« Lady Dorea Artwood : fuite et massacre à Guadalajara".
À l'heure où nous écrivons ces lignes, Lady Dorea Artwood est en fuite à travers le continent américain. Personne ne sait où elle peut se trouver et encore moins avec qui elle se trouve. Au cœur d'un scandale à la suite de son échappé du collège Poudlard en juin dernier, cette dernière a été repérée fuyant un repère de malfaiteurs aux côtés d'un jeune homme jusque-là inconnu dans nos radars.
Les seules informations que nous détenons à cette heure, sont que la jeune fille a assassiné pas moins d'une vingtaine de moldus – hommes faisant partie d'un Cartel de la drogue de la région – avec une arme moldue également.
Rappelons que la jeune femme n'en ait pas à son premier assassinat, puisque cette dernière est l'auteure du meurtre d'Henry Nott, dorénavant connu pour ses activités mangemort, lors de la bataille du ministère le dix-huit juin dernier.
Devons-nous réellement nous interroger sur la folie meurtrière qui poursuit Lady Dorea Artwood ?
Nous avons tenté de contacter ses grands-parents, Lord et Lady de Beaumont, qui eux même ont lancés des avis de recherches à travers le monde entier pour la retrouver. Mais le couple, tout comme le directeur de Poudlard, Albus Dumbledore, n'ont pas donnés suite à notre demande d'interview.
Le nouveau ministre de la Magie, Rufus Scrimgeour a pu néanmoins nous recevoir quelques minutes pour nous partager son avis sur la question :
« Dorea Artwood doit immédiatement se rendre aux autorités magiques, quel que soit le pays où elle se trouve en ce moment même. Elle est encore mineure, et même si les raisons de ces meurtres qu'elle a commis sont de la légitime défense, elle doit en répondre devant le Comité International de la Sécurité Magique. Elle met en péril le secret magique de la communauté sorcière et cela doit cesser instamment ».
Daphné Greengrass reposa la Gazette du soir lorsque la cloche du portail extérieur retentit dans le manoir.
- Daphné, Blaise est là ! annonça sa mère d'une voix forte.
La jeune fille chemina vers la fenêtre de sa chambre lorsqu'elle vit son petit ami, accompagné d'un grand garçon blond qu'elle reconnut comme étant Drago Malefoy.
Serrant les poings sous le coup de l'agacement, elle sortit de sa chambre pour s'élancer dans le couloir interminable qui menait à des escaliers donnant sur le hall d'entrée en marbre. Un elfe de maison apparu près de la porte d'entrée qui l'ouvrit aussitôt pour laisser entrer les deux serpentards.
- Qu'est-ce qu'il fiche là ?! s'exclama la blonde en descendant les dernières marches qui la séparait des deux jeunes hommes.
- Bonsoir, sourit Blaise avec flegme. À moi aussi ça me fait plaisir de te voir.
Daphné soupira et embrassa le brun puis se tourna vers le jeune Malefoy.
- Ne crois pas que tu sois le bienvenu dans cette maison.
- Je te rassure, l'engouement de ces retrouvailles est partagé, rétorqua Drago avec dédain.
- Ho, calmez-vous tous les deux, temporisa Blaise. Drago, je ne t'ai pas amené ici pour que ce soit encore plus tendu que ça ne l'est déjà et Daphné – il se tourna vers sa copine – Drago traverse une passe difficile. Narcissa a demandé à ma mère, ce matin, si ça la dérangeait qu'il passe le reste des vacances avec moi, ce qu'elle a aussitôt accepté. Et comme je devais venir ici…
- Tu m'imposes sa présence, termina Daphné froidement.
- Ce n'est pas que de sa faute, ok ? murmura Blaise.
- Et je suppose que tu viens également avec nous, rendre visite à mon oncle en Amérique.
- Tu supposes bien Greengrass, sourit narquoisement Drago.
Daphné n'eut pas le temps de répondre alors que sa sœur cadette fit irruption accompagnée de sa mère.
- Drago ! s'exclama Diane Greengrass avec un engouement feint. Je ne savais pas que tu devais venir, dit-elle en étendant allégrement les bras, un grand sourire accroché aux lèvres.
- Daphné m'a gentiment invité à la dernière minute, dit Drago avec un sourire trompeur, ce qui fit lever les yeux au ciel de cette dernière.
- Eh bien, cela fera une personne de plus dans notre périple en Amérique.
- J'ai cru comprendre que vous rendiez visite à un proche ?
- Exactement, approuva l'épouse Greengrass. Mon frère, précisa-t-elle. Cela fait près de dix ans que je ne l'ai pas vu et nous allons avoir le plaisir de rencontrer enfin sa femme et son fils.
