PV Oliver
Lorsque nous pénétrons dans notre repère, Chloe donne congé à Will et à Deadshot, mais elle ne perd pas de temps. Elle se dirige vers son bureau et déroule une carte de Metropolis afin de réfléchir à un plan. C'est sa façon à elle de refouler ses émotions. Clark nous explique alors quelque chose que nous n'aurions jamais imaginé et qui remet tout en perspective : Loïs vient du passé. Elle a trouvé l'anneau de la Légion le jour de Doomsday et a fait un bond dans le temps. Mais cet anneau se trouve désormais en possession de Zod.
― Il faut récupérer l'anneau, déclare-t-il. Comme ça, Loïs retournera dans le passé et empêchera le projet de Zod d'aboutir.
― C'est pas une mauvaise idée, mais pourquoi je te ferais confiance ? Demande Chloe, acerbe. Tu nous as laissés et tu as fait cavalier seul.
Je ne peux que confirmer :
― Elle a raison, mon vieux. Tu nous as abandonnés.
Ce type ne doute de rien. Il laisse se produire une situation qu'il aurait pu éviter, puis nous laisse nous débrouiller pendant un an, et maintenant que nous l'avons retrouvé, il imagine que nous allons le suivre aveuglément. Loïs prend sa défense et tente de calmer Chloe.
― Si vous neutralisez la tour et que le soleil redevient jaune, vous savez que je serai le mieux placé pour récupérer l'anneau, termine-t-il.
― Peut-être bien, concède Chloe. Mais ça ne change rien.
Je peux sentir le venin dans sa voix. Elle ne compte pas en rester là. La Chloe que j'ai connue n'était pas comme ça. Si la disparition de Loïs l'a réellement bouleversée, je suis certain que c'est la trahison de Clark qui a fait d'elle la femme dure et froide qu'elle est aujourd'hui. C'est ce qui l'empêche d'éprouver quoi que ce soit pour moi.
Chloe et moi leur expliquons alors le fonctionnement de la tour solaire, cependant un détail semble avoir échappé à Loïs :
― En quoi le fait d'avoir un soleil jaune peut faire de Clark l'ennemi numéro un de ce général Zod ?
Chloe et moi échangeons naturellement un regard, et je m'aperçois avec soulagement que nous n'avons pas perdu notre complicité malgré les récents événements. Les choses sont compliquées entre nous et en même temps si simples. J'ai aimé Tess pour sa détermination à sauver le monde. Nous partagions le même objectif, mais pas les mêmes valeurs. Tess cherchait la reconnaissance alors que j'œuvre dans l'ombre. J'ai aimé Loïs pour sa fraîcheur et sa fougue. Mais elle voulait être le centre de mon monde sans vraiment en faire partie. J'aime Chloe parce que nous partageons tout. Elle me comprend parce qu'elle est comme moi. Nous ne sommes peut-être pas un vrai couple, mais nous sommes plus que ça : nous sommes une équipe.
L'entrée de Flagg et Deadshot dans le bureau nous évite de répondre à la question de Loïs. Flagg le le jauge un instant avant de se tourner vers Chloe.
― Alors, c'est ça le Flou ? S'enquiert-il, dubitatif.
Je jette alors un regard à Loïs qui semble totalement perplexe.
― Quoi ? S'exclame-t-elle. Lui ? Non, lui c'est juste un fermier.
Je grimace. J'ai beau en vouloir à Clark, il ne mérite tout de même pas d'être considéré comme ça. Lui, semble juste mal à l'aise. En revanche, Flagg et Deadshot nous observent tour à tour cherchant à comprendre. Chloe sentant la situation lui échapper, déglutit si fort que je l'entends d'ici.
― C'est bien lui le Flou.. Déclare-t-elle alors en fixant Loïs, puis Rick.
Loïs ouvre la bouche, mais aucun son n'en sort. Rick se contente de hausser les sourcils.
― Chloe ! S'exclame alors Clark, abasourdi. Je sais que tu m'en veux d'être parti, mais comment peux-tu ?
Elle se tourne alors vers lui et affirme sèchement :
― Désolée Clark, mais aujourd'hui, ton secret n'a plus aucune importance.
Il semble tellement sonné qu'il ne trouve rien à répondre.
― Et bien, et bien ! S'exclame Flagg. Quelles chaleureuses retrouvailles ! C'est touchant ! Et donc, quelle est la suite du plan ?
Je briefe nos coéquipiers sur notre récente découverte et sur le plan de Clark. Flagg semble dubitatif.
― Il est bien gentil le petit nouveau, mais il croit qu'on l'a attendu pour essayer de détruire la tour ?
