S02E05
Pov Bella
Je devais sortir ma sœur de là, moi aussi de préférence mais il était urgent que ma sœur s'éloigne d'eux parce qu'elle était complètement ignorante de ce qu'il se passait vraiment. Je ne savais toujours pas ce qu'Aro lui voulait, en dehors de servir d'appât pour pouvoir tuer Edward, je savais seulement qu'il avait une autre intention parce qu'il faisait beaucoup d'effort pour lui plaire. Et ça me terrifiait.
Sa naïveté n'était pas la seule responsable, elle était sous l'emprise du ou des liens que Chelsea avait établis. Elle leur faisait confiance. Ça me tuait de devoir faire semblant que nous n'étions pas en danger, j'avais adopté cette attitude en premier lieu parce que je savais que nous n'aurions aucune chance de nous en sortir en courant au hasard, ils se déplaçaient vite, Edward m'avait foutu une peur bleue devant les loups, ça n'avait duré que le temps de cligner et j'avais eu une autre démonstration, beaucoup plus longue, sur le dos de Demetri.
Heidi m'avait bien spécifié que le bonheur de ma sœur ne reposait que sur ma volonté de la laisser croire qu'elle n'était pas enlevée. Je lui avais demandé comment elle le savait puisqu'elle nous avait simplement vues arriver avec son roi. Elle me dit qu'ils pouvaient communiquer sans que nous ne les entendions. Ils savaient tous que j'étais là contre ma volonté mais Aro avait insisté sur le fait que Jamie ne devait jamais douter de leurs intentions. Heidi m'avait rassurée sur le fait qu'ils avaient une maîtrise de leur soif et ne se nourriraient jamais de nous. Ce qui ne m'avait rassurée qu'à moitié parce que si nous nous blessions, ce dont j'étais capable avec ma maladresse, ils pourraient probablement perdre ce contrôle.
Je ne pouvais pas entraîner ma sœur dans une fuite, même si nous faisions attention à ne pas nous faire voir, puisque Heïdi m'avait prévenue que Demetri pouvait savoir où nous nous trouvions à chaque instant, c'était un don qu'il possédait, au même titre que la télépathie d'Edward ou le tissage de lien de Chelsea.
J'étais actuellement en train de faire ma liste, je prenais du temps parce que j'essayais en même temps de trouver un moyen de leur échapper. J'avais demandé des livres en italien ainsi qu'un dictionnaire italien-anglais pour apprendre leur langue. Si nous restions ici un certain temps – en étant optimiste – il vaudrait mieux les comprendre. Je pris le bloc-note et le stylo et sortis de ma chambre pour me rendre dans la cuisine, je fouillai dans les étagères, il y avait pas mal d'ustensiles et de plats mais il manquait des moules pour faire certains gâteaux, Jamie aurait probablement envie d'en faire à un moment, les cupcakes et les muffins étaient ses préférés et il n'y avait rien qu'elle pourrait utiliser pour eux.
Une femme entra et me sourit. Elle était humaine et ne semblait pas malheureuse de vivre ici. Je me demandai si les humains du château, qui visiblement travaillaient pour les vampires, étaient conscients de ce qu'ils étaient.
« Buonasera. [Bonsoir]
« Bonsoir, désolée, je ne parle pas italien. Vous parlez anglais ?
« Scusa, non parler anglais. [Désolée]
Je lui souris et m'assis à la table pour noter les différents moules et ustensiles dont Jamie pourrait avoir besoin puis ajoutai une télé pour elle parce qu'elle n'aimerait pas vivre sans. La femme s'affairait avec les plats et les produits pour faire à manger. Je regardai ma liste, un ordinateur avec internet aurait été sympa pour s'occuper (et prévenir quelqu'un) mais je savais que c'était impossible, ils n'étaient pas stupides, trop de risques qu'on prévienne quelqu'un. Cela dit, ils devaient bien avoir des ordinateurs avec internet quelque-part, ils ne pouvaient pas être si à la ramasse technologiquement parlant, tout de même.
Une fois ma liste finie, j'arrachai la feuille et l'emportai pour me diriger vers le bâtiment principal, à la recherche de Félix. Le château était grand et je n'avais aucune idée d'où il pouvait se trouver. Dans le couloir, je croisai un vampire qui me sourit simplement. Il était brun et ressemblait à Jane dans la rondeur de ses traits de visage.
« Excuse-moi, l'interpellai-je quand il fut à mon niveau.
Il s'arrêta et me fit face.
« Tu saurais où je peux trouver Félix ? Aro m'a dit de lui transmettre cette liste.
« Sire Aro, me corrigea-t-il. Et Félix se trouve dans la salle de réception.
« La salle de réception ?
