Bonjour tout le monde !

Non, vous ne rêvez pas, c'est le grand retour ! La suite de notre "Été à Grimmaurd" est bien là ! :D

Si vous saviez comme je suis heureuse de reprendre le cours de cette histoire et de ces personnages ! J'ai fait murir l'idée dans ma tête durant ces deux mois d'été, je voyais globalement la structure du récit, les scènes que j'avais envie de développer... Et puis boum ! Je me suis lancée ces derniers jours. Richissime idée que de se lancer dans l'écriture une fois la rentrée amorcée, vous me direz, mais bon, ainsi va la vie.

Au niveau du rythme de publication, je n'ai absolument aucune idée du temps que je vais mettre à publier les chapitres, navrée d'avance. Ça dépendra beaucoup de l'inspiration et du travail à côté. Mais je ferais au mieux, ça je vous l'assure !

C'est donc avec un sacré plaisir que je vous laisse découvrir ce premier chapitre. J'espère de tout coeur qu'il vous plaira et que les lecteurs/lectrices qui ont apprécié "Un été à Grimmaurd" aimeront tout autant ce nouveau chapitre !

Bonne lecture :D

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18 juin 1996

« Et maintenant, Potter, donne-nous la prophétie. Ou regarde tes amis mourir dans les pires souffrances possibles. »

Il n'avait pas le choix. Harry regarda l'assemblée qui l'entourait. Neville, tenu en joug par Bellatrix. Luna, dans les serres d'un Mangemort encapuchonné. Ginny, immobilisée, avec la cheville cassée. Ron, aux prises avec les tentacules du cerveau qu'il avait fait sortir de son bocal. Hermione, retenue violemment aux cheveux par Dolohov. Tous ses amis étaient aux mains des Mangemorts. Et il était seul. Il tendit la main vers Malefoy, la prophétie fermement ancrée dans sa paume. Lucius s'avança vers lui, les yeux luisants de convoitise.

Au même instant, une série de déflagrations fendit l'air. Apparurent ainsi Kingsley Shacklebolt, Maugrey Fol Œil, Nymphadora Tonks, Rémus Lupin et Sirius Black. Malefoy se retourna, prêt à les affronter mais la métamorphomage fut plus rapide. Harry n'attendit pas de voir l'issue du duel et plongea au sol pour se protéger. Les sortilèges fusèrent de toutes parts. Alors qu'il tentait de relever Neville, Harry sentit un frisson le parcourir. Il se retourna pour faire face à son adversaire. Dolohov leva sa baguette vers lui :

« Tarenta… »

Sirius surgit alors de nulle part et heurta violemment le Mangemort. Entraîné dans sa chute, il fut désarçonné pendant un instant. Alors que Dolohov se relevait et pointait sa baguette sur lui, Harry s'écria d'une voix forte :

« Petrificus Totalus ! »

Le mage noir s'effondra au sol, inconscient.

« Bien joué Harry, s'écria Sirius en forçant Harry à s'accroupir avec lui derrière un imposant rocher. Et maintenant, il faut que tu emmènes les autres… »

La voix de son parrain fut coupée par une explosion fulgurante, faisant trembler leur abri temporaire. Tous deux levèrent la tête. Bellatrix se tenait de l'autre côté de la salle, euphorique devant le déferlement de violence. Sirius jura entre ses dents et abaissa de nouveau Harry au sol avec lui.

« Harry, écoute-moi, il faut que tu emmènes les autres à l'abri. Sortez d'ici, s'écria Sirius en plaçant sa main sur l'épaule du jeune homme.

- Non attends, je veux me battre à tes côtés !

- Tu t'es déjà battu Harry, et merveilleusement bien… Maintenant, laisse-moi prendre la relève », le gratifia l'animagus avec un fier sourire.

Puis Sirius se releva et partit à la recherche de sa cousine aliénée. Harry se releva à son tour pour repérer la position de ses amis. Il vit Ron aux prises avec Macnair mais secouru par Maugrey. Neville était toujours au sol, mais avançait aussi vite que le permettaient ses forces. Hermione quant à elle était aux prises avec deux assaillants. Harry s'élança dans sa direction pour la libérer. La bataille faisait rage de tout côté.

