C'est un très long chapitre que je vous offre aujourd'hui. Il s'y passe énormément de choses alors j'espère que vous allez l'aimer. Bonne lecture !
PV Chloe
Septembre 2009
« L'effet de surprise joue pour nous. Ils ne doivent pas nous voir venir ! On tire à vue et on libère les prisonniers ! C'est clair pour tout le monde ? »
Nous sommes revenus une dernière fois sur le plan avec tout le monde pour être sûr que chacun a bien compris le rôle qu'il devra jouer. Une erreur et c'est tout le groupe qui peut y laisser la vie.
Nous partons avant le lever du soleil avec une équipe de sept hommes répartis dans deux véhicules. Chaque véhicule est rempli de kryptonite verte au cas où nous serions interceptés par l'un de nos ennemis. A nos ceintures, nous portons des dagues dont les lames sont taillées dans de la kryptonite, tout comme les pointes des flèches d'Oliver et les balles de nos revolvers. J'ai pris toutes les mesures nécessaires pour assurer notre sécurité. Cependant, les Kandoriens peuvent repérer les voitures en survolant la région, ou en percevant le bruit du moteur grâce à leur super-ouïe. Et ils peuvent nous faire exploser à l'aide de leur vision laser sans même avoir à s'approcher. C'est pourquoi, en approchant de Smallville, nous allons devoir abandonner les véhicules dans une bâtisse désaffectée que nous avons repérée et terminer le chemin à pied à travers bois où nous serons moins facilement repérables.
Le trajet de Metropolis à Smallville ne m'a jamais semblé aussi long et il me faut me concentrer sur ma respiration pour calmer l'anxiété qui m'assaille. Je l'admets, je suis morte de peur. J'ai peur d'être tuée aujourd'hui, bien sûr, mais plus encore, j'ai peur qu'Oliver se fasse tuer. Il est la seule personne qu'il me reste en ce monde. La seule personne qui me permette de savoir encore qui je suis et pourquoi je me bats chaque jour. Le perdre m'anéantirait pour de bon.
Mais nous arrivons au hangar sans entrave. Nous dissimulons les véhicules à l'intérieur, récupérons toutes les armes avant d'entamer notre chemin jusqu'à la ferme par la forêt.
Dissimulés par le feuillage encore généreux des arbres, nous observons silencieusement le fonctionnement du camp. Les prisonniers sont toujours enfermés dans la grange pour la nuit. Nous repérons la position de chacun des gardes et communiquons nos résultats par gestes, puis nous nous accordons sur le moment de nous positionner. Je sens les battements de mon cœur accélérer la cadence, alors je ferme les yeux et prends une grande inspiration. Lorsque je les rouvre, je sens le regard d'Oliver posé sur moi. Nous communiquons silencieusement nos dernières recommandations :
― Fais attention !
― Sois prudente !
― Ne prends pas de risques inconsidérés !
― Jamais ! On se voit tout à l'heure !
Et peut-être davantage… Je lui adresse un signe de tête qui traduit l'étreinte que je crève désespérément. Il y répond avant de suivre Rick et Theresa qui repartent en arrière afin d'arriver par la route. Flagg et Will avancent un peu plus loin afin de se poster derrière la maison. Mike et moi, restons à couvert, attendant le signal.
Quelques minutes plus tard, nous apercevons les premiers gardes tomber à l'entrée de la ferme. C'est parti ! Les gardes qui surveillent la grange s'éloignent alors de leur poste pour prêter main forte. C'est le moment d'agir ! Mike et moi approchons rapidement de la grange par l'arrière. La porte est verrouillée par un cadenas, mais Mike place sa main dessus et il s'ouvre avec un cliquetis métallique. Je le retire aussitôt et entreprend d'ouvrir la porte avec précaution, l'arbalète en joue. Mais à l'intérieur, les prisonniers sont trop occupés à observer la scène qui se déroule dans la cour pour nous prêter attention. Je parcours les lieux du regard à la recherche de mon ami disparu. En vain.
