Note des auteures : Retour au présent.
Bonne lecture,
Yzan & Lili.
~ 11. Fermer la parenthèse. ~
Juin - Île de Nabu.
Allongé sur son lit, les yeux rivés sur le plafond à peine éclairé par la lune passant par l'interstice des volets, Katsuki réfléchissait. Mentalement, il dressa la liste des courses qu'il lui fallait faire le lendemain, tordant son emploi du temps déjà bien chargé pour tout caser : les missions, les courses, Hiro... Et bien sûr, il fallait absolument qu'il fasse le ménage à fond dans sa maison. Pas que celle-ci soit particulièrement sale ou mal rangée, loin de là, mais dans deux jours, Inko Midoriya venait rencontrer son petit-fils pour la première fois, et Katsuki tenait à ce que tout soit parfait.
Non, il n'était pas particulièrement stressé par la visite de la mère d'Izuku... Enfin si... il était même totalement flippé. Il n'avait que peu interagi avec elle quand elle était logée à Yuei durant la guerre, trop occupé à s'entraîner pour vaincre leurs ennemis. De fait, la dernière fois qu'il lui avait réellement parlé, il devait avoir cinq ou six ans. Et depuis, il s'était passé tellement de choses, et pas que des bonnes... Que savait-elle de ce qu'il avait fait subir à Izuku ? Comment allait-elle réagir face à lui ? Et face à Hiro ?
La seule chose qui rassurait Katsuki sur cette future rencontre, c'était la présence d'All Might et d'Izuku qui accompagnaient tous deux Inko. Si Katsuki en croyait les dires de sa mère, Inko avait hâte de rencontrer son petit-fils et s'inquiétait que le petit bonhomme ne l'aime pas. D'après ce qu'Izuku, All Might, qui était étonnamment proche de Mme Midoriya, et le couple Bakugo lui avaient raconté, Inko s'était tout bonnement évanouie en apprenant la paternité de son fils. Évanouissement qui avait affolé tout le monde.
Izuku avait eu besoin d'un bon mois pour trouver le courage, et les mots, pour annoncer la nouvelle à sa mère. La sachant très émotive, le jeune homme avait demandé le soutien de Mitsuki et Masaru, amis de longues dates d'Inko, et d'All Might, ami proche. Izuku soupçonnait même que sa mère et son mentor soit un peu plus qu'amis. Ce fut donc lors d'un dîner entre eux qu'Izuku avait annoncé sa paternité à sa mère.
Un ricanement moqueur échappa à Katsuki au souvenir du fou rire que lui et son père avaient partagé quand Mitsuki lui avait relaté en détails la réaction de la trop émotive Inko. Mitsuki avait, bien évidemment, pris la défense de son amie face aux deux hommes de sa vie. Mais elle-même n'avait pu s'empêcher de rire, un peu, en racontant la manière dont Inko avait buggé avant de s'effondrer dans son assiette, affolant tout le monde.
All Might avait été à deux doigts d'appeler les secours, craignant un arrêt cardiaque, et Izuku avait pleuré toute les larmes de son corps sur sa mère inconsciente, avant que Masaru ne calme tout le monde, y compris sa femme qui paniquait devant la réaction de son amie. Une fois remise de son émotion première, Inko avait exigé des explications, puis avait pleuré abondamment devant les photos et vidéos que ses amis et son fils lui montrèrent, s'extasiant sur son petit-fils.
Katsuki se tourna sur son matelas, jetant un regard vide à son réveil lui indiquant qu'il était presque minuit. Le sommeil refusait de venir le prendre, il aurait pourtant bien besoin d'une nuit complète pour affronter la journée à venir. Surtout qu'Hiro serait intenable et excité comme une puce. Il attendait avec impatience l'arrivée de Mamiko comme il l'appelait déjà, surnom que ladite Mamiko avait adoré.
Bien sûr, le petit bonhomme avait eu l'occasion de la voir et de discuter un peu avec elle grâce aux appels vidéos, Izuku ayant plus d'une fois appelé de chez sa mère pour permettre à Hiro et Inko de faire un peu connaissance. Inko était cependant la seule à n'avoir pas encore rencontré Hiro. Un soupir échappa à Katsuki. La rencontre entre Hiro et Inko ne pourrait jamais être pire que celle entre Mina et Hiro.
Eijiro et Mina n'avaient en effet pas tardé à revenir rendre visite à Katsuki, Mina étant intenable selon les propres dires de son compagnon. Moins d'un mois après la visite surprise, et les révélations faites, le couple avait donc débarqué à Nabu. Et Katsuki n'aurait jamais cru être aussi heureux de voir ses amis repartir. Il ne comprenait pas comment Eijiro faisait pour supporter Mina au quotidien.
Dire que ça s'était bien passé aurait été un mensonge. Ça s'était extrêmement bien passé ! Mina avait adoré Hiro dès qu'elle l'avait vu et la réciproque avait été vraie. Et ça avait été l'enfer pour Katsuki et Eijiro qui n'avaient pu que tenter de suivre le duo infernal et hyperactif. Même Katsuki, pourtant habitué à suivre le rythme effréné de son fils, avait été épuisé. Ne jamais mettre deux hyperactifs ensemble ! L'enthousiasme et l'énergie inépuisables de l'une alimentaient l'imagination fertile et le dynamisme de l'autre.
- La prochaine fois, avait promis Eijiro, on viendra avec Shoto, ça devrait calmer le jeu...
Eijiro et Mina n'avaient pas été les derniers à lui rendre visite. Ainsi, à peine deux semaines plus tard, c'était Shoto, Tamaki, Ochako et son fiancé Tenya qui avaient débarqué. Tamaki et Tenya avaient été informés de la situation, la version officielle du moins. Si Tamaki avait été simplement surpris, Tenya avait, selon Ochako, mis plusieurs jours à s'en remettre tant il avait été choqué.
Les deux couples avaient pris des chambres à l'auberge, contrairement à Eijiro et Mina qui avaient squatté la chambre d'amis de Katsuki. Hiro avait accueilli Shoto avec joie et avait rapidement sympathisé avec Ochako. Tamaki et Tenya étaient restés un peu sur la réserve au début, mais rapidement le petit garçon les avait détendus et intégrés dans ses jeux et ses conversations. Au grand désespoir du calme et placide Tamaki qui s'était retrouvé embarqué contre son gré dans le tourbillon d'énergie du bambin.
Denki, Jiro et Hanta étaient venus une semaine après, envahissant la demeure de Katsuki sans vergogne, et les bras chargés de cadeaux. Cadeaux que Katsuki avait maudit de toutes les manières possibles et imaginables quand il les avait vus : des percussions ! Heureusement pour lui, Jiro avait profité des deux jours chez lui pour enseigner quelques bases à Hiro, bases que Katsuki avait approfondi ensuite, ne supportant pas d'entendre son fils taper n'importe comment sur les divers tambours et cymbales.
Et tout ce petit monde appelait régulièrement, au grand damne de Katsuki qui avait parfois l'impression d'être le secrétaire de son propre fils, tant ce dernier était réclamé par ceux qui étaient censés être ses amis à lui !
- Ça t'apprendra à nous l'avoir caché si longtemps ! avait riposté Ochako quand il s'en était plaint.
Mais entre les appels des uns et des autres, amis, parents, tontons divers et variés, Mélissa et Eri, Katsuki avait l'impression de passer sa vie pendu à son téléphone. Et ça, c'était sans compter Izuku. Si les autres appelaient au mieux une fois par semaine, Izuku appelait tous les putains de jours ! Et si en semaine, Katsuki arrivait facilement à écourter les conversations entre les deux nerds, le week-end ça pouvait prendre des heures, l'excuse de l'école le lendemain ne fonctionnant pas.
Au début Izuku se contentait d'appeler pour discuter avec Hiro, qui racontait ses journées avec grand plaisir à son second père, mais petit à petit Deku parlait de plus en plus avec Katsuki. Izuku avait trouvé des prétextes divers et variés pour converser avec son ami d'enfance, jusqu'à ce que ce dernier ne s'énerve en lui criant que s'il voulait lui causer, il n'était pas obligé de trouver des excuses débiles pour le faire.
