Note de l'autrice : Cette fiction a été rédigée dans le cadre des nuits du FoF. Il fallait écrire sur un thème donné en une heure. J'en ai pris deux "Camisole" et "Revenir" (et je me suis accordée 2h... et quelques minutes).
Bonne lecture !
Wildest Dream
One-Shot
Wiltshire,Manoir Malefoy, mai 2001
Drago Malefoy coulait des jours heureux dans son manoir.
Du moins, il essayait de s'en convaincre.
Les derniers procès venaient d'avoir lieu, Saint-Potter lui avait sauvé la mise comme toujours et le regard inquisiteur de son père était désormais perdu sur une île miteuse nommée Azkaban.
Il devait se satisfaire de ce sort.
Lorsque Théodore Nott et Blaise Zabini lui avaient rendu visite une semaine plus tôt, ses amis avaient été catégoriques : il ne pouvait pas rester enfermé dans son donjon doré et ne pas profiter de la vie. La Bataille de Poudlard fêtait ses trois ans, il était temps pour lui de se montrer au monde sorcier. Drago les avait envoyés paître chez les snagaloufs.
Pour qui se prenaient-ils tous autant qu'ils étaient ?
Ce n'était pas eux qui avaient dû récupérer les bourdes de leur père en sixième année, ce n'était pas eux qui étaient devenus la chaire à pâtés de Lord Voldemort, ce n'était pas eux qui avait compris que dans leur monde, l'amitié ne tenait jamais.
Plein d'aigreur, Drago se leva pour observer son domaine. Au loin, le majestueux paon faisait la roue, déployant ses ailes. Puis, apparût devant les barrières une silhouette brune.
- Et merde, lâcha-t-il.
Mardi. Le jour de la visite hebdomadaire de cette idiote de Granger. Drago soupçonnait l'ancienne bande de Gryffondor et associés de lui avoir collé Granger dans les pattes. La lionne évoluait au sein du Département de la Justice Magique. Depuis un an, elle s'assurait que Drago ne retombait pas dans les rouages de la magie noire.
Bref, elle le fliquait.
Le blond lança l'eau à chauffer et ouvrit d'ores et déjà la porte d'entrée. Granger pénétra après avoir essuyé ses minuscules pieds sur le paillasson et frappé à la porte. Cela faisait ricaner Drago. Ils s'étaient envoyés des fions tout au long de leur scolarité et voilà maintenant que madame faisait des ronds de jambes.
Lorsqu'il en avait fait part à Théodore, celui-ci avait argué que Granger voulait simplement apaiser les choses. La bonne blague. Théodore n'était qu'une girouette.
La jeune femme avait attaché ses cheveux dans un chignon compliqué, des mèches s'échappant autour de son visage fatigué. Et pour cause… Drago savait pertinemment pourquoi.
Les journaux ne parlaient que de la rupture entre Weasley et Granger.
Un sourire mauvais se dessina sur son visage. Au moins, il y avait un peu de justice dans ce bas monde.
- Bonjour Malefoy.
Ignorant les salutations d'usage, le blond s'installa dans le vestibule et fît apparaître les tasses de thés d'un coup de baguette et placer le sucrier à côté de la tasse de Granger.
La jeune femme s'installa. Son corps était tendu. Elle semblait avoir pleuré juste avant de venir.
- Voici mes documents.
Il haïssait le fait de devoir rendre des comptes. Encore plus lorsqu'il devait se justifier auprès de Miss-je-sais-tout. Il glissa les différents questionnaires qu'on lui demandait de remplir tous les mois. Les questions étaient toutes plus ridicules les unes que les autres. "Que pensez-vous de la dernière loi sur l'obligation de payer les elfes de maison et de leur offrir une condition de vie digne ?", "Que pensez-vous de l'intégration des enfants sorciers dans les écoles primaires moldus ?", "Pensez-vous que les enfants sorciers sont privilégiés par rapport aux enfants né-moldus ? Pourquoi ?". Affligeant.
Malgré ces trois années passées, on le prenait toujours pour un partisan de Voldemort.
Severus Rogue avait eu le droit à une rédemption publique par nul autre que Saint Potter mais lui, Drago Malefoy, n'avait eu le droit à rien.