Un enfant nous remarque. Il fronce les sourcils, mais la seconde suivante, il se dirige vers nous. Je mets mon doigt sur ma bouche pour lui signifier de rester silencieux. Il hoche la tête.
― Nous sommes de la résistance. Je chuchote. Nous sommes venus vous libérer.
Ses yeux s'arrondissent.
― Va chercher tes parents ! Vite !
― Il n'y a que ma mère et ma petite sœur. Répond-il à voix basse.
― Ramène-les ! Vite !
Il décampe aussitôt. Je fais signe à Mike de ne pas bouger et je pénètre à l'intérieur de la grange. J'ai du mal à reconnaître l'endroit où j'ai tellement de souvenirs. Je scanne tous les visages, mais aucun ne correspond à celui que je veux désespérément revoir. Soudain, trois personnes se postent devant moi. Une femme portant une fillette de deux ou trois ans et l'enfant à qui j'ai parlé quelques instants plus tôt.
― Je cherche celui qu'ils appellent le prince de Krypton. Vous l'avez vu ?
La femme me fait signe que non. Son regard apeuré parcourt la zone du regard. Je les conduis vers Mike qui leur indique la direction de la forêt. La femme s'y dirige aussitôt, mais le petit garçon s'immobilise devant moi.
― Ils l'ont emmené tout à l'heure.
― Qui ça ?
― Celui que vous cherchez. Avec une fille qui est arrivée hier. Ils les ont emmenés tous les deux pour voir le général.
Avec sa main, il fait un geste vif vers le ciel pour illustrer son propos.
― Tu es sûr ?
Il hoche vigoureusement la tête.
― Ok, viens par là !
Je fais signe à Mike de se replier. Il referme la porte et ouvre la marche à travers la forêt.
― Nous allons vous mettre à l'abri. J'explique à la mère de famille en posant un bras réconfortant sur son bras.
Après quelques minutes, elle trébuche sur une souche. Devant son épuisement, Mike lui prend la petite fille des bras et la place sur ses épaules avant de reprendre la marche.
Lorsque nous arrivons à l'entrepôt, nous faisons entrer la femme et ses enfants dans l'un des véhicules, puis nous leur proposons de l'eau. Ils sont tous exténués par la marche, mais aussi par le manque de nourriture et de sommeil. Je me place alors près du petit garçon.
― Eh ! J'ai besoin de savoir exactement ce qui est arrivé à mon ami.
Le petit garçon se tourne vers sa maman qui donne son accord d'un geste de la tête. Il raconte alors :
― La fille, la nouvelle, elle a réclamé à manger à une garde. Mais c'est interdit. Elle allait se faire punir, mais lui, il a donné sa montre à la garde pour qu'elle la laisse tranquille. Mais après, y a un autre garde qui est venu chercher la fille pour l'emmener voir le chef.
Je fronce les sourcils. Clark tient énormément à la montre de son père. Il ne l'aurait pas échangée comme ça. Je me demande qui peut bien être cette fille. Mais ce n'est pas le plus important.
― Et le chef, il était dans le camp ?
― Non, il a pris la fille par le bras et il s'est envolé.
A nouveau, il mime l'envol d'un kandorien avec sa petite main.
― D'accord. Et ensuite ?
― Après il est revenu pour chercher ton ami et il s'est envolé aussi.
― Tu sais où ils ont pu les emmener ?
L'enfant fait non de la tête. Mais j'ai déjà ma petite idée et tout ça ne me dit rien qui vaille.
