Chapitre 19 : Brûle avec moi

- Entre ma Line, nous t'attendions tu sais ?

Hermione remarqua seulement à ce moment-là un petit moniteur, s'allumant quand quelqu'un entrait, posé à côté du petit micro, sur une table discrète à côté de la chaise. Cornaline passa enfin la porte, vêtue d'une de ses tenues dignes de la mafieuse qu'elle avait été. Elle regarda succinctement la pièce et posa enfin son regard sur son frère, l'air impassible. Opallios sourit alors et tendit ses bras :

- Missy, te voilà enfin... tu m'as tellement manquée ma Line chérie !

- Baisse tes bras Lios, cesse tes enfantillages et tiens-toi droit, un peu de tenue !

L'homme conserva son sourire, aussi dérangeant quel qu'il fut, et s'exécuta, se redressant convenablement. Si Cornaline avait un plan, la lionne ne savait pas ce que c'était. Avec sa dégaine de femme d'affaires, elle s'approcha doucement, regardant autour d'elle avec dégoût :

- Qu'est-ce que tu lui as fait ? demanda-t-elle avec détachement en voyant Severus.

- Je l'ai mis en transe hypnotique, expliqua-t-il avec fierté.

- Severus n'est pas hypnotisable, fit remarquer Line.

- Il ne l'était pas oui, mais d'une, il est bien plus faible qu'avant, de deux, plus personne ne peut me résister ma sœur ! En 12 ans, tu t'en doutes, certaines choses changent. Tu es devenue une femme... simple, dit-il avec une légère dose d'animosité, et de mon côté, je me suis bonifié.

- Voilà que tu parles de toi comme d'une bouteille de vin, répliqua Missy avec mordant, mais dis-moi plutôt, pourquoi n'es-tu pas venu me voir de façon civilisée si tu es devenu une aussi meilleure version de toi-même ?

La femme croisa ses bras devant elle alors que son frère, prenant une inspiration, reprit avec une retenue toute relative :

- Parce que tu m'as trahi Missy ! Tu m'as arraché le cœur, dit-il en plaçant sa main droite sur sa poitrine. Tu l'as piétiné et je t'en ai voulu pour ça tu sais ?

Pointant ensuite un doigt accusateur sur le sorcier endormi, il reprit :

- Mais le pire, ça reste lui, là ! Il n'a rien fait pour t'aider, il a été une déception totale, d ! J'ai tout essayé, pour lui donner accès au destin qui devait être le sien, mais il a tout gâché. La seule chose qu'il a faite pour moi, c'est de m'aider à me venger de Turner, mais il s'est avéré que cette vengeance était inutile. Tu m'as bien eu sur ce coup-là ma sœur... tu nous as tous bien eu... enfin, presque tous, mais je m'occuperai de tes amis les Griffacier plus tard, et je le ferai moi-même cette fois.

En disant cela, Opallios jeta un regard mauvais à Stevenson. Hermione le regarda à son tour avec désarroi :

- C'est toi qui a attaqué Kate ?

- Je n'ai pas eu le choix...

- On a toujours le choix, espèce d'imbécile !

Énervée et encore plus déçue que jamais, elle tenta de gifler Stevenson qui lui attrapa le poignet avant. Opallios pesta :

- Fais en sorte qu'elle cesse de gesticuler et de vociférer quand je parle !

Se contentant d'opiner du chef, il fit se tourner la lionne tout en agrippant fermement son bras. Hermione grimaça de douleur alors que son assistant lui murmura :

- Désolé... ne bouge pas et ça ne fera pas trop mal...

- Enfin, qu'est-ce que je disais déjà ? Ah oui, en somme, Severus n'a été que déception... j'ai subi beaucoup de déceptions ces derniers temps, et pourtant, je n'aime pas être déçu, tu le sais ma Line. N'est-ce pas ?

Faisant fi de son épaule meurtrie, Hermione sentit son malaise grandir face à la dernière question du médecin, qui sonna comme la menace ultime. Bien sûr, elle savait déjà que le frère de Cornaline était impliqué dans l'affaire Turner et Lestrange. Elle savait aussi ce qu'il avait fait à son amie Borage mais malgré tout ça, ce ne fut qu'en cet instant qu'elle se sentit réellement en danger.

Missy souffla par le nez d'un air mesquin, comme si rien ne l'effrayait dans le discours de son frère, puis après un court silence, elle finit par dire avec lassitude :

- Moi, je n'aime pas que l'on me menace Opallios, ce que tu as fait trop souvent ces derniers temps, mon cher frère! Tu devrais avoir honte de toi !

Le susnommé serra le poing, rongeant son frein, avant de marmonner avec un agacement contenu :

- C'est moi qui devrais avoir honte Missy ? Moi ? Ce n'est pourtant pas MOI qui aie pris la fuite en abandonnant son sang sur le banc de touche, tout ça pour vivre une vie ennuyeuse avec un moldu banal et sans avenir ! Si je n'avais pas été là, tu serais encore une femme prisonnière de son traintrain et une mère de famille sans grandeur, alors qu'aujourd'hui, aujourd'hui je t'offre un futur roi et...

- Sans toi ? répéta-t-elle alors en perdant un peu de sa splendeur. Tu veux dire que...

- Oui, tu as très bien compris ! C'est moi qui t'ai délivré de ce moldu sans valeur. Il a suffi d'un simple virus pour que ça parte en infection pulmonaire, preuve s'il t'en fallait une que c'était un être sans le moindre intérêt.

