Chapitre 26 : Des cauchemars…. ou des visions ?

Lorsque les garçons eurent rejoint l'entrée du cœur du temple, Obi-Wan fut soulagé de voir que Bolla et les filles étaient déjà là. L'accès au cœur du temple étant réglementé, la salle était vide, à l'exception d'un garde. Un geste de Shaak suffit à ce qu'il les laisse passer. Une fois à l'intérieur, ils se rendirent dans la salle de communion. En théorie, ils auraient pu utiliser n'importe quelle salle du temple, mais le lien avec la force était plus puissant ici. Dès qu'ils furent à l'abri des oreilles indiscrètes, Dez, exposa la situation au reste de leur clan. Ce fut Sarrissa qui posa la première une question.

― Depuis quand a-t-il ses cauchemars ?

― Le conseil est au courant depuis une semaine, répondit Shaak, mais pas du contenu. Il nous l'a présenté comme un mauvais rêve. On n'aurait dû se douter que pour qu'il ne dorme que très peu depuis des semaines c'était pour quelque chose de plus grave.

― Ne t'en veut pas Shaak, la rassura Bant, personne ne pourrait imaginer de telles visions chez un enfant. Obi-Wan en es-tu certain ?

― Le peu qu'il m'en a dit ne laisse pas de place à l'imagination, répondit Obi-Wan tout en allongeant son frère sur la table de pierre au centre de la pièce.

Dès qu'il l'eut posé, le jeune garçon commença à s'agiter. Sarrissa, la plus proche d'eux, rajusta la couverture autour de l'enfant. Il était étonnant qu'il ne se soit pas réveillé entre le déplacement et leur discussion. Alors qu'elle relevait la tête, Sarrissa croisa le regard d'Obi-Wan. Elle pressa légèrement la main de ce dernier, posée sur le jeune garçon entre eux deux, avant de lui envoyer un sourire qu'elle voulut rassurant. Obi-Wan ferma les yeux quelques secondes, se concentra sur sa présence qui avait toujours eu le don de l'apaiser. Il lui sourit à son tour avant qu'ils ne détachent leur main, et rejoignent le cercle formé par leurs amis autour d'Anakin.

Shaak se positionna debout au niveau de la tête d'Anakin. Elle posa ses mains sur les tempes du jeune garçon et ferma les yeux. C'était elle qui allait guider les membres de son clan dans l'esprit d'Anakin. En tant que membre du conseil, elle avait eu accès aux connaissances leur permettant une telle démarche. Elle était également parmi eux celle dont le lien avec la force était le plus abouti.

Les cinq amis fermèrent les yeux à leur tour, se concentrant sur le lien qu'ils avaient avec Shaak. Anakin commençait à s'agiter de plus en plus, sa respiration devenant de plus en plus rapide. Ils devaient se dépêcher, mais également agir avec prudence pour ne pas que leur esprit se perde dans les méandres de la force. Après quelques minutes de concentration, ils se retrouvèrent tous projetés au cœur d'un désert. Désert qu'Obi-Wan reconnut immédiatement.

― Quelle chaleur, se plaint Bant.

― Nous sommes sur Tatooine, lui répondit Obi-Wan. On doit trouver Anakin et sa... notre mère.

― Il est par ici, s'exclama Bolla qui s'était déjà éloigné du groupe.

S'ils étaient venus ici c'était pour exploiter la capacité du cœur du temple à rendre une illusion, ou un songe comme dans le cas présent réel. C'est pourquoi ils avaient tellement l'impression de se trouver au cœur d'un désert et non plus du temple Jedi. Le groupe s'avança alors vers Anakin, mais ils furent surpris. Lorsqu'ils étaient entrés en communion avec Obi-Wan, ils avaient pu interagir avec lui et le rassurer. Mais là, Anakin ne les percevait visiblement pas. Le jeune garçon se trouvait agenouillé dans le sable, son regard était figé sur sa mère dont la tête reposait sur ses genoux. Des larmes déferlaient sur ses joues. Ils étaient arrivés trop tard pour voir ce qui lui était arrivé, elle était déjà partie…morte… Enfin dans la vision tenta de se rassurer Obi-Wan. Cette vision ne fit que conforter sa volonté de la libérer.