Katsuki grogna et enfonça sa tête dans l'oreiller, énervé contre lui-même. Ce jour-là, il aurait mieux fait de fermer sa gueule ! Mais il en avait eu marre des prétextes minables, et gros comme des maisons, de Deku pour lui parler. Sauf que maintenant, Deku l'appelait même quand Hiro était à l'école, pour lui parler, à lui personnellement, lui racontant sa vie en long en large et en travers. Et ça, c'était sans compter les SMS que le nerd lui envoyait à tout bout de champ.
Il n'était pas stupide, loin de là, et même s'il n'était pas forcément très doué en terme de relations sociales, Katsuki soupçonnait fortement Deku d'essayer de le séduire. L'idée le fit grogner dans son oreiller. Izuku n'était pas des plus subtils, surtout après sa première visite à Nabu, seul. C'était à peine trois semaines après l'intrusion des quatre héros dans sa petite vie bien peinarde. Izuku avait eu la décence de le prévenir trois jours avant, et Hiro avait bien sûr accueilli son autre papa avec joie et excitation.
Oh, Katsuki les avait bien vus les regards en coin que lui avait lancé son ami d'enfance durant les trois jours de son séjour. Il avait aussi remarqué les légères rougeurs qui apparaissaient sur les joues, parsemées de tâches de rousseurs, à chaque fois qu'il le surprenait à le mater un peu trop longtemps. Il lui aurait fallu être aveugle pour ne pas voir tous ces petits détails, et être complètement con pour ne pas soupçonner quelque chose.
C'était exactement les mêmes regards, les mêmes rougeurs, qu'après leur unique nuit ensemble. Déjà à l'époque, Katsuki avait remarqué l'attitude de son ami d'enfance à son égard, et déjà à l'époque, il s'était demandé si ce sale nerd n'avait pas une certaine attirance plus qu'amicale pour lui. Il n'avait rien fait, rien dit, attendant simplement de voir ce que le si timide Izuku allait bien pouvoir faire. Il avait déjà mal interprété les intentions de son ami d'enfance à son encontre par le passé, il ne referait pas deux fois la même erreur. Mais l'annonce de sa grossesse et son départ précipité avait coupé court à tout ça.
Se mettre en couple n'avait jamais fait partie des priorités de Katsuki. Il avait d'autres objectifs. Il devait d'abord devenir le numéro un ! Se caser et fonder une famille n'avait jamais été dans ses projets. Le métier de héros était de toute façon bien trop risqué pour avoir une vie de famille stable selon lui. La preuve, bon nombre de héros étaient célibataires et peu avaient des enfants. Endevor était clairement une exception dans le milieu, et ce n'était pas une franche réussite.
Bien évidemment, il avait été curieux comme tous les adolescents. Il avait même eu une petite amie durant les dernières vacances avant d'entrer à Yuei. Il n'en était pas amoureux, mais elle n'était pas trop moche, ni trop conne. Alors quand elle l'avait embrassé, il s'était laissé tenter. Il l'avait rencontrée dans le village où ses parents et lui avaient posé leurs valises. Elle était américaine et avait deux ans de plus que lui. Ils s'étaient embrassés, caressés, pelotés, mais n'avaient pas été plus loin que ça. Et ça avait amplement suffit à Katsuki pour assouvir sa curiosité sur un bon nombre de points.
Durant ses années à Yuei, Katsuki n'avait nullement prêté attention à de potentielles prétendantes, encore moins à de potentiels prétendants. Il était bien trop concentré sur ses études. Quand l'envie le prenait, sa main droite et un peu d'imagination lui suffisaient amplement pour se satisfaire seul. Il avait écouté ses amis déblatérer sur le sujet sans réagir, ni participer. Notant simplement dans un petit coin de sa tête qu'apparemment il était le plus expérimenté de tous, ayant déjà était plus loin que de simples bisous chastes et innocents avec sa seule et unique petite amie. Bêtement, il en avait retiré une certaine fierté, mais ne s'en était pas vanté.
Sauf que les choses avaient probablement bien changé depuis, songea-t-il. La plupart de ses potes étaient en couple, et ceux encore célibataires avaient eu plusieurs histoires ou aventures. Lui, de son côté, n'avait connu que son américaine et une nuit d'ivresse avec son ami d'enfance. Autant dire que sa vie sexuelle et sentimentale était plus proche du désert Sibérien que d'une fête foraine.
Durant sa grossesse, le médecin l'avait prévenu qu'il risquait d'être confronté à une augmentation de sa libido. Mais Katsuki n'avait pas eu ce désagrément, heureusement pour lui. Il estimait avoir eu assez d'emmerdes avec ses putains d'hormones pendant cette période. Il avait donc été ravi d'avoir été épargné de ce côté-là. Il avait vécu assez de situations gênantes sans en plus se retrouver à bander comme un âne à tout bout de champ.
Et depuis la naissance d'Hiro, Katsuki ne s'était nullement intéressé à celles et ceux qui lui avaient fait des avances, avec plus ou moins de subtilités. Les coups d'un soir ne l'intéressaient pas, et se donner du mal pour faire fonctionner une relation à plus long terme le faisait chier d'avance. Aussi se contentait-il de sa main droite, occasionnellement de la gauche aussi, et de quelques films pornos quand l'envie le prenait.
Il prenait d'ailleurs toujours mille précautions pour ne pas être surpris par son fils, ou l'un des deux morveux squattant régulièrement chez lui. Il s'adonnait aux plaisirs solitaires, bien planqué sous sa couette, un seul écouteur glissé dans l'une de ses oreilles, l'autre guettant le moindre bruit à l'extérieur de sa chambre. Il avait parfois l'impression d'être à nouveau un ado vivant chez ses parents, craignant de se faire surprendre par ceux-ci en pleine activité intime.
Katsuki ne s'était jamais posé la question de son orientation sexuelle. Pas que cela ait beaucoup d'importance dans la société à l'heure actuelle, ce genre de préjugés n'ayant plus court depuis longtemps. Il était capable de trouver une femme aussi désirable qu'un homme, et se foutait royalement du sexe des gens qu'il appréciait. Il appréciait ses potes pour ce qu'ils étaient, pas parce que c'était des mecs ou des gonzesses.
Et c'était pareil pour les rares crush qu'il avait pu avoir. Pourquoi vouloir à tout prix se coller une foutue étiquette ? Si un jour, par le plus grand des hasards, il tombait réellement amoureux, ça ne serait sûrement pas d'un corps plus ou moins bien fait. Mais bel et bien d'une personnalité, peu importait le genre au final. Du moins, à son humble avis.
Mais voilà, le problème auquel il était actuellement confronté était bien plus ardu que toutes considérations de genres ou sexuelles. Il tenait en trois petits mots... Trois petits mots envoyés par message par cet abruti de Deku. Trois petits mots auxquels Katsuki n'avait pas répondu, ne sachant pas quoi répondre à ça. Trois petits mots trop pleins de sous-entendus que Katsuki ne pouvait pas totalement ignorer.
" Tu me manques."
Juste ça... Et ces trois foutus mots de merde le hantaient depuis quatre putains de jours ! Deku les lui avait envoyé il y a quatre jours ! Depuis, il avait envoyé d'autres messages, plus neutres, il l'avait appelé, lui racontant sa vie et son impatience de faire enfin se rencontrer Inko et Hiro. Bref, il n'en n'avait pas parlé, il n'avait même pas évoqué ce message auquel lui n'avait pas répondu. Et ça, ça foutait les nerfs de Katsuki en boule.
Il lui manquait ? Mais ils se parlaient tous les putains de jours ! Certes, ils ne se voyaient pas quotidiennement. Mais vu le temps que durait chaque putain d'appel téléphonique entre eux, c'était tout comme. Et Izuku ne ratait jamais une occasion de venir le voir, quitte à supplier son supérieur pour cumuler les jours de travail sans repos et pouvoir cumuler les jours de congés pour venir le voir. Il voulait quoi de plus ce sale nerd ?
