Remus était parti faire des courses, Harry jouait avec Mariana pendant ce temps. Il lui fallait de nouveaux outils d'apprentissage pour le jeune garçon. Le projet d'entrée à Poudlard était toujours d'actualité et Harry avait encore beaucoup à apprendre. Lire, écrire, compter… La liste était longue et Remus préférait ne pas la faire de peur de désespérer. Il sourit en tombant sur un cahier d'exercice moldu. Un magnifique cerf blanc ornait la couverture. Le cahier était à destination d'élèves de maternelle. Fin de maternelle. Pour des enfants qui ne savaient pas écrire. Comme Harry pensa-t-il. Et le petit cahier atterrit dans son panier de courses. Un sourire aux lèvres, l'homme se dirigea vers la vendeuse, à la recherche d'un jeu « éducatif ». Elle lui conseilla un drôle d'atelier avec un nom bizarre. « Montessori » Il ne savait pas ce qu'était un Montessori mais le jeu en bois épuré lui plut. Il finit ses courses au rayon alimentaire à la recherche de gourmandises qui puissent servir de motivateur pour Harry. Finalement, il choisit un panier de fruits mélanger et quelques chocolats.
En rentrant, il trouva Marianna sur le pas de la chambre de Harry visiblement très énervée.
-Harry se cache et je ne sais pas où. Ça fait une heure que je le cherche, il répond pas et j'ai bien crié que c'était pas le moment de jouer. Souffla-t-elle frustrée
-Que faisiez-vous avant qu'il disparaisse ?
-Il était dans la salle de jeu. Je n'ai trouvé qu'une panoplie de petites voitures en miettes.
Remus était curieux. En miette ? Le jouet « favori » (pour le moment) de Harry. En effet, les petites voitures avaient été écrabouillés, à coup de pied d'après certaines marques au sol, à coup de magie pour d'autre. En tout cas, elles étaient toutes détruites en l'état. C'était sans compter sur la magie qui répara quelques-unes d'entre elle. Remus souffla. Harry pourrait continuer à jouer ! Mais où était ce petit gredin ?
Le petit gredin en question fut retrouvé deux heures plus tard, dans la penderie d'une chambre inoccupée du manoir Dumbledore. La chambre d'un garçon visiblement. L'enfant était blotti sur l'étagère la plus basse, roulée en boule pour entrer dans le petit espace, caché par la porte coulissante qui ne coulissait pas si bien. Il tremblait de tout son corps quand Remus le découvrit. Il ne leva pas les yeux vers l'homme. Remus eut beau l'appeler, il n'osa pas le regarder. L'homme finit par tirer de force l'enfant après s'être gelé les fesses sur les pierres glacées de cette chambre reculée au fond d'un couloir. Il emmena vite l'enfant se réchauffer au coin du feu avec pour objectif de comprendre. Harry s'était-il perdu ? Jouait-il à cache cache sans avoir communiqué ses intentions ? Voulait-il explorer ? Comment avait-il fini dans se placard ? Pourquoi ne voulait-il plus le regarder ?
Finalement le petit le guida jusqu'à la salle de jeu, la tête baissée en trainant les pieds sans un mot. Remus ne put s'empêcher de sourire en entendant le hochet de surprise du petit à la vue de ses voitures réparées.
-Magie souffla simplement Remus. Elles sont comme neuve celles-ci. Je n'ai pas pu réparer les autres. Tu devras t'en passer avant que le père Noël ne revienne l'an prochain.
Harry leva brusquement la tête vers Remus.
-Pa uni ?
-Aller va jouer. Mais je ne veux plus te voir disparaitre de la sorte !
Le soir même, Remus eut la visite de Dumbledore et de Molly Weasley. Ils devaient avancer sur la préparation de la « rentrée » du jeune homme. La vie d'un écolier sorcier fut passée au crible : du réveil au coucher, il fallait tout organiser. Harry n'était pas encore prêt à rejoindre un dortoir. Dumbledore ne souhaitait pas non plus répartir l'enfant. Le mettre en avant, seul devant la grande salle ne lui paraissait pas une bonne idée. Non, le petit porterai un uniforme neutre de première année non répartit, il dormirait dans l'appartement non utilisé d'un professeur, en compagnie de Remus. Pour les repas, Harry aurait le choix, il pourrait aller dans la grande salle avec Remus, choisir sa table, manger dans l'appartement ou prendre place dans les cuisines. A condition qu'on lui présente en douceur les elfes de maison…
Ensuite, il y aurait les cours, la cohue dans les couloirs, l'emploi du temps qu'il ne pourrait pas lire, certains profs que le directeur devrait amadoue il pensait à un très récalcitrant maitre des potions qui ne cessait de réclamer du temps libre…Le soir, il faudrait l'aider dans ses devoirs, lui faire comprendre qu'il devait les faire, comme les autres. Puis la douche, le pyjamas. L'enfant n'était pas encore autonome. Et les toilettes, serait-il capable de se retenir pendant 2h de suite sans déranger la classe ? Il fallait aussi lui apprendre la sociabilisation, lui apprendre à faire confiance à Remus pour ne pas disparaitre.