Lorsque Hermione fut de nouveau en possession de ses moyens, son regard virevolta à chaque coin de la salle. Sirius était à l'autre extrémité de la pièce, embarqué dans un duel virulent avec Bellatrix. Hermione resserra sa baguette dans sa main et se précipita dans sa direction, Harry sur ses talons. Mais alors qu'elle arrivait presque à hauteur de l'arche, la sorcière aux cheveux bouclés fut heurtée de plein fouet par Dolohov. Harry fit mine de faire demi-tour mais la jeune femme s'époumona :

« Sirius ! Occupe-toi de Sirius ! »

Puis elle se protégea d'un geste de baguette d'un stupéfix lancé par le mage noir. Harry reprit sa course effrénée pour retrouver son parrain. Il avait atteint les pieds de l'édifice sombre lorsqu'il vit Sirius se baisser pour éviter un jet de lumière rouge lancé par la Mangemort. Le grand brun éclata de rire.

« C'est tout ce dont tu es capable Trixie ?! » s'écria-t-il en la narguant.

Un deuxième jet de lumière l'atteint cette fois-ci de plein fouet et son rire mourut sur ses lèvres. Harry s'immobilisa brusquement. Sirius tourna son visage vers lui, les yeux ébahis. Tous deux se contemplèrent une seconde. Le sorcier se tourna davantage, le regard lointain. Hermione, qui était enfin parvenue à se dégager de l'emprise de Dolohov, releva les yeux à ce moment.

Sirius sembla mettre un temps infini à tomber. Il bascula lentement en arrière, son corps se rapprochant du voile de l'arcade. Harry contempla, sans pouvoir esquisser le moindre geste, la surprise se peindre sur le visage de son parrain. Sirius continua à tomber et disparut au-delà du voile. L'étoffe se souleva légèrement à son passage puis se remit en place aussi vite qu'elle s'était levée.

Harry n'entendit brusquement plus rien. Le noir se fit autour de lui. Puis un cri, strident, jubilatoire, retentit soudain, venant crever le silence aux alentours.

« J'ai tué Sirius Black ! »

Harry entendit le cri de triomphe sans le comprendre. Sirius n'était pas mort, il était… Il avait traversé le voile. Il était simplement de l'autre côté. Mais alors qu'il prononçait ses mots dans son esprit, un sentiment d'horreur se dissémina dans chaque parcelle de son corps. Sa respiration devint brûlante, saccadée. Il se précipita vers le socle en pierre pour venir à la rescousse de son parrain. Mais alors que le jeune homme arrivait à hauteur du voile, les bras puissants de Rémus l'encerclèrent, le maintenant à sa place.

« Rémus, tu ne comprends pas ! Il faut aller le chercher, il faut aller le sauver, il est là ! , s'époumona Harry en tentant d'échapper à l'étreinte de son ancien professeur.

- Tu ne peux plus rien pour lui Harry, affirma Rémus en le serrant davantage contre lui.

- Il est de l'autre côté, il faut qu'on le rattrape, il faut qu'on le sorte de là !

- Harry, c'est terminé. C'est fini pour lui.

- Non, ce n'est pas fini ! », hurla Harry.

Mais les bras puissants ne cessaient de l'immobiliser. Les forces lui manquaient et le rempart ne cédait pas. Désespéré, Harry leva les yeux vers l'arche imposante. Le voile flottait légèrement face à lui, sans aucune secousse. Et Sirius était toujours de l'autre côté. Sirius ne réapparaissait pas. Harry sentit alors un profond sentiment d'impuissance s'installer en lui, et quelque chose de plus terrible, de plus horrible encore : une certitude. La certitude que son parrain ne reviendrait pas.

Il poussa un hurlement déchirant, en s'effondrant à genoux.

Hermione, quant à elle, était étendue par terre, inconsciente.

o O o

18 juin 2006.

Quelque chose clochait.

C'est avec cette première impression que Luna émergea de son sommeil sans rêves. L'aube pointait à peine le bout de ses doigts roses sur les volets en bois de sa chambre. La sorcière battit vivement des paupières et se tourna vers sa table de chevet. Elle entreprit de se lever avec délicatesse, afin de ne pas réveiller le grand endormi à l'extrémité. Ses pieds contournèrent le lit, à la recherche de son peignoir en soie. Elle noua la ceinture puis jeta un dernier regard en arrière. Neville dormait paisiblement. Luna esquissa un sourire distrait et sortit de la pièce.

