Harry Potter and the Psychic Serpent

Chapitre neuf

Le rendez-vous

Harry n'attendait pas vraiment avec impatience le premier week-end à Pré-au-lard, deux semaines après l'anniversaire d'Hermione. Cela signifiait, bien sûr, que les jours passaient pour lui à une vitesse alarmante. Le travail scolaire, les réunions de préfet, la préparation des BUSE, l'entraînement de Quidditch et la formation d'animagus semblaient avoir peu d'effet sur la manière dont le jour tant redouté se rapprochait. Il se souvint de sa troisième année, quand il n'avait pas été officiellement autorisé à se rendre à Pré-au-lard parce que les Dursley n'avaient pas signé son autorisation, et que tout le monde s'inquiétait de son parrain, Sirius Black, le seul fugitif à avoir jamais réussi à quitter Azkaban, l'attendant probablement aux alentours du village pour le tuer. Il avait attendu pour rien pendant plus d'un an avant de pouvoir aller à Pré-au-lard, même s'il avait utilisé sa cape d'invisibilité et emprunté des passages secrets menant en dehors du château pour le faire. Maintenant, Pré-au-lard était le dernier endroit où il voulait aller, spécialement pour un double rendez-vous avec Viktor Krum, Cho Chang et Hermione.

Il souhaitait avoir progressé davantage dans sa formation d'animagus pour qu'il puisse juste se transformer en lion et s'enfuir se cacher dans la Forêt Interdite. Il avait avancé au point de pouvoir maintenant allonger et rétrécir ses ongles (à la fois sur ses pieds et sur ses mains) en un clin d'œil, et aussi de faire pousser et se rétracter ses cheveux (S'il avait su à quel point c'était facile, il n'aurait jamais eu besoin d'une coupe de cheveux). Le professeur MacGonagall avait été impressionnée par ses progrès rapides. Il se demandait s'il pourrait devenir un animagus en moins de six mois.

Harry avait aussi passé le point où il devait définitivement commencer à se raser, mais il décida d'essayer de contrôler sa barbe en utilisant les techniques d'animagus aussi. Il s'avéra que cela marchait assez bien, et il pouvait éviter de se couper. Personne ne lui posa de question à ce sujet.  Ron utilisa sa baguette quand il vit assez de poils rouges sur son menton et au-dessus de sa lèvre supérieure pour justifier de se raser. Hermione lui avait suggéré de se la laisser pousser, comme Charlie. Les barbes rouges sont vraiment très jolies, lui avait-elle dit, en prenant cette même couleur. Cela avait considérablement ennuyé Harry.

Ce samedi matin, Harry et Hermione allèrent courir comme d'habitude. Comme ils faisaient leurs étirements après la course sur l'herbe humide du terrain de Quidditch, Hermione s'arrêta soudain, puis s'assit, regardant dans le vide. Quand Harry la vit assise comme si elle s'était pétrifiée, il alla vers elle et lui toucha son épaule.

« Hermione ? » chuchota-t-il. Elle le regarda et il put sentir la peur dans ses yeux. « Qu'y a-t-il ? »

« Harry ? », dit-elle, comme si elle n'était plus sûre de son nom. Il mit sa main contre sa joue et elle mit sa main par-dessus.

« Tu t'inquiètes au sujet de Viktor. » énonça-t-il. Elle acquiesça. « Ne t'en fais pas. Tu ne seras pas seule. » Elle acquiesça à nouveau.

« Mais… » hésita-t-elle.

