Attention ce chapitre fait passer l'histoire en rating M...
PV Oliver
Le soleil rouge ne s'est pas encore levé sur la ville. Mais ce n'est pas comme si nous pouvions le voir d'où nous sommes. Terrés à plusieurs dizaines de mètres sous terre, protégés de la vision à rayon X des kandoriens par une chape de plomb, nous ne faisons plus vraiment partis de ce monde. Notre existence n'en est plus vraiment une. Nous ne faisons que survivre.
Comme à chaque fois, Chloe est partie avant mon réveil. Je retourne alors dans ma chambre pour me laver. Alors que je m'apprête à passer la lame aiguisée de mon couteau sur mon visage, je rencontre mon reflet dans le petit miroir ébréché accroché au mur et ne peux le supporter. Les lendemains matins se ressemblent tous. Comme à chaque fois, je me sens coupable d'avoir profité de sa détresse. Chloe est forte, je le sais. Comme je sais qu'elle tiendra le coup, malgré tout ce qui s'est produit au cours de ces derniers mois, malgré la perte de tous nos amis, parce qu'elle s'est donnée pour mission de sauver le monde des kandoriens. D'autant que maintenant, elle a l'espoir de retrouver Clark.
Mais comme chacun d'entre nous, Chloe est brisée. Et bien qu'elle sache parfaitement masquer ses émotions, je ne suis pas dupe. Je sais que si elle se donne à moi durant la nuit, c'est simplement pour trouver du réconfort. Et je suis bien trop faible pour lui refuser cela. Et même si je sais que ces moments l'aident à affronter notre quotidien, je me sens comme le dernier des salauds. Si les kandoriens n'avaient pas pris le pouvoir sur la Terre, Chloe n'aurait certainement jamais rien voulu avoir à faire avec moi. Pour elle, nos rencontres nocturnes ne sont qu'un moyen d'évacuer les tensions accumulées par notre quotidien incertain. Sans doute a-t-elle toujours aimé Clark…
Alors je la réconforte la nuit lorsqu'elle se sent seule et que le besoin de chaleur humaine se fait ressentir. C'est probablement le maximum que je puisse espérer de sa part et bien que ça me tue chaque jour un peu plus, je prends ce qu'elle me donne, profitant de chaque instant avec elle comme si c'était le dernier, espérant des jours meilleurs et avec eux, la possibilité que Chloe me regarde enfin différemment. Elle est devenue ma lumière au milieu de l'obscurité dans laquelle ce soleil rouge nous a plongés. L'ironie de la situation ne m'échappe pas : Le karma a su se charger de mon sort…
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Janvier 2009
Je rentre au quartier général avec le reste de l'équipe, mes vêtements tâchés par la terre et le sang séché. Celui de mon ami et coéquipier. Victor. Nous l'avons enterré dans un sous-bois de Smallville. Il repose maintenant près de l'endroit où il a grandi.
Je me dirige dans ma chambre sans un mot. Je plonge les mains dans la bassine d'eau et le sang séché sur mes mains se dilue. Je sens mon estomac se tordre. Je ferme les yeux quelques secondes, cherchant à chasser les dernières images de mon ami, sans y parvenir. Des larmes s'échappent de mes paupières closes et viennent rouler sur mes joues sales.
Puis mes pensées me conduisent vers Chloe. Elle était dans la même pièce, elle a été blessée. Elle aurait pu être tuée. Le besoin de la voir, de m'assurer qu'elle va bien se fait ressentir immédiatement et je termine rapidement ma toilette avant de passer un t-shirt propre et de la rejoindre dans sa chambre.
Avant d'y pénétrer, je perçois le son de ses sanglots étouffés et mon cœur se serre. Je passe le rideau qui fait office de porte et la découvre recroquevillée sur elle-même dans un coin de la pièce.
« Chloe ! »
Elle se redresse rapidement comme pris en faute et fait rapidement disparaître toute trace de larmes d'un revers de la main.
« Pas maintenant, Oliver. »
Elle s'en veut probablement de se montrer faible devant « ses hommes ». Elle ne comprend pas que cela fait simplement d'elle une personne humaine. Alors, je ne l'écoute pas et je fais un pas vers elle.
« Va t'en, s'il te plaît.
Non, Chloe. »
En deux enjambées, je l'ai rejointe et je l'encercle dans mes bras. Elle me repousse, mais je ne cède pas. Plaquant son dos contre mon torse, je la serre fermement dans mes bras en chuchotant.