La petite cuisine circulaire émettait un doux ronronnement. La sorcière aux longs cheveux d'or alluma le feu d'un geste désinvolte et se prépara une tranche de gâteau au citron en attendant que le thé infuse. Tandis qu'elle déjeunait, Luna contemplait la fenêtre, perdue dans ses pensées. Cette sensation étrange ne l'avait pas quittée depuis le réveil. Quelque chose clochait… Ou plutôt, quelque chose était en route. Mais elle en ignorait encore l'origine.

La pendule murale sonna les sept heures et demie. La jeune femme se leva et partit en quête de ses vêtements de la veille. Elle trouva tour à tour son pull jaune sur la table basse, sa jupe laissée sur le parquet menant à la salle de bain et l'une de ses chaussures dans l'entrée. Une fois prête, elle se dirigea dans la chambre attenante à la cuisine pour chercher ses affaires. Son rendez-vous au Ministère de la Magie débutait à huit heures et quart très précisément et Luna savait qu'elle n'avait pas le droit d'être en retard. Par ailleurs, quelque chose en elle la pressait de ne pas être en retard justement ce jour-ci… Quelque chose était en route.

Lorsqu'elle mit la main sur sa seconde chaussure, Luna fut enfin prête. Elle bazarda une foule de longs parchemins dans son sac de perles, parmi lesquels figurait sa convocation pour l'audience du jour même et prit un morceau supplémentaire de gâteau pour la route. Un coup d'œil furtif lui indiqua que tout était à sa place et elle franchit le pas de sa porte. La jeune femme referma derrière elle avec un coup sec, sans se préoccuper de son invité. Neville saurait se débrouiller à son réveil. Il en avait l'habitude maintenant.

Huit heures sonnaient lorsque la sorcière aux cheveux blonds apparut dans l'atrium du Ministère de la Magie dans un crépitement de flammes vertes. La vaste salle aux murs en bois sombre et verni accueillait déjà des hordes de sorciers et sorcières se bousculant avec empressement. Luna dépassa la statue monumentale qui trônait au centre de l'atrium puis les portes en or situées au fond de la pièce. Elle se fraya un chemin facilement vers l'un des ascenseurs en fer forgé et s'engouffra à l'intérieur. Quelques sorciers la saluèrent d'un mouvement de tête. Luna y répondit et demanda d'une voix lointaine :

« Niveau 4 je vous prie »

L'ascenseur se mit en marche et déposa tour à tour les personnes entourant la jeune femme. Puis un ding strident retentit et une voix monocorde annonça :

« Niveau 4 : Département de contrôle et de régulation des créatures magiques »

La sorcière s'extirpa de la cage en fer. Les portes se refermèrent derrière elle et l'ascenseur continua sa course aux étages supérieurs. Un vacarme assourdissant régnait dans le couloir du niveau 4. Luna crut reconnaître les piaillements d'un oiseau-tonnerre contrarié et les mugissements d'un Éruptif. Ou d'un Ronflak Cornu, comme le lui avait appris son père. Une sorcière aux cheveux châtains désordonnés parvint à ce moment à sa hauteur, lui faisant perdre le fil de ses pensées.

« Luna, tiens ! Ça fait longtemps qu'on ne s'est vues, s'exclama la brune en tapotant son épaule.

- Bonjour Mathilda, répondit Luna. Tu rentres de mission ?

- En effet, j'empeste encore l'hippogriffe à plein nez ! , confirma cette dernière en éclatant d'un rire franc. Mais je n'ai pas le temps de discuter : je dois faire mon rapport et repartir pour le Chaudron Baveur. Une histoire d'explosion et d'anguilles, je ne sais quoi… Au plaisir !

- Bon courage », conclut Luna, esquissant un petit signe de la main en la regardant partir comme une fusée.

Le couloir dégorgeait de nouveau de cris en tout genre. Luna jeta un coup d'œil à la pendule et décida de se mettre en quête du bureau 404 où elle avait rendez-vous. Mais alors qu'elle amorçait son ascension du couloir, elle entendit un vrombissement léger. Étonnée, Luna se retourna pour trouver la source du bruit. Rien à l'horizon. La jeune femme se dirigea une nouvelle fois vers l'enfilade de portes mais le vrombissement revint, plus fort cette fois-ci. Elle s'arrêta net. Ses mains fouillèrent dans son sac entre les piles de parchemins pour en tirer une paire de grandes lunettes colorées. Lorsqu'elle posa les lorgnospectres sur ses yeux, son visage se fendit d'un grand sourire.

