Chapitre 25 : Voices
Dans le bureau du directeur, il y régnait une tension. Pas un mot n'était prononcé. Severus tournait en rond, Dumbledore avait le visage caché sous ses mains.
- Ils arrivent…
Suh avait atterrit sur le sol, les yeux fermés. Draco avait les genoux à terre, les larmes coulaient toujours et le regard vide.
- Mère, il l'a fait… Il l'a fait, il l'a fait, il l'a fait…
Suh secoua la tête et se releva doucement.
Pomfrey s'approcha des deux jeunes enfants et examina la jeune fille. Lorsqu'elle voulut prendre le pouls de Draco, celui-ci la repoussa violemment.
- NE ME TOUCHEZ PAS !
- Mr Malfoy, calmez-vous ! dit le directeur.
- CA SUFFIT ! NE M'APPELEZ PLUS AINSI !!!
- Draco, calme-toi. Elle veut juste t'aider …
- Ne vous approchez pas, ne vous approchez pas de moi. Je veux qu'on me laisse tranquille.
- Que s'est-il passé ? demanda Severus.
Draco avait les yeux flamboyant de haine.
- Lucius Malfoy a tué ma mère.
Silence.
- Mr Malfoy…
- Je renie mon nom. Je ne veux plus porter le nom de cet assassin !!!
*** *** *** ***
Harry, Ron et Hermione attendaient près de la gargouille, rien ne semblait se passer.
Harry, assis sur le sol de pierre avait la tête sur les genoux. En y repensant bien, il n'avait pas été « très » correct avec Cho ; dans un sens, il s'en voulait. Mais après tout, elle se mêlait de ce qui ne la regardait pas.
Il somnola un moment, se projetant involontairement dans un songe étrange.
Le ciel est couvert, le tonnerre gronde et la pluie ne cesse d'augmenter. Mais peut importe, elle continuait d'avancer, non sans difficulté.
Elle souffrait, elle allait accoucher d'une minute à l'autre. Et là, elle vit une grotte.
« Vite, dépêche-toi ! » se disait-elle.
Ses cheveux noirs mouillés et ses épaules dénudés, les pieds nus dans la boue, elle avait une apparence pitoyable mais peut importe. Son enfant allait naître d'une minute à l'autre.
Arrivée dans la grotte, la femme marcha lentement en évitant les obstacles ; plus elle avançait, plus le chemin la menait vers une descente où un bruit de chute d'eau se faisait entendre.
Elle ne put faire un nouveau mouvement, elle hurla. Son ventre la faisait souffrir, elle n'avait jamais connu d'accouchement de ce type. Elle glissa lentement le long du mur et se mit sur le dos.
La nuit fut longue, mais elle parvint à faire naître l'enfant. Un garçon, avec de petites mèches brunes. Elle venait à peine de le prendre dans ses bras qu'elle eut une autre contraction.
« Non, c'est pas possible » se dit-elle.
C'est à ce moment-là que naquit Makoto.
Ce nom résonna dans toute la grotte, avec l'écho.
Makoto, Makoto, Makoto, Makoto…
Harry se réveilla en sursaut, la statue se mettant à bouger et fit place à Suh, le visage défait.
- Suh ! Est-ce que ça va ? Hermione avait les doigts gelés, le temps s'était considérablement refroidi.
- Moi ça peut aller. Mais Draco…
- Quoi qu'il se soit passer, c'est bien fait pour lui !
- Je peux vous dire que ce qui s'est passé va le marquer à vie. Je peux t'assurer que tu n'aimerais pas que ça arrive… Quoique si, ça t'es arrivé. Et il y a pas si longtemps en plus.
Ron se tut.
- Désolée, j'aimerais être seule, dit Suh en baissant la tête. Je vais dans ma chambre.
« M'y terrer jusqu'à la fin si possible »
- Suh, tu es pâle. Tu es sûre que ça va ? Harry posa sa tête contre le front de la jeune fille.
- Je vais bien, Ry-kun… Je dois me vider l'esprit c'est tout…
« Je broie du noir, il faut que je m'apaise »
- Je reste avec toi, dit Harry.
