Bonjour, et en avant pour le seizième chapitre. Il est un peu plus gros que les autres, et il faudra donc que vous vous en contentiez pendant une grosse semaine avant le prochain. Ah les vacances… Question : vous pensez que ce chapitre est un de ceux qui font que ca vaut un rating en R ?

Harry Potter and the Psychic Serpent

Chapitre seize

La fête avant Noël

Le dernier jour du trimestre, Ron devait présenter son essai sur 'La Tempête'. Harry avait fait un travail passable dessus, mais sincèrement, il avait trouvé la pièce trop impénétrable. Hermione avait écrit sur Miranda, se concentrant principalement sur son exclamation « Oh brave new world ! » et sa nouvelle conscience des hommes. Maugrey l'avait aimé, mais Hermione, nota Harry, était très rouge durant tout le temps de sa lecture, qu'elle fit d'une voix rapide et haut perchée, le faisant si vite que Harry n'était même pas sûr d'avoir tout saisi.

Ron était encore en train de travailler sur son essai la veille à deux heures du matin, le polissant. Tous les autres étaient allés au lit. Harry tenait compagnie à Ron afin qu'il ne s'endorme pas. Il avait essayé de regarder par-dessus son épaule, l'air de rien à une ou deux reprises, pour avoir un aperçu de ce qu'il avait écrit, mais ce ne fut pas possible. Ron le regarda calmement.

« J'ai mis un charme sur mon parchemin afin d'être le seul à pouvoir lire ce qui est écrit dessus. Alors fous le camp Harry. Je le dit style oui-tu-es-encore-mon-meilleur-ami et merci-d'être-resté-debout-avec-moi, mais bon…dégage. »

« Comment va le lire Maugrey alors ? » voulut savoir Harry.

« J'enlèverai juste le sort. Ou…qui sait ? peut-être que son œil étrange peut voir à travers les enchantements comme à travers les murs, les bureaux ou les vêtements… »

« Les capes d'invisibilité… »

Ron lui sourit. « Heureusement pour toi, le vrai Maugrey aime dormir. Mais... je peux te demander quelque chose ? »

« Quoi ? »

« Pourquoi cela t'as-t-il pris quatre nuits pour nettoyer les trophées quand je l'ai fait en une seule quand j'avais douze ans ? »

La bouche de Harry allait dire quelque chose, mais il réalisa qu'il n'avait aucune idée de ce que ce serait et il la referma. Puis il eut une pensée, une question qu'il voulait lui poser, et il décida de tenter sa chance.

« Ron, si tu pouvais choisir une fille dans cette école pour qu'elle soit ta petite amie, qui serait-elle ? »

Maintenant Ron secouait sa tête. « A quoi joues-tu Harry ? Tu n'as pas répondu à ma question ? »

« Si tu réponds à la mienne, je réponds à la tienne. »

Ron grimaça. « Harry, je ne vais pas embellir cela avec… »

« Ron, écoutes... OK. Tu sais probablement que je te demande cela parce que…je pense que je sais déjà la réponse. »

Ron eut l'air hautement offensé, et souleva ses sourcils « Oh, tu crois ? »

Harry haussa les épaules « Prouve moi le contraire. »

Le visage de Ron s'assombrit. « Harry, je… » mais il chancela. Puis il se leva et marcha dans la pièce, passant sa main dans ses cheveux roux brillants, ayant par moment l'air d'essayer de s'en arracher une touffe par frustration.

« Je ne veux pas que les choses changent ! » laissa-t-il finalement échapper. « Pourquoi est-ce que les choses ne peuvent pas rester les mêmes ? Pourquoi ? »

« Parce qu'elles ne peuvent pas » dit calmement Harry. Il regarda Ron, dont la respiration s'était accélérée comme s'il venait de courir un marathon. « Pourquoi ne peux tu pas… juste lui dire ? »

Ron leva des yeux terrifiés vers Harry « Parce que je ne peux pas. Non, je ne peux pas ! »

« Pourquoi ? »

« Pourquoi ? Parce qu'elle devra soit dire oui, soit dire non. Et si elle dit non, que se passera-t-il ? »

« Et si elle dit oui ? »

Ron le regarda avec compassion. « Alors quelque chose d'autre changerait. » Moi pensa Harry. Il pense à moi, à moi étant laissé de côté.

« Et si elle dit oui » continua Ron, « mais que tout vire au cauchemar ? Que se passera-t-il ? »

Harry haussa encore les épaules. « Alors tu auras essayé. »

Ron secoua sa tête avec véhémence. « Ce n'est pas bien. Pas bien ! C'est trop tôt. Nous sommes si jeunes ! Pourquoi ne pouvons nous pas… »

« Avoir douze ans à jamais ? » finit Harry. « C'est trois ans trop tard pour cela. »

Ron le regarda, misérablement. « Pourquoi est-ce que cela doit changer ? » chuchota-t-il.

Harry le regarda, sérieux. « Tu sais, elle ne va pas attendre pour toujours. »

Ron tourna brusquement sa tête. « Qu'est-ce sensé signifier ? »

Harry le regarda dans les yeux, sans trembler. « Cela signifie ce que cela signifie. »

Ron eut un regard perçant. « Pourquoi as-tu commencé à me demander tout cela ? »

Le regard de Harry ne se déroba pas au sien. « Traite moi d'idiot, ou d'optimiste ou ce que tu veux, mais je pensais que si je demandais, j'aurais vraiment une réponse.  Voilà ce que je sais. »

Ron le fixait encore, comme s'il essayait de lire dans son esprit. Puis il retourna à la table et rassembla son parchemin, ses plumes, son encre et son anthologie. Il regarda à nouveau Harry dans les yeux avant de commencer à monter l'escalier de leur dortoir.

« Cette conversation n'a jamais eu lieu. » dit-il d'une voix presque menaçante. Puis il grimpa rapidement les marches.

Harry le regarda partir, incrédule. Comment pouvait-il être si borné ? se demanda-t-il. Ils avaient tous trois été inséparables depuis Halloween de leur première année, quand ils avaient sauvé Hermione du troll de montagne. Mais…deux garçons et une fille, ils grandissaient…quelque chose était obligé de changer.

Harry avait pensé qu'il pourrait amener Ron à parler à Hermione. Ensuite il aurait put s'incliner et arrêter de se sentir si coupable. Mais Ron avait refusé de grandir, d'admettre qu'ils avaient tous grandi. Pourquoi devait-il être si difficile ?

En même temps…il était content d'avoir dit à Ron qu'elle n'attendrait pas pour toujours. Ron avait été averti. Harry pouvait continuer avec une conscience nette (presque). Il avait donné à Ron l'ouverture parfaite, et ce dernier l'avait refusée.

Mais quelque chose chiffonnait Harry dans le fond de son esprit, et soudain, il réalisa ce que c'était : Rogue avait dit à Sirius que son père n'avait pas pu dire à sa mère ce qu'il ressentait pour elle, mais quand il l'avait surmonté et le lui avait dit, elle avait quitté Rogue pour son père. Qu'allait-il lui arriver ? se demanda Harry. Si Ron disait finalement quelque chose, partirait-elle simplement ? Il se secoua, gravement, essayant d'arrêter cette traînée de pensées. L'arrêter. L'arrêter…

Et puis il réalisa... Ils avaient eu toute une conversation sur Hermione, mais…

Aucun des deux n'avait une seule fois dit son nom

* * * * *

«Weasley ! » grogna Maugrey. Ron leva ses yeux. C'était la dixième fois qu'il relisait son essai ce jour-là. Il se leva mal assuré, et alla devant la classe. Il avait l'air étrangement détaché comme il lisait les mots que lui seul pouvait voir sur son parchemin.