Katsuki grogna un peu plus fort dans son oreiller, maudissant son abruti d'ami d'enfance et ses trop grands yeux verts où il était si facile de lire ses sentiments. C'était tellement évident pour le blond que son ami d'enfance voulait plus qu'une simple amitié entre eux. Il le voyait dans sa manière de le regarder, dans ses putains de rougissements et dans ces trois foutus mots de merde.
Sauf que Katsuki ne savait pas quoi faire de tout ça. Il ne comprenait pas comment Izuku pouvait vouloir être plus qu'un ami pour lui. Lui, entre tous, savait bien de quoi était capable Katsuki, à quel point il pouvait être un enfoiré, un connard de la pire espèce. Était-ce le fait d'avoir un gamin ensemble qui poussait Izuku à vouloir une relation plus qu'amicale ? Mais il agissait déjà comme ça avant son départ de Yuei, avant Hiroshi donc. Alors pourquoi ?
Un bruit sourd provenant de la chambre d'à côté fit froncer les sourcils du blond.
- PAPOUUUUUUU !
Le cri fit bondir Katsuki de son lit, reléguant immédiatement ses questions relationnelles avec Izuku dans un coin de son esprit, pour se précipiter dans la chambre de son fils. Ce dernier était visiblement tombé du lit et pleurait à chaudes larmes en se tenant la joue.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? soupira Katsuki en relevant son bambin et en le remettant au lit.
- Je suis tombé, expliqua Hiroshi entre deux sanglots. Et j'ai mal, là !
Allumant la petite lampe de chevet, Katsuki examina l'endroit incriminé, juste à côté de l'œil gauche. Voyant une petite rougeur, qui tournerait probablement rapidement au bleu, il chercha des yeux le responsable et le trouva rapidement. Gisant sur le tapis, la figurine d'Hawks et ses ailes saillantes était sans nul doute responsable du bobo.
- Tu t'es fait éborgner par tonton Kei, ricana Katsuki en séchant les larmes de son petit bonhomme. Je vais te mettre de la pommade. Bouge pas.
Hiroshi hocha la tête, serrant son doudou contre lui, reniflant encore un peu. Katsuki ne fut pas long à faire l'aller-retour entre la chambre et la salle de bain. S'asseyant sur le lit, il étala avec douceur la pommade anti-hématome sur la pommette lésée.
- Je t'avais prévenu qu'en laissant tes foutus jouets traîner n'importe où tu finirais pas te faire mal, grogna-t-il. Elle va dire quoi Mamiko quand elle te verra avec un bleu, hein ?
- Elle sera fâchée tu crois ? s'inquiéta le bambin.
- Fâchée ? Contre toi ? rit doucement Katsuki. Tu parles, elle va tellement te câliner que t'en auras marre.
- J'aime bien les câlins moi, assura Hiro avec un sourire.
- Ouais, t'es un vrai pot de colle, admit Katsuki en souriant.
Katsuki reboucha le tube de crème, et réceptionna Hiro qui vint se blottir contre lui en soupirant de bonheur.
- Tu veux dormir avec moi ? demanda Katsuki en voyant que son fils ne semblait pas vouloir le lâcher.
- Voui, confirma Hiro en se lovant un peu plus dans les bras paternels.
- Pot de colle, se moqua gentiment Katsuki en se relevant, emportant avec lui ledit pot de colle.
Il éteignit la lampe de chevet à l'effigie de Chargebolt, et alla dans sa chambre, se glissant sous la couette, son fils toujours dans les bras. Ce dernier ne mit pas longtemps à se rendormir, et Katsuki le regarda longuement, à la lueur de la lune, caressant doucement les cheveux ébouriffés de son marmot. Dans deux jours, Inko, All Might et Izuku seraient là, et Katsuki saisirait alors l'occasion pour éclaircir les choses avec son ami d'enfance, se dit-il.
~oOo~
- Attends, je vais t'aider à porter ton sac Maman, s'exclama Izuku en prenant le lourd bagage des mains de sa mère.
- Merci mon chéri, répondit Inko en souriant.
- C'est bizarre, je ne vois pas Katsuki, remarqua All Might en parcourant des yeux le quai où leur ferry venait d'accoster.
Izuku leva la tête, cherchant dans la foule une touffe de cheveux blonds. Mais il ne vit rien.
- C'est bizarre, admit-il. Il devait venir nous chercher.
- Il est peut-être en retard, soupira All Might.
- Midoriya-Kun ! appela une voix grave.
Tournant la tête, Izuku vit un homme agiter le bras pour attirer son attention, un grand sourire sur les lèvres.
- Shimano-san ! répondit Izuku en souriant.
L'homme s'approcha rapidement d'eux, saluant All Might et Inko avec politesse, ceux-ci lui répondant de la même manière après qu'Izuku ait présenté sa mère, All Might connaissant déjà le père de Mahoro et Katsuma.
- Bakugo-kun a été retenu, expliqua Mr Shimano. Mahoro et Katsuma ont récupéré Hiro à la sortie de l'école et j'ai été mandaté pour vous déposer chez lui.
- Rien de grave j'espère, s'inquiéta Inko.
- Non, rassurez-vous Madame, assura l'homme. C'est la saison touristique, Bakugo-kun est beaucoup plus sollicité que d'habitude, mais il rentrera dès qu'il le pourra. Il m'a chargé de vous dire de faire comme chez vous.
- C'est bien aimable à lui, et à vous, sourit Inko.
Tout en discutant, les bagages furent chargés dans la voiture, et la petite troupe prit rapidement la direction de la maison du héros local. All Might discuta tout du long avec Mr Shimano, tous deux plaisantant allégrement. A l'arrière, Izuku se retenait de trépigner d'impatience. Il avait hâte de retrouver Hiro, et Katsuki aussi. Il était cependant un peu stressé par la très prochaine rencontre entre sa mère et son fils.
Dire qu'Inko avait bien pris la nouvelle aurait été une exagération. Izuku avait réussi l'exploit de convaincre Katsuki de lui laisser dire toute la vérité à sa mère, fortement appuyé par Mitsuki et Masaru. Une fois remise du choc, et de son évanouissement, et après avoir eu toutes les explications souhaitées, Inko était passée par bien des sentiments qu'elle n'avait nullement cachés. L'horreur d'apprendre ce qu'All For One avait fait et la compassion pour le couple Bakugo qui s'était tant inquiété pour leur fils unique.
La colère aussi. Izuku n'avait jamais vu sa mère aussi en colère. Il s'était pris un savon phénoménal pour avoir "abusé de l'état d'ébriété de son ami d'enfance" et pour l'avoir "engrossé contre son gré". Il avait fallu toute la patience et la diplomatie de Masaru pour calmer l'ire d'Inko.
- J'espère que tu vas assumer tes responsabilités ! avait-elle asséné d'un ton dur.
Izuku avait rassuré sa mère, lui confirmant qu'il comptait s'occuper d'Hiro, mais soulignant quand même les difficultés liées à l'éloignement géographique et au caractère très indépendant de Katsuki. Bref, après être passée par à peu près toutes les émotions possibles (elle avait été à deux doigts d'appeler le fabricant du préservatif défectueux pour se plaindre, avant de pleurer toutes les larmes de son corps en imaginant à quel point ça avait du être difficile pour Katsuki), Inko avait fini par s'évanouir une seconde fois en réalisant qu'elle était bel et bien grand-mère.
Le premier appel en visio, passé dans la soirée même, avait laissé la grand-mère si émue qu'elle en avait pleuré de longues heures tout en s'extasiant sur son adorable petit-fils. Mitsuki l'avait vite rejointe dans sa longue énumération de tout ce qui faisait d'Hiroshi le plus merveilleux petit garçon du monde. All Might et Izuku n'avaient pas tardé à renchérir, tout ceci sous le regard très amusé de Masaru.