« Oui ? »

« Cette idée de coller Viktor et Cho ensemble. Devons-nous…pouvons-nous lui faire cela ? Que savons-nous réellement de lui ? Peut-être que je devrais juste rompre avec lui et prendre le risque… »

« Veux-tu faire cela ? » dit-il gentiment, enlevant sa main de son épaule. « Je pourrais annuler le rendez-vous avec Cho. Nous ferons ce que tu veux. »

Soudain, Hermione se secoua, comme si elle essayait de se réveiller. Elle se leva gracieusement et continua ses étirements. « Je suis désolée Harry. Je me fais juste du souci pour rien. Nous avons un plan. Nous allons nous y tenir. Tu tiens mes chevilles ? » Il acquiesça, s'accroupissant pour lui tenir les chevilles pendant qu'elle faisait quelques tractions. Il la regardait de près, la façon dont son visage était tendu par la concentration, la transpiration perlant sur son front. Dans tout ce qu'elle faisait, elle était sérieuse. A part la divination, et cela avait choqué tout le monde. Il essaya de ne pas penser à la divination. Il avait toujours laissé Sandy dans sa chambre pour les cours de divination depuis le premier cours. Depuis, il s'était débrouillé pour éviter que quiconque lui fasse une lecture des tarots. Il avait cependant le sentiment de s'être amélioré à le faire. Il en avait fait une pour George qui avait prévu certains comportements d'Angela qu'il n'aurait pas suspecté au premier abord. Bien sûr, ils n'avaient pas su jusqu'à ce que ce qu'il avait lu se soit produit. Cependant…

« Harry ! »

« Q-Quoi ? »

« Cela fait assez longtemps que je suis assise à t'appeler. Tu peux me lâcher les chevilles maintenant. Je crois que cinq mille tractions sont assez proche de ma limite pour un matin. C'est ton tour maintenant. »

« Ah oui. ». Et maintenant, elle tenait ses chevilles pendant qu'il faisait des tractions. Il enleva d'abord son T-shirt, essuyant un peu de sueur de son front, et puis le roulant en boule pour en faire un oreiller pour mettre derrière sa tête. Il était à peu près à la moitié de ses tractions, comptant dans sa tête, essayant de bloquer ses autres pensées, quand une ombre soudaine assombrit le coin du terrain où ils étaient. Harry s'arrêta, haletant, et regarda…

…dans le visage pâle, pointu et extrêmement suffisant de Draco Malfoy. « Tu as l'air pas mal Granger, » dit-il de sa voix traînante, « pour une sang-de-bourbe. » Harry vit Hermione se colorer. Elle était debout. Il se leva aussi. Il regarda Malfoy (qui était légèrement plus grand que lui maintenant). Lui et les six autres Serpentards qui étaient avec lui portaient leurs tenues vertes de Quidditch, et portaient ce qui semblait être des Nimbus 3000 flambants neufs. Probablement grâce à l'aimable participation de Lucius Malfoy pensa Harry.

Le visage furieux de Harry était tout proche de celui de Malfoy. « Vocabulaire, Malfoy », dit Harry d'une voix basse et dangereuse. Il écrasa son T-shirt plein de sueur dans sa main gauche, souhaitant avoir sa baguette dans sa main droite. Malfoy baissa son regard sur lui.

« Désolé, es-tu en train de me dire ce que je suis autorisé à dire ? Tu sues partout sur notre terrain de Quidditch, et mon équipe a besoin de s'entraîner. »

« Ton équipe ? »

« Oui, » répliqua Malfoy, sa suffisance s'accroissant de seconde en seconde. « Je suis le nouveau capitaine de l'équipe de Serpentard. Qu'est-ce que tu en dis ? ». Bien, cela explique tous les nouveaux balais pensa Harry.