- Harry…
Suh regarda Ron pour essayer de le raisonner. Celui-ci haussa les épaules.
- Hermione, on va dîner ?
- Euh oui, si tu veux… la jeune fille suivit son ami.
- Bon, où allons-nous ?
*** *** *** ***
Le soleil était couché depuis longtemps déjà, et le vent froid faisait voler les feuilles mortes jusqu'au ciel. La tour d'astronomie est le lieu le plus proche des étoiles, le soir. Mais le jour en plein hiver, c'est le lieu le plus froid.
- Il fait vraiment froid ici, Harry remit correctement sa cape sur les épaules.
- C'est normal…
Suh se tint alors debout sur le muret, les bras en croix et la tête levée. Le vent glacial soufflait sur ses longs cheveux noirs.
- SUH !! Qu'est-ce que tu fais ?!
Harry lui tenait les hanches.
- Eh, t'es fou ! Tu vas me faire tomber !!! Kyaa !!
Elle tomba effectivement en arrière, sur le pauvre Harry qui était complètement écrasé.
- Aïe, idiot ! J'aurais pu me tuer par ta bêtise !
- Quoi ?! C'est toi qui était immobile au dessus du vide, à qui la faute ?! dit Harry.
- Toi ! Je sais parfaitement ce que je fais !
Elle le tapotait sur son torse, avec son écharpe.
Silence.
Harry regardait Suh avec un air sérieux.
- Suh ?
- Mm ?
Les cheveux de la jeune fille tombait devant son visage et chatouillait le visage de Harry.
- J'étouffe, il se mit à rire mais avait du mal à respirer.
- Dis que je suis lourde ! Goujat !
Harry lui tenait les poignets en rigolant, enfin en essayant de rire.
- Arrête, je peux pas respirer ! Et c'est pas ce que j'ai dit !
- Tu l'as très bien sous-entendu, imbécile !
- Il y aura d'autres sous-entendus si on reste comme ça…
Il ne riait plus.
- Ca te gênerait pas ?
Suh serra l'écharpe un peu plus autour du cou de Harry.
- Et toi ?
Silence.
- Tu pourrais mourir, tu sais, Suh approcha son visage du garçon qui ne bougea pas.
- Il y a encore trop de choses que je n'ai pas faites dans ma vie. Pas encore. Suh …
- Harry, je ne peux pas …
Elle se leva, Harry était toujours à terre.
- Pourquoi ? C'est Malfoy ?
- Ne prends pas cet air dur avec moi, ça ne marche pas. Et non, ce n'est pas Draco. C'est… autre chose.
- T'as pas l'air convaincue, je me trompe ?
Elle lui tourna le dos.
Harry se releva et épousseta ses vêtements. Lorsqu'il leva la tête vers Suh, il entendit une mélodie jamais entendue jusqu'à maintenant.
- Suh ?
La jeune fille chantait, doucement. Une mélodie inconnue et nostalgique, avec des sons et assonances magnifiques. Suh s'arrêta de chanter au bout de quelques minutes.
- Qu'est-ce que c'est ? dit Harry.
- Un chant que m'a appris ma mère, enfant.
- Je croyais que tu ne voyais jamais ta mère ?
- C'est vrai. C'était avant ma naissance.
- Quoi ?
Suh sourit et ouvrit la trappe de la tour.
- Laisse tomber, Harry. On descend ?
Il secoua la tête et ils descendirent.
*** *** *** ***
Ron, Hermione et Ginny était devant la porte de l'infirmerie. Ron avait les bras croisés et l'air boudeur.
- T'es pas obligé de rester avec lui ! Tu ne lui dois rien ! dit Ron.
- Tu m'ennuies ! Je t'ai dit qu'il m'a aidé, une fois. Je lui dois bien ça ! Ginny ouvrit la porte et la referma au nez de son frère.
- Non mais t'as vu ça ?! Elle m'a claqué la porte au nez !
- Calme-toi. Vu dans quel état l'a amené Dumbledore, Malfoy ne fera rien à ta sœur.