Et depuis que la rencontre physique était prévue, Inko était totalement affolée. Elle harcelait littéralement Izuku pour savoir ce qu'aimait Hiro, s'inquiétant des nombreux cadeaux qu'elle voulait offrir au petit bonhomme. Allait-il aimer ? En avait-elle prévu assez ? Pas assez ? N'allait-il pas avoir peur en la voyant ? Allait-il l'aimer un peu ? Pas du tout ? Serait-elle une bonne grand-mère ?
Izuku, All Might, Mitsuki et Masaru avaient eu beau répéter encore et encore qu'Inko n'avait aucune inquiétude à avoir, qu'Hiro serait absolument ravi même si elle ne lui offrait rien, et qu'il l'adorait déjà, rien n'y faisait. Inko angoissait énormément et se torturait l'esprit à longueur de journée.
- Ça ne dérange pas Katsuki-kun que nous arrivions chez lui alors qu'il est absent ? s'inquiéta brusquement l'unique femme de la voiture, faisant sursauter Izuku.
- Maman, soupira Izuku, je t'ai dit...
- Ah ah ! Ne vous inquiétez pas pour ça Madame, intervint Mr Shimano. Bakugo-Kun n'est pas du genre à faire des chichis. S'il dit que vous pouvez faire comme chez vous, c'est que c'est vrai.
- Mais, Hiroshi... tenta Inko.
- Ah ! Il est intenable depuis qu'il sait que vous arrivez, l'interrompit Mr Shimano. Mamiko par-ci, Mamiko par-là... Bakugo-kun avait hâte que vous arriviez, juste pour ne plus répondre à toutes les questions qu'Hiro lui posait sur vous. Vous êtes attendue comme le Père Noël !
- Tu vois Inko, sourit All Might. On te l'avait bien dit.
Inko hocha la tête avec un pâle sourire, peu convaincue. Izuku prit la main de sa mère dans la sienne et la serra, tentant de la rassurer. Mais sa mère ne se détendit nullement, son stress augmentant encore quand la voiture se gara devant la maison de Katsuki. Tout en se tordant les mains d'angoisse, Inko descendit de l'auto, se mordant nerveusement les lèvres.
- Papaaaaaaaa !
Le cri attira l'attention de tous, et Izuku tendit les bras pour réceptionner la mini-bombe qui lui sauta dessus avec enthousiasme. Un grand sourire étira les lèvres du jeune homme qui serra Hiroshi contre lui.
- Bonjour Hiro, dit Izuku en câlinant son fils.
- T'as fait bon voyage ? T'as combattu des vilains sur le bateau ? Tu m'as ramené un cadeau ? Moi, je t'ai fait un dessin ! Et même qu'à l'école...
Izuku sourit un peu plus en écoutant le monologue rapide du garçonnet blotti dans ses bras. Si au début il avait eu du mal à s'habituer à la nature expansive et câline du petit bonhomme, il s'y était vite fait. Même s'il lui arrivait encore de se faire avoir par surprise quand celui-ci lui sautait dessus avec fougue. Le bambin s'agita brusquement dans les bras d'Izuku qui le posa au sol, devinant sans peine ce que ferait son fils ensuite.
- Tonton Might !
Avec le même enthousiasme, Hiro bondit dans les bras d'All Might qui le réceptionna en riant, même s'il chancela un peu sur ses pieds sous la force du bond enfantin. Pendant que le héros retraité répondait aux nombreuses questions d'Hiroshi, Izuku salua Katsuma et Mahoro, tout en leur présentant sa mère.
Cette dernière sursauta quand une petite main se posa sur son poignet, attirant son attention.
- Mamiko ?
Le cœur battant à tout rompre, Inko sourit doucement au petit bonhomme qui venait de l'interpeller.
- Bonjour Hiro-chan, souffla-t-elle en contenant difficilement ses émotions. Oui, c'est bien moi.
Le bambin la fixa longuement de ses yeux écarlates si semblables à ceux de Katsuki et de Mitsuki. Inko attendit en silence, angoissant quant à la réaction de son petit-fils.
- Tu es encore plus belle en vrai ! s'exclama celui-ci avec un grand sourire.
Puis, sans plus de manière, il tendit ses deux bras vers sa grand-mère en une demande muette.
Soulagée car visiblement Hiro l'acceptait, Inko répondit avec joie à la demande et prit le garçonnet dans ses bras. Les larmes lui montèrent aux yeux quand son petit-fils se blottit contre elle en un tendre câlin. Inko croisa les regards attendris de son fils et de son grand ami, All Might, qui lui souriaient avec un certain amusement. Après de longues minutes, Hiro s'agita et Inko le posa au sol.
Le petit bonhomme ne s'éloigna pas pour autant, lui prenant la main pour l'entraîner vers la maison, pressé de lui montrer sa chambre et les nombreux dessins qu'il avait fait pour elle. Inko suivit le mouvement, écoutant le babillage d'Hiro, infiniment rassurée par l'accueil qu'elle avait reçu et impatiente de passer du temps avec son petit-fils.
- Et les valises, bougonna Izuku en voyant sa mère et son fils disparaître à l'intérieur. C'est qui qui va devoir les traîner ?
- Toi, répondit Mahoro avec un grand sourire moqueur ce qui lui valut une grimace espiègle du héros professionnel.
La nuit était tombée depuis longtemps, les Shimano étaient répartis chez eux, laissant Hiro avec sa grand-mère, son père et son tonton Might. Ils étaient tous les quatre attablés, discutant joyeusement tout en finissant le repas préparé et laissé au frais pour eux par Katsuki et réchauffé par Izuku. Inko avait proposé d'attendre le retour de leur hôte pour passer à table, mais un message du blond les avait incité à manger sans lui.
- Je suis rentré, lança une voix grave depuis le vestibule, interrompant les discussions dans le séjour.
Hiro sauta de sa chaise et courut sauter dans les bras du nouvel arrivant en criant un "Papou" enthousiaste. Le duo père-fils ne tarda pas à rejoindre leurs invités, le plus jeune racontant avec animation la rencontre avec sa mamie, bien calé dans les bras du plus vieux.
Inko sourit doucement en voyant Katsuki avec son fils dans les bras. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas vu le fils de Mitsuki. Elle se souvenait très bien du gamin bavard et remuant qui entraînait Izuku dans tout un tas de divers jeux et aventures. Elle se souvenait aussi de l'adolescent un peu sauvage, fier et déterminé qu'elle avait entraperçu à Yuei. Et en le voyant, elle se dit qu'il s'était assagi, il semblait plus calme, plus ouvert, plus accessible. Vieillir et la paternité lui allaient bien.
Elle savait bien sûr qu'entre Izuku et Katsuki, les choses avaient été difficiles, douloureuses, même si Izuku ne lui en avait jamais parlé. Elle n'était pas stupide, elle avait bien vu les deux garçons s'éloigner l'un de l'autre au fil du temps. Elle avait vu aussi les marques de brûlures sur certaines affaires de son fils en rangeant sa chambre. Elle avait bien vu le regard triste d'Izuku les rares fois où il évoquait Kacchan.
Puis, elle les avait vu se rapprocher à nouveau à leur entrée au lycée. Elle avait vu Katsuki étendu, inconscient sur un lit d'hôpital, gravement blessé pour avoir voulu protéger Izuku. Elle avait vu les deux adolescents revenir du dernier combat contre All for One et la ligue, blessés, appuyés l'un sur l'autre, leur soulagement d'être vivant et leur inquiétude pour l'autre parfaitement visible.
Et quand Katsuki était parti, elle avait vu la tristesse d'Izuku, même s'il tentait de la lui cacher. Et sa joie, euphorique, quand il avait retrouvé Kacchan. Inko n'était pas stupide, et elle connaissait bien son fils. Elle avait vite compris que quelque part au milieu de tout ça, Izuku était tombé amoureux de Katsuki. Et quand elle vit le regard qu'Izuku lança à Katsuki à son arrivée dans le séjour, elle su qu'il aimait toujours autant son ami d'enfance.
