Voici un tout petit OS basé sur lun des precieux sens de nos loups-garous préférés :

l ouïe

Cest une histoire simple.

Sans prise de tête.

Peut-être déjà du déjà vu ?

Mais parfois, ça fait simplement du bien.

Alors bonne lecture !


Derek tourne une énième page du livre qu'il a devant les yeux. Autour de lui, tout est calme.

Par calme, il veut dire un «calme de loup-garou». Car il y a cinq autres personnes dans le loft, et chacune des cinq respirations, chaque battements de cœurs, chaque mouvements parvient à ses oreilles.

Mais ce n'est pas désagréable. Derek a toujours vécu avec.

Il a même appris à reconnaitre chacun des bruits qui l'entoure, l'associant à la personne concerné.

La respiration irrégulière, sur le canapé, c'est celle de Scott.

Même si la morsure lui a retiré ses crises d'asthme, il a toujours cette distinction qui fait que Derek sait en un quart de seconde que Scott est dans les parages.

Dans les bras de Scott, il y a Malia.

Elle ronronne comme un chaton chaque fois qu'elle est collée à son petit ami. Cette fois ci ne doit pas échapper à la règle puisque ce son resonne justement dans le loft comme une douce berceuse. Mais Derek ne lève pas les yeux pour le vérifier.

Liam est dans la cuisine, seul.

Comme à son habitude, la nervosité maladive du louveteau lui fait se torturer les lèvres. Et chaque claquement que font ses dents à chaque morsure de peau pourraient être insupportable si Derek n'avait pas tant l'habitude de l'entendre.

Théo squatte l'une des chambres.

Il est le plus silencieux de tous, mais il a une particularité qui fait que Derek le reconnait tout le temps. Toutes les quatre respirations, il a un spasme dans la main droite. Le mouvement alerte les sens de Derek, mais personne, pas même Théo, ne semble avoir remarqué cette singularité.

Alors le loup le garde pour lui et secrètement, adore surprendre les membres de la meute en annonçant avant tout le monde l'arrivé de Théo.

Pas besoin de préciser qu'il ne l'avouera jamais à personne.

Tout ces bruits de fond sont écrasés par un autre.

Une cinquième personne qui, comme à son habitude, ne peut pas être silencieux. Même sans parler, son corps est bruyant.

Son rythme cardiaque est rapide. Il soupire tout le temps, tapote son pied contre le parquet, claque des doigts pour une raison qui échappe à tout le monde. Car il n'y a que dans ses pensées que tout ce passe. Dans sa tête. Dans son monde.

Dans le monde de Stiles.

Car il s'agit bien de lui.

Stiles est à quelques centimètres seulement de Derek, son fauteuil quasiment collé au sien. Le loup n'a pas besoin de lever les yeux pour savoir que l'humain l'observe. Car chaque fois qu'il fait lui-même un mouvement, la respiration de Stiles se coupe. Il soupire, puis il repart dans ses pensées jusqu'à ce que Derek bouge de nouveau.

D'ailleurs, le loup tourne une autre page, et Stiles refait encore une fois le même cinéma. Mais après son soupir, il se penche vers Derek et pose les yeux sur le livre, fronçant les sourcils.

· Tu fais semblant de lire, affirme-t-il, si proche de son visage que le loup entend le bruit du sang qui circule dans ses veines.

Il a rompu le «silence» qui règne au loft, et Derek n'est pas vraiment étonné que ce soit Stiles qui y mette fin.

Et puis l'humain, talentueux stagiaire du FBI, n'a pas tort. Il n'a pas même lu un seul mot du livre qu'il a entre les doigts, si ce n'est le titre.

Il n'a pas besoin de lire un foutu livre quand les bruits du loft a eux seul racontent une histoire.

Il fait cependant mine de marquer la page pour reprendre sa lecture plus tard, avant de fermer le livre, semant ainsi le doute dans l'esprit du plus jeune.

Stiles s'empare du bouquin et s'éloigne de Derek en brandissant l'ouvrage, comme si cela était son but ultime depuis le départ.

Il rie dans sa moustache, fier de lui avant de lire à voix haute le résumé du livre.