- Oui, d'accord. Mais…
- Il n'y a pas de mais ! La nuit tombe, nos familles ont dû arriver. Allons les accueillir.
- Mlle Weasley ? Que voulez-vous ? dit Pomfrey, tendant une potion à Malfoy qui avait une expression indescriptible.
- Je venais voir… Enfin, je voulais savoir si,… Il va bien ?
- Je ne sais pas. Le temps nous le dira. Mr Mal… Draco, prenez votre potion et sortez, le banquet va avoir lieu.
- Banquet ?
Il parlait doucement.
- Les familles de Weasley et Suzuhara. Ils devaient être les seuls à rester au château. C'est le directeur qui leur a autorisé ça.
- Ah …
L'infirmière sortit.
- Est-ce que je peux faire quelque chose ?
Ginny lui avait parlé d'une voix douce, elle ne voulait pas le brusquer.
- Quoi ?
- Le directeur nous a dit ce qui s'est passé, en gros.
Ils se regardèrent longuement, sans haine ni mépris dans le regard.
- …
- Quoi, je ne t'ai pas entendue, dit Ginny en s'approchant de Draco.
- Tue-moi.
- Mal…
Ginny se retint. Dumbledore leur avait dit de ne plus prononcer son nom, par crainte de lourdes représailles.
- Draco, je ne peux pas.
- Pourquoi ? Est-ce que j'ai pas toujours été mauvais ? Je ne t'ai jamais fait de mal, mes propos ne t'ont jamais fait souffrir ?! Sur ta famille, et tout…
Son ton se radoucit.
- Est-ce que tu le pensais ? Ginny le regarda alors dans les yeux, les mains sur le support du lit de Draco.
- … Je ne sais pas, non. Je ne crois pas, j'étais naïf, influencé par l'autre, Draco fit une mine dégoûtée.
Ginny regarda le rebord du matelas avec intérêt.
- Tu te souviens de ce que t'ai dit, la dernière fois ?
Draco réfléchit.
- « J'estime que chaque vie mérite d'être vécue, et que le caractère change avec le temps. Pour n'importe qui. »
Ginny sourit.
- Eh ben voilà. Tu as retenu ce que j'ai dit. Ca me fait plaisir.
- En quoi ça me concerne ? dit Draco.
- Tout. Laisse-moi une chance, et je te jure que tu ne le regretteras pas. Il y a tellement de choses à faire, et à deux, c'est encore mieux.
Il semblait hésiter puis fit un léger sourire.
*** *** *** ***
La grande salle était pratiquement vide de monde mais les discussions résonnaient en écho. Remus et Sirius discutaient à la table des Gryffindor, souriant et explosant de rire par moment. Ron et Hermione arrivèrent et s'assirent à leur tour.
- Les vacances commencent bien, vraiment, Hermione employait un ton des plus ironiques qui soit.
- J'ai faim, dit Ron.
- Mais comment peux-tu penser à ton estomac pendant des moments comme celui-ci ?! dit Hermione.
- Justement ! J'essaie d'oublier, alors il faut que je mange.
- Où est Harry ? dit Remus. Il n'est pas avec vous ?
Ron secoua la main.
- Non, il nous as abandonné, il préfère être avec Suh. Mais je le comprends, il jeta un regard en biais à Hermione.
- Ca veut dire quoi ?
- Rien 'Mione.
- Désolée de ne pas être à tes goûts !
- Mais non, au contraire !
Silence.
Remus et Sirius riaient tellement que Ron et Hermione, malgré leur gêne, se mirent à rire également.
- Au fait, professeur Lupin… commença Ron.
- Remus, nous ne sommes pas en cours, sourit-il.
- Oui, bon, où est…
Ron ne put continuer sa phrase, Hermione lui ayant délibérément marché sur le pied et le concerné secouant discrètement la main. Sirius regarda Remus qui cacha ses mains sous la table, et prit un air décontracté.
- Où est qui ? dit Sirius.
Remus semblait calme, mais en fait, il réfléchissait à toute vitesse.
- C'est vrai que je me pose la question depuis quelques temps. Vous pouvez nous laissez ? Sirius avait plus ordonné ça que le demander en fait.