Hermione s'était rapprochée et se tenait à côté d'eux. « Bien, n'est-ce pas une drôle de coïncidence. Tu vois, Harry est le nouveau capitaine de l'équipe de Griffondor. » Le visage de Malfoy perdit le peu de couleur qu'il avait. « Oui », continua Hermione, « Vous êtes tous les deux préfets, et tous les deux capitaines de l'équipe de votre maison. Tu ne vas pas déjà t'arrêter ? Sur quoi vas-tu essayer de le battre la prochaine fois ? »

Ils se tournèrent tous les deux vers elle, lumineuse et bronzée dans le soleil du matin, sa brassière et son cycliste rendant l'imagination complètement inutile pour dessiner les courbes de son corps, ses boucles courtes rassemblées autour de son visage. Ne voulant pas entendre ce qui pourrait sortir de la bouche de quelqu'un d'autre, elle annonça à haute voix « Je dois aller me préparer pour mon rendez-vous avec Viktor Krum ! » . Elle fit demi-tour et alla vers le château, avec une certaine raideur.

Harry pensa que Draco Malfoy avait l'air assez hébété de la regarder partir. Harry devait admettre que la vue était assez jolie…Mais Malfoy se retourna vers lui après une seconde. « Alors ? » se moqua-t-il « Le grand Harry Potter est battu par Viktor Krum… »

« Je n'étais pas… » commença Harry, puis il secoua sa tête, souriant. « Tu ne pourras pas me mettre de mauvaise humeur Malfoy. Pas aujourd'hui. » Il essaya de paraître plus joyeux qu'il ne l'était « Je sors avec Hermione et Viktor avec mon propre rendez-vous : l'attrapeuse de Serdaigle, Cho Chang. »

Il aurait aimé avoir un appareil photo pour fixer l'expression abasourdie de Malfoy. « Mais elle est en sixième année ! » bafouilla Malfoy.

« Et elle est vraiment jolie. » dit Zabini, une pointe d'envie dans la voix

« Ferme-la ! » lâcha soudainement Malfoy

« Je sais. » dit Harry , comme s'il y réfléchissait. « Elle est vraiment jolie. Je pensais que lorsqu'elle m'a demandé de sortir avec elle au Chemin de Traverse… »

« C'est elle qui te l'a demandé ? » Malfoy n'arrivait pas à y croire. Harry essayait de ne pas se moquer de son expression. Il se tourna et marcha en direction d'Hermione, lançant par-dessus son épaule « Passe une bonne journée, Malfoy ! Je sais que la mienne le sera ! ». Il espérait juste que ce qu'il avait dit serait vrai, et pas juste un bon moyen d'aiguillonner Malfoy.

Comme il s'éloignait, il entendit une Serpentard dire « Toutes les filles de l'école salivent sur lui ces jours-ci… »

« Bien, regarde-le. Il causerait probablement une émeute en marchant dans le château sans chemise… »

« Vous allez la fermer ? » entendit-il Malfoy exploser à nouveau. Harry sourit et continua d'avancer.

La seconde Serpentard avait cependant raison, et au moment où Harry rentra dans le hall d'entrée, il regretta de ne pas avoir remis son T-shirt. Il pensa qu'il était très possible que Madame Pomfresh soit occupée la plupart du matin à cause de petites blessures que les filles s'étaient faites en trébuchant dans les escaliers ou en marchant dans les murs à cause de lui. Au troisième étage, comme Hermione entrait dans la salle de bain des préfètes, Cho Chang en sortit. Elle s'arrêta, foudroyée, quand elle le vit.

« Harry … » dit–elle doucement, le fixant. Harry se sentit rougir.

« Bonjour. Nous venons juste de courir. » dit-il en montrant Hermione, qui sourit à Cho et se glissa derrière elle dans la salle de bain. Cho n'avait pas regardé Hermione.

« Hu-Huh », dit-elle, fixant encore Harry.

« Je monte me doucher maintenant. On se retrouve après le petit déjeuner. »

« OK » répondit-elle, ayant l'air un petit peu vaporeuse. Harry continua jusqu'au cinquième étage, se demandant si elle aurait la possibilité de noter que Viktor existait. J'espère que je ne prends pas la grosse tête, pensa-t-il.

