Hello ! Encore un très long chapitre du point de vue de Chloe. Un chapitre intense et plein de rebondissements que j'ai adoré écrire. Enjoy :)


PV Chloe

Comme chaque matin, je m'éveille avant Oliver. Mais aujourd'hui, je ne le fuis pas. Égoïstement, j'ai envie de profiter encore un moment du refuge rassurant de ses bras. Son torse collé contre mon dos, son visage enfoui dans mes cheveux, je peux sentir son souffle chaud me chatouiller la nuque. Son bras gauche passé au-dessus de ma hanche m'emprisonne contre lui. Délicatement, je pivote sur le dos, faisant glisser sa main qui repose désormais sur mon ventre. La culpabilité m'envahit.

Je l'observe quelques instants et je remarque un léger froncement de sourcils. Même dans son sommeil, il ne parvient pas à être totalement paisible. Animée d'une volonté propre, ma main vient caresser son visage, lui soutirant un léger soupir de satisfaction. Je souris, attendrie et réitère mon geste. C'est alors qu'il ouvre les yeux et me surprend en train de l'observer. Par réflexe, je retire vivement ma main, mais il la prend dans la sienne. Embarrassée d'avoir été prise en flagrant délit de tendresse, j'évite son regard que je sens rivé sur moi. C'est alors qu'il entrelace mes doigts avec les siens, puis les porte à ses lèvres. Je lève alors les yeux vers les siens. Son regard est tendre et à son tour, il vient poser sa main contre ma joue. Mon rythme cardiaque s'accélère tout à coup et je crois que je retiens ma respiration.

Lorsqu'il ouvre la bouche, je m'empresse de mettre mon doigt sur ses lèvres pour le faire taire. Son air perplexe me contraint à m'expliquer :

― Nous devons nous focaliser sur notre mission. C'est tout ce qui compte. De toute façon, si nous réussissons, rien de tout cela n'aura existé.

Je lui souris du mieux que je peux et naturellement, sans y penser vraiment, j'embrasse la paume de sa main. Mon regard s'embue, mais je ne veux surtout pas qu'il le remarque, alors je baisse la tête.

― Viens là ! m'ordonne-t-il doucement en m'attirant contre lui.

La tête plaquée contre son torse, j'écoute attentivement les battements de son cœur, tandis qu'il me serre dans ses bras. Il allait les dire, n'est-ce pas ? C'est mots que jamais je n'aurais imaginé dans sa bouche. L'avoir pour une nuit était déjà bien plus que je n'avais rêvé. Il m'a toujours semblé hors de portée. Aussi, quand il a commencé à flirter avec moi, j'ai pensé que c'était un petit jeu auquel il s'adonnait en souvenir de sa période playboy, et je suis rentrée dans son jeu tout en le tenant à distance, comme je le faisais avec Bart. Jusqu'à ce fameux soir dans la salle d'entraînement. Ce soir-là, j'ai senti qu'il avait envie de moi et j'ai pris peur.

J'étais seule depuis si longtemps que je m'y étais habituée. Et surtout, je ne comprenais pas comment Oliver Queen pouvait s'intéresser à moi. Puis, il y a eu le baiser. Là encore, j'ai préféré fuir. Mais Oliver est un gars déterminé et il a su regagner ma confiance et faire baisser ma garde.

Le jour où Victor est mort, il a été là pour moi et j'étais si désemparée que je me suis laissée porter par le moment.

Mais je ne pensais pas que cette aventure durerait plus d'une nuit. Alors, j'ai profité de chaque seconde de cette nuit délicieuse, et au petit matin, je nous ai évité à tous deux l'embarras d'une mise au point gênante en partant avant lui et en feignant l'indifférence. J'aurais dû m'attendre à ce qu'il aborde le sujet. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'il souhaite poursuivre cette histoire au grand jour. J'ai été prise au dépourvu et à nouveau, j'ai pris peur. Je n'avais jamais envisagé de relation amoureuse avec lui.