Le monde sorcier exigeait une pureté militante. Et si vous aviez eu le malheur de ne faire rien d'autre que d'écouter vos parents, vous étiez mis au rang des bannis, des monstres.
- Malefoy ? Tu m'entends ?
Sans en prendre conscience, embrigadé par ses pensées sombres, Drago serrait les mâchoires, une barre de colère barrant son front. Il s'évertua à rendre à nouveau son visage impassible.
L'ex Gryffondor le regardait avec curiosité.
Il aurait aimé lui hurler dessus.
- Dis ce que tu as à dire Granger.
La brune soupira. Habituellement, elle gardait toujours la face. Combien de fois en un an Drago l'avait insulté à demi-mot, tentant par-dessus tout de la pousser dans ses retranchements. Mais non, Miss Granger était au-dessus de tout ça ! Sauf cette fois-ci. Elle avait clairement baissé les bras et savoir que Weasley était la raison de cet apathie rendit Drago furieux.
- Je te disais que c'est la dernière fois que je viens.
- Comment ça ?
- Je pars. Je change de poste. Et ta conditionnelle se termine dans une semaine alors.
- Oh alors Miss Granger se voit là promue. Comme c'est surprenant, répliqua-t-il sarcastique.
Il n'expliquait pas d'où venait ce coup de poing qui venait de lui couper la respiration un quart de seconde. La provocation face à la douleur des mots que lui affligeaient Granger était la seule réponse possible. La provocation demeurait sa seule amie. Son seul terrain connu.
Granger secoua la tête. Déçue.
- J'espère que tu t'en sortiras. Tu devrais sortir, trouver un boulot.
- Vous m'avez gaché la vie en jouant aux héros toi et tes potes, cracha Drago. Je ne peux pas travailler.
- Ben voyons, souffla Hermione en se levant, son sac à main près d'elle comme pour se protéger des mots du blond. Je ne suis pas venue ici pour me battre. Ces histoires de guerre sont loin derrière moi.
- Ah oui, particulièrement depuis que ton roux t'a largué comme une vieille chaussette ! cracha méchamment Drago en se levant d'un bon. Dis-moi Granger, est-ce la Gazette ou Sorcière-Hebdo qui a raison ? Il t'a quitté pour une autre ou il te reproche de trop travailler ?
Cette fois, il avait réussi. Granger allait sortir de ses gongs. Ses yeux brillants de larmes lançaient des éclairs. Il attendit avec impatience qu'elle explose, savourant le son délicat de sa respiration erratique et son petit corps tremblant de rage. Puis, elle prit une immense inspiration, le cœur de Drago battant la chamade à l'idée d'entendre sa voix pleine d'émotions se décharger contre lui. Mais elle fit tout le contraire. Granger expira lentement, contrôla ses émotions et secoua la tête. Son visage reprit son air indifférent.
- Je te l'ai dit Drago, je ne joue plus à ça avec toi.
Et elle le planta là. Lui et son sourire narquois figés dans la stupeur. Lui et sa solitude. A cet instant, Drago crût qu'il allait s'écrouler au sol ou lui jeter un sort bien senti mais elle se tourna sur le pas de la porte.
- Il faut que tu sortes d'ici Drago. Ce n'est pas bon de rester dans le passé. Moi, je t'ai pardonné.
Drago n'eût rien le temps de faire. Granger avait transplanné.
Il hurla de rage, ses ancêtres dans les tableaux fuyant la scène non sans râler. Puis il s'écroula sur le sol, pleurant comme un bébé.
Ce ne fût que tard dans la nuit que sa mère le retrouva, prostré dans le vestibule.
oOo
Demeure des Potter, Godric Hollow, décembre 2003
Les fêtes de fin d'année étaient un véritable casse-tête pour Hermione. Si elle n'était plus avec Ron depuis un an et demi mais elle devait toujours concilier noël avec ses parents et ses amis. Cette année, ils s'étaient entendus pour se retrouver le vingt-six décembre. La neige tombait doucement à travers la fenêtre et l'écrin chaud de la maison rendait l'ambiance chaleureuse et réconfortante.