« Ariel et Caliban sont les deux faces d'une même pièce : Prospero. Ariel est la personnification du côté le plus noble de Prospero, s'efforçant de trouver la connaissance, évitant le confort physique et les ambitions politiques. Caliban est son côté le plus bas, exprimant la même rage, la même jalousie et le désir de revanche sur l'usurpation de ses droits par Prospero sur l'île, comme Prospero l'exprime à Miranda quand il décrit Antonio usurpant le duché de Milan. »

« Ils sont tous deux ses esclaves, et quand chacun se plaint de cela, Prospero est prompt à la colère et leur rappelle pourquoi il mérite la gratitude et l'obéissance, et non le ressentiment.. »

« Mais étant un esprit trop délicat pour exécuter ses volontés terrestres et abhorrées comme tu te refusas à ses grandes conjurations, aidée de serviteurs plus puissants, et possédée d'une rage implacable elle t'enferma dans un pin éclaté, dans la fente duquel tu demeuras cruellement emprisonné pendant douze ans. » [NDT : traduction M. Guizot, œuvres complètes de Shakespeare, 1864]

« C'est comme si Prospero décrivait lui-même son propre emprisonnement de douze ans. Il était 'un esprit trop délicat / pour exécuter ses volontés terrestres et abhorrées (La grande déesse politique). Son pin fendu était sa bibliothèque à Milan, puis l'épave, et finalement l'île. »

« Mais Ariel n'est cependant pas libre parce que Prospero n'est pas libre. Il est l'esclave de ses instincts les plus bas : la jalousie, la rage et le désir de revanche, sans mentionner un désir incestueux pour sa fille. Ce côté de Prospero (personnifié par Caliban) doit être asservi par lui afin qu'il puisse tenter d'éviter qu'il ne le domine. »

« Prospero veut que Caliban lui soit reconnaissant de l'avoir éduqué et civilisé, mais il a clairement eu autant de succès que s'il avait essayé d'apprendre à lire à son propre pénis. Peut-être que c'était à l'origine de sa passion pour les livres à Milan. »

Parvati réprima un petit rire sot, et Hermione était écarlate. Lavender fixait Ron la bouche grande ouverte, ses lèvres humides, ses yeux vitreux. Ron continua à lire, sans y prêter attention.

« Sa condamnation de la tentative de viol de Caliban sur Miranda a davantage des relents de jalousie que de protection paternelle, et en fait, la colère est plus dirigée vers lui-même que vers Caliban, dans une tentative de garder ses propres désirs errants sous contrôle. »

« Ariel sert les besoins spirituels de Prospero : il chante, joue des tours aux gens, et est habituellement invisible… pas vraiment de ce monde. Caliban sert les besoins physiques de Prospero… Faire le feu, chercher le bois, fournir la nourriture et ses autres aises. La présence physique de Caliban est l'antithèse de celle d'Ariel. Il est appelé un monstre. Il vit gentiment pour son titre. Prospero ne nie plus ses besoins pour le confort physique, comme il le faisait quand il encollait ses livres à Milan, mais il ne l'aime pas pour autant. »

« A la fin, Prospero montre tous les signes du retour à la vie purement intellectuelle qui le conduit à perdre le contact avec les autres humains. Ariel est libéré de son service parce que Prospero va maintenant jouer lui-même ce rôle. Caliban est aussi libéré, mais cela semble être parce que, même après douze années, Prospero n'est pas venu à bout de cette partie de lui-même, et n'y arrivera probablement jamais. »

La classe applaudit par politesse. Toutes les filles avaient l'air stupéfaites. Parvati se faisait de l'air avec un bout de parchemin plié, la sueur brillant sur sa lèvre supérieure. Hermione était assez écarlate, et son souffle ne semblait pas vraiment normal. Lavender avait simplement l'air hypnotisée.

Maugrey frappa sa jambe de bois sur le sol. Bon, pensa Harry. Répression, un grand moment. Ron savait vraiment ce dont il parlait… Il était la personnification vivante et parlante de la répression. C'était son hobby.

Et cependant, l'effet que son essai aux mots si francs avait eu sur les filles était remarquable. Elle semblaient toutes aussi peu réprimées que Harry avait jamais pu les voir. Il suspectait fortement que si personne d'autre n'avait été présent, elles auraient toutes déchiré les vêtements de Ron et l'auraient attaqué.

La réponse de Maugrey à l'essai de Ron fut énigmatique. « Excellent ! » aboya-t-il « Cela nous a donné à tous beaucoup de nourriture pour l'esprit. ». Pour sûr, pensa Harry, pour sûr…

* * * * *

Ils retournèrent tous dans la salle commune après les cours. L'essai de Ron sortit directement de sa tête comme une vague d'excitation voyageait à travers les élèves rassemblés là. Harry ne pouvait pas voir ce qui se passait, la conversation étant un babil inintelligible. Finalement, il remarqua que de petites feuilles de parchemin passaient à travers la foule. Elles devaient avoir été magiquement dupliquées, car elles disaient toutes la même chose :

NOËL

FÊTE ! FÊTE ! FÊTE !

Samedi 23 décembre

No 2 Floor Alley

Pré-au-lard

(Maison de la grand tante de Katie Bell)

10 am - 4pm

NON OFFICIELLE

N'EN PARLEZ PAS AU PERSONNEL DE L'ECOLE

AVPB

(Apportez vos propres bièraubeurres)

« Une fête, eh ? » dit George en passant son bras autour de la taille d'Angelina. « Non officielle ? » chuchota-t-il dans son oreille, mais pas très doucement. Angelina le regarda dans les yeux.

« Si je comprends bien tu veux y aller ? » dit-elle avec un ton un peu espiègle.

« Essaye de m'en empêcher. » dit George, en souriant. Angelina passa son bras autour de son cou.

« Pas dans cette vie. » Elle embrassa son oreille et cela avait l'air de n'être que le début.

Fred leur jeta un coussin. « Trouvez une chambre ! »

Angelina jeta sa tête en arrière et eut un rire guttural. « C'est dans nos plans ! »

Harry se sentit rougir. Oh. Cela allait être cette sorte de fête. Il jeta un regard de côté à Hermione. Elle ne regardait pas dans sa direction. Il se tourna de l'autre côté vers Ron, qui tenait l'un des parchemins, le fixant et ayant l'air d'essayer d'avaler un cognard.

Tout ce dont tout le monde put parler le restant de l'après-midi fut la fête. Harry et Ron étaient en train de jouer aux échecs pendant que Hermione regardait. Ils essayaient tous très fort d'ignorer la conversation sur la fête. Puis soudain, Harry ouvrit ses yeux en grand. Il pouvait prendre la reine de Ron ! Il regarda à nouveau l'échiquier. Ron avait clairement déplacé sa dame pour prendre le fou qui protégeait son roi. Et s'il prenait la reine avec son fou, serait-il ensuite vulnérable ? Harry vérifia. Le chevalier de Ron était proche, mais cela lui prendrait…il compta avec attention…six mouvements en L pour prendre son roi. Il n'était qu'à deux carrés en diagonale, mais par chance, il ne pouvait pas se déplacer diagonalement. Tandis que si Harry prenait la reine de Ron… il aurait le roi de Ron dans sa ligne de mire.

Harry sourit, déplaçant son fou et prenant sa reine. Elle quitta l'échiquier en criant et en ruant. Il regarda Ron dans les yeux.

« Echec. »

Ron fixait le plateau. Son roi était protégé par un fou sur le carré noir à côté de lui. Il ne pouvait pas atteindre le fou de Harry avec. Il y avait aussi un cavalier directement devant le roi, que Ron bougea maintenant d'un carré en partant du roi, et de deux autres de telle façon qu'il était maintenant sur le chemin entre le fou de Harry et le roi de Ron.