Le plafond de la grande salle était du même bleu brillant et sans nuage qu'ils avaient vu en courant autour du terrain de Quidditch plus tôt dans la journée. Quand les chouettes postales arrivèrent, une lettre de Krum pour Hermione lui confirma qu'ils se rencontreraient chez Honeydukes. Après le petit déjeuner, Harry regarda Hermione s'asseyant à côté de lui à la table de Griffondor et lui dit « Prête ? »

Elle soupira profondément. « Plus que je ne l'ai jamais été. ». Ron et Fred se regardèrent et se firent un signe de la tête pour quelque raison.

Harry et Hermione se levèrent et allèrent à la table de Serdaigle. Harry tapa sur l'épaule de Cho, et elle se retourna, souriant largement quand elle le vit. Il avait mis sa plus jolie robe noire avec son badge de préfet, et il portait en dessous une simple chemise noire, des pantalons noirs et ses bottes noires qu'il avait porté pour le jardinage, mais nouvellement cirées et polies. Avec ses cheveux noirs fraîchement coupés, et ses lunettes noires contrastant avec ses yeux verts et brillants, il avait intégralement l'air d'un gagnant du Tournoi des Trois Sorciers.

« Es-tu prête à partir ? » lui demanda-t-il. Il essaya d'ignorer les sifflets des autres filles de Serdaigle et les coups de coudes échangés quand les camarades de Cho virent qui était son rendez-vous.

« Oui », dit-elle simplement, ne cherchant pas badiner. Elle se leva et lui prit le bras qu'il lui avait tendu. C'était démodé, mais il le sentit étrangement approprié à ce moment-là. Ils sortirent dans le hall d'entrée, tous les yeux de toutes les tables les suivant.

Comme ils descendaient vers le village, Harry essaya d'engager la conversation avec elle, mais chaque sujet qu'il commençait se soldait par des réponses monosyllabiques qui le frustrèrent dans ses tentatives. Alors il essaya de s'assurer qu'ils marchaient assez près d'Hermione pour pouvoir parler avec elle, et Cho sembla être parfaitement heureuse de faire le trajet en le regardant (elle n'arrivait qu'à son épaule) et en les écoutant parler (bien que Harry ne soit pas convaincu qu'elle écoutait vraiment : lui et Hermione avaient ri à des choses et d'autres qu'ils avaient dit, mais aucun rire n'était venu de Cho.).

Quand ils atteignirent le village, ils remontèrent la Grand rue jusqu'à la boutique de bonbons Honeydukes. Viktor attendait dehors, et il embrassa Hermione sur la joue quand elle fut assez proche. Il avait en fait eu l'air de viser sa bouche, mais elle avait tourné sa tête à la dernière seconde et lui avait présenté sa joue. Ils achetèrent quelques friandises, puis ils flânèrent pendant quelques temps dans les rues du village. Harry se lassait de plus en plus d'essayer de parler à Cho, d'autant plus que maintenant Hermione était avec Viktor. Il n'y avait pas l'air d'avoir beaucoup de conversation entre eux deux, non plus. D'autant plus que son anglais était encore fortement accentué, et il semblait avoir quelques problèmes avec les idiomatismes britanniques

« J'ai appris l'anglais en regardant les programmes de la télévision américaine. » expliqua-t-il à Hermione

« Mais tu n'as pas la télévision. » se rappela-t-elle. « Tu n'as même pas l'électricité. »

« On non. Je suis allé dans une boutique de Sofia qui vend des télévisions, et j'y suis resté jusqu'à ce qu'ils me disent de partir. Ils n'aiment pas trop les gens qui restent trop longtemps et qui n'achètent rien. »

Voilà une conversation brillante, pensa Harry, comparé à celle que j'ai. Il avait pensé à peut-être lui demander si elle avait vu la coupe du monde de Quidditch l'été précédent, mais comme c'était il y a déjà un an,  que Viktor avait joué à cette coupe du monde et qu'il ne voulait pas avoir l'air d'être trop expansif sur Viktor, il ne pouvait pas vraiment utiliser ce sujet. Il essaya de lui demander à quel point les BUSE étaient durs, mais elle dit « Oh, ils sont aussi durs que ce que tu as entendu. », et elle n'entra pas dans les détails. Il essaya de lui demander ce que l'on couvrait en sixième année, et elle dit « Oh, à peu de choses près ce que l'on apprend en cinquième année, seulement un peu plus. ». Je pourrais avoir une conversation plus passionnante avec un lampadaire pensa Harry.