- Ce sera avec plaisir de partager ces retrouvailles familiales, répondit poliment le blond.
- En effet et puis ce sera une très bonne excuse pour t'éloigner de tout ce tapage médiatique. J'ai tant pensé à Narcissa durant le mois passé. Comment va-t-elle ?
- Elle garde la tête haute… Digne d'une Malefoy.
Diane Greengrass sourit, l'air rassurée et posa une main sur l'épaule de sa jeune fille Astoria.
- Astoria, peux-tu accompagner Drago dans la chambre d'ami au deuxième étage, à côté de celle que l'on a fait préparer pour Blaise ?
La cadette secoua vivement la tête, les yeux s'écarquillant d'exultation. Elle se retourna et le blond la suivit vers les escaliers laissant ses deux meilleurs amis et la mère seuls dans le hall d'entrée. Cette dernière, lorsque sa fille et le jeune Malefoy furent hors de vue et hors d'écoute, fit volte-face vers son aîné, l'expression de son visage noble et ténu changeant du tout au tout.
- Daphné, tu aurais pu au moins de me demander la permission avant d'inviter un fils de mangemort à la maison ?! siffla-t-elle entre ses dents.
- Mais mère, je…
- Je ne veux rien entendre, jeune fille. Je ne veux plus que ça se reproduise. Oh, mais que va dire ton père … ? Et ton oncle ?! Quelle image allons-nous donner lorsque nous nous rendrons à New-York ? soupira-t-elle en partant vers le salon à l'autre bout du hall.
Daphné pivota lentement vers le jeune Zabini, qui lui, avait plus l'air de s'amuser de la situation qu'autre chose.
- Content ? demanda-t-elle en haussant un sourcil.
- Je saurais me faire pardonner, lui répondit-il avec un clin d'œil.
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Dorea contemplait le paysage défiler sous ses yeux alors qu'ils roulaient à vive allure vers la Nouvelle-Orléans.
Depuis la veille, et plus particulièrement lorsqu'ils avaient quitté leur motel dans la banlieue de Houston le matin même, les trois comparses étaient restés silencieux.
La jeune femme soupira une énième fois tandis que le soleil montait peu à peu à son méridien. Voilà presque deux jours qu'ils étaient sur la route et cela devenait long, extrêmement long. Surtout que le jeune Kowalski ne lui répondait que par des monosyllabes ou des grognements, l'air exaspéré. Elle en venait à se demander s'il ne l'était pas par sa présence ?
Le poste radio se brouilla tandis qu'ils traversaient un No Man's Land, alors qu'ils passaient la frontière du Texas à la Louisiane.
En fin de journée, tandis que le crépuscule apparaissait progressivement, ils entraient dans la ville de la Nouvelle-Orléans.
Alors qu'ils tournaient depuis près de vingt minutes dans le quartier Whitney, Payton commença à s'impatienter.
- On devrait peut-être descendre au Ritz-Carlton ?
- On cherche à fuir un Cartel qui veut nos têtes sur des piques Payton, pas se payer des hôtels cinq étoiles, souffla Gabriel de lassitude.
- Honnêtement, je crois que ça ne nous ferait pas de mal si on pouvait dormir dans un vrai lit et manger un repas digne de ce nom, rétorqua la brune.
- Payton…, maugréa l'agent du MACUSA.
- J'aimerais savoir ce qu'en dit Lady Dorea Artwood ? fit-elle insistante en virant son attention vers la jeune fille à l'avant.
Gabriel l'imita, espérant que la réponse de la jeune Artwood sera dans son sens. Cette dernière haussa des épaules, l'air indifférente à l'endroit où elle pouvait bien dormir ou manger.
- Bien, alors je décide que l'on s'arrête au Ritz-Carlton, dit Payton d'un ton résolu. En plus, si on continue à tourner comme ça, on va finir par ne plus avoir d'essence.
- Est-ce que tu sais où c'est, au moins ?
- Certainement, j'y allais souvent avec mon père lorsque je l'accompagnais durant ses voyages d'affaires. Il faut que tu empruntes le pont qui mène au quartier des affaires pour accéder ensuite au quartier français.
- Alors allons-y, soupira Gabriel avec assouvissement.
Lorsqu'ils se garèrent devant l'entrée de l'hôtel, un voiturier et un groom se précipitèrent vers eux, tandis qu'ils sortaient du véhicule.
Le groom se saisit du sac à dos de Dorea ainsi que du bagage à main de Payton alors que Gabriel échangea les clés contre un numéro que lui donna le voiturier.
