Chapitre 5
Il était 17h lorsque Astrid Nielsen ressortie de chez elle. Elle avait eu énormément de mal a se détendre et avait commencé des recherches sur internet. L'hématome que portait Raphaëlle à la base du cou était questionnant. Astrid était convaincu d'avoir déjà vu ça quelque part mais ses recherches à la documentation criminelle pendant la nuit n'avaient rien donné. Rien.
Elle avait donc décidé de retourner voir Raphaëlle. Elle savait qu'elle n'en avait pas le droit, mais c'était bien plus fort qu'elle. Il fallait qu'elle la voit. Elle savait que le Capitaine Perran partait souvent vers 18h et que le commissaire était souvent déjà absent à cette heure là. Elle espérait que, comme la veille, cela serait possible.
Astrid se trouvait dans une situation totalement imprévisible et c'était difficile pour elle d'aller vers le commissariat sans savoir EXACTEMENT comment cela allait se dérouler. Mais pour Raphaëlle elle était capable de braver son propre esprit.
Arrivée devant la porte d'entrée elle leva les yeux et ses lèvres s'arrondirent. Là, devant elle, se tenait le commissaire Bachert. Celui-ci la fixa un instant et, l'air de rien, la salua.
- Mademoiselle Nielsen ! Quelle surprise ! Vous venez voir le Capitaine Perran c'est bien cela ?
Astrid ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois. Ses doigts devenus incontrôlables frémissaient dans l'air.
- Je... je...
Elle respira un bon coup.
- Oui commissaire !
- Très bien, passez une bonne soirée.
Il la contourna et continua sa route tranquillement. Astrid était éberluée. Se pouvait-il que le commissaire, le gardien de la bonne conduite des membres de ses équipes, permette des transgressions aussi importante ?
Sans se poser trop de questions elle monta doucement les marches et se dirigea vers le bureau du Capitaine. Elle se plaça devant lui sans dire un mot. Celui-ci, occupé à taper un rapport, ne l'aperçut pas tout de suite. Ce fut Arthur, assis un peu plus loin, remarquant le manège d'Astrid, incapable de se positionner et de parler, qui débloqua la situation.
- Hum, Capitaine, je crois que quelqu'un voudrait vous parler.
- Attend je termine... Oh ! Astrid ! Excusez-moi je ne vous avait pas entendu arriver. Vous avez de nouvelles infos ?
- Non. Mais quelque chose me tracasse. Je voudrais voir Raphaëlle. S'il vous plaît, ajouta t-elle comme pour s'excuser de le déranger.
Nico et Arthur firent visuellement le tour de la pièce et s'aperçurent qu'ils étaient seuls dans le bureau.
- Ok, Arthur ?
- Pas de problème, chef ! Venez avec moi Astrid.
Astrid le suivi dans le couloir qu'elle commençait à bien connaître mais il ne s'arrêta pas à la salle d'interrogatoire. Ils continuèrent dans un endroit où Astrid n'était allée qu'une seule fois. Très récemment. Les cellules de garde à vue.
Arthur sortit les clés et ouvrit la serrure.
- Après vous... et pas de folies surtout !
- Pas de... folies ? Lieutenant, que voulez-vous dire ?
Arthur ne répondit pas, se contentant d'offrir un large sourire à une Astrid totalement perplexe. Il la laissa entrer et ferma la porte derrière elle.
Dès qu'elle la vit, Raphaëlle ressentit une bouffée de chaleur sur ses joues.
- Astrid ! Vous m'avez manqué. Merci d'être revenue.
- Je... je vous ai manqué commandant Coste ? Nous nous sommes vues hier soir, cela fait...
Astrid regarda sa montre :
- tout juste 24h.
- Oui c'est vrai, sourie Raphaëlle. Mais vu la situation, j'ai besoin d'une... d'une amie.
Elle avait le sentiment de chercher ses mots, comme si les choses devenaient de moins en moins naturelles. Plus elle passait du temps avec Astrid, plus ses émotions devenaient complexes et difficiles à contrôler.
- Je suis venue pour voir quelques chose, si vous le permettez bien sûr.
- Heu... oui, allez-y.