Finalement, quand il fut presque l'heure de déjeuner, ils choisirent d'aller aux Trois Balais. C'était déjà bien peuplé avec les élèves qui étaient descendus du château pour la journée, mais ils purent avoir une table dans le coin, qui s'avéra être juste à côté de la table de Ron et Fred Weasley. Ceux-ci semblaient déterminés à prétendre qu'ils ne connaissaient pas leurs camarades de maisonnée. Harry et Hermione dirent à Cho et Viktor qu'ils allaient chercher quelques bièraubeurres et commander à manger au bar.

Pendant qu'ils attendaient au bar que Madame Rosmerta les remarque, ils regardèrent par-dessus leur épaule leurs accompagnants respectifs, qui ne semblaient pas exactement parler à bâtons rompus.

« Hermione, tu es sûre que les philtres d'amour sont interdits ? Parce que je meurs d'envie de mettre quelque chose dans les boissons de Cho et de Viktor maintenant pour accélérer le processus. Je ne me suis jamais autant ennuyé de ma vie ! »

« Vraiment ? » dit Hermione, en plissant son front. « Mais elle est très jolie… »

« Oh, Arrêtes. Tu sais que ce n'est pas tout ce que je recherche.. »

« C'était l'an dernier quand tu l'as invitée au bal de Noël. »

Harry grimaça. « Je n'arriverai jamais à me débarrasser de cela, n'est-ce pas ? »

Elle lui sourit gaiement. « Pas pour les cent prochaines années en tous cas. Oh, allez, ça ne peut pas être si mal. Il y a sûrement quelque chose que vous pourriez tous les deux faire ensemble… »

Il ne saisit pas ce qu'elle voulait dire d'abord, puis quand il réalisa, il s'exclama « Hermione ! Comment je peux passer de ne 'pas arriver à lui parler' à 'l'embrasser' ? »

« Oh, je ne sais pas. Parfois, je pense que quand les gens ont trop à se dire, cela peut les empêcher de s'embrasser… ». Elle le regarda d'une manière très significative, et il se souvint de ce moment dans le jardin des Dursley quand ils s'étaient presque embrassés, avant que Sandy ne lui dise que Sirius arrivait. Il n'eut pas de réponse à cela. Il regarda de nouveau par-dessus son épaule.

« Ils bougent leurs lèvres un peu. Peut-être qu'une conversation est imminente. », dit-il plein d'espoir. Hermione passa commande de quatre bièraubeurres et plats de fish-and-chips, et indiqua à quelle table ils devaient être servis. Ils rapportèrent chacun deux chopes de bièraubeurre à la table, se déplaçant lentement dans la foule, plus pour prolonger leur absence que parce qu'ils pensaient renverser leurs boissons.

Harry pensait maintenant qu'il y avait possiblement quelque chose en ce monde de plus ennuyeux qu'un cours avec le professeur Binns : un rendez-vous avec Cho Chang. Cette expérience devrait être mise en bouteille et vendue comme somnifère, pensa-t-il. Pendant ce temps, il était précisément conscient de Ron et de Fred à la table d'à côté, essayant d'entendre le peu de conversation qu'il y avait au sein de ces deux rendez-vous.