« Juste de la chair à canon, c'est tout ce que je suis, complètement remplaçable… » marmonna le cavalier comme il se déplaçait vers sa nouvelle position. Harry le prit immédiatement avec son fou et dit encore…

« Echec. »

Ron fronça ses sourcils. Hermione fixait l'échiquier, puis se leva excitée.

« Non Harry, ce n'est pas échec. C'est échec et mat ! Tu …Tu as gagné Harry ! »

Harry et Ron fixaient le plateau. Le roi de Ron, s'il ne bougeait pas, allait être pris par le fou de Harry. S'il le bougeait, le roi serait pris soit par un cavalier, soit par la dame de Harry. En entendant la déclaration d'Hermione, Ginny vint voir, suivie par Seamus, Fred, Lee et les autres. Ron leva les yeux, surpris de voir tant de monde autour d'eux.

« Bien », dit-il catégoriquement, « je suppose que cela a été le début de la fin quand tu m'as pris ma dame. » Harry se sentait comme s'il avait tué Ron. Il essaya de croiser son regard mais celui-ci refusa.

« Waou, Harry, cela faisait combien de temps que tu essayais de battre Ron ? » rit Seamus.

« C'est ce qu'il faut faire, Harry » dit George.

« LA FERME ! » dit soudain Harry, plus fort que ce qu'il avait voulu. Tout le monde avait, marmonné, parlé et rit au sujet de la partie et de la fête… mais maintenant le silence était total. Parfois, pensa Harry, cela vaut le coup d'être l'enfant-qui-a-survécu. Il se leva et passa par le trou du portrait sans regarder personne. Quand il fut dans le couloir, il ne put faire que deux pas avant de devoir s'appuyer contre le mur et de s'effondrer sur le sol de pierre froide, sa tête dans ses mains. Il allait perdre Ron. Il le savait. Il allait perdre son meilleur ami.

…quand tu as pris ma dame…

Soudain le portrait s'ouvrit. Ginny en sortit.

« Oh Harry, tu es ici. Je suis contente que tu ne sois pas parti très loin. Est-ce que cela va ? » Elle s'assit à côté de lui. Il soupira et regarda le plafond.

« Non, pas vraiment. »

Elle colla ses genoux et posa son menton dessus. « Hmm. C'est différent. La plupart des gens disent oui, que cela aille ou pas. »

« Je n'ai pas envie d'embellir le tableau en ce moment. » dit-il irrité, regardant ses mains.

Ils restèrent assis en silence un moment. Il avait sentit au début qu'il voulait vraiment être seul, mais maintenant, il était reconnaissant de sa présence à son côté, juste être là. Puis elle parla doucement.

« Tu sais, Harry, je ne t'ai jamais remercié… »

« Pour quoi ? » dit-il d'un ton plus cassant que ce qu'il voulait. Evidemment, Ginny décida de fermer les yeux la-dessus.

« Pour m'avoir suggéré d'envoyer une chouette à Draco. Le lendemain du match. Il avait vraiment besoin de moi, mais il avait peur de me demander de venir… »

« Il n'a pas eu peur de te garder dans le donjon de potion tout l'après-midi. » Grogna Harry d'une voix sourde.

« Oh, nous n'étions pas dans le donjon de potions. »

Harry secoua sa tête. « Je lui ai expressément dit qu'il ne pouvait te voir que dans le donjon de potions… »

« Quand j'ai envoyé la chouette » l'interrompit Ginny « J'ai regardé pour voir où elle volait. Elle est directement allée à l'aile de l'hôpital. Je suis allé m'asseoir avec lui, à son chevet, et je lui ai fait la lecture. »

Tout ce que Harry put dire à cela fut « Oh. »

Ginny soupira et acquiesça. « Madame Pomfresh a du lui donner beaucoup de calmants. Et de ce sirop qu'elle fait avec les feuilles de figuier, pour les contusions. »

« Les contusions ? »

« Sur ses bras ? Son père n'était pas très content après le match. »

Harry fronça les sourcils. « Qu'a fait son père ? »

« Le sort de Passus. C'est un peu comme le sort de Cruciatus, mais c'est légal. Pas aussi douloureux. Et on ne peut pas juste pointer sa baguette sur quelqu'un et dire 'Passus'. On doit le combiner avec une partie spécifique du corps ou un organe, comme 'Brachio suo passus est'. Et cela ne dure pas trop longtemps…seulement quelques secondes. C'est un peu comme être poignardé ou piqué vraiment très fort dans la partie nommée. Mais si on le fait à plusieurs reprises, comme le père de Draco l'a fait, on peut avoir de nombreuses contusions et la douleur peut vraiment s'accumuler. »

Harry grimaça. « C'est pour cela, il veut que Maugrey commence à nous apprendre la séparation esprit/corps »

Elle acquiesça. « Il m'en a parlé. »

Harry la regarda un moment, perplexe. « Je crois que je ne comprends vraiment pas, Ginny. Comment vous deux êtes-vous devenus amis, sans parler de… »

« Un peu plus. »

« Oui. » Harry s'arrêta. « Um, Ginny…Combien plus ? »

Elle ne voulut pas le regarder « Seulement un petit peu plus. »

« Il…Il ne te met pas la pression… »

Cette fois, elle le regarda. « Non, Harry. Nous sommes tous les deux conscients du fait que l'âge de consentement pour les sorciers est de quinze ans… »

Il était encore soucieux. « Et il est conscient du fait que tu vas avoir quinze ans dans quelques mois ? »

Elle détourna à nouveau son regard. « Nous n'en avons pas parlé. Nous... nous ne sommes pas près de parler de telles choses, Harry. Fais moi confiance, s'il te plait ? Je peux prendre soin de moi-même. Je ne laisserai jamais quelqu'un me faire faire quelque chose que je ne veux pas. »

Harry mit sa main sur son bras. « C'est de Draco Malfoy dont nous parlons. »

« Tu dis cela de ce que tu sais de lui, Harry. Tu ne sais pas grand chose. Peut-être…peut-être que personne ne sait… »

Elle regardait à nouveau le mur, comme si se fixer sur quelque chose de vierge l'aidait à se concentrer, à se souvenir de tous les détails.

« C'était au début du trimestre. Après l'herbologie, j'aidais le professeur Chourave à apporter quelques plants d'asplénium à l'aile de l'hôpital. Elle disait que c'était pour Madame Pomfresh pour faire la potion de Prophylaxis, quoique ce soit. Elle agissait étrangement, disait qu'elle pensait que Madame Pomfresh ne devrait pas la donner comme cela aux filles qui la demandait. Puis elle m'a regardé et m'a dit que bien sûr, j'étais une bonne fille, et que je n'en aurais jamais besoin. Je n'ai pas cherché à en savoir plus cependant, bien que j'y ai pensé. »

Harry se souvint qu'il avait couvert les aspléniums en herbologie en octobre. Ils étaient généralement utilisés pour faire de médicaments pour le foie et les infections de la rate, mais ces traitements ne pouvaient être utilisés que sur les hommes parce qu'on croyait que cela provoquait la stérilité chez la femme. Ce n'était pas vraiment le cas, pas en permanence, mais Harry pouvait deviner ce pour quoi la potion de Prophylaxis était, si Chourave parlait de Pomfresh en donnant aux filles.