Je fais les cent pas à l'intérieur du hangar en attendant que les autres reviennent, priant intérieurement pour qu'ils reviennent tous sains et saufs. Ils assuraient la partie la plus dangereuse de la mission et même si ce sont tous de très bons tireurs, les kandoriens ont des atouts non-négligeables. Ce qui me semble être une éternité plus tard, des bruissements de feuilles attirent mon attention. Je m'immobilise aussitôt et fais signe à tous de faire le silence. Mais lorsque la première silhouette sort du bois, je relâche un souffle. Oliver ! Les autres suivent derrière lui et je vérifie que pas un ne manque à l'appel. Lorsqu'il pénètre enfin à l'intérieur, l'envie subite de me jeter dans ses bras se fait ressentir, mais je me contiens. Je me contente de lui communiquer mon soulagement par le regard.
Mais notre conversation silencieuse est interrompue par Rick qui semble mécontent :
― C'est qui ça ? Et il est où, le Flou ?
Oliver jette alors un regard circulaire avant de fixer son regard interrogateur sur moi.
― Il n'y était pas.
― Quoi ? reprend Rick.
Je peux sentir leurs regards à tous.
― J'ai cherché partout moi même, il n'y était pas. Mais ce petit bonhomme là-bas m'a dit qu'il les avait vus l'emmener un peu plus tôt ce matin. Ils sont probablement au manoir Luthor.
― Probablement ? s'offusque Rick, incrédule. Tu veux qu'on aille risquer nos vies pour une probabilité basée sur les dires d'un gamin ?
Il laisse échapper un ricanement cynique. Je détourne le regard qui vient se poser naturellement sur la petite famille que nous avons secourue. La mère, terrorisée, serre sa petite fille dans ses bras. Le petit garçon me fixe d'un air triste. Oliver s'approche d'eux et les rassure.
― Eh, vous en faîtes pas ! On va vous emmener avec nous.
Il ébouriffe les cheveux de l'enfant dans un geste qui se veut amical. Le petit lève alors son visage vers lui et déclare :
― Je suis pt'être un gamin, mais je sais ce que j'ai vu. Votre ami, il était là. Mais ils l'ont emmené avec la fille pour voir le chef. J'ai entendu le garde le dire.
― Quelle fille ? s'enquiert alors Oliver en s'accroupissant pour se mettre au niveau de l'enfant.
― Une fille qu'ils ont amenée hier soir. Elle arrêtait pas de crier sur les gardes. Elle voulait à manger.
Oliver se tourne vers moi et m'interroge du regard. Je hausse les épaules.
― Et tu dis qu'ils les ont emmenés au manoir Luthor ? continue Oliver avec douceur.
Le gamin hausse les épaules, l'air contrit.
― Ils ont dit qu'il l'emmenait voir le général.
Oliver soupire et me jette un regard interrogateur empli de terreur. Il ne faut nul doute qu'il se rappelle la même chose que moi. Et il pense probablement, comme Rick, que nous ne pouvons pas risquer d'attaquer le manoir sans être certains que Clark s'y trouve. Les autres restent silencieux, attendant que nous décidions de la suite des événements.
Je n'aime pas plus que lui les changements de dernière minute, surtout nous partons à l'aveugle. Nous n'avons fait aucun repérage autour du Manoir Luthor, nous ne savons pas combien de Kandoriens nous allons devoir affronter. Notre seul atout est la connaissance des lieux puisque, l'un comme l'autre, nous nous y sommes déjà introduits auparavant. D'un autre côté, la perspective de retrouver Clark vivant me redonne un espoir que je pensais perdu. Si nous parvenons à le ramener à la base, tout pourrait basculer.
― Nous devons tenter le coup ! Je déclare. Et nous devons le faire vite !
Après avoir laissé nos trois hôtes en sécurité au hangar, nous nous mettons en route pour le manoir. Je surprends Mike et Theresa échanger des regards inquiets. Tous deux sont de jeunes méta-humains que je suivais lorsque je dirigeais la fondation Iris. Leurs pouvoirs leur ont permis de survivre à l'invasion kandorienne et ils ont rapidement rejoint notre groupe de résistants. Je m'en veux terriblement d'entraîner de si jeunes gens dans des opérations de cette ampleur, mais leur présence augmente considérablement nos chances de réussite.
