer. Ils étaient tous séparés d'une bonne quinzaine de mètres entre eux. Enfin, des incantations sortirent peu à peu, de plus en plus fort.
Harry, de sa place, n'apercevait pas tous ses camarades. Il regarda sa cible: bien sphérique et aux couleurs vives, elle faisait penser à un jouet. La leçon comportait un côté amusant. Le jeune sorcier se demanda alors quelle réaction aurait la sienne. Celle de Neville, à son premier sort reçu sur le bord, sembla prendre vie. Sur une démarche flottante enfantine, elle se rapprocha alors de lui d'un mètre.
Harry, n'attendant plus, se mit en position et lança:
_ Expelliarmus!
La cible le reçut de plein fouet, fut sujette à une sorte d'éternuement qui rejetaient quelques étincelles inoffensives, ce qui fit sourire le jeune sorcier, et réagit étonnamment: elle fonça droit sur lui. Harry, les yeux ronds de surprise, ne réfléchit pas et se jeta ventre à terre sur la pelouse. Lavande et Neville, qui s'étaient placés non loin de lui, eurent un petit hurlement de frayeur. Mais personne d'autre ne les entendit, les élèves trop espacés dans le parc et occupés à crier leurs propres incantations. La cible rasa le jeune sorcier et repartit loin dans les airs. Harry se releva, un peu déboussolé, mais ce ne fut que pour apercevoir un retour à vitesse maximale de l'objet ensorcelé. Cette fois-ci, il ne bougea pas:
_ Impedimenta!
Une fois de plus, elle le reçut en plein centre et recula sur le coup. Elle donna l'air de réfléchir. Harry se mit en position de duel. Il se frappa mentalement d'avoir sous-estimer la réaction de la sphère enchantée. Son apparence lui avait croire qu'il jouerait avec elle, et non la combattrait. S'il s'était amélioré au courant de l'été, ce n'était pas pour qu'elle réagisse identiquement à celles de ses camarades...
Sa cible se mit à voler de gauche à droite, changeant constamment de trajectoire, tel un Peeves sournois à qui on ne pourrait faire aucun mal. Le maléfice d'entrave n'avait eu pas l'effet escompté. La sphère recevait des sorts mais restait insensible à leurs propriétés: elle "captait" seulement les performances du sorcier en les "analysant". Harry, les doigts serrant fermement sa baguette, suivait ses moindres gestes.
Le ballon tourna autour de lui, dans une circonférence d'une trentaine de mètres au-dessus des élèves occupés avec leurs propres objets ensorcelés et Harry eut la très nette impression qu'il le narguait. Le jeune sorcier ne le quitta pas des yeux. A la prochaine offensive, la surprise n'y tiendrait aucune place. Du coin de l'oeil, il vit celle de Seamus reculer d'un mètre de sa position de départ.
La sienne, en revanche, effectuait à présent de rapides rapprochements vers lui pour l'attirer sur quelque fausse piste et virait aussitôt dans une direction imprévue. Maligne... Il enchaîna alors sortilège sur sortilège, histoire de la "dompter", augmentant ainsi involontairement sa vitesse et quelque chose que l'on aurait pu qualifier de fureur chez elle.
_ Rasus! Mordias! Separum! Perço!
La cible, si elle n'avait pas été muette, aurait hurlé de rage, toussant des étincelles multicolores et fumant légèrement. Les maléfices jetés auraient du la réduire en petits morceaux, la tordre, la percer, la couper. Mais rien n'y faisait. Elle devenait dangereusement active. Et Harry s'était arrêté jusqu'aux sorts de quatrième année.
Il évitait de plus grands sortilèges. En effet, le jeune homme avait la désagréable impression que si ses camarades l'entendaient prononcer des incantations puissantes et connues, les rumeurs concernant son évasion seraient largement alimentées, et dès ce soir, il percevrait sûrement des "tu crois qu'il cache des pouvoirs secrets?" aux coins des couloirs...
Le jeune sorcier évita encore de justesse une rude collision avec la sphère, celle-ci lui frôlant légèrement la joue quand il décida de l'attaquer malgré tout plus efficacement à son tour (elle était quand même terrible!). Il prit une grande inspiration...
_ Incanta crucifix! Somnio radios! Exclarere!