« En tous cas, quand nous sommes arrivées à l'infirmerie avec notre convoi d'aspléniums en lévitation, Il y avait Draco, dormant dans un des lits, il était le seul patient, et il avait cet air horrible. Je ne pouvais rien voir de mauvais sur lui, mais il tressaillait dans son sommeil quand il bougeait. Le professeur Chourave était partie, et Madame Pomfresh rangeait les plantes dans son bureau. J'allais partir quand je l'ai entendu crier dans son sommeil. »

« A-t-il dit quoique ce soit sur la façon dont il a été blessé ? »

« Pas exactement. Il a dit... Il a dit… »

« Quoi ? »

« Maman. »

Harry rit, et Ginny fit de même, un peu, mais il put voir qu'elle s'arrêtait. « Bon Harry » le réprimanda-t-elle. « Nous faisons tous cela. Je suis sûre que... que tu as déjà appelé ta mère. »

Harry se calma, baissant les yeux, puis la regarda à nouveau. « C'est trop vrai. »

« A n'importe quel prix, il semblait…avoir besoin de quelqu'un. Je suis allée vers lui. Il disait 'Maman' encore et encore et puis il dit 'Fais le s'arrêter, maman'. J'ai pris sa main et je lui fait chut, je lui ai dit que sa mère était là. Il s'est calmé, et est retourné à un sommeil plus paisible. Il n'a jamais ouvert ses yeux, n'a jamais su que sa mère n'était pas vraiment là. Après un moment, j'ai enlevé ma main de la sienne et je suis partie. Il avait l'air si… »

« S'il-te plait, ne dit pas joli, ou mignon ou craquant ou quelque chose comme cela, sinon je ne pourrai rien avaler d'une semaine. »

« Perdu. Seul. » dit-elle finalement.

« Alors s'il n'a jamais su que tu étais là, je ne comprends toujours pas comment… »

« Bien, nous semblions toujours nous trouver au même moment dans le donjon de potions pour faire du travail supplémentaire. Je… J'admets que je le regardais furtivement pendant que je travaillais. Après ce jour dans l'infirmerie, j'étais…curieuse à son sujet. Il était habituellement assez méchant avec moi en fait. Il m'appelait Weasley, faisait des remarques cinglantes sur la pauvreté de ma famille. Tu sais. Du Draco Malfoy millésimé. »

« Que ne le sais-je pas. »

« Finalement, un jour, j'ai tout lâché. Je lui ai dit 'Bien, au moins mon père ne m'envoie pas à l'hôpital, et si j'étais à l'hôpital, ma vraie mère viendrait et me tiendrait la main. » Elle sourit. « Il ne savait pas de quoi je parlais. Il m'a dit que j'étais folle. Je lui ai dit que j'avais été là quand il criait 'Maman, Maman. Dis-lui d'arrêter, Maman' et que je lui avais tenu la main et dit que sa mère était là. Il eut l'air choqué. 'C'était toi' a-t-il dit. Mais j'étais si en colère après lui que je ne pouvais cependant pas m'arrêter. Je lui ai dit que dans notre famille, qu'il insultait toujours, nous prenions soin les uns des autres, nous n'avions pas peur de montrer nos sentiments… »

Harry eut le visage qui se décomposa, regardant ailleurs pour qu'elle ne puisse pas le voir. Il pensait à Ron.

« Je lui ai demandé qui il pensait être, pourquoi il insistait tant à faire croire aux gens qu'il n'avait pas de sentiments, pas d'âme ? Je lui ai dit 'Pas étonnant que personne ne t'aime'. Dès que je l'avais dit, je voulu me mordre la langue. Je ne pouvais pas croire que j'avais dit une chose pareille. Il avait l'air…Je me sentais si mal de lui avoir fait…de faire prendre à n'importe qui… un air comme le sien. Et il a juste dit, 'Bien, tu as exprimé tes sentiments, d'accord.' et il est parti. »

« Whew ! » souffla Harry. « Rien de tel que de lier une amitié avec quelqu'un que par une bonne dispute. »

« Hé bien, je ne dirais pas exactement que nous étions amis à ce moment là. Mais la fois suivante où nous étions tous les deux dans le donjon au même moment…Il a été poli avec moi. Nous avons parlé de notre travail, et de ce que nous faisions en classe. Une vrai conversation. Il a rit, et ce n'était pas aux dépends de quelqu'un d'autre. Quelque chose avait changé, d'une façon ou d'une autre. Nous étions en chemin pour devenir amis. Et maintenant… »

Elle s'arrêta, regardant dans le vide, puis un sourire se dessina sur son visage et elle rosit légèrement. « Tu sais ce que je lui lisais, le lendemain du match ? »

« Quoi ? »

« Le vent dans les saules. »

Harry rit « Tu plaisantes. »

« Pas du tout. » Elle souriait encore. « Il a toujours aimé lire le vent dans les saules quand il était malade. »

Harry songea un moment. « Bien, je peux le voir s'identifier grandement avec Toad. Toad Hall serait l'équivalent du Manoir Malfoy, je suppose. » Il la regarda de plus près. « Que lis-tu quand tu es malade ? » voulut-il savoir.

« C'est le point intéressant. Comme Draco, j'aime lire les livres pour enfant. J'ai toujours eu une préférence pour 'The House at Pooh Corner', J'ai toujours senti une certaine proximité avec Piglet… »

« Piglet ? »

Elle se leva . « Ne te moque pas de moi. » Elle regarda sa montre. « Nous devrions aller manger avant la ruée. Quel est le tien ? »

« Mon quoi ? »

« Ton livre d'enfant favori. »

Harry baissa la yeux, puis la regarda à nouveau. 'Charlie et la chocolaterie'. Il commença à se lever en hésitant, mais ensuite elle lui tendit sa main et l'aida. Elle acquiesça, d'un air entendu.

« La famille de Charlie était terriblement pauvre, mais il avait une famille.. »

« Deux parents, quatre grands-parents. » sourit Harry.

« C'est probablement le dernier livre que Ron choisirait » dit Ginny. « Maintenant celui d'Hermione serait probablement …Mathilda. »

« Tu as mis le doigt dessus ! Et c'est un bon livre, mais ces Wormwoods… » Harry avait l'air d'avoir avalé une dragée surprise au goût poubelle.

« un peu trop comme les Dursley ? Je suppose alors que tu n'aimais pas James et la pêche géante ? »

« Oh, pas du tout. J'aimais assez la partie où la pêche roulait par-dessus tante Sponge et tante Spiker. Après que Dudley ait commencé son régime l'an passé, j'avais des rêves similaires avec mon oncle, ma tante, et un raisin géant… »

Ils descendirent tous les deux pour le dîner en riant.

* * * * *

Le train ne quittait pas Pré-au-lard avant cinq heures de l'après-midi, alors les élèves qui allaient à la dernière sortie à Pré-au-lard du trimestre avaient envoyé leurs bagages à la gare après le petit déjeuner. Hermione avait fait inviter Cho par Harry à la fête durant le dîner de la veille. Elle avait envoyé une chouette à Viktor, lui donnant l'adresse du cottage où se tenait la fête. Ils auraient une autre opportunité de mettre les deux ensemble. C'était principalement une fête avec des Griffondors, mais quelques étudiants des autres maisons seraient là. Harry espérait qu'il pourrait passer aussi peu de temps que possible avec Cho Chang.

Harry, Hermione, Ron, Ginny et Cho descendaient vers le village parmi les autres Griffondors allant à la fête, à l'exception des poursuiveuses de l'équipe de Quidditch. Alicia et Angelina étaient allées au village après le petit déjeuner avec Katie pour l'aider à préparer le cottage.

Quand ils arrivèrent chez la grand-tante de Katie, cela semblait très silencieux. (Sa grand-tante était en Amérique pour rendre visite à ses petits enfants pour Noël). La maison avait un charmant jardin devant, même recouvert par la neige, et des décorations de houx et d'arbustes persistants paraient la clôture bleu turquoise en bois qui séparait le jardin de la rue. Hermione frappa à la porte rouge avec une grosse couronne dessus, tandis que Harry se demandait s'ils étaient à la bonne maison. Mais au moment où Katie ouvrit la porte, le bruit qui s'échappa dans l'allée confirma qu'ils étaient bien à la bonne adresse. Elles doivent avoir mis un sortilège de silence sur la maison, pensa Harry.