Ils pénétrèrent donc un hall d'entrée de style napoléonien, le rouge et or prédominant les couleurs de la salle, et se dirigèrent vers un comptoir qui se trouvait sur leur gauche. Une hôtesse sortit de la pièce attenante destinée à la bagagerie.
- Bonsoir messieurs-dames, salua-t-elle avec un sourire chaleureux. Que puis-je faire pour vous ?
- Nous cherchons trois chambres individuelles pour la nuit, manda le jeune homme.
L'hôtesse attrapa un cahier sur la table du comptoir et l'ouvrit à une page bien précise où était inscrit les numéros de chambre face aux noms des clients déjà présents dans l'hôtel.
- Mmmh…, dit-elle avec perplexité. Nous n'aurons qu'une chambre individuelle et une suite.
- Je prends la chambre, intervint Payton avec promptitude.
- Payton, objecta Dorea, peut-être que nous pourrions prendre la suite et Gabriel la cham…
- Oh, je t'en prie, souffla l'américaine. Tu prends toute la place et tu bouges beaucoup trop quand tu dors.
- Bien, alors j'en déduis que vous prendrez la suite ? fit l'hôtesse en toute naïveté à leur adresse.
- C'est ça, répondit la jeune Sanders, prenant au dépourvu ses deux compagnons de voyage.
- À quel nom dois-je enregistrer les réservations ?
- Smith, dit Gabriel.
L'hôtesse sourit, hocha la tête, inscrivit le nom à côtés des numéros de chambre correspondant sur le cahier, avant de se retourner, de saisir deux clés dorées où étaient suspendus des plaques numérotées.
- Voici la vingt-huit qui sera au deuxième étage, pour mademoiselle, dit l'hôtesse en donnant une première clé à Payton. Et pour vous, la suite qui sera au cinquième étage, indiqua-t-elle en lâchant la clé dans la paume de Dorea. Le restaurant est immédiatement à votre droite en sortant des ascenseurs, ajouta-t-elle en désignant une alcôve donnant sur une salle où nombre d'hommes et femmes, vêtues élégamment, déambulaient.
- Nous prendrons un plateau-repas dans nos chambres, informa Gabriel.
- C'est noté Monsieur Smith. Je vais faire appel au service d'étage qui peut passer dans une dizaine de minutes.
- Je vous remercie.
- Je vous souhaite une bonne soirée, dit-elle avec un grand sourire.
Dorea et Payton le lui retournèrent. Le groom qui était resté derrière leur rendirent leurs bagages et elles suivirent Gabriel qui cheminait déjà vers les ascenseurs. Des portes coulissèrent à leur arrivée et ils pénétrèrent l'appareil où Gabriel appuya sur le bouton qui indiquait le deuxième étage ainsi que le cinquième.
- Tu n'avais pas besoin d'être aussi désagréable, remarqua Payton dans un murmure alors que l'ascenseur entamait son ascension.
- Et toi, tu n'avais pas besoin de nous imposer cette mascarade, rétorqua sèchement Gabriel.
Payton leva les yeux au ciel tandis qu'un « ding » sonore résonna dans l'ascenseur avant que les portes ne coulissent de nouveau. Payton sortit et se retourna pour offrir un clin d'œil amusé à l'adresse de Dorea. Les doubles portes se refermèrent et un silence pesant se fit de nouveau dans l'élévateur.
Ils arrivèrent au dernier étage et débouchèrent sur un long corridor aux murs pourpre et où un chemin moquetté aux dessins complexes et sinueux brodés de fil d'or les emmenait de bout en bout. Ils marchèrent quelques secondes, examinant les numéros mentionnés sur les portes, jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent devant l'une d'entre elles sur leur droite.
Gabriel introduisit la clé dans l'interstice et ouvrit le battant de bois pour laisser découvrir une chambre tout aussi fastueuse et opulente que le reste de l'hôtel.
Un couloir les séparait d'une grande pièce où se trouvait, à gauche, un lit qui aurait pu accueillir au minimum trois à quatre personnes. Et ce, plus confortablement qu'on l'aurait pensé. À droite, une ouverture menait à un petit salon où un sofa de velours rouge et deux fauteuils bergères entouraient une table basse. Derrière, accroché au mur blanc, une télévision de dernier cri y était suspendue.
Gabriel prit aussitôt la direction vers la porte se trouvant au fond de la pièce, à côté du lit, menant certainement à la salle de bain. Quand Dorea y jeta un coup d'œil, elle ne se souvint pas avoir aperçu auparavant une baignoire aussi démesurée. Du moins dans un bâtiment tout ce qu'il y avait de plus moldus. Ce n'était pas le cas à Poudlard, dont elle avait entendu parler, de par son frère ou même Drago, de l'immense baignoire semblable à une piscine qui se trouvait dans la salle de bains des préfets.
