Ok, ce chapitre comporte un petit clin d'œil. J'ai hâte de savoir si vous l'avez repéré !
Chloe PV
Septembre 2009
― Ils l'appellent le prince de Krypton.
Je fixe l'homme apeuré devant moi, stupéfaite par cette révélation. Clark est vivant. Cette pensée résonne dans ma tête et malgré tout l'espoir qu'elle éveille en moi, je ne peux y croire. Nous sommes déjà allés à la ferme, nous avons libéré les prisonniers et Clark n'y était pas. Pourquoi y serait-il maintenant ? Ça ne fait aucun sens. Mon regard se lève alors vers Oliver qui hoche brièvement la tête. Clark est vivant.
― Comment était-il ? Qu'est-ce qu'il t'a dit ? Je demande.
― Comme je l'ai déjà expliqué à vos hommes, commence le fugitif, c'était un gars sans histoire, il faisait pas de vague, il parlait pas beaucoup. Mais il était souvent battu par les gardes. Je sais pas pourquoi, ils s'amusaient à le charrier, à le malmener. Lui, il subissait sans broncher.
J'imagine sans mal les maltraitances qu'ont dû lui infliger les kandoriens et mon cœur se serre pour Clark. Je ferme fortement mes paupières pendant une seconde. Puis je me rappelle qu'il y a mes hommes présents dans la pièce et que je ne peux pas me permettre un instant de faiblesse. Je déglutis difficilement.
― Comment avez-vous fait pour vous échapper de la ferme ?
― La ferme où on était détenus, vous voyez, c'était juste pour dormir. Tous les matins, ils nous emmenaient travailler sur les terres. Y en a qui travaillaient sur place, d'autres sur les champs d'à côté. Moi et les autres, on montait dans un camion et on roulait pendant un petit moment avant d'arriver à destination. C'était un champ de maïs immense. Au début, ils nous lâchaient pas d'une semelle. Mais au bout d'un moment, y en a certains qui ont commencé à se détendre. On a repéré tous les détails pendant des jours. Y avait une forêt derrière le champ alors on a attendu que les tiges de maïs soient assez grandes pour nous cacher. On a décidé de partir le jour où on savait que c'était les gardes qu'étaient les moins regardants et on s'est débrouillés pour travailler dans le fond du champ. On savait qu'ils aimaient bien se poser pour prendre leur pause déjeuner et on a choisi ce moment là pour courir jusqu'à la forêt. Ensuite, on a couru à travers bois pendant une éternité. On sait pas au bout de combien de temps ils se sont aperçus qu'on s'était échappés. Quand ils ont commencé à survoler le bois, on s'est cachés. Y avait un couple, des jeunes, comme vous, ils se sont fait repérer. Les deux gardes qui les ont trouvés les ont tués sur place. Après ils ont trouvé vot' copain. Lui, ils l'ont pas tué, mais ils l'ont passé à tabac. Ils lui ont demandé où on était et il leur a répondu qu'on s'était séparés et qu'on était partis vers le nord. Ensuite ils l'ont emmené avec eux. Je suis désolé.
Je hoche brièvement la tête, mettant fin à son interrogatoire. Il relâche un soupir de soulagement et son visage semble soudain légèrement moins crispé. Je fais signe à Floyd de l'accompagner hors du bureau. Il le confie ensuite à Mike avant de rentrer à nouveau. Lorsque la porte se ferme, je sens trois paires d'yeux rivés sur moi. Je me tourne vers mes équipiers, le sourcil levé.
Je croise le regard grave d'Oliver rivé sur moi. Il sait que l'on doit y retourner. Et il comprend ce que ça me coûte.
Rick se gratte l'arrière du crâne avant de prendre la parole.
― Est-ce que quelqu'un peut m'éclairer et me dire qui est ce prince de Kripton qui semble vous intéresser tous à ce point ?"
J'hésite une seconde, le réflexe de protéger le secret de Clark à tout prix. Mais ce n'est plus important désormais. A nouveau, j'échange un regard avec Oliver. Je pince les lèvres avant d'admettre :
― C'est le Flou !
― Foutaises ! Crache Floyd. Le Flou est mort !
― C'est ce que je croyais aussi. Ses pouvoirs sont simplement annihilés par le soleil rouge. Mais si nous parvenions à le libérer, il ne nous resterait plus qu'à détruire la tour solaire, alors il récupérerait ses pouvoirs et il serait en mesure de nous débarrasser des Kandoriens pour de bon.
― C'est beaucoup de risques et beaucoup de "si". Souligne Rick. Parce que je vous rappelle qu'on a déjà fait tout ça : libérer les prisonniers du camp et faire sauter la tour. Et ça a plutôt mal tourné !