Les lumières de la pièce se mirent à vaciller et Opallios regarda autour de lui. Hermione pensa que Severus s'était éveillé mais non, cette magie ne venait pas de lui ! Le médecin de fortune reporta son regard sur sa sœur et eu un rictus nerveux :

- Des fluctuations magiques malgré l'œil de jade ? Comment est-ce possible ? Ne me dis pas que tu as été la récupérer ? s'étonna-t-il.

Cornaline ne répondit rien, crispée comme jamais Hermione ne l'avait vu. Il n'y avait plus de filtre, plus de faux semblant. La mafieuse sûre d'elle et impassible venait de laisser la place à une femme meurtrie et blessée. Opallios perdit instantanément son sourire mais ne sembla pas plus inquiet que ça, plutôt vexé ou choqué :

- Je n'y crois pas... tu y as été...

Hermione allait demander de quoi il parlait quand Cornaline sortit de son décolleté un collier. Elle tira dessus et le pendentif se transforma en un long et fin bâton de bois rouge qu'elle regarda avec nostalgie.

- Tu ne te rends pas compte de ce que tu as fait Missy ! s'insurgea son frère qui présenta cette-fois une pointe d'inquiétude dans le ton.

- Je ne comptais pas m'en servir... mais tu es allé trop loin mon frère ! Tu es hors de contrôle Opallios... tu dois t'arrêter...

- Pourquoi ? Pourquoi voudrais-tu m'arrêter ? Je suis à ça de te fournir tout ce qu'il te faut pour être heureuse et épanouie comme il se doit ! Et toi tu vas récupérer ta baguette...

- J'avais tout ce qu'il me fallait pour être heureuse Opallios ! dit-elle d'une faible voix. J'avais absolument tout...

Relevant doucement la tête pour regarder de nouveau son frère, avec mélancolie, elle soupira :

- Je savais que tu avais l'œil de jade avec toi... je savais que ce n'était pas une simple légende familiale !

- Notre ancêtre, la seule et unique « œil des Travers » l'a créé de toute pièce. Il bride la magie des lieux où on l'expose et empêche les personnes non autorisées d'approcher. C'était son seul moyen pour pouvoir se reposer et ne pas être envahi par ses visions, tout en évitant d'être importuné par des indésirables ! Il avait mystérieusement disparu après son décès et personne avant moi n'a eu l'idée de vérifier dans la tombe de notre ancêtre.

- Comme c'est étrange non ? ironisa Missy avec dégoût. Quoi qu'il en soit, je sais maintenant que j'ai fait le bon choix... tes actes dépassent l'entendement 'Lios ! Si tu ne veux pas te stopper par toi-même, alors ce sera à... à moi de le faire... et tu sais que j'en suis capable !

Opallios eut un rire jaune et se moqua ouvertement :

- Comme avec nos parents ?

- S'il le faut, oui !

- Parce que tu crois encore que c'est toi et ta magie défectueuse qui avez eu raison d'eux ? dit-il toujours aussi amusé. Tu crois sincèrement que c'est toi qui as eu le cran d'agir contre ces monstres ?

Il réussit à ce moment-là à déstabiliser encore un peu plus la mafieuse que la lionne avait, pourtant, toujours imaginée sans aucune faille. Le frère de cette dernière reprit alors en constatant de nouvelles fluctuations de lumières plus importantes, ainsi que des étincelles magiques au bout de l'arme de sa sœur :

- Même avec ta baguette, la seule chose que tu pourras faire, c'est faire clignoter les lumières comme sur les pistes de danse de ton soi-disant empire, se moqua Opallios qui semblait, au fond, vouloir se rassurer plus qu'autre chose.

- Je pourrais tout aussi bien exploser et tout détruire ! Tu as déjà vu ce genre de chose arriver n'est-ce pas, toi qui surveillais si bien Severus ?

- Tu sais contrôler ta magie depuis des décennies, fit-il remarquer.

- En effet, je la contrôle depuis que j'ai décidé d'abandonner ma baguette chez nous... mais aujourd'hui, j'ai à nouveau mon catalyseur dans les mains et je ne sais pas moi-même ce que ça peut donner !

Le cracmol passa une main dans ses cheveux, tout en entamant des allers et retours entre sa table et le canapé :

- Elle en est donc à ce point-là ? Elle me prend pour un danger tel qu'elle me menace... je n'arrive pas à y croire... ma Line qui me fait ça à moi... m'abandonner n'aura pas été suffisant !

- Si tu te rends et si tu laisses les aurores entrer, je me contenterai de te voir arrêter sans m'énerver davantage ! Tu sais qu'ils sont devant le bâtiment. Il ne va pas leur falloir des jours pour contrecarrer la magie de l'œil de jade. Aucun artefact ne peut faire le poids bien longtemps face à des dizaines de sorciers.

Missy regarda pour la première fois Stevenson avec dégoût avant de reprendre :

- Et ce n'est clairement pas avec ce genre de garde du corps que tu vas t'en tirer ! Ce n'est pas comme si tu avais une armée derrière toi Opallios.

- Même si ce jeune garçon a en effet commis des bourdes plus grosses que sa forme animale, il n'en reste pas moins efficace quand il le veut. Il a un potentiel incroyable en tromperie. La preuve, il a dupé son monde pendant des mois, avec comme grand final l'enlèvement de notre futur roi sous le nez de sa propre famille ! Enfin, je te l'accorde, j'aurais pu payer bien plus de mercenaires pour ma sécurité... mais cela aurait aussi augmenté le risque de trahison possible. Alors pourquoi m'embêter à payer des gens quand je peux avoir mieux que ça, gratuitement ?

Opallios cessa les cent pas et inspira profondément :

- Ma Line chérie, maintenant donne-moi ta baguette et oublions nos petites querelles tu veux ?

- Ne m'appelle plus jamais comme ça !