Ron prit le bras de Hermione et ils s'éclipsèrent. De loin, Ron s'excusa avec de grands gestes.
- Alors ? Tu n'as rien à me dire ?
- C'est-à-dire que, Sirius … Ce n'est pas facile, bégayait Remus.
- Je t'écoute.
« Si c'est à quoi je pense, je me pends ! » pensa Sirius.
- Tu sais, …
Il continuait de regarder Remus sans l'interrompre.
« Ca y est, je chute »
- Non attends, je vais procéder autrement.
« Je ne peux pas lui dire ça comme ça ! » pensa Remus.
- Je suis gay, dit Remus qui ferma les yeux.
Silence.
Il ouvrit lentement les yeux, Sirius n'avait pas bougé.
- Tu …
Silence. Sirius laissa lourdement tomber sa tête sur la table.
- Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
« Plus tôt ? Pourquoi ???? » Sirius se frappait mentalement.
- Je…
Sirius leva la main et leva de même la tête vers son ami et tenta un maigre sourire.
- Je ne te juge pas. Si tu es heureux…
- Je le suis, Sirius, Remus sourit alors.
« Mon univers s'effondre »
- Alors tout est dit.
*** *** *** ***
La porte d'entrée s'ouvrit et de nombreuses personnes arrivèrent. A leur tête, Dumbledore qui venait de les accueillir.
Près de lui, les parents Weasley et leurs fils aînés. Folken et Néo fermaient la marche.
- Ca semble loin, dit Percy d'un ton cérémonieux.
- Et moins pompeux sans toi, dit Fred. J'ai l'impression que la déco a été refaite.
- Je dirais même plus, libéré de ton emprise maléfique, Percy, dit Georges.
- Très drôle, dit leur frère. Ginny !
La cadette venait d'arriver, toute souriante. Elle sauta dans les bras de ses parents.
Draco partit discrètement dans la grande salle.
- Ginny chérie, comment vas-tu ? dit Mme Weasley.
- Je vais bien, maman ! Bill, Charlie ! Vous êtes là aussi !
- On allait quand même pas manquer l'occasion de venir voir notre sœur non ? dit Bill en embrassant la jeune fille.
- Loin… et tellement proche, dit Charlie.
- Ca y est, Charlie est de nouveau dans un autre monde, dit Fred.
- Charlie, il n'y a pas de dragons ici ! On est sur Terre ! George secouait les mains face au visage de son aîné qui lui donna une tape sur la tête.
- Idiot, sourit-il.
- Ca y est, vous êtes arrivés !
Ron et Hermione saluèrent la famille.
- Tu as été bien sage, Ron ? dit sa mère.
- Comme toujours, Hermione sourit et feinta l'ignorance.
- Mais où est Harry ? Je ne l'ai pas vu encore.
- Eh bien… Il ne va pas tarder.
- Il est avec sa chérie, Ron explosa de rire. Il comprend pas qu'elle veut pas de lui, le pauvre !
- Ron ! Ca suffit, tu es ignoble avec lui ! Qui est-elle ? dit mme Weasley.
- Elle est belle ? plaisanta George. Tu me la présentes, j'aurais peut-être plus de chance !
- Moi d'abord, renchérit Fred.
- Vous l'avez déjà vu ! C'est Suh, dit Hermione.
Silence.
- Quoi ?
Charlie poussa ses deux frères et regarda Ron.
- Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai dit quelque chose de mal ? Ron cligna des yeux.
- C'est quoi cette histoire, dit Néo à son frère.
- Chais pas, j'étais occupé, sourit Folken.
- Occupé ? Toi ? A quoi ?
Folken prit son frère par l'épaule et l'entraîna dans la salle.
- Tu es sûr de vouloir savoir ?
- Finalement, non. Je crois savoir.
Folken se mit à rire sans s'arrêter.
- Charlie ?
Le concerné se retourna et tomba nez à nez avec Suh. Harry lui tenait la main.
Charlie ne dit rien mais regardait avec appréhension leurs mains. Elle baissa les yeux et lâcha instantanément la main de Harry.