Et c'est ainsi que Remus et Harry transplannèrent au Terrier le lendemain. Là, ils retrouvèrent Charlie, Bill et la petite dernière encore en pyjamas. Harry était tendu comme un arc contre son presque père. Ils prirent ensemble le petit déjeuner. Harry picora plus qu'il ne mangea.
Charlie était étonné. Pourquoi faire venir Harry si la visite ne lui faisait pas plaisir ? Il finit par demander à son père de l'aider au dégnommage du jardin pour pouvoir l'interroger en douce. L'enfant avait besoin de voir du monde d'après son père. Le jeune homme se mit rapidement au travail, rapidement rejoint par Bill qui n'avait pas réussi à détendre le petit Harry. Ginny avait filé au grenier, intimidée par ce sorcier qui était le héros de moultes histoire fantastiques. Pourtant il ne ressemblait pas au personnage des livres. Il ne parlait pas, ne la regardait pas.
Le travail avançait rapidement, Charlie, crispé de s'être si souvent baissé pour attraper les gnomes se releva avec lenteur. Deux yeux verts l'observaient depuis la fenêtre du salon. Harry devait être debout ou à genou sur le canapé pensa-t-il. Tout sourire, le plus grand lui fit signe de venir dans le jardin. L'enfant disparu. Et la porte resta close.
Remus avait bien vu l'air intrigué de Harry. Les grands dégnommaient. Et Harry, il en était sûr, mourrait d'envie de participer. A un moment, Harry s'éclipsa de son perchoir pour venir se blottir contre lui. A là, il eut le déclic. Ted ! Ted lui avait dit que Harry était terrorisé de se trouver seul. Alors il prit l'enfant dans ses bras et l'emmena dehors. Pour degnommer ensemble.
Charlie eut le sourire en voyant le gamin sortir avec Remus. L'homme savait s'y faire. Et c'est ainsi que le trio se mit à dégnommer ensemble avant de commencer une petite compétition : envoyer le plus loin le gnome.
Et se qui devait arriver, arriva : Harry libéra sa magie et le gnome partit… très loin ! Alors dans un fou rire incontrôlable, Charlie le prit sur ses épaules en l'acclamant avec Bill.
En fin d'après-midi, Harry jouait au crocquet version sorcière avec les 3 jeunes Weasley, Remus s'était progressivement éloigné, revenant régulièrement voir le petit garçon. Harry semblait avoir compris que Remus ne partirait pas, pour le moment du moins.
Pour le retour, ce fut Molly qui eut une excellente idée : entrainer Harry à utiliser son portoloin à longue distance.
Les adultes prirent à part l'enfant et lui demandèrent de dire au revoir aux autres. Une fois fait, ils lui expliquèrent : Remus va à la maison, Harry dit au revoir Molly et au revoir Arthur, et Harry dit « Attegia ». L'enfant ne parut pas comprendre et se serra encore plus à Remus. Finalement, la petite weasley qui avait tout écouté depuis l'escalier descendit avec des poupées au salon, d'un coup de magie sans baguette, les poupée devinrent Remus, Harry, Molly et Arthur, la théière devint la maison de Harry et la tasse se transforma en terrier. Arthur ne put s'empêcher de féliciter sa fille et de l'embrasser sur le front. Ces enfants avaient tous eu des accidents magiques spectaculaires, mais à chaque fois, c'était pour aider un autre. Pas pour obtenir un jouet ou un bonbon. Non, jamais l'acte n'avait été égoïste.
En tout cas ce fut efficace ! Harry fit même disparaitre la poupée Harry pour la faire venir à côté de la poupée Remus.
Remus n'attendit pas. Il dit « à tout de suite » à Harry et transplanna sans plus attendre, espérant retrouver sous peu un Harry un peu stressé mais pas en panique totale.
Molly encouragea rapidement Harry à lui faire ses au revoir et de la main, lui fit signe qu'il pouvait y aller. Et l'enfant disparut dans un pop sonore.
L'expérience avait été un succès. Harry était rentré seul et un câlin de Remus le récompensa de ce qui était pour lui une dure épreuve.
Dans les jours qui suivirent, Harry apprit de nombreuses choses avec les enfants Weasley : au plus grand bonheur de Ginny, ils se déguisèrent en Gryffondors avec les anciens uniformes des garçons. Harry apprit à nouer sa cravater, lasser ses chaussures et marcher avec une robe sorcier. Le petit était si mignon que Molly ne put s'empêcher de prendre une photo sorcière et de l'envoyer à Remus par hibou postal.
En fin de semaine, Remus parvenait à déposer Harry chez les Weasley pour une après-midi de jeu sorciers, son fidèle calendrier sous la main pour lui dire à quelle heure Remus viendrait le chercher. Et au poignet sa gourmette qui le rassurait : si l'homme oubliait, il pourrait toujours le rejoindre.
Sauf qu'une heure après le départ de l'enfant, on sonna à la porte. C'était madame Ombrage, l'équivalent sorcier d'un assistant social. Et elle exigeait de voir sur le champ Harry !