« La grande salle où Sire Aro vous a présentées, ta sœur et toi. Tu peux utiliser la porte latérale, ça sera plus court.
Il pointait une porte sur notre droite. Je le remerciai et m'y dirigeai. À peine eus-je ouvert la porte que je fus effarée par la scène qui s'y déroulait. Aro était debout, devant lui se trouvait un homme, humain, maintenu à genou par Demetri et Félix qui le maintenaient fermement. L'angle de ses bras maintenu en arrière par rapport à son buste penché en avant devait être particulièrement douloureux. Aro se tourna vers moi et son visage passa de furieux à impassible.
Je me rapprochai avec hésitation et lançai un regard vers l'humain. Il était blond, le visage anguleux avec une barbe mal rasée autour de la mâchoire et je vis ses yeux bleus quand il releva le visage. Il avait dix ans de plus et les cheveux coupés courts par rapport à mes souvenirs mais je le reconnus.
« Sale enfoiré ! Grognai-je à son encontre.
Ses sourcils se plissèrent tandis que je mourrai d'envie de le faire souffrir jusqu'à ce que mort s'en suive. Je n'avais jamais imaginé me retrouver devant James McHunter ni même considéré l'effet que ça me ferait.
« Quoi ? Je te connais pas, c'est à cause de toi qu'ils m'ont amené là ?
J'étais une petite fille de sept ans quand il m'avait connue, il ne me reconnaissait pas.
« Je t'ai rien fait, se défendit-il.
« À moi non mais tu as fait beaucoup de mal à ma sœur et à ma mère. Pauvre merde. Renée Swan, tu te rappelles d'elle ? Et Jamie, tu t'en souviens ? Ça te fait te sentir spécial de frapper une femme et une enfant de cinq ans ?
« Quoi ? C'est... c'était y a longtemps.
« Va te faire foutre.
Profitant qu'il soit entravé, je me ruai sur lui et lui balançai mon pied en plein visage, j'entendis le craquement de son nez que je venais de casser alors qu'il hurlait et m'insultait.
« Va en enfer, assénai-je puis je reculai avant de réellement le tuer.
Je n'avais jamais été quelqu'un de violent mais les répercussions de ses actes, faits il y a longtemps selon lui, étaient toujours d'actualité. Aro demanda aux vampires de le faire se lever, Aro lui prit la mâchoire d'une main et serra avec poigne vu la grimace douloureuse que James arborait.
« Voilà pourquoi tu es là, comme je te l'ai expliqué, tu as fait beaucoup de mal à une enfant qui m'est précieuse, c'est pour ça que tu vas mourir... lentement et avec douleur.
Un horrible craquement résonna dans la salle tandis que sa mâchoire venait de céder à la pression du vampire, Demetri et Félix le lâchèrent, il s'écroula sur le sol, se maintenant le visage en pleurant et en hurlant de douleur.
« Enfermez-le dans un cachot et qu'il ne serve de repas que lorsqu'il sera le point de mourir.
Félix le ramassa par l'épaule et le glissa derrière lui. Je commençai à me calmer lorsque je réalisai ce qu'avait dit Aro plus tôt, ''une enfant qui m'est précieuse''. Qu'est-ce que ça voulait dire ? S'il la voyait comme une enfant alors ses intentions n'étaient probablement pas celles que j'avais craintes. De plus, comment avait-il su ? Lui avait-elle dit ? Ou l'avait-il lu dans les écrits du Dr Stan à qui elle se serait finalement confiée ?
« Pourquoi avoir fait ça ? Demandai-je.
« Il a fait du mal à ta sœur.
« En quoi ça vous concerne ? Vous êtes plutôt mal placé pour reprocher à un autre de lui faire du mal.
« Quand ai-je fait du mal à ta sœur ? Releva-t-il.
« Vous la manipulez, vous l'avez enlevée... vous allez tuer Edward quand vous l'aurez appâté avec elle.
Il m'offrit un sourire amusé.
« Je ne tuerai pas Edward pour la même raison que je ne t'ai pas laissée morte aux Etats-Unis. Tu es sa sœur et il est son âme-sœur, elle vous aime.
Je fronçai les sourcils. Devais-je croire qu'il ne m'a pas tuée – et ne tuera pas Edward – pour préserver ma sœur ? Il aurait pu me tuer sans qu'elle ne s'en rende compte, il pourrait toujours le faire et lui dire que j'étais rentrée ou que je voyageais. Je ne savais pas ce qu'il lui voulait et j'allai devoir le découvrir rapidement.
« Où est-elle ?
Il lança un regard questionneur à Demetri.
« Dans la bibliothèque de Marcus, répondit ce dernier.
« Guide-la jusqu'à la bibliothèque, lui demanda Aro puis il se tourna vers moi. Est-ce ta liste ?