Mais il est revenu et je n'ai pas su lui résister. Ni cette nuit-là, ni les suivantes. C'est un soir, alors qu'il tardait à revenir d'une mission de ravitaillement que j'ai vraiment pris conscience de mes sentiments pour lui. Peu importe combien je voulais les éviter. J'avais déjà connu l'amour à sens unique avec Clark et je ne voulais surtout pas me retrouver à nouveau dans cette situation. C'est bien trop douloureux. Aujourd'hui, je m'aperçois que j'avais tort : Ce n'était pas à sens unique. Et je me prends à imaginer ce qui aurait pu être. Mais c'est trop tard. Aujourd'hui, quoiqu'il arrive, tout va se terminer. Je vais faire l'ultime sacrifice pour le bien de l'humanité.

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Juillet 2009

Tout se passe très vite. Je rate ma cible et bien que mon adversaire soit étourdi par la présence de kryptonite dans mes armes, il parvient à me désarmer. Je tombe au sol et lorsque je rencontre le regard flamboyant du kandorien en face de moi, je pense ma dernière heure arrivée.

Non ! S'écrie alors Faora qui vient d'atterrir à quelques pas derrière nous. C'est la chef de la résistance. Zod la veut vivante.

Je déglutis. Je ne sais si c'est de soulagement ou de peur. Zod est cruel et sans pitié. Le sort qu'il me réserve sera sans doute pire que celui que son sbire s'apprêtait à me faire subir. De son côté, il semble déçu de pas avoir l'opportunité de me tuer lui-même.

Il s'approche, l'œil mauvais et me saisit violemment par le bras pour m'emporter dans les airs.

Chloe !

Le cri d'Oliver me parvient avant que ma vision ne soit floutée par la vitesse de déplacement qui me donne la nausée. Nous nous immobilisons quelques secondes plus tard, mais il me faut un peu de temps avant de regagner mes sens. Je finis par reconnaître la salle de réception du manoir Luthor malgré les bannières aux couleurs de Kandor qui recouvrent les murs. Mon estomac se contracte douloureusement.

Et bien, et bien ! Il semblerait que nous ayons une invitée de marque, aujourd'hui ! Déclare Zod en entrant dans la pièce. N'est-ce pas ?

Il se tourne vers quelqu'un derrière lui et je découvre avec dégoût qu'il s'agit de Tess Mercer. Nous nous dévisageons froidement pendant quelques secondes.

Chloe Sullivan. C'est une amie de Clark.

Et cette amie s'avère faire partie de ce groupe qui nous pose soucis ? Comme c'est convénient !

Je déglutis.

Alors, Chloe Sullivan, dîtes-moi, où est Clark ?

C'est une question facile, je n'ai pas besoin de mentir.

Je n'en ai aucune idée. Je ne l'ai pas vu depuis des mois.

Chloe, ne commencez pas à faire la difficile ! Poursuit Zod avec le ton qu'on emploierait avec un jeune enfant capricieux.

C'est la vérité ! Il est parti après la défaite de Doomsday. Je ne l'ai pas revu depuis.

Zod m'observe un instant, les sourcils froncés.

Où se trouve votre quartier général ?

Nous y voilà ! Mon rythme cardiaque accélère.

Sérieusement ? Je réponds avec aplomb et un sourire ironique.

Il sourit à son tour et un frisson me parcourt l'échine.

Allons Chloe ! Inutile de vous montrer virulente. Nous sommes entre gens civilisés. Nous sommes capables de mener une conversation courtoise.

Vous voulez peut-être m'offrir un café ? Je rétorque. Parce que ça fait une éternité que je n'en ai pas bu ! Difficile de trouver un Starbuck ouvert par les temps qui courent !

Ce serait avec plaisir ! Poursuit-il, l'air sincèrement amusé. Mais je crois savoir que la caféine n'est pas recommandée pendant la grossesse.

Perplexe, je reste muette quelques secondes. De quoi parle-t-il ? Mon trouble doit se refléter sur mon visage car il poursuit :

Oh ! Vous ne saviez pas ? Et bien, je crois que les félicitations sont de rigueur ! N'est-ce pas Tess ?