Fin du chapitre
Dans le bureau du directeur, il y régnait une tension. Pas un mot n'était prononcé. Severus tournait en rond, Dumbledore avait le visage caché sous ses mains.
- Ils arrivent…
Suh avait atterrit sur le sol, les yeux fermés. Draco avait les genoux à terre, les larmes coulaient toujours et le regard vide.
- Mère, il l'a fait… Il l'a fait, il l'a fait, il l'a fait…
Suh secoua la tête et se releva doucement.
Pomfrey s'approcha des deux jeunes enfants et examina la jeune fille. Lorsqu'elle voulut prendre le pouls de Draco, celui-ci la repoussa violemment.
- NE ME TOUCHEZ PAS !
- Mr Malfoy, calmez-vous ! dit le directeur.
- CA SUFFIT ! NE M'APPELEZ PLUS AINSI !!!
- Draco, calme-toi. Elle veut juste t'aider …
- Ne vous approchez pas, ne vous approchez pas de moi. Je veux qu'on me laisse tranquille.
- Que s'est-il passé ? demanda Severus.
Draco avait les yeux flamboyant de haine.
- Lucius Malfoy a tué ma mère.
Silence.
- Mr Malfoy…
- Je renie mon nom. Je ne veux plus porter le nom de cet assassin !!!
*** *** *** ***
Harry, Ron et Hermione attendaient près de la gargouille, rien ne semblait se passer.
Harry, assis sur le sol de pierre avait la tête sur les genoux. En y repensant bien, il n'avait pas été « très » correct avec Cho ; dans un sens, il s'en voulait. Mais après tout, elle se mêlait de ce qui ne la regardait pas.
Il somnola un moment, se projetant involontairement dans un songe étrange.
Le ciel est couvert, le tonnerre gronde et la pluie ne cesse d'augmenter. Mais peut importe, elle continuait d'avancer, non sans difficulté.
Elle souffrait, elle allait accoucher d'une minute à l'autre. Et là, elle vit une grotte.
« Vite, dépêche-toi ! » se disait-elle.
Ses cheveux noirs mouillés et ses épaules dénudés, les pieds nus dans la boue, elle avait une apparence pitoyable mais peut importe. Son enfant allait naître d'une minute à l'autre.
Arrivée dans la grotte, la femme marcha lentement en évitant les obstacles ; plus elle avançait, plus le chemin la menait vers une descente où un bruit de chute d'eau se faisait entendre.
Elle ne put faire un nouveau mouvement, elle hurla. Son ventre la faisait souffrir, elle n'avait jamais connu d'accouchement de ce type. Elle glissa lentement le long du mur et se mit sur le dos.
La nuit fut longue, mais elle parvint à faire naître l'enfant. Un garçon, avec de petites mèches brunes. Elle venait à peine de le prendre dans ses bras qu'elle eut une autre contraction.
« Non, c'est pas possible » se dit-elle.
C'est à ce moment-là que naquit Makoto.
Ce nom résonna dans toute la grotte, avec l'écho.
Makoto, Makoto, Makoto, Makoto…
Harry se réveilla en sursaut, la statue se mettant à bouger et fit place à Suh, le visage défait.
- Suh ! Est-ce que ça va ? Hermione avait les doigts gelés, le temps s'était considérablement refroidi.
- Moi ça peut aller. Mais Draco…
- Quoi qu'il se soit passer, c'est bien fait pour lui !
- Je peux vous dire que ce qui s'est passé va le marquer à vie. Je peux t'assurer que tu n'aimerais pas que ça arrive… Quoique si, ça t'es arrivé. Et il y a pas si longtemps en plus.
Ron se tut.
- Désolée, j'aimerais être seule, dit Suh en baissant la tête. Je vais dans ma chambre.
« M'y terrer jusqu'à la fin si possible »
- Suh, tu es pâle. Tu es sûre que ça va ? Harry posa sa tête contre le front de la jeune fille.
- Je vais bien, Ry-kun… Je dois me vider l'esprit c'est tout…
« Je broie du noir, il faut que je m'apaise »
- Je reste avec toi, dit Harry.