- Missy calme toi et DONNE MOI TA FICHUE BAGUETTE, hurla d'un coup Opallios.

- JAMAIS !

Missy pointa sa baguette sur son frère et les étincelles au bout de celle-ci se croisèrent. Le médecin ragea :

- Puisque c'est ce que tu veux ! Severus, Steh auf !

La lionne sursauta et, même si jusqu'à présent elle avait espéré que Cornaline passe à l'action, elle commença à douter que cela fût une bonne idée. Son frère était maintenant hors de lui et après avoir parlé allemand, Severus ouvrit les yeux et se redressa d'un coup. Hermione fut, dans le même temps, tiré en arrière par Stevenson qui semblait plus inquiet que Missy elle-même.

- Severus, l'appela Hermione, réveille-toi !

- Ce n'est même pas la peine d'essayer, dit Stevenson avant d'ajouter en chuchotant à son oreille pour qu'elle seule entende. Tu ne connais pas Opallios, tu ne sais pas ce qu'il peut faire... Severus n'est plus vraiment Severus ! Mais ne t'en fais pas Hermione, personne ne sera blessé...

- Alors pourquoi tu me maintiens les bras, que tu vas finir par me briser soit dit en passant, tout en me parlant avec une voix tremblante ? lui répondit-elle de la même façon.

- Je veux seulement que tu ne fasses rien d'irréfléchi... ce serait trop risqué alors que tout peut se terminer convenablement. Il ne supporte pas que l'on fasse des vagues Hermione...

- C'est bon, j'ai compris mais bon sang, relâche-moi. Je ne vais de toute façon rien pouvoir faire sans magie, alors cesse de me faire mal ! Je ne vais pas te griffer à mort ! Même si l'idée de le faire me démange après ce que tu as osé faire à mon fils !

- Je te jure qu'Alexandre va bien, dit-il pour sa défense en desserrant un peu sa prise.

- Où est-il ?

- En lieu sûr, sincèrement, à l'heure qu'il est il est sûrement en train de jouer aux jeux vidéo dans le salon.

- Quel salon ?

Il ne lui répondit pas mais Hermione se détendit légèrement à l'idée que son fils soit en sécurité. Elle croyait Stevenson, il semblait sincère et, bien que toujours énervée, elle voulut espérer qu'il n'était pas le monstre qu'elle avait imaginé ces dernières heures. Quoi qu'il en fût, pour l'heure, le démon dans la pièce tirait des ficelles invisibles pour forcer Severus à faire des choses...

Missy regardait le sorcier qui venait de s'éveiller mais dont les yeux semblaient vides de toute vie. Il lui faisait face mais attendait des ordres :

- Severus, c'est moi, réveille-toi s'il te plaît ! lui demanda-t-elle à son tour. Severus je t'en supplie, souviens toi pourquoi tu es ici !

- Severus, Missy a besoin de ranger sa baguette en sécurité. Et elle est fatiguée, elle a besoin de s'assoir et pour son bien elle doit cesser de bouger et de parler, fais quelque chose !

Sans rien répondre, le sorcier automate se contenta de s'approcher de Cornaline, prêt à la porter jusqu'au canapé. Missy essayait encore de le réveiller, mais comprenant qu'il n'en était rien et sûrement de peur de le blesser ou de se faire blesser, elle se dirigea d'elle-même vers le canapé ou elle s'installa, pour ne pas que Severus l'y force, posant sa baguette sous sa cuisse. Ceci amusa le mentaliste :

- Ha eh bien voilà, c'est parfait ma sœur, tu obtempères un peu ! Mais je n'oublie pas ce que tu m'as dit, donc Severus, attache là quand-même, le scotch est là-bas.

- Espèce de...

- N'aggrave pas ton cas ma Line !

Alors que Severus prit le fameux scotch gris pour limiter les mouvements de Cornaline, Hermione se rendit compte que la situation devenait grave. Dans un élan de courage Gryffondorien, elle marcha sur le pied de Stevenson qui, vu qu'il la tenait moins fermement, la lâcha.

La lionne ne perdit pas de temps, Opallios comme son fiancé étant occupés par Coco, et elle courut donc jusqu'à son sorcier. Il était indéniable qu'il n'était pas lui-même, mais elle avait un avantage de taille. Grâce à Missy, elle savait le point sensible de Severus pour le réveiller : elle n'avait qu'à lui toucher les épaules et le tour serait joué. Opallios ne pourrait plus faire face et les forces seraient rééquilibrées. Elle sauta donc, d'un bond digne d'une lionne en chasse, les mains tendues vers Severus, Missy ayant l'air confiante alors qu'elle tenta de se redresser.

Hélas, elle n'arriva pas à atteindre son objectif, le cracmol sportif l'attrapant au vol et la soulevant comme si elle n'était qu'un simple ballon de basket. Severus poussa Cornaline violemment pour la rasseoir et l'attacha, sans faire attention ni à la grimace douloureuse de la sorcière, ni à Hermione qui criait à pleins poumons. C'était comme si elle n'était pas dans la même pièce que lui, qui eut vite fait de contenir Missy.

- Cessez donc de crier comme une truie que l'on égorge, dit Opallios en la posant sur la chaise qu'il utilisait plus tôt. Severus, attache notre amie avant que je ne décide d'abréger ses souffrances.

Hésitant, Stevenson semblait prêt à intervenir à son tour, en faveur de sa cheffe qu'il regarda avec désespoir. Il tourna ensuite les yeux vers Severus avant de tomber sur le regard noir du médecin qui, sans un mot, calma la fougue du jeune homme, dont l'envie d'agir mourut dans l'œuf.

- Je suis désolée Hermione, marmonna-t-il discrètement.

