Hello ! Je tenais juste à remercier les dernières rewieuses ! Je n'ai pas pris le temps de vous répondre mais vos petits mots font toujours plaisirs et ça fait beaucoup de bien de savoir que l'on est lu ! Alors merci !


Hanji s'arrêta une nouvelle fois et regarda Erwin :

— Si ce fichu groupe d'insurgé est encore actif, pourquoi t'es là ? s'exclama-t-elle à brûle-pourpoint.

Erwin soupira. Il savait qu'il aurait dû se taire encore un peu, mais Hanji était… Difficilement supportable. Longtemps.

— Parce qu'ils ont été maîtrisés.

— Pas totalement.

— Ils ne le seront jamais totalement.

— Ah ouais ? Et pourquoi ça ?

Elle haussa un sourcil, il la regarda platement.

— Parce que.

— Erwin, geignit-elle.

Il se pinça l'arrête du nez. Il n'allait pas tenir toute la soirée avec elle, elle l'aurait à l'usure et elle le savait.

Dans la maison du Gödi, les murs étaient bien isolés. Les Valgulfr aimaient un minimum d'intimité, et ça l'arrangeait. Il soupira longuement.

— Promets-moi de ne rien répéter.

Elle agita la tête comme une folle furieuse, il prit ça pour une confirmation.

— Je ne sais pas ce qu'il se passe et ce ne sont que des suppositions mais je pense que ce groupe est en fait sous les ordres directs du roi.

— De Fritz ? s'écria-t-elle.

— Crie le plus fort, tu veux ?

Elle mit une main sur sa bouche, rit nerveusement et s'excusa :

— Comment t'en es arrivé à penser ça ? chuchota-t-elle.

— Parce que c'est lui qui a demandé la trêve. Il déteste les Valgulfr. Quoi de mieux que de faire la paix pour ensuite attaquer un maximum de civils ?

— Tu penses qu'il les déteste au point de tuer des innocents ?

— Nous avons déjà réprimé des oppressions de notre propre peuple, tu crois qu'il a déjà eu des remords après ça ? Moi, je n'en ai pas vu.

Elle grimaça. Bonne logique, pas imparable, mais bonne logique quand même.

— Et qui te dit qu'on essaierait pas de lui faire porter le chapeau ?

— Incriminé le roi pour renverser le trône… Pas impossible, cependant, je vois mal une famille de noble le tenter. Nous gagnons plus à la paix qu'à la guerre. Beaucoup d'entre nous y ont perdu des frères, des enfants ou des parents. Il faut qu'on se reconstruise.

— C'est peut-être pour ça qu'il a proposé une paix… Notre pays n'est plus aussi resplendissant qu'avant et nous avons besoin de nous en remettre.

— Pour ensuite mieux contre-attaquer, termina Erwin.

Ils s'observèrent longuement. Beaucoup de raisons étaient possibles pour justifier l'acte du roi Fritz.

— Sauf que quelque chose cloche, soupira-t-il.

Il s'adossa à sa chaise. Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus mais il était certain que cette paix cachait un but précis. Sauf que sans le connaître, difficile de prévoir les prochaines actions.

— Tu ne devais pas te renseigner sur la force des Valgulfr ? demanda-t-il.

— Impossible de les approcher ou de leur demander quoi que ce soit, je me fais jeter à chaque fois et Eren m'a averti qu'à la prochaine incartade, il me renvoyait à la capitale, se plaignit-elle : "Moi qui voulais tant comprendre leur fonctionnement."

Erwin tiqua subitement.

— Tu as toujours eu cette idée en tête…

— Pourquoi tu dis ça comme si c'était un reproche ou une chose folle ? grogna-t-elle.

— Mais qu'as-tu fait de tes recherches de guerre ? Elles sont archivées ? finit-il sans l'écouter.

Perplexe, elle réfléchit quelques secondes avant de répondre :

— Mes recherches sont consignées dans mon laboratoire, mais j'ai fait des rapports qui ont été archivés, oui. Ou qui devaient l'être en tout cas.

— N'importe qui peut accéder à ton laboratoire.

— Eh ! C'est pas vrai, à moins de défoncer la porte ou d'avoir la clé et les seuls qui en ont une sont moi et Moblit ! Si tu savais comme il me manque d'ailleurs, le temps est trop long sans lui…

Au nom de son second, il ne l'écoutait déjà plus. Peut-être avait-il mit le doigt sur quelque chose. Le roi se faisait vieux, avait perdu sa famille à cause des Valgulfr alors mieux que la vengeance, découvrir une potion capable de tuer ses ennemis ou encore de rallonger sa vie serait incroyable !

Il fixa Hanji longuement. Avec cette chercheuse folle, c'était sûrement possible. Fort heureusement pour eux, ils n'avaient jamais pu attraper un Valgulfr durant ces années de guerre. Malgré le surnombre des Humain, ils étaient bien plus forts et beaucoup trop coriaces pour laisser gentiment les cadavres de leurs compagnons.

— Erwin.

— Oui ?

— Tu m'écoutes pas, hein.

— Non.

— Pourquoi tout le monde fait ça ? râla-t-elle.

— Parce que tu parles souvent pour rien dire, expliqua-t-il comme si elle était stupide.

Elle ne s'en formalisa pas et reprit :

— Et mes recherches là-dedans ?

— Elles peuvent être utilisées à mauvais escient.

— C'était le but au départ… Mais maintenant, tu penses qu'ils vont s'en servir contre les Valgulfr prochainement ? demanda-t-elle soudainement sérieuse.