- Harry…
Suh regarda Ron pour essayer de le raisonner. Celui-ci haussa les épaules.
- Hermione, on va dîner ?
- Euh oui, si tu veux… la jeune fille suivit son ami.
- Bon, où allons-nous ?
*** *** *** ***
Le soleil était couché depuis longtemps déjà, et le vent froid faisait voler les feuilles mortes jusqu'au ciel. La tour d'astronomie est le lieu le plus proche des étoiles, le soir. Mais le jour en plein hiver, c'est le lieu le plus froid.
- Il fait vraiment froid ici, Harry remit correctement sa cape sur les épaules.
- C'est normal…
Suh se tint alors debout sur le muret, les bras en croix et la tête levée. Le vent glacial soufflait sur ses longs cheveux noirs.
- SUH !! Qu'est-ce que tu fais ?!
Harry lui tenait les hanches.
- Eh, t'es fou ! Tu vas me faire tomber !!! Kyaa !!
Elle tomba effectivement en arrière, sur le pauvre Harry qui était complètement écrasé.
- Aïe, idiot ! J'aurais pu me tuer par ta bêtise !
- Quoi ?! C'est toi qui était immobile au dessus du vide, à qui la faute ?! dit Harry.
- Toi ! Je sais parfaitement ce que je fais !
Elle le tapotait sur son torse, avec son écharpe.
Silence.
Harry regardait Suh avec un air sérieux.
- Suh ?
- Mm ?
Les cheveux de la jeune fille tombait devant son visage et chatouillait le visage de Harry.
- J'étouffe, il se mit à rire mais avait du mal à respirer.
- Dis que je suis lourde ! Goujat !
Harry lui tenait les poignets en rigolant, enfin en essayant de rire.
- Arrête, je peux pas respirer ! Et c'est pas ce que j'ai dit !
- Tu l'as très bien sous-entendu, imbécile !
- Il y aura d'autres sous-entendus si on reste comme ça…
Il ne riait plus.
- Ca te gênerait pas ?
Suh serra l'écharpe un peu plus autour du cou de Harry.
- Et toi ?
Silence.
- Tu pourrais mourir, tu sais, Suh approcha son visage du garçon qui ne bougea pas.
- Il y a encore trop de choses que je n'ai pas faites dans ma vie. Pas encore. Suh …
- Harry, je ne peux pas …
Elle se leva, Harry était toujours à terre.
- Pourquoi ? C'est Malfoy ?
- Ne prends pas cet air dur avec moi, ça ne marche pas. Et non, ce n'est pas Draco. C'est… autre chose.
- T'as pas l'air convaincue, je me trompe ?
Elle lui tourna le dos.
Harry se releva et épousseta ses vêtements. Lorsqu'il leva la tête vers Suh, il entendit une mélodie jamais entendue jusqu'à maintenant.
- Suh ?
La jeune fille chantait, doucement. Une mélodie inconnue et nostalgique, avec des sons et assonances magnifiques. Suh s'arrêta de chanter au bout de quelques minutes.
- Qu'est-ce que c'est ? dit Harry.
- Un chant que m'a appris ma mère, enfant.
- Je croyais que tu ne voyais jamais ta mère ?
- C'est vrai. C'était avant ma naissance.
- Quoi ?
Suh sourit et ouvrit la trappe de la tour.
- Laisse tomber, Harry. On descend ?
Il secoua la tête et ils descendirent.
*** *** *** ***
Ron, Hermione et Ginny était devant la porte de l'infirmerie. Ron avait les bras croisés et l'air boudeur.
- T'es pas obligé de rester avec lui ! Tu ne lui dois rien ! dit Ron.
- Tu m'ennuies ! Je t'ai dit qu'il m'a aidé, une fois. Je lui dois bien ça ! Ginny ouvrit la porte et la referma au nez de son frère.
- Non mais t'as vu ça ?! Elle m'a claqué la porte au nez !
- Calme-toi. Vu dans quel état l'a amené Dumbledore, Malfoy ne fera rien à ta sœur.