Une vingtaine de minutes plus tard, nous parvenons aux abords du manoir. Nous distinguons deux kandoriens devant l'entrée principale. Je me tourne alors vers Theresa et l'interroge du regard. La petite blonde aux cheveux bouclés hoche simplement la tête, affirmative. Puis je me tourne vers les gars et leur fais signe de tirer à vue.
Ils acquiescent et dégainent leurs armes, prêts à tirer. Theresa ferme alors fortement les paupières, le visage crispé. Nous observons avec une crainte mêlée de fascination, les deux kandoriens qui avancent soudain de quelques pas vers nous, puis se stoppent et adressent le salut militaire kandorien comme s'ils se trouvaient devant leur supérieur.
Sans qu'un mot ne soit échangé entre nous, nous tirons nos flèches qui viennent se planter directement dans les corps des deux gardes. Ces derniers s'effondrent sur le sol.
Je fais signe à Theresa, Floyd et Will de rester là pour nous couvrir. Je leur fais également comprendre qu'ils devront intervenir lorsque nous auront commencé à attaquer depuis l'intérieur. Oliver, Rick, Mike et moi sortons précipitamment de notre cachette en direction du manoir. Un coup d'œil vers les corps inertes des kandoriens me permet de vérifier une fois de plus la puissance des armes à la kryptonite que j'ai commandées il y a une éternité de cela avec l'argent détourné à l'insu d'Oliver. A l'époque, il était bien trop occupé à se morfondre dans la culpabilité pour se soucier de son héritage. Et lorsque je lui ai enfin avoué, il était bien trop impressionné et reconnaissant que les armes en question viennent de sauver sa vie pour m'en garder rancune.
Je désigne du menton une fenêtre ouverte à l'étage supérieur, tandis que j'ajuste mon foulard sur mon visage et enclenche un grappin dans mon arbalète. Oliver, Rick et Michael m'imitent, puis attendent mon signal. Mon regard rencontre celui d'Oliver pendant quelques secondes et je crois y lire une certaine appréhension. Peut-être lui aussi a-t-il peur ? Je hoche la tête pour lui manifester mon soutien et nous tirons.
Nous n'avons qu'une seule chance : tuer le maximum de Kandoriens avant qu'ils ne s'en rendent compte. Sinon, nous sommes tous morts. Nous le savons.
Tout se passe très vite. Les grappins s'accrochent sur le toit du manoir et nous hissent tous les trois à hauteur de la fenêtre. Le plus silencieusement possible, nous pénétrons à l'intérieur et progressons à travers les couloirs. Une supplique nous parvient depuis l'étage inférieur et je crois reconnaître la voix de Loïs. Mon regard rencontre naturellement celui d'Oliver et à ses sourcils froncés, je comprends qu'il s'est fait la même remarque. Mais comment serait-ce possible ? Elle a disparu bien avant l'invasion. Soudain, les paroles de l'enfant me revienne en mémoire :
― Elle arrêtait pas de crier sur les gardes. Il a donné sa montre à la garde pour qu'elle la laisse tranquille.
Loïs est vivante ! Nous nous dirigeons vers la pièce qui se situe juste au-dessus de la grande salle. Sur la table de chevet, une photo représentant un petit garçon aux cheveux roux et aux yeux clairs dans les bras d'une femme aux cheveux de feu m'indique qu'il s'agit probablement de la chambre de Lex.
Michael place chacune de ses mains sur le plancher de la chambre et ferme les yeux quelques secondes, créant deux trous béants dans le sol. A travers, nous avons une vue globale de la situation : nous parvenons à compter six kandoriens et Tess Mercer. Zod tient un sabre au-dessus de la tête de Clark. Mon cœur s'emballe. Il faut faire vite !
