Enfin le quatorzième chapitre. Un peu de retard à la publication. Il me reste encore une grosse centaine de pages à traduire. J'en vois le bout petit à petit. Merci pour vos reviews. N'hesitez pas à en adresser à l'auteur aussi, même en français : il en a fait par le passé, cela lui fera certainement plaisir et ce sera amplement mérité…

Harry Potter and the Psychic Serpent

Chapitre quatorze

Griffondor vs. Serpentard

Harry se sentit à nouveau plein d'énergie. Un griffon d'or. Il n'en avait pas encore parlé à MacGonagall, parce qu'il n'était pas certain qu'un animagus était autorisé à devenir une créature magique, plutôt que quelque chose que la plupart des moldus ne remarqueraient pas s'ils le voyaient dans leur monde.

On se rapprochait de leur premier match de Quidditch, qui aurait lieu le premier samedi de décembre. Harry semblait soudain s'être mis à parler de Quidditch matin, midi et soir, rendant les sept autres joueurs fous et donnant  même au fan de Quidditch qu'était Ron l'envie de lui coller son Eclair de Feu dans la bouche (ou à un autre endroit, l'avait-il menacé à plusieurs reprises). Il les avait fait s'entraîner tous les soirs entre la fin des cours et le dîner, et plusieurs fois, ils avaient raté le dîner et avaient du aller en cuisine chercher à manger quelque chose auprès des elfes. Comme Hermione venait habituellement avec eux au terrain de Quidditch pour voir leurs entraînements (et étudier pour le BUSE), elle avait aussi manqué les repas ces fois-là.

Le jeudi avant le match, ils avaient tous encore manqué le repas du soir et étaient assis dans la cuisine, mangeant à la grande table centrale où les elfes prenaient habituellement leur repas. Ils l'avaient nettoyé et étaient contents d'attendre Harry et les autres. Harry était assis entre Ginny et Katie, qui couvait un rhume et reniflait. Elle avait déjà été chez Madame Pomfresh pour un remède contre le rhume, mais il ne disparaissait pas, et voler dans l'air froid et presque hivernal n'aidait pas. Hermione était en face d'eux trois, entre Ron et Dobby, qui avait insisté pour s'asseoir et parler avec eux.

« Dobby a besoin de faire son travail, miss Hermione. Le directeur paye Dobby maintenant, souvenez-vous. Dobby va devoir lui rendre son argent si Dobby ne travaille pas… »

« Juste un moment Dobby ! Je veux juste te demander…Comment va Winky ? »

Dobby eut l'air à la fois triste et content. « Bien, Winky est plus joyeux que quand il était ici. Winky appartient à nouveau à quelqu'un. Le frère du directeur le possède maintenant, et il est très content. Mais… Il n'est pas libre. » Dobby baissa les yeux, et Harry se demanda comment quelqu'un qui comprenait la valeur de la liberté pouvait avoir survécu pendant de si nombreuses années en appartenant aux Malfoy.

« Hé bien, Dobby, je suis désolée que Winky ne soit pas libre. Mais peut-être que c'est mieux qu'il ne soit plus à Poudlard. Et spécialement avec… » elle baissa le son de sa voix « … Boxing Day qui arrive. » [ NDT : Boxing Day est le lendemain de Noël, férié en Grande-Bretagne. Si Noël tombe un samedi, le jour férié est reculé jusqu'au lundi suivant. Ce nom vient d'une coutume du XIXe siècle qui consistait à donner des cadeaux de Noël (dans des boîtes) à ses employés le 26 décembre] Elle regarda Harry et eut l'air alarmée qu'il n'écoute. « Il n'était pas…le meilleur exemple de liberté. »

Dobby acquiesça sagement, et puis il vit aussi que Harry les écoutait avec les sourcils froncés. Il sauta soudain. « Harry Potter ! Vous avez besoin de plus de jus de citrouille ! »

Il savait qu'il avait été pris à les espionner. « Non, vraiment, ça va, je… »

Mais soudain, trois elfes de maison fonçaient dans sa direction avec des cruches clapotant et débordant presque de jus de citrouille. L'une d'entre elle remplissait déjà son gobelet plein, renversant du jus dans son assiette de bœuf grillé et de Yorkshire pudding, donnant à tout une teinte orangée boueuse, ainsi qu'aspergeant sa robe et ses lunettes. On aurait dit qu'une citrouille avait soudain explosé sur lui.

Ron était secoué d'une crise de rire, sans pouvoir rien faire d'autre, même si une grande quantité de jus de citrouille était aussi tombée dans sa nourriture. Soudain, une armée d'elfes de maison était descendue sur la table, nettoyant tout de dessus, lavant à grandes eaux, furieusement, remplaçant méticuleusement tout quand ils eurent fini. Harry cligna des yeux. C'était comme voir un film en vitesse accélérée, la façon dont ils volaient. Quand ils eurent terminé, Hermione grimaçait et Dobby avait disparu. Harry savait à quel point elle avait horreur de l'amour de la servitude des elfes.

Katie partit avant les autres, afin de retourner à l'aile de l'hôpital pour des médicaments de Madame Pomfresh. Comme il la regardait partir, Harry se tourna vers Ginny, parlant à voix basse. « Si j'ai besoin que tu joues samedi, Ginny, cela ne sera pas un problème, n'est-ce pas ? »

Elle fronça les sourcils. « Pourquoi le serait-ce ? Je me suis entraînée avec tout le monde. »

« Non, je veux dire…est-ce que ce sera un problème de jouer contre Malfoy ? »

Elle avait maintenant l'air plus en colère qu'il ne l'avait jamais vu. Elle avait beaucoup de difficultés à parler, en un murmure furieux. « COMMENT peux tu me demander cela ? Ce ne sera définitivement PAS un problème. Après tout, je n'ai jamais eu aucun problème à te battre à chaque fois que j'ai joué contre toi, non ? » Et puis soudain, elle sembla réaliser l'implication de ce qu'elle avait dit, et elle s'enfuit, ses cheveux volant derrière elle. Harry voulut la suivre mais Ron demanda : « Qu'est-ce qui se passe ? Ginny va bien ? »

Elle venait basiquement de dire que ses sentiments pour Draco Malfoy ne l'empêcheraient pas de faire son devoir d'attrapeuse pas plus que ne l'avaient empêchée ses sentiments pour Harry…Ses sentiments pour Harry. La question était, est-ce que ces sentiments se conjuguent au  passé ? se demanda Harry.