Aussi salua-t-elle chaleureusement Katsuki, le remerciant pour son accueil, et lui assurant qu'elle avait fait bon voyage, et qu'Hiro était adorable. Le soulagement qu'elle devina dans les prunelles écarlates du fils de son amie la fit doucement sourire. Katsuki était bien comme sa mère, toujours à cacher ses émotions, ses sentiments, sous une bonne couche d'assurance plus ou moins feinte, et une pointe d'arrogance.
- Vous avez pu vous installer ? s'enquit Katsuki en posant Hiro au sol.
- Oui, confirma Inko, mais Katsuki cela me gêne que tu me laisses ta chambre.
- Vous inquiétez pas pour ça, la rassura le blond en haussant les épaules, j'ai l'habitude de dormir dans la chambre d'Hiro. Ça ne me gêne pas. Et vous serez mieux dans ma chambre que dans la sienne.
Puis, il disparu dans la salle de bain, n'en ressortant que quelques minutes plus tard, ayant troqué son costume de héros pour une tenue plus confortable, pantalon et tee-shirt noir, et ayant pris une douche comme le prouvaient ses cheveux encore humides.
- Tiens, lui dit Izuku en posant une assiette sur la table. On t'en a gardé.
- Merci, soupira Katsuki en s'asseyant. J'ai à peine eu le temps d'avaler un casse-dalle ce midi.
- C'est si chargé que ça ? s'étonna Inko. Je croyais que c'était une petite île tranquille.
- C'est la saison touristique, répondit le jeune héros. Entre les touristes qui font n'importe quoi, les étudiants bourrés qui se battent et les missions habituelles, c'est pas de tout repos.
All Might et Izuku sourirent, conscients que bien qu'il se plaigne, Katsuki était ravi d'avoir un peu plus d'action. Hiro grimpa sur les genoux de son père dès que celui-ci eut fini son assiette, se calant contre le torse de Katsuki avec un plaisir évident.
- Tu devrais pas être au lit depuis un moment toi ? gronda tendrement Katsuki en ébouriffant les cheveux de son fils.
- Il voulait t'attendre, justifia Izuku.
- Ben je suis là maintenant, bougonna Katsuki en se levant, emportant son fils avec lui. Au lit, le nain de jardin. Dis : bonne nuit !
Hiro agita sa petite main vers les trois invités, ses yeux papillonnant, signes évidents de sa fatigue. Profitant que Katsuki et Hiro aient disparu dans la chambre du plus jeune, All Might se tourna vers Inko.
- Alors ? demanda-t-il.
- Il est adorable, soupira Inko. Et il ressemble vraiment beaucoup à Katsuki au même âge, à part pour le côté câlin. J'imagine qu'il tient ça d'Izuku.
- C'est vrai que Kacchan n'était pas du genre câlin, plaisanta Izuku tout en se souvenant du nombre de fois où son ami d'enfance avait fuit les étreintes maternelles quand il était plus jeune.
Katsuki les rejoignit et la discussion se poursuivit un long moment, tournant autour d'Hiro et de ses ressemblances avec ses pères. Inko et All Might finirent par aller se coucher, disant être fatigués par le voyage. Inko rejoignit la chambre de Katsuki et All Might la chambre d'ami qu'il partagerait avec Izuku. Laissés seuls, les deux amis d'enfance s'observèrent en silence.
Katsuki se retient de grogner en voyant le regard trop plein de tendresse et d'affection que lui lança Deku. Il était fatigué, la journée ayant été éreintante, mais il savait qu'il devait avoir une conversation avec Izuku. En silence, Katsuki se leva et se dirigea vers le salon, enjoignant d'un signe de tête son invité à le suivre. Avant de s'installer dans un fauteuil, Katsuki ouvrit un tiroir et en sortit une pochette cartonnée.
- Tiens, c'est pour toi, grogna-t-il en lançant la pochette à Izuku assis dans le canapé.
- Qu'est-ce que c'est ? s'enquit ce dernier en ouvrant la chemise cartonnée.
- La liste de tous les papiers à réunir, et toutes les démarches à effectuer pour que tu puisses reconnaître, officiellement, Hiro comme ton fils, expliqua Katsuki avec un soupir. Je t'ai mis les papiers que j'avais, mais il faut aussi ton acte de naissance etc. Comme il est né aux Etats-Unis, il a la double nationalité, américano-japonaise. Du coup, c'est très chiant.
- Tu... tu serais d'accord ? souffla Izuku les yeux brillants de larmes contenues.
- Va pas chialer pour ça, tempêta Katsuki. Evidemment que je suis d'accord. Je te connais, Deku, même si on en a pas encore parlé, je sais que t'en crève d'envie. Alors voilà... Il faudra nos deux signatures, et que je sois présent, donc tu te démerdes pour les papiers, les rendez-vous et tout, et je viendrai le jour voulu pour t'accompagner.
Voyant l'émotion qui habitait les prunelles émeraudes de son vis-à-vis, Katsuki s'empressa de préciser :
- Je te demande rien, je ne veux rien ! Et tu as le temps d'y réfléchir. Y'a pas d'urgence. Et Hiro gardera mon nom ! Il vaut mieux éviter d'y accoler le tien pour l'instant. C'est plus prudent.
Izuku approuva d'un hochement de tête frénétique. Katsuki avait raison.
Un lourd soupir attira son attention sur le blond, le faisant détacher ses yeux de la pochette contenant la bénédiction de Katsuki pour qu'Hiro soit officiellement reconnu comme leur fils à eux deux. Izuku fronça les sourcils en voyant l'air sévère de Katsuki.
- Ecoute, lâcha ce dernier. Je sais pas ce que tu peux t'imaginer dans ta tête de nerd, mais je veux que les choses soient claires. Je n'ai jamais voulu être... en couple ou dans une relation romantique quelconque. Je suis pas doué pour toutes ces merdes. Rien que l'idée me gonfle. Alors, ouais je suis d'accord pour que tu passes du temps avec Hiro, que tu le reconnaisse et tout le bordel. Mais, n'attend rien de plus...
Izuku se sentit rougir, comprenant qu'il avait été bien plus transparent qu'il ne le pensait, Katsuki ayant visiblement deviné ses sentiments à son égard. Mais Katsuki avait toujours été plutôt doué pour décrypter les gens. Izuku hésita longuement sur ce qu'il devait répondre à une telle déclaration. Il n'avait nullement l'intention de laisser tomber. Il tenait trop à Katsuki pour ça. Il voulait Katsuki dans sa vie, et pas juste parce qu'ils avaient un fils en commun, mais bel et bien parce qu'il aimait Katsuki.
Doucement, il finit par demander :
- Ce soir-là... tu aurais... fait ça... avec n'importe qui d'autre ?
C'était une question qu'Izuku s'était souvent posée depuis six ans. Si ce soir-là, c'était un autre que lui qui avait raccompagné Katsuki jusqu'à sa chambre, les choses auraient-elles fini de la même façon ? Ou était-ce parce que c'était lui justement que ça avait tourné ainsi ?
Izuku guetta avec une certaine anxiété la réaction du blond, le voyant froncer un peu plus les sourcils et se mordre les lèvres, visiblement hésitant.
- J'en sais rien, avoua finalement Katsuki. Je crois pas, mais on était pas dans notre état normal, alors je peux pas en être sûr.
Se satisfaisant de cette réponse, Izuku reprit, toujours d'un ton empreint d'une certaine nostalgie.
- Je me souviens pas de tout, honnêtement, y'a des passages assez flous. Mais, je me souviens que ça m'a semblé normal, une sorte d'évidence. C'était toi, c'était moi... C'était maladroit, mais intense.
- J'ai eu mal au cul toute la journée du lendemain, bougonna Katsuki.
Izuku rougit brutalement avant de bafouiller, un peu gêné.
- J'ai pas souvenir qu'on ai fait les choses très correctement... C'est sûrement pour ça que tu as eu mal.
- Ouais, confirma Katsuki avec un rictus moqueur. On a zappé la préparation et le lubrifiant. Pas étonnant que la capote ait craqué, hein !
- C'est vrai, admit Izuku. Mais, on manquait d'expérience et de connaissances...
