Mais qu'est-ce que je fou ici ? Ah ! Quoique pour une fois le cabinet du psy n'est pas si mal. Ca doit faire au moins le septième psychologue que je vois en un mois. Les deux premiers ont renoncé à traiter mon cas, faut dire qu'ils n'étaient pas très malins. A chaque fois ils me provoquaient ben qu'est-ce que j'ai fait, je leur ai répondu. Y'en a même un, j'ai cru qu'il allait me faire une crise cardiaque lorsque j'ai bondit de ma chaise. C'était assez comique d'ailleurs ! Il a commencé à se renfoncer dans sa chaise, puis il est devenu rouge comme une pivoine avant de passer par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel … Joli spectacle je dois dire ! J'ai finalement appelé les secours, il avait beau être psy, c'était un homme avant de devenir un débile congénital. Il a été conduit aux urgences, et on m'a formellement interdit de m'approcher de lui une nouvelle fois, de peur qu'il casse sa pipe pour de bon.
Puis on a refilé 'mon cas', comme ils le disent si bien en haut lieu, a des personnes dites compétentes qui ont finalement cédé, disant que c'était sans espoir, que j'étais trop borné. C'est vrai ? De toute manière peu m'importe, je suis comme je suis et si quelqu'un a un problème avec ça, il peut toujours partir.
Ca va faire près d'un quart d'heure que je suis assit là, regardant ma psy yeux dans les yeux. C'est drôle, mais je me sens bien avec elle, elle m'apaise. Quel âge peut-elle bien avoir ? 25, 30ans ? Je n'ai jamais été doué pour donner d'âge aux gens. Elle est ni très moche ni très belle, ni très grande ni très petite, avec quelques rondeurs bien placées qui lui donnent tout son charme. C'est la première fois depuis longtemps que je ne regarde pas une femme comme un objet sexuel non recyclable, que l'on jette après seulement une utilisation. Non, avec elle c'est plus profond. Elle m'a comprit tout de suite dès que je suis rentré dans son bureau elle a su ce qui me tourmentait. Ca fait deux semaines que je fais mes séances avec elle, et c'est la première fois que je me livre aussi vite et aussi facilement, surtout à une étrangère. Mais peut-être n'en est-ce pas une ? J'ai l'impression de me parler à moi-même à un autre moi-même, plus réfléchit, plus conscient, plus raisonnable. Elle ne me contraint à rien, je parle si j'en ai envie, me livre si j'en ai envie. Et malgré tout, malgré mon sale caractère, mes préjugés et ma folie diagnostiquée par les docs de l'hosto… (Puisque avoir fait une tentative de suicide est considéré comme un acte fou) malgré tout cela je me suis forcé à parler de ce qui m'a conduit à m'ouvrir les veines j'ai parler de ma passion, de mon désir pour un être que je ne mérite pas pour une personne, une femme (la seule que je traite comme telle) qui me dicte plus que de raison. Et croyez-moi ou non, parler fait du bien. Enormément de bien. Lycène (ma psy) m'a convaincu de voir Faith et d'essayer de lui expliquer d'une manière rationnelle mon geste. Ben oui parce que franchement ma première tentative a vraiment été infructueuse et lorsque je lui ai raconté ce qui s'est passé pendant la conversation que j'ai eu avec ma partenaire à l'hôpital, Lycène m'a regardé d'une drôle de façon, puis s'est mise à sourire.
Sourire : je ne sais même plus ce que veut dire ce verbe il y'a trop longtemps que je n'ai pas sourit.
Je vais enfin pouvoir reprendre le travail demain, histoire que Lycène complète son évaluation. Et oui c'est ça lorsque vous essayez de vous nuire, on vous envoie chez les docs afin qu'ils établissent votre profil psychologique, vous aident, etc.… Enfin c'est du n'importe quoi. Ca va faire deux mois que je les vois, et le boulot me manque. Mais j'ai peur de reprendre demain, peur de la réaction que les gens auront en me revoyant, peur de ce qu'ils diront. Peur aussi de revoir Faith. Elle m'a laissé un nombre incalculable de messages sur mon répondeur, et à chaque fois je n'ai jamais trouvé le courage de la rappeler. Elle vient aussi le soir frapper à ma porte pour savoir comment je vais, mais je fais mine de ne pas être là. Tiens l'autre jour elle m'a même laissé de la nourriture devant ma porte peut-être a-t-elle peur que je ne m'occupe pas de moi ? Si seulement elle pouvait venir chez moi pour d'autres raisons que ça ! De toutes manières, pourquoi viendrait-elle ? Pour coucher avec moi ? Hé hé, foutaises ! Je ne veux même pas coucher avec elle, je veux juste la tenir près de moi, la serrer dans mes bras est-ce trop demander ? Il me semble que oui. Je la désire, je l'aime.
La seule fois ou j'ai eu le courage, enfin plutôt la stupidité, de lui avoué ce que je ressentais pour elle était lorsque j'étais à l'hosto. Peut-être devrais-je recommencer, au moins aurais-je une bonne excuse pour ne pas me dérober cette fois. Mauvaise idée !