— Je pense que tout est possible.

— Je n'ai rien trouvé pour les contrer, si ce n'est un début de paralysant, mais même ça, il l'élimine trop vite. Leur sang n'a pas suffit à expliquer leur régénération, il me faudrait des cellules de peaux, des cheveux aussi. C'est important durant leur transformation. Ca et le liquide qui les entourent quand ils passent de l'un à l'autre. Oh, pour leur vieillissement, j'ai émis l'hypothèse que leurs cellules ne se régénèrent pas de la même manière ni à la même vitesse que nous mais… C'est contradictoire alors… Qu'est-ce que j'aimerais étudier un spécimen vivant !

— Tu parles d'autres êtres Humain, binoclarde.

Ils sursautèrent tous les deux. Livaï entra complètement et ferma la porte.

— T'es là depuis quand ? siffla-t-elle.

— Quoi, je gêne une conversation secrète ?

Erwin croisa les mains, Hanji lui tira la langue. Vu qu'elle était devant lui et donc devant la porte, il n'avait pas vu cette dernière s'ouvrir. Les Valgulfr avaient l'ouïe fine, donc les portes ne faisaient pas de bruit, ou peu. Jusqu'à présent, il ne l'avait pas notée.

— Alors ? reprit Livaï.

— Tu penses convaincre Eren de me laisser prélever des échantillons ? lâcha Hanji.

— J'croyais que t'avais déjà essayé de le faire marchander ?

— J'voulais dire à tout le monde que vous sortiez ensemble s'il m'aidait pas, mais… Livaï lui lança un regard noir : "Mais j'ai compris que c'est toi qui me tuerait et pas lui, alors ça à pas marcher," chouina-t-elle.

— Votre situation n'est pas claire, en effet, nota Erwin : "je suis là depuis presque deux semaines et je n'y comprends rien. Ami ou amant ?"

— Et si vous m'expliquiez c'que vous cherchez à comprendre plutôt que d'détourner la conversation ?

— Comprendre ta relation, c'est pas mal déjà…

Il ignora sa remarque et garda ses yeux braqués sur son supérieur.

— Qu'est-ce qu'est ce loup pour toi ?

— J'vois pas c'que ça peut t'foutre.

— Livaï, je n'ai que des suppositions pour expliquer un problème qui peut potentiellement nous tomber dessus, et si je me trompe, ça peut nous coûter cher. Surtout si je le dis à quelqu'un capable de le répéter à un Valgulfr.

Oh. Livaï serra les poings et la mâchoire. Alors ça, il ne s'y attendait pas.

— T'es en train d'me dire que tu m'fais pas confiance parce que j'ai un putain de loup dans mon pieu ?

Erwin secoua la tête, Hanji se recula de quelques pas.

— Il a l'air de… Disons que vous êtes proches. Et avec votre "lien", s'il pense que nous allons les trahir ou commencer une guerre, que fera-t-il à ton avis ?

Livaï s'agaça. Pire même, il sentit la pointe de méfiance de son Major comme une pique. Pique qui lui fit mal.

— Pourquoi i' croirait qu'on prépare une putain de guerre ? Bordel Erwin, j't'ai déjà trahi ? Même après qu'on ait crevé Farlan et Isabel ? Même après avoir perdu mes Hommes ? Même après avoir failli crever ? Tout ça parce que j'ai accepté ta putain d'demande pour l'armée ! Comment tu peux sortir d'la merde pareil ?

Erwin reçut sa colère en plein visage. Il l'encaissa silencieusement et laissa son anxiété prendre place sur son visage. Il souffla, se leva et alla jusqu'à la fenêtre. Droit, les mains dans le dos, il observa la lune presque ronde et la silhouette sombre des arbres non loin.

— Je suis désolé.

— Rien à foutre.

Il sourit et se tourna vers Livaï. Oui, les excuses, il s'en moquait tant qu'il ne saurait pas de quoi il en retournait pour prouver qu'il avait confiance en lui. Ca, c'était bien le commandant qu'il connaissait.

— Quelle vulgarité…

— Ta gueule la binoclarde. À moins que t'es des choses à avouer sur vot' problème.

— J'ai la sensation que le roi Fritz cherche quelque chose que nous ignorons. Et que la paix n'est qu'un prétexte à ça, avoua Erwin.

Livaï posa sa main contre son menton, en appuie sur une jambe, il baissa les yeux quelques instants, avant de les relever.

— Quelque chose t'interpelle ? demanda Hanji.

— Non, mais si le roi veut quelque chose et qu'ça concerne les Valgulfr, ça peut expliquer cet enlèvement étrange. Une sorte de test pour voir jusqu'où il peut aller, peut-être.

— Ce n'est qu'une supposition.

— Et ?

— Et alors, je ne suis plus à la capitale et je n'ai aucun moyen de vérifier mes théories.

— Donc t'es en train de me dire qu'à part fermer nos gueules et observer, on peut rien faire, soupira Livaï, amer.

— Exact.

Il fit la moue. Il préférait l'action à la chasse mais tant pis. Fatigué de sa journée et de la pique précédente, il se détourna et s'apprêta à sortir.

— Livaï.

— J'dirais rien aux Valgulfr, si c'est ça qu'tu t'demande.

— Non, je me demandais pourquoi tu étais venu, en premier lieu.

Il ouvrit la porte et lâcha sans se retourner :

— Savoir pourquoi t'avais l'air constipé ces derniers jours, maint'nant, je sais.

Il referma la porte, mais entendit clairement Hanji exploser de rire.