Personne ne l'écoute à part Derek qui découvre l'histoire qu'il est censé lire, mais joue son rôle à la perfection en restant neutre face à l'attitude de Stiles.

Quand celui-ci a fini sa scène, il pose les yeux sur Derek et ne lâche pas son regard.

· Ne me fait pas croire que tu lis des romans policiers, big bad wolf.

Le loup arque un seul sourcil et Stiles arrête de respirer en essayant inconsciemment de l'imiter, comme à chaque fois.

· Pourquoi pas ? demande Derek.

Sa voix a un effet sur l'humain.

Ses battements de cœur s'accélèrent et c'est à peine perceptible, mais ses pupilles se dilate. Comme si le fait d'émettre un son de sa voix retenait toute l'attention de Stiles.

C'est le cas.

Le garçon ne semble voir que lui.

Derek se demande ce qu'il peut bien se passer dans le monde de Stiles quand il le scrute ainsi. Bien sûr, il connaît déjà par cœur chaque réaction du corps de Stiles vis-à-vis de lui, mais il voudrait plus. Il voudrait savoir ce qu'il pense, aussi intime cela soit-il.

· Parce que ce n'est pas un roman policier, chuchote Stiles, beaucoup trop content de son coup de bluff.

Il rend le livre à Derek, et celui-ci constate avec une surprise parfaitement dissimulé que le résumé n'est même pas celui que Stiles vient de lire à haute voix.

· Bravo, tu es de plus en plus doué pour mentir, avoue-t-il en posant le bouquin sur la table basse.

La poitrine de Stiles se soulève de fierté au compliment et Derek est sûr que l'humain va le lui rappeler pour l'éternité.

Après cela, Stiles bat deux fois des paupières, regarde une fois à gauche, une fois à droite, puis soupire une trente deuxième fois. Il doit maintenant trouver un autre intérêt.

Derek met fin à ses souffrances en se levant, faisant craquer sa nuque.

L'humain suit chaque mouvement avec un intérêt démesuré avant de se lever à son tour.

· On bouge? demande-t-il, la joie non dissimulé dans sa voix.

Le truc avec Stiles, c'est qu'il s'ennui tout le temps. Alors Derek doit sans arrêt trouver des idées pour l'occuper, tel que faire semblant de lire un livre en face du jeune homme, par exemple.

· On va chercher des pizzas.

L'enthousiasme des cinq personnes parvient aux oreilles de Derek et il s'accorde alors un sourire.

Quant il parle d'enthousiasme, cela ressemble plus à un grognement de satisfaction général, jusqu'à un gémissement de la part de Malia.

Même Théo a émis un bruit d'approbation, et Derek est loin d'en être étonné alors qu'il a entendu le ventre de la chimère gronder il y a déjà une bonne demi-heure.

Stiles ne se fait pas prier pour accompagner le loup-garou, allant déjà enfiler sa veste posé sur le canapé près de Scott.

Ils sont à la pizzeria a peine quinze minutes plus tard et Stiles passe commande en choisissant lui-même chaque pizza pour chaque personne, connaissant parfaitement les goûts de chacun.

Au moment de choisir celle de Derek, sa voix se fait plus aiguë et il lance un regard furtif en direction du loup.

Il s'est trompé une fois dans les goûts de Derek et dû retourner passer commande. Alors il doit penser à ce moment à chaque fois qu'il annonce cette commande en particulier.

Peut-être que Derek, ce jour-là, n'aurait pas dû forcer Stiles à manger la pizza qu'il avait choisi par erreur.

Stiles avait autant horreur des olives que Derek, et il avait bien faillit vomir deux fois.

Visiblement, le traumatisme est toujours là.

Quand ils ont récupéré les pizzas pour tout le monde, ils retournent au loft et chacun se retrouve naturellement autour de la table.

Derek observe Scott qui discute avec son bêta d'un cours de l'adolescent que l'alpha déteste aussi.

Il regarde Théo qui lutte pour essayer de faire décrocher un mot à Malia, tentant l'hilarité.

Malia lève les yeux au ciel en mangeant sa pizza, alors il sait que Théo se fatigue pour rien.

Stiles, à côté de lui, s'excuse après lui avoir mît un coup de coude non volontaire en se servant du soda. Derek ne réagit pas alors l'humain tourne les yeux vers lui et arrête de respirer en constatant que le loup le regarde aussi.