Il fallait qu'il évoque le sujet. Comme si j'avais besoin de ce rappel pour penser à ce qui est arrivé à Victor la dernière fois que nous avons mis les pieds à la ferme des Kents. Ce qui est arrivé à Jonn lorsque nous avons tenté de faire sauter la tour. J'échange un regard avec Oliver, espérant y puiser du soutien pour poursuivre cette conversation. Il hoche simplement la tête, mais c'est tout ce dont j'avais besoin.
― Il n'était pas au camp lorsque nous avons libéré les prisonniers. Et nous pouvons tenter autre chose de plus grand pour faire sauter la tour. De plus ambitieux. Avec le Flou dans notre camp, on a une botte secrète. On a un nouvel espoir de renverser la situation.
Alors que les mots sortent de ma bouche, je ressens combien ils sont sincères. Clark a toujours représenté l'espoir de l'humanité, mais aujourd'hui, plus que jamais. J'observe tout à tour les réactions de mes équipiers. Floyd inspecte son fusil, comme s'il se préparait déjà au combat que l'on va devoir planifier, ses lèvres formant une moue tordue presque boudeuse. Rick me fixe droit dans les yeux, cherchant à me déchiffrer. Je lève un sourcil interrogateur et il détourne le regard en secouant la tête, mécontent. Nous ne voyons pas souvent les choses de la même façon tous les deux, ce n'est donc pas la première fois que nous sommes en désaccord. Mes yeux se posent enfin sur Oliver qui semble perdu dans ses pensées, le regard dans le vague. Pour lui aussi ça doit être un choc de savoir Clark en vie. Malgré leurs différents, ils étaient très proches. Cependant, ce n'est pas la joie d'apprendre que son ami est en vie qui émane de lui, mais plutôt une profonde mélancolie. Je tâcherais de lui en parler plus tard, lorsque nous serons seuls.
― Ecoutez, je sais que c'est un choc pour nous tous. Mais c'est une véritable bonne nouvelle. Peut-être la meilleure depuis le début de l'invasion. Je vous laisse méditer là-dessus et on en reparle demain matin.
Rick et Floyd ne se font pas prier et quittent aussitôt le bureau. Quelques secondes s'écoulent avant qu'Oliver prenne la parole à nouveau :
― Alors… Comment tu prends la nouvelle ?
Je prends une grande inspiration avant de lui répondre froidement, les yeux rivés sur un ancien schéma de la tour que nous avions réalisé il y a plusieurs mois.
― Comme je l'ai dit, c'est une bonne nouvelle. Le Flou serait un véritable atout.
Oliver soupire bruyamment.
― Chloe… Je veux parler du fait que Clark est vivant !
― Je sais. J'admets à contre-coeur.
Il attend patiemment. Une bonne minute s'écoule avant que je l'entende se mouvoir dans la pièce et qu'il apparaisse à côté de moi. Il s'accroupit pour se mettre à mon niveau et pose sa main sur la mienne qui tient toujours le schéma. Je tourne alors mon visage vers lui et déglutis difficilement pour chasser la boule qui a élu domicile dans ma gorge.
― C'est un choc. Même si… Même si j'avais gardé un peu d'espoir au fond de moi, je pensais vraiment qu'il était mort.
Oliver emprisonne ma main entre les siennes et réalise de petits mouvements circulaires avec son pouce, dans un geste de réconfort.
― Ouais, admet-il à son tour. Pour moi aussi, c'est un choc. Mais c'est une sacrée bonne nouvelle aussi ! Ajoute-t-il avec un sourire.
Je hoche la tête et tente de répondre à son sourire. Clark est vivant. Mon meilleur ami est vivant. Je ressens une pointe de joie se frayer un chemin dans mon cœur, une émotion que je n'ai pas éprouvée depuis si longtemps que j'ai du mal à la reconnaître. Mais soudain, un autre souvenir refait surface.
Clark Kent est mort. Adieu Chloe.
Après tout ce temps, ses paroles résonnent encore en moi avec la même intensité. Une partie de moi est morte le jour où il m'a abandonnée. Je lui en ai tellement voulu. Ensuite, alors que je le pensais mort, je m'en suis voulu à moi-même. Car malgré cette impardonnable trahison de notre amitié, je l'aime toujours. Mais il n'était pas mort. Tout ce temps-là, il n'était pas mort. La colère remplace alors la joie et c'est une émotion que je sais mieux gérer désormais.
― Nous allons monter une mission pour le libérer. Tu te sens prête à retourner là-bas ? s'enquiert-il.