Le bruit provenait largement de la radio des sorciers allumée très fort, mais il y avait aussi l'animation provenant de la cuisine, où Alicia et Angelina riaient bruyamment. Bientôt, le bruit provenait pour beaucoup de la petite salle à manger de la maison qui se remplissait d'adolescents chahuteurs, jouant tous des coudes pour avoir une bonne place. Fred s'était emparé de Katie et avait commencé à danser sur un rythme endiablé de la radio, tandis que les rafraîchissements avaient commencé à circuler, malgré le fait qu'ils viennent juste de finir de déjeuner.

Harry sentait que sa tête tournait. Hermione était assise à côté de Ron qui avait l'air assez protecteur. Viktor n'était pas encore arrivé. Cho était collée au bras de Harry, lui donnant envie se débarrasser de ses mains, et il pensa que Ginny avait un comportement étrange. Il la vit se glisser dans la cuisine, ayant l'air d'espérer que personne n'ait remarqué.

Soudain, une autre fournée d'invités rentra par la porte, parmi lesquels un Viktor large d'épaules, ainsi qu'un Ernie MacMillan avec Hannah Abbot à son bras, et un Roger Davies escortant… Harry dut se frotter les yeux, il ne pouvait le croire…Fleur Delacour. Harry était encore sous l'effet de la surprise quand elle fonça sur lui, l'arracha à Cho pour le prendre dans ses bras et l'embrassa fermement deux fois sur chaque joue, en une rapide succession.

« Arry ! Comment vas-tu ? Ah, je vois que tu vas plutôt bien, non ? » dit-elle, le regardant de la tête aux pieds d'une façon qui le fit rougir profondément. « Le plus petit champion a grandi, n'est-ce pas ? »

Harry saisit le visage de Cho du coin de l'œil. Elle n'était pas contente. Bien pensa Harry. Que le comportement infect commence.

Puis il entrevit le visage d'Hermione. Pas vraiment plus enchantée. Bien, j'espère qu'elle va avoir un meilleur jeu de scène que cela, pensa-t-il. Viktor la saluait maintenant, l'embrassant sur la joue. Il la tira du canapé où elle était assise avec Ron, qui se renfrogna, mais ensuite, Fleur avait vu Ron aussi, et elle se jeta sur la place fraîchement libérée par Hermione, qui réagissait maintenant médiocrement en voyant Ron se faire embrasser. Mais ensuite, Harry  pensa qu'elle n'avait jamais aimé Fleur. Après tout, Ron avait eut le courage de lui demander de sortir avec lui, même si elle n'avait pas accepté. Cela pourrait être une fête très intéressante, pensa Harry.

Fleur retourna vers Harry et Cho, Roger à son bras. « Alors » Harry lui dit. « Que fais-tu ici Fleur ? »

Elle fit passer ses cheveux soyeux par derrière ses épaules et lui accorda un sourire indulgent. « J'enseigne maintenant à l'école du village. Parce que je suis la plus jeune enseignante, je m'occupe des maternelles. J'ai amélioré mon anglais depuis que je suis venue vivre à Pré-au-lard. Ma sœur Gabrielle va aussi à l'école du village. Si je suis encore ici dans quelques années, elle se présentera bien sûr à Poudlard plutôt qu'à Beauxbatons. Je voudrais naturellement être aussi proche d'elle que possible. » [NDT : son anglais ne s'est pas tant amélioré que cela en VO !]

« Bien sûr. » fit faiblement Harry, mais ensuite, une autre vague d'invités transforma la pièce en un espace surpeuplé, et ils furent séparés de Roger et de Fleur. Les gens riaient, parlaient et buvaient de la bièraubeurre, le centre de la pièce occupé par ceux qui dansaient. Harry, Hermione, Cho, Viktor et Ron s'étaient rassemblés. Viktor et Cho parlaient Quidditch, et Harry et Hermione parlaient des professeurs qu'ils pensaient vouloir faire les corvées du Boxing Day.

Un slow passa à la radio, et Harry sursauta quand une petite main pâle apparut sur son bras. Alicia se tenait à son coude. La pièce semblait très sombre. Le ciel dehors était déjà nuageux, et les rideaux étaient tirés. Il n'y avait que quelques bougies pour l'éclairage.

« Harry…voudrais-tu danser ? » lui demanda Alicia. Harry la fixa, choqué. Je dois être infect avec Cho aujourd'hui, se rappela-t-il.

« Oh.. Heu oui. Bien sûr. » Il pensa : en douceur, Potter, cela se passe vraiment en douceur.

Lui et Alicia allèrent vers le milieu de la masse des corps dansants. Il mit ses mains autour de sa taille et elle mit ses bras autour de son cou, reposant sa joue contre sa poitrine. Il réalisa qu'elle était encore plus petite qu'Hermione. D'une certaine manière quand elle était préfète en chef, elle semblait… plus grande. Il sentit son souffle à travers sa chemise et ses doigts lui chatouiller le cou. Il pria pour que la chanson se termine bientôt, bien qu'il ait vu que Cho n'ait pas l'air trop ravie. Elle doit penser des choses terribles sur moi, croire que je suis un con. Continue.

Harry vit Hermione chuchoter quelque chose à Viktor, qui se penchait pour mettre son oreille contre sa bouche. Il grimaça par-dessus la tête d'Alicia. Mais il comprit ce qui se passait : Viktor se pencha vers Cho pour lui dire quelque chose, et puis les deux s'avancèrent sur la piste de danse, et ils s'enlacèrent, augmentant le nombre de danseurs de deux. Oui ! pensa Harry. Merci Hermione.

Mais Harry commençait à s'alarmer au sujet d'Alicia. Que faisait-elle avec ses mains ? Puis à son soulagement, la chanson fut finie et Harry se tourna pour voir Katie le regarder.

« Un danse Harry ? » Il acquiesça, et Alicia s'en alla l'air insultée. Il vit que Viktor dansait encore avec Cho. Ron avait été traîné sur la piste de danse par Parvati…ou était-ce Padma ? Harry n'était pas sûr. Il perdit la piste d'Hermione, puis la vit près de l'escalier étroit qui conduisait aux chambres. Elle le regarda dans les yeux, puis se tourna pour monter à l'étage.

Quand la chanson finit, il refusa une autre invitation pour une danse et fendit la foule jusqu'aux escaliers. Il se tenait convulsivement à la rampe, pleinement conscient des sections de bois sous sa main, une grosse boule dans sa gorge qu'il ne pouvait pas avaler. Se tournant un moment, il vit que Viktor et Cho dansaient sur une troisième chanson. Il continua à grimper les escaliers. En haut, il trouva Hermione qui lui souriait largement. Il l'embrassa rapidement sur la joue.

« Viktor et Cho dansent encore. » lui dit-il.

« Bien. Cela nous donne une chance d'être seuls. » Harry regarda incertain la pléthore de portes qui s'ouvraient sur le petit pallier irrégulier. Il réalisa que la maison devait probablement être magiquement plus grande dedans que dehors. De devant, il ne se serait pas attendu à trouver plus de deux pièces à l'étage, trois avec la salle de bain. Il n'était aussi pas sûr qu'ils devaient flirter dans une chambre en plein milieu de la fête…cette fameuse nuit dans la salle commune, il sentait qu'il aurait pu se produire n'importe quoi…

Mais Hermione le tirait vers une porte avec des panneaux de verre qui avait un rideau en brocard rouge pendant de l'autre coté. Elle l'ouvrit, révélant un bureau avec de nombreux livres et une grande baie vitrée contenant un canapé sur lequel Ernie MacMillan et Hannah Abbott se tordaient et s'embrassaient.

« Aaack ! » laissa échapper Hermione. « Désolée ! » dit-elle en toute hâte, fermant la porte avant de pouvoir être sujette à une attaque verbale de Hannah et Ernie.