Quand leur plat arriva, ils eurent au moins l'excuse d'avoir la bouche pleine pour éviter de parler. Harry n'avait jamais vécu un repas aussi silencieux, même chez les Dursley, où on lui administrait routinièrement une cure de silence (quand à l'opposé, il ne recevait pas une dose de hurlements). Même Fred et Ron avaient l'air de commencer à s'ennuyer, pensa-t-il. Harry s'imaginait les gros titres dans Sorcière-Mag : Quand les espions s'ennuient, par Rita Skeeter. Si elle écrivait encore.

Après qu'ils eurent fini de manger, il décida qu'il ne pouvait plus en supporter davantage. « Bien » dit-il brusquement, « Cela a été très amusant, mais Hermione et moi avons un sacré tas de devoirs à faire. Je dois passer quelques heures dans le donjon de potions, et ne m'as-tu pas dit que le professeur Vector vous avait donné une tonne de travail en arithmancie, Hermione ? » Il la regardait, implorant.

« Oh ! » dit-elle soudainement. « Oui ! Tellement de travail. Incroyable. » Elle acquiesça vigoureusement. Viktor et Harry payèrent l'addition (Hermione se disputa avec Viktor pour payer sa part, Cho ne dit rien quand Harry paya pour elle, malgré le fait que ce soit elle qui lui ai demandé à sortir). Ils se levèrent tous pour partir, et comme ils atteignaient la porte, Harry vit du coin de l'œil que Ron et Fred faisaient de même.

Comme ils retournaient au château, Harry avec Cho et Hermione avec Viktor, un peu devant, Harry décida simplement d'arrêter d'essayer de parler avec Cho, et elle sembla parfaitement heureuse de marcher à ses côtés, main dans la main, profitant du spectacle des couleurs de l'automne. Ron et Fred rôdaient furtivement à un quarantaine de pieds derrière eux.

Quand ils atteignirent le hall d'entrée du château, Harry tendit sa main à Cho, la lui serrant vigoureusement, la remerciant pour cette superbe journée, et disant qu'ils devraient le refaire au prochain week-end à Pré-au-lard, mais pensant : ce sont cinq heures de ma vie que je ne rattraperai jamais. Comme ils se serraient la main, Ginny émergea de l'escalier du donjon de potions. Elle s'arrêta tout net quand elle vit Harry et Cho, fronçant les sourcils d'abord, puis ayant l'air plus joyeuse quand elle vit qu'aucun baiser ne suivait la poignée de main. En fait, elle avait presque l'air d'être à deux doigts de rire, pensa Harry, qui espérait sincèrement qu'elle ne le ferait pas. Puis il vit Viktor et Hermione par dessus l'épaule de Cho et il grogna intérieurement. Ce plan n'allait pas du tout bien….

Leur baiser dans le hall d'entrée rendait celui fait sur le quai du train anémique. Quand ils se séparèrent, Harry pensa que Hermione avait l'air d'avoir du mal à se tenir debout. Cho monta les escaliers vers Serdaigle, voyant la fin du baiser d'Hermione et Viktor, et lançant un regard blessé à Harry quand elle partit. Viktor partit aussi, et Hermione se tenait là, regardant par la porte ouverte, son front froncé, tirant sur sa lèvre inférieure avec sa main droite.

Ginny commença à s'avancer vers Harry et Hermione, mais soudain Draco Malfoy émergea des mêmes escaliers que Ginny venait de grimper. « Ginny ! » appela-t-il en grimpant les marches, « tu as oublié ton mortier et ton pilon… » Il les lui tendit pendant que Harry et Hermione pivotaient sous l'effet de surprise.

« Vous étiez tous les deux dans le donjon de potion ? » demanda suspicieusement Harry comme Ron et Fred rentraient dans le hall.

« Oui, et alors ? » dit Malfoy en se rapprochant de lui.

« Alors que faisiez-vous en bas ? » voulut savoir Ron.

« Devoirs de potions » l'informa rigidement Ginny.

Ron regarda Malfoy à travers ses yeux réduit à deux fentes. « Et je suis supposé croire cela ? ». Harry aurait préféré ne pas voir Ron et Fred s'avancer et se mettre chacun d'un de ses côtés, face à Malfoy.