Brusquement, cette pensée la blessa et Dorea se renfrogna aussitôt.
- Ce n'est pas ma faute Dorea, pleins-toi à ta copine, cracha aussitôt Gabriel qui passa devant elle.
Dorea fronça des sourcils, se demandant ce qu'il lui prenait soudainement. La jeune fille expira son agacement qui grandissait d'heure en heure au vu du comportement du jeune homme et se dirigea vers le canapé pour lancer son sac.
- C'est quoi ton problème ?! s'exclama-t-elle en se tournant vers le jeune Kowalski qui était en train de saisir une carte détaillée des États-Unis posée sur la table de chevet à côté du lit.
- Rien, répondit-il dans un grognement.
- Rien ? Rien ! se récria la blonde. Non mais tu te fiches de moi ? Tu fais la tronche depuis que l'on a franchi la frontière hier.
- Je ne fais pas la tronche !
- Tu me prends pour une idiote ? Je commence à croire que même un grizzly serait de meilleure compagnie ! JE COMPRENDS QUE TU NE FAIS PAS CECI DE GAIETÉ DE CŒUR ET J'EN SUIS DÉSOLÉ, MAIS JE NE T'AI RIEN DEMANDÉ. ALORS SI TU VEUX PARTIR ET LAISSER TOMBER, JE NE TE RETIENS PAS ! hurla-t-elle en désignant la porte de son index.
Gabriel la fixa sans ciller alors qu'elle haletait sous le coup de la colère. Plusieurs minutes défilèrent tandis qu'ils s'observaient en chien de faïence.
- Je suis fiancé, annonça-t-il de but en blanc.
- Quoi ? souffla Dorea qui croyait ne pas avoir bien entendu.
À cet instant, on toqua à la porte et la jeune sorcière alla ouvrir après avoir jeté un nouveau coup d'œil à son ami qui s'était à présent assis sur le rebord du lit.
Un groom entra avec un plateau sur roulette qu'il plaça au centre de la pièce. Il prit le temps de présenter les plats et au bout de ce qu'il lui parut une minute interminable, Dorea se précipita vers son sac, l'ouvrit, prit son portefeuille et saisit un billet de dix dollars américains qu'il lui restait.
- Merci, ça ira, dit-elle en fourrant d'un geste prompt le billet dans la main du groom.
Ce dernier comprit qu'il devait très vite déguerpir et sortit en souhaitant une bonne soirée aux deux amis. Dorea reporta alors son attention sur le jeune Kowalski et vit un sourire moqueur naître sur son visage à la mâchoire carré.
- Qu'est-ce qui te fais rire ?
- Ton impatience. Au moins une chose qui n'a pas changé.
Dorea grigna un peu plus le front et croisa les bras sur sa poitrine, demandant silencieusement au jeune homme de s'expliquer sur sa précédente révélation. L'agent recouvra son sérieux et son expression se refermera aussitôt. Il s'accouda alors sur ses genoux et abaissa les yeux vers le sol.
- Je pense que tu n'es pas idiote Dorea. Tu as entendu la conversation que l'on a eue avec Payton, après avoir passé la frontière.
- Je ne vois pas le rapport ?
- Le rapport, c'est que je n'ai jamais pu t'oublier et pourtant… Je me rends compte que c'est une toute autre jeune femme que j'ai en face de moi.
- Qu'est-ce que tu croyais découvrir, en me retrouvant ? Une petite fille insouciante qui fait toujours les quatre cents coups ? J'ai changé, tu as changé. La preuve, tu es fiancé !
- Et toi, tu es tombé amoureuse d'un fils de mangemort ! rétorqua Gabriel avec brutalité en relevant ses prunelles pour les encrer dans les siennes.
La jeune Artwood eut un mouvement de recul et prit alors conscience d'une chose.
- Ma parole, mais tu es jaloux ? souffla-t-elle plus pour elle-même que pour l'agent.
Gabriel contracta sa mâchoire, une veine apparaissant sur sa tempe, signe qu'il tâchait de se contenir, mais plus pour bien longtemps.
- Ce n'est pas la question…
- Si justement ! interrompit-elle avec verve. Tu m'annonces de but en blanc que tu es fiancé et ensuite, tu me fais une crise de jalousie parce que je suis tombé amoureuse. J'aimerais que tu m'expliques ?!
- JE N'AI RIEN À T'EXPLIQUER ARTWOOD ! cria tout à coup Gabriel, en se redressant.