― Noooon !
Le cri de Loïs nous presse. Une première flèche, tirée de nulle part, traverse la fenêtre de la salle et va se planter tout droit dans le corps de l'un des hommes de Zod, détournant l'attention. Oliver en profite pour se laisser glisser à travers l'orifice, suivi de près par Rick. Des flèches sont tirées et je vois un second kandorien tomber au sol.
Dès que Rick a posé les pieds au sol, je me glisse à mon tour par l'orifice, mais je loupe mon atterrissage et la flèche destinée à Zod le rate d'un bon mètre. Je grogne de frustration alors qu'il s'enfuit avec son bras droit, la forte concentration de kryptonite dans la pièce l'affaiblissant. Tess Mercer entre alors dans mon champ de vision. La médaille qu'elle porte autour du cou comme un bon petit soldat kandorien me révulse. Elle s'apprêtait à assister à l'exécution de Clark sans lever le petit doigt. Je décoche aussitôt une autre flèche qui l'atteint en plein cœur.
A mes côtés, j'entends des coups portés. Bien que privés de leur pouvoir, les kandoriens donnent du fil à retordre aux autres. Soudain, Basqat s'avance vers moi. Je n'ai pas le temps de tirer qu'il m'a déjà arraché l'arbalète des mains et s'apprête à me frapper. Oliver l'intercepte et lui plante une dague dans le cœur, le laissant s'effondrer sur le sol. Je parcours la pièce du regard, à l'affût de la menace. Il n'en reste plus une seule. Pour le moment, quatre kandoriens et Tess gisent sur le sol.
Oliver est en train d'éteindre Loïs et bien que la situation ne se prête absolument pas à ce genre de considérations, mon cœur se serre. Il l'aime toujours. Moi, je ne suis qu'une remplaçante de second choix, une simple vacataire dans son lit, à qui il donnera congé lorsqu'il aura trouvé mieux. Malgré cela, il m'est impossible d'en vouloir à Loïs. Je l'aime trop pour ça, et je suis tellement soulagée de la retrouver vivante après tout ce temps, que je viens me jeter dans ses bras. Clark nous remercie de les avoir sauvés. Je sais qu'il est sincère, mais la rancune que je lui voue pour m'avoir abandonnée l'est tout autant.
Je les presse à partir. C'est à ce moment précis qu'Oliver remarque Tess agonisante sur le plancher, une flèche plantée dans la poitrine. Il se précipite à ses côtés et la soutient dans ses derniers instants. A nouveau, je sens la jalousie revenir me titiller. Je l'observe un instant, tandis qu'il berce son corps sans vie. Il a dû sentir ma présence, car il se retourne soudain, le regard dur sous ses larmes trahit la fureur qu'il ressent pour moi à ce moment. Je prends sur moi pour ne pas ciller et pour masquer ma peine, je me confesse froidement :
« Elle était dans ma ligne de mire. J'ai tiré. »
Il va m'en vouloir jusqu'à la fin de sa vie. Je le sais. Je tourne les talons pour retrouver les autres à l'extérieur. Nous devons partir avant que Zod ne revienne avec du renfort. Lorsque je les rejoins, Floyd me lance :
― Désolée de ne pas avoir attendu le signal, mais j'ai eu comme l'impression que je devais intervenir.
Je ne peux empêcher le coin de ma bouche de se soulever devant le sarcasme de mon allié. Je lui tapote l'épaule.
― C'était bien joué, merci !
Nous prenons rapidement le chemin du retour vers le hangar. Oliver nous rejoint, portant le corps de Tess dans ses bras. Je secoue la tête, abasourdie par son attitude, mais ne m'avise pas à le contredire. Le sujet est bien trop épineux et ce n'est ni le moment ni l'endroit de démarrer une dispute.