« Harry ? Harry ! » cria Ron, agitant sa main devant son nez. « Ici la Terre, où es-tu ? »

« Quoi ? Oh, Ginny va bien. Ne t'inquiètes pas. Elle … espère juste que je n'aurai pas à la faire jouer samedi. Tu sais comment elle est à l'idée de devoir jouer devant du monde. »

Ron secoua sa tête. « Ce que je ne comprends absolument pas.  Etant donné qu'elle est si bonne, je veux dire. Tu penserais.. » mais il ne finit pas. Harry se souvint que lorsque Ron avait regardé dans le miroir du Rised, il s'était vu en tant que préfet en chef, capitaine de l'équipe et brandissant la coupe de Quidditch…Mais c'était une image qui n'existerait jamais maintenant pensa harry. Seuls les préfets pouvaient devenir préfet en chef (c'étaient les autres préfets qui votaient), et si l'on ne devenait pas un préfet en cinquième année, on avait manqué sa chance. Seulement un garçon et une fille de cinquième année dans chaque maison étaient nommés préfets chaque année. Et maintenant, lui, Harry, était le capitaine de Quidditch. Il avait volé le rêve de Ron. Il avait pris ce qui n'était pas sien, pensa-t-il. Et ce n'était pas la première fois qu'il y pensait.

Il regarda Ron et Hermione. Elle avait amené un livre pour lire pendant qu'elle mangeait. Il avait reposé oublié sur la table devant son assiette pendant qu'elle avait parlé à Dobby, mais maintenant elle se fixait à nouveau dessus. Ron lui jetait des regards de côté pendant qu'il mangeait son pudding, comme s'il pensait que personne d'autre ne le remarquait. Personne en effet, de ce que Harry pouvait dire, sauf lui.

Harry avait été impatient avec Ron par le passé pour sa jalousie sur des choses que Harry avait sans avoir de contrôle dessus : sa renommée, son argent, avoir été mis dans l'équipe de Quidditch dès la première année, voir son nom sortir de la Coupe de feu. Mais c'était différent. Autant Hermione avait dit qu'elle perdait le contrôle avec lui, autant Harry savait que si nécessaire, il pouvait se contrôler avec elle. Il avait tenu compte de Sandy à deux reprises quand elle les avait averti d'une interruption imminente. Il pouvait contrôler ses impératifs. Ron sentirait avec raison qu'il n'avait aucune excuse, si quelque chose de plus devait se produire entre lui et Hermione.

* * * * *

Quand il eut fini de manger, il monta pour rencontrer le professeur MacGonagall pour l'entraînement d'animagus. Sauf que MacGonagall n'était pas là. C'était Dumblemore. Harry l'approcha avec précaution.

« Professeur Dumblemore? Où est le Professeur MacGonagall? »

« Oh, elle avait quelque affaire pressante. Elle reviendra te voir demain soir. » Harry se demanda si cela avait à voir avec Rita Skeeter encore. Il souhaita que Hermione ait pu entendre ce que Dumblemore lui avait proposé. « Je voulais te rencontrer ici pour te parler en personne. Et aussi te demander…Comment se passe la formation ? »

Cela faisait trois mois, et MacGonagall avait été agréablement surprise par ses progrès. Il pouvait en fait se changer en lion maintenant, pour quelques secondes, avant de retrouver sa forme humaine. C'était douloureux. Tous ses muscles et ses articulations le faisaient souffrir quand il le faisait. MacGonagall lui avait dit que lorsqu'il réussirait à augmenter le temps de sa transformation dans sa forme animale, la douleur deviendrait presque imperceptible, ou au moins supportable. Il s'y habituerait. Harry se demandait comment Queudver avait pu rester en rat pendant douze ans. Mais ensuite, il considéra qu'en le faisant si longtemps, on devenait probablement insensible à la douleur.

« Bien sûr c'est un petit peu douloureux d'être animagus » lui avait-elle dit, comme s'il était un enfant de cinq ans. « N'avez-vous pas remarqué que je suis plus grande qu'un chat ? » Maintenant qu'il s'entraînait pour devenir animagus , il comprenait pourquoi Sirius préférait reprendre sa forme humaine quand il pouvait.

« Cela va bien » lui dit Harry. « Je peux vous montrer si vous voulez. »

Les yeux de Dumblemore pétillèrent. « Je serais ravi. »

Harry ferma ses yeux pour se concentrer. Son temps de préparation était considérablement plus long que ce qu'il aurait souhaité. Même avec beaucoup de concentration, il n'arrivait pas à se changer en un clin d'œil. Il se demanda s'il le pourrait jamais. Harry imagina le lion dans sa tête. Il pensa à ses pieds devenant des pattes, puis ses mains, son corps se couvrant d'une fourrure fauve, ses cheveux s'allongeant en une crinière…

Il sentit ses mains…non, ses pattes, toucher le sol de pierre froide. Il ouvrit ses yeux et regarda Dumblemore, voyant aux limites de son champ de vision son grand nez rose, regardant ses énormes pattes de devant, sentant sa queue fouetter l'air, sa crinière lui chatouiller le dos… Puis il cria. « Aah ! » grogna-t-il, s'effondrant sur le sol sur son estomac, sa robe étalée autour de lui, ses lunettes de travers. Il avait retrouvé sa forme humaine.

Harry se sentait comme si chaque os dans son corps avait pris un coup. Ce n'était pas comme le sort de Cruciatus, il le savait, et comme il le faisait lui-même, il était préparé à ce qu'il allait ressentir, mais il souhaitait encore que cela ne fasse pas si mal. Il comprenait aussi trop bien pourquoi il n'y avait eu que sept animagi enregistrés durant le siècle dernier. Il y en avait évidemment quelques uns non enregistrés, comme son propre père, Rita Skeeter, et Sirius et Queudver, mais il doutait qu'il y en ait beaucoup plus. Peu de gens avait des prédispositions pour cela, et parmi ceux qui pouvaient, tous n'étaient probablement pas intéressés à infliger à leur corps cette sorte de douleur sur une base régulière.

Harry grogna et se mit à quatre pattes, puis il ramena son pied droit devant et posa son bras sur son genou haletant. Il leva les yeux quand Dumblemore lui tendit une main pour l'aider à se relever. A nouveau sur ses pieds, la douleur lancinante était devenue un mal diffus. Il passa sa main dans ses cheveux et regarda Dumblemore, attendant qu'il lui dise quelque chose comme combien il avait été stupide de penser qu'il pouvait devenir un animagus.

Mais Dumblemore souriait et avait l'air impressionné tout à la fois. « Harry ! » dit-il. « Très bien ! Je n'ai jamais vu quelqu'un atteindre ce niveau si vite ! »

Harry ne pouvait pas y croire, et il essaya de ne pas avoir l'air terriblement ravi par ce que Dumblemore avait dit, mais sa bouche le trahit et il sourit quand même. « Merci, M le directeur. »

« Alors Harry. Un lion. Je suppose que je n'ai pas à demander pourquoi, eh ? »

Mais Harry avait voulu demander à MacGonagall au sujet du griffon. Il n'en avait encore pas eu le courage. « Bien, professeur, en fait j'ai pensé que peut-être je ne veux plus être un lion en animagus après tout. »

« Oh, vraiment ? Tu devras reculer de quelques pas dans ton entraînement, tu sais. Bien que Minerva ait fait la même chose, le professeur MacGonagall. Initialement, elle voulait être une chouette. Mais…dis-moi. L'as tu déjà vu monter un balai ? »

Harry réfléchit un moment. « Non. »