- Et on était torchés, conclut Katsuki avec un sourire sardonique. Merde, ça a été un exploit qu'on réussisse à aller jusqu'au bout.
Les deux amis pouffèrent en chœur, admettant sans mal que tout était réuni pour faire de leur première, et unique, fois ensemble un désastre complet. Après avoir bien rit, ils avaient remercié leurs hormones adolescentes qui leur avaient permis de surmonter tous les obstacles de cette nuit-là. Tout en reconnaissant que ça avait été, malgré tout, plaisant pour les deux parties, les deux héros se calmèrent un peu et Izuku reprit.
- Tu sais, Kacchan. Je tiens beaucoup à toi. Depuis longtemps, et ce n'est un secret pour personne. Tu es vraiment très important pour moi. Tu l'as toujours été. Tu as raison, mes sentiments pour toi ont évolué, et j'aimerai plus qu'une simple amitié avec toi.
Voyant Katsuki ouvrir la bouche pour répondre, Izuku l'arrêta d'un geste tout en plantant ses orbes émeraudes dans celles rubis de son ami d'enfance, il poursuivit.
- Oui, j'aimerai plus. Mais je ne vais pas te demander en mariage dans la seconde. Je te connais Kacchan. Je sais à quel point tu es indépendant. Je sais aussi qu'on ne peut pas forcer les sentiments des autres. Je n'ai pas l'intention de te forcer à faire quoique ce soit que tu ne veuilles pas. Je ne veux pas non plus que tu deviennes quelqu'un d'autre. Selon moi, une relation ne peut réellement fonctionner que si chacun accepte l'autre tel qu'il est, sans chercher à le changer. Kacchan, je veux juste que tu me laisses une petite chance. Rien de plus.
- Et si ça donne rien ? s'enquit Katsuki.
- Je me contenterai de ton amitié, assura Izuku. J'y tiens trop pour risquer de perdre ça.
- Pourquoi ? souffla le blond. Comment tu peux vouloir... avec moi... après tout ce qui s'est passé ?
- On en a déjà discuté, soupira Izuku. Je t'ai pardonné et tu t'es excusé. On a dissipé tous les malentendus, et ce depuis longtemps maintenant. Je connais tes défauts, je les connais bien. Mais je connais aussi tes qualités. Et même si on s'est disputés, engueulés, battus, on a toujours fini par surmonter nos différends. Je ne vois pas ce qu'il pourrait y avoir de plus difficile que tout ça à l'avenir.
- J'ai besoin d'y réfléchir, finit par lâcher Katsuki.
- Je sais, souffla Izuku avec un sourire. Et tu as besoin de te reposer, tu as une tête à faire peur.
- Tout le monde ne se l'est pas coulé douce aujourd'hui, bougonna Katsuki. Et Hiro est infernal depuis deux jours.
En riant, Izuku se redressa, quittant le canapé pour rejoindre la chambre d'ami, Katsuki sur ses talons. Juste avant de laisser le blond entrer dans la chambre d'Hiroshi, Izuku se pencha vers lui et déposa un chaste baiser sur les lèvres closes de celui-ci, s'attirant un regard surpris de la part de son hôte.
- Bonne nuit Kacchan.
Katsuki resta figé sur le palier, voyant Izuku disparaître dans la chambre voisine à la sienne, surpris par le geste de Deku. C'était quoi ça ? Bon, techniquement, il savait ce que c'était. Mais il ne s'attendait pas à ça après leur conversation. Izuku l'avait embrassé. Chastement certes, mais ça avait été suffisant pour que le cœur de Katsuki rate un battement ou deux. Foutu nerd qui le foutait tout le temps en vrac ! Ce fut avec la sensation fantomatique des lèvres d'Izuku contre les siennes que Katsuki se coucha finalement, s'endormant rapidement, épuisé par sa journée.
~oOo~
Octobre - Île de Nabu.
- Mais c'est génial ça ! Et tu vas faire quoi du coup ? Tu vas accepter hein !
Assis dans le canapé, Katsuki grimaça devant l'enthousiasme d'Eijiro, le sourire éclatant de son meilleur ami s'affichant en gros plan sur l'écran de son téléphone. Eijiro l'avait appelé ce soir, profitant que Mina travaillait de nuit, pour passer une soirée entre potes en visio. Katsuki avait un peu râlé, évidemment, mais il n'avait pas raccroché, bien au contraire.
Hiro étant couché, Katsuki s'était avachi dans son canapé, lançant un film quelconque pour avoir un bruit de fond, film qu'il n'avait absolument pas suivi, trop occupé à discuter de tout et de rien avec son ami. Il avait fini par lui parler de la proposition que Hawks lui avait faite deux semaines plus tôt. Le héros ailé avait proposé à Katsuki de l'embaucher dans son agence, et d'ainsi revenir sur l'île principale.
Katsuki avait tout de suite vu les avantages de la proposition : des missions plus palpitantes, se rapprocher de ses parents et ses amis, et l'espoir de pouvoir accéder au classement annuel des héros dont il était exclu à l'heure actuelle. Mais il en avait aussi vu les inconvénients. Il serait beaucoup plus sous les feux de la rampe et donc Hiro risquait d'être exposé, et par conséquent en danger.
Sans parler des problèmes d'emploi du temps. Ici, il rentrait chaque soir chez lui, pouvait se libérer les week-ends sans trop de mal et pouvait ainsi donc passer beaucoup de temps avec son fils. Ce serait plus compliqué dans la métropole. Mais Hawks lui avait assuré qu'il lui ferait un emploi du temps aux petits oignons pour qu'il puisse garder du temps avec Hiro. En plus, Hiro pourrait plus facilement aller chez ses grands-parents ou chez ses nombreux tontons et tatas. Il n'aurait donc, selon le héros ailé, aucun souci de garde les rares fois où il ne pourrait pas gérer Hiro le soir ou les week-ends.
- J'ai pas dit oui encore, bougonna Katsuki tout en interrompant le monologue d'Eijiro déjà lancé sur tous les trucs qu'ils pourraient faire ensemble dès que le blond aurait déménagé.
- Tu t'inquiètes pour Hiro ? devina Eijiro.
- Ouais, confirma Katsuki. Ça va être compliqué de garder son existence secrète si j'ai des journalistes pendus à mes basques à tout bout de champ.
- Tu es intelligent, tu trouveras un moyen, assura Eijiro confiant. Et sérieusement, avec nous tous, si quelqu'un est assez fou pour s'en prendre à Hiro, il va salement morfler. Ton gosse a une palanquée de gardes du corps !
Katsuki sourit, admettant à voix haute que son ami n'avait pas tort. Il devait reconnaître que la proposition de Hawks le tentait bien, beaucoup même. Maintenant qu'Izuku était informé de sa paternité, rendue officielle après le rendez-vous le mois précédent au bureau des enregistrements des citoyens, Katsuki n'avait plus vraiment de raisons de se terrer plus longtemps sur Nabu. Il était peut-être temps de refermer cette parenthèse et retrouver le chemin de ses rêves, et enfin surpasser All Might. Ou en tout cas essayer.
Himiko Toga n'avait toujours pas été retrouvée. Mais, si Katsuki craignait un peu que la blonde apprenne l'existence d'Hiro, plus il y réfléchissait et moins il voyait ce qu'elle pourrait faire en étant si isolée. Les principaux partisans d'All For One et Shigaraki étaient sous les verrous. Et en se démerdant bien, il devrait réussir à cacher sa paternité encore quelque temps, maintenant ainsi Hiro dans l'ombre et en sécurité.
- Et Izuku, il en pense quoi ? s'enquit Eijiro.
- Je lui en ai pas causé encore, avoua Katsuki.
- Ah ?!
- T'es le premier à qui j'en parle.
- Wow mec, ça me touche tellement, pleurnicha faussement Eijiro.
- Espèce d'abruti, bougonna Katsuki avec un léger rictus moqueur.
- Et ça se passe comment du coup avec lui ?