Ginny arborait un ventre bien rond, l'accouchement approchant à grand pas. Harry semblait le plus heureux des futurs papas. Neville s'épanouissait en tant que professeur de Botanique à Poudlard. Luna avait réussi à se libérer de ses obligations de travail qui l'obligeait à voyager à travers le monde et semblait plus rêveuse que jamais. Quant à Ron, il rougissait à chaque mot que prononçait sa petite amie, Grâce Tremblay.
Contrairement à ce qu'avaient écrit les torchons journalistiques, Ron et elle s'étaient séparés en bons termes. Du moins, du mieux possible. Oui, ils leur avaient fallu six mois pour se revoir et encore six autres mois pour ne plus ressentir d'aigreur lorsque l'un ou l'autre fréquentaient une nouvelle personne mais leur amitié avait survécu.
Lorsqu'elle observait cette bande sous ses yeux, une douce nostalgie s'emparait d'elle et la berçait. Ils avaient grandi et ils s'en étaient tous bien sortis.
- Au fait, Drago Malefoy vient de signer un contrat chez les coqs bleus, annonça Ginny comme si les pensées d'Hermione avaient été entendues par la rousse.
- Je l'ai croisé à un gala la semaine dernière, dit Ron. On peut dire qu'il a changé. J'sais pas ce que vous vous êtes dit la dernière fois que vous vous êtes croisés Hermione, mais en tout cas, on peut dire qu'il n'est plus le gars apathique et dépressif d'après-guerre.
- Je lui avais juste dit d'avancer.
Mal à l'aise, Hermione évitait de penser à cette période de sa vie. Après tout, elle était en pleine rupture, n'en pouvait plus de faire des visites chez des anciens mangemorts qui n'étaient en fait que des gosses perdus et rêvait d'avancer dans sa carrière. Heureusement, sa rupture avec Ron avait fait sauter ses propres verrous. A cette époque, son directeur lui avait plusieurs fois proposé des missions à l'étranger mais Hermione avait refusé, de peur que cela détériore sa relation avec Ron. Sans compter le fait que ses derniers voyages se résumaient à une vie d'errance en septième année…
Le travail avec sa thérapeute l'avait aidé. Mille fois. Combien de fois avait-elle suggéré à Drago Malefoy de voir un psychomage… Seules l'aigreur et la rancœur animaient le jeune homme. Hermione en avait eu pitié… Plus que Crabbe et Goyle qu'elle visitait aussi à l'époque, Malefoy était quelqu'un qui avait les moyens de rebondir. Pourtant, il avait regardé Hermione comme au temps de Poudlard, comme si rien n'avait changé, comme s'il refusait que les choses aient changé.
Elle avait été ravie d'apprendre six mois plus tard après sa dernière visite que l'héritier Malefoy partait en France.
Hermione Granger n'avait toujours souhaité que le bien. Même pour Drago Malefoy.
oOo
Stade de France de Quidditch, Championnat de France, septembre 2004
- Je suis vraiment ravie que tu sois venue !
- Quand même Ginny, je n'ai pas ma place dans le carré des journalistes. Puis vous allez interroger les joueurs pendant que je fais la plante verte.
- Oh je t'en prie Hermione, tout le monde amène quelqu'un avec lui ! Et puis tu es à Paris pour le mois, ce n'est pas pour qu'on ne se voit pas lorsqu'il y a des occasions comme celles-ci. Savais-tu que les coqs bleus pouvaient monter en Ligue 1 dès la saison prochaine ? C'est de la folie ! Drago est un joueur incroyable !
- Drago ?
- Oui, Drago. Ne me regarde pas comme ça ! En tant que journaliste, je dois créer une certaine proximité avec les joueurs sinon je n'obtiens rien d'eux. Les voilà !
- Pourquoi tout le monde se bouscule ? Ginny, je ne crois pas…
- Avance ! Drago ! Drago ! Comment avez-vous réussi à remobiliser votre équipe après la première mi-temps ?
- On a eu une première mi-temps compliquée c'est vrai. J'ai fait entrer Zakia Tremblay comme poursuiveuse, son jeu est toujours dynamique et je savais qu'elle pouvait aider ses coéquipières.
- On dit que vous êtes en couple avec elle, est-ce vrai ?
- Franchement Mr McLaggen, je ne crois pas que c'est le sujet de ce match. Oui, Mrs Potter ?