Clark remue, agacé par la remarque pertinente de Flagg.
― Je ne vous parle pas de la détruire, juste de la désactiver, même quelques minutes suffiraient.
― Encore une fois, tu crois qu'on t'a attendu pour avoir cette idée ? rétorque Flagg avant de se tourner vers Chloe. Dis-moi que c'est une blague ! Dis-moi que c'est pas pour ce guignol qu'on a risqué nos vies aujourd'hui ?
Chloe se contente de lui répondre par l'un de ces regards noirs qui réduisent au silence. Elle prend ensuite la parole :
― Effectivement Clark, on ne t'a pas attendu pour essayer de neutraliser la tour. Nous avons tenté plusieurs moyens qui ont tous échoué. La faire sauter est impossible maintenant, d'autant qu'après ce que nous avons fait hier, ils vont s'attendre à une autre attaque. Le seul moyen de la désactiver à distance serait de tenter à nouveau un virus, mais sans Victor…
Elle s'interrompt et détourne le regard et je sens mon cœur se serrer à l'évocation de mon ami disparu.
― A moins que…
Elle s'interrompt, pensive. Nous sommes tous suspendus à ses lèvres.
― L'électricité ne fonctionne plus depuis des mois. Il ne s'attendront probablement pas à une cyber attaque. Leur hacker doit se la couler douce dernièrement, il a relâché son attention. On aura sans doute quelques minutes avant qu'il ne s'aperçoive de quelque chose. Avec un peu de chance, suffisamment de temps pour que le virus charge complètement.
― Avec un peu de chance ? S'étrangle Flagg. Tu veux qu'on monte une mission basée sur la chance ? T'es pas sérieuse ?
― Il marque un point. J'ajoute. Après le nombre de missions préparées au millimètre près qui ont mal tourné, on ne peut pas dire que la chance soit de notre côté.
Chloe détourne le regard.
― Je sais. Mais c'est tout ce qu'on a.
Flagg secoue la tête, incrédule.
― Ne compte pas sur moi sur ce coup-là !
Chloe tourne brusquement la tête vers lui.
.
― Je suis désolée. Je t'ai suivie jusqu'à aujourd'hui, mais là, c'est du suicide.
Chloe pince les lèvres, puis hoche la tête.
― Je comprends. Et je compte sur toi pour prendre ma place au cas où je ne reviendrais pas.
Cette fois, c'est Flagg qui détourne le regard quelques instants avant de revenir fixer son regard bleu acier dans celui de Chloe et d'acquiescer. Pour ma part, mon cœur a raté un battement. C'est une idée que je ne me permets même pas d'envisager.
Flagg montre une nouvelle fois son désaccord par un mouvement de la tête et un bruyant soupire, puis quitte la pièce. Chloe se tourne ensuite vers Deadshot.
― Je comprendrais si tu veux te retirer aussi.
Il se contente de hocher les épaules et de suivre son coéquipier.
― Chloe, qui sont ces types ? S'enquiert Clark. Ils ne m'inspirent pas du tout confiance.
― Crois-moi, Clark, tu ne veux pas vraiment le savoir. Rétorque Chloe avec sarcasme.
Je ne peux m'empêcher de sourire. Mais Clark plisse les yeux et insiste, suspicieux.
― Ce sont des criminels, n'est-ce pas ?
Chloe ne daigne même pas lui répondre, focalisée sur un plan de la ville qu'elle a étalé sur le bureau.
― Comment as-tu pu t'associer avec des gens comme ça ? Poursuit Clark en s'approchant d'elle.
Elle se retourne brusquement et se retrouve nez à nez avec lui.
― J'ai fait ce que j'avais à faire puisque tu avais fui comme un lâche. Alors ne t'avises plus jamais de critiquer mes choix !
Elle se détourne alors pour se replonger à nouveau sur le plan. Les épaules de Clark s'affaissent et il retourne près de Loïs. A l'inverse, je m'avance vers le bureau pour me pencher sur la carte par-dessus l'épaule de Chloe.
― La tour de contrôle est ici.
Elle désigne le lieu en l'entourant avec un stylo.
― Et la tour solaire est là.
Une sorte de croix rouge figure déjà à son emplacement.
― Dès que le virus sera téléchargé, ils pourront localiser la tour de contrôle. Et ils viendront pour nous.
― Mais ils n'auront plus leurs pouvoirs donc ça ira. Non ?
Chloe hésite un instant avant de se tourner vers moi.