- Avec Deku ? Ça se passe bien, Hiro l'adore, il adore Hiro. Et il se laisse mener par le bout du nez par ce môme. Je te jure, il lui cède tout ! Je passe pour un tyran moi ! râla le blond.
A l'autre bout de la ligne, Eijiro éclata de rire, absolument pas surpris. Durant de longues minutes, il écouta le blond râler tant et plus sur cet abruti de nerd trop gentil et sans aucune autorité. Tout en prêtant une oreille plus ou moins attentive aux récriminations diverses du jeune père, Eijiro cherchait comment aborder le sujet réel de son appel. Certes, il était réellement seul ce soir. Certes, il était ravi de passer du temps, même en visio, avec son pote, et il était très content d'apprendre que ce dernier envisageait de déménager dans la métropole.
Mais la véritable raison de son appel était toute autre. Il avait la lourde tâche de faire parler Katsuki sur un sujet délicat : ses sentiments ! Tout un programme ! Et Eijiro ne savait pas du tout comment aborder le sujet en douceur. Il aurait bien laissé quelqu'un d'autre se charger de tirer les vers du nez du blond explosif, mais les autres avaient décidé d'un commun accord qu'il était le seul à pouvoir avoir une chance de réussir cette délicate mission.
Intérieurement, Eijiro maudit ses amis et sa trop grande gentillesse qui l'avait mis dans une telle situation. Tout ça pour aider Izuku ! Sérieusement, qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour un pote, hein ! Bon, vu la distance, il ne risquait pas de se prendre une explosion en pleine poire, mais quand même. Eijiro était sûr que Katsuki pourrait le trucider à distance s'il le voulait.
Depuis leurs retrouvailles avec Katsuki, sept mois auparavant, Eijiro et les autres avaient compris qu'Izuku avait pour son ami d'enfance des sentiments allant bien au-delà de l'amitié. Cela n'avait surpris personne, et tous avaient encouragé Deku à agir dans ce sens avec son précieux Kacchan. Cependant, aucun n'avait osé questionner le porteur du One for All pour savoir où il en était avec le blond, ne voulant pas paraître trop indiscret.
Mais la semaine dernière, lors d'une soirée entre eux, Izuku avait bu plus que de raison, étonnant tout le monde, celui-ci évitant en général de boire beaucoup. Et il avait fondu en larmes, sanglotant comme un désespéré sur l'absence d'évolution dans sa relation avec celui qui faisait battre son cœur, bien qu'il lui ait clairement avoué ses sentiments. Larmoyant au possible, Izuku avait avoué qu'il avait pourtant réussi à voler quelques chastes baisers à Katsuki. Chastes, oui... Des petits bisous de rien du tout, selon les dires du jeune homme aux cheveux verts. Mais rien de plus, absolument rien ! Le désert…
Inquiets de voir leur ami dans cet état, la bande d'amis avait décidé d'un commun accord d'intervenir. Le lendemain, Izuku s'était retrouvé pris au piège, obligé de répondre aux questions d'Ochako et Mina, sous l'œil soucieux de Shoto et Tenya et un peu amusé de Denki et Jiro. Hanta s'était assuré que les questions ne soient pas trop indiscrètes (Non, savoir si Izuku fantasmait sur Katsuki n'était pas le sujet du jour !), et Eijiro avait été enrôlé comme consultant officiel pour décrypter les paroles et les gestes de Katsuki. Tamaki était resté en retrait, simple spectateur de la scène, comme souvent quand il se retrouvait avec les amis bruyants et extravertis de son compagnon.
Au final, il avait été décidé de tâter le terrain auprès du premier concerné, et c'était donc cette mission de la plus haute importance qu'Eijiro devait mener à bien ce soir. Il avait tenté de protester (Pourquoi lui ? Il était trop jeune pour mourir !). Mais, Izuku lui-même avait planté le dernier clou dans son cercueil, lui assurant que si Katsuki pouvait parler de ça avec quelqu'un, alors c'était lui le plus indiqué.
- Oï ! Tu le dis si je t'emmerdes, hein !
La voix grave et rauque le sortit de ses pensées, et Eijiro fit un grand sourire au blond affiché sur son écran.
- Du tout, s'empressa-t-il de répondre. Je me demandais... Comment ça se passe avec Izuku ?
- Je viens de te répondre abruti, tonna Katsuki en dardant un regard noir sur son ami.
- Oui... Non... Je veux dire, entre toi et Izuku, se reprit rapidement ledit abruti.
Katsuki fronça les sourcils, et posa un regard méfiant sur son téléphone. Qu'est-ce que cette tête d'ortie voulait savoir au juste ?
- Bien, répondit-il. On s'engueule parfois, mais ça va...
- D'accord, souffla Eijiro. Mais... euh... à part ça ?
Cette fois, Katsuki en eut la certitude. Eijiro voulait savoir un truc en particulier. Il avait d'ailleurs la tronche d'un mec montant à l'échafaud, signe évident que ses questions n'avaient rien d'innocentes.
- Qu'est-ce que tu veux savoir au juste ? claqua-t-il agacé par les hésitations de son ami. Non, on se tape pas dessus, si c'est ça qui t'inquiète... On baise pas non plus !
Sur l'écran, Eijiro ouvrit de grands yeux et agita vivement une main, faisant intérieurement ricaner Katsuki qui, lui, était fier de sa petite provocation.
- Je veux pas les détails !
- Tu veux quoi alors ?
Eijiro soupira lourdement. Evidemment que Katsuki allait griller le truc ! Décidant que la franchise était le meilleur moyen, le héros aux cheveux rouges prit son courage à deux mains et se lança :
- Ecoute, on sait tous qu'Izuku est raide dingue de toi. Laisse-moi finir, dit-il rapidement en voyant Katsuki ouvrir la bouche.
Taisant sa protestation, Katsuki se rencogna dans son canapé et écouta son meilleur pote s'expliquer :
- La semaine dernière, il s'est mis minable. Et il n'était vraiment pas bien. Il n'arrêtait pas de pleurer en disant que tu ne l'aimais pas, que tu ne l'aimerais jamais et que c'était normal vu que t'es tellement génial et qu'il serait jamais à ta hauteur.
Un sourire étira les lèvres d'Eijiro quand il vit Katsuki rouler des yeux, visiblement désabusé par un tel discours.
- Oui, je sais, rit-il. C'est débile comme raisonnement. Et totalement faux. S'il y en a bien un qui peut te suivre : c'est lui, et inversement. Mais bon... Bref, on lui a posé des questions évidemment. Une fois qu'il avait désaoulé, hein ! Il nous a expliqué qu'il t'avait parlé de ses sentiments. Mais que toi, tu aurais dit que tu voulais pas de relation. Et que tu avais besoin d'y réfléchir...
- Et alors ? grogna le blond.
- Alors, je voulais savoir où tu en étais de ta réflexion, avoua Eijiro d'une petite voix.
Katsuki se mordit les lèvres, et hésita longuement avant de lâcher :
- J'en sais foutrement rien...
- T'en sais rien ? s'étonna Eijiro. Tu réfléchis plus vite que ça d'habitude. Ça fait quoi : genre trois, quatre mois ? Je peux pas croire qu'il te faille autant de temps pour savoir si tu veux qu'il y ait plus qu'une amitié entre vous.
- J'en sais rien, ok ! rugit Katsuki, agacé autant par ses propres incertitudes que par la perspicacité de son ami. Je ne sais pas ce qu'il veut au juste. Et, même si j'accepte ça, comment être sûr que ça marchera, hein ?! Il se passera quoi si ça marche pas ? Il souffrira, Hiro souffrira et je passerai encore pour le méchant de l'histoire ! Et il veut quoi, lui ? Qu'on emménage ensemble ? Qu'on se marie ? Qu'on prenne un chat ? Un chien ? Ou juste une bonne baise de temps en temps quand il passe dans le coin ?
Les sourcils d'Eijiro se froncèrent au fur et à mesure du discours de son ami, un détail le perturbant de plus en plus au fil des mots enragés.