« Pas plus que quiconque que je connaisse. Elle ne supporte pas de voler, ou la hauteur. Il ne lui était pas apparu que dans certaines circonstances, être une chouette n'était pas la plus sage route pour l'action. Et bien sûr, d'une certaine manière, les chats sont simplement des chouettes qui ont de la fourrure à la place des plumes. Il se trouvent au même endroit de la chaîne alimentaire. Même si Minerva dit qu'elle n'a jamais chassé dans sa forme féline, et je la crois. Je ne peux juste pas l'imaginer en train de manger une souris. »

Pas plus que Harry ne le pouvait, mais cette pensée le fit rire. Il essaya de le réprimer rapidement, mais il vit que les yeux de Dumblemore scintillaient encore. « Alors Harry. Quel animal penses-tu que tu aimerais essayer ? »

« Hé bien, sir, la chose est…je ne sais pas si c'est autorisé. C'est une créature magique, pas une ordinaire. Je ne sais pas si le ministère de la magie l'autorisera… »

« Une créature magique, eh ? Peut-être une de celles que tu as étudié en classe avec Hagrid… ? Quelque chose qui ressemble à un lion au premier abord ? »

Harry ne réalisa pas tout de suite que sa bouche était ouverte. Quand il le fit, il la ferma immédiatement. « Comment avez-vous… »

Dumblemore sourit, secouant sa tête. « De qui crois-tu que soit l'idée d'amener un griffon d'or ici ? J'ai pensé que cela te donnerait une idée. »

Harry était sidéré. « Vous... C'est de vous… »

« Cela me semblait éminemment approprié. D'autant plus que tu as déjà tué un basilik. ». Dumblemore le regardait encore. Harry rit.

« Juste quand je pensais que j'allais être original… »

« J'espère que tu ne t'es pas senti manipulé, Harry. » lui dit-il en souriant.

Harry lui sourit aussi. « Même si je l'ai été… »

« Bien, tu ferais tout aussi bien de monter comme le professeur MacGonagall n'a pas pu venir. Passe une bonne nuit, Harry. Continue à bien travailler. »

« Merci professeur. » dit-il en se tournant pour partir. Il ne pouvait s'empêcher de sourire comme il traversait la grande salle et montait à la salle commune. Comme il avançait, il réalisa qu'il n'avait pas eu beaucoup d'opportunités ces deux dernières semaines pour faire du travail supplémentaire en potions. Alors, quand il arriva dans la salle commune, il déclina l'offre de Ron pour une partie d'échec et monta dans son dortoir pour chercher ses affaires de potions. Quand il fut de retour dans la salle Griffondor, il vit que Hermione était à une des tables, avec des feuilles de parchemin autour d'elle couvertes de formules compliquées d'arithmancie. Elle ne leva pas ses yeux.

Il quitta la pièce rassuré qu'elle ne l'ai pas remarqué et décida de continuer. Il se sentait encore assez ravi à propos du griffon, et elle était encore vexée qu'il ne lui ait rien dit au sujet de l'entraînement d'animagus. Bien, pensa-t-il, même Ginny aurait la surprise quand il maîtriserait finalement la transformation en griffon d'or.

Et ensuite, elle était là, dans le donjon, ajoutant quelques espèces de feuilles séchées à son chaudron bouillant, tandis que Malfoy vérifiait les ingrédients sur une liste. Harry s'arrêta, puis se rassembla. Je peux me comporter comme un adulte, se dit-il. Je peux.

« Salut Ginny, Malfoy ». Elle le regarda, surprise, et se retourna juste un peu plus rose que d'habitude. Peut-être parce que la dernière chose qu'elle lui avait dite dans les cuisines était que ses sentiments pour lui ne l'avaient jamais empêchée d'attraper le vif en premier. Malfoy ne semblait pas particulièrement heureux de le voir.

« Potter », dit-il calmement, sans inflexion. Il semblait se tenir lui-même en garde. Bien, pensa Harry, peut-être que si aucun de nous ne cherche l'autre, nous avons une chance de sortir tous les deux vivants d'ici.

Il avait prévu de préparer une potion d'Eutharsos. C'était une potion qui avait au moins trois mille ans, et qui donnait à la personne qui la buvait du courage en la faisant se sentir en sécurité, qu'elle le soit ou non. Il avait entendu George et Angelina en parler. Ils allaient être partenaires quand George allait tenter de harnacher les taureaux du soleil. Harry n'était pas sûr que cette potion soit une bonne idée. (Il pensait à Hermione disant à Maugrey 'La douleur aide à nous protéger'. La peur, pensait-il, est une sorte de protection aussi.) Elle avait été aussi utile pour des buts mondains, comme aider les gens qui avaient la phobie de parler en public. C'était ce que Harry espérait. Il avait dans l'idée de la tester sur lui-même.

Il avait presque fini de couper ses racines pour la potion quand Ginny versa sa potion dans une jarre en verre en utilisant un entonnoir avec une ouverture spécialement grande qui appartenait apparemment à Malfoy. Elle mit un couvercle de caoutchouc sur la jarre et la ferma soigneusement. Immédiatement, un brouillard pourpre se dégagea  de la surface du liquide vert, donnant l'impression que le contenant était à moitié rempli par quelque chose de vert et l'autre moitié par quelque chose de pourpre.

Harry la regarda : « Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-il, espérant qu'elle ne s'énerverait pas après lui de nouveau. Mais ce fut Malfoy qui répondit.

« Potion d'Euphemos» Il fixa Malfoy. Harry savait ce que c'était. Quand il avait regardé pour la potion d'Eutharsos, celle d'Euphemos était quelques pages avant, et il l'avait regardée pendant qu'il cherchait sa propre potion. La partie du livre de potions avec les concoctions de la Grèce antique avait les titres écrits en grec en haut des pages, et par conséquence, elles étaient classées selon l'alphabet grec. Elle empêchait quiconque la prenait de dire du mal d'une autre personne jusqu'à ce que l'effet disparaisse. Peu importe à quel point la personne essayait, tant qu'elle était sous l'influence de la potion, elle ne pouvait dire que des choses gentilles aux autres gens. Harry la considérait comme un substitut à se mordre la langue. Il se demandait si Malfoy l'avait essayée.

Ginny et Malfoy empaquetèrent leurs affaires et se préparèrent à partir. Ginny regarda Harry par-dessus son épaule. « Bonne nuit Harry »

Il la regarda, se tenant là avec Malfoy. Sa gorge était serrée. « Bonne nuit Ginny ». Elle le regarda une paire de secondes de plus, puis se tourna pour partir avec Malfoy. Peut-être qu'elle avait une bonne influence sur lui. C'est une bonne chose, il a du se retenir. Une bonne chose.

Quand ils furent partis, il retourna à sa potion. Il était supposé faire bouillir les racines d'Eupatorium Fistulosum pour préparer la potion. C'était apparemment une mauvaise herbe, et elle pouvait atteindre sept pieds ou plus, avec des fleurs à plus d'un pied au-dessus. Il s'assura qu'il n'utilisait pas des Eupatorium Perfoliatum à la place. C'était un traitement pour les os cassés. Bien que, pensa-t-il, si l'on fait assez de choses téméraires tant que l'on est sous influence de la potion d'Eutharsos, on peut avoir besoin d'un bon squelette.