Mon cœur rate un battement. Je peux lire dans son regard la même douleur que celle que je ressens à l'idée d'y retourner. Mais j'acquiesce dans un hochement de tête déterminé auquel il répond.
― T'en fais pas, on va le ramener. Et tout ira bien cette fois.
Même si je suis dubitative quant au fait que tout se passe bien, je confirme froidement :
― On va le ramener. Mais ça ne change rien à ce qu'il a fait.
Oliver hoche la tête et m'adresse un sourire contrit. Il sait combien le départ de Clark m'a blessée… et m'a changée.
/
Janvier 2009
― Encore quelques semaines et je te fais coudre un costume vert !
Je me tourne la tête pour découvrir Oliver nonchalamment appuyé sur le chambranle de la porte, en jean et t-shirt noirs. Je lève les yeux au ciel. Ce mec est sexy même quand il ne cherche pas à l'être !
― Non, merci. Je réponds en plissant les yeux. Les collants c'est pas mon truc !
Il laisse échapper un ricanement avant de prendre un ton offusqué :
― Ce ne sont pas des collants !
― Bien sûr que non ! Je rétorque, sarcastique.
Je vais récupérer ma flèche qui s'est plantée un peu trop bas dans la cible, puis je reviens à ma place, engage la flèche à nouveau et ajuste ma position. Soudain, il est tout autour de moi. Son torse contre mon dos, ses bras de chaque côté de mon corps, il corrige ma posture avec des gestes doux. Il est si près que je peux sentir sa chaleur à travers nos vêtements. Afin de me distraire de sa soudaine proximité, je décide de le taquiner encore :
― Alors professeur, comment je sais quand je dois relâcher la flèche ?
― Écoute ton cœur. Juste là, entre deux battements.
Pourquoi ai-je le sentiment qu'il ne parle pas d'archerie là tout de suite ? Son ton est bas et sa voix un peu suave. Et son haleine chaude contre ma peau envoie aussitôt des frissons dans le bas de ma nuque. La tension dans la pièce semble avoir augmentée et ma gorge est subitement très sèche. Il laisse ses doigts effleurer les miens, remonter le long de mon bras avant de laisser tomber sa main sur ma hanche. Et je sens une vague de chaleur se répandre dans le bas de mon ventre.
― C'est là qu'il faut lâcher.
Oh mon Dieu ! Je rêve ou il est en train de me faire des avances ? Si c'était n'importe quel autre mec, je penserais qu'il me fait des avances. Mais on parle d'Oliver Queen, PDG de Queen Industry, milliardaire et célibataire le plus en vue de la planète. D'accord, sa côte de popularité n'est plus vraiment à jour dernièrement, mais il n'y a pas moyen qu'Oliver Queen me fasse des avances à moi ! Non, il a dû boire un peu trop. Ils ne me l'ont pas dit mais je sais que Rick et Floyd ont trouvé une bouteille de Whisky lors de leur dernière mission de ravitaillement.
Je garde mon calme et essaie d'agir avec nonchalance. Je déglutis et me focalise sur ma cible. Je vise et relâche la flèche.
En plein dans le mille ! Je me retourne vers lui, un sourire en coin et un sourcil levé en signe de défi :
― Tu peux commander le tissu !
Mais son visage ne comporte pas la moindre trace de sourire. Il me fixe de ses pupilles dilatées. Serait-ce du désir que je lis dans son regard ? Non, c'est impossible ! Il descend alors pour s'attarder quelques secondes sur mes lèvres avant de revenir à mes yeux. Mon rythme cardiaque s'accélère et, de panique, je fais un pas en arrière hors de sa portée. Alors il semble reprendre ses esprits et me sourit.
― Du Kevlar ! Décide-t-il.
Il me fait un clin d'œil et quitte la pièce avec son aisance naturelle. Je reste bouche bée quelques secondes, mon esprit tentant de mettre du sens sur ce qu'il vient de se passer.
Je reste distraite pendant tout le reste de ma séance d'entraînement et ne parviens pas à réitérer mon succès. Je finis par aller me coucher, frustrée à plus d'un titre. Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas eu de contact humain ! Il n'y a eu personne depuis la mort de Jimmy il y a maintenant plus de six mois. Avant ça, nous étions séparés depuis des semaines et encore avant, il était à l'hôpital pendant des mois. La dernière fois que j'ai senti la peau d'un homme contre la mienne remonte à bien trop longtemps. Pas étonnant que je me fasse des films pour un simple effleurement !