Je fronce les sourcils et dirige mon regard hagard vers Tess qui semble tout aussi stupéfaite. Elle se recompose immédiatement une façade de froideur.

Félicitations Chloe ! Qui est l'heureux élu ?

Elle sait que je fais équipe avec Oliver. Elle cherche juste la confirmation qu'il se passe quelque chose entre nous pour faire levier. Je soupire bruyamment et lève les yeux au ciel.

Il va falloir trouver autre chose ! Jamais je n'amènerai un enfant dans ce monde ! Non mais regardez autour de vous !

Zod sourit à nouveau, dévoilant ses dents blanches parfaitement alignées.

Oh ! Vous ne me croyez pas ? Je peux pourtant entendre les battements de son cœur.

Les miens accélèrent subitement la cadence. Ce n'est pas possible ! Il ment. Il cherche juste à me déstabiliser.

Et Jeanne d'Arc entendait des voix. Elle a fini sur un bûcher. Je rétorque avec un sourire contrit.

Zod éclate de rire.

Vous me plaisez, Chloe ! Vous avez l'esprit vif et vous ne manquez pas de cran ! Je vous proposerais bien de rejoindre nos rangs en échange de votre vie, mais vous me planteriez une dague de kryptonite dans le dos à la moindre occasion.

Il affiche un air désolé. Je renifle bruyamment.

Dans ce cas, je vous propose qu'on en reste là. Je suggère.

Malheureusement, ça ne va pas être possible tant que je n'aurais pas eu de réponses à mes questions. Où est votre quartier général ?

Je reste impassible et muette.

Où se trouve votre QG ? Parle !

Il s'avance vers moi d'un pas menaçant. Je recule d'autant jusqu'à me retrouver acculée contre le mur. Sa main agrippe brusquement mon cou et je me sens soulevée de terre.

Parle !

Sa poigne se referme sur ma trachée, m'arrachant des larmes de douleur. Mais ce n'est rien comparé à la sensation d'être privée d'air. Je ferme les yeux, attendant que la douleur cesse. Que l'agonie cesse enfin. Je pense à Oliver et je me demande s'il retrouvera mon corps sans vie ou s'il sera hanté à jamais par le mystère de ma disparition. Des tâches noires dansent devant mes yeux clos tandis que je suffoque.

Puis soudain, je retombe lourdement sur le sol et l'air s'engouffre à nouveau dans mes poumons, me brûlant la gorge au passage. Je rouvre les yeux, mais ma vision est brouillée par les larmes et le manque d'oxygène. Je ne peux que deviner la silhouette menaçante de Zod au-dessus de moi.

J'attends des réponses à mes questions et je les obtiendrai. Même si je dois attendre que votre enfant soit né pour le torturer sous vos yeux jusqu'à ce que me les donniez.

Mon cœur rate un battement. Il bluffe avec cette histoire de bébé, c'est évident. Mais l'image qu'il vient d'implanter dans mon esprit me donne la chair de poule.

On m'enferme dans l'une des nombreuses chambres du manoir. Je suis leur invitée spéciale jusqu'à nouvel ordre. Exténuée et endolorie, je gis sur le lit, bien plus confortable que la couche sur laquelle je dors habituellement, sans parvenir à trouver le sommeil. Mon esprit est trop occupé à concocter un plan d'évasion pour dormir.

Malheureusement pour eux, je connais bien ce manoir pour m'y être infiltrée de nombreuses fois. Je connais des passages secrets qui mènent à l'extérieur. Il me suffit d'attendre la bonne occasion pour sortir de cette pièce.

Le soleil rouge s'est couché pour laisser place à une nuit pourpre et je ne cesse de penser à Oliver qui doit se ronger les sangs en mon absence. Il a probablement réquisitionné tout le monde pour me chercher. Peut-être que Bart a déjà fait un tour par ici ? S'ils savent que je suis retenue prisonnière, ils vont venir me délivrer. Mais c'est trop risqué ! Je dois être partie avant !