- Ce n'est pas trop tard pour arrêter de l'écouter et pour nous aider, s'énerva alors la lionne alors qu'elle était maintenue sans ménagement sur la chaise. Il serait seul contre nous, alors agis bien cette fois bon sang !

- Je...

- Si tu as fait tout ça pour moi, alors tu as mal agi jusque-là ! Si tu m'aimes vraiment...

Cela aurait sûrement fonctionné si la lionne avait pu finir son discours, mais Opallios lui asséna un coup de boule bien placé. Hermione grogna de douleur en entendant son nez se casser mais elle ne hurla pas pour autant. Elle n'allait pas donner la satisfaction à cet enfoiré de pleurer non plus. Elle inspira comme elle put par la bouche, avalant par la même occasion son propre sang qui coulait abondamment de ses narines, alors que Severus lui mettait déjà du scotch aux poignets. Dans le même temps, enfin, Stevenson décida que c'en était trop et essaya de s'attaquer à Opallios.

- Tu es ridicule ! soupira le cracmol en mettant le jeune homme au sol en moins d'une seconde, avec un simple coup dans l'estomac. Tu n'es rien sans ta magie, tu es faible sans l'ours en toi, et tu espérais sincèrement pouvoir m'attaquer ? Après tout ce que j'ai fait pour toi ?

En disant cela, il donna plusieurs coups de pieds au jeune homme qui finit par sombrer dans l'inconscience.

- Steven, cria-t-elle cette fois.

- Oh mais bordel, vous ne pouvez pas fermer votre gueule ? soupira Opallios. Vous avez un don certain pour m'énerver Granger, à parler et crier pour rien, comme une cruche. Sérieusement, je comprends mieux ce que Bellatrix voulait dire !

- Vous auriez dû vous marier avec elle ! cracha-t-elle. Ah zut, j'oubliais, elle devait vous haïr vu que vous n'êtes qu'un simple cracmol inutile !

Le point sensible avait été touché, dans le mille. Ce ne fut pas tant le mouvement terriblement lent d'Opallios pour se tourner vers elle qui effraya la lionne, mais bien la réaction de Missy qui s'agita pour se défaire de ses liens, semblant paniquer pour Hermione elle-même.

- Je suis du genre patient en temps normal... je vous assure, dit-il en s'approchant de la lionne qui essaya en vain de se débattre elle aussi. Mais dès que l'on m'énerve... ah, dès que ça arrive, les gens finissent par le regretter. Par exemple, Lestrange justement, avait tendance à oublier qui donnait les ordres ! Son rôle était de vous tuer à la base, vous aviez dû le comprendre à l'époque, non ? Au lieu de ça, qu'est-ce qu'elle a fait ? Elle a blessé Severus tout en vous laissant fuir avec vos parents ! À ce moment-là j'avais encore de l'espoir de voir le Lord Prince actuel devenir quelqu'un... et pourtant, un peu plus et il mourrait lamentablement !

Opallios portât un regard succinct sur la jambe de Severus qui était statique derrière Hermione. Il lui prit le scotch qu'il avait encore en main et, violemment, en mit sur la bouche d'Hermione qui grimaça de douleur et de dégoût en sentant son sang s'étaler sur ses lèvres :

- Vous saviez qu'il est très difficile d'arracher un membre humain ? Le boucher que j'avais payé pour le faire a eu un mal de chien à venir à bout de la jambe de Lestrange ! Il lui avait fallu plus d'une demi-heure pour la lui enlever alors qu'elle était, pourtant, quasiment endormie... enfin, au moins j'ai compris grâce à cet incident qu'elle serait suffisamment stupide pour mettre en péril mes plans. J'avais besoin de Severus en vie, pas mort, d'autant plus après que j'ai vu, comme par miracle, réapparaître ma Line d'entre les morts, juste devant l'impasse du Tisseur ! Ça m'a fait autant de mal que de bien de la voir ce jour-là, dit-il en regardant sa sœur avec nostalgie. Mais bon, cette folle furieuse de mangemort avait encore décidé de faire des siennes au manoir, malgré mon premier avertissement. Heureusement, vu sa faiblesse d'esprit, il m'avait été facile de la « programmer » pour qu'elle se suicide en cas de problème. Je n'ai pas pu suffisamment remercier Merly de m'avoir aidé pour ça...

Le cracmol eut un sourire triste au visage, en parlant de Borage, et Hermione aurait bien aimé lui demander ce qu'elle avait fait, elle, pour mériter de mourir brûlée vive. Hélas, ne pouvant rien dire ni rien faire, elle vit juste Opallios se pencher sur elle. Cette fois, il semblait avoir totalement perdu la raison :

- Je sais à quoi tu penses sale gamine fouineuse ! Tu te crois meilleure que moi ? Tu penses que je n'ai aucun cœur ? Tu penses sincèrement que ça ne m'a pas fait mal de la sacrifier, tout ça par votre faute à tous ? Comme si je n'avais pas assez souffert dans ma vie... comme si je n'avais jamais rien eu à sacrifier avant...

En disant cela, il lui montra sa main et lentement, avec l'autre, retira une sorte de seconde peau en silicone très fin qui la recouvrait. Dessous, sa main droite était pleine de cicatrices, pas aussi diffuses que celle de Severus des suites du maléfice de dagues, non, mais presque identique à l'espèce de tatouage qui se trouvait sur celle de sa sœur :

- Tu sais ce que c'est ? Non, bien sûr que tu l'ignores, Ma Line ne vous a rien dit hein ? Severus et toi, vous pensez encore qu'elle s'est juste fait un tatouage étrange, s'amusa-t-il. Eh bien, non, ce n'est pas un dessin qu'elle s'est fait encrer dans sa peau. C'est un présent de nos parents, leur tout dernier cadeau pour être exact ! Oh, mais c'était ma faute, tu vois, j'avais eu l'affront de faire tomber un verre d'eau en mangeant. Pour me faire comprendre que je n'aurais pas dû, ma si adorable maman m'a attrapé le bras, a mis ma main dans l'encadrement de la porte... et elle l'a refermée dessus. Une fois pour le verre... une fois pour mon manque de pouvoir magique qui m'empêchait de réparer ma bêtise... et une dernière fois pour le simple fait que j'existais dans sa misérable vie !