Harry enleva sa robe pour travailler. Il n'y avait personne d'autre. Qui se soucierait de savoir s'il avait l'air d'un bon préfet ? Mais Rogue rentra à grandes enjambées dans la salle. Il s'arrêta net en voyant Harry. Son expression lui rappelait celle qu'il avait eu quand Harry avait été sous la cape d'invisibilité dans le donjon. Est-ce que Rogue allait avoir une autre conversation avec Sirius ? Harry se souvint que Rogue projetait d'obtenir des cheveux des Malfoy samedi, quand ils viendraient voir leur fils jouer le match de Quidditch contre Griffondor. Alors le polynectar serait prêt à l'emploi. Rien n'était arrivé aux Weasley jusqu'ici, pensa Harry avec reconnaissance. En espérant que rien n'arriverait.

« Vous travaillez tard, Potter. Il me semble que vous êtes souvent ici dernièrement. Vous avez tourné une nouvelle page ? »

« Je veux bien faire pour mes BUSE, sir. » dit Harry aussi calmement que possible. Enfer ! Il avait réellement besoin que ces racines finissent de bouillir. L'eau commençait juste à bouillonner.

« Hmpf. Bien, je dois dire que je suis surpris que vous fassiez du travail supplémentaire de vous-même. Votre père ne l'a certainement jamais fait. »

Il traversa le donjon jusqu'à la porte de son bureau, l'ouvrit, entra et la ferma sèchement derrière lui. Harry bouillait de colère. Je ne devrais pas le laisser m'énerver. Je ne devrais pas le laisser m'énerver.

Finalement, les racines avaient assez bouilli. En utilisant une étoffe, Harry filtra la potion dans un bécher à grande ouverture. Le liquide était sombre, avec des tourbillons verts et marrons. Harry regarda son livre de potions, pour vérifier les effets secondaires. Tout ce qu'il disait, c'est que selon le poids de la personne, la potion pouvait avoir de l'effet jusqu'à trois jours.

Harry le regarda durant une minute avant de prendre le bécher comme un verre et de le porter à ses lèvres. Il le but rapidement avant de perdre sa détermination. Cela avait un goût de vieux chou, pensa-t-il. J'aurais du vérifier si je pouvais rajouter de la menthe ou quelque chose. Il reposa le bécher, commençant à se sentir insouciant comme la potion commençait à agir sur son système. Il sentit une sorte de torpeur filtrer dans son corps, comme, une à une, différentes parties de lui s'endormaient. Puis, une à une, elles se réveillèrent à nouveau.

Il se sentait étrangement alerte et déterminé. Il regarda autour de lui : tout dans le donjon semblait avoir une clarté étonnante. Il se sentait tout comme lorsqu'il avait mis ses lunettes pour la première fois à sept ans. Il avait eu des problèmes pour voir le tableau à l'école, et l'infirmière scolaire avait testé sa vision et dit aux Dursley qu'il avait besoin de lunettes. La première fois qu'il les avait mises, il était stupéfait. Le monde avait l'air si clair et précis ! Les feuilles dans les arbres avaient des contours distincts et propres, elles n'étaient plus une masse jaune et verte. C'était une des rares fois de son ancienne vie où il avait été content de tout. Il pouvait vraiment voir maintenant.

Au moins, il avait pensé que c'était une bonne chose jusqu'à ce que Dudley et ses amis de brimades aient vus en cela un autre moyen de torturer Harry, en essayant de lui prendre ses lunettes. A cette période là, il avait involontairement fait de la magie sans baguette, faisant de ses lunettes comme une part de lui au point que quoique faisaient Dudley et ses cohortes, elles ne tombaient pas de son visage. Bien sûr, ce fut lui qui eut les ennuis. Sa tante lui avait hurlé « Qu'as-tu fait ? Dudley dit qu'il ne peut pas enlever tes lunettes de ton visage ! Tu n'as pas fait quelque chose de stupide comme te les coller au visage, n'est-ce pas ? » et elle les lui avait attrapées et enlevées du visage facilement. Peu importe que Dudley n'aurait pas du essayer de lui prendre ses lunettes.

Harry déglutit et alla jusqu'à la porte du bureau de Rogue. Il frappa fermement. Il se sentait puissant, sans peur. J'espère juste que je ne fais pas quelque chose de stupide, pensa-t-il. Peut-être aurait-il du demander à Ginny s'il  pouvait prendre un peu de sa potion d'Euphemos aussi, afin que la bravoure induite par sa potion ne le conduise pas à dire quelque chose qui lui garantirait une retenue.

« Alohomora ! » La porte du bureau de Rogue s'ouvrit. Il était à nouveau assis dans le fauteuil près du feu. Il avait un verre avec un peu de liquide ambre dans sa main, et Harry vit une bouteille d'Ogden's Best Firewhiskey sur son bureau. Rogue ne semblait pas touché qu'il voit cela. Harry regarda le foyer, mais il ne pouvait pas dire si Rogue avait parlé à quelqu'un.

« Qu'y a-t-il Potter ? » dit-il après que Harry ait regardé alentour pendant quelques secondes.

Harry fut surpris de la façon dont il parla avec une voix qui n'avait pas son ton habituel. « Professeur, vous avez dit que mon père ne faisait jamais de travail supplémentaire. Je vous ai entendu dire beaucoup de choses au sujet de mon père. Je n'ai jamais rien entendu sur ma mère. Que savez-vous d'elle ? »

Rogue eut en fait l'air étonné, puis il regarda son verre, l'amena à ses lèvres et le vida. Pour Harry, cela semblait être une grande quantité de whisky pour la boire si vite. Rogue toussa quand il l'avala, puis regarda à nouveau son verre.

« Ta mère, » dit-il si doucement que Harry du tendre l'oreille pour l'entendre, « était tout simplement la plus brillante élève en potions que Poudlard ait jamais vu. »

Harry crut qu'il allait mourir sous l'effet du choc. Il ne se serait jamais attendu à entendre cela. Rogue contemplait encore son verre vide. Il ne dit rien d'autre. Harry le fixa pendant une minute, puis fit demi-tour et le quitta sans un mot. Il ne pouvait rien lui dire. Rien qui ne puisse pénétrer des années d'inimité et de guerre des maisons, en plus de la haine de Rogue pour son père.

Une fois qu'il fut à nouveau dans le donjon, Rogue marmonna quelque chose et la porte de son bureau se ferma à nouveau, renvoyant son écho dans le haut plafond de la pièce pendant une minute au moins. Harry regarda la porte fermée. Il médita. Apparemment, l'amour de Ginny Weasley va à Draco Malfoy… Mais au moins Rogue était du côté de Dumblemore, pensa Harry. Il était devenu un Mangemort quand il a perdu ma mère, mais sa mort l'a remis sur le droit chemin. Draco Malfoy pourrait m'aider, pensa Harry, si seulement je savais comment exploiter ce qu'il sait, et tirer avantage de l'accès qu'il a à son père…

Et ensuite, là, il commença à réfléchir dans son esprit à comment il allait faire pour que Draco Malfoy piège son propre père. En espérant qu'il le ferait. Harry savait ce qu'il pouvait lui faire miroiter pour le faire accepter.