Aucun des adultes présents n'eut le temps d'analyser avec plus de précision la scène qu'ils furent projetés dans un autre lieu, cela semblait être une planète montagneuse. A leur droite se trouvait une caverne. Le hoquet de surprise de Sarrissa étonna tout le monde. Ils tournèrent alors leur regard dans la même direction qu'elle, voulant savoir ce qui avait provoqué une telle réaction de la part de leur amie. Ils virent une image d'elle, légèrement plus âgée, remontant un enfant, avant de tirer Obi-Wan à son tour hors du ravin. Ce fut à ce moment-là que le jeune homme se rappela des propos d'Anakin. Il voulut en faire part à ses amis.

― Anakin m'a dit qu'il voyait ensuite ma…

― ta mort, le coupa Sarrissa. Mais enfin comment est-ce possible ? Non, cela ne l'est pas, ce n'est pas possible, dites-moi que c'est un cauchemar.

Sarrissa avait commencé à marmonner tout en secouant sa tête de gauche à droite. Ce fut Obi-Wan qui réagit le premier en prenant sa tête en coupe et en l'obligeant à le regarder dans les yeux.

― Obi-Wan… ? demanda-t-elle légèrement perdu.

― Je vais bien… murmura-t-il. Qu'est-ce qui t'arrive ?

― Cette vision, articula avec difficulté Sarrissa, c'est… une partie de mon épreuve pour être chevalier.

― Cela ne veut rien dire, murmura Shaak en regardant l'image de son ami rendre son dernier souffle. Cela ne veut rien dire, répéta-t-elle d'une voix plus forte et assurée. Une vision n'est qu'un des nombreux chemins possibles de l'avenir. Il nous suffit de trouver la clé, et ce chemin se refermera.

― Vous êtes là ? Je ne suis plus tout seul ?

Le murmure les surprit tous les six. Ils se tournèrent d'un seul geste vers la source. Anakin se tenait maintenant à l'entrée de la grotte, mais contrairement à la vision précédente, il semblait les voir.

― Ani… murmura son frère.

Le jeune garçon se précipita alors sur lui et le serra contre lui de toutes ses forces, l'obligeant à se détacher de Sarrissa.

― Tu es vivant, tu es vivant, tu es vivant, tu es vivant, répétait inlassablement Anakin.

Obi-Wan jeta un coup d'œil autour de lui, désespéré et à la recherche d'un soutien. Malheureusement, Bant, Shaak, Bolla et Dez analysaient la scène, comme à la recherche du moindre indice, cherchant à mémoriser les moindres détails de la scène qui leur faisait face. Ils le laissaient gérer Anakin, et il comprenait. Il pouvait voir au regard voilé de Bant et à l'ombre qui avait pris place dans celui de Dez qu'ils avaient relégué leurs émotions au second plan et qu'ils faisaient ce qu'on leur avait enseigné, analyser le moindre détail d'une vision. Il se perdit alors dans le regard de Sarrissa, la suppliant silencieusement de l'aider. D'un geste sec du bras, elle chassa les larmes de ses joues avant d'hocher la tête. D'un même élan, ils s'agenouillèrent pour se mettre à auteur d'Anakin. Ainsi, à sa hauteur, ils réussirent à lui faire reprendre pied rien qu'avec leur présence. Le jeune garçon se calma, apaisé par les mouvements circulaires que faisait Sarrissa dans son dos, et le regard d'Obi-Wan. Un regard plein d'émotions, vivant… l'opposé de celui qu'il avait vu quelques minutes avant.

― Oui, Anakin, je vais bien, lui dit simplement Obi-Wan en lui serrant l'épaule.

Anakin fronça alors les sourcils en regardant cette main posée sur son épaule. Il ne comprenait pas, il était pourtant certain d'être piégé dans son rêve. Mais la présence d'Obi-Wan lui paraissait si réelle.