En disant cela, Opallios avait compté avec ses doigts devant le visage de la jeune sorcière. Elle écoutait avec effroi le récit qui se poursuivit :

- Trois coups qui ont réduit ma main au rang de simple steak haché ! Ce jour-là, c'est ma sœur qui m'a aidé, comme toujours. Mais pour sauver ma main, elle a sacrifié la sienne en utilisant la magie interdite... celle qu'elle a hérité de notre sang. Ce jour-là, je n'étais pas énervé d'avoir été puni, j'en avais l'habitude, mais je n'ai pas supporté de voir Ma Line souffrir pour moi ! Ce jour-là, je me suis promis de lui offrir une vie meilleure, une vie de reine, quel qu'en soit le prix. Et ça a commencé par une émancipation bien méritée ! Aujourd'hui, je vais lui offrir un roi et nous pourrons enfin vivre tranquillement malgré mes différences, et ce n'est pas toi ni Severus qui allez gâcher ça !

A cet instant, Line comprit l'évidence qu'elle avait toujours préféré nier... elle comprit que son frère ressentait pour elle bien plus qu'un simple attachement fraternel : il l'aimait d'un amour passionnel. Bien qu'elle ait toujours constaté que son frère était différent - et comment cela aurait-il pu en être autrement avec ce qu'il avait vécu dans son enfance ? – jamais elle n'avait voulu voir au-delà de la souffrance qu'il ressentait. Elle était sa sœur, elle était sa seule véritable famille et elle avait espéré pouvoir être son pilier, pour qu'il puisse s'envoler de ses propres ailes et vivre une vie normale.

Oui, Cornaline avait espéré tout ça et elle avait même cru y être arrivée, même si quelques doutes c'étaient formés avec le temps. Des doutes qu'elle avait fait taire au fond de son être le plus possible. C'était son frère après tout, comment aurait-elle pu accepter s'être trompée sur son compte, lui qu'elle voulait voir heureux et épanoui à tout prix ? Aujourd'hui pourtant, la folie d'Opallios lui ouvrit les yeux et elle vit les siens l'éclat délirant que ses démons y laissaient, ceux qui l'avaient rongé de l'intérieur jusqu'à lui faire perdre entièrement la raison.

Se redressant, il regarda Cornaline qui ne cherchait plus à se débattre, comme figée, des larmes coulant sur ses joues et sur le scotch qui la bâillonnait. Sans rien ajouter, il s'approcha d'elle et lui essuya les larmes avec son pouce, avec douceur, pendant qu'elle fermait les yeux face à ce geste dérangeant. Opallios observa ensuite Severus avant de regarder de nouveau la lionne :

- Je pensais sincèrement que c'était lui... j'ai investi tellement d'énergie pour un type qui a juste fait souffrir ma sœur en lui faisant perdre son temps. Oh, bien entendu, il a engendré le roi de la prophétie, c'est toujours ça, mais tout de même. Ma Line a été obligée de fuir le pays à cause de lui, il me l'a enlevée... mais aujourd'hui, il va le payer ! J'avais prévu de me venger de lui en lui faisant tout simplement oublier ton existence... hum, tu sais, tu étais censée vivre Granger, tu aurais dû rester à distance mais je t'aurais laisser fonder une nouvelle famille parce-que j'ai bon cœur ! Mais bon... tu m'as énervé à force de faire ta maligne et de trop parler, avec ton air supérieur et moralisateur. Dommage pour Stevenson, j'aime bien ce garçon.

Haussant les épaules, il regarda Stevenson qui était toujours au sol puis se recula :

- Severus, tue cette gamine, elle veut faire du mal à Missy !

Le sombre sorcier se déplaça face à sa lionne et, le regard toujours embrumé, plaça ses mains autour du coup de sa compagne. Hermione sentit son cœur s'accélérer et tenta de crier à Severus de se réveiller alors qu'il serrait de plus en plus sa prise, l'empêchant de respirer. Missy essayait de crier et cherchait de nouveau à se défaire de ses liens, ce qu'elle sembla non loin de réussir. La lionne pria de tout son être pour que Cornaline y parvienne, elle qui était maintenant à la merci de l'homme qu'elle aimait.

- Aller, dépêche-toi, tue-la ! soupira Opallios qui perdait patience.

Severus serrait toujours et tout devenait flou autour d'elle. Cette fois-ci, personne ne la sauverait, Cornaline n'aurait pas le temps d'agir. Ce n'était pas de sa faute, ni celle de son meurtrier qui était hors de contrôle. Résignée, n'ayant d'autre choix que de s'avouer vaincue, elle encra son regard sur celui de son sorcier. Quitte à partir, elle décida de regarder la mort dans les yeux. Hermione sentit des larmes commencer à dévaler ses joues.

Oui, ce n'était pas de sa faute, elle le savait, mais elle mourrait par ses mains à lui et c'était douloureux. Tout semblait sur le point de finir quand il se stoppa... il relâcha sa prise lentement et se recula d'un coup, observant ses mains maintenant mouillées par le sang et les larmes de sa compagne.

...