Dorea ouvrit la bouche de stupeur puis la referma ne sachant que répondre face au comportement étrange de ce qui fut son ami.
- TU M'AS TOTALEMENT OCCULTÉ DE TON PASSÉ ! TU M'AS OUBLIÉ ! ET POUR MOI, ÇA N'A JAMAIS ÉTÉ LE CAS.
- Gabriel … souffla-t-elle comprenant que les sentiments du jeune homme étaient demeurés inchangés depuis près de huit années.
- J'AI TOUT SUIVI DE TA VIE ! continua-t-il à hurler. LA MORT DE TA MÈRE, TON ENTRÉE À BEAUBÂTONS, À POUDLARD, TON IDENTITÉ RÉVÉLÉE, LA DISPARITION DE TON PÈRE, SA MORT, L'ATTAQUE D'HIGHCLERE, LA BATAILLE DU MINISTÈRE, TA LÉGENDE OU ENCORE LES RUMEURS SUR TON AVENTURE AVEC MALEFOY ! TOUT ! J'AI TOUT SUIVI EN ESPÉRANT QU'UN JOUR J'AURAIS UNE LETTRE DE TA PART POUR M'EXPLIQUER POURQUOI LA FILLE DONT J'ÉTAIS AMOUREUX N'A CESSÉ DE ME MENTIR ET DE M'IGNORER APRÈS TOUT ÇA !
- TU ES FIANCÉ ! répéta Dorea sur le même ton, complètement abasourdie.
- Et crois-tu que j'aie eu vraiment le choix ? rétorqua-t-il avec dédain.
Dorea baissa les yeux, un sentiment de culpabilité émergeant. Elle prit place au côté de Gabriel et inspira profondément, cherchant à apaiser sa respiration saccadée.
- Je ne t'ai pas oublié, Gabriel, chuchota-t-elle. Nous nous sommes simplement éloignés… Parce qu'on a tous les deux grandi et qu'il ne pouvait en être autrement.
Le jeune homme resta silencieux et Dorea rapprocha sa main vers lui, pour finalement la poser avec douceur sur la sienne.
- Comment s'appelle-t-elle ?
- Mary, répondit-il à demi-mot.
- C'est un mariage arrangé ?
- Effectivement. Mes grands-parents s'en donne à cœur joie, ajouta-t-il avec un ton qui suintait l'ironie.
L'ancienne serpentard fit un mi-sourire et hocha le chef. Elle ne souhaitait pas revenir sur les révélations que lui avait faite le jeune homme, ni même sur la conversation qu'il avait eue avec Payton, la veille.
Elle était parfaitement consciente des sentiments qu'éprouvait le jeune Kowalski à son égard, car elle avait éprouvé les mêmes durant un temps. Seulement voilà, comme elle l'avait si bien dit, ils avaient chacun fait leur propre choix de vies, grandissant et mûrissant pas la même occasion.
Elle avait été si heureuse de pouvoir renouer avec ce qui fut autrefois son meilleur ami qu'elle avait occulté qu'à présent Gabriel demeurait un inconnu à ses yeux tout comme elle devait l'être pour lui. Et c'était bien cela qui était le plus déstabilisant. Ils allaient devoir bâtir une nouvelle amitié avec leur nouvelle personnalité que chacun découvrirait progressivement.
Une heure plus tard, lorsqu'elle sortit de la douche, elle vit Gabriel installé dans le salon sur le sofa, étudier une carte posée sur la table basse.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-elle intriguée.
- Nous avons encore près de 3000 km à parcourir pour atteindre New-York, répondit-il calmement en fixant la carte. J'essaye de voir où l'on pourrait passer pour éviter les autoroutes et les péages.
- Pourquoi veux-tu éviter les autoroutes et péages ?
- Parce qu'il y a des caméras. On pourrait être repérés rien qu'avec la plaque d'immatriculation de la voiture.
- On a beau dire, mais les moldus ont de la ressource, soupira Dorea en se laissant tomber sur le sofa.
Elle fut presque surprise que Gabriel s'y connaissait autant en technologie moldue.
- Alors par où pourrait-on passer ?
- Je pense que si l'on part tôt demain matin, on pourrait atteindre Charlotte avant la fin de la journée et pouvoir se rapprocher de l'état de New-York. Puis Washington après demain, dit-il en pointant de son index la capitale sur la carte. Et enfin New-York mercredi.
- Donc si je comprends bien, nous avons par surcroît trois jours de route pour arriver à destination ?
- C'est ça. Je sais que c'est long, mais on ne peut pas faire autrement.