Ginny.

* * * * *

Le vendredi soir, Harry avait ordonné à l'équipe d'aller au lit à huit heures, comme Olivier Dubois le faisait. Le samedi se leva, incroyablement humide pour décembre. Harry se leva tôt, se tenant à la fenêtre, regardant dehors vers le terrain de Quidditch. Ce serait sa première partie en tant que capitaine. Il souhaitait désespérément que Olivier soit là. Il prit une grande inspiration. Il n'avait jamais imaginé ce qui se passerait cette première fois qu'il avait bondit sur son balai pour pourchasser Draco Malfoy et récupérer le rapeltout de Neville…le sentiment d'euphorie la première fois qu'il s'était envolé dans les airs, sa robe fouettant l'air derrière lui. Il sourit. Malfoy était parfois bon à quelque chose, pensa-t-il. Harry n'aurait jamais été le plus jeune joueur de sa maison du siècle s'il n'y avait pas eu Malfoy.

Il avait dit à tout l'équipe que le samedi matin, il voulait les voir courir avec lui. Il voulait que tout le monde ait plein de vigueur pour le match. Et il voulait aller courir dehors plutôt que dans la grande salle. Ils avaient besoin d'avoir de l'air frais dans leurs poumons aussi tôt que possible, afin que cela ne soit pas un choc pour leur organisme plus tard dans la journée quand la partie commencerait. Il s'habilla avec une tenue de sport chaude et laça ses baskets, portant Sandy dans sa main. Il la laisserait près du feu dans la salle commune afin qu'elle soit au chaud. Puis il eut une soudaine inspiration. Il marcha discrètement vers Ron, ronflant encore sereinement. Il tint Sandy juste au-dessus de son visage et d'une voix de fausset chantonnant « Ro-on ! Oh Ron ! C'est l'heure de se lever ! »

Ron marmonna dans son sommeil. Harry rapprocha Sandy de Ron. Sa langue sortit et toucha le menton de Ron une fraction de seconde. Les yeux de Ron s'ouvrirent. Il vit le serpent à un pouce de son visage et cria aussitôt. Harry n'en pouvait plus de rire, Ron se sortit du lit.

« Ne refais jamais cela ! » dirent Ron et Sandy simultanément, Ron en anglais, et Sandy en fourchelang. En entendant leurs exclamations se chevaucher mais ayant le même sens, Harry s'effondra complètement de rire, tombant sur le matelas de Ron et s'appuyant sur le pied de lit pour se tenir. Il leva les yeux vers Ron qui le foudroyait du regard. Il se demanda s'il ressentait encore les effets de la potion d'Eutharsos. Cela avait été drôle.

Ron lui jeta son oreiller.

Riant encore, Harry quitta la pièce avec Sandy, lançant par-dessus son épaule « Habille-toi ! Tu as dix minutes ! ». Il bondit pratiquement dans les escaliers jusqu'à la salle commune. Cela allait être un bon jour, il pouvait le sentir.

Il plaça soigneusement Sandy sur le bord de la cheminée, où elle s'enroula et ferma ses yeux. Le chat de Quinn était aussi descendu pour dormir auprès du feu. Quinn avait trouvé un vieux panier qui contenait maintenant le peignoir sur lequel la mère avait donné naissance à ses chatons. Les petits étaient blottis dans la courbe de son corps, les uns sur les autres, regardant les yeux de Harry trop proches, mais ils avaient tous l'air assez heureux. Ils avaient maintenant quatre semaines. Il allait encore se passer au moins trois semaines d'ici à ce qu'ils soient sevrés. Celui de Ron était le plus petit, l'avorton. Il l'avait appelé Argent à cause de ses bandes argentées. La mère s'appelait Bainbridge, à cause de la rue où Jules vivait dans sa ville. Ginny avait appelé son chat noir pelucheux MacKenzie, car Parvati et Lavender discutant de MacBeth lui avaient donné l'envie de le lire, et elle était arrivée à la conclusion que bien sûr une sorcière devait avoir un chat noir avec un nom écossais, et MacKenzie était le nom écossais qu'elle préférait.

Un à un, les membres de l'équipe arrivèrent en bas des escaliers, avec des types intéressants d'habits de sport variés. Hermione descendit aussi pour courir comme d'habitude. Après l'échauffement, ils défilèrent tous par le trou du portrait et commencèrent à descendre les escaliers. Soudain Harry s'arrêta et regarda autour de lui.

« Où est Katie ? » voulut-il savoir. Alicia et Angelina se regardèrent.

« Je pensais que tu allais la réveiller. » dit Angelina à Alicia.

« Je pensais que c'était toi. »

« D'accord » dit Harry les interrompant « Est-ce quelqu'un pourrait monter la réveiller ? Le reste d'entre nous attendra. »

Alicia et Angelina partageaient le dortoir des filles de septième année avec deux autres filles, mais Katie n'était  pas avec elles car elle était en sixième année. Elle était aussi préfète, et Harry avait surpris son regard pour lui aux réunions de préfets, parmi ceux des autres filles habituelles. Angelina remonta les escaliers pour réveiller Katie. Ils s'assirent sur les marches en attendant son retour. Quand elle revint, elle était seule.

« Elle n'était pas dans son lit. J'ai du réveiller ses camarades de chambrée. Elles ont dit qu'elle était restée dans l'aile de l'hôpital la nuit dernière. Elle avait quelque chose appelé mono…mono… »

« Mononucléose ? » souffla Hermione, étonnée.

« Qu'est-ce que c'est ? » demanda Fred. Hermione regarda Harry et rougit.

« On l'appelle la maladie du baiser, » poursuivit Alicia. « On l'attrape habituellement avec les échanges de salive…vous savez. Mais parfois, si vous êtes à proximité de quelqu'un qui l'a ou que vous partagez son verre ou quelque chose comme cela, vous pouvez aussi l'attraper. Dans le monde des moldus, c'est très contagieux, et cela nécessite du repos pendant un mois ou plus. Mais Madame Pomfresh devrait probablement l'avoir remise sur pieds dès lundi. »

« Lundi ? » cria Harry. Alors il regarda Ginny dans ses vêtements de sport, une queue de cheval gardant ses cheveux en arrière. « Bien, c'est une bonne chose que nous ayons une attrapeuse de réserve. ». Il lui sourit et elle lui retourna un regard franchement terrifié. Mais Harry pensa à quelque chose d'autre. « J'ai une idée. » dit-il lentement. « La plupart d'entre vous ont plus d'expérience que moi, alors écoutez moi et dites moi si vous pensez que je suis fou… ». Il humidifia ses lèvres et rétrécit son regard. Hermione le regardait comme si elle essayait de lire ses pensées. « Je sais que la règle numéro cinq du Quidditch est qu'il n'y a pas de remplacement pendant la partie. Si un joueur est blessé, il quitte la partie et son équipe continue avec un joueur de moins, correct ? ». Les autres membres de l'équipe acquiescèrent. « Mais peut-on échanger le rôle qu'ont les différents joueurs pendant la partie ? » Il les regarda tous. Angelina et Alicia se regardaient, ainsi que Ron et Fred et Ginny et George.