C'était comme s'il venait de se réveiller d'un horrible cauchemar. Ses mains étaient rouges et humides et la dernière chose dont il se souvenait, c'était d'avoir été happé par « une porte aspirateur »... enfin non, la dernière chose dont il se souvint, c'était le regard ambré de sa reine qui semblait le supplier. Relevant la tête, il constata avec effroi que c'était une réalité ! Avait-il réellement été sur le point de la tuer de ses propres mains ? Sous le choc, alors qu'elle semblait encore en train d'étouffer, il lui arracha le scotch qui lui obstruait la bouche. Elle toussa violemment et, dans un élan de frayeur, essaya de parler sans y parvenir :

- Severus, je t'ai dit de la tuer, elle va te blesser, comme ton père ! Son sang doit couler ! hurla Opallios.

Hermione vit l'hésitation naître dans le regard semi embrumé de son sorcier. C'était une sensation étrange, Severus se sentit sur le point de vomir. Il savait qu'il ne devait pas faire de mal à Hermione mais, c'était comme si une voix lointaine tentait de le prévenir d'un danger. Pourtant il n'y avait rien ni personne autour de lui, à part sa lionne, attachée face à lui pour une obscure raison :

- Tue-la, avant qu'elle ne tue ceux qui compte pour toi !

Pourquoi se sentait-il à ce point en danger ? Il ne savait pas, mais il devait se défendre non ? Ses murmures dans sa tête étaient sur le point de le rendre fou ! À moins qu'il ne le fût déjà ? Se rapprochant du danger potentiel, il tendit ses mains pour l'étrangler, mais il l'entendit marmonner difficilement :

- Se... rus... je... aime !

- Her... Hermione...

- Tue-la, espèce de bon à rien ! ordonna la voix dans sa tête.

- Non... Je... Hermione...

Severus grogna de douleur et se tint les oreillers, les serrant avec ses mains, luttant contre les paroles qui lui venaient de loin. Il refusait d'écouter, s'il y avait un danger, ce n'était clairement pas Hermione.

La situation était en train de tourner en leur faveur et la lionne meurtrie entendit le frère de Missy pousser un soupir las mais, étrangement, pas si désespéré que cela. Reportant comme elle put son attention sur lui, ce dernier ayant bougé, elle comprit qu'il ne se sentait clairement pas en danger. En effet, un revolver à la main, il le pointa sur elle :

- Eh bien, tant pis. Je préfère le travail propre, encore plus quand il est fait par d'autre, mais quand il le faut, il le faut.

- Vous allez avoir... du mal à faire passer... ça pour un accident... Dr Ten, grogna Severus qui commençait enfin à reprendre le dessus et à comprendre ce qu'il se passait.

- Oh, tant pis, je mets juste mon plan C à exécution, expliqua-t-il. La façon de faire change, mais l'histoire reste la même que pour la plan B : un homme dépressif, qui a arrêté de prendre les antidépresseurs que son psy lui avait prescrits, finit par tuer sa fiancée et se suicide après. Je témoignerai à la barre s'il le faut, après tout Severus, je vous suis depuis plusieurs mois et je connais votre fragilité mentale. Sur ce, dites au revoir à votre Hermione.

Severus redressa la tête et Hermione vit toute la détresse dans son regard. Voulant néanmoins toujours autant garder la tête haute, pour elle et lui, qu'il soir fier d'elle jusqu'au bout, elle se redressa du mieux qu'elle le put malgré ses liens et sa douleur puis eut à peine le temps de dire :

- Je t'aime !

Ni elle, ni lui, ni même Missy, ne purent rien faire avant la détonation.

Hermione ferma les yeux et attendit une nouvelle douleur qui ne vint pas. Les rouvrant avec la peur au ventre de voir Severus en sang, elle resta stupéfaite en voyant Stevenson à terre alors que Severus fonçait dès lors sur Opallios. Le cracmol profita de la faiblesse physique du sorcier pour le déstabiliser et le faire tomber tout en soupirant :

- Quel geste stupide.

Moins d'une seconde plus tard, une autre détonation retentit et cette fois-ci, Hermione ressentit la fameuse douleur qu'elle attendait, juste dans son ventre :

- Il n'y a que dans les films où ça fonctionne messieurs ! Je n'allais pas me lancer dans un monologue pour encourager vos gestes désespérés alors qu'il me suffisait de tirer une seconde fois ! souffla-t-il. Quel gâchis, je vais devoir ajouter l'amant dans l'équation du drame. Mais d'abord... Argh.

Opallios ne put terminer sa phrase. Severus, qui s'était redressé en hurlant le nom de sa lionne, sentit son corps perdre sa masse avant de tournoyer dans les airs. Il n'avait pas souvenirs d'avoir transplané, et comment aurait-il pu alors que sa magie semblait ne plus répondre, lui qui avait pourtant essayé d'arrêter Opallios avec sa magie... en vain.

Une fois de nouveau sur le sol et sous le pouvoir de la gravité, il remarqua que tout le monde avait changé de destination. Ils se trouvaient maintenant dans ce qu'il restait d'un salon en ruine, clairement victime d'un incendie. Ne cherchant pas à comprendre comment c'était possible, Severus courut jusqu'à Hermione qui était par terre, toujours attachée à sa chaise.

La lionne saignait au niveau du ventre et de la bouche, regardant son fiancé appuyé sur sa plaie :

- Hermione, je suis désolé... j'ai essayé de... mais ma magie n'a pas... non, non, non, je t'en supplie, ne m'abandonne pas !

- Je... je n'ai pas peur... tu es avec... moi...

Severus continua d'appuyer tout en pleurant, puis un nouveau coup de feu retentit. Il tourna la tête et vit Cornaline, debout devant son frère. Son sang ne fit qu'un tour, pensant qu'elle venait de se faire tirer dessus elle aussi, mais ce fut le médecin qui baissa la tête pour constater son abdomen ensanglanté.