· Pardon, s'excuse-t-il une nouvelle fois, mais Derek ne saisit pas très bien pourquoi.

Stiles ne s'excuse jamais deux fois pour une seule chose, alors il se demande pour quelle autre raison l'humain devrait se faire pardonner.

Le fils du shérif doit suivre le fil de ses pensées car un fin sourire étire ses lèvres et il lance un deuxième coup de coude dans le bras de Derek.

Le geste est plus lent que le premier, Stiles s'attardant un peu plus longtemps quand sa peau touche celle de Derek.

Le cœur de l'humain loupe un battement et il souffle par le nez pour ne pas montrer son malaise, mais Derek voit tout. Il entend tout.

Il entend le pied de Stiles, sur la barre de la chaise, qui tremble nerveusement. Il voit la langue de l'humain humidifier ses lèvres parce qu'il a trop chaud, parce que ses joues sont rouges, même si c'est à peine perceptible.

Il entend l'inspiration discrète de Stiles, qui essaie de se ressaisir.

Puis il voit les yeux de l'autre s'ancrer dans les siens, comme si Stiles pouvait lire dans son âme. Comme s'il était mis à nu.

Il aimerait, lui aussi, entrer dans son monde, mais cela n'appartient qu'à Stiles. Il n'y a pas accès. Et puis Stiles lui donne déjà tellement d'autres choses… Il doit s'en satisfaire.

· Un problème? demande Stiles alors que leurs yeux ne se quittent plus.

Ce n'est pas la première fois que l'humain pose cette question. En fait, il le fait à chaque fois que cette situation ce produit.

C'est comme s'il avait besoin de savoir que ça va. Que Derek le regarde parce qu'il en a envie et pas parce qu'il va arriver quoi que ce soit de dramatique.

Derek ne peut pas en vouloir à Stiles. Ils ont vécu tellement de choses par le passé que rester là, simplement yeux dans les yeux, paraît un luxe qu'ils ne peuvent pas se permettre.

Le loup secoue négativement la tête, dans une réponse muette, et alors Stiles semble plus léger.

Ils continuent la soirée ainsi, à alterner entre les moments avec la meute, et leurs regards silencieux.

Il est tard quand Scott et Malia partent, suivis de près par Liam.

Théo refuse l'invitation à dormir de Derek et s'en va en emportant les restes que la meute a abandonné derrière elle.

Stiles soupire comme s'il avait attendu ce moment toute la journée, une fois qu'il ne reste plus que Derek et lui dans le loft.

Le loup l'observe sans arrêt alors qu'il évolue dans l'appartement naturellement, rangeant le désordre laissé par les autres.

Quand il arrive au niveau de leur deux fauteuils, il se saisit du livre qui traîne toujours sur la table basse et sourit machiavéliquement.

· Tu veux que je te lise une histoire, big bad wolf?

Derek veut lui dire que Stiles n'a pas besoin de parler pour lui raconter une histoire, puisque chacun de ses gestes et de ses bruits le fait déjà.

Mais comme cela est son plus grand secret, il acquiesce mais s'empare du livre en le volant des mains de Stiles.

· Hey! crie l'humain.

Il essai de récupérer l'ouvrage mais Derek est trop rapide.

Il renonce alors que le loup s'assoit dans le canapé, les bras ouvert.

Stiles a le cœur qui accélère. Sa respiration suit le même rythme et il se retient de bouger en serrant les poings contre ses cuisses.

· Tu viens? demande Derek.

Alors Stiles, comme si, après tout ce temps, avait besoin de la permission, tombe dans les bras du loup.

Derek ferme les yeux.

Le souffle de Stiles résonne contre la peau de son cou. Il entend le cœur de l'humain bondir à chaque fois que sa propre main effleure les cheveux du plus jeune.

Il entend ses propres vêtements qui entre en contact avec ceux de Stiles.

Puis il écoute son propre cœur qui bat, en rythme avec celui de la personne qui vient de poser une énième fois ses lèvres contre les siennes.

Et quand il entend le bruit de leurs baisers, il se dit que c'est sa plus belle histoire:

Leurs bruits dans le silence.