« Je me disais bien que je sentais quelque chose… Qu'est-ce que vous faites là ? »

Elle ne reçut évidemment aucune réponse mais constata que l'essaim se déplaçait en direction de l'ascenseur. Luna fit un pas en avant.

« Vous voulez que je vous suive ? »

Le silence demeura complet. Laissant de côté toutes ses responsabilités, la sorcière aux cheveux blonds se présenta de nouveau devant l'ascenseur qui lui ouvrit ses portes.

« Et maintenant ? » demanda-t-elle.

Sans qu'elle n'ait besoin de prononcer le moindre mot, la cage de fer se mit en marche et débuta une prompte ascension. Des mèches bouclées atterrirent devant les yeux de la sorcière. Ses sourcils se haussèrent légèrement. L'ascenseur s'ouvrit finalement devant une porte noire et lisse que Luna pensait ne jamais revoir.

« Niveau 9 : Département des mystères » annonça la voix monocorde, brisant le silence aux alentours.

« De plus en plus curieux… » murmura Luna.

Elle fit un pas hors de l'ascenseur et ouvrit la porte.

o O o

Le couple prenait leur petit déjeuner dans un silence inconfortable. Ginny jetait des coups d'œil fréquents en direction de son mari mais celui-ci ne semblait pas s'en apercevoir. Harry était plongé dans la contemplation de sa tasse fumante, le regard sombre. Il n'avait pas prononcé un mot depuis qu'il s'était levé, il y avait une heure de cela. Dehors, la journée s'annonçait radieuse, à l'exacte opposée de la morosité ambiante. Ginny piocha quelques miettes ici et là dans son assiette, sans grand enthousiasme. Elle avait essayé par deux fois déjà de lui tirer un mot, un indice, mais le brun à la cicatrice familière n'avait pas bronché, se contentant de lui adresser un regard désolé avant de retourner à son errance.

Le silence perdura de longues minutes avant que Ginny ne repose sa tasse un peu trop brusquement sur la table. Harry sursauta et sortit temporairement de son hébétude.

« Bien, j'ai compris, je vais me débrouiller toute seule, annonça la grande rousse d'un ton sec.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? bredouilla le sorcier.

- Mr Potter préfère se morfondre dans son coin plutôt que de partager ses tracas. Le syndrome du héros seul et solitaire, je présume…

- Ginny, soupira Harry en reposant à son tour sa tasse de thé.

- Non, bien sûr, je ne peux pas comprendre. « C'est plus compliqué que ça ». Après tout, si l'on s'est jurés d'être là l'un pour l'autre, c'était avant tout pour partager une salle de bain et ne pas être seul au petit déjeuner, continua la sorcière en désignant leur maison d'un geste de la main.

- Ça n'est pas ça, Ginny, je t'en prie…

- Harry, si je t'ai épousé, c'est pour être une épaule sur laquelle tu peux te reposer et inversement. C'est pour partager nos soucis et nos peines… Ne me repousse pas constamment en essayant de garder la misère du monde sur tes frêles épaules », déclara Ginny en tendant ses mains vers les siennes.

Mais alors qu'il répondait à son étreinte et levait les yeux vers elle, la jeune femme comprit en un instant ce qu'il se passait. Comment avait-elle pu oublier ? Elle ouvrit de grands yeux et demanda d'une voix blanche.

« C'est aujourd'hui… C'est aujourd'hui c'est ça ? »

Harry la regarda, plus accablé encore. Il finit par hocher la tête.

Ginny se leva d'un mouvement brusque et noua ses bras autour du cou de son compagnon. Harry resta quelques instants immobile puis la serra davantage contre lui, nichant son visage dans son cou.

« Je suis désolée mon amour », murmura-t-elle en caressant tendrement ses cheveux.

Harry se perdit dans l'étreinte rassurante de sa femme et laissa de côté pendant un moment l'horreur que lui rappelait cette journée. Tous deux restèrent un long moment ainsi, enlacés.

Lorsque les huit heures sonnèrent, Harry fit mine de se lever. Ginny le suivit du regard. Il resta face à elle et l'embrassa avec ferveur, les mains sur ses joues. La sorcière y répondit avec la même tendresse. Il se détacha à regret.

« Il faut que je me prépare, s'excusa-t-il en jetant un regard à l'heure.

- Vas-y, je ne dois pas tarder non plus. Notre entraînement commence à neuf heures », affirma la sorcière en hochant la tête.