― Lorsqu'ils ont mis la tour en marche, le soleil n'est pas devenu rouge instantanément. Il s'est écoulé quelques minutes. On peut imaginer qu'une fois la tour désactivée, il va s'écouler quelques minutes avant qu'il ne redevienne jaune et que les kandoriens perdent effectivement leurs pouvoirs… Et que Clark regagne les siens.
Nous nous fixons un instant, mesurant le risque que cela représente.
― Il faudra filer immédiatement, alors. Tu lances le virus et on file se cacher tant que le soleil n'est pas redevenu jaune.
Elle acquiesce d'un hochement de tête. Elle se tourne ensuite vers Clark, l'impliquant dans le plan pour la première fois depuis le début.
― Clark, il faudra que tu trouves Zod. Il faudra peut-être l'attirer en te montrant près de la tour. Et dès que le soleil sera jaune, tu récupères l'anneau pour le donner à Loïs.
Elle se lève alors et se dirige vers Loïs.
― Loïs, tu as bien compris que ton rôle est essentiel ? Dès que Clark te donne l'anneau, tu le passes à ton doigt et tu penses au moment où tu es partie. D'accord ?
Loïs, submergée par les informations, se contente de hocher la tête. Chloe pose solennellement la main sur l'épaule de sa cousine hébétée.
― Tu es la seule à pouvoir éviter que cette réalité ne devienne notre avenir. Dès que tu seras revenue à ton époque, il faudra que tu viennes nous raconter tout ce qui s'est passé aujourd'hui.
― Compris. Articule Loïs d'une voix étranglée.
― Oliver, ton rôle sera de couvrir Loïs à tout prix. Elle est la clé. Quoiqu'il advienne, elle doit absolument repartir dans son époque saine et sauve. Si nous réussissons, rien de ce qui s'est passé au cours de cette année ne sera arrivé.
Son regard grave planté dans le mien signifie bien plus que ses mots ne le disent. Tous ceux que nous avons perdu ne seront pas morts. Et la relation que nous avons n'aura jamais existé. Je déglutis difficilement avant d'acquiescer à mon tour.
― Bien. On revoit ça demain matin. Je vais demander à Elena de vous donner quelque chose à manger et de vous trouver un endroit où dormir.
Sur ce, elle quitte la pièce d'un pas pressé.
Bien que le plan de Chloe se tienne, je ne le sens pas. Si tout se déroule comme prévu, l'issue pourrait nous être favorable. Mais j'ai un mauvais pressentiment qui ne me quitte pas du reste de la soirée.
Février 2009
L'activité qui règne dans le bunker me sort de mon sommeil sans rêve et les événements de la veille se rappellent douloureusement à moi : L'échec de la mission, Chloe… À nouveau, elle s'est éclipsée avant mon réveil et la déception m'envahit. Je me passe un coup d'eau sur le visage, passe des vêtements propres et part à sa recherche.
Je la trouve à son bureau, le regard fixé sur un plan qu'elle ne semble pas voir.
― Hum, Chloe ?
Lorsqu'elle lève son regard vers moi, je peux y lire de la culpabilité. Elle déglutit.
― Oliver ! Tu tombes bien ! Je voulais te parler !
Je pénètre dans le bureau et referme la porte derrière moi. Chloe prend une grande inspiration, mais je la coupe d'un geste de la main.
― Je sais ce que tu vas dire. Alors s'il te plaît, ne dis rien.
Elle fronce les sourcils et me fixe silencieusement, comme si elle cherchait à lire en moi.
― Ce qu'il se passe entre nous, reste entre nous. Mais je t'en prie, Chloe, ne me dis pas que c'était une erreur. Ne me dis pas que ça n'arrivera plus.
Elle pince les lèvres et détourne le regard. J'ai visé juste.
― Toi et moi, on sait que c'est faux, ajoutai-je dans un haussement d'épaule.
Elle ne peut réprimer un sourire que je lui rends, scellant tacitement notre accord.
Après notre maigre dîner, je vais rejoindre Chloe dans sa chambre, comme je l'ai si souvent fait au cours de ces derniers mois.
― Je suis occupée, Oliver, dit-elle sèchement sans quitter la page de son livre des yeux.
― Il faut qu'on parle.
― Et de quoi veux- tu parler Oliver ? De Tess, j'imagine ? demande-t-elle en levant enfin le regard vers moi. J'ai fait ce que j'avais à faire.
Je soupire et passe ma main dans mes cheveux. Je sais que Chloe a fait ce que j'étais incapable de faire. Tess était mon point faible. Malgré tout ce qu'elle a fait, je ne pouvais m'empêcher de lui trouver des excuses. Parce qu'au fond, c'est ma faute si elle est devenue comme ça. Je l'ai trompée lorsque nous étions ensemble et cette blessure l'a changée. Depuis, j'ai essayé de me rattraper, j'ai essayé de lui montrer la voie. Mais elle a refusé de me faire confiance. C'est ma faute si Chloe a dû la tuer aujourd'hui.