« Um » dit-elle à Harry. « Tu ouvres la prochaine » Il rit en voyant son visage. Il se déplaça de deux portes, passant devant celle étiquetée « toilettes », qu'il estima sage de ne pas monopoliser. Il frappa doucement à la porte d'abord, et ne recevant aucune réponse, il l'ouvrit avec précaution.

C'était une chambre, une chambre plus grande que le cottage n'aurait pu contenir sans magie, avec un coin salon près des fenêtres et un grand lit à baldaquin, avec une couette en patchwork brillamment colorée. Dans le lit se trouvait George Weasley.

« George ! » cria Harry avant d'avoir pu se retenir. Il n'avait pas beaucoup ouvert la porte, et Hermione, derrière lui, ne pouvait pas voir dans la pièce.

George était sous la couette, appuyé sur les oreillers, ne portant rien au-dessus de la taille. Harry doutait qu'il portât quelque chose en-dessous. Quand il avait ouvert la porte, George avait les yeux fermés, une expression à la fois heureuse et agonisante sur le visage. Ses épaules musculeuses, sa poitrine et ses bras de batteur étaient aussi généreusement parsemés de tâches de rousseur que son visage, la peau était pâle en-dessous , mais elle semblait rougir de plus en plus à chaque seconde.

Quand Harry dit son nom, les yeux de George s'ouvrirent en grand et il cria. Soudain, la tête d'Angelina sortit des couvertures. Harry la regarda, surpris, ses épaules nues, lisses et sombres comme du chocolat belge.

« Oh George, je ne t'ai pas fait mal, n'est-ce pas ? » lui demanda-t-elle, préoccupée. Puis elle se tourna et vit Harry dans l'encadrement de la porte.

« Oh, Salut Harry » dit-elle comme si cela arrivait tous les jours. « Si tu cherches les toilettes, c'est la porte à côté, celle avec 'toilettes' marqué dessus. Tu peux pas la manquer. »

Elle plongea à nouveau sous la couette, et George laissa tomber sa tête en arrière, un grognement sourd dans sa gorge, devenant de plus en plus fort. Harry était encore à la porte, gelé, hypnotisé. George ouvrit encore ses yeux et le voyant encore là, il cria « Casses-toi Harry ! » A ce moment, Harry se réveilla et ferma abruptement la porte.

Lui et Hermione se regardèrent, sentant chacun un fou rire monter. Hermione se mit le poing dans la bouche, ses yeux larmoyant de rire. Harry se mordit les lèvres, se tenant l'estomac, fermant ses yeux avec un gros effort pour ne pas rire trop fort.

Quand ils eurent presque retrouvé leur sang-froid, ils allèrent à la porte suivante. Elle était fermée. Ainsi que les trois suivantes. Puis une porte révéla un escalier étroit qui descendait et de nombreux bruits qui semblaient provenir de la cuisine. Les escaliers de derrière pensa Harry. Il bougea. Puis il sentit une poignée céder. Il s'arrêta et essaya de gratter sur le bois d'abord, avant de l'ouvrir. Il n'y eut pas de réponse. Pas que cela eut apporté un bon résultat la dernière fois. Quand les gens sont occupés…

Il ouvrit la porte avec précaution, regarda de l'autre côté de l'encadrement et fit un son comme « Eerg ! » dans le fond de sa gorge et il referma la porte, s'appuyant dessus comme s'il avait peur que Hermione insiste pour l'ouvrir à nouveau.

« Harry ? » chuchota-t-elle. « Qu'y a-t-il dans cette pièce ? »

« La buanderie. »

« Et ? Qui est dedans ? »

« Justin Finch-Fletchley »

Elle lui fronça ses sourcils . « Et alors, il n'est pas seul, non ? »

Harry ouvrit ses yeux en grand. « Non »

Hermione attendait . « Hé bien ? Avec qui est-il ? »

Harry se sentit soudain espiègle. « Devine. »

« OK.. .Lavender. »

« Non »

« Lisa Turpin. »

« Froid »

« Susan Bones »

« Encore plus froid »

« Pansy Parkinson. »

Harry fit la tête. « Il n'est pas sourd, aveugle et idiot, Hermione. »

Elle rit. « D'accord, j'abandonne. »

« Bien…c'est ce préfet de Serdaigle en sixième année…Oh, quel est son nom… »

Hermione fronça ses sourcils. « La préfète de Serdaigle est Cho. Nous l'avons laissée en bas avec Viktor, et à moins qu'elle ait appris à transplaner… »

« L'autre préfet de Serdaigle. »

Une compréhension éclaira le visage d'Hermione. « Ooooh ! C'est …oh, zut, comment s'appelle-t-il ? Il est gentil. Ils font vraiment un joli petit couple. »

Harry roula ses yeux. « Oui, oui. Pendant ce temps, je dois dire…que je commence à me lasser de tout ceci. Un dernier essai, et retour en bas, avant que quelqu'un ne monte et ne veuille savoir pourquoi nous sommes dans ce couloir. »

Elle acquiesça, et ils allèrent à une autre porte. Prenant une grande inspiration, Harry l'ouvrit simplement. La pièce qui s'étendait sous ses yeux était une longue serre, avec toutes sortes de plantes exotiques et magiques de toutes tailles. Les pots longeaient les bords du long espace étroit qui avait une allée dallée menant au centre de la pièce comme un couloir. Il se terminait par un coin salon, à peu près à trente pieds de la porte, avec un fauteuil en osier où deux personnes s'embrassaient.

C'étaient Draco Malfoy et Ginny Weasley.

Il ferma rapidement la porte avant qu'Hermione ne puisse voir.

« Quoi ? » dit-elle, juste avec un petit gémissement dans sa voix.

« Redescends. » lui dit-il. Sa voix était dure. Elle fronça ses sourcils.

« Harry… »

« C'est occupé. Redescends. Nous ne pouvons pas y aller ensemble, tu le sais. Je vais attendre quelques minutes avant de te suivre. »

Elle soupira et l'embrassa rapidement sur les lèvres. « Oh, bien. » dit-elle, se tournant pour partir. Quand sa tête eut disparu dans les escaliers, Harry retourna dans la serre, ferma magiquement la porte, puis avança à grandes enjambées sur toute la longueur de la pièce vers le couple oublieux s'embrassant.

Il se tint devant eux. Les deux avaient leurs yeux fermés. Malfoy avait une main autour de sa taille, l'autre noyée dans sa chevelure luxuriante, pendant qu'elle l'étreignait, ses mains autour de son cou, son visage tourné vers le sien alors qu'il dévorait ses lèvres. Harry essaya d'endiguer la vague de colère qui montait en lui.

« Ahem ». Il s'éclaircit la gorge.

Malfoy releva sa tête, choqué.

« Potter ! »

La bouche de Ginny était ouverte. Elle était muette, et devenait écarlate. Harry les regardait alternativement, sa mâchoire serrée, se disant à lui-même qu'il ne se saisirait pas de sa baguette.

« Comment êtes-vous montés tous les deux ici ? » demanda-t-il. « La dernière fois que je t'ai vu, tu allais dans la cuisine. » dit-il à Ginny.

« Les escaliers de derrière » dit-elle simplement d'une voix calme. Harry les fixait à nouveau tous les deux, essayant encore de ne pas se saisir de sa baguette. A la place, il sortit l'amulette du basilik de sa chemise et la brandit.

« Ginny ! Pourquoi m'as tu donné cela ? »

Elle avait l'air déconcerté. « Parce…Parce que quand j'étais en première année, tu m'as sauvée. Du basilik, dans la Chambre des Secrets. »

La bouche de Malfoy resta grande ouverte, stupidement. « Quoi ? Il y avait un basilik en-dessous ? Et Potter… »

« Je l'ai tué. Quand j'avais douze ans. » Il foudroyait Malfoy, qui était maintenant celui qui essayait d'avaler une boule.