Oliver et moi avons une vision des choses assez similaire dans l'ensemble et sommes donc rarement en désaccord sur la manière de gérer les situations. Oliver sait que je fais toujours ce qui doit être fait, sans me laisser attendrir par des considérations affectives. Et c'est ce qu'il admire chez moi. C'est pour cette raison qu'il m'a demandé de devenir la Tour de Contrôle à temps complet il y a deux ans. Nous nous faisons mutuellement confiance, c'est pour cela que nous formons une bonne équipe. Je suis sûre qu'il finira par comprendre la raison de mon acte. Mais il ne me le pardonnera pas.
Lorsque nous regagnons le hangar, tout le monde s'empresse de s'entasser dans les voitures, Oliver déclare :
― Partez devant ! J'ai quelque chose à faire. Je vous rejoindrai plus tard.
Loïs se propose de rester pour lui tenir compagnie. Il ne refuse pas.
― Je te couvre.
Les mots sont sortis de ma bouche avant que j'ai eu le temps d'y penser. Il lève simplement ses yeux vers moi. Rick prend place au volant de la voiture où sont déjà installés la mère et ses deux enfants, tandis que Floyd prend place sur le siège passager. Face au regard terrifié que m'adresse la mère de famille, j'invite Theresa et Mike à les rejoindre. Floyd soupire de manière théâtrale et abandonne finalement sa place à Mike.
Clark et Loïs partent prêter main-forte à Oliver pour creuser le sol. Depuis l'entrée du hangar, je guette le ciel dans la crainte de le voir traversé par une horde de kandoriens énervés. Floyd se poste près de moi, aux aguets.
― C'est quoi le délire avec la rouquine ? Demande-t-il soudain.
― Son ex. Je réponds, laconique avec un haussement d'épaule.
Comme si ça n'importait pas. Comme si ça ne me blessait pas.
― C'est moi qui l'aie eue.
Je ne sais pourquoi j'ai voulu mettre ce fait en avant. Pour obtenir son approbation ? Pour contrebalancer la douleur que la colère d'Oliver provoque en moi ? Mais je suis vite décontenancé par son expression empreinte à la fois de respect et de pitié.
Après ce qui me semble être une éternité, Clark les laisse et nous rejoint. Nous assistons de loin à la mise en terre de Tess Mercer, feu notre ennemie publique et traître à son peuple. Clark ne m'adresse pas un mot, et ça tombe bien car je n'ai pas envie de gérer mes rancunes envers lui à ce moment précis. La journée a été longue et bien trop riche en émotions à mon goût. J'ai hâte de rentrer et de me retrouver dans ma chambre. Si je suis sûre d'une chose, c'est qu'Oliver ne viendra pas m'y retrouver ce soir.
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Février 2009
― On risque de se retrouver à court de médicaments tôt ou tard, conclut Emil.
― Je brieferai l'équipe de ravitaillement dès demain, je réponds en posant une main rassurante sur le bras de mon ami. D'ailleurs, le groupe devrait être rentré, je vais voir ce qu'ils ont rapporté.
Je sors de la pièce que nous appelons la clinique et me dirige d'un pas rapide vers la cuisine.
― Alors, Elena ! La prise a été bonne aujourd'hui ?
― Bonjour Mademoiselle Chloe, répond la vieille femme. L'équipe n'est pas encore rentrée. Mais j'espère qu'ils auront ramené en quantité. Ça part de plus en plus vite…
D'abord Emil, maintenant elle. Je sais que la population du refuge a rapidement augmenté au cours de ces derniers mois. Nous avons d'abord amené ici tous ceux que nous avons trouvés lors de nos raids pour accroître notre équipe. Puis, il y a eu les prisonniers du camp que nous avons libérés. Je suis consciente du problème de surpopulation qui nous guette. Nous en avons assez discuté avec Rick, mais je refuse de laisser ces pauvres gens livrés à eux-mêmes et il refuse de les laisser partir.