― Mais, comment pouvez-vous être là ? C'est impossible, on est dans mon rêve. Vous ne pouvez pas être dans ma tête.

― Anakin, on n'est pas vraiment dans ta tête. Disons que lorsque tu médites, tu te lies à chaque fois un peu plus à la force. C'est au travers de ce lien que nous sommes parvenus jusqu'à toi. Enfin que nos esprits sont arrivés jusqu'à toi. Nos liens, que ce soit avec la force ou entre nous, nous ont permis de réaliser cela.

Anakin acquiesça avant de tourner son regard vers Sarrissa.

― Pourquoi tu pleurais ? Pourquoi tu as dit que c'était ton épreuve ?

― Parce que c'est l'épreuve que j'ai dû passer pour devenir Chevalier, lui répondit Sarrissa. Je devais affronter mes plus grandes peurs et incertitudes.

― La mort d'Obi-Wan, mais pourquoi ? insista Anakin

― Ton frère et moi avons grandi ensemble, nous sommes donc très proches.

Tout en parlant, Sarrissa fuyait le regard d'Obi-Wan, ne sachant pas comment présenter leur relation au jeune frère de son petit-ami.

― Mais alors ce que je vois ce n'est pas ma peur mais la tienne ? Pourquoi ?

― Je ne sais pas Anakin, mais on va le découvrir, je t'en fais la promesse.

Suite à la promesse de Sarrissa, Anakin baissa le regard avant de le relever pour regarder fixement son frère. Il resta ainsi une ou deux minutes, sans prononcer le moindre mot avant d'ancrer son regard dans celui de Sarrissa.

― Mais alors, tu as choisi de sauver l'enfant plutôt que mon frère ! Comment tu as pu…

― Anakin ! Le coupa son frère. Je préfèrerai mourir cent fois que de savoir que ma survie découle de la mort d'une âme innocente. C'est ma volonté, et je vous en voudrais si un jour je venais à apprendre que pour me sauver vous avez causé la mort d'innocent.

― Mais…

― Il n'y a pas de mais Anakin, je suis un Jedi. Je dédie ma vie à aider les autres et à apporter la paix dans la galaxie. C'est aussi la raison pour laquelle l'attachement nous est interdit car trop souvent il mène à des décisions égoïstes. C'était le but de l'épreuve de Sarrissa, elle devait prouver à la force mais surtout à elle-même que son attachement n'entacherait ni son devoir, ni son âme.

― Anakin, repris Sarrissa voyant que Obi-Wan avait fini. Tu dois me croire lorsque je te dis que plus jamais je ne veux avoir à vivre une telle épreuve. Plus jamais je ne veux avoir à devoir faire ce choix. Seulement, je sais aussi que je ne peux pas entacher la vie d'un de mes amis. Je les connais, et ils me connaissent. Comme tous les Jedis, on est prêt à mourir à chaque mission si notre mort apporte le plus grand bien.

― Mais moi je ne veux pas que vous mouriez. Je ne veux pas que mes amis meurent !

Anakin hurla sa dernière phrase en se dégageant brusquement. Il ne voulait plus les entendre parler de leur mort en disant qu'ils préféraient la mort à la vie. Seulement le paysage se mit à onduler, à devenir de plus en plus flou avant de complètement changer.

Obi-Wan tourna la tête autour de lui. Il remarqua Shaak qui observait par une fenêtre à l'extérieur. Ils étaient entourés de monde, il reconnut les jumelles Tiplee et Tiplar, mais elles devaient avoir bien dix ans de plus. Un peu à l'écart se tenait un jeune homme qui ressemblait à Anakin, il s'approcha pour parler aux jumelles. Tous les trois avaient leurs traits tirés. Le regard des jumelles avait perdu leur innocence, elles semblaient plus sérieuses. Ils étaient entourés d'un groupe d'homme en armure blanche.

― Où sommes-nous ? demanda Bolla à Shaak qui se rapprochait d'eux.

― A bord d'un vaisseau.

― Non, il faut leur dire de ne pas s'y rendre ! Ils doivent rester avec nous ! gémit Anakin.