Et ce ne fut que pour la rendre déchaînée. Avec la rage d'une formule un moldue, elle fonçait et tournoyait en tout sens, faisant virevolter la poussière du sol dans des souffles de colère. Ses soudaines accélérations lui auraient fait atteindre des vitesses se rapprochant des soixante kilomètres à l'heure en l'espace de quelques secondes, si le jeune sorcier ne la repoussait pas en permanence par de violents maléfices, l'empêchant ainsi de se précipiter sur lui.
_ Multiplis eblouissimo! Solem grand...
La cible sembla fulminer, devenant rouge vive. Harry commença à transpirer d'appréhension. Il devait la "calmer" sérieusement. En arrière fond sonore, Harry crut entendre Parvati éclater de rire (sa voix couvrait la sienne), un rire dont il ne pouvait pas se permettre maintenant, à cause de cette furie de cible.
Celle-ci repartit et, presque aussitôt, fit marche arrière sur lui. Harry s'écarta vivement, tel un matador face à un taureau furieux, et lança dans son dos, décidé:
_ Destructum!
Un jet d'étincelles vertes atteint l'objet envoûté qui explosa en fumée de sciure. Harry se protégea des débris en tournant le visage, toussa quelque peu et posa ses mains sur les genoux. Ouf. La tête penchée vers le sol, il reprit lentement une respiration normale. La cible n'avait pas survécu. Il avait gagné.
Il se remit droit, se passa une manche sur la figure. Dean pouffa de rire devant la prise d'éternuements de sa cible, toujours à la même distance de lui. Celle d'Hermione, très loin de lui, exécutait de petits bonds de droite à gauche et inversement.
Lyth se rapprochait lentement de sa "zone". Harry devait reprendre l'entraînement. Il en prit donc une deuxième, plus petite, donc plus difficile à viser. Il ne s'inquiéta pas de la réaction future de son professeur concernant la perte de la première: beaucoup d'objets envoûtés de Poudlard étaient détruits pendant les cours, c'était le prix de l'apprentissage...
Le jeune sorcier se positionna à quarante mètres d'elle. S'il ne l'atteignait pas du premier coup, ce n'était pas grave. Autant travailler la précision de ses "tirs", il n'était pas pressé de se retrouver dans une position aussi inconfortable qu'il y avait à peine cinq minutes et encore. La cible de Neville renvoya un jet de fumée jaune vers son adversaire qui fut pris d'une crise de chatouillis incontrôlable.
Harry se concentra à nouveau, essayant de ne pas se focaliser sur les rires de ses amis, bien qu'ils fussent très communicatifs. Globalement, ce cours se passait dans la bonne humeur. Il fixa son "nouveau jouet". Et il savait très bien qu'il n'allait pas rire& malheureusement.
_ Stupefix!
Un bruit de choc retentit, lui indiquant que la cible avait été frappée. Celle-ci s'éleva lentement de deux à quatre mètres de hauteur. Elle fila dans les airs: Au moins, elle ne me fonce pas dessus, songea Harry. Le ballon se plaça entre le soleil et lui, le forçant à plisser les paupières pour ne pas perdre de vue son altitude. Ses objets comportaient une certaine forme d'intelligence... Elle vola alors à vitesse maximale non loin de lui, à un mètre du sol. Le jeune sorcier tenta de la viser dans son "rasage".
_ Exclarere!
Mais la cible fut manquée. Derrière elle... Neville. Harry blanchit d'un coup.
_ Miroïs!
Un sortilège, nettement plus rapide que le premier, le rencontra à quelques centimètres du visage de Neville, et le fit dévier de sa trajectoire pour s'écraser sur une autre cible. Le garçon rond s'était brusquement arrêté de rire et eut l'air de défaillir, le visage livide. La seconde cible qui avait reçu Exclarere ajouté de Miroïs répercuta à son tour les maléfices sur une autre cible, toutes deux très grosses. Harry déglutit difficilement. A sa plus grande horreur, deux autres objets ensorcelés venaient prêter main forte à la sienne en réagissant de manière identique à la première: elles lui filèrent droit dessus. Harry n'eut pas une seconde qu'il se jeta sur le côté pour éviter le choc "mortel" des deux cibles. Elles explosèrent à leur tour, l'une contre l'autre. La sienne profita du fait qu'il se trouvait à terre pour lancer l'offensive. Harry roula sur le dos et cria, la baguette vers le ciel:
_ Destructum!