Je ne sens pas Morphée m'emporter. Je me rends compte que je me suis endormie quand j'entends la serrure être déverrouillée. Mes yeux s'ouvrent et je me redresse brutalement. Puis la porte s'ouvre. Tess Mercer apparaît alors dans l'embrasure de la porte, un plateau repas dans les mains. Les événements de la veille se rappellent douloureusement à moi et je porte la main à ma gorge.

Madame est servie ! Lance-t-elle en posant le plateau sur la table de chevet.

Petit-déjeuner au lit ? Je croasse. On ne m'avait pas menti, le service vaut bien ses cinq étoiles !

Ma voix est rauque et parler m'est douloureux. Mais lancer des piques me permet de garder la tête froide pour mettre mon plan à exécution.

Gardez votre salive pour Zod. Il prévoit une autre séance d'interrogatoire, rétorque-t-elle.

Charmant !

Je lève les yeux au ciel.

Laissez-nous ! Lance-t-elle alors au kandorien qui monte la garde devant ma porte.

J'ai reçu l'ordre de ne pas quitter cette place tant que je n'ai pas été relevé, répond le garde.

Et bien je suis là, vous êtes relevé, déclare-t-elle agacée.

Le garde la toise un moment, puis se retourne et se met à avancer dans le couloir. Elle prend une chaise et la place près du lit avant de s'y asseoir, face à moi.

C'est Oliver ? Chuchote-t-elle.

Wouah ! On en est à se raconter nos petits secrets ? Et après quoi ? On se tresse les cheveux ?

Tess prend une grande inspiration qu'elle souffle aussitôt en me fixant de son air sévère.

Il bluffe et vous le savez ! Je lâche.

Ça, c'est vous qui le dîtes ! Il y a quelque chose entre Oliver et vous ?

Ça vous tue de ne pas le savoir, hein ? Je rétorque avec un sourire en coin.

Sa mâchoire se crispe. Je la pousse à bout.

Vous avez tout intérêt à coopérer. Le général Zod n'a pas pour habitude de montrer de la pitié.

Il me tuera que je parle ou non et ça aussi, vous le savez.

Elle détourne le regard et soupire.

Il va venir, Oliver ?

S'ils savent que je suis ici, ils viendront.

Elle retourne son attention sur moi et je crois lire l'inquiétude dans son regard.

Zod les attendra. Ils le savent. Et ils s'y seront préparés. J'affirme, plus pour me rassurer moi-même.

Chloe, est-ce que c'est l'enfant d'Oliver que vous portez ?

Je soupire tout en glissant mes jambes sous mes fesses.

Ça devient redondant ! Alors, il y a quoi pour le petit déjeuner ?

Je me tourne au-dessus du plateau et saisis l'assiette d'oeufs brouillés que je pose sur mes genoux. Je coupe une portion à l'aide de ma fourchette et la porte à ma bouche. Soudain, j'ai la sensation que mon estomac est subitement remonté dans ma gorge. L'odeur d'œuf me semble insupportable et le goût dans ma bouche me fait saliver de dégoût, mais je ne veux rien laisser paraître. J'avale difficilement. Mon estomac se contracte et je suis prise d'un violent haut-le-cœur. Tess fronce les sourcils.

Un problème ? s'enquiert-elle.

Probablement juste des nausées matinales ! Je rétorque avec un sourire ouvertement forcé.

Elle lève les yeux au ciel. Je prends une grande inspiration et porte une seconde portion à ma bouche. Mais à peine l'œuf fait contact avec mon palais que mon estomac se contracte à nouveau et je mets à vomir. La douleur de mon estomac concurrence celle de ma gorge et les larmes ne tardent pas à me monter aux yeux.

Quelques secondes plus tard, lorsque mon estomac cesse de se vider, je rouvre les yeux et rencontre ceux horrifiés de Tess. Ses rangers et son pantalon treillis sont recouverts de bile mélangée aux restes digérés de mon précédent repas. Elle se lève brusquement, son visage crispé de dégoût et de colère.

Du bluff, hein ? Lance-t-elle.