« Oui » dit Malfoy comme Harry et les frères Weasley présentaient un front uni. « Je travaille pour mes notes. Je ne me repose pas sur la bonne volonté de mon responsable de maison. Je veux dire, je crois que Potter et la sang-de-bourbe ne niquent pas sur le terrain de Quidditch tous les matins… »

Simultanément, Harry et Ron attrapèrent Malfoy par les bras et l'épinglèrent contre le mur de pierre. Ils sortirent tous les deux rapidement leurs baguettes, et les pointèrent sur la gorge de Malfoy « Tu arrêtes de l'appeler comme ça, Malfoy » lui siffla Ron. Malfoy eut un sourire mauvais à leur égard.

« Ron ! Harry ! Laissez-le partir ! » dit la voix inattendue de Ginny. « C'est mon ami ! »

« Ton ami ? » s'étranglèrent Harry, Ron et Fred. « Hermione est ton amie. » lui rappela Harry.

« Laissez-le partir » dit-elle fermement, et Harry eut une soudaine vision d'elle en préfète en chef un de ces jours. Alicia Spinnet n'aurait probablement pas pu rassembler autant d'autorité, pensa-t-il. Ils le relâchèrent, et Ginny alla à grand pas vers lui. « Tu sais que je n'aime pas ce mot… » dit-elle à Malfoy, calmement mais sérieusement.

Pour la première fois depuis que Harry le connaissait, Draco Malfoy eut l'air embarrassé. « Désolé… »

« Non, pas à moi. A Hermione. » Harry essaya de réprimer un sourire. Elle s'en occupait ainsi.

Malfoy marcha vers Hermione et la regarda dans les yeux, sincèrement « Je suis désolé de t'avoir appelé…comme cela, Granger. »

« Et… » lui dicta Ginny.

« Et cela n'arrivera plus. »

Hermione croisait les bras, et le regardait sans expression. « Excuses acceptées. Pardonnez-moi », dit-elle, rejoignant les escaliers de la tour Griffondor. Harry, Ron et Fred n'allaient pas bouger avant que Malfoy ne soit parti. Aucun d'eux ne voulait le laisser seul avec Ginny à nouveau. Elle se tourna vers lui une fois de plus. « Merci pour mon mortier et mon pilon, Draco. » Draco ? pensa Harry. Elle l'appelait Draco ?

« Avec plaisir. » lui répondit-il en souriant, et Harry fut choqué de voir qu'il pouvait produire un sourire qui pouvait ne pas être décrit comme une grimace ou un rictus diabolique. Puis il poignarda Harry et les frères Weasley du regard avant de partir par un autre escalier qui conduisait vers la maison Serpentard.

Juste après, Neville Londubat émergea de l'escalier du donjon de potions, portant précautionneusement un bécher en verre fumant et visiblement chaud. Il le tenait avec ses gants en peau de dragon. Il s'arrêta tout net quand il vit Harry, Ron, Fred et Ginny se tenant dans le hall d'entrée.

« Quoi de neuf ? » demanda-t-il, gardant avec soin les yeux sur sa potion. On aurait dit qu'il pensait qu'elle pouvait déborder de son contenant.

« Tu étais en bas dans le donjon de potions avec Ginny et Malfoy ? » voulut savoir Ron.

« Oui. Nous avions tous des choses à faire. Malfoy a été sacrément utile en fait. Il m'a aidé à finalement obtenir une bonne potion d'amélioration de la mémoire… ». Il continua à monter les escaliers, la tenant avec attention devant lui.