« Il n'y a pas de règle contre cela. » dit George. « Qu'as-tu en tête ? »

« Bien, je crois que nous allons offrir à la maison Serpentard une petite surprise. Quand la partie commencera, nous dirons que Ginny prendra la place de Katie en tant que poursuiveuse… »

« Mais je ne me suis jamais entraînée à être poursuiveuse ! » dit Ginny plaintivement.

« Cela ira ? Ce sera temporaire. Maintenant, à ce moment, Ron jouera gardien, ainsi nous savons qu'ils ne pourront pas marquer du tout… » Il sourit à Ron, dont les oreilles virèrent au rouge. « Mais comme Alicia, Angelina et Katie travaillent habituellement ensemble pour marquer, c'est possible que notre score soit aussi vierge. A moins que j'ai vu le vif assez tôt. Mais… » Il fit une pause. « S'ils commencent à marquer contre nous, ou si leurs batteurs en ont vraiment après nous, je demanderai un temps mort et dirai à Madame Bibine que nous réorganisons notre alignement. Nous recommencerons avec Ron poursuiveur (nous serons sûrs de marquer, si nous ne l'avons pas déjà fait) » Ron rougissait de plus en plus, « Je jouerai en tant que gardien, et Ginny tu passeras attrapeuse. Et ensuite, les Serpentards seront désolés de s'être levés aujourd'hui. »

Harry leur sourit à tous. Tout le monde sauf Ginny semblait joyeusement anticiper la surprise que les Serpentards auraient. Ginny avait le même air que lorsqu'elle avait onze ans et qu'elle avait peur que Harry n'aime pas sa chanson pour la St Valentin. Il mit sa main sur son bras.

« Cela se passera bien, Gin. Tu t'en tireras très bien. Ne te fais pas de souci. »

Elle acquiesça, tendue, ses yeux grand ouverts. Elle avait vraiment peur de jouer devant la foule, réalisa-t-il. Ce n'étaient pas que des paroles…

Après la course, Harry utilisa les douches qu'il utilisait avant d'être préfet. Il n'avait pas particulièrement envie de voir Malfoy avant le match. L'équipe de Griffondor entra dans la grande salle dans ses robes de Quidditch rouges, portant leurs balais (incluant les quatre nouveaux Nimbus 2001 maintenant en possession des Weasley de l'équipe).  Une acclamation vint des tables de Griffondor, Serdaigle et Poufsouffle. Personne ne voulait que Serpentard gagne à part Serpentard. Harry chercha du regard Malfoy et sourit, mais il vit que Malfoy ne le regardait pas lui. Ce dernier fixait Ginny avec étonnement. Il se leva et alla vers Harry.

« Potter ! Nous devons parler ! »

« Alors parles »

Malfoy regarda autour de lui. Tout le monde dans la salle les regardait. Il parla dans un murmure alarmé.

« Qu'est-ce qu'elle fait à porter cela ? »

« Ginny joue aujourd'hui. Katie est à l'infirmerie. Tu voudrais que nous ne jouions qu'à six ? »

« Mais… »

« Vas t'asseoir, Malfoy. Prends un bon petit déjeuner. Ce sera la dernière bonne chose qui t'arrivera aujourd'hui. »

Malfoy fit demi-tour et retourna à la table des Serpentards, la vapeur lui sortant pratiquement des oreilles. Ron regarda suspicieusement Harry.

« Que te voulait-il ? »

Harry le regarda, espérant qu'il n'avait pas l'air aussi coupable que ce qu'il se sentait. « Oh, tu connais Malfoy. Il pensait que nous allions un peu vite en prenant Ginny, comme si nous allions jouer à huit ou quelque chose comme cela. Je lui ai dit que Katie était à l'infirmerie. »

Dès que l'équipe de Griffondor eut fini, elle quitta la salle sous encore plus d'encouragements des autres tables (sauf Serpentard), et puis, la population entière de l'école, à ce qu'il semblait, s'écoula comme un torrent de lave sortant d'un volcan vers le terrain de Quidditch.

Harry alla voir Madame Bibine pour vérifier la possibilité de changer les joueurs de position pendant la partie. Elle consulta 'le Quidditch à travers les âges' de Kennilworthy Whisp, et ne trouva rien. « Rien ne dit que l'on ne peut pas » lui dit-elle. « Pourquoi ? »

« Juste au cas où » lui répondit énigmatiquement Harry. Puis il alla voir Lee Jordan, qui faisait les commentaires du match, et lui dit que Ginny jouerait à la place de Katie. Il eut l'air inquiet.

« Pourquoi ? »

« Elle est dans l'aile de l'hôpital avec une mononucléose. Elle sera probablement remise dès lundi. »

« Elle a QUOI ? » dit-il ses yeux exorbités. Oh-oh, pensa Harry. Il a peut-être embrassé Katie ? Bien bien…

Madame Bibine donna un coup de sifflet. Lee s'assit à côté de MacGonagall, souriant faiblement, encore atterré par ce que lui avait dit Harry. Harry et les autres joueurs de l'équipe se rassemblèrent au centre du terrain, face à l'équipe de Serpentard. Il nota qu'ils avaient ajouté quelques filles pour remplacer les joueurs qui avaient fini leurs études. Pansy Parkinson et Millicent Bulstrode étaient les nouvelles poursuiveuses. Il supposa qu'elles avaient été là le jour où Malfoy l'avait chassé du terrain de Quidditch avec Hermione, mais il n'avait pas noté grand chose de plus que les nouveaux Nimbus 3000. Crabbe et Goyle étaient batteurs. Ca va cogner pensa Harry. Malfoy était encore attrapeur, bien sûr, et maintenant qu'il était capitaine, Harry devait lui serrer la main avant de commencer la partie.

Ils se tinrent face à face pour ce qui parut être un long moment, les yeux dans les yeux, vert émeraude et gris tempête. Puis Harry tendit sa main en premier, et Malfoy, quelque peu lentement envoya sa main à sa rencontre. La peau de Malfoy était sèche et froide, comme s'il avait des problèmes de circulation. Harry fut heureux de pouvoir la relâcher.

Ils montèrent tous sur leurs balais, et quand Madame Bibine donna le signal, quinze balais s'élancèrent dans les airs et la partie commença.

« Angelina Johnson prend la première possession du Souafle. Elle passe à Alicia Spinnet. Gare ! Préfète en chef droit devant. Et Alicia passe à Ginny Weasley, remplaçant aujourd'hui Katie Bell qui est sous la couette.. » s'étrangla Lee. MacGonagall le regarda étrangement.

Harry volait au-dessus de la bagarre en une large ellipse qui couvrait tout le terrain, gardant le fil de l'action mais cherchant aussi le vif. Ginny avait l'air nerveuse quand elle prit le souafle, et puis..