« Ils ne nous l'ont jamais dit… »

« Non. C'était pour protéger Ginny, afin que personne ne sache qu'elle avait ouvert la Chambre. » Malfoy la regarda, stupéfait. Harry continua. « Elle a ouvert la chambre parce qu'elle était sous l'influence du journal intime de Tom Jedusor…que ton père lui avait donné Malfoy. Ton père l'a presque faite mourir. »

Il regarda ceci s'inscrire sur le visage de Malfoy, qui regardait désespérément Ginny, comme s'il avait peur qu'elle décide soudain de le réprimander. Harry continua.

« Ayant sauvé la vie de Ginny », dit-il à Malfoy, « Je me sens quelque peu responsable d'elle. Je l'aime… » dit-il, sa voix se cassant un petit peu (pendant que Ginny ouvrait de grands yeux) « …comme une sœur. » Il regarda Ginny, souffrant d'avoir dit cela, mais sachant qu'il n'avait d'autre choix que de les convaincre tous, lui-même plus que tous, que c'était la vérité.

« Tu sais que vos familles ne consentiront jamais à ce que vous soyez ensemble. Tu sais que l'un de vous va avoir à se retourner contre sa famille si tu veux ceci. J'ai décidé que ce serait toi, Malfoy.»

Draco Malfoy le fixait comme s'il n'avait jamais vu ou entendu Harry de sa vie. « Quoi ? » dit-il finalement, à cours de mots.

« Tu vas convaincre ton père de te mettre dans la confidence. Tu vas apprendre tout ce que tu peux des plans des Mangemorts, ton père en particulier. Tu vas mettre ton propre père à Azkaban. »

« Harry ! » Ginny était choquée. Malfoy et Harry la regardèrent tous les deux comme si elle était accessoire dans la conversation entière.

« Ginny, » Malfoy lui dit doucement. « Pourrais-tu attendre près de la porte s'il-te-plaît ? »

Elle ouvrit la bouche pour protester, mais elle regarda Harry et il lui fait un signe de la tête. Elle partit furieuse vers la porte de la serre, puis s'appuya contre elle, ses bras croisés, l'air extrêmement gênée.

Ensuite Malfoy lui tourna le dos et dit calmement à Harry « Ecoute, Potter. Ginny ne sait pas encore, mais c'était…c'était un baiser d'adieu. J'allais juste rompre avec elle. »

Ce fut au tour de Harry d'être surpris. « Quoi ? »

« Tais-toi ! J'allais lui dire…lui dire qu'après les vacances de Noël, j'allais être une personne différente, une personne qui ne pourrait plus être avec elle… » Sa voix vacilla, mais ensuite il éclaircit sa voix et se redressa. Harry eut un regard pénétrant pendant un moment, puis il eut un éclair d'intelligence.

« Ainsi, c'est ce qui va se passer la nuit de Noël… » dit-il lentement. Les yeux de Malfoy étaient furieux.

« Comment le sais-tu ? »

Harry sourit énigmatiquement. « J'ai mes sources aussi. Ainsi, tu vas être un Mangemort, et donc tu veux rompre avec Ginny. Comme c'est noble de ta part. Sauf que cela ne marchera pas. »

« Pourquoi ? Qu'est-ce qui ne marchera pas ? »

« Rompre avec elle. Tu crois que cela signifie que tu ne t'intéresseras plus à elle ? Penses-y encore. Quand Voldemort, ou ton père, s'en prendra encore à elle, ou à quelqu'un d'autre de sa famille, que vas-tu faire ? T'asseoir et dire 'Oh, bien, je ne m'intéresse plus à elle. J'ai rompu avec elle. »

Le visage de Malfoy s'assombrit. « Je ne peux pas être avec elle si j'ai…cette chose sur mon bras. C'est ce pour quoi j'ai été élevé. C'est ce à quoi je suis destiné comme mon père le dit. »

« Et jusqu'en juin dernier, c'est ce que tu attendais, n'est-ce pas ? Je me souviens de ce que tu as dit dans le train. Mais alors… tu n'avais rien à perdre. Maintenant tu as Ginny à perdre. Maintenant, tu as quelqu'un dans ta vie qui se soucie vraiment de ce qui peut t'arriver. » Malfoy serra obstinément sa mâchoire, refusant de le regarder. Harry continua, chuchotant avec intensité. « Pourquoi veux-tu encore faire les quatre volontés de ton père ? Tu aime le sort de Passus ? ». Maintenant, Malfoy le regarda, avec de la haine pure dans ses yeux. Harry savait et cela le tuait. « Tu comptes être aux ordres de ton père qui a laissé ta vie à vil prix quand tu étais un bébé en te promettant à Voldemort ! ». Malfoy eut l'air étonné qu'il sache cela, mais il ne fit aucun commentaire.

« Ce n'est pas comme si j'avais le choix, Potter. Ce n'est pas comme si je pouvais refuser… » sa voix s'éteignit, et il regarda à travers le plafond de verre de la serre le ciel blanc d'hiver, plat, anonyme et sans espoir.

« Mais tu le feras. D'une façon. Tu deviendras en fait un loyal Mangemort. Tu auras la Marque des Ténèbres brûlée dans la chair de ton bras. Tu feras tout ce qu'ils te diront de faire durant ton initiation. Mais rien de tout cela n'aura de signification car tu seras à moi. Tu espionneras pour moi. Tu me donneras ton père. » Harry prit une grande respiration. « J'en ai assez de courir, je m'attaque à Voldemort. Je vais abattre ses Mangemorts un à un, en commençant par ton père, jusqu'à ce qu'il n'ait plus de serviteur à mettre en face de moi et doive s'opposer lui-même à moi, comme un homme ! »

Malfoy se tourna et regarda Ginny . « Tu crois qu'abandonner mon père fera une différence pour sa famille ? »

« C'est la seule chose qui puisse faire une différence pour sa famille. »

Malfoy secoua sa tête. « Cependant…il est mon père. Azkaban… »

« Mieux vaut Azkaban que ce qu'un Auror zélé pourrait lui faire. Tu sais qu'ils sont autorisés à tuer, quand ils jugent que c'est nécessaire. » Malfoy considéra cela, avalant sa salive, acquiesçant. « Alors tu vas le faire. »  lui dit Harry. Ce n'était pas une question.

Malfoy le regarda avec des yeux morts. « Oui » dit-il atone. Harry se tourna vers Ginny.

« Ginny, tu peux revenir. » L'air encore très fâchée, Ginny s'avança vers eux, rouge, sa robe volant autour d'elle, illustrant son humeur. Harry était certain qu'elle n'avait jamais eu l'air plus adorable. « Je vous donne cinq minutes… c'est tout. Après cela, je commence à envoyer les autres Weasley ici, compris ? ». Ils approuvèrent tous deux. Harry se tourna et repartit vers la porte. La mécanique s'était mise en route…

Il tourna sa main sur la poignée, se préparant à partir. Ginny pleurait, touchant le visage de Malfoy avec ses doigts, comme si c'était une chose précieuse pour elle. Il approcha sa bouche de la sienne, et elle répondit immédiatement, ouvrant ses lèvres sous les siennes, et enlaçant ses bras autour de son cou. Malfoy pressa ses mains dans son dos, la tenant aussi près de lui que possible.

Harry se tourna et passa la porte, le cœur dans la gorge. S'éloignant de la plus dure chose qu'il ait jamais faite.

* * * * *

Quand Harry arriva finalement en bas, il trouva Ron et Hermione près des rafraîchissements, regardant subrepticement Viktor et Cho, qui étaient de l'autre côté de la pièce et avaient une conversation animée.