Fred eut un regard accusateur pour Ginny. « Bien, pourquoi n'as-tu pas dit que tu n'étais pas seule avec Malfoy ? »

Elle parut incrédule. « Pourquoi je n'ai…Où suis-je là, à un procès ? Ca ne t'a jamais dérangé de demander ? Et si j'avais été seule ? Pourquoi est-ce que cela signifierait que nous faisions autre chose que des devoirs de potions ? C'est juste qu'il m'a aussi aidé avec ma potion. » Elle défia Harry et ses frères du regard.

Harry se pencha vers Fred et Ron, chuchotant « Pourquoi ne dégagez-vous pas vous deux…Laissez quelqu'un qui n'est pas son frère lui parler une minute, d'accord ? » Ron n'avait pas l'air de croire que c'était une bonne idée, mais Fred approuva et lui fit signe de le suivre. Alors il suivit, leur jetant un regard par-dessus son épaule.

Harry et Ginny montèrent les escaliers plus lentement. « Désolé pour tout cela Ginny. Ron et Fred ont passé la journée à espionner notre rendez-vous, et j'ai vraiment du aller à ce fichu rendez-vous idiot…et je suppose que nous sommes tous un peu à cran… »

« Alors cela ne s'est pas bien passé. » dit-elle doucement.

« C'est un euphémisme. Je ne vais pas t'ennuyer avec les détails. Je me suis déjà assez ennuyé. Cela ne vaut pas le coup de te le faire subir. » Il lui sourit, elle eut un petit sourire. Ils continuaient à monter, lentement et régulièrement. « Mais je suppose que cela a été un choc de t'entendre appeler Malfoy par son prénom… »

Elle s'arrêta. « Vraiment ? Je suppose que c'est juste parce que…Je l'ai toujours considéré comme Draco. C'est son père que j'appelle Malfoy, comme c'est lui qui… »

« Qui t'as donné le journal de Tom Jedusor. » dit Harry pour achever sa phrase, s'arrêtant aussi. Elle acquiesça, sévère, puis recommença à avancer.

« Quand il ne fait pas son show, quand il n'est pas avec beaucoup de monde, il peut être bien, tu sais. En fait, il semble un peu…seul, ces derniers temps. Même pas beaucoup d'amis parmi les Serpentards. »

« Quelques uns d'entre eux doivent être ses amis. L'équipe de Quidditch vient juste de le choisir comme nouveau capitaine. » Mais aussitôt Harry se souvint des nouveaux balais qu'ils tenaient. Il n'avait pas à s'étonner qu'ils aient voté pour lui.

« Je suppose. Mais pense à cela : il a aidé Neville, ce à quoi tu ne te serais jamais attendu, et il m'a aidé, et je suis la sœur de Ron, et tu sais tout ce que cela signifie. »

« Alors…je suis sensé croire que Draco Malfoy a tourné une nouvelle page ? »

« Tu es sensé lui accorder le bénéfice du doute. »

« C'était la deuxième fois aujourd'hui qu'il traitait Hermione de sang-de-bourbe. Cela n'aide pas à lui laisser le bénéfice du doute. »

« Hé bien…J'ai ma théorie à ce sujet… »

Il s'arrêta « Quoi ? »

Elle s'arrêta aussi. « Je pense qu'il pourrait avoir, mais c'est juste une hypothèse, un peu flashé sur Hermione. »

« Quoi ? Alors il l'insulterait avec les pires noms d'oiseaux possibles ? »

« C'est juste, je crois, qu'il sait qu'elle ne lui accordera jamais le temps d'une journée. Alors il essaye de se convaincre qu'elle est en dessous de lui, ou quelque chose comme cela, parce qu'elle n'est pas de sang pur… »

Il la regarda calmement. « Tu es de sang pur »

Elle le surprit en rougissant. « Ne soit pas ridicule Harry. Je suis aussi une Weasley…Ce serait…Ce serait…Ne soit pas ridicule. » répéta-t-elle. Elle monta les marches devant lui, plus rapidement cette fois, et Harry aurait souhaité avoir l'œil magique de Maugrey pour voir son expression.

* * * * *