Une détonation eut lieu et une pluie de morceaux en bois le recouvrirent. Le jeune sorcier se protégea le visage en attendant que les débris cessent de lui tomber dessus. Il resta un petit moment allongé, le coeur battant à tout rompre. Au loin, les rires continuaient. Le jeune sorcier se releva ensuite et s'épousseta, en vérifiant qu'aucune autre cible ne voulait "jouer" avec lui.
Il s'en était fallu de peu. Destructum était l'ultime maléfice qui, en fin de compte, avait eu raison d'elles. Quelques élèves lançaient des coups d'oeil dans sa direction, attirés par le bruit, mais ils devaient malgré eux reporter leur attention à leurs cibles, devenant enfin un peu plus actives.
Harry se tourna vite et cria "Ca va?" en direction de Neville. Ce dernier ne semblait pas dans son assiette. Il approuva silencieusement, esquissa un sourire faible et revint d'une démarche incertaine vers sa cible.
_ Désolé!, ajouta Harry, bien qu'il ne fut pas sûr qu'il ait entendu.
Le jeune homme se sentit mal à l'aise. Son ami aurait pu être blessé. Exclarere possédait des effets courts et sans complication mais...
Les cheveux encore couverts de sciure, Harry fit face à un arbre, loin de lui, loin des autres. Perdu dans ses songes remplis de culpabilité ("Et si..."), il commença à le viser d'une succession de maléfices d'entraves, ayant perdu de son dynamisme initial. Cet arbre recevrait ses sorts jusqu'à la fin du cours, quoiqu'en pense le professeur. Mais il ne risquerait pas qu'un de ses camarades soit à nouveau en danger à cause de l'effet destructeur qu'il avait sur les cibles. Les yeux dans le vide, il vit le châtaignier expulser des étincelles jaunes, signe qu'il avait reçu le sort.
Melle Lyth ne vint pas le voir du cours.
La soirée fut de nouveau entièrement occupée par les sélections de Quidditch, le vol rendant heureusement l'entière joie de vivre au jeune sorcier. La leçon de Lyth s'était révélée monotone par la suite (elle était restée avec les plus en retard sur le programme) et Harry s'était pris à espérer que la cloche sonne. Il s'était réellement ennuyé de son combat contre le végétal, celui-ci demeurant immobile du début à la fin. Il avait donc écouté en silence l'enthousiasme évident de ses amis sur le bilan de ce premier cours, animés par l'originalité de leurs adversaires, comiques dans l'ensemble.
Plus tard, Harry s'était confronté aux nouveaux concurrents sur son Eclair de Feu, les avait fait transpirer, éviter de justesse des rembardées qui auraient pu les faire tomber de leurs balais et montrer tout leur talent. Le jeune homme s'était amusé (cette fois-ci!) comme un petit fou. Et il savait qui serait, en fin de compte, retenu. Ses deux fins de journées en plus des heures qui précédaient les cours matinaux lui avaient suffit à choisir les plus performants. Le passage des Gryffondor sur le terrain avait été rapide et efficace. Le jeune homme était content de son travail: il s'était débrouillé à constituer leurs deux équipes (bien qu'il n'en était pas obligé) en se montrant impartial et juste. Quant aux élèves, la majorité d'entre eux cessaient de le regarder étrangement à présent, au plus grand plaisir de Harry. Il avait même eu le sentiment, au départ, qu'ils lui étaient distants pour une raison tout autre que celle qu'il croyait. Il revint au dortoir, épuisé et les yeux excessivement brillants devant le bilan qu'il avait établi des prestations de ses camarades.
Il repéra les jumeaux, Alicia et Katie (ces quatre-là étaient souvent ensemble...), assis dans des fauteuils confortables, discutant de leçons de métamorphoses, d'après les bribes de conversation qu'il perçut. Quand Harry s'approcha d'eux, leurs visages exprimèrent l'étonnement mêlé d'excitation et d'impatience. Le groupe, instinctivement, se resserra. Katie posa son livre ouvert sur le tapis et se focalisa sur le jeune sorcier. Alicia passa ses cheveux derrière ses oreilles inutilement, comme pour mieux écouter.
_ Alors? Des surdoués se détachent des candidats?, demanda Fred en se penchant vers Harry.
Le jeune sorcier sortit un papier froissé de sa poche sur laquelle étaient notées ses appréciations et scores des participants pour le poser au centre du groupe.
_ Aucun surdoué mais des déterminés, oui.
Katie siffla d'admiration devant les résultats exposés.
_ Tu n'y es pas allé de main morte avec eux, constata-t-elle.