- Ma... Line... comment ?

Alors qu'il commençait à tanguer, Missy le rattrapa et l'accompagna au sol en pleurant :

- Je suis désolée Lios... je n'avais pas compris que tu étais aussi perdu et perturbé... je suis désolée...

- Missy... Line... je... je t'aime... grande sœur...

- C'est fini mon frère... endors toi... tu ne seras pas seul.

Severus se fichait éperdument de la souffrance du plus jeune des Travers. Il se moquait de savoir que c'en était fini pour lui, car tout semblait terminé pour la lionne et son monde s'écroulait au rythme du sang qui s'écoulait du ventre de celle-ci.

- Hermione... Hermione regarde-moi... ça va aller !

- Sev... Je... je...

- Non, non ne parle pas...

La détachant comme il put, il l'allongea un peu mieux pour permettre une meilleure compression de la plaie avec ses mains. Il posa son front contre le sien et sanglota :

- Ma reine, je t'en supplie, ne m'abandonne pas... j'ai besoin de toi, on a besoin de toi...

- Je... t'aime...

- Severus, recule-toi, lui demanda Missy qui venait de se rapprocher. Severus, mais pousse-toi bon sang !

L'attrapant par les épaules, elle le fit se décaler de force et se mit aux côtés de la blessée, la regardant dans les yeux :

- Je suis désolée Hermione, c'est de ma faute... mais je vais régler ça d'accord ? Reste avec nous.

Missy posa sa baguette à côté de la lionne et posa à son tour ses mains sur la plaie. Une lueur rosée sortit de ses paumes et de sa baguette, englobant à la fois les deux sorcières :

- Ça va aller Hermione, tout ira bien... respire calmement. Ça va picoter un peu mais tu devras continuer de respirer d'accord ?

Hermione acquiesça difficilement mais elle avait confiance en cette femme qui, plus d'une fois, avait su soigner ses proches. Les fourmillements commencèrent au niveau de son ventre et parcoururent bien vite le restant de son corps. C'était comme si son sang se reformait de lui lui-même et reprenait place dans son être. En moins de trente secondes, à peine le temps pour Severus de revenir à ses côtés, Hermione se sentait déjà un peu mieux. Fatiguée, certes, mais elle n'avait plus aussi mal au fur et mesure que les secondes passaient :

- C'est bientôt... finit, marmonna Missy qui semblait avoir des difficultés à maintenir le sortilège de soins. Je suis... tellement désolée !

- Tu n'y es pour rien, répondit Hermione qui grimaça en constatant que parler restait douloureux.

- J'aurais dû... l'empêcher de nuire avant, dit-elle en recommençant à pleurer.

- Tu n'es pas responsable des actes de ton frère, intervint Severus qui vit la plaie d'Hermione se refermer. Par tous les saints, tu fais bien plus de bien que de mal Coco !

Severus retrouvait espoir alors que sa compagne regagnait des couleurs. Elle n'allait pas mourir, il le savait, et c'était grâce aux dons de Cornaline. La lueur magique s'éteignit enfin et, alors qu'Hermione passait sa main là où le trou s'était trouvé juste avant, elle sourit à Missy puis à Severus qui l'embrassa. S'il avait pu sauter de joie à genoux, il l'aurait fait, mais c'était trop complexe. Il se contenta de poser sa main sur sa joue et, voulant remercier Cornaline, il tourna la tête vers elle. Elle s'était redressée et tenait fermement son ventre...

- Coco mais qu'est-ce...

- Ça va... aller... marmonna-t-elle.

- Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ! s'énerva Severus.

Repensant au souvenir de Severus et à ce qu'Opallios avait dit plus tôt, la lionne se redressa d'un coup et s'exclama :

- Tu sais utiliser la magie du sang ? Tu l'as utilisée pour moi, mais ça ne va pas ? Si cette magie primaire est interdite, c'est bien pour une raison !

- Magie du sang ? répéta Severus, choqué. Mais c'est une légende de grand-mère !

- Les légendes... comme celle du monstre... de Serpentard ? ironisa Missy qui vacilla légèrement.

Severus se releva et se mit rapidement à côté d'elle pour la maintenir debout. Il voulut l'allonger mais elle refusa stupidement.

- Tu n'as jamais juste soigné les plaies, tu aspirais le mal en toi, d'où tes cicatrices à la main ! s'indigna Hermione.

- En moi ou... dans d'autre êtres vivants...

- Comme des souris de laboratoire, marmonna Severus qui comprit à son tour la véracité de la légende.

- Cornaline, tu dois annuler le sort et... commença la lionne.

- Je ne peux pas... je ne contrôle... pas vraiment...

- Tu ne peux ou tu ne veux pas ? demanda Hermione.

- Les méchants... meurent toujours... à la fin ! s'amusa la femme malgré la situation.

- Mais tu n'es pas méchante, s'indigna Severus.

- Hermione... encore moins... alors réfléchit bien mon... beau prince...

Missy posa sa main sur la joue de Severus qui comprit le dilemme qui lui faisait face. Mais il ne voulait pas choisir, c'était cruel et ridicule et...

- Ne t'en fais pas... je suis en paix... je n'ai jamais... fait tout ça, dit-elle en regardant autour d'elle le lieu délabré.

C'était donc le manoir Travers... sous le coup de l'angoisse et de la colère, malgré l'artefact qui bridait la magie, Cornaline avait dû tous les faire transplaner jusqu'à sa demeure d'enfance, où tout avait commencé pour elle et son frère :

- Et où... tout va se terminer, dit-elle avant de tousser du sang.

