Auteur :Kujaff'

Le temps d'un songe

chapitre 4

La brûlure est si forte...

Ma peau me fait mal. Je peux sentir les déchirures dans ma chair , je peux presque voir ma peau lacérée par ces fouets de lumière et de chaleur.

Comme si j'étais hors de mon corps.

Mais c'est bien moi qui suis étendu dans le sable de feu . C'est moi qui suis couvert de blessures , abandonné à la solitude de cet astre torride.

Mais aussi...

je sent la vie m'échapper , dans le torrent de sang qui fera de cette terre un endroit maudit. Il me semble déjà voir le sable couvert de sang séché . Ce sang épais au goût de métal  qui manque de m'étouffer.

Le moindre mouvement me plonge dans les affres de la douleur .

 douleur...?

Elle paraît lointaine mais reste si présente.

Je sent le vent venir lécher mes plaies comme autant de couteau déchirant ma peau...

Le caresse d'une lame sur sur un gouffre obscur gorgé de sang , mon sang.

Encore et toujours cette constante : un liquide carmin .

Partout.

De tout temps.

Ma "vie" en est tâchée d'un bout à l'autre.

Ma mort en est souillée.

Et même au-delà , qui sait?

J'ai encore la force de rester éveillé , je lutte contre cette torpeur qui m'envahit

...je lutte...

Mais à quoi bon?

Le ciel est bleu aujourd'hui , j'avais oublié combien cela pouvait être beau...un  ciel d'été.

Il me semble avoir raté beaucoup trop de choses...

j'aurais dû...vivre avant...de mourir...

Cette aquarelle suspendue au-dessus de moi et presque aussi lointaine que toi...

J'aurais dû aimer avant de haïr.

Toi, mon petit humain à la chevelure d'ébène et aux yeux d'émeraude...

J'aurais dû...

Emeraude?

Oui ,je me souviens de cette lumière verte , intense , brûlante ...

C'est elle qui est à l'origine de mes blessures.

Je me meurs.

Seul

221

Viens à moi ,

mais éloigne-toi.

Car même si je te désire

je DOIS  te combattre et te repousser.

J'ai une bien faible volonté...

Alors c'est à toi de partir .

Je ne regrette pas ce que j'ai fait...je sais que t'aimer ne peux justifier mon acte.

Les raisons me semblent pourtant si lointaines , profondément ancrées en moi. Mais je ne sais pas à quoi elles correspondent. Je n'attends plus que tu m'aimes mais accorde moi au moins le pardon.

Eloigne-toi, mais avant ,

j'aurais voulu savoir d'où me viennent ces rêves...

je voudrais que tu  ne laisse pas mes songes dépeuplés...

Même si je sais que mes rêves resterons éternellement inaccomplis...

puisque tu ne le veux...

Je t'aime : enfuis-toi loin du sentiment maudit que je te porte!

Je suis prit d'une autre quinte de toux .

J'ai si mal ,comme si un liquide venait enflammer mes reins , mes poumons , et parcourait avec amusement le bas de mon dos , se jouant de ma douleur , l'amplifiant et la diffusant à chaque parcelle , chaque cellule comme un insupportable châtiment.

Un châtiment à la hauteur de mes crimes.

Tuez-moi si telle est votre volonté mais avant répondez...dites-moi...

Ai-je eût tort d'avoir cru au bonheur?

Est-ce...le prix à payer...pour y avoir...goûté?

Cela valait-il la peine ?

Le bonheur passé justifie-t-il la souffrance...présente?

Je n'ai plus la force... de garder espoir...la rançon est trop élevée...Je n'ai que mon âme à vendre...L'aurais-tu voulue , 221...non, pas 221...

Lakhain...

L'aurais-tu voulue?

Je te l'ai déjà donnée...

Conserve-la dans l'écrin noir qui te sert de coeur , s'il te plaît...

Ne me laisse pas disparaître de toi...

Je veux encore être un souvenir , si c'est tout ce que je peux être...

Je veux l'être pour...

...toi...

Les yeux en forme d'amande de Kuja se fermèrent , ne désirant qu'une chose.

Dormir...

...et ne plus jamais se relever .

***

Dans un aérocargo.

Dans le bruit infernal des machines , la reine Grenat peinait à se faire entendre:

- Maître Totto! Croyez-vous réellement que ce soit de son fait? Hurla-t-elle aussi fort que pouvait lui permettre sa petite voix fluette.

- Oui , sans aucun doute.

- Comment?

- J'ai dit...non , laissez.

- Maître Totto! Auriez-vous l'amabilité de répéter ?

Il ne lui répondit pas et se contenta de montrer du doigt une tâche rose au centre d'une montagne qui avait dû être soufflée par l'énergie dégagée par Lakhain.

- Qu'est-ce...

Le vaisseau amorça enfin sa descente ,  faisant diminuer le bruit de la machinerie.