Le célèbre sorcier se dirigea vers leur chambre commune et s'habilla. Il nouait les boutons de son veston lorsque Ginny apparut à ses côtés. Elle avait relevé ses cheveux en une queue de cheval haute et portait son uniforme des Harpies de Holyhead. Il esquissa un sourire triste.

« Vas-y mollo ce matin.

- Tu veux rire ? Notre capitaine va nous demander de cravacher pour la dernière, affirma la poursuiveuse avec un sourire goguenard.

- Si elle te blesse avant l'arrivée des vacances, je serai obligé de lui en toucher deux mots, annonça le brun en plissant les yeux.

Ginny éclata de rire.

- Tu ne feras rien du tout, oui ! J'ai signé pour ça je te rappelle… Et puis les filles voudront se déchaîner aujourd'hui, c'est normal. C'est ça, une équipe qui gagne.

- Des bleus et des membres en moins, répondit Harry, sans pouvoir empêcher un fin sourire de se dessiner sur son visage.

- Vous pouvez parler monsieur Potter. Votre historique en matière de Quidditch laisse rêveur.

- Touché, madame Potter. »

Une fois qu'il fut prêt, il se retourna vers elle et déposa un nouveau baiser sur ses lèvres. Ginny le regarda avec un sourire.

« On se retrouve tout à l'heure ?

- Je pense qu'on ne se verra que ce soir : la journée s'annonce chargée au Ministère, expliqua Harry non sans une grimace.

- Pas de répit pour les Aurors, remarqua la grande rousse.

- Non, j'en ai bien peur… J'avais pourtant l'impression d'avoir réglé une partie des problèmes avec Voldemort.

- Il faut croire que les forces du mal ne se cantonnent pas à Face-de-Serpent.

- En effet, confirma Harry d'un hochement de tête. Ah ! Et je suis censé voir Luna cette après-midi pour discuter.

- Luna ? Elle sera au Ministère aujourd'hui ?

- Oui, elle m'a dit qu'elle était convoquée au département de contrôle des créatures magiques ce matin.

- Qu'est-ce qu'elle a bien pu faire encore ?! demanda Ginny non sans une certaine inquiétude.

- Connaissant Luna, tout et bien pire encore, s'amusa Harry en haussant les épaules. Mais je ne m'inquiète pas pour elle : elle est entre de bonnes mains.

- Salue-la de ma part, affirma Ginny qui suivait son mari en direction du salon. Si jamais elle est libre ce soir, dis-lui qu'elle pourrait passer la soirée avec nous.

- Bonne idée, je le ferai, conclut Harry en passant un pied dans la cheminée.

- À ce soir alors, affirma la sorcière aux cheveux roux en déposant un baiser sur ses lèvres.

- Attention à toi, répondit-il.

Il prit une poignée de poudre de cheminette et la tint face à lui.

- Harry ! , reprit Ginny vivement.

- Oui ?

- Il serait fier de toi… »

Tous deux se contemplèrent. Harry refoula les larmes qui menaçaient de couler depuis qu'il avait ouvert les yeux ce matin et hocha brièvement la tête avant de prononcer le nom de son bureau et de disparaître en une gerbe d'étincelles incandescentes.

o O o

Il était neuf heures passées lorsque le sorcier à l'allure débraillée poussa la porte de son établissement. La boutique était plongée dans le noir complet. D'un geste négligent de baguette, il mit en route les nombreuses installations qui s'illuminèrent tour à tour. Bientôt, la boutique fut remplie d'un capharnaüm de bruits et d'objets bondissants dans tous les sens. George contempla le spectacle, d'un air lointain. Quelques fusées pétaradèrent près de lui, relançant son mal de crâne. Il se frotta furieusement le front et se dirigea dans l'arrière-boutique. Le long couloir sombre de la réserve était plus à son goût. Il fit courir ses doigts sur l'armoire en verre et choisit une potion verdâtre qu'il avala d'un trait en grimaçant. Avant qu'elle ne fasse effet, il pouvait jeter un œil sur les comptes.

George passa une demi-heure perdu au milieu des chiffres et des factures qui encombraient chaque coin du vieux grimoire de compte. C'était la tâche qui lui convenait le mieux ces temps-ci. L'accomplissement simple et efficace des règles de calcul. Pas de réflexion, ni d'improvisation. Lorsque les dix heures sonnèrent, le sorcier quitta à regret la réserve pour se diriger vers l'entrée du magasin où se trouvait le présentoir. Il jeta un œil morne aux derniers articles présents dans la vitrine, échangea quelques places et vint se poster à l'entrée du magasin.