Elle sort brusquement de la chambre, ses pas résonnant contre le parquet. En une seconde, je suis sur mes pieds. Ma tête me tourne un peu, j'ai la gorge en feu et l'estomac qui se balade, mais je n'hésite pas une seule seconde. Je m'engouffre dans le couloir et me dirige rapidement vers le bureau de Lex en mobilisant tous mes sens.

Par chance, il y a peu de monde à cette heure de la matinée et je ne croise personne. Lorsque j'atteins la porte du bureau, je colle mon oreille dessus et écoute attentivement. Aucun bruit ne me parvient depuis l'intérieur. Je suis persuadée que Tess ne s'y trouve pas. Elle est certainement allée se changer dans sa chambre. Mais Zod s'y trouve peut-être, lui. C'est un risque à prendre. Je pose la main sur la poignée et appuie dessus. La porte s'ouvre lentement. Je relâche un souffle en découvrant qu'elle est bel et bien déserte. Je pénètre prestement à l'intérieur et referme la porte derrière moi.

Une fois à l'intérieur, je m'approche de la cheminée et essaie de me rappeler comment actionner l'ouverture vers le passage secret. Je tatonne quelques secondes, mon cœur tambourinant dans ma poitrine. Je tente de le calmer en contrôlant ma respiration, mais plus le temps passe, plus mon stress augmente et ma tentative est réduite à néant. Enfin, je sens quelque chose bouger sous mes doigts et un glissement se fait entendre. Je me tourne vers la porte du bureau, m'attendant à voir débarquer les kandoriens alertés par le bruit. Je n'attends pas que le passage soit totalement ouvert pour m'y engouffrer et le refermer derrière moi. Je me retiens de ne pas courir dans le couloir sombre et humide, le bruit de mes pas, ne ferait que leur indiquer ma position. Je tente de rester calme et posée, mais je presse le pas. Le couloir mène bientôt à un escalier qui descend plus profond encore, puis à d'autres couloirs. Je mobilise ma mémoire et mon sens de l'orientation pour décider lequel emprunter. Après ce qui me semble une éternité, j'aperçois enfin de la lumière au bout du tunnel.

Je m'approche silencieusement de la grille pour vérifier que personne ne se trouve à l'extérieur avant de m'aventurer dehors. Je me retrouve à l'orée de la forêt qui borde le nord-est du manoir et y pénètre sans hésiter. Si mon sens de l'orientation ne me fait pas défaut, la route qui conduit à Metropolis est un peu plus à l'ouest. Si je parviens à la retrouver, je pourrai la longer jusqu'à Metropolis et regagner le bunker. Avec cette idée, je continue de m'enfoncer dans la forêt.

T'en fais pas Chloelicieuse, je vais te ramener. Tout ira bien.

Je me sens soulevée. Du vent frais me fouette le visage.

Chloe !

Des mains chaudes sur mes joues. Une voix paniquée.

Chloe, tu m'entends ? Emmène-là à l'infirmerie ! Emil ! Emil !

De la chaleur m'enveloppe entièrement.

Lentement j'émerge d'un sommeil sans rêve. J'ouvre péniblement les yeux. Lorsque je déglutis, ma gorge me brûle atrocement et je grimace sous la douleur. Je baisse le regard et découvre Oliver, la tête contre le bord du matelas, endormi, ma main dans la sienne. Je sens mon coeur fondre. Puis, je repense à la révélation de Zod.

Non, c'est impossible. Je porte un implant contraceptif. Même si Oliver et moi n'avons pas pris de précautions particulières, je suis protégée par cet implant. C'est le moyen de contraception le plus fiable. C'était juste du bluff. Mais alors, pourquoi ces nausées ? Je dois reconnaître qu'elles sont tombées à pique ! Je me demande alors à quel moment les kandoriens se sont aperçus de ma disparition. Tess va en prendre pour son grade ! J'étais sous sa surveillance quand je me suis échappée. Cette pensée m'apporte égoïstement un peu de joie. Cette garce l'aurait laisser me tuer.

J'essaie de me redresser en position assise sans déranger Oliver. Mais il relève immédiatement la tête.

Eh ! Comment tu te sens ?