« Cela fait combien de temps qu'ils sont comme ça ? » leur chuchota-t-il.

« A peu près quinze minutes. Où étais-tu ? » voulut savoir Ron.

« A la queue pour les toilettes. »

« Parce que j'ai entendu qu'il y a des gens à l'étage…hum… »

Harry pensa à Malfoy et Ginny. « Oui, il y a des gens…hum... là haut. Certains plus que d'autres. Ils s'énervent pas mal si vous ne savez pas où sont les toilettes. »

Les sourcils de Ron bondirent si haut qu'ils disparurent dans ses cheveux. « Comme qui ? »

Harry avait décidé de s'amuser. « Devine. En cinq questions ou moins. »

« Um…est-ce quelqu'un de Griffondor ? »

« La plupart des gens ici sont de Griffondor. Oui. »

« Est-ce quelqu'un de notre année ? »

« Oh, allez Ron. Nous trois sommes ici, Parvati et Lavender dansent, et Seamus et Dean sont sur le sofa. Et Neville n'est pas venu. La réponse est : Non. Tu as gaspillé deux de tes cinq questions. »

« Est-ce quelqu'un en sixième année ? »

« Non. J'ai fini de te donner des indices. »

« Est-ce quelqu'un de l'équipe de Quidditch ? »

« Ah, ça y est ! Une bonne question. Oui. »

Il regarda suspicieusement dans toute la pièce. Il vit Fred parlant à Katie et Alicia. Harry et Hermione se tenaient avec lui, et juste à ce moment, Ginny sortit de la cuisine, rassurant vraiment Harry. Elle doit être passée par les escaliers de service. Ron souriait.

« George et Angelina! Ha »

« Chut ! » Harry mit sa main contre la bouche de Ron. Puis une expression horrifiée couvrit son visage.

« George et Angelina ! » dit il plus doucement. « Flûte ! Maman va avoir un attaque, elle va… »

« Alors ne lui dit pas, imbécile ! » lui siffla Harry. Ron avait l'air incrédule.

« Et dire qu'elle s'inquiétait au sujet de Percy et Pénélope.. »

« Est-ce qu'elle s'inquiète aussi pour Bill et Charlie ? Honnêtement, Ron, Percy est sorti de l'école après tout. Et George et Fred le sont pratiquement. » dit Hermione, critique pour la première fois sur la mère de Ron, à ce que Harry se souvenait.

Ron avait encore l'air étourdi de la révélation sur George et Angelina. « Cependant...» dit-il d'un murmure enroué. « Maman m'a dit qu'elle me tuerait si jamais je mettais un fille en… » Il s'arrêta abruptement, et ses oreilles virèrent au rouge le plus vif.

« En tous cas » dit Harry, essayant de revenir sur le sujet. « Viktor et Cho s'entendent bien.  C'est bon. Le plan se passe bien, d'accord ? »

Ils approuvèrent tous deux. Quelque chose marchait réellement.

En peu de temps, à ce qu'il sembla, il fut temps de partir pour la gare. Hermione dit au revoir à Viktor au cottage. Il allait transplaner jusqu'au quartier général des Cannons de Chudley pour récupérer ses bagages, puis prendre un portauloin pour rentrer en Bulgarie voir sa famille pour Noël. Harry et Hermione accompagnèrent les autres étudiants au train, afin de les voir partir. Pour la première fois, Harry nota que Hermione avait l'air un peu mélancolique de ne pas rentrer à la maison pour Noël. Et il réalisa qu'elle n'avait pas vu ses parents depuis que Rogue et Sirius l'avaient amenée à Privet Drive. Il pensa que peut-être que tout ce qui était autour du Boxing Day était pour lui faire oublier cela. Elle se tenait occupée afin de ne pas penser à ses parents qui lui manquaient, de ne pas se faire de souci pour eux, à se demander s'ils étaient en sécurité.

A la gare, les bagages avaient déjà été chargés dans le train et Harry et Hermione passaient dans les couloirs du train pour dire au revoir aux Griffondors et aux amis des autres maisons. Harry entendit Cho l'appeler, et il l'ignora intentionnellement, marchant dans la direction opposée. Soudain, une main émergea d'un compartiment et le tira dedans, la porte se fermant derrière lui.

C'était Rogue. Il le relâcha immédiatement, et Harry brossa sa cape, se demandant ce qui se passait.

« Potter » commença Rogue, « J'ai besoin de vous parler. J'allais vous envoyer une chouette, mais c'est mieux ainsi. »

Harry fronça ses sourcils. « Pourquoi voulez-vous me parler ? »

« Si des élèves avaient besoin d'emprunter des ingrédients pour les potions pendant que je ne suis pas là, je vous place en charge de mon magasin privé. J'ai enchanté la porte de mon bureau afin que seul ce mot de passe puisse l'ouvrir. Seul vous et le directeur le connaissez. » Il tendit à Harry un petit bout de parchemin. « Je veux que vous gardiez un registre méticuleux …le type et la quantité des ingrédients empruntés. Ils devront être remplacés dans la semaine après le départ du nouveau trimestre. Compris ? »

Harry était encore confus sur le pourquoi de cette charge. « Oui, professeur. »

Harry se tourna pour partir, mais soudain Rogue dit avec sa moquerie habituelle « Comment va votre chouette, Potter ? »

Harry fit demi tour et le fixa. Quoi ? « Ma chouette, sir ? »

« Il y a quelques semaines au petit déjeuner, votre chouette vous a livré un assez gros paquet. A-t-elle récupéré ? »

Il avait vu, Harry réalisa. Il avait vu Hedwige apporter la pensine. Et je l'ai laissée dans la même boîte pour la lui donner. Il savait que c'était de moi. Harry avait été tellement habitué à ce que Rogue manque les repas dans la grande salle (peut-être pour parler à Sirius ?  ou préparer le polynectar ?) qu'il ne lui était pas venu à l'esprit que Rogue était présent ce jour-là. Il n'avait même pas regardé.

« Elle va bien, Sir. »

« Les chouettes postales sont des créatures magiques puissantes, Potter. N'en abusez pas » grogna-t-il.

« Non sir. »

« Vous devriez partir. » Il regardait maintenant Harry comme si celui-ci avait envahi son compartiment privé, plutôt que d'avoir été tiré par la porte par Rogue lui-même.

Harry rouvrit la porte pour partir, et il se tourna vers lui soudain, se souvenant de quelque chose d'important. « Oh, professeur… »

« Quoi ? »

« Bonne chance. » Harry regarda son visage, mais il était toujours aussi impassible, il n'allait pas admettre qu'il avait préparé quoique ce soit qui ait à faire avec de la chance.

« Souvenez-vous : vous êtes le seul élève à avoir le mot de passe de mon bureau. Gardez des registres méticuleux, Potter ! »

Harry acquiesça et sortit, fermant la porte derrière lui. Quand il fut de retour sur le quai, se tenant près d'Hermione, ils levèrent tous les deux silencieusement leurs mains à leurs amis dont les visages étaient pressés contre les vitres, excités de rentrer à la maison pour Noël. Puis ils partirent, Ron et Ginny, Seamus et Dean, George et Fred et Angelina… Harry baissa sa main et Hermione se tourna pour partir. Puis il vit Draco passer devant lui, levant lentement sa main, regardant Harry dans les yeux. Harry leva solennellement sa main en réponse, comme s'il allait prêter serment.

Quand le train eut disparu, Il se tourna vers l'endroit où Hermione l'attendait, sur les marches menant au chemin du retour vers la château. Ils retournèrent à Poudlard silencieusement, leurs chaussures écrasant la neige, une légère bise soufflant les flocons des branches nues des arbres sur le bas-côté.

Ils étaient maintenant les seuls Griffondors de Poudlard.

* * * * *