En parlant de Rick, le voilà qui franchit la porte du bunker, suivi de près par Floyd et Will. Mais pourquoi ne sont-ils que trois ? Je sens mon estomac se nouer douloureusement tandis qu'ils avancent vers moi, évitant mon regard.
Rick tend son sac à Elena, puis mon lance un regard oblique.
― Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Où est Mike ? Je demande impatiemment.
― Mike n'est pas venu avec nous aujourd'hui. Répond Rick. Sa cheville n'est pas encore remise.
L'espace d'une seconde, je suis soulagée. Il n'est rien arrivé de grave.
― Bah pourquoi vous tirez tous une tête d'enterrement, alors ? Je m'enquiers.
Rick détourne le regard avant de le fixer à nouveau sur moi. Il prend une grande inspiration.
― Oliver nous a accompagnés à sa place.
Mon cœur rate un battement. Mes yeux s'arrondissent de surprise. Non, ce n'est pas possible. Il ne peut rien arriver à Oliver !
― Où est-il ? Que s'est-il passé ?
J'entends la panique dans ma voix.
― On s'est fait repérer et on s'est dispersés. Ils étaient partout ! On a dû se cacher pendant des heures avant de pouvoir revenir à la base.
― Mais, la dernière fois que vous l'avez vu, il était vivant ?
Mon ton est désespéré et je ne parviens pas à y prêter une quelconque importance.
― Oui, il s'est planqué dans un cinéma. Nous, dans l'immeuble juste en face. Continue Rick.
― On a coupé à travers l'immeuble, lui il a dû rester planquer plus longtemps, c'est tout. Ajoute Floyd. Il va pas tarder.
― Ou bien, il s'est fait attraper et il est soit mort, soit dans un camp de travail. Je rétorque sèchement.
Pas un n'ose ajouter quoique ce soit. Je tourne les talons, l'estomac dans le fond de la gorge. Oliver va bien, il ne va pas tarder à revenir lui aussi.
Je me répète ses mots comme un mantra depuis des heures, maintenant, tout en faisant les cent pas dans ma chambre. Je n'ai même pas essayé de dormir, je sais que je n'y parviendrai pas tant qu'il ne sera pas revenu. Alors, j'ai attendu. Mais mon esprit a imaginé cinquante scénarios dans lesquels Oliver a été capturé par les kandoriens. Et aucun d'entre eux ne se termine bien. Et pourtant, l'espoir de le retrouver ne me quitte pas. Je ne peux envisager qu'il en soit autrement. J'ai déjà perdu tant de monde ! Si je perdais Oliver, je ne m'en remettrais pas. Depuis qu'il nous a rejoint, il s'est montré loyal et déterminé envers notre lutte. Il est indéniablement un atout de taille dans l'équipe. Sur le terrain, c'est un coéquipier de confiance, il assure mes arrières tout en reconnaissant mes compétences, mais pas seulement. Il est aussi devenu un ami proche à qui je peux me confier et une épaule solide sur laquelle je peux me reposer quand les responsabilités sont trop lourdes à porter. Il est probablement la personne avec qui je passe le plus de temps depuis son retour. Bien que ses tentatives soient subtiles, je peux voir qu'il se soucie sincèrement de moi. Il vient me chercher avant d'aller manger afin d'être sûr que je me nourrisse suffisamment, il plaisante tout le temps pour alléger la tension et me changer les idées. Et dernièrement, il a trouvé un moyen de me rappeler les plaisirs simples de la vie. Si je tiens le coup après tous les échecs que nous avons essuyés, tous les amis que nous avons perdus, c'est uniquement grâce à lui. Je ne pourrais pas continuer sans lui. Je n'en aurais pas l'envie.
Lorsque l'aube approche, je décide de retourner sur les lieux. Si les kandoriens l'ont attrapé, il y aura sans doute des traces de lutte, du sang, un corps…
Je briefe rapidement les gars qui vont m'accompagner quand la porte du bureau s'ouvre subitement sur Oliver arborant son air nonchalant malgré ses yeux cernés.