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Deux mois sans travailler, est-ce que vous imaginez comme c'est dur ? Je veux dire, lorsque c'est un métier que vous adorez, qui vous prend aux tripes, qui compte bien plus que votre propre vie, deux mois sans le pratiquer c'est la mort. Plus j'approche de l'enceinte, plus je sens mon ventre se nouer. Je vais revoir tous les visages familiers Sully, Ty, Christopher (ah, celui-là si je pouvais le descendre !!!) et Faith. Je devrais être content de la revoir mais bizarrement je ne lui suis pas. J'ai peur.
Je descends de ma Mustang. Ca fait du bien de revoir un peu tout ça ça m'avait manqué.
Je reconnais des voix familières derrière moi.
Doc : Hé Bosco !
Moi : Doc !
Il me serre contre lui dans une étreinte ! J'ai horreur de ça d'habitude, mais retrouver la chaleur humaine fait parfois du bien.
Doc : Tu reprends le boulot aujourd'hui ?
Moi : Ouais. Ca va me faire du bien
Doc : Bonne chance alors pour la reprise. Dis-moi ce soir on va au Cho-Cho ça te dirais de venir avec nous ?
Moi : Ben…heu…oui pourquoi pas ! Histoire de reprendre les vieilles habitudes.
Kim : Hé Bos !
Moi : Kim comment ça va ?
Kim : C'est plutôt à moi de te demander ça.
Moi : Un peu le trac !
Kim : Oh tu vas vite te remettre dans le bain. Rien n'a eu le temps de changer.
Moi : Ouais. Bien dans ce cas je devrais me dépêcher sinon Christopher va encore piquer sa crise.
Doc : Ok, à ce soir, on compte sur toi !
Moi : Pas de problème !
Je rentre dans le commissariat. Doc a raison, rien n'a changé, les mêmes personnes, les mêmes choses… mais les regards sont différents j'ai l'impression, je ressens comme une sensation de malaise, comme un froid. Je me dirige vers le vestiaire. Les officiers arrêtent ce qu'ils sont entrain de faire et me regarde comme une bête curieuse. Puis l'un d'eux, Jordan arrive vers moi et me sert dans une étreinte.
Jordan : Bon retour à la maison, Bosco
Moi : Merci
Puis ce fut une procession de poignées de mains et de grands sourires. A croire que tout le commissariat et moi sommes amis. Ty et Sully sont venus me saluer en dernier. J'ai comprit que Ty était particulièrement heureux que je revienne, alors que Sully s'était très bien accommodé à mon absence, enfin c'est ce qu'il dit. Ty m'a fait comprendre que son partenaire s'ennuyait quand même de mon sal caractère !!! Comme quoi on n'oublie pas tout si facilement. Il m'a dit aussi que Faith commençait vraiment à en avoir marre de patrouiller avec Gusler, qu'elle ne supporte plus. Mais elle n'est pas encore arrivée. Ca me rassure étrangement. Je n'ai pas envie de lui faire face, pas tout de suite. La réunion commence, le chef m'adresse un grand sourire et dit quelques mots sur la journée qui va se dérouler, les criminels à interpeller. Je ne pensais pas que mon retour se ferait comme ça, aussi bien. Je m'attendais plutôt à un accueil froid, austère.
Faith : Excusez-moi Lieutenant !
Elle entre dans la salle, puis s'arrête brusquement en me voyant. Je ne peux pas dire si son expression sur son visage est de la joie ou de la peine, mais elle va s'accouder au fond. Ca me fait bizarre de la revoir. J'ai l'impression que nos rapports ne seront jamais les mêmes désormais. La réunion se termine. Je me dirige vers la sortie lorsque quelqu'un me saisit par le bras.
Faith : Bosco !
Moi : Hé !
Faith : Tu vas bien ?
Moi : Oui. Et toi ? Comment vont les gosses ?
Faith : Bien je te remercie. Charlie a eu B à son dernier devoir
Moi : Excellent
Faith : Pourquoi tu n'as pas répondu à mes messages ?
Moi : oh, je…
Comment répondre à une question comme ça ? Comment dire à quelqu'un que vous ne lui avez pas répondu parce que vous étiez trop lâche ?
Moi : J'ai été très occupé. Bon je suis avec Marc Antonio aujourd'hui, histoire de me remettre dans le bain. On recommencera à patrouiller ensemble à partir de la semaine prochaine seulement.
Faith : Bosco…
Moi : Je vais être…
Faith : Il faut qu'on discute il me semble
Falloir, je déteste ce verbe. Il exprime une obligation, une contrainte. Je ne peux pas discuter avec elle maintenant, c'est bien trop tôt. Je ne vois pas ce que je peux lui raconter, tout ce que je voulais lui dire je le lui ai dit, il y a deux mois. Deux mois de gâchés. Deux mois à me morfondre sur un amour que je n'aurais jamais.