- Arrête de parler, tu as besoin de... de...

- Approche moi... de mon frère...

Cornaline ferma les yeux un instant, la douleur psychique en parlant de son frère étant plus intense que celle qui l'emportait ailleurs. Rouvrant les yeux alors que Severus maintenait sa main sur sa joue, pour ne pas qu'elle tombe, elle implora en silence. À contre cœur, Severus l'allongea à côté du corps d'Opallios :

- Severus... Esméralda... je...

- Tu vas t'en sortir, ne recommence pas avec ça !

- Promets-le-moi...

- Arrête ça tout de...

- On te le promet Coco, on s'en occupera, finit par dire Hermione qui voyait bien que la mourante ne voulait que la vérité et pas de faux espoirs. Elle ne sera pas seule... jamais !

- Je l'aime... Ne lui dite pas... mes erreurs...

- Coco s'il te plaît arrête, supplia Severus.

Mais elle ne répondit rien et se contenta de tourner la tête vers son frère. Une dernière larme coula sur sa joue alors qu'elle tendit sa main marquée vers lui, lâchant prise au moment même où elle atteignit celle de ce dernier.

Tout était fini...

...

Tenant la main de sa compagne avec force, Severus marchait silencieusement. Il neigeait à gros flocons et le froid canadien était mordant. Plus jamais il ne se plaindrait des températures écossaises, il en était certain.

L'enterrement venait de se finir et Esméralda garda le silence elle aussi, comme elle le faisait d'ailleurs depuis plusieurs jours maintenant. C'était à peine si elle daignait manger mais, en même temps, n'était-ce pas normal au vu des circonstances ? Elle qui se retrouvait seule, sans sa mère qui venait d'être déposée dans sa dernière demeure, aux côtés de l'homme de sa vie.

Hermione se serra un peu plus contre lui alors que lui-même avait du mal à se faire à la situation. Pourtant, était-il vraiment à plaindre alors que sans l'acte héroïque de Cornaline, c'eût été sa compagne qui serait à sa place ? Lui qui avait toujours sa reine à ses côtés, ainsi que son fils et, même s'il ne se sentait pas légitime dans ce rôle de père, avec sa fille.

Alexandre était avec Rubis et Christian qui étaient venus avec les Griffacier et eux pour la cérémonie, comme Cornaline l'avait voulu. Comment le savaient-ils ? Apparemment, elle avait anticipé les choses et avait, plusieurs mois auparavant, pris contact avec Albus pour parler de diverses éventualités. Elle en avait profité pour laisser des lettres et un testament au seul homme sur terre en qui elle savait pouvoir faire confiance, du moins sans crise de nerfs de la part de ce dernier au vu des sujets abordés. Severus lui aurait, de toute évidence, lancé les papiers au visage.

Pourtant, les voilà ici, dans les allées du cimetière de Toronto, à suivre les indications qu'elle avait laissées. Cela n'avait pas été simple à mettre en place en si peu de temps, mais c'était maintenant fait.

Tout était fini...

Avant d'arriver à la sortie, Alexandre courut vers Esméralda. Il était en pleine forme et, bien que très attristé par la situation, il semblait digérer assez bien tout ce qui s'était passé. Heureusement, il n'avait rien vécu de très traumatisant.

Stevenson s'était contenté de déposer Alexandre dans une maison de campagne qu'il avait louée, prenant bien soin de ne pas se retransformer avant de n'avoir expliqué au garçon qu'un « collègue à sa mère et sa gouvernante allaient s'occuper de lui pendant les prochains jours ». L'assistant d'Hermione avait survécu, ne s'étant pris la balle qu'au niveau de l'épaule, il ne lui avait fallu qu'une transfusion et peu de soins. Il avait donc tout de suite pu dire où était le garçon, non sans s'excuser des millions de fois en même temps. L'aristocrate avait par la suite avoué tous ses méfaits mais, malgré ce que Severus en pensait, Hermione refusa de porter plainte pour tous les chefs d'accusations, préférant lui laisser une nouvelle chance... dès lors, Stevenson était resté un homme libre, bien qu'ayant des travaux d'intérêts généraux à fournir. Il s'en tirait beaucoup trop bien à son goût.

- Esméralda, tiens, tu vas attraper froid ! dit alors Alexandre en lui tendant son écharpe.

La jeune fille ne répondit rien alors que son demi-frère la lui mit sur les épaules. Sans lui demander son avis, il prit ensuite sa main et se serra contre elle. Cette fois, elle le repoussa et s'arrêta, énervée tout autant que triste :

- Mais tu vas arrêter oui, je ne t'ai rien demandé, je veux juste être tranquille !

- Tu n'as rien demandé, c'est vrai, répondit-il calmement. Mais tu es ma sœur et je serai toujours là quand tu en as besoin.

- Je ne veux rien du tout ! insista Esmée.

Severus allait intervenir, mais Hermione l'en empêcha alors qu'Alex reprit :

- Je sais... mais parfois il y a une différence entre ce qu'on veut et ce dont on a besoin.

Sans rien ajouter d'autre, il finit par retendre sa main vers sa demi-sœur qui, sans un mot et après un temps d'hésitation, finit par la prendre dans la sienne. Hermione eut un sourire tendre alors que Severus posa sa main sur celle qu'elle avait mis sur son bras.

Il faisait froid, mais un rayon de soleil pointa le bout de son nez dans les allées du cimetière de Toronto. Peut-être était-ce juste la météo, mais Severus eut le sentiment que c'était bien plus que ça, un peu comme le signe annonciateur que la vie allait continuer, sous de meilleurs hospices que jamais.

Oui, finalement, tout ne faisait que commencer...