« Oh ! Ginny Weasley a perdu le souafle. Serpentard en possession, Bulstrode passe à Parkinson, de nouveau Bulstrode qui va essayer de marquer...Oui ! Sauvé par Ron Weasley, le nouveau gardien des lions ! »

Ron sourit, tenant la balle rouge au-dessus de sa tête, puis tenant toujours le souafle, il dut effectuer un tonneau pour éviter un cognard que lui avait envoyé Crabbe.

Les Griffondors avaient à nouveau le souafle, mais une fois de plus, Ginny était le maillon faible sur le chemin du but, et les Serpentards prirent à nouveau possession de la balle, bien que Ron les empêcha de marquer une fois de plus. Cette séquence se répéta cinq fois de plus. Harry n'avait pas vu le vif, et il sentait que cela devenait assez fatiguant. Le score était encore vierge.

Harry demanda un temps mort à Madame Bibine. Il se posa à côté d'elle. Malfoy le rejoignit un petit moment plus tard.

« Que prépares-tu Potter ? »

Harry l'ignora et parla à Madame Bibine. « Je veux modifier notre alignement. »

« Quoi ? » vint la réponse indignée de Malfoy. « Tu ne peux pas. Pas de remplacement. C'est la règle. »

« Ce n'est pas un remplacement. Les sept joueurs restent les mêmes. Mais certains vont changer de position par rapport au début. »

Madame Bibine regarda Malfoy. « C'est légal. Allez voir Jordan, Potter, et faites lui annoncer les changements. »

Après que Harry lui ait parlé, Lee annonça « Il y a quelques changements dans les positions que les joueurs de Griffondor vont tenir. Ron Weasley va maintenant jouer poursuiveur, le Capitaine Harry Potter va jouer gardien et Ginny Weasley va jouer attrapeuse. »

Un cri d'étonnement collectif jaillit des spectateurs. Harry n'allait pas jouer attrapeur ? Il se pencha vers l'endroit où les Weasley étaient assis. Mr et Mrs Weasley avaient eu l'air très fier que quatre des sept membres de l'équipe de Griffondor soient leurs enfants. Maintenant ils avaient l'air vraiment choqués que Ginny joue attrapeuse. Charlie, Bill et Percy étaient assis à la rangée devant leurs parents. Les frères aînés échangeaient des regards très au fait, souriant.

Puis Harry vit le visage de Malfoy. Il était furieux. Il le vit articuler les mots je te hais. Harry eut un sourire béat à son adresse. La partie recommença, et c'était comme la nuit et le jour. Ron, Alicia et Angelina  se lançaient le souafle entre eux sans effort. Ron feignit de viser le but sur la gauche du gardien de Serpentard et l'envoya voler directement dans le but sur la droite du gardien.

« Dix à zéro pour Griffondor » cria joyeusement Lee Jordan. Cela se reproduisit encore et encore. Harry commençait à s'ennuyer vraiment en tant que gardien. Les poursuiveurs de Serpentard ne pouvaient pas se rapprocher du souafle, et George et Fred se surpassaient en envoyant les cognards sur les Serpentards qui devaient sans arrêt les éviter pour se protéger.

« Cinquante à rien pour Griffondor »Cria Lee. Puis en un rien de temps, à ce qu'il sembla « Quatre-vingt dix à rien pour Griffondor ! ». Harry eut l'impression de cligner des yeux et Lee proclamait « Cent-vingt à rien pour Griffondor ! »

La foule semblait prise dans une sorte d'hystérie de masse. Les cris et les hurlements semblaient être tout ce que Harry pouvait entendre, mais d'une certaine façon il n'y faisait pas attention. Il remarqua Cho dans les tribunes, proche des Malfoy. Lucius Malfoy s'était tourné pour lui parler. Elle lui souriait. Il souhaitait pouvoir accorder plus d'attention à ce qui se passait entre eux deux, mais soudain, Harry vit un cognard qui fonçait droit sur Ginny. Fred et George fonçaient vers elle, mais Harry pouvait voir qu'ils n'arriveraient pas à temps. Son cœur remonta dans sa gorge, espérant qu'il la manquerait…

Et alors Malfoy descendit en piqué et positionna son balai de façon telle que les brindilles parfaitement ordonnées du Nimbus 3000 prirent le plus gros de l'impact du cognard, protégeant ainsi Ginny. L'impact sur le balai fut si fort que Malfoy fut désarçonné et se rattrapa dans la position du poisson étoile, qui est habituellement une figure de défense du gardien, ou ce dernier se tient à son balai avec une main et un pied enroulés autour du balai en gardant les autres membres tendus. Il réussit tant bien que mal à se rasseoir. Harry pouvait voir que Ginny était furieuse.

« Temps mort ! » cria-t-il à Madame Bibine.

Harry s'élança à nouveau vers l'herbe. Malfoy atterrit à côté de lui un instant plus tard. Madame Bibine avait l'air impatiente.

« Encore un changement de position Potter ? »

« Non, je dois juste parler au capitaine de Serpentard. »

Madame Bibine s'éloigna mais garda un œil sur eux. Harry essaya de parler assez bas pour qu'elle ne l'entende pas.

« Malfoy ! Bon sang ! Que crois tu faire ? »

« Que crois-tu que je fais ? Ce cognard filait droit sur Ginny ! » lui répondit en chuchotant, en colère.

« Tu es capitaine de Serpentard. Agis comme tel ! Ginny est ici pour gagner, comme le reste d'entre nous. Si elle croit que tu ne te conduis pas rigoureusement parce que…bien, si tu ne te conduis pas rigoureusement, elle ne te reparlera jamais. Je peux te le garantir. Elle est trop fière pour cela. Et je vais te dire autre chose Malfoy, je ne l'ai pas prise pour te déstabiliser. C'est juste un effet de bord. Je l'ai prise parce qu'elle est vraiment forte, et parce que grâce à elle, nous allons gagner. Et PAS parce que tu essayeras d'être gentil avec elle. Ce n'est pas le moment d'être gentil. C'est la guerre.  Je te remercierai de te souvenir dans quel camp tu es. Personne ne va dire que nous avons gagné ce match parce que tu nous l'as laissé. Je ne vais pas te le laisser pourrir de cette manière. »

Malfoy le fixa, puis leva les yeux vers Ginny. Harry regarda aussi. Les cheveux de Ginny sortaient de sa tresse, et ses yeux avaient l'air furieux. Elle était plus en colère que Harry ne l'avait jamais vue.

« Maintenant tu me crois ? Si le regard pouvait tuer… »

« Oui, j'ai saisi. Tu danserais sur mon cadavre maintenant. »

« Vas-tu jouer pour gagner maintenant ? »

Malfoy contracta sa mâchoire. « Tu vas voir. »

Harry sourit. « Je n'ai pas dit que tu allais gagner. »

Ils décollèrent à nouveau, et Madame Bibine siffla pour recommencer la match.