- Pensez-vous un jour à rejoindre l'équipe d'Angleterre ?
- Il faudrait déjà qu'on me le propose.
La foule explosa de rire face au sourire charmeur de Drago Malefoy. Toute la foule, sauf Hermione.
oOo
Ministère de la Magie, Cérémonie des voeux, janvier 2005
La robe d'Hermione Granger époussait les formes de la jeune femme au point où plusieurs regards se tournaient sur elle.
La brune ne le remarquait pas, trop inspirée par la nouvelle loi sur les elfes de maison qu'elle voulait porter. Sa propagande ne s'arrêtait jamais, même lors d'un gala rasoir où un Conseil d'Administration rempli de croûtons se s'autocongratulaient d'être payé à rien foutre.
- Pourquoi est-ce que tu n'y vas pas ?
Théodore Nott arborait un sourire en coin qui ne plaisait pas du tout à Drago. Le blond fût tenté de nier qu'il observait Granger depuis cinq minutes. Mais on ne trompait jamais Nott.
- J'ai rien à lui dire.
- Pour ça que tu la regardes comme ça. Je crois au contraire que tu as un tas de choses à lui dire.
- La ferme, dit Drago avant de boire dans sa coupe de champagne.
- Tu sais Drago, t'as fait un chemin incroyable depuis toutes ces années. Mais je crois qu'il y a un truc que t'as pas totalement réglé. Et c'est ce qui t'empêche de revenir au Royaume-Uni.
- Ok Théopsycho, répliqua le blond. Et je suis où là ? Dans la grotte des géants ?
- Presque. Tu te caches. T'es là juste pour maintenir le contact avec le Ministère et protéger ta mère. Putain de merde Drago, tout le monde veut te voir dans l'équipe de Quidditch d'Angleterre. Pourquoi est-ce que tu ne te bouges pas le cul ?
- Toujours aussi poli.
- Tu fais chier !
Théodore était parti au loin pour discuter avec Potter et Weasley dont la femme arborait un ventre proéminent.
Cherchant Granger du regard, il la trouva près du buffet, choisissant délicatement ses mets avant de les poser dans son assiette.
Les mots de Théo tournaient dans sa tête sans qu'il ne réussisse à les chasser malgré ses exercices d'Occlumencie.
Oui, il avait évolué. L'attitude de Granger lors de leur dernière rencontre l'avait anéanti. Il avait fini à Sainte-Mangouste. Sa mère avait réussi à soudoyer les médicomages pour que la rumeur d'un Malefoy à l'hôpital ne s'ébruite pas. Puis, on avait dit qu'il avait besoin d'un thérapeute. L'image de Granger lui suggérant délicatement des soins lui était revenue en pleine face. Évidemment, Miss je-sais-tout ne pouvait pas se tromper.
Lorsque Mr Woodrof était entré dans sa chambre, il était tout le contraire de ce que pensait Drago d'un psychomage. L'homme avait fait la discussion. Et sa colère contre la brune, Potter, Weasley avait explosé. Il fallut encore un peu de temps pour appréhender et comprendre cette rage : eux avançaient, pas lui.
Comment s'était-il pardonné ? Il ne le savait guère. Les médicaments ? Le travail ? La réussite par lui-même dans ses projets ? Son premier amour lors de sa première année à Paris ? Il n'en avait aucune idée mais Théodore avait bien raison sur une chose… Il n'était toujours pas complètement en paix avec lui-même.
S'armant de courage, il avança vers le buffet.
Granger sursauta lorsqu'elle se retourna et fit face à lui. Un rictus amusé se dessina sur le visage de Drago.
S'il n'y avait pas eu tout le passif entre eux, il lui aurait dit qu'elle était jolie pour démarrer la conversation. Mais voilà, c'était Granger.
- Hey.
Hey… Hey ?!
Les yeux chocolats de Granger masquaient mal sa surprise et son étonnement.
- Félicitations pour la loi sur les Loup-Garous.
Voilà qui était mieux. Le visage de Granger s'adoucit et un sourire lumineux fendit ses lèvres. Merlin, depuis quand était-elle devenue aussi jolie ?