Mieux. Je croasse.

Malgré l'obscurité, je peux voir que ses yeux sont rouges et cernés par le manque de sommeil. Combien de temps étais-je absente ? Je me souviens avoir marché sans m'arrêter jusqu'à la nuit tombée. Après être tombée à plusieurs reprises à cause de l'obscurité, j'ai du me résigner à attendre le lever du soleil. Il faisait froid et humide. J'avais soif. J'ai du m'endormir un peu. Le lendemain, j'ai marché encore. Je n'ai pas réussi à rejoindre la route, et la peur d'être perdue au milieu de la forêt a commencé à me gagner, d'autant que je n'ai pas croisé un seul cours d'eau. Je me suis reposée un peu et j'ai du m'endormir. Le reste est flou. Je ne sais combien de jours j'ai marchés, ni combien de nuits j'ai passées dehors, encore moins combien de temps j'ai passé inconsciente.

Il se relève et s'étire, les muscles endoloris par la position inconfortable dans laquelle il s'est endormi. Puis me rapporte une bouteille d'eau qu'il décapsule avant de me la tendre. Je m'en saisis et prends une petite gorgée sous le regard inquisiteur d'Oliver. La fraîcheur de l'eau soulage ma gorge meurtrie et ma bouche asséchée, mais déglutir reste douloureux et je grimace.

Qu'est-ce qui se passe ? Où tu as mal ?

La gorge. Je souffle.

Son regard dévie alors vers mon cou et son regard se voile de peine. Ses doigts viennent caresser la peau qui montrent certainement les marques laissées par les mains de Zod.

Qui t'a fait ça ?

Je sens la tension dans sa voix.

Zod.

Je vais le faire payer, ce sale―

Je sais. Mais pas maintenant.

Je pose ma main sur son bras pour le ramener à moi. Je ne veux pas qu'il agisse de manière impulsive.

Qu'est ce qui s'est passé, Chloe ? Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?

Je prends une seconde gorgée d'eau avant de me rallonger sous la couverture, sur le flanc.

Ils m'ont amenée au manoir. Zod voulait savoir où était le QG. Quand il a compris que je ne dirai rien, il m'a fait enfermer dans l'une des chambres. Je me suis échappée et j'ai pris les passages secrets pour sortir dans la forêt. Mais je me suis perdue.

Je détourne le regard. Je ne mens pas, j'omets seulement quelques détails sans importance. Comme par exemple, le coup de bluff de Zod. Oliver sourit tristement.

Bien joué !

Et de votre côté ?

Bart t'a cherché partout. Il t'a aperçue au manoir. On a préparé une mission pour te récupérer. Puis Bart a dit que tu n'y étais plus. Je voulais venir quand même. J'ai dit qu'ils t'avaient peut-être enfermée autre part. Mais il a traîné un peu sur place et il a entendu des kandoriens dire qu'ils te cherchaient. Alors il t'a cherché aussi, dans la forêt autour du manoir. On a eu de la chance qu'il te trouve avant eux.

Il déglutit.

Mais tu étais mal en point quand il t'a trouvée. Tu étais inconsciente.

Combien de temps ?

Deux jours.

Il se masse la nuque et je ne sais si c'est parce que ça le rend nerveux d'en parler ou bien si c'est parce qu'il a mal.

Mais tu es là maintenant.

Je tente de lui sourire du mieux que je peux.

Un peu plus tard, Emil arrive pour m'ausculter. Oliver prend congé et me promet de me rapporter à manger.

Tu as eu beaucoup de chance, Chloe. D'abord de réchapper à ça. Dit-il en désignant les hématomes qui ornent mon cou comme un sinistre collier. Ensuite, tu souffrais de déshydratation quand Bart t'as trouvée.

Je me contente d'acquiescer à ces paroles, mon esprit préoccupé par un autre sujet.

Autre chose dont tu voudrais me parler ? Devine-t-il.

Non. A part ça, tout va bien.

Il plisse les yeux, suspicieux.

Bien. N'hésite pas si besoin.