- Oui, d'accord. Mais…
- Il n'y a pas de mais ! La nuit tombe, nos familles ont dû arriver. Allons les accueillir.
- Mlle Weasley ? Que voulez-vous ? dit Pomfrey, tendant une potion à Malfoy qui avait une expression indescriptible.
- Je venais voir… Enfin, je voulais savoir si,… Il va bien ?
- Je ne sais pas. Le temps nous le dira. Mr Mal… Draco, prenez votre potion et sortez, le banquet va avoir lieu.
- Banquet ?
Il parlait doucement.
- Les familles de Weasley et Suzuhara. Ils devaient être les seuls à rester au château. C'est le directeur qui leur a autorisé ça.
- Ah …
L'infirmière sortit.
- Est-ce que je peux faire quelque chose ?
Ginny lui avait parlé d'une voix douce, elle ne voulait pas le brusquer.
- Quoi ?
- Le directeur nous a dit ce qui s'est passé, en gros.
Ils se regardèrent longuement, sans haine ni mépris dans le regard.
- …
- Quoi, je ne t'ai pas entendue, dit Ginny en s'approchant de Draco.
- Tue-moi.
- Mal…
Ginny se retint. Dumbledore leur avait dit de ne plus prononcer son nom, par crainte de lourdes représailles.
- Draco, je ne peux pas.
- Pourquoi ? Est-ce que j'ai pas toujours été mauvais ? Je ne t'ai jamais fait de mal, mes propos ne t'ont jamais fait souffrir ?! Sur ta famille, et tout…
Son ton se radoucit.
- Est-ce que tu le pensais ? Ginny le regarda alors dans les yeux, les mains sur le support du lit de Draco.
- … Je ne sais pas, non. Je ne crois pas, j'étais naïf, influencé par l'autre, Draco fit une mine dégoûtée.
Ginny regarda le rebord du matelas avec intérêt.
- Tu te souviens de ce que t'ai dit, la dernière fois ?
Draco réfléchit.
- « J'estime que chaque vie mérite d'être vécue, et que le caractère change avec le temps. Pour n'importe qui. »
Ginny sourit.
- Eh ben voilà. Tu as retenu ce que j'ai dit. Ca me fait plaisir.
- En quoi ça me concerne ? dit Draco.
- Tout. Laisse-moi une chance, et je te jure que tu ne le regretteras pas. Il y a tellement de choses à faire, et à deux, c'est encore mieux.
Il semblait hésiter puis fit un léger sourire.
*** *** *** ***
La grande salle était pratiquement vide de monde mais les discussions résonnaient en écho. Remus et Sirius discutaient à la table des Gryffindor, souriant et explosant de rire par moment. Ron et Hermione arrivèrent et s'assirent à leur tour.
- Les vacances commencent bien, vraiment, Hermione employait un ton des plus ironiques qui soit.
- J'ai faim, dit Ron.
- Mais comment peux-tu penser à ton estomac pendant des moments comme celui-ci ?! dit Hermione.
- Justement ! J'essaie d'oublier, alors il faut que je mange.
- Où est Harry ? dit Remus. Il n'est pas avec vous ?
Ron secoua la main.
- Non, il nous as abandonné, il préfère être avec Suh. Mais je le comprends, il jeta un regard en biais à Hermione.
- Ca veut dire quoi ?
- Rien 'Mione.
- Désolée de ne pas être à tes goûts !
- Mais non, au contraire !
Silence.
Remus et Sirius riaient tellement que Ron et Hermione, malgré leur gêne, se mirent à rire également.
- Au fait, professeur Lupin… commença Ron.
- Remus, nous ne sommes pas en cours, sourit-il.
- Oui, bon, où est…
Ron ne put continuer sa phrase, Hermione lui ayant délibérément marché sur le pied et le concerné secouant discrètement la main. Sirius regarda Remus qui cacha ses mains sous la table, et prit un air décontracté.
- Où est qui ? dit Sirius.
Remus semblait calme, mais en fait, il réfléchissait à toute vitesse.
- C'est vrai que je me pose la question depuis quelques temps. Vous pouvez nous laissez ? Sirius avait plus ordonné ça que le demander en fait.