- Félicitations pour votre passage en Ligue 1. Ron et Harry espèrent te voir dans l'équipe d'Angleterre un jour.
- Ah bon ? répondit Drago amusé.
- Oui, pourquoi pas ?
Drago haussa les épaules. Il avait du mal à imaginer ses anciens ennemis d'école le soutenir à un match. C'était trop bizarre.
- Ils ne te détestent pas tu sais, dis Hermione avant de croquer dans un petit four. On a tous avancé. Tu étais un enfant à cette période…
- Ouais, répondit Drago mal à l'aise. A ce propos. Je voulais m'excuser.
La jeune femme s'étouffa presque. Toussant, les yeux rouges de larmes, Drago l'entraîna à une table pour lui servir de l'eau.
- Promis, ce n'était pas un plan pour te tuer.
Hermione Granger éclata de rire. Ce fût le son le plus doux que Drago eût à écouter dans toute sa vie. Sentant son corps se réchauffer, le champagne était vraiment fort ce soir, Drago poursuivit ce qu'il avait à dire :
- Je suis allé voir un thérapeute. Le comportement que j'ai eu à l'époque était explicable mais en aucun cas excusable. Je voudrais te demander pardon. J'ai été un véritable idiot. Tu étais mon bouc émissaire, je me moquais de toi, j'étais jaloux de toi. Même après la guerre, lorsque tu m'as rendu visite pour ton travail, j'étais vert que tu viennes encore autour de moi. Cela me renvoyait à mes bêtises, à mon incompétence. J'étais… J'étais enfermé par mes propres démons. Je suis profondément et sincèrement désolé.
S'il rendit ses yeux encore plus aciers et profonds, ce fût totalement inconscient.
La brune le dévisageait, la bouche entrouverte. Elle ne semblait simplement pas y croire. Drago n'attendit rien. Un poids en moins sur les épaules, il se leva et s'en alla.
oOo
Appartement de Drago Malefoy, Paris, Avril 2005
- Rappelle-moi pourquoi je viens ?
- Parce que, mon cher petit Dragonouchet, on se voit rarement et que c'est l'occasion de sortir un peu. Depuis quand t'as pas rencontré de filles ?
- Appelle-moi encore Dragonouchet Théo et je te refais le portrait. Je te signale que la rénovation de l'apothicaire du Dr Aziz Branchiflore n'est pas vraiment une sortie pour rencontrer des gens.
- Mais si… Ah je crois que ça frappe à ta porte !
- Je n'attends personne.
- Pourquoi cet air suspicieux ? Va ouvrir.
- Théo, je te jure que si… Granger ?!
- Oh…. hum… Tu as l'air surpris de me voir. Théodore m'a dit de venir à cette adresse pour l'inauguration de la Boutique du Dr Aziz.
- Ah désolé Hermione ! J'avais oublié de prévenir Drago que tu serais là. Hermione vient car tous les produits sont crueltty free ! C'est génial non ? Drago ? Drago ! Bon bah suivons le Hermione !
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Siège Centre de formation de l'équipe d'Angleterre de Quidditch, Londres, juin 2005
Drago Malefoy ne savait pas trop dans quel pétrin il s'était fourré. Assis entre Théodore Nott et Hermione Granger, il signait un contrat exclusif pour trois ans dans l'équipe nationale d'Angleterre en vu de préparer la prochaine coupe du monde.
Théodore était son agent officiel et avait expressément demandé à Granger de venir pour qu'elle vérifie toutes les entrelignes du contrat. La brune n'avait rien trouvé à redire dans l'ensemble. Elle avait exigé deux jours de congés payés par mois et un appartement de fonction pour Drago.
Les photos et les tenues officielles distribuées, ils purent enfin s'installer dans un café pour fêter l'évènement.
- Je pouvais me payer un logement Granger, dit Drago.
- C'est par principe.
Les jambes élégamment croisés, la jupe de la jeune femme montait délicatement à mi-cuisse. Son sourire bienveillant qu'il avait tant détesté et mal interprété à l'époque le touchait en plein cœur. Drago cacha son trouble en avalant une grande gorgée de limonade.
Puis, Théodore avala son café d'une traite et se leva.
- Désolé les gars mais je dois y aller.
- Quoi ? Déjà ?
