Cet os est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "paon" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un mp.


Lucius se glissa dans le parc de son propre manoir comme une ombre, silencieusement, les mains tremblantes.

Il n'avait pas pour habitude de se faufiler ainsi, en pleine nuit, alors qu'il était le maître des lieux, mais les circonstances étaient plutôt… exceptionnelles.

Il s'immobilisa un instant, aux aguets, terriblement nerveux. Il n'osait pas imaginer ce qui se passerait s'il était surpris.

L'homme frissonna en prenant conscience que la nuit était particulièrement fraîche, mais il n'osa pas lancer un sort, pas si près de la maison. Il avança rapidement, traversant le parc qui faisait habituellement sa fierté, jusqu'à un petit bosquet à l'écart.

Dissimulé entre les quelques arbres épars, il noua ses longs cheveux clairs en catogan et il se lança un sort de chaleur, pour se réchauffer un peu.

Ensuite, il prit une grande inspiration, se préparant pour la tâche désagréable qui l'attendait.

Il pinça les lèvres, réprimant ses émotions, face au spectacle macabre qui s'offrait à lui.

Ses paons, ses magnifiques paons blancs, sa fierté, gisaient, morts, victimes de l'ennui du seigneur des ténèbres.

Tous décimés par la folie d'un homme, sans la moindre raison.

Il déglutit nerveusement et ferma un instant les yeux, se laissant aller quelques secondes à l'autoapitoiement, alors qu'il regrettait ses choix présents.

Son propre père Abraxas avait fait sa scolarité en présence de celui qu'il appelait Maître. Il l'avait suivi avec enthousiasme, mais il n'avait jamais porté la marque. Lucius, par contre, avait tendu le bras avec joie à sa majorité, pensant que ça ferait plaisir à son père.

Au début, il avait cru en ces idéaux propres aux sangs purs, au renouveau du monde magique. Il s'était battu avec ferveur, comme l'idéaliste qu'il était alors.

Bien qu'il ne l'avouerait jamais, Lucius connaissait ses défauts et faiblesses. Il était avide de puissance et il était prêt à tout pour gagner en pouvoir.

Il aimait diriger, tirer les ficelles dans l'ombre et manipuler. Il aimait la richesse et cette sensation d'être au-dessus du commun des mortels.

C'était très certainement cette soif de reconnaissance qui l'avait conduit à sa perte, qui l'avait aveuglé des années durant.

Une partie de ses illusions s'étaient écroulées lorsque le seigneur des ténèbres avait tenté de tuer un enfant de l'âge de son propre fils… et qu'il avait échoué.

Immédiatement, Lucius avait prétexté avoir été ensorcelé, ne pas avoir été conscient de ses actes.

Il s'était repenti — sans la moindre sincérité — jurant qu'il avait été abusé, tout en distribuant des pots-de-vin, s'assurant ainsi qu'il ne serait pas condamné.

Les années avaient passé et il avait presque oublié cette erreur. Son père était mort et enterré, le seigneur des ténèbres avait disparu. Il avait repris sa vie et ses manipulations, se moquant bien de la moralité. Il grignotait du pouvoir, ne reculant devant rien : chantage, extorsion, mensonges…

Il observait son héritier grandir avec un regard critique, ne lui offrant pas vraiment d'affection et regrettant qu'il manque de caractère. Le garçon était presque faible et n'avait pas l'ambition qu'il espérait…

En découvrant que son Maître d'autrefois n'était pas mort, Lucius s'était dans un premier temps réjoui : il parviendrait à tirer avantage de la situation et il serait plus puissant encore.

Cependant, il avait rapidement déchanté. Non seulement Voldemort avait été mis en échec par un enfant à plusieurs reprises, mais il n'avait plus de visage humain.

Il n'était rien de plus qu'une créature maudite, ayant bien trop abusé de la magie noire.

Pire encore, Lucius était toujours lié à lui et le seigneur des ténèbres était devenu fou.
Totalement fou.

Il torturait ses fidèles, il attaquait sans la moindre logique, semant la terreur, s'en prenant autant aux moldus qu'aux sorciers.

Ses ordres n'avaient plus le moindre sens, mais ils devaient obéir, sous peine de souffrir… ou d'être tués sans la moindre sommation.

C'était de cette façon que Lucius s'était retrouvé au Ministère, face à une bande de gamins à tenter de récupérer une prophétie idiote. L'opération avait tourné au fiasco le plus total et en pleine débâcle, il avait été envoyé à Azkaban.

L'expérience avait été tout sauf plaisante. Lucius avait l'impression que son esprit avait été brisé durant cette période et il n'était plus que l'ombre de lui-même.

Le seigneur des ténèbres l'avait fait libérer, fort heureusement, mais en contrepartie, son héritier avait dû prendre la marque. Bien que furieux de ne pas avoir été consulté, Lucius avait haussé les épaules. Drago aurait fini par prendre la marque, d'une façon ou d'une autre.

Il avait été plus agacé de se rendre compte que son manoir familial était devenu le repaire du mage noir et que des Mangemorts indélicats allaient et venaient librement, sans le moindre respect pour sa demeure…

Azkaban avait ébranlé Lucius, mais ce qui l'avait finalement brisé s'était produit la veille.

Quelque chose avait agacé Voldemort et les doloris avaient commencé à pleuvoir sur les Mangemorts à sa portée. Lucius y avait eu droit, lui aussi, le laissant faible et tremblant, effrayé comme un enfant. Heureusement, il avait obligé Narcissa à rester dans sa chambre ou elle aurait également été victime de la folie du Lord.

N'étant pas apaisé par cette séance de torture, Voldemort était sorti dans le parc et il avait tué sans la moindre hésitation ses précieux paons, riant comme un dément alors que les éclairs verts jaillissaient de sa baguette.

Lucius était resté silencieux, horrifié. Un reste de bon sens l'avait empêché d'intervenir et il avait attendu la nuit pour agir.

Ainsi, il était seul, en pleine nuit, se cachant dans sa propre propriété, entouré de ses paons morts.

Il lança un sort afin de creuser la terre et plaça chaque oiseau, côte à côte, avec l'impression que son cœur se brisait un peu plus à chaque corps déjà froid.

Une larme solitaire roula sur sa joue alors qu'il recouvrait ses chers paons de terre et il resta longtemps immobile, debout devant la terre retournée, perdu dans ses pensées.

Il passa une main tremblante sur son visage mal rasé et il songea qu'il était peut-être temps pour lui de s'éloigner du seigneur des ténèbres. Le gamin Potter semblait avoir de sérieuses ressources et il y avait peut-être une chance qu'il s'en sorte une fois encore…

Lucius soupira et se détourna, retournant dans son manoir à pas lents, se laissant dévorer par les regrets de ses actes passés. Le jour se lèverait bien assez vite et il devrait entretenir l'illusion qu'il était toujours parfaitement fidèle à celui qu'il nommait « maître ».