― Je voulais juste te dire que―
― Que tu m'en veux ? Que tu ne me le pardonneras jamais ? Je le sais. Il n'y a rien de plus à dire, ajoute-t-elle froidement.
Chloe est souvent froide, distante. Mais pas avec moi, pas quand nous ne sommes que tous les deux dans l'intimité de sa chambre ou de la mienne. Comment peut-elle se montrer aussi indifférente au fait que je lui en veuille ? A-t-elle déjà tiré un trait sur nous ?
― Alors ça y est, tu me rejettes maintenant que Clark est de retour ! C'est ça ?
Je n'étais pas venu pour me disputer avec elle. Nous nous sommes rarement disputés depuis que nous nous connaissons, et encore moins depuis que nous nous sommes retrouvés l'année dernière.
Nous avons peu de raisons de le faire, nous voyons souvent les choses de la même façon. Mais ce soir, je ne peux pas m'en empêcher, ne serait-ce que pour attirer son attention, comme un enfant capricieux. Et ça fonctionne. Elle plisse les yeux et pose son livre sur le côté, puis avance lentement vers moi, le regard lethal.
― Tu peux m'expliquer ce que Clark vient faire là-dedans ?
Je prends une grande inspiration, me préparant mentalement au courrou qui va suivre.
― Oh, arrête ! Tu sais très bien ce que Clark vient faire là-dedans ! Il est de nouveau parmi nous donc tu n'as plus besoin de moi. Tu n'as plus besoin de mon avis, ni de mon soutien, encore moins du réconfort que je pouvais t'apporter !
J'ai d'excellents réflexes, je suis plus rapide que la moyenne, j'aurais dû la voir venir. Mais lorsque la main de Chloe entre en contact avec ma joue, je sens simplement la douleur sur ma peau et dans mon cœur. Mon regard choqué rencontre le sien, furieux.
― En ce qui me concerne, mon meilleur ami est mort il y a plus d'un an. Je n'attends rien d'autre de Clark que l'avantage que ses pouvoirs peuvent nous apporter contre les kandoriens.
Je renifle bruyamment, sceptique.
― Attends, ne me dis pas que tu es jaloux de Clark ? demande-t-elle, incrédule.
Je détourne le regard, coupable.
― Si j'ai accepté de le suivre avec ce plan, c'est parce que c'est objectivement notre meilleure chance d'arrêter tout ça, de faire reset et d'éviter que cette réalité ne se produise, explique-t-elle, légèrement radoucie.
Une fois de plus, mon cœur se serre à l'idée qu'elle soit si prompte à vouloir effacer toute cette année.
― Il n'y a pas que de mauvaises choses dans cette réalité.
― Tu n'es pas sérieux ? Des tas de gens sont morts. Nous avons perdu tous nos amis. Regarde-nous ! On vit terrés comme des rats.
― Il y a nous. Je murmure en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille.
Elle détourne le regard.
― Ça ne pèse pas lourd dans la balance.
― Ça pèse suffisamment lourd pour moi. Je rétorque, en colère.
― Ecoute, Oliver. Si tu es venu pour me dire que tu n'es pas d'accord avec le plan―
― Je ne suis pas venu pour ça. Je suis juste venu te dire…
Je ne sais plus vraiment ce que je voulais lui dire. Que je ne peux pas lui en vouloir ? Que je serai toujours de son côté quoiqu'il advienne ? Trois mots me brûlent les lèvres, mais je sais qu'elle n'est pas prête à les entendre.
Je m'approche alors et mes lèvres s'écrasent sur les siennes en un baiser fiévreux, presque violent, auquel elle répond aussitôt avec la même ardeur. Mes mains enserrent son corps tandis que les siennes se cramponnent à mon sweat. Après un moment qui me semble bien trop court, elle rompt le baiser. Mais j'en veux encore. Car elle est mon oxygène dans ce monde envahi par les ténèbres. Mon regard se plante dans le sien et nous nous laissons emporter par le moment.
La rancœur, la colère, la culpabilité, toutes ces émotions qui m'ont assailli au cours des dernières heures, se perdent dans nos baisers. Il n'y a plus qu'elle. Chloe. La saveur de ses lèvres, la chaleur de son souffle, l'odeur de sa peau, son corps pressé contre le mien. Mes doigts dessinent et redessinent la cambrure de son dos, les courbes de ses hanches. Ma bouche se perd dans son cou, explore chaque zone de sa peau délicate, lui arrachant un gémissement.