Tout en parlant, le jeune garçon essayait de taper l'un des soldats. Mais à chaque fois sa main passait au travers de sa cible. Ce fut Dez, qui réagit le premier pour prendre le jeune garçon dans ses bras.

― Ils ne sont pas réels, lui murmura-t-il. Ils ne sont pas réels.

― Mais ils ressemblent à …

Seulement Anakin ne finit pas sa phrase et mit sa main devant sa bouche. Comme s'il s'apprêtait à dire une chose interdite.

― Ils ressemblent à qui ? demanda Shaak.

― Je n'ai pas le droit de le dire, sinon maman va avoir des ennuis.

― D'accord, tu n'es pas obligé d'en parler, convint Shaak avant de changer de sujet, non sans faire signe à Dez de bien analyser ces personnes, ils découvriront l'identité de l'inconnu plus tard. Anakin, ce que tu vois sont des visions envoyées par la force, il faut que tu les voies comme des épreuves, mais en aucun cas des faits réels ou prophétiques.

― Prohéquoi ? demanda Anakin

― Prophétique, reprit Obi-Wan, une prophétie c'est quand on croit que cela va se passer dans le futur.

― C'est possible ?

― Dans certains cas, mais pas là, lui répondit Shaak en faisant fit du regard perçant d'Obi-Wan sur elle.

Shaak venait de prendre une décision, ils avaient tous bien compris que ces visions étaient prophétiques, après tout, une des épreuves pour devenir Chevalier l'était. Mais ils savaient aussi que ces visions prophétiques n'étaient qu'une possibilité, et ils comptaient bien faire en sorte qu'elles ne se réalisent pas, surtout si elles signifient un génocide Jedi comme l'a dit Obi-Wan. Ils allaient donc analyser le moindre détail des visions, et faire en sorte que jamais elles ne se réalisent. Mais Anakin n'était qu'un enfant, il n'avait pas à en porter le poids. La force semblait l'utiliser pour les avertir, mais il était hors de question qu'il vive avec l'idée que ses cauchemars allaient se réaliser. Shaak reprit son explication à Anakin.

― L'avenir est en complet mouvement. Et regarde, juste avant, on a vu Obi-Wan mourir bientôt si on se fie à son apparence physique, et là on vient d'entendre l'image de toi lui parler, alors que ton cauchemar se passe dix ans dans le futur. Ce n'est pas cohérent, tu comprends ?

Anakin acquiesça, mais ne put s'empêcher de suivre les soldats, menés par Tiplar, Tiplee et son futur lui. Les autres le suivaient, il avait bien compris ce que lui avait dit Shaak, mais il devait essayer, il devait essayer d'arrêter ce soldat ! Mais il n'arrivait pas à l'atteindre. Lorsqu'il arriva dans la dernière pièce il ne put que regarder avec horreur Tiplar s'effondrer

― TIPLAR ! Non Tiplar !

Obi-Wan le prit dans ses bras avant de l'obliger à le regarder. Il ne cessait de marmonner le nom de son amie.

― Anakin, ce n'est pas réel, Tiplar va bien, elle doit surement être en train de préparer une blague avec Tiplee dont elles seules ont le secret.

― Oui, c'est vrai, et je devais les aider, j'ai oublié, on devait modifier les datapad du conseil pour….

Anakin se tut en se rendant compte qu'il était en train de révéler leur plan à des adultes mais surtout un des membres visés par cette blague. Seulement, si l'évocation de cette blague permettait à Anakin de sortir de sa torpeur, Shaak décida de faire comme si elle n'avait pas entendu. Elle fit signe à Dez, Bolla et Bant de reprendre leur analyse des lieux et de mémoriser le moindre détail.

― Ce n'est qu'un cauchemar alors ? demanda Anakin le regard implorant tourné vers son frère.

― Oui Anakin, un cauchemar, lui répondit Shaak voyant que Obi-Wan refusait de lui mentir.

― Mais, reprit Anakin, et si vous vous trompiez, si c'est une prophétie comme vous dites.