Les clients ne tarderaient pas à arriver en masse. L'été approchait et avec lui, les grandes vacances brassant des foules d'élèves et d'étudiants prêts à épater la galerie avec les produits Weasley. Ils avaient acquis une renommée impressionnante au cours des dernières années. « Il » avait acquis… George rongea furieusement l'extrémité de son pouce. Lorsqu'il sentit un gout de fer dans sa bouche, il le retira et passa vivement un chiffon sur la plaie. La porte du magasin s'ouvrit, faisant retentir une foule d'injures de la part du chapeau mécanique. Un groupe d'adolescents entra, le visage radieux. Ils saluèrent George d'un hochement de tête et se dirigèrent d'un seul et même pas vers les premiers rayonnages de la boutique. George les suivit des yeux et s'adossa derrière le comptoir. Les jeunes filles s'extasiaient devant les poudres d'obscurité instantanée, montrant leur butin aux garçons non loin d'elles. Ceux-ci avaient un sourire amusé et s'échangeaient les différents modèles de baguettes farceuses. Le petit groupe de sorciers continua de s'amuser et de bavarder avec entrain. Le regard de George s'attarda un peu sur eux avant de revenir au comptoir où une place restait désespérément vacante. Une pellicule de poussière importante résidait sur ce côté ainsi que sur la seconde chaise. George amena une nouvelle fois son pouce à ses lèvres.

o O o

Comme il l'avait imaginé, le travail ne manquait pas lorsqu'il arriva dans son bureau sous les coups de huit heures et demie. Harry n'avait eu le temps que d'enlever sa veste avant d'être alpagué par Gawain Robards, le chef du bureau des Aurors. De nombreux signalements étaient encore en attente de traitement, mais il était surtout question de paperasse en cette matinée radieuse. Harry s'attela à la tâche mais sans enthousiasme. Ses collègues le saluèrent tour à tour à leur arrivée mais comprirent qu'ils ne pourraient s'attendre à davantage qu'un hochement de tête aujourd'hui de la part du célèbre sorcier.

Harry attaqua la pile de rapports qui trônait sur son bureau et se saisit de ceux qui étaient au-dessus de la mêlée. Il lut en diagonale les faits relatés et les conclusions de l'enquête et se saisit d'un tampon usé qu'il pressa d'un geste monotone sur la dernière feuille du livret. Il modifia çà et là quelques éléments dans les autres dossiers sans affecter le moindre sentiment. Son esprit était ailleurs, bien loin du bureau des Aurors et de ces rapports d'activité. Il peinait suffisamment à garder la tête hors de l'eau depuis hier. Les années avaient beau avoir passées, le souvenir, lui, était toujours aussi vivace. La douleur était intemporelle. Harry repensa à Ginny, son visage soucieux et ses tendres étreintes, et continua de travailler comme il le pouvait.

Alors qu'il s'attelait à un nouveau dossier, il fut cependant interrompu par une brise légère qui agita la pile de feuilles ordonnées. Un filet de fumée argentée apparut devant lui et prit peu à peu la forme d'un lièvre. Harry observa l'animal lumineux avec surprise. Le patronus s'avança vers lui en quelques bonds et la voix de Luna résonna à travers lui :

« Harry, il faut que tu me rejoignes. Vite.

- Luna ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Vite. »

Et sans apporter plus de réponses, le lièvre argenté disparut en une vapeur lumineuse. Harry cligna plusieurs fois des yeux puis se leva de son bureau pour se diriger vers l'ascenseur.

« Niveau 4 », annonça le sorcier d'une voix forte.

La machine se mit en marche et atteint bien vite sa destination. Harry s'engouffra dans le couloir assourdissant du département des créatures magiques. Il dépassa de nombreux sorciers et sorcières affairés jusqu'à atteindre le bureau 404. Il toqua brièvement et ouvrit la porte sans attendre de réponse.

« Je peux vous aider ? » , demanda une voix tendue derrière un bureau.

L'employée releva les yeux pour faire face à l'arrivé impromptu. Lorsqu'elle le reconnut, son visage changea brutalement de couleur et elle adopta une tout autre attitude. Harry ne releva pas, il en avait l'habitude.