« On va s'en sortir. Je te promets qu'on va s'en sortir. Et tout redeviendra comme avant. »
Je ne sais si c'est elle ou moi que je tente de persuader. Après quelques secondes, elle cesse finalement de me combattre et se laisse aller à mon étreinte, reniflant doucement avant de lâcher dans un murmure :
« Tout est de ma faute.
Non, Chloe. Tu n'y es pour rien. C'est Zod qui l'a tué.
C'est moi qui aie insisté pour aller récupérer le disque de Rao.
Tu ne pouvais pas savoir qu'il n'y était plus. Aucun de nous ne le pouvait. »
Elle éclate à nouveau en sanglots, ses jambes se dérobant sous elle. Je me laisse glisser avec elle sur le sol de la petite pièce et la serre plus fort encore dans mes bras, tentant de lui faire comprendre qu'elle n'est pas seule, qu'elle peut s'appuyer sur moi. Elle se retourne finalement contre ma poitrine, ses poings viennent s'agripper fermement à mon t-shirt. J'enfouis mon visage dans ses cheveux et je m'autorise également à pleurer mon ami.
Je ne sais combien de temps nous sommes restés dans cette position, mais lorsqu'il ne lui reste plus de larmes à verser, Chloe commence à remuer. Je relève la tête et relâche légèrement mon étreinte. Elle lève alors vers moi son visage dévasté par le chagrin. Elle semble si perdue, si vulnérable qu'à cet instant je veux lui jurer que je vouerai ma vie à la protéger. Je lève une main pour replacer une mèche de ses cheveux derrière son oreille tandis que mon regard dévie malgré moi vers ses lèvres.
Perçoit-elle le désir dans mon regard ? Je ne saurais dire, mais la seconde qui suit, ses lèvres sont sur les miennes. Tout d'abord surpris, je ne tarde pas à répondre à ses baisers. Je relâche toute la tension que j'ai accumulée au cours de ces derniers mois et jouit simplement de la satisfaction de la sentir dans mes bras. Rapidement, nos lèvres se dévorent avec avidité. Chloe enroule ses bras autour de mon cou et grimpe sur mes genoux pressant davantage son corps contre le mien.
D'un geste brusque, je la soulève et la dépose sur le matelas posé à même le sol. Nos caresses se font pressantes et nous nous débarrassons fébrilement de nos vêtements, les jetant négligemment aux quatre coins de la pièce. Nous nous découvrons mutuellement avec ardeur, animé par l'urgence. L'urgence de saisir le moment présent avant qu'il ne soit trop tard. Nos hanches s'entrechoquent, ses ongles marquent ma peau, et je me retiens de ne pas marquer la sienne avec mes dents.
Aucun mot n'est échangé entre nous, nous laissons parler nos corps. Lorsque je la sens se contracter autour de moi, j'étouffe ses gémissements sous mes lèvres et je me laisse à mon tour emporté par un orgasme dont la violence me surprend.
Nous restons silencieux quelques minutes, reprenant notre souffle et nos esprits, l'un près de l'autre sans nous toucher. C'est la première fois que je vois Chloe se lâcher de la sorte. Si avant sa faculté à garder son sang froid dans les situations les plus délicates m'avait impressionné, les événements qui se sont produits depuis Doomsday n'ont fait qu'accentuer ce trait de caractère. Elle qui est toujours si composée, si maîtresse de ses émotions, il semblerait qu'aujourd'hui, la coquille qu'elle s'est constituée se soit fissurée.
Je ne sais pas vraiment ce qu'il vient de se passer, seulement que j'en veux encore. Mais je suis persuadé que Chloe va prendre la fuite d'une minute à l'autre dès lors qu'elle aura réalisé que nous avons franchi une ligne. Je ne veux pas qu'elle s'éloigne de moi, mais je ne lui en révélerai pas la raison. Au lieu de cela, je roule sur le côté et l'enferme entre mes bras. Je dépose des baisers le long de sa mâchoire avant de me perdre dans son cou. Lorsque je la sens répondre physiquement à mes baisers, je lui susurre :
« Prête pour le second round ? »
Elle tourne son regard vers moi en haussant un sourcil et c'est tout ce qu'il me faut pour reprendre mes assauts.