Ron, Alicia et Angelina marquèrent quarante points de plus. Cela faisait maintenant cent-soixante à zéro. Même si Malfoy parvenait miraculeusement à attraper le vif avant Ginny, ils gagneraient quand même la partie. Harry volait en petits cercles devant les buts, dans un sens, puis dans l'autre, pour éviter d'avoir la tête qui tourne. Puis, il vit le vif. Il flottait à un pied ou deux du sol près du but du milieu de Serpentard. Cela le démangeait de l'attraper, mais il savait qu'il n'oserait pas. Ce serait une faute appelée Vifmort. Seul l'attrapeur avait le droit de le toucher. Il leva les yeux et réalisa qu'il n'avait pas de souci à se faire. Ginny plongeait droit sur le vif, Malfoy essayant de tourner au milieu car il allait dans la direction opposée. Il n'y avait aucune chance qu'il réussisse à l'avoir avant elle, bien qu'il ait l'air d'essayer. Dans les secondes qui suivaient, Ginny volait en rond autour du terrain en brandissant le vif au-dessus de sa tête, la foule rugissait son approbation, Lee Jordan beuglait.

« ET GINNY WEASLEY A LE VIF ! GRIFFONDOR GAGNE PAR TROIS-CENT-DIX A ZERO ! »

C'était sans précédent. Serpentard n'avait pas marqué un point. Harry et le reste de l'équipe volèrent vers Ginny. Ils se posèrent tous dans un enchevêtrement de bras et de jambes, tout le monde prenant tout le monde dans les bras, Ron et Harry, Ron et Alicia, George et Angelina (bien que tout le monde ne s'embrasse pas comme cela), Fred et Ginny, et puis, finalement Harry se retrouva face à elle. Elle était plus belle que jamais, ses yeux brillants, son visage rayonnant, ses cheveux au vent. Il lui sourit et jeta ses bras autour d'elle, puis l'embrassa bruyamment sur la bouche, rapidement, avant qu'il ne perde tout contrôle. Elle le regarda, bouche bée, tandis que la foule les bousculait et les séparait à nouveau, les accolades se reproduisant avec d'autres combinaisons. Harry se tourna et se retrouva face à face avec Hermione. Elle était livide. Elle lui écrasa son pied gauche assez fort et tourna sur ses talons, écartant les gens de son passage. Harry hurla et commença à sauter sur un pied, ses yeux resserrés par la douleur. Quand il les ouvrit à nouveau, son pied le lançant, il réalisa que personne n'avait remarqué. Attends…Il s'était trompé, Malfoy le regardait directement avec un sourire narquois. Il pense c'est drôle pensa Harry.

Mais ensuite, il put voir que Malfoy avait très peu de raisons de continuer à sourire. Rogue et Lucius Malfoy et plusieurs de ses coéquipiers l'entouraient, les voix s'élevaient. Harry pouvait voir Malfoy agiter ses mains en vain, secouant sa tête et haussant ses épaules. Harry se souvint que Rogue était au courant pour Malfoy et Ginny. Il le suspectait probablement d'avoir volontairement laissé filer la partie. Harry bouillait de colère. Il ne laisserait pas les gens penser que c'était la seule façon qu'ils avaient de gagner.

Harry ne savait pas pourquoi, mais il marcha droit vers les Serpentards en colère qui s'étaient rassemblés autour de Malfoy. Il entendait des choses comme « Laisser une fille te battre.. », Il écarta la foule jusqu'à se retrouver nez à nez avec lui. Un silence soudain s'abattit. Draco Malfoy se tenait devant lui, le visage de marbre. Harry lui tendit sa main. « Belle partie Malfoy ». Malfoy prit sa main mais la lâcha rapidement. Il ne dit rien alors Harry continua à parler. « Je savais que nous te surprendrions avec Ginny. Tu n'avais aucun moyen de savoir à quel point elle était douée. Je ne le savais pas moi-même jusqu'à ce que je joue avec elle chez les Weasley cet été. Même Charlie m'a dit qu'il ne l'avait jamais battue. » Il laissa tomber cela en public : le grand attrapeur Charlie Weasley n'avait jamais battu sa petite sœur ? entendit murmurer Harry. « Et en rajoutant Ron à cela, bien…tu n'avais aucun moyen de savoir. Tu n'avais jamais joué contre l'un d'eux avant, n'est-ce pas ? »

Malfoy le regarda avec gratitude. Harry en accusa réception avec un signe de la tête, puis se tourna pour partir. Il croisa le regard de Lucius Malfoy un instant. C'était le regard le plus glacial qu'il ait jamais vu. Il se sentit comme s'il avait bu de l'eau gelée. Il détourna son regard du père de Malfoy, et retourna vers la foule joyeuse des supporters de Griffondor, souriant et anticipant la fête qui aurait lieu dans la salle commune. Mais ensuite il se souvint…Cho parlait à Lucius Malfoy durant le match. Il se tourna pour la chercher. Etrange. Elle était encore dans son siège, regardant dans le vide. Personne d'autre n'était assis autour d'elle. Tout le monde était sur le terrain à faire la fête ou avait commencé à regagner le château.

Il monta dans les gradins, l'approchant lentement, avec précaution. Elle ne bougeait toujours pas. Le cœur de Harry battait douloureusement. Allait-elle bien ? Que lui avait fait Malfoy ?

Mais quand il se tint finalement à côté d'elle, elle sembla soudain revenir à la vie. « Oh ! Bonjour Harry. Belle partie ! Félicitations ! »

Il la regarda, les sourcils froncés. Elle faisait comme si de rien n'était, et cependant elle était pratiquement dans un état catatonique la seconde d'avant. Il s'assit à côté d'elle. « Tu vas bien ? »

« Bien sûr. Pourquoi donc ? » Il la fixa encore, se demandant s'il y avait du souci à se faire. La mettait-il en danger ?

Elle avait l'air préoccupée maintenant. « Harry ? Quelque chose ne va pas ? Je peux te donner un baiser de félicitations ? »

Harry essaya de se débarrasser de ce sentiment de malaise. Il lui sourit faiblement comme elle se rapprochait. Quand leurs lèvres se rencontrèrent, elle fondit en lui d'une manière qu'elle n'avait jamais faite avant. Avant, il avait toujours trouvé ses baisers quelque peu mécaniques et chorégraphiés. Celui-ci était différent, celui-ci était…

Harry s'agrippa à elle, sentant ses mains passer dans ses cheveux. Il entrouvrit ses yeux. Le terrain de Quidditch était déserté. Il ne restait plus personne pour les voir. Il ferma à nouveau ses yeux, essayant de se rappeler que c'était une bonne chose que Krum et elle semblent bien s'entendre, afin que la mascarade s'achève bientôt. Est-ce ce que c'est ? se demanda Harry. Un baiser coupable ? Si c'était cela, elle y était très bonne.

Harry était content qu'il ne soit pas supposé déjà la maltraiter. Il y avait quelques fantômes de doute dans le fond de son esprit, mais il les repoussa. Celui qui ressemblait à Ginny était un peu plus dur à repousser que celui qui ressemblait à Hermione. Ginny n'avait pas essayé de le rendre boiteux. Il abandonna les doutes et la culpabilité, et devint pour un moment, juste un adolescent de quinze ans embrassant sa petite amie…

* * * * *