- C'est ici qu'étais le palais de Kuja! S'exclama la reine Grenat.

Le professeur se contenta de hocher la tête et de regarder gravement la forme rose se rapprocher.

- C'est lui.

- Vous dites que ce garçon là est ce "Lakhain Wreath Hume Di Alexandros"

- hn. Restez ici , sa tenue pourrait choquer votre vue.

- Que..? commença-t-elle avant de s'interrompre rougissante . Elle s'éloigna de la vitre et alla parler avec le général Beate qui pour une fois n'étais pas accompagné de Steiner : il avait préféré la tâche ô combien gratifiante de garder le château en l'absence de la reine.

Le vaisseau se posa enfin près de la zone où se situait 221.

Maître Totto se précipita hors de l'aérocargo et couru vers le jeune homme.

Depuis le temps qu'il ne l'avais pas vu...

S'approchant peu à peu de lui il fut étonner de constater combien il avait grandi . De plus ses cheveux étaient longs à présent ce qui n'aurais jamais été le cas par le passé.

Le scientifique arriva finalement à la hauteur du jeune garçon.

Il était à genoux , nu , replié sur lui même , son visage contre ses genoux. Il pleurait.

Sa position mettait en évidence l'émeraude à  quatre branche implantée dans son dos.

Il n'y avait aucun doute , il s'agissait bien de lui.

- Prince Lakhain...Tenta-t-il , une main posée sur l'épaule du garçon.

Forcé de constater le peu de réaction de la part de Lakhain , il enleva sa cape et la posa sur l'illégitime héritier du trône des Di Alexandros. Il appela les deux gardes qui étaient jusque là restés en retrait et leur demanda d'escorter le jeune homme jusqu'au vaisseau. Ce dernier ne fit geste pour empêcher cela et se laissa faire , trop désemparé pour avoir une quelconque réaction.

***

- Tiens , un aérocargo d'Alexandrie ! S'exclama Djidane , sa main en visière. Me d'mande bien c'qui peut se passer...Bah! Je m'en fous de toute façons, j'ai des choses plus importantes à penser que les petites miches de son altesse royale!

Il passa une main sur sa blessure au bras.

- Tsssss...Satanée lumière verte , elle fait d'ces dégâts! Va falloir que j'aille encore acheter des potions... Grogna le petit blond , faisant un geste d'agacement avec ses bras

Il plissa les yeux.

Il semblait y avoir une chose au milieu de ce désert...quelque chose de bleu se détachait de la couleur sable.

- un livre? S'étonna le génome.

***

221 , ouvrit difficilement les yeux.

J'ai dormi? Où...Où suis-je?

Il regarda autour de lui .

Une chambre , richement décorée , des tapis précieux étaient étendus par terre. Les murs étaient recouvert d'une tapisseries d'un rouge apaisant , ornée ci et là de fines feuilles d'or.

Il y avait une espèce de meuble en bois remarquablement bien travaillé. Dessus il y avait le nécessaire pour qu'il puisse se laver. Mais où était-il atterrit?

Il regarda  soudainement sa tenue : il portait un agréable pyjama de soie noire qui glissait sur sa peau comme un caresse . Cela ne fut pas sans lui rappeler le douloureux souvenir de Kuja et il grimaça .

Il se leva enfin du lit et s'étira longuement , se rendant compte qu'il ne ressentais plus les effets de son "aventure". De nouveau son coeur se serra.

Kuja...

Il ressenti l'espace d'un instant le même dégout et plaisir que lors de ce moment...cette

indicible terreur , cet innommable plaisir écoeurant qui le faisait se dégoûter de lui-même.

Il secoua la tête , il ne devait pas y penser. Il ne devait absolument pas penser que...

Un mot lui revînt soudain à l'esprit:

Lakhain.

Il savais.

Il se souvenait enfin de qui il était.

Il se souvenait de maître Totto .

Des bandits.

De cet amour...

De cette trahison...

Mais il n'arrivait pas à se souvenir de son visage..ce visage qu'il avait adoré avec excès ,

 puis méprisé avec violence.

Mais pourtant il entendais encore son rire résonner à ses oreilles à l'heure ou son père...où son père était mort...non...à l'heure où....où cet être parfait dont le visage ne reste à présent qu'ombre de sa mémoire avait tué son père...

Il tomba à genoux. Sa paix d'esprit n'avais duré que quelques instant.

Il venait de retrouver ses souvenirs...

Il avait tué son père...Celui qu'il avait aimé avait tué son...père.

Comment et pourquoi, il n'aurais su le dire.

La mémoire lui faisait encore défaut.

De tout coeur il souhaita se rendormir , oublier.

Non c'était impossible...mais pourtant,

il se souvienais : il y avait assisté.

La lame.

Le sang.

Et ce rire.

 à suivre...