Je ne suis pas du tout le type d'Oliver. Même s'il avait juste envie de relâcher un peu la pression, je pense que Dinah serait une bien meilleure candidate. Elle rentre davantage dans ses critères et n'a jamais caché son attirance pour lui.
Je dois me ressaisir. Je n'ai pas le temps pour ces considérations. Ils comptent tous sur moi pour vaincre nos tyrans extraterrestres. Avec mes connaissances des pouvoirs et des faiblesses des kandoriens, je suis la mieux placée pour renverser la situation en notre faveur. Mon esprit stratégique nous a permis plusieurs succès du temps de la League et c'est ce qu'ils attendent de moi aujourd'hui. Depuis que Clark est parti, l'avenir de l'humanité repose sur moi et c'est un poids bien lourd à porter.
/
― Ils seront moins nombreux en plein milieu de la journée ! Affirme Rick.
― Certes, mais si nous n'avons aucun prisonnier à libérer, ça ne sert à rien ! Je rétorque. Tu as entendu ce qu'a dit Phil ? Ils emmènent les prisonniers travailler dans les champs toute la journée.
― Il faudrait aller en repérage, suggère Oliver.
― Bart n'est plus là et nous n'avons pas le temps. De plus, nous connaissons parfaitement les lieux. Nous avons un avantage.
― Ok, alors qui est-ce qu'on emmène pour cette virée à la campagne ? demande Rick, cynique.
― On a deux voitures opérationnelles, rappelle Oliver.
― Mike, Theresa en cas de problème.
― On peut prendre Will ? propose Oliver.
Nous acquiesçons tous.
― Ça fait une équipe moins puissante que la dernière fois. Remarque Floyd, sinistre.
― Parce qu'on a perdu la moitié de nos meilleurs éléments depuis ! Je rétorque.
Un silence s'installe.
― La dernière fois ça a plutôt bien marché parce qu'ils ne nous attendaient pas. Explique Oliver. On a attaqué de tous les côtés avec des armes à la kryptonite qui les ont incapacités immédiatement. Il faut absolument prévoir un autre plan.
― On peut faire une diversion. Je propose.
Tous les regards se tournent vers moi, attendant la suite.
― Trois d'entre nous attaquent l'entrée de la ferme. Ici, je précise en entourant l'endroit sur le dessin que j'ai réalisé un peu plus tôt. Ils vont tous sortir pour se ruer sur nous. Je les représente par des flèches. Un autre groupe les prend à revers. Et deux autres, restent planqués dans le bois et font sortir les prisonniers par derrière dès que l'attention des gardes est tournée vers nous.
― Les gars observent le dessin, pensifs.
― Le problème c'est qu'on va être à découvert en arrivant par la route, observe Oliver.
― Sauf si Theresa peut leur faire croire le contraire… Je suggère.
― Donc Theresa dans le groupe qui attaque l'entrée ? Demande Rick. Avec qui ?
― Oliver ? Rick ? Je propose.
― Floyd et moi, on arrivera par l'arrière pour vous couvrir quand ils vous auront repérés.
Ils hochent la tête, réfléchissant au potentiel de réussite de ce plan et aux failles que nous n'avons pas encore soulevées.
― Donc c'est Will et Mike qui se chargeront de libérer les prisonniers et de retrouver votre copain ? demande Rick.
J'acquiesce, mais je sens que ce qui va suivre ne va pas me plaire. Rick est fin stratège et il est en train de penser à une faille.
― Mais s'ils le connaissent pas, il va leur filer entre les pattes, soulève-t-il.
― C'est possible, en effet.
― Ce serait dommage qu'on fasse tout ça pour rien ! Moi je propose que ce soit toi qui aille chercher ce type.
Je ne l'avais pas vue venir celle-là. Et ça me met en colère.
― Rick ! Tu sais que je refuse de vous envoyer en première ligne et de rester sur la touche.
― L'objectif de la mission c'est de libérer le Flou, pas d'aller tuer des aliens. Je me trompe ? Alors tu dois te charger de le retrouver et de le faire sortir de là. Nous on se chargera de faire diversion. Et si on tue des aliens en passant, bon débarras !
Il marque un point, mais ça ne me plait pas. Je pince les lèvres pour conserver mon calme.
― Je préfère prendre Will avec moi, avance Floyd. C'est un bon tireur. Et Mike pourra créer une ouverture à l'arrière pour faire sortir tout le monde et les guider à travers bois.
Je prends une grande inspiration et inscrit les noms de chacun à l'emplacement prévu sur le schéma. Lorsque je relève les yeux, je lis la validation sur le visage. Il ne reste plus qu'à partager le plan avec les autres membres du groupe qui participeront à cette mission.