« Qu'est-ce que je peux faire pour vous monsieur Potter ? » , demanda de nouveau l'employée, avec un ton beaucoup plus cordial.

Harry reporta son regard sur l'autre bureau à l'extrémité de la pièce. Ce dernier était ordonné avec le plus grand soin, contrairement au sien, les dossiers triés en différentes pochettes colorées, quelques cadres trônant sur les côtés. Le tout donnait une impression de professionnalisme à toute épreuve. Ne manquait que la responsable de ce bureau impeccable.

« Où est Hermione Granger ? , demanda Harry, interloqué.

- Je l'ignore monsieur. Je ne l'ai pas vu ce matin, s'excusa la sorcière en jetant un œil au bureau de sa collègue.

- Et Luna Lovegood ? Quand en est-elle sortie ?

L'employée fronça des sourcils, puis répondit :

- Elle ne s'est pas présentée au bureau… Ni l'une ni l'autre n'étaient ici ce matin. Je vous l'assure, je suis là depuis l'ouverture du service.

- Mais elles avaient rendez-vous ce matin, insista Harry, inquiet maintenant.

- Comme Mme Granger n'était pas là à mon arrivée, j'en ai déduit qu'elle l' avait décalé », expliqua maladroitement la sorcière.

Harry se passa une main dans sa chevelure désordonnée, les nerfs à vif. Il était étrange que Luna lui ai demandé de la rejoindre dans ce secteur. Il était encore plus étrange que Hermione ne soit pas à son poste ce matin. Quelque chose clochait…

Le sorcier à lunettes rondes se concentra et prononça l'incantation à mi-mots. La sorcière du bureau sursauta en observant un cerf lumineux apparaître au beau milieu de la pièce. Harry le contempla et prit la parole :

« Hermione, où es-tu ? Ton bureau est désert. Luna vient de m'envoyer un message en me sommant de la rejoindre mais elle n'est pas non plus ici. Viens me trouver au Ministère dès que tu auras ce message. Quelque chose cloche. »

Harry passa une main à travers le voile de fumée projetée par son patronus.

« Va chez elle et délivre-lui ce message ».

Le cerf argenté disparut alors en un éclat de fumée. Harry se reporta à son interlocutrice afin de lui transmettre des indications mais il fut coupé par le retour bondissant du lièvre de Luna.

« Harry, où es-tu ? Je ne te vois toujours pas !

- Je suis dans le bureau d'Hermione mais vous n'y êtes pas ! Qu'est-ce qu'il se passe Luna ?! , s'écria le brun en s'approchant vivement du patronus.

- Je ne suis pas au département des créatures magiques, expliqua Luna à travers sa projection.

- Mais où es-tu dans ce cas ?!

- Rejoins-moi au niveau 9. »

Le jeune homme sentit son sang se figer dans ses veines. Avant qu'il ne puisse répliquer, le lièvre avait disparu. Quelques secondes passèrent sans qu'il ne bouge un muscle. Harry finit par se retourner face à l'employée.

« Envoyez-moi un message dès que vous aurez des nouvelles d'Hermione.

- Bien entendu monsieur », répondit-elle non sans inquiétude.

Le sorcier à la cicatrice hocha la tête et quitta son bureau. Il remonta le couloir et son vacarme assourdissant sans y prêter la moindre attention. Les portes de l'ascenseur surgirent devant lui et il prononça d'une voix blanche :

« Niveau 9 »

La machine se mit en branle dans un furieux bruit mécanique. Harry s'adossa contre le mur et inspira longuement. Ses mains tremblaient et il ne fit aucun geste pour les en empêcher. « Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi justement aujourd'hui ? ». Il n'y aurait pu avoir un plus mauvais concours de circonstances. À chaque étage franchi, sa respiration devenait plus saccadée. Il n'avait aucune envie de se retrouver à nouveau devant cet endroit maudit. Il avait brillamment réussi à éviter cet endroit depuis les débuts de sa carrière. Et voilà à présent que le cauchemar reprenait. Il ne pouvait que serrer les dents et rejoindre Luna qui avait besoin de lui. La cage de fer sursauta brusquement et s'arrêta tandis que la voix monocorde, implacable, annonçait :

« Niveau 9 : Département des mystères »

Harry prit une longue inspiration, resserra sa main autour de sa baguette, et fit un pas en avant.