Astrid passa derrière le commandant et leva sa main. Elle fixait les cheveux de Raphaëlle et ne savait pas comment faire.
- Un problème Astrid ?
- Oui. J'aimerai observer votre hématome, dans votre cou. Mais... vos cheveux...
- Oh ! Attendez...
D'une main, Raphaëlle dégagea son cou de ses longs cheveux bouclés. Elle sentit le souffle délicat d'Astrid se rapprocher de sa peau. Elle tenta de refréner un frisson en respirant le plus lentement possible. Elle se gifla intérieurement sans comprendre réellement ce qui lui arrivait. Pourquoi était-elle si... émue ? Non, émue n'était peut être pas le mot... Remuée ? Oui elle était remuée par la présence d'Astrid juste derrière elle, le visage si près de sa nuque... le visage, et la bouche. Elle imagina un instant la bouche d'Astrid à quelques millimètre de sa peau et se mit à rougir violemment. Bon sang mais que lui arrivait-il ?
De son coté Astrid observait la base du cou de son amie, les doigts en l'air, prête à toucher l'endroit de l'hématome. Mais, sans comprendre pourquoi, elle n'arrivait pas a baisser sa main. Toucher un autre être humain avait toujours été source d'angoisse et de stress pour la jeune autiste mais avec Raphaëlle s'était différent. Elle avait déjà réussi plusieurs fois à lui serrer la main, à lui toucher les cheveux. Un jour Raphaëlle l'avait même prise dans ses bras et Astrid, d'abord choquée, avait réussi a apprécier ce fugace moment de tendresse. Tout comme elle avait apprécié ce léger bisou sur la joue que la commandante lui avait donné après un petit différent entre elles.
Depuis elle arrivait à supporter le contact physique avec elle. Peut être même, si elle réfléchissait bien et qu'elle était honnête avec elle-même, tentait elle parfois de le provoquer. Alors pourquoi là, en cet instant précis, n'arrivait-elle pas à toucher la peau de son amie ? Astrid respira un bon coup, comme pour se donner du courage, et baissa la main. Elle effleura doucement l'hématome, le parcourant de ses longs doigts fins, en fit lentement le tour, l'observant avec attention. Sous sa main, il lui sembla sentir le rythme cardiaque de son amie s'accélérer.
A bout de quelques secondes elle sentit la peau de Raphaëlle frémir sous ses doigts.
- Vous avez un problème Commandant Coste ?/
- Non, non, Astrid, je... j'ai eu froid, c'est tout. Vous... vous avez trouvé quelques chose ?
- Oui, je crois, oui. Mais je veux vérifier avant. Je ne veux pas me tromper, il ne faut pas se tromper.
- Évidemment oui, répondit une Raphaëlle amusée.
- Oui. Je vais partir maintenant, je vais aller vérifier si ma théorie est exacte avant de vous l'exposer. Je vais partir.
- Très... très bien Astrid, fit alors Raphaëlle d'une voix déçue. Oui je comprend...
Tout à coup, elles se rendirent compte que les doigts d'Astrid continuaient de dessiner doucement le contours de l'hématome. La jeune femme ôta brusquement sa main, comme si celle-ci s'était mise à la brûler violemment. Aussitôt Raphaëlle rebascula ses cheveux afin de cacher la marque sur son cou. Elle déglutit alors tout en murmurant :
- Vous allez repasser après. Vous allez revenir me voir ?
- Oui, bien sûr, oui. Vous avez... vous avez besoin de votre boussole, Raphaëlle.
Raphaëlle esquissa un sourire.
- Oui, c'est vrai. J'en ai bien besoin en ce moment... Astrid ?
- Oui ?
- Astrid, vous pensez être capable de venir me voir en... prison... si jamais...
- Non, non je n'en serais pas capable.
- Astrid...
- Mais je n'aurai pas besoin d'en être capable commandant. Je vais vous sortir de là.
A ces mots, Astrid tapa sur la porte et Arthur vint ouvrir. Elle se tourna alors vers son amie et lui fit un de ces petits sourires discrets que Raphaëlle aimait tant. Puis elle quitta la pièce, laissant la prisonnière plus perdue que jamais.
