JOUR 7 : Objet réconfortant
Personnages : Penny & Leonard
A cause de sa mère, Leonard n'avait jamais aimé les psychologues.
Il avait en effet passé toute son enfance à être épié, ses moindres faits et gestes analysés – et jamais dans le bon sens, de surcroît. Aux yeux de sa mère, il n'était qu'un objet d'étude particulièrement décevant. Ainsi, au lieu d'utiliser ses connaissances pour faire de lui un enfant épanoui, elle l'avait transformé en un homme ayant une confiance en lui proche du néant. Son adolescence et sa vie de jeune adulte étaient allées dans ce sens, ses failles étant renforcées par les moqueries à l'école et sa difficulté à se faire des amis. Depuis qu'il avait trouvé sa bande, aussi étrange soit-elle, il allait mieux. Sa mise en couple avec Penny lui avait aussi fait croire que ses insécurités étaient définitivement derrière lui.
Quand Penny lui avait annoncé être enceinte, il s'était rendu compte qu'il n'en était rien. Devant l'idée d'être père, toutes ses angoisses étaient revenues en un bloc si violent qu'il avait cru ne pas pouvoir se relever. Il doutait de lui, de sa capacité à être aimé de son enfant, mais surtout de sa capacité à aimer cet enfant. Et si il reproduisait les mêmes erreurs que sa mère ? Si il infligeait sans le vouloir des blessures inguérissables à cet être innocent ? Au début, il mettait ces interrogations sur le compte des appréhensions naturelles à la découverte de la parentalité. Toutefois, quand Penny lui demanda s'il avait des idées de prénom et que cette simple question lui arracha des larmes de stress, il dû se rendre à l'évidence : ce n'était pas normal.
Il avait besoin d'aide.
Ainsi, il ne chercha pas à contredire Penny quand elle lui dit qu'il devrait aller voir quelqu'un.
- Jamais je ne pourrais... murmura-t-il. J'aurais l'impression d'être face à ma mère. De... de ne pas être à la hauteur.
- Tu sais, répondit doucement la blonde, je suis moi-même allée voir un psychologue quand j'étais plus jeune.
- Vraiment ? S'étonna Leonard.
- Oui, vraiment. J'avais des troubles de l'alimentation et...je n'étais pas bien dans ma peau. Mais la vraie question c'est : est-ce que savoir ça te fait porter un autre regard sur moi ? Un regard négatif ?
- Bien sûr que non.
- Alors pourquoi cela serait-il le cas pour toi ?
Leonard médita quelques instants les paroles de Penny, avant de soupirer.
- Je peux essayer mais... est-ce que tu m'accompagnera ?
- Bien sûr.
Après cette discussion, il avait prit rendez-vous, Penny à ses côtés pour le soutenir.
En raccrochant, Leonard avait eu la sensation d'avoir fait ce qu'il fallait.
Toutefois, maintenant qu'il était dans la salle d'attente du cabinet, il remettait tout en question.
- C'était une erreur, paniqua-t-il. Je devrais...
- Tu devrais surtout rester, le coupa doucement mais fermement Penny. Tu sais que c'était la bonne décision.
- J'ai peur, admit le scientifique.
- Je m'en doute. C'est pour ça que... j'ai pris quelque chose, mais promet moi de ne pas te moquer, d'accord ?
Leonard promit, curieux de voir ce que Penny lui réservait. La blonde fouilla dans son sac pour en sortir un petit carré de feutre.
- C'est un des patins que j'avais mis sous le meuble de la télé. Quand vous êtes venus la prendre vous la rendre à mon ex, j'ai jeté ces patins. Mais celui-là s'était glissé sous le canapé, je l'ai retrouvé trois semaines plus tard. Ma poubelle n'avait alors plus de sac, j'ai eu la flemme de le jeter. Et ensuite, je l'ai gardé. Parce qu'il me rappelait ce jour où je t'ai rencontré, et tout ce que tu avais été capable de faire pour moi. Alors aujourd'hui, je te le donne. Pour que tu te rappelles que même si je ne serai pas dans cette salle, je serai quand même toujours là pour toi, comme tu l'as été pour moi.
Quelques minutes plus tôt, Leonard aurait été mortifié à l'idée de ce que pourrait bien penser la psychologue en le trouvant en train de pleurer devant un patin. Mais à cet instant, il s'en fichait bien.
Penny était avec lui, c'était tout ce qui importait.