- Et… - Dorea fronça des sourcils – est-ce que ma tante est courant que nous sommes en route ?
- Du tout. Je ne lui ai pas donné de nouvelles depuis mon arrivée à Guadalajara.
Dorea expira sa nervosité en se laissant tomber contre le dossier du sofa.
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Le cliché représentait une petite fille riant à gorge déployée dans les bras de son père. Elle n'était âgée que de quatre ans, mais déjà la joie de vivre se décelait sur son visage.
Deirdre Feldmann née Artwood contemplait la photo avec nostalgie. Assise à son bureau donnant sur une vue où les buildings new-yorkais se découpaient dans son sillage, elle ne cessait, depuis maintenant plusieurs semaines, d'espérer. Néanmoins, les dernières nouvelles de la Gazette de New-York ne faisaient que briser son expectative.
Elle jeta un coup d'œil au papier à présent chiffonné pour avoir été tant lu.
« Lady Dorea Artwood en fuite sur notre continent après avoir assassiné une vingtaine de moldus »
Deirdre sentit une main caressante se poser sur son épaule qu'elle saisit avec automatisme.
- Tu n'as toujours pas eu de ses nouvelles ? manda son époux.
- Non. J'espère toutefois que Gabriel a pu la retrouver à temps.
- Je suis certain qu'il y a une raison à ce massacre, rassura son mari alors qu'elle pivotait sur sa chaise pour lever les yeux vers lui.
- Je suis désolé de t'imposer tout ça…
- Ne le sois pas, dit-il en se baissant pour l'embrasser sur la tempe.
- Mais que va dire ta sœur en arrivant ? Elle est tant formelle sur les convenances d'après ce que j'ai entendu dire…
- C'est une aristocrate anglaise, il n'y a rien à comprendre de plus, sourit l'homme.
- L'aristocratie anglaise ça me connaît et tu sais ce que j'en pense.
- Il n'empêche que je suis certain qu'elle va t'adorer.
- Avant qu'elle ne sache qui je suis réellement ou après avoir appris la vérité ? Je suis une mésalliance pour ta famille. C'est bien pour ça que l'on s'est marié en cachette, non ? Et sans compter que si Dotty débarque alors nous serons en plein drame familial.
- Elle s'y fera. Tu descends d'une famille sorcière de sang-pur et non la moindre dans la communauté sorcière anglaise. Je ne vois pas en quoi ça engendrerait un problème. Sans compter que d'après ce que j'ai entendu dire, ses filles sont dans la même maison que ta nièce.
- Était, rectifia Deirdre sèchement. Je te rappelle que mon aimable nièce a pris la fuite en juin.
- On va trouver une solution quand le moment sera venu, insista Ludwig. En attendant, je te demande de rester calme, d'accord ? La haute société sorcière new-yorkaise t'a bien adoptée, alors je ne vois pas pourquoi ce serait différent avec ma sœur.
Deirdre inspira profondément et hocha la tête ne pouvant que donner raison à son époux.
- Quand est-ce qu'ils arrivent ?
- Ils seront là dans moins d'une heure.
Son époux commença à se détourner pour sortir de la pièce puis s'arrêta, se souvenant soudainement de la dernière lettre datant de la veille que sa sœur lui avait envoyée.
- Au fait, j'allais oublier de te le dire, mais il faut préparer une chambre de plus.
Deidre se tourna vers lui, haussant un sourcil.
- Diane n'a pas eu le choix d'après ce qu'elle m'a dit dans sa dernière lettre que j'ai reçue hier. Un autre jeune homme s'est invité chez eux à la dernière minute. Un ami de sa fille aînée.
- Qui est-ce ?
- Drago Malefoy. D'ailleurs, ce nom me dit quelque chose, ajouta son époux se plongeant dans une réflexion accrue.
Deirdre ouvrit la bouche de stupeur et grigna le front.
- Bien évidemment, Ludwig ! s'écria-t-elle soudainement avec brutalité. C'est le fils Malefoy. Le mangemort qui a été emprisonné après les événements du ministère à Londres en juin. Et par-dessus tout le garçon qui a dépucelé ma nièce.
- Ah, c'est pour ça que ça me disait quelque chose ce nom, sourit naïvement Ludwig.
- Ludwig ! dit-elle en tapant du poing sur la table. Il est hors de question que je l'accueil chez moi.
- Tu n'as pas le choix, chérie. Sois l'hôtesse accueillante et chaleureuse et tout ira bien.