Théo ne répondit que par un sourire narquois à son ami avant de saluer Hermione… Granger ! et s'en aller.
La jeune fille avait les yeux rivés sur ses ongles qui pianotaient sur son verre. Elle semblait aussi mal à l'aise que lui.
- Tu fais quoi pour les vacances ? demanda-t-il pour briser la glace.
- Pas grand chose, grimaça-t-elle. Je suis seule et mes parents partent au Mexique alors… Et toi ?
- Je ne sais pas encore.
Ils échangèrent un sourire timide. C'était particulier et plaisant de discuter avec Granger comme des personnes civilisés, en paix avec elle-même.
- Tu vas rire, avec toutes ces années en France, je ne suis jamais allée dans le Sud de la France.
- Sans blague ? s'étonna Hermione, l'œil brillant qui annonçait qu'elle entrait dans un discours qui la passionnait. C'est pourtant un endroit magnifique ! J'aime les terres du Sud, on entend les cigales et ça sent bon la lavande. La mer est bien aussi mais il y a généralement trop de touristes en juillet et août. Je te conseille les Calanques et puis il faut que tu visites l'Abbaye de…
- Si tu me montrais ?
- Hein ?
- Tu viens de dire qu'il y aura trop de monde en juillet et août. Allons-y maintenant non ?
- Mais…
- Tu m'avais dit à l'époque que je devais profiter de ma vie. C'était à ta troisième visite chez moi. Tu ne parlais quand même pas de seulement trouver un travail j'espère ?
- Non mais…
- Tu t'es ennuyée l'autre soir chez Branchiflore ? Et encore après quand on s'est vus avec la famille Potter et Théo ? Et puis quand on s'est retrouvés par hasard pour boire un café l'autre soir, tu t'es aussi ennuyée ?
- Absolument pas !
Ils avaient parlé jusqu'à trois heures et vingt-cinq minutes du matin, pour être précis.
- Alors allons-y ! Allons dans le Sud de la France ! On est en paix maintenant n'est-ce pas ?
Drago s'était levé et avait tendu sa main vers Granger. Son cœur tambourinait contre ses tempes. Si elle l'envoyait paître, il en serait effondré et il ne savait pas vraiment pourquoi. La peur du rejet lui aurait dit son thérapeute…
La brune sembla hésiter mais finalement elle lui adressa un sourire timide.
- D'accord.
Le contact paume contre paume fit frissonner Drago. Il avait l'impression d'avoir à nouveau quinze ans.
oOo
Dans une villa, quelque part dans le Sud de la France, juin 2005
Hermione n'arrivait pas à détacher ses yeux des muscles de Drago qui se tendaient à chaque brasse qu'il effectuait dans la piscine. Elle essayait de se dire que sa relation était la même qu'elle entretenait avec Théodore Nott. Lui aussi avait été du "mauvais côté" et aujourd'hui le brun était ami et en bon contact avec la plupart du monde sorcier.
Mais elle ne regardait pas Théodore comme elle regardait Drago. Le soir dans sa chambre, quand Théodore dormait dans la chambre d'amis, elle n'avait jamais eu des idées saugrenues comme d'aller le rejoindre, de s'imaginer dans son lit, d'imaginer les mains de Drago sur elle, de le sentir glisser vers…
- Tu recommences Granger !
Hermione sursauta violemment dans un petit cri et Drago éclata de rire. Ce rire… Il aurait rendu l'ouïe à Beethoven tant il était mélodieux.
Sortant de l'eau, Drago s'approcha d'Hermione, les mains sur les hanches.
- Tu rêves comme si tu étais au paradis. A quoi tu penses dans ces moments là ?
- Je ne te le dirai pas. Drago !
Le garçon agita alors ses cheveux humides au-dessus d'elle pour la tremper. Bonne joueuse, elle se leva et sauta à l'eau.
Elle ne vit pas le sourire tendre de Drago - ni le regard qu'il coula sur le bas de ses reins.
oOo
Toujours dans une villa, toujours quelque part dans le Sud de la France, juin 2005
- T'en as pensé quoi de ces vacances ?
- C'était super. Mais ce n'est pas encore terminé Granger.