― Désolée, je n'ai pas apporté de croissants ! Il reste du café ?
― Oliver !
Je me précipite pour le serrer dans mes bras et je sens les siens se refermer sur mon corps. Ce n'est que quelques secondes plus tard que je me rappelle que nous ne sommes pas seuls dans la pièce. Je me recule et laisse mon regard parcourir son corps à la recherche de blessures. Il me signifie du regard qu'il va bien. Et je sens la tension quitter aussitôt mon corps. Il est vivant ! Il va bien !
― Content de te revoir. Déclare Rick en lui tendant sa main à serrer.
Oliver échange une poignée de main avec lui, puis avec chacun des gars.
― Et bien, il semblerait que la sortie soit annulée, messieurs.
Ils manifestent leur contentement tout en quittant le bureau.
― Je pense que je vais aller dormir quelques heures avant de commencer l'entraînement. Déclare Oliver.
Je me contente d'acquiescer d'un hochement de tête avant qu'il ne disparaisse dans le couloir. Je ferme alors les yeux et laisse le soulagement m'envahir. Cette fois, j'ai bien cru qu'il était mort. Je m'attendais à trouver son corps sans vie dans ce cinéma délabré. Je ressens alors le besoin viscéral de le voir et je pars à sa suite. Lorsque j'arrive dans sa chambre, il est torse nu et se passe de l'eau sur le visage au-dessus de la petite bassine d'eau. Puis, il attrape une serviette et se sèche le visage. Lorsqu'il m'aperçoit, il cligne des yeux, surpris.
Je ne réfléchis pas lorsque je me précipite à nouveau sur lui, jetant mes bras autour de son cou et que je l'embrasse désespérément. Je relâche alors la pression accumulée tout au long de cette journée, de ces derniers mois et je me perds dans ce baiser qu'il ne tarde pas à approfondir. Ses mains parcourent frénétiquement mon corps tandis que les miennes se perdent dans ses cheveux. Ses lèvres gourmandes se détachent des miennes pour parcourir le chemin jusqu'à mon cou qu'il se met à explorer avec enthousiasme, m'arrachant un gémissement de plaisir. Mes doigts quittent alors ses cheveux et glissent sur sa peau nue, le long de son dos avant de remonter vers ses épaules. Il soupire d'aise.
Mais je sens la tension qui émane de lui et moi aussi, j'en veux davantage. Aussi, lorsqu'il saisit le bas de mon t-shirt de chaque côté et le tire vers le haut pour me le retirer, j'accompagne son geste et me débarrasse rapidement du morceau de tissu, l'envoyant voler à travers la pièce. Le reste de nos vêtements vient rapidement le rejoindre et nos caresses se font plus intimes. Je pousse Oliver vers sa couche et il s'y laisse tomber en arrière. Je m'empresse de le chevaucher. Ses yeux parcourent mon corps nu et contre toute attente, je ne ressens aucune gêne. Lorsque ses yeux remontent vers mon visage, nos regards s'accrochent un instant, puis nos lèvres viennent se sceller dans un baiser furieux et désespéré. Car c'est ce que nous sommes : désespérés de vivre, de ressentir autre chose que la peur et la tristesse.
Alors, comme une affamée qui ne sait quand aura lieu son prochain repas, je l'engloutis, me remplissant le ventre avec avidité. J'aimerais savourer davantage le goût que cela me procure, mais il est secondaire. Ce qui compte, c'est assouvir mon appétit et atteindre cette sensation de plénitude qui me contentera sur le moment. Alors, je le prends et le reprends jusqu'à satiété. Nous dévorons ces quelques instants de plaisir fugace. Bientôt, son membre saturé me nourrit de sa semence et me comble. Je me délecte de cette délicieuse sensation de réplétion avant de m'écrouler sur lui, rassasiée.
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