― Elle serait trop lointaine, intervint Sarrissa. Toute action, tout choix mène vers un futur possible. Seules les visions immédiates qui vont se dérouler dans les heures qui suivent sont à prendre au sérieux. Pour les autres, trop d'incertitudes les entourent. Il faut les garder dans un coin de sa tête, ne pas les oublier mais ne pas baser nos actions sur elles. Parce que la peur de voir une vision se réaliser mène à sa réalisation. Tu comprends ?

― Je crois, acquiesça Anakin. Mais, le dernier cauchemar, il n'y a rien pour le situer dans le temps.

Alors que Anakin parlait, le décor changea à nouveau. Ils se retrouvèrent au milieu du temple Jedi, en pleine nuit, toujours comme spectateur. Tout était calme, des Jedi s'entraînaient dans un coin, d'autre discutaient. Et puis d'un coup ce fut l'anarchie. Des tirs de blaster résonnèrent et touchèrent de nombreux Jedi. Les maîtres tentaient de protéger les élèves, mais les ennemis étaient trop nombreux. Les observateurs furent déplacés dans le temple contre leur volonté, obligés de suivre l'ombre qui guidait les envahisseurs. Ils se retrouvèrent dans la salle du conseil. Des enfants s'y étaient réfugiés. Ils sortirent de leur cachette, comme rassuré par la présence de l'ombre qui venait d'entrer. Ils auraient voulu leur crier de ne pas se montrer, mais ils ne pouvaient rien faire. Ils durent observer, impuissant, les larmes aux yeux, les enfants se faire tuer sans aucune raison.

Ce fut Dez qui réussit à se reprendre le premier, il secoua légèrement ses amis et tous se mirent à observer, à chercher à connaître l'identité de l'ombre, mais aucun visage n'était apparu lorsqu'il avait retiré sa cape. Comme s'il n'était qu'une ombre. Dez cru voir des fils rouges quitter l'ombre noir, comme des fils de marionnettiste. Il voulut y regarder de plus prêt lorsque tout s'arrêta d'un coup.

Dez se réveilla dans la salle de communion, et observa ses amis revenir à eux un par un. Il regarda Bolla se précipiter pour réceptionner Shaak qui avait usé de beaucoup de force. Il regarda Anakin se lever et se précipiter vers son frère. Il observa les regards graves de ses amis, et il comprit qu'ils avaient tous pris la même résolution, sans avoir besoin d'en parler. Ils avaient tous décidé de tout faire pour empêcher cette ombre de s'étendre sur le temple. Parce qu'ils étaient certains que c'était une vision d'un futur possible. Certaines personnes qui apparaissaient dans la vision, Anakin ne les avait jamais rencontrées. Il avait reconnu l'un des enfants qu'il avait ramené de sa dernière mission il y a seulement quelques heures. Un enfant que Anakin n'avait pas encore eu l'occasion de croiser. Il fut sorti de ses pensées par la voix du jeune garçon.

― Vous avez compris pourquoi je vais ces cauchemars ?

Au début personnes n'osa répondre à Anakin, aucun n'osa lui dire que la force l'avait choisi pour les alerter d'un danger grave et imminent. Il était encore trop jeune, et ne pouvait pas grandir sereinement avec un tel poids. Cependant, mentir ne faisait pas partie de leur façon d'agir, et ils n'aimaient pas ça. Ce fut Shaak, qui encore une fois se décida à le faire, non sans lancer un regard grave à ses amis. Mentir ne lui plaisait pas du tout, mais en tant que maître du conseil elle se devait d'agir.

― Anakin, je pense que ce ne sont vraiment que des cauchemars. Tu as été séparé de ta mère, ta seule famille, et ton subconscient exprime ta peur de perdre ta nouvelle famille, les Jedi. Tu comprends ?

― Je crois que oui. Je suis désolé de vous avoir embêté. Je suis un grand garçon, je ne devrais pas inquiéter autant de monde juste pour des mauvais rêves.

― Tu n'as pas à t'en faire, lui répondit Bolla, et puis en fait tu nous as rendu un grand service !