La passion contenue déferle dans mes veines. Un flot de sentiments et d'émotions me submergent. Il me semble que mon sang s'est soudain mis à bouillir et je ne cherche pas à lutter contre l'envie irrépressible qui s'est emparée de moi. Lorsqu'à son tour, elle se laisse guider par le désir, ses mains glissent sous mon t-shirt et viennent apaiser par leurs caresses, les douleurs infligés par les longues heures d'entraînement. Sans que je ne sache comment, mon sweat et mon t-shirt tombent lourdement sur le sol et bientôt ce sont ses lèvres qui viennent recouvrir mon torse de baisers brûlants, m'arrachant un profond soupir.
Mes doigts glissent le long de son dos et elle se cabre violemment lorsqu'ils s'attardent sur l'arrondi de ses fesses. D'un geste brusque, je saisis ses cuisses et la soulève. Instinctivement, elle enroule ses bras autour de mon cou tandis que ses jambes encerclent ma taille. Animés par la soif que nous avons l'un de l'autre, nos bouches se rejoignent avec avidité, nous poussant dans nos derniers retranchements. Sans rompre notre ardent baiser, je la dépose sur le lit de fortune.
Trop fébrile pour résister à ma propre impatience, je passe son vêtement par-dessus sa tête où nos mains s'unissent dans une danse sensuelle, mes doigts courant le long de ses bras nus. Mes lèvres humides recouvrent son épaule dénudée de avant de poursuivre leur exploration vers son décolleté. Elle attire alors mon visage vers sa poitrine que je recouvre à loisir de ma bouche gourmande. Ses mains descendent lentement le long de mon torse et se referment sur la boucle de ma ceinture qu'elle ne tarde pas à détacher avant de s'attaquer à son pantalon. Je ferme les yeux tandis qu'elle le fait glisser jusqu'à mes chevilles.
Lorsque ses doigts glissent sur la preuve évidente de mon désir, je ne contrôle plus les manifestations de plaisir qui s'échappent de ma gorge. Je me débarrasse vivement des derniers vêtements qui empêchent l'union de nos deux corps et presse ma nudité contre la sienne. Impatiente, elle exerce une pression de son bassin contre le mien en une supplique muette. Son regard assombri par le désir m'implore de mettre fin à sa torture.
Mais ma main relâche son emprise sur sa hanche pour aller caresser sa joue. La respiration haletante, je la contemple un instant. Nos regards luisant de désir se scellent, exprimant ce que nous sommes incapables d'avouer par des mots. Je joins alors nos lèvres dans un long et tendre baiser, totalement différent de ceux que nous avons partagés jusqu'alors. Je veux qu'il transmette la force des sentiments que nous ressentons l'un pour l'autre. Si notre relation n'a jamais eu l'occasion d'éclore au grand jour, notre amour n'en est pas moins puissant et sincère et ce baiser sonne comme une promesse.
Mais Chloe en veut plus et m'encourage d'un nouveau mouvement de hanche. J'entre alors en elle avec langueur, nous arrachant à tous deux un soupir d'aise devant cette étrange sensation d'être à la fois rassasiés et affamés. Alors que j'entame de lents va-et-vient, je prends subitement conscience de la situation et la réalité me frappe en plein visage. Demain, cette guerre va se terminer pour nous. D'une façon ou d'une autre. Soit nous réussissons la mission, soit nous mourrons en essayant. Alors nous faisons l'amour comme si c'était la dernière fois. C'est sans doute la dernière fois.
L'ardeur qui nous anime reprend rapidement le dessus. Nos caresses se font fébriles, nos soupirs se mêlent. Nous savourons la fusion de nos deux corps qui hurlent notre amour avec férocité. Nos gémissements troublent le silence nocturne, mais nous n'en prenons pas garde. Comme chaque fois, nous sommes transportés dans un univers rien qu'à nous.
Bientôt, je la sens se contracter violemment autour de moi et je perds pied. Nous laissons éclater nos cris d'extase sans pudeur, comme si rien d'autre au monde n'importait.
Blottis l'un contre l'autre, nous reprenons peu à peu notre souffle.
― Chloe...
Je l'étreins un peu plus fort. J'ai tellement peur de la perdre. Je voudrais qu'elle sache ce qu'elle représente pour moi, mais je crains de la faire fuir à nouveau. Elle s'endort bientôt dans mes bras et je laisse le sommeil m'emporter aussi, bercé par le rythme rassurant de sa respiration.