Ron prit le bras de Hermione et ils s'éclipsèrent. De loin, Ron s'excusa avec de grands gestes.
- Alors ? Tu n'as rien à me dire ?
- C'est-à-dire que, Sirius … Ce n'est pas facile, bégayait Remus.
- Je t'écoute.
« Si c'est à quoi je pense, je me pends ! » pensa Sirius.
- Tu sais, …
Il continuait de regarder Remus sans l'interrompre.
« Ca y est, je chute »
- Non attends, je vais procéder autrement.
« Je ne peux pas lui dire ça comme ça ! » pensa Remus.
- Je suis gay, dit Remus qui ferma les yeux.
Silence.
Il ouvrit lentement les yeux, Sirius n'avait pas bougé.
- Tu …
Silence. Sirius laissa lourdement tomber sa tête sur la table.
- Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
« Plus tôt ? Pourquoi ???? » Sirius se frappait mentalement.
- Je…
Sirius leva la main et leva de même la tête vers son ami et tenta un maigre sourire.
- Je ne te juge pas. Si tu es heureux…
- Je le suis, Sirius, Remus sourit alors.
« Mon univers s'effondre »
- Alors tout est dit.
*** *** *** ***
La porte d'entrée s'ouvrit et de nombreuses personnes arrivèrent. A leur tête, Dumbledore qui venait de les accueillir.
Près de lui, les parents Weasley et leurs fils aînés. Folken et Néo fermaient la marche.
- Ca semble loin, dit Percy d'un ton cérémonieux.
- Et moins pompeux sans toi, dit Fred. J'ai l'impression que la déco a été refaite.
- Je dirais même plus, libéré de ton emprise maléfique, Percy, dit Georges.
- Très drôle, dit leur frère. Ginny !
La cadette venait d'arriver, toute souriante. Elle sauta dans les bras de ses parents.
Draco partit discrètement dans la grande salle.
- Ginny chérie, comment vas-tu ? dit Mme Weasley.
- Je vais bien, maman ! Bill, Charlie ! Vous êtes là aussi !
- On allait quand même pas manquer l'occasion de venir voir notre sœur non ? dit Bill en embrassant la jeune fille.
- Loin… et tellement proche, dit Charlie.
- Ca y est, Charlie est de nouveau dans un autre monde, dit Fred.
- Charlie, il n'y a pas de dragons ici ! On est sur Terre ! George secouait les mains face au visage de son aîné qui lui donna une tape sur la tête.
- Idiot, sourit-il.
- Ca y est, vous êtes arrivés !
Ron et Hermione saluèrent la famille.
- Tu as été bien sage, Ron ? dit sa mère.
- Comme toujours, Hermione sourit et feinta l'ignorance.
- Mais où est Harry ? Je ne l'ai pas vu encore.
- Eh bien… Il ne va pas tarder.
- Il est avec sa chérie, Ron explosa de rire. Il comprend pas qu'elle veut pas de lui, le pauvre !
- Ron ! Ca suffit, tu es ignoble avec lui ! Qui est-elle ? dit mme Weasley.
- Elle est belle ? plaisanta George. Tu me la présentes, j'aurais peut-être plus de chance !
- Moi d'abord, renchérit Fred.
- Vous l'avez déjà vu ! C'est Suh, dit Hermione.
Silence.
- Quoi ?
Charlie poussa ses deux frères et regarda Ron.
- Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai dit quelque chose de mal ? Ron cligna des yeux.
- C'est quoi cette histoire, dit Néo à son frère.
- Chais pas, j'étais occupé, sourit Folken.
- Occupé ? Toi ? A quoi ?
Folken prit son frère par l'épaule et l'entraîna dans la salle.
- Tu es sûr de vouloir savoir ?
- Finalement, non. Je crois savoir.
Folken se mit à rire sans s'arrêter.
- Charlie ?
Le concerné se retourna et tomba nez à nez avec Suh. Harry lui tenait la main.
Charlie ne dit rien mais regardait avec appréhension leurs mains. Elle baissa les yeux et lâcha instantanément la main de Harry.
Fin du chapitre