- Tout ira bien jusqu'à ce que Dotty débarque. Déjà qu'elle ne sait rien à mon propos, alors si elle voit que j'accueille les bras ouverts un fils de mangemort, qui, en plus de cela, l'a humiliée de la plus sordide des manières…
- Je n'arrive toujours pas à croire que cette histoire ait fait le tour de la communauté sorcière du monde entier, remarqua Ludwig plus amusé qu'embarrassé.
- Pas étonnant, les Anglais, avec leur flegme feint aiment colporter des ragots à foison.
- Tu m'en diras tant, pouffa l'homme. Néanmoins, je te demande de faire un effort. Je n'ai pas vu ma sœur depuis près de dix ans, donc j'espère que tout se passera au mieux, demanda Ludwig d'un ton presque suppliant.
- Je le ferais, dit-elle dans un murmure.
- Et nous ne savons pas encore si Dorea arrivera dans les prochains jours ou dans les prochaines semaines. Donc on avisera le moment venu.
- Tu as raison, obtempéra sa femme.
- Aller, je vais les chercher à Woolworth. Tout est prêt pour la soirée de demain ?
- Le fleuriste va arriver dans moins de dix minutes, mais les préparatifs sont quasiment fini.
- Je veux que tout soit parfait pour nos dix ans de mariage, dit-il avec douceur.
Il donna un baiser rapide à Deirdre qui sourit malicieusement à son tour.
- Tu veux surtout l'impressionner, n'est-ce pas ?
- Je n'ai jamais aimé les Greengrass et leur condescendance naturelle, si c'est que tu veux dire, rigola Ludwig en quittant la pièce.
Deirdre, le sourire aux lèvres se tourna à nouveau sur sa chaise, reportant son attention sur le cliché qui représentait son frère et sa nièce. Une mine abattue s'afficha tout à coup sur son visage, ses yeux s'embuant de larmes.
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- Dott'… Dott' ?
Dorea se sentit secouée alors qu'elle dormait profondément, bercée par le léger vrombissement du moteur de la voiture.
- Dorea réveille-toi, nous sommes arrivés, lui chuchota une voix dans l'oreille.
La jeune femme se réveilla en sursaut et cligna des yeux, le soleil new-yorkais l'aveuglant soudainement.
- On est arrivé ? dit-elle d'une voix pâteuse alors que Gabriel passa la vitesse pour avancer et franchir une barrière de péage les séparant d'une avenue à quatre voies.
- Où sommes-nous ?
- Sur l'Interstate 95, indiqua Payton à l'arrière. Tourne à droite pour rejoindre Manhattan.
- Je connais la route Payton, grinca Gabriel entre ses dents.
- On te dépose où Payton ? questionna Dorea en s'étirant.
- Sur la 5e, au 43.
- Rien que ça, fit Gabriel d'un ton narquois.
- Je te prie de garder tes commentaires pour toi Kowalski, répondit la brune sèchement. Déjà que ça va être un choc pour mes parents de me voir débarquer comme ça…
- Tu sais ce que tu vas leur dire ?
- Rien de plus que ce que l'on a convenu. J'en avais marre du Mexique et je voulais rentrer à la maison pour finalement commencer mes études à Yale, dit-elle en haussant les épaules.
Dorea et Gabriel se lancèrent un coup d'œil entendu.
Lorsque vingt minutes plus tard, ils débouchèrent sur la 5e avenue et que Gabriel s'arrêta devant un building de style colonial, ils sortirent ensemble de la voiture pour faire ses adieux à la jeune américaine.
Cette dernière enlaça fortement Dorea, l'émotion la submergeant tout à coup.
- Je ne pourrais jamais suffisamment te remercier pour m'avoir sauvé la vie, dit Payton d'une voix tremblante en se reculant.
- Et je n'aurais jamais pu me le pardonner si je t'avais laissée là-bas, répondit Dorea tout aussi émotive.
- Payton, je te raccompagne jusqu'à l'ascenseur ? proposa Gabriel avec une soudaine gentillesse.
La brune ne se doutant de rien, hocha la tête et enlaça une dernière fois la jeune Artwood avant de saisir son bagage et de suivre Gabriel à l'intérieur.
Payton salua Dorea de la main, lui indiquant qu'elles se reverraient très bientôt et l'anglaise y répondit, sachant pertinemment que dès que son amie franchirait les portes de l'ascenseur, elle ne se souviendrait plus d'elle.
Le portier leur ouvrit la porte, souriant chaleureusement à la jeune Sanders et Dorea soupira s'adossant à l'arrière de la voiture.
Le soleil se faisant insistant, elle enleva sa casquette et ses lunettes et se tourna vers l'avenue si mondialement connue. Elle contempla les passants et les voitures de luxe ou les taxis jaunes qui défilaient sous ses yeux.