Dès qu'il quitte la pièce, je me précipite sur le meuble qui contient tous les médicaments que nous rapportons de nos raids. Je fouille dans le bazar organisé d'Emil qui contient tout un tas de pilules, de seringues et autres ustensiles dont je ne préfère pas connaître l'utilité. Mais pas un seul test de grossesse en vue.

Qu'est-ce que tu cherches exactement, Chloe ?

Je me retourne brusquement, ravivant la douleur dans mon cou et ma nuque. Emil se trouve dans l'embrasure de la porte, les bras croisés, les sourcils froncés. Je soupire.

Est-ce que tu aurais… un test de grossesse ?

Sa mâchoire tombe et ses sourcils se soulèvent si haut que son expression en est presque comique. Puis, il referme la bouche et se frappe le front du plat de la main.

Comment je ne l'ai pas vu avant ?

Quoi ? Voir quoi ? Je demande, paniquée.

Oliver et toi. Ca me semble tellement évident maintenant !

Emil ?

Hum ?

Un test ?

Ah ! Euh… non, je n'en ai pas. J'en ai eu un ou deux, mais ils ont été utilisés. Et ce n'est pas le genre de choses que vous pensez à rapporter.

Je lâche un soupir de frustration.

Tu as combien de jours de retard ? S'enquiert-il, repassant en mode médecin.

Je n'en ai pas. Du moins, je crois pas. Je porte un implant.

Emil fronce les sourcils, perplexe.

Pourquoi faire un test alors ?

C'est juste… C'est quelque chose que Zod m'a dit. Je suis sûre que c'était du bluff, pour me faire parler. Mais je voudrais juste être sûre.

Emil reste silencieux un moment, pensif.

Il a entendu le cœur du bébé, c'est ça ?

Mes yeux s'arrondissent de surprise. Emil connaît les pouvoirs de Clark, il a rapidement fait le lien.

C'est ce qu'il a prétendu.

Il hoche vigoureusement la tête.

Admettons que ce ne soit pas du bluff. Commence-t-il. S'il a pu les entendre, alors on le peut aussi.

Et on peut faire ça ?

Absolument ! Allonge-toi !

Je m'exécute en silence. Pendant qu'il va fouiller dans son placard. Il revient avec un stéthoscope autour du cou.

On va faire ça à l'ancienne ! Déclare-t-il avec un sourire presqu'excité. Relève un peu ton t-shirt !

Je m'exécute à nouveau et il enfile les embouts dans ses oreilles puis il pose le bout de l'appareil sur le bas de mon ventre. Le métal froid sur ma peau est désagréable. Mais je tâche de ne pas bouger. Il déplace l'outil sur mon ventre à plusieurs reprises. Puis il retire les embouts de ses oreilles et me les tend.

Tiens, juste là !

Quoi ? Les battements de mon cœur accélèrent au point que je peux les sentir vibrer dans tout mon corps. Non, c'est impossible ! Mes doigts tremblants se saisissent de l'appareil et les fiches fébrilement dans mes oreilles. J'entends alors un autre battement, rapide, mais plus régulier. Je lève les yeux vers Emil qui sourit. Je secoue la tête.

Ce n'est pas possible !

Et pourtant ! De quand date ton implant ?

Je ne sais plus. C'était… un peu avant le mariage… je crois.

Deux ans ? Mais entre-temps il t'est arrivé quelques déboires. Brainiac a pu désactiver l'implant… Ou bien il a été désactivé lorsque la Légion t'a retiré Brainiac. On peut chercher l'explication Chloe, mais le résultat est le même. Tu es enceinte.

Non, ça ne peut pas ! Ça ne doit pas !

Emil semble prendre conscience de mon désarroi.

Tu devrais peut-être en parler avec Oliver.

Je le ferai. Mais pas maintenant. Et je vous interdis de lui en parler ! Je préviens.

Il place ses mains en l'air en signe de reddition.

Est-ce que tu permets que je touche ton ventre pour essayer de déterminer la date de conception ?

Je pince les lèvres et acquiesce silencieusement. Il palpe mon ventre pendant quelques instants.