Je hochai la tête. Il tendit sa main, je la lui passai.
« Je la transmettrai à Félix.
Pov Jamie
Après qu'Aro et Sulpicia m'aie laissée vaquer à mes occupations, je me baladais dans les couloirs du dernier étage profitant d'être l'une des rares à pouvoir le faire puis je descendis d'un étage, l'espace semblait être séparé en trois pièces, curieuse, j'ouvris la première porte à gauche, c'était un salon sans télé, des canapés se faisaient face et des plantes et des pots de fleurs étaient soigneusement disposés pour décorer la pièce. J'avais interrompu une conversation entre deux vampires en ouvrant la seconde porte à gauche mais ils m'avaient simplement souri avant de reprendre leur discussion sans me prêter plus d'attention. Ça ressemblait plus à un espace de détente qu'un salon, il y avait des fauteuils confortables, ceux qui pouvaient se mettre en position couchée et des paravents séparaient la pièce en plusieurs parties. Il y avait dans un coin un phonographe près d'une étagère où était rangé les disques en vinyles. Je sortis et refermai la porte puis ouvris la double porte située entre les deux portes sur le mur d'en face.
Je tombai sur une immense bibliothèque qui serait forcément l'endroit préféré de Bella. J'entrai et refermai la porte derrière moi. Je me baladai entre les grandes étagères en bois sombre, regardant le dos des livres. Je remarquai qu'il y avait parfois des livres d'une autre langue que l'italien. Quand j'arrivai au centre de la grande salle, d'après mon estimation, je découvris un homme assis sur un fauteuil de style victorien, il y avait un autre fauteuil identique en face de lui, de chaque côté d'un canapé du même style et de la même couleur bordeaux. Le vampire avait de longs cheveux bruns frisés, il était plus âgé que tous les vampires que j'avais déjà vu, la quarantaine environ, son visage avait quelques légères rides aux coins des yeux. Il avait un livre dans les mains, qu'il venait d'arrêter de lire pour relever son regard vers moi, il me sourit avec un regard d'abord admiratif puis triste.
« Heureux de te rencontrer, Jamie.
« Bonjour, souris-je.
Je m'approchai et m'assis sur le canapé en pliant mes jambes sur le côté, appuyant mon coude sur l'accoudoir.
« Ne mets pas tes chaussures sur le canapé, me rabroua-t-il gentiment.
« Désolée.
Je retirai mes baskets du bouts des pieds et les laissai tomber sur le sol puis remis mes jambes.
« Comment vous vous appelez ?
« Marcus.
« Est-ce que les vampires vieillissent ? Demandai-je.
La question me brûlait depuis que je l'avais vu.
« Non, le vieillissement s'arrête à notre transformation.
« Vous pouvez mourir ?
« Difficilement.
Il souriait mais ses yeux restaient tristes.
« Pourquoi ? S'enquit-il. Tu prévoies quelques assassinats de vampires dans un futur proche ?
Je ricanai et secouai la tête. Le silence retomba tandis que je regardais autour de nous puis reportai mon regard sur son bouquin.
« Vous pouvez me lire l'histoire, un peu ? Demandai-je en pointant le livre.
Je n'avais pas encore trouvé de télé et je n'aimais toujours pas lire alors si je pouvais trouver quelqu'un qui voulait bien lire à ma place, ça serait chouette. Quand Edward arrivera, ça sera beaucoup mieux, il pourra me lire des histoires ou juste discuter avec moi.
« Avec plaisir, jeune fille. Comprends-tu l'italien ?
« Non, fis-je avec un sourire contrit.
« Pas de problème, je peux te traduire un passage.
Je m'installai confortablement, posant ma tête sur l'accoudoir, me servant de mes mains comme oreillers. Marcus tourna les pages pour revenir en arrière.