Devant le regard interrogateur d'Anakin, Bolla précisa sa pensée.

― Et oui, maintenant ton cher frère nous est redevable, je me demande bien ce que je vais pouvoir lui faire faire…

L'affirmation provoqua un fou rire de la part d'Anakin qui se releva ensuite.

― Merci pour votre aide, je pense, non, je sais que grâce à vous je ne ferai plus ces cauchemars. Je dois vous laisser, les filles doivent m'attendre depuis un bon moment.

Sans un mot de plus, Anakin se précipita vers la sortie qui s'était ouverte à son approche avant de se refermer, dès qu'il en eut franchi le pas.

Les six amis se regardèrent attentivement, les regards pleins de détermination. Ce fut Shaak qui brisa le silence.

― Bien, rien de ce qui a été vu ce soir ne doit sortir d'ici. L'ombre est visiblement un Jedi...

― Je pense qu'elle est manipulée, la coupa Dez.

― Qu'est-ce qui te fait penser à ça ? demanda Shaak.

― Les fils rouges, répondit Bolla à la place de Dez, à la fin, je sais que Dez les a vu lui aussi. Il y avait comme des fils qui partaient des articulations de l'ombre. C'est comme si la force voulait nous prévenir que l'un d'entre nous allait devenir une marionnette.

― Oui, mais qui ? interrogea Obi-Wan.

― Ce n'est pas qui, qui m'inquiète, enfin oui, mais je veux découvrir l'identité du marionnettiste d'abord.

― Un sith, soupira Sarrissa d'une voix si faible qu'ils ne furent pas certain de l'avoir correctement entendu, à leur demande elle répéta plus fortement. Un sith, Obi-Wan tu en as bien affronté un sur Naboo non ? Mais où est le second ? Les sith vont toujours par deux, c'est la première chose qu'on nous apprend à leur sujet.

― En effet, tu as raison, approuva Shaak. Je vais prévenir maître Yoda, et seulement lui. Nous aviserons ensemble de la suite des évènements. Je vous rappelle que donner trop d'importance à une vision peut mener à sa réalisation. Il nous faut donc agir avec prudence. Il va nous falloir surveiller Anakin avec attention. Si la force l'a choisi comme messager, il ne doit pas le savoir, pas avant d'être suffisamment mature pour agir avec le recul nécessaire aux informations qu'il verra. J'espère que la force n'aura plus à lui communiquer de telles choses.

― Je l'espère aussi, soupira Obi-Wan. Je lui demanderai de temps en temps comment est son sommeil. Je travaillerais aussi avec lui sur ses peurs et l'importance de les accepter, mais dans quelques semaines, le temps pour lui de s'acclimater un peu plus au temple. Bon, nous ne pouvons pas faire plus pour ce soir. Il va me falloir me changer les idées, que diriez-vous d'aller manger à l'extérieur ?

― Je te suis, répondit Sarrissa.

― Désolé, mais j'ai un cours de natation demain matin à la première heure et tout cela m'a épuisé, déclina Bant en sortant.

― Je suis dans le même état, mais je veux parler à maître Yoda avant d'aller me coucher, expliqua Shaak en suivant Bant.

Obi-Wan se tourna alors vers les garçons.

― Dez ? Bolla ?

― Je suis désolé Obi, mais avec Bolla on n'a pas dormi depuis plusieurs jours donc on va décliner, on se retrouve demain midi, bien sûr si on n'a pas eu une nouvelle mission d'ici-là !

Tout en parlant, Dez entraîna Bolla vers la sortie. Ce dernier protestait en chuchotant, mais une phrase de Dez sembla le calmer. Obi-Wan aurait bien aimé savoir ce qu'ils s'étaient dit. Ce n'est que lorsqu'il sentit une main serrer la sienne qu'il comprit que Dez leur avait donné l'occasion de discuter de la vision de sa mort. Il le remercia intérieurement avant d'attirer Sarrissa contre lui. La sortie à l'extérieur tombait bien, elle avait besoin d'être rassurée et lui avait besoin de s'assurer qu'elle allait bien.