La porte noire et lisse l'attendait, le toisant de toute sa hauteur. Harry réprima un frisson de dégout devant elle. Il avait espéré ne jamais revoir cet édifice. La porte de ses rêves, qui les avait menés tout droit dans un piège mortel. « La porte de mes cauchemars plutôt » pensa-t-il en la regardant avec une haine presque palpable. Sans plus attendre, il se saisit de la poignée et la tourna d'un coup sec. Il pénétra dans la première salle circulaire où l'attendaient douze portes semblables. Les murs tournèrent alors sur eux-mêmes, tentant de déboussoler le nouvel arrivé. Harry ferma les yeux et attendit que le sortilège se rompe. Lorsqu'il ne sentit plus le vif courant d'air fouetter son visage, il ouvrit les yeux. Une des portes était face à lui et s'ouvrit à la volée.

Sans savoir comment, il sut tout de suite ce qu'elle abritait derrière elle. Ses ongles s'imprimèrent dans ses paumes et il en franchit le seuil. Le sorcier à la cicatrice pénétra dans une salle imposante et circulaire, peuplée de gradins en pierre, plongée dans une obscurité profonde. À tâtons, il se dirigea vers la fosse centrale. Harry peinait à respirer convenablement. Tout lui revenait en mémoire, comme s'il ne s'était passé que quelques heures depuis l'accident. Non, depuis le meurtre… Il déglutit et continua son avancée. Ses yeux se firent davantage à la pénombre et il commença à distinguer le chemin à ses pieds ainsi que les socles de l'édifice maudit. Il ne pourrait aller plus loin, il le savait pertinemment. Alors qu'il désirait plus que tout rebrousser chemin, une faible lueur attira son regard au sol. Il la suivit précautionneusement, sa baguette levée. La lumière était très mince mais il comprit qu'elle venait d'une baguette posée au sol. Une ombre était postée près d'elle. Harry leva sa baguette plus haut devant lui mais arrêta son geste lorsqu'il entendit une voix familière.

« Harry ? »

Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Il avança de façon plus volontaire vers l'ombre accroupie sur le sol.

« Luna… Par Merlin, qu'est-ce que tu fais ici ?! , s'exclama-t-il, peinant à maitriser les tremblements de sa voix.

- C'est eux qui m'ont mené à lui », répondit-elle en se retournant.

Harry put enfin discerner les traits de la sorcière. Luna levait ses grands yeux innocents vers lui et tendait une main pour le faire approcher.

« Eux ? De quoi est-ce que tu parles ?

- Les Joncheruines. Mais ce n'est pas le plus important », dit-elle d'une voix douce.

Lorsqu'il arriva enfin à son niveau, Harry remarqua que Luna était assise dans le noir, quelque chose recouvrant ses genoux. À mesure qu'il arrivait, le sorcier aux lunettes rondes distinguait les contours de cette chose. L'ombre était massive, étalée au sol près de la sorcière, immobile.

« Je crois qu'il faut l'aider, reprit Luna, sereine comme à son habitude.

- Il ? De quoi est-ce que tu par… », commença Harry, toujours alarmé, avant de se pencher vers elle.

Arrivé à son niveau, il ressentit un coup sourd dans sa poitrine. Le quelque chose reposant sur les genoux de Luna n'était pas un objet. C'était une personne. Et lorsque la sorcière aux grands yeux bleus retourna délicatement le corps, le sang de Harry ne fit qu'un tour. Il émit un son étranglé et crut que son cœur allait s'arrêter de battre. Luna passa une main sur le visage de l'inconscient, dégageant les longues mèches sombres qui dissimulaient ses traits, tandis que son autre main ramassait sa baguette pour mieux l'éclairer.

« Il a besoin d'aide. » reprit-elle d'une voix égale.

Harry ne pouvait plus respirer. Son esprit lui jouait des tours. Il ne pouvait en être autrement. Il leva des yeux désespérés vers Luna, espérant qu'elle lui confirme sa folie. Mais cette dernière ne lui adressait qu'un petit sourire ennuyé. Il attendit que la jeune sorcière réagisse, qu'elle lui annonce que tout n'était qu'un rêve. Mais rien ne se passa. Et Harry dut alors faire face à la cruelle et invraisemblable vérité : ça n'était pas un produit de son imagination. Ses yeux se posèrent à nouveau sur le corps inconscient à ses côtés. Il était bien là. D'une voix rauque, qu'il peina à reconnaître comme la sienne, il murmura :

« Sirius »