« Je pense parfois à quel point j'ai eu beaucoup de chance. J'ai épousé la jeune femme avec laquelle j'ai grandi, malgré son appartenance à la noblesse et mon appartenance aux petits-gens. Enfant, pendant que mes parents travaillaient sur les terres de sa famille, je jouais avec elle et son frère de deux ans son cadet. Ils étaient tous deux très différents mais étaient mes plus chers amis. Elle n'aspirait qu'à s'amuser, elle chantait et tournoyait dès que l'envie lui prenait. Plus nous grandissions et plus je voyais son bonheur resplendir comme si son corps était trop petit pour contenir toute la joie qu'elle ressentait. Son frère quant à lui était plus pondéré, plus réfléchi. Il était le garçon de la famille et recevait, depuis petit, une éducation stricte en vue d'hériter des terres de sa famille. Terres qu'il avait pour ambition d'agrandir, parce qu'il lui a été appris que rien n'était suffisamment grand pour lui. J'épousai l'amour de ma vie à l'orée de ses 16 ans, lorsque j'en eus moi-même 18. J'ai de la chance d'avoir épousé la femme que j'aimais. J'étais heureux de ne pas habiter une grande ville d'Hellas* où il était d'usage que les demoiselles de son âge et de son statut épousent des hommes par responsabilité sociale et non par amour. Elle m'aimait, j'avais beaucoup de chance. Six années après la mort de son frère, celui-ci réapparut arborant une apparence physique à la fois plus élégante et à la fois plus terrifiante. Il possédait le secret de l'immortalité et nous le fit partager, à sa sœur et moi. J'ai de la chance d'avoir eu la promesse d'une éternité aux côtés de l'élue de mon cœur. Malheureusement, cette éternité ne dura pas. J'ai de la chance d'avoir connu mon âme-sœur, d'avoir grandi avec elle, de l'avoir aimé et d'être aimé par son cœur, même si n'a duré qu'un temps.
Marcus ferma le livre, il arborait un air triste quand je me redressai pour le regarder, j'étais moi-même un peu triste à cause de l'histoire.
« Je ne trouve pas qu'il a de la chance.
« Non piangere ciò che hai perso, felice di averlo vissuto.
« Qu'est-ce que ça veut dire ?
« Ne pleure pas ce que tu as perdu, félicite-toi de l'avoir vécu.
Je fis une moue dubitative. Il me sourit, indulgent. Je pense que Marcus n'était pas seulement triste maintenant, je pense qu'il était quelqu'un de triste de manière générale. Je pensai en premier lieu à lui faire des gâteaux mais je me rappelai qu'il ne mangeait pas de nourriture comme moi. Peut-être que son frère devrait lui faire un câlin.
La porte de la bibliothèque grinça et il fallut quelques secondes avant de voir Bella apparaître dans l'un des couloirs formées par les étagères. Elle était plus pâle que d'habitude et sembla soulagée de me voir. Elle avait dû me chercher partout et avait sans doute cru que j'avais fait une autre fugue.
« Hum, bonjour, désolée, je ne voulais pas vous déranger, je cherchais ma sœur.
« Tu ne nous dérange pas, sourit Marcus. Nous discutions d'un passage de ce livre.
Il leva le dit livre pour le montrer à Bella. Celle-ci s'approcha de moi, je me replaçai pour m'asseoir correctement et lui permettre de s'asseoir près de moi. Elle m'entoura de ses bras mais je pense que c'était elle qui avait besoin d'un câlin cette fois alors je la serrai pour la réconforter.
« Tu es tout ce que j'ai, me murmura-t-elle à l'oreille. Promets-moi que je ne te perdrai jamais.
Curieux.
« Bien sûr que non, t'es ma sœur préférée.
J'entendis l'air sortir de son nez dans un semi-rire silencieux.
« Je suis ta seule sœur.
« Mais t'es la meilleure de toutes les sœurs.
Elle se recula ce qui fit que nous nous relâchâmes et me sourit.
« C'est toi, la meilleure, me contredit-elle.
Elle reporta son regard derrière moi et fronça ses sourcils, je me tournai pour voir que Marcus n'était plus là mais il revint entre deux bibliothèque avec deux bouquins du même style que le sien, il m'en tendit un et l'autre à Bella. Je le pris et remarquai qu'il n'y avait ni titre ni auteur, je l'ouvris et découvris des pages vierges.
« Je vous offre ceci, vous pourriez y noter tout ce que vous ne voulez pas oublier, les souvenirs les plus importants, les personnes que vous appréciez. Ou dessiner, noter des idées, à vous de décider.
Je refermai le bouquin et remerciai Marcus pour le cadeau en lui faisant un bisou sur la joue tandis que Bella se contenta de lui dire merci. Il parut surpris de mon geste mais sourit sincèrement. Peut-être que les vampires ne se faisaient pas de bisou.
« Tu as faim ? Me demanda Bella.
« Oui, répondis-je.
Je mourrais de faim, maintenant.
« Super, moi aussi. Allons manger, décida-t-elle. Bonne soirée.
« Bonne soirée à vous, mesdemoiselles.
*Hellas : Grèce.
Deux salles, deux ambiances... cet épisode est littéralement la définition de cette expression xD
Un Aro cruel mais lui en veut-on pour cette fois ? Parce que James... voilà quoi, on ne l'aime pas beaucoup plus. Marcus est triste, j'ai un peu de peine pour lui, j'avoue.
Kikainlove : C'est de cette scène-là dont je te parlais, il y a deux chapitres de ça. Tu vois ? Aro était plutôt gentil par rapport à aujourd'hui xD
