En voiture!

- Harry! Qu'est-ce que tu attends? On part dans cinq minutes! cria l'oncle Vernon à travers ses mutiples mentons.

Harry redressa sa valise et prit son sac à dos. Il jeta un coup d'?il à son réveil-matin; il indiquait 9h56. De peine et de misère, il descendit les marches en trimbalant sa lourde valise derrière lui. Il lança un regard sur le placard cadenassé où était entreposé toutes ses affaires de sorcier et quitta la maison en verrouillant la serrure.

- Il était temps, espèce de chenapant! Il ne faudrait pas nous mettre en retard, tu sais comment ma s?ur Marge déteste les gens qui ne sont pas ponctuels. Allez, dépêche-toi de mettre tes bagages dans le coffre-arrière! gronchonna l'oncle Vernon tout en projetant d'énormes postillons en direction de son neveu.

Harry essaya tant bien que mal de hisser sa valise dans le coffre, mais il l'avait tellement remplie qu'il n'était pas même pas capable de la soulever plus haut que ses genoux. Son oncle s'impatienta et alla la placer pour lui. Harry et M. Dursley montèrent dans la voiture où Pétunia et Dudley étaient déjà installés. Les nerfs à vif, l'oncle Vernon s'empressa de démarrer le véhicule et appuya sur l'accélérateur avec énergie.

BANG! La voiture avait avancé au lieu de reculer et avait percuté la porte du garage. Dans la secousse, Harry avait eu le temps d'apercevoir une forme orange flambloyante.

- Sapristi de maudite voiture! Je l'avais pourtant mise en marche arrière! grinça l'oncle Vernon entre ses dents.

Il sortit de l'auto et claqua la portière. Les trois autres l'imitèrent sans toutefois faire claquer leur portière avec autant de rage. Pétunia et Dudley suivirent Vernon à l'intérieur de leur demeure tandis qu'Harry se dirigea vers le fantôme de la forme à la couleur de feu. Évidemment, il n'y avait personne. Mais subitement, quelqu'un surgit de nulle part et l'empoigna par derrière, lui couvrant la bouche avec une main et le traînant de l'autre. Harry se débattit, il se sentait suffoquer et les nuages formaient un étrange tourbillon dans le ciel. Il perdit conscience durant quelques secondes. Peu à peu, son ouïe lui revint et il entendit des voix qui se disputaient en murmurant. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il aperçut deux visages qui l'observaient anxieusement.

- Eh Fred, Georges! Il s'est réveillé! chuchota Ron.

Les jumeaux s'approchèrent. La forme orange était donc la chevelure des garçons de la famille Weasley.

- Une chance qu'il est revenu à lui, tu aurais pu le tuer! dit Georges en lançant des regards noirs à Fred.

- Je ne voulais pas qu'il crie et que son oncle l'entende, tu comprends? Je n'ai pas voulu l'étouffer, rétorqua Fred, sur la défensive. Et toi, tu penses que c'était mieux ton sortilège sur la voiture?!

- Arrêtez de vous chamailler, on doit faire au plus vite. Ils ne tarderont sûrement pas à sortir. Harry, fait un effort pour te lever, dit tout bas Hermione.

Harry se redressa, encore un peu étourdi. Ses amis l'aidèrent à marcher et ils se dirigèrent tous les cinq de l'autre côté de la rue où les attendait une voiture rouge. Harry eut un frisson. Non, pensa-t-il, pas encore une voiture ensorcellée! Fred et Georges s'installèrent à l'avant et les trois inséparables, à l'arrière. Harry regarda par la fenêtre et vit ses bagages sortir du coffre-arrière de la voiture de l'oncle Vernon et venir se ranger d'elles-mêmes dans la voiture rouge.

- C'est parti! s'exclama Georges en appuyant sur l'accélérateur.

Mais la voiture ne s'élèva pas dans les airs. Harry poussa un soupir de soulagement. Avec tout le trouble que lui avait occasionné son escapade dans la voiture magique de M. Weasley, il n'était pas près de recommencer la même bêtise. Il se retourna pour voir s'éloigner la maison des Dursley derrière eux. Il pensa aussitôt à toutes ses choses de sorcier dans le placard sous l'escalier.

- Mon matériel de sorcier, comment je vais faire pour le récupérer entièrement? dit-il soudainement.

- Ne t'inquiète pas pour ça Harry. Quand le chat est parti, les souris dansent, dit Fred.

Georges conduisait comme un pied. Il valait mieux pour les piétons ne pas se trouver sur son passage. Il brûlait des feux rouges, dépassait les limites de vitesse et n'était même pas attaché. Comme on pouvait s'y attendre, la police se pointa et mit en marche ses lumières et ses sirènes. Georges, amusé, commença à zigzaguer d'une voie à l'autre en allant de plus en plus vite.

- Range-toi sur le côté droit! lançèrent en ch?ur Harry et Hermione.

Georges se retourna pour les regarder d'un air étonné.

- Attention! Regarde en avant! s'écria Hermione en pointant du doigt la file de voitures arrêtées.

Georges écrasa la pédale de frein avec ses deux pieds et la voiture s'arrêta à peine à quelques centimètres du premier véhicule en avant d'eux. La police se gara sur le bord de la route et deux policiers en uniforme ouvrirent leur portière et s'avançèrent vers les apprentis-sorciers. Hermione s'empressa de faire apparaître un permis de conduire pour Georges à l'aide de sa baguette magique. Elle le lui tendit. Puis, elle murmura :

- Écoutez bien! Voici l'histoire : la voiture est devenue hors de contrôle et les freins ne fonctionnaient plus. Les papiers de la voiture sont dans la boîte à gants. Oui, juste là Fred. Bon, s'ils demandent.

Elle n'eut pas le temps de finir; l'un des policiers venait de cogner à la fenêtre de Georges. Celui-ci l'ouvrit et attendit que l'homme parla le premier, ne sachant trop quoi faire. Tous les cinq étaient très nerveux et seule Hermione semblait avoir une idée de comment réagir face à la situation.

- Vos papiers s'il-vous-plaît, pria le policier.

Georges lui donna immédiatement tout le paquet.

- Rangez-vous sur l'accotement, enchaîna l'homme.

Un peu maladroitement, Georges dirigea la voiture sur le côté de la rue. Voyant les deux policiers qui revenaient dans leur direction, il regarda Fred d'un air complice et les deux se firent un sourire entendu. Lorsque les policiers arrivèrent à la hauteur de la portière de Georges, le plus petit des deux demanda :

- Vous êtes bien Georges Weasley?

Georges acquiesça. Et avant que le policier n'ajoute autre chose, Fred sortit sa baguette magique et la brandit vers les deux hommes en uniforme.

- Oubliettes! dit-il avec détermination.

- Merci beaucoup messieurs. Grâce à vous, nous avons retrouvé notre chemin, raconta Georges tout en reprenant les papiers. Nous sommes viscéralement désolés de vous avoir importunés pour ces quelques minutes. Encore merci, ajouta-t-il en posant bien ses mots d'une manière qui se voulait obséquieuse.

- Ah mais ce fut un plaisir, répondirent les policiers, l'air un peu égaré.

Et ils retournèrent dans leur véhicule. Tout le monde poussa un long soupir après avoir retenu son souffle aussi longtemps. Ils l'avaient échappé bel!

- Très beau sortilège d'amnésie, déclara Ron.

- Mais à quoi avez-vous pensé? s'indigna Hermione.