- Attend Katsuki, intervint-il finalement. Je te demande pas ce que veut Izuku, ou ce que tu penses qu'il veut. Je te demande ce que tu veux toi !
En voyant le regard étonné du blond, Eijiro sentit son cœur se serrer.
- Katsuki, souffla-t-il. Ne me dis pas que... Tu n'as jamais pensé à ce que tu voulais toi ? Depuis tout ce temps ? Pas une seule fois ?
- Ce que je veux moi, on s'en fout, non ? grogna Katsuki tout en baissant un peu la tête, masquant ainsi sa gêne.
- Bien sûr que non ! s'énerva Eijiro. C'est tout aussi important, c'est même le plus important !
Devant l'air buté de son ami, Eijiro soupira lourdement et reprit plus calmement.
- Ecoute, je sais qu'entre vous deux, ça n'a pas toujours été facile. Je sais aussi que tu t'es promis de plus lui faire de mal. Mais putain, là, il est question d'amour ! Pas d'une rivalité quelconque ou de je ne sais quelle autre merde qui peut te passer par la tête ! Ça peut ne pas marcher, même en étant sincère. Et oui, c'est possible qu'Izuku en souffre, toi aussi et Hiro aussi. Mais si tu n'es pas sincère et que tu ne sais pas ce que toi tu veux, c'est sûr que vous souffrirez tous les trois ! Alors, je te repose la question : Toi, qu'est-ce que tu veux ?
Katsuki ferma les yeux et grinça des dents. Ce qu'il voulait lui ? Ça faisait combien de temps qu'il ne s'était pas posé la question ? Il avait mis de côté toutes ses envies depuis six ans pour ne penser qu'au bien d'Hiro. Et avant ça, il avait fait taire ses désirs pour se consacrer entièrement à la lutte contre All For one et ses partisans, pour que Deku puisse gagner. Il avait étouffé ses ambitions personnelles pour soutenir Deku, l'aider à devenir plus fort, le protéger.
Alors, qu'est-ce qu'il voulait vraiment ? Il n'en savait foutrement rien. Il ne s'était plus posé la question depuis bien trop longtemps. D'un ton rageur, il répondit à Eijiro :
- J'en sais rien, putain !
- D'accord, souffla Eijiro. Bon... On va faire un truc simple. Je te pose des questions et tu y réponds, honnêtement ! Ok ?
Katsuki lança un regard dubitatif à son ami, ne voyant pas bien en quoi ça allait l'aider, mais accepta de se plier au jeu.
Oui, il aimait bien passer du temps avec Izuku. Oui, il appréciait discuter avec lui de tout et de rien. Non, il n'était jamais vraiment fâché contre lui, même quand il le gonflait sévèrement. Les premières questions firent soupirer Katsuki. Tout ça, c'était évident. Ce sale nerd était un pote ! Son plus vieil ami même ! Et non, il ne l'avait jamais tenu responsable de sa grossesse. Izuku était aussi peu au courant que lui des risques qu'ils prenaient en se sautant dessus ce soir-là.
Mais les questions d'Eijiro glissèrent ensuite sur un tout autre terrain, et Katsuki dut se retenir pour ne pas raccrocher au nez de cet abruti trop indiscret. Il n'était pas suffisamment stupide pour ne pas avoir compris qu'Eijiro n'avait pas tord. Il était temps qu'il regarde les choses en face. Et si les questions de cette tête d'ortie lui permettaient de tirer les choses au clair, alors il se devait d'être honnête.
Katsuki admit du bout des lèvres qu'il trouvait Izuku agréable à regarder. Et qu'il appréciait suffisamment les chastes baisers que son ami d'enfance lui volait de temps en temps pour ne pas lui fracasser la tronche après. Et non, il ne laisserait certainement pas n'importe qui agir ainsi avec lui. Non, mais il le prenait pour qui ce crétin aux cheveux rouges ?! Il n'était pas un putain de gigolo !
- Ok, rit Eijiro en entendant la protestation offusquée du blond. Une dernière question : si demain tu voyais Izuku embrasser quelqu'un d'autre, tu réagirais comment ?
Mais à peine eut-il fini de poser sa question qu'Eijiro en obtint la réponse. Le visage de Katsuki passa de grognon à psychopathe, ses yeux écarlates brûlant d'un feu infernal promettant mille morts. Quant à ce qui sortit de la bouche de son ami...
- Hey zen, mec ! le calma Eijiro. C'est pas prêt d'arriver, crois-moi. Enfin, je crois que tu as ta réponse.
- Quelle merde, soupira Katsuki en se passant une main dépitée sur le visage.
Ok, il admettait qu'il tenait à ce sale nerd… beaucoup plus que s'il avait été un simple ami, et qu'il ne tenait pas à le partager, pas du tout même. Pas que ce soit franchement très étonnant d'ailleurs, puisque Katsuki se savait possessif. Déjà gamin, il n'aimait pas partager ses jouets, ni ses potes. Il avait mis de l'eau dans son vin, petit à petit, en grandissant, mais visiblement Deku était une exception. Déjà que ça l'avait grave gonflé quand d'autres s'étaient mis à l'appeler Deku ! C'était son Deku à lui bordel ! C'était lui qui l'avait appelé comme ça !
- Bon ben maintenant que tu as ta réponse, agit en ce sens, décida Eijiro avec aplomb.
- Et qu'est-ce que tu veux que je fasse, hein ? grogna Katsuki. J'y connais rien à toutes ces merdes moi...
- T'es pas obligé de lui sauter dessus dès que tu vas le revoir, le rassura Eijiro. Ni de lui faire une déclaration romantique enflammée avec un bouquet de fleurs. Sois toi-même, tout simplement.
- Tu me vois lui chanter la sérénade ? ricana Katsuki.
L'image de Katsuki, une guitare à la main, chantant une chanson d'amour pour Izuku, le tout en lançant des pétales de roses tout autour de lui, fit hurler de rire Eijiro. Rire qui fut vite partagé par le blond quand il lui expliqua ce à quoi il venait de penser. Les deux héros rirent de bon cœur, imaginant toutes les situations les plus ridiculement romantiques possibles.
Quand ils mirent finalement un terme à l'appel, tous deux avaient encore un grand sourire hilare aux lèvres. Avant d'aller se coucher, Eijiro envoya un rapide résumé de sa soirée aux autres :
- Vient de causer avec K. Lâche rien Izu, tu es en bonne voie !
De son côté, Katsuki se glissa dans son lit, après avoir vérifié qu'Hiro dormait bien. Il s'endormit rapidement, ses rêves se peuplant d'un imbécile aux cheveux verts et aux yeux émeraudes.
A suivre...
Commentaire des auteures :
Et voilà ! Maintenant qu'on a fini les flashbacks, on avance un peu dans l'histoire, dans les sentiments de Katsuki aussi (remercions Eijiro pour son sacrifice). Voilà quoi, on avance tranquillement. On espère que cette histoire vous plait toujours.
Bureau des plaintes et réclamations des personnages martyrisés :
Pendant qu'Yzan et Lili se disputent sur la suite à écrire, notamment sur une sombre histoire d'agencement immobilier, Eijiro pleure dans les bras d'Aizawa.
- Non mais, pourquoi moi ? Je suis gentil moi !
- Trop, confirme Aizawa tout en essayant de se défaire de l'emprise larmoyante de son élève.
Plus loin, Izuku, un carnet de notes entre les mains, écoute avec attention les conseils d'Ochako, Jiro et Mina.
- Invite le au restaurant.
- Chic, le restaurant hein, pas un fast-food.
- Mais, pas trop chic non plus !
- Et offre lui des fleurs... ou des chocolats. Il préfère quoi ?
Amusé, Hawks se tourne vers les lecteurs et demande :
- Vous pensez vraiment qu'Izuku a besoin de tout ça pour séduire Katsuki ? Moi, je crois pas. Et vous ?
Prochain chapitre :
Chapitre 12 - Le cours des choses.
" On est dans le ciel !"
" Fais ça bien putain !"
" Je savais que tu avais le béguin pour lui."