Au vu de la taille de l'utérus, je dirais environ deux mois. Mais je ne suis pas obstétricien.

Je digère ses mots et fais le calcul mentalement. Une boule s'est soudainement logée dans ma gorge.

Mais Emil… comment pourrais-je mettre un enfant au monde dans ce monde ?

Incapable de répondre à ma question, il baisse les yeux. Après quelques instants, son regard se pose à nouveau sur moi, tandis que sa main se pose sur la mienne.

Tout enfant est un symbole d'espoir. Et ce n'est pas n'importe quel enfant : c'est ton enfant et celui d'Oliver. Imagine ce qu'il pourrait apporter au monde !

/

Bien que je sois terrifiée à l'idée d'avoir un enfant, porter l'enfant d'Oliver m'a rempli de quelque chose que je pensais avoir perdu depuis bien longtemps : l'amour. Depuis le jour où Emil a confirmé la grossesse, mon amour pour ce petit être n'a cessé de grandir et ma détermination à le protéger de se renforcer. Et maintenant que je sais qu'il n'est pas un malheureux accident, mais le fruit d'un amour sincère, je suis encore plus heureuse que ce soit arrivé. Cependant, je dois également en faire le deuil. Car dans quelques heures, si tout se passe comme prévu, il va disparaître comme cette réalité cauchemardesque dans laquelle nous vivons depuis un an. Dans quelques heures, rien de tout cela ne sera arrivé et je perdrais à la fois ce bébé, mais également Oliver. Ou bien est-ce que nous aurons une autre chance ? Est-ce que nous aurons l'opportunité de nous rapprocher comme nous l'avons fait, de commencer une relation et de fonder une famille ? J'essaie d'imaginer ce que pourraient être nos vies dans un monde où les kandoriens n'auraient pas pris le pouvoir.

― Franchement Chloe, je te croyais plus intelligente que ça !

La voix de Clark me fait sursauter. A une époque pas si lointaine, j'avais l'habitude qu'il débarque subitement derrière moi accompagné d'un courant d'air. Mais il s'est passé tellement de temps que j'avais presque oublié le son de sa voix. Il me faut donc quelques secondes avant que mon cerveau ne traite ses paroles.

― Je te demande pardon ?

― Oliver, précise-t-il. Tu sais pourtant comment il est. Tu sais ce qu'il a fait à Loïs. Et à moi.

Je n'en crois pas mes oreilles. L'incrédulité laisse place à la colère.

― Un an qu'on ne s'est pas vus et tout ce que tu trouves à me dire, c'est que tu n'approuves pas mes fréquentations ?

Il détourne le regard. Au moins il a la décence de se sentir gêné.

― Ce qui se passe entre Oliver et moi ne te regarde absolument pas, Clark. Tu as perdu ce droit le jour où tu m'as fait tes adieux.

Clark Kent est mort. Adieu Chloe.

Ses paroles résonnent toujours en moi avec la même intensité. Je déglutis pour faire passer la boule qui s'est formée dans ma gorge.

― Ce jour-là, Clark, mon univers tout entier s'est effondré. Loïs avait disparu, Jimmy venait de mourir sous mes yeux, la Ligue s'était dispersée, et pour finir toi, tu... »

Ma gorge est si serrée que je ne parviens pas à terminer ma phrase.

― Il le fallait, Chloe, répond-il alors. Tu sais bien que je devais terminer mon entraînement avec Jor-El.

― Et tu devais le faire précisément au moment où j'avais le plus besoin de toi ?

Il baisse le regard.

― Je t'ai tout donné, Clark. J'ai tout sacrifié pour toi. J'ai même tué pour toi !

A cette annonce, il relève brusquement les yeux et je peux y lire un mélange d'incrédulité et de déception.

― D'abord Sebastian Kane, puis Davis. Je déclare froidement.

Bien que Clark me dévisage comme si j'étais une étrangère, je suis soulagée d'avoir enfin libéré ma conscience de ce fardeau.

― J'avais confiance en toi, Clark. Et toi, tu m'as abandonnée. Chloe Sullivan est morte ce jour-là.