Après m'être réveillé seul dans son lit au petit matin, je pars à sa recherche. Je l'aperçois dans un coin de la pièce commune, une tasse de café dans une main, des documents dans l'autre et un air de concentration absolue sur le visage. Cette vision m'est tellement familière que je ne peux réprimer un sourire. D'un geste de la tête, je salue les autres personnes présentes tout en avançant vers elle d'un pas enjoué.
« Salut, toi ! » Je lance en me baissant pour l'embrasser.
Elle lève vers moi ses grands yeux verts reflétant la surprise et quelque chose ressemblant à de la terreur et fait un bond en arrière pour éviter mon contact. Son café se renverse sur son t-shirt et elle utilise aussitôt cette diversion pour disperser l'attention qu'elle a attirée sur nous.
Je m'attendais à ce qu'elle m'évite, à ce qu'elle ignore ce qu'il s'est passé entre nous. Je ne m'attendais pas à un tel rejet et il me faut quelques secondes pour masquer la peine qui j'en suis sûr, transparaît sur mon visage à cet instant.
Après avoir nettoyé les dégâts, Chloe se retire dans sa chambre pour se changer. Et je décide que c'est le moment idéal pour la confronter. Je reste maladroitement sur le pas de sa porte, les yeux rivés sur son dos tandis qu'elle fouille son tas de linge à la recherche d'un t-shirt propre. Je me gratte l'arrière de tête, cherchant la meilleure façon d'aborder le sujet, avant de lâcher de but en blanc :
« Je peux savoir ce que c'était, ça ? »
Chloe s'immobilise et lâche un profond soupir.
« Écoute, Oliver. Cette nuit, c'était une erreur. J'ai eu un moment de faiblesse et je suis désolée de t'avoir sauté dessus comme ça. Ça ne se reproduira plus. »
« Ouah ! Une minute s'il te plaît ! » Je m'écris en tentant un pas vers elle. « Tu n'as pas à t'excuser. Au cas où tu n'aurais pas remarqué, j'étais plus que volontaire. » Je plaide, pince-sans-rire.
Elle se tourne enfin vers moi et je peux voir à la façon dont elle mord sa lèvre inférieure, que la situation la rend nerveuse.
« Et j'espère bien que ça se reproduira ! » j'ajoute avec emphase en haussant les sourcils.
Elle détourne le regard, puis secoue la tête.
« Ce n'est pas une bonne idée, Oliver. » Répond-elle en reprenant ses recherches pour se donner une contenance. « ça pourrait compromettre le bon fonctionnement de l'équipe et le déroulement des futures missions.
― Foutaises ! On est tous à cran, Chloe ! Et s'il y a bien quelque chose dont on a besoin, c'est d'un peu de bon temps pour décompresser ! »
Ses grands yeux verts me fixent avec une expression indéchiffrable. Je tente un pas de plus vers elle.
« Si tu en as envie et que j'en ai envie, pourquoi s'en priver ? Autant que je sache, on pourrait très bien mourir aujourd'hui. Bordel ! On a bien failli mourir hier !»
Cette fois, elle ne parvient pas à masquer la peine qui traverse son regard à l'évocation des événements de la veille. Je franchis la distance qui nous sépare et pose mes mains sur ses épaules dans un geste qui se veut apaisant.
« En ce qui me concerne, je serais heureux de survivre une journée de plus rien que pour être capable de te serrer dans mes bras le soir venu. »
Elle reste silencieuse quelques secondes, puis d'un brusque mouvement d'épaule, elle se dégage de mon emprise et quitte la pièce d'un pas ferme.
Un peu plus tard, je retrouve Chloe affairée à revoir notre plan une dernière fois avant notre départ. Elle essaie de trouver une faille qui lui aurait échappée. Je sais qu'elle est terrorisée à l'idée de retourner là-bas. Elle porte sur ses épaules la responsabilité de l'opération et du groupe tout entier. Si jamais il arrivait malheur à l'un d'entre nous, elle ne se le pardonnerait jamais. Comme elle ne se pardonnera jamais ce qui est arrivé aux autres.
Mais nous savons tous que cette mission est capitale pour l'avenir de l'humanité. C'est pourquoi, nous allons nous jeter, une fois de plus, dans l'antre de l'ennemi. Et si par chance nous en sortons vivants, il me restera encore à espérer que le retour de Clark ne marque pas la fin de ce que j'ai avec Chloe : ces fragments de bonheur que je parviens à grappiller.