- Oui je sais bien Drago mais dans deux jours…
- Tu penses toujours au futur. Si tu étais dans le présent ?
- Je sais…
- J'ai quand même réussi.
- Quoi donc ?
- A te faire vivre l'instant présent.
- Oui.
- …
- …
- J'ai réservé un restaurant pour ce soir.
- Comment ça ?
- J'ai réservé un restaurant pour ce soir. Pour toi et moi.
- Mais…
- Oui, c'est un rendez-vous.
- Est-ce que tu viens de lire dans mon esprit ?
- Pas besoin Granger. Je lis en toi comme dans un livre ouvert. D'ailleurs, faudrait vraiment que tu arrêtes de me regarder nager comme tu le fais. Ou alors, rejoins moi la prochaine fois. Allez, prépare toi.
oOo
L'instant présent, juin 2005 et pour toujours
A quel moment les choses avaient pris cette tournure ?
Drago et Hermione marchaient l'un à côté de l'autre dans la nuit fraîche des montagnes du Sud. Les lumières de la ville en bas éclairaient le chemin. Arrivés au belvédère que le serveur du restaurant leur avait recommandé, le duo s'arrêta.
Drago n'avait jamais été aussi beau. Accoudé à la rambarde, il observait le ciel étoilé.
Hermione expira doucement, le ventre tordu par les évènements et les sentiments qui se bousculaient en elle. Elle avait l'impression d'être à nouveau une petite adolescente. Lorsque leurs bras se frolèrent, Hermione frissonna de plaisir.
- Tu as froid ?
- Non.
Les yeux gris de Drago sondèrent la jeune femme qui frissonna un peu plus sous ce regard qui la désabhillait. Hermione détourna le regard.
- Regarde moi, demanda Drago dans un chuchotement.
Elle releva les yeux doucement. La main de Drago vint se poser sur le poignet d'Hermione qui se sentit fondre comme neige au soleil. La main du jeune homme remonta le long de son bras, lentement, vers son épaule puis son cou. Des étoiles devant les yeux, Hermione se rendit compte qu'elle avait bloqué sa respiration. Le cœur battant la chamade dans sa cage thoracique, la brune inclina machinalement la tête lorsque la main chaude et puissante se mit à lui caresser doucement la joue.
Dans une lenteur excessive, Drago se pencha vers elle, déposant délicatement ses lèvres sur le cou d'Hermione qui soupira de bien-être. Encouragé, il remonta tout le long, déposant baisers après baisers. Leur corps désormais bien plus proches, les mains d'Hermione se mirent à enlacer et caresser tendrement le dos de Drago. Elle aurait pu rester ainsi pendant des heures mais Drago se recula doucement. Elle n'eut pas le temps d'être déçue puisque c'était seulement pour attaquer plus officiellement les lèvres de la jeune femme qui répondit au baiser délicatement. Drago se recula pour observer Hermione, dégageant les mèches rebelles de son visage. Puis, il l'embrassa plus franchement et Hermione répondit avec une fougue démesurée. Les mains du blond étaient partout : dans ses cheveux, au creux de ses reins, sur ses épaules, sur ses joues. Et leur corps se pressaient l'un contre l'autre de plus en plus violemment prêts à prendre leur totale indépendance.
- Drago, supplia-t-elle dans un souffle.
Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle suppliait à cet instant mais Drago sembla comprendre. Elle se sentit attirer puis tourbillonner et aussitôt, ils étaient dans la villa.
Hermione se jeta à nouveau sur le blond comme si sa vie en dépendait. Son cerveau était embrumé par le désir qu'elle lui portait à cet instant. Il n'y avait plus que le corps de Drago tout contre elle et leurs mains caressant le corps de l'autre de manière avide.
Hermione avait passé ses mains sur la chemise de Drago et commençait à la déboutonner. Drago se recula subitement.
- Attends Hermione.
Elle ne cacha pas son inquiétude et se mordit les lèvres, attendant que Drago parle.
- Je t'aime.
NDA : Bande de cochons, vous croyez que je ne vous vois pas pester ? MOUAHAHAHAHAHA. Je vous laisse imaginer la suite dans votre tête qui, j'en suis certaine, aura déjà les meilleures idées.
J'attends vos reviews avec impatience !