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Drago Malefoy contenait pour la énième fois depuis près d'une demi-heure son ennui et appuya son front contre la vitre froide de la berline qui les avait récupérés lors de leur arrivée à Woolworth Building.
Ce bougre de Ludwig Feldmann n'arrêtait pas de parler - ou plutôt de jacasser – sur les merveilles de New-York, montrant de ci et de là les monuments construits par les moldus et comment les sorciers de la communauté magique s'en sont servis pour dissimuler les quartiers les plus en vogue de leur collectivité.
Des exclamations s'élevèrent dans le véhicule magiquement agrandi lorsqu'ils passèrent devant Washington Square. Drago, lui, n'entrevoyait rien d'exceptionnel à cette arche grossièrement construite. Construite, une fois de plus, par des moldus. Il fronça les sourcils se demandant si les sorciers avaient réellement dressé quelque chose de leur baguette dans cette ville ?
Soudainement agacé, il expira d'exaspération et fixa l'avenue sur laquelle ils s'engageaient.
- Voici la cinquième avenue, annonça fièrement Feldmann à l'avant. La plus connue au monde pour ses boutiques de luxe.
- Merveilleux ! fit la mère Greengrass avec émerveillement.
Alors qu'ils passaient devant un immeuble indiquant le numéro 43, le jeune Malefoy vit une blonde adossée à l'arrière d'une voiture immense et fronça des sourcils en reconnaissant ce visage.
Il se redressa vivement, le choc le traversant de part en part. Comme si un éclair l'avait foudroyé des pieds à la tête.
Était-ce elle ? Avait-il réellement bien vu ?
La voiture passa trop vite et il se retourna vers la vitre arrière pour examiner davantage ce qu'il avait entraperçu.
- Drago, ça va ? s'enquit Astoria à ses côtés.
- On dirait que tu as vu un fantôme, rigola Blaise en se penchant pour le scruter d'un regard inquisiteur à l'instar des sœurs Greengrass.
Le jeune homme se tourna vers ses trois comparses, l'air hébété.
Il avait rêvé. Oui, c'était certainement cela, il avait rêvé.
Il pensait beaucoup trop à elle et son esprit avait certainement divagué, une fois de plus, vers la jeune Artwood. Et puis c'était ridicule, Dorea n'était pas blonde mais bien rousse. Il s'en voulut de l'avoir confondu avec une autre jeune femme, qui lui ressemblait certes physiquement, mais qui n'avait ostensiblement pas la même couleur de cheveux. Couleur si unique qu'il pourrait la reconnaître entre mille dans la rue, même si elle avait été de dos.
- Drago ? l'appela Astoria en grignant le front.
Il secoua le chef pour mettre de l'ordre dans ses idées.
- Oui, ça va, répondit-il en se réinstallant contre le dossier de la banquette arrière, qui ressemblait plus à un large canapé de cuir crème qu'autre chose.
- Tu es sûr ? insista Blaise.
- Je vous dis que ça va ! répondit-il agacé.
Le silence revint entre les serpentards tandis que le véhicule tournait sur Park Avenue.
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- Remets ta casquette et tes lunettes de soleil, on pourrait te reconnaitre, réprimanda Gabriel en s'avançant vers Dorea alors qu'il sortait de l'immeuble.
- Je ne pense pas que beaucoup de sorcier se promène dans le coin, répondit la blonde en levant les yeux au ciel.
- Détrompe-toi, contra le jeune homme tandis qu'il arrivait à sa hauteur. Ce n'est pas comme à Londres ici, les sorciers circulent énormément du côté moldus pour rejoindre les quartiers de la communauté.
- Le transplanage n'existe pas chez-vous ? rétorqua Dorea d'un ton moqueur en remettant sa casquette et ses lunettes.
- Bien sûr que si, grimaça Gabriel désabusé. Mais tu sais très bien que l'on ne peut pas transplaner où ça nous chante. Surtout dans une ville comme New-York.
- Et moi qui pensais que ça regorgeait de ruelle sombre, oooooouuuh ! fit Dorea en brandissant ses doigts vers son ami.
- Allez, viens, je te ramène à la maison, soupira Gabriel souriant malgré lui.
Ils contournèrent la voiture chacun de leur côté pour rejoindre leur place à l'avant.
- Tu ne m'emmènes pas chez ma tante ? questionna Dorea en claquant la portière
- Pas directement. Je préfère préparer le terrain avant qu'il n'y ait un drame familial qui s'ensuit.
Dorea haussa des épaules ne cherchant pas à comprendre, sachant que Gabriel avait un plan en tête et qu'il se devait de le respecter.