En effet, les buts marqués en un temps égal pour tous étaient peu nombreux, bien que le jeune capitaine ne soit pas gardien.
_ Les pauvres..., compatit Alicia en se mordant la lèvre.
George, qui ne pouvait lire le papier qu'à l'envers de sa place, s'adressa à Harry:
_ Vas-y. Quel est le bilan?
_ Ceux marqués d'une croix sont les nouveaux remplaçants d'Olivier et d'Angelina, fit-il en montrant deux noms du doigt. Quant à la deuxième équipe (il désigna des lignes soulignées), je me suis aidé du fait que des groupes étrangers jouaient déjà ensemble. Je les ai parfois regardés jouer par eux ou trois pour observer leur cohésion comme leurs performances en solitaire. Malgré tout, je n'ai pu constituer qu'une sorte d'équipe de réserve. Il y a une nette différence entre vos façons de jouer et la leur: leurs techniques sont moins impulsives, plus calculées.
Il reprit sa respiration et conclut:
_ C'est un groupe distinct du nôtre, dit-il, perdu dans ses pensées.
Harry songeait aux techniques d'attaque à envisager si jamais ils se retrouvaient face à face.
_ Ils sont tous passés sur le terrain?, questionna Fred, sceptique devant la longue liste des candidats.
_ Oui, confirma Harry.
George cligna les yeux de surprise. A l'évidence, il avait cru que le capitaine s'était évité quelques allers-retours en éliminant d'office les gens définitivement maladroits en tout. Les joueurs ne lui en auraient pas voulu, c'était compréhensible...
_ Vous pourrez l'annoncer à certains d'entre eux? Beaucoup sont avec vous..., reprit le Cinquième année dans un murmure.
Des candidats passaient près du groupe pour monter au dortoir. Les joueurs hochèrent la tête affirmativement.
_ Et les autres?, poursuivit George.
_ On dira à tous les Gryffondor demain, que, s'ils n'ont pas été averti en particulier, ils n'ont pas été retenus. Qu'en dîtes-vous?
_ C'est parfait, dit Fred, les yeux pétillants. Tout est fait dans le plus grand secret. C'est vraiment parfait.
_ L'autre groupe s'entraînera avec nous?, interrogea Alicia avec une onde d'appréhension.
_ Non, je ne pense pas, répondit Harry.
_ Ils apprennent à se connaître, ils élisent leur propre capitaine et nous les laissons s'organiser eux-mêmes, dit George qui ne voulait pas, à l'évidence, laisser la deuxième équipe connaître leurs stratégies, Gryffondor ou pas.
Tous approuvèrent.
_ Quant à notre propre organisation..., commença Harry. Une séance demain soir, ça vous dit? Histoire de se remettre dans le bain...
Ses coéquipiers écarquillèrent les yeux de stupéfaction. Le calendrier de Mac Gonagall ne commençait qu'à partir du deuxième samedi après la rentrée.
_ Vous n'avez pas trop de travail, déjà?, demanda Harry avec prudence devant leurs mines.
_ Euh... non, bredouilla légèrement Katie.
_ Bon, dit le jeune sorcier, attendant leur réponse, un peu gêné.
_ On peut, affirma brusquement George.
Harry tourna vivement la tête vers lui.
_ Oui, on viendra, assura fermement Fred à son tour.
Ils sortaient de leur étonnement pour revenir rapidement actifs, stimulés par les initiatives du Cinquième année.
_ Tant mieux, souffla Harry de soulagement, en souriant. Au cas où le match de fin Septembre serait un des nôtres. Ca fait plus d'un an qu'on n'a pas joué...
Les filles acquiescèrent silencieusement.
_ Oh! Au fait!, s'exclama subitement Alicia. Nous avons réfléchi pour le nom de notre équipe!
_ Ah?, fit Harry, impatient de connaître leur suggestion.
_ Nous avons penser à The Best mais les filles trouvaient ça un peu trop prétentieux..., dit George, faisant mine de ne pas comprendre pourquoi.
_ Alors on a préféré..., fit Fred en se tournant vers les joueuses.
_ Les Lions, dit Katie d'un ton solennel qui se voulait impressionnant.
Les jumeaux imitèrent un rugissement de détermination, prêts à vaincre les autres équipes, donnant ainsi davantage de contenance à l'annonce de Katie. Alicia rit doucement. Le jeune sorcier eut un grand sourire.
_ Ca me convient parfaitement...
