Auteur : Asrial Base: FF8 Genre : démon Titre: Liber Daemonis Rating : PG-13 à R

Liber Daemonis Chapitre 1

Eshtar, 2 mois après la fête de victoire de la BGU

Laguna soupira silencieusement puis repoussa sa chaise loin de son bureau. Linoa se mit à glapir plus fort devant le désintérêt flagrant du président pour ce qu'elle lui disait. La jeune femme finit par se lasser et quitta le bureau en pestant.

Les yeux dans le vague, Laguna fixait son reflet dans la vitre en face de lui. N'eut-ce été le maquillage qu'il utilisait pour se vieillir un peu, il devais admettre qu'il n'avait pas pris une ride depuis ses 25 ans. Comme s'il avait atteint son apogée physique ce jour là et ne devait jamais la quitter avant sa mort. Avec tristesse, il songea a Kyros et Ward que le temps n'épargnait pas, eux. Ils allaient continuer a vieillir et finiraient par mourir alors que lui. Dans chaque fibre de sa personne il se sentait gagner chaque jour en force.

Alors qu'il aurait du déjà patiner sur la piste glissante du déclin physique, il voyait chaque jour sa force physique et mentale s'accroître, ses réflexes s'affiner, son esprit s'aiguiser. Lui qui avait eut besoin d'une quinzaine de secrétaires pour faire son travail de président a son entrée en fonction n'avait a présent plus besoin que d'une seule secrétaire, et encore passait elle de longue heures, les yeux brûlants, a fixer le mur en face d'elle, sans rien avoir a faire d'autre qu'écouter le bruit mou des grains de sable tombant dans le sablier éternel du temps qui passe.

Le bruit d'une porte qui se ferme le tira de ses mornes pensées. Lentement, il se détourna du reflet éternellement lisse qui le fixait avec une indicible tristesse dans le regard. "- Bonjour Squall." Le jeune homme inclina la tête avec une raideur toute militaire que son entraînement seul ne suffisait pas à expliquer. "- Que me voulez vous, monsieur Loire ?" Laguna eut un geste irrité de la main avant de s'asseoir sur le bord du bureau, une lassitude infinie glissant sur son visage sans qu'il y prenne garde. "- Prend moi de haut autant que tu voudras, Squall. Déteste moi, haïs-moi, jure tes grands dieux que jamais tu ne m'accepteras, je suis et je reste ton géniteur. Je ne pourrais probablement jamais être un père pour toi, pas plus que pour ton grand frère, mais je reste ton géniteur. Alors par respect pour les deux centilitres de ma personne qui ont permis ta naissance, je te prierais d'abandonner ton maniérisme stupide, de poser ton cul sur ce sofa et de cesser de me gonfler."

Ouvrant la bouche comme un poisson mort, les yeux exorbités, Squall obéit d'instinct. Il n'avait pas mis longtemps à comprendre qui était Laguna pour lui grâce aux rêves d'Ellone pendant la guerre contre Ultimécia. Aussi n'avait-il pas été vraiment étonné lorsque Loire l'avait fait venir dans son bureau pour "Les Révélations Complètes" , comme s'était amusé à les appeler Zell. Ce qui l'avait surpris, pas contre, était le visage grave et la mine exempte de toute trace de stress ou d'angoisse de son géniteur. Pas de crise de crampes, pas de bafouillis, pas de grattage de nuque agrémenté d'un grand sourire timide et mal à l'aide. Juste le regard profond et calme d'un homme rompus à tout.Et brisé par infiniment plus encore. Lentement, il l'avait vu se lever pour prendre place à côté de lui sur le sofa. Il ne lui avait pas prit la main, il n'avait pas tenté d'adoucir en rien ses paroles. Simplement, Froidement, presque mécaniquement, il lui avait annoncé qu'il était son père et que sa mère était morte en lui donnant la vie. Alors. Alors il l'avait frappé. De toute ses forces. Mettant toute sa colère et sa frustration dans son coup. Sa douleur et son désespoir d'enfant élevé dans un orphelinat, ses peurs et ses déceptions. Toutes ses émotions si longtemps réprimées. Il l'avait frappé pour lui faire mal, dans le secret espoir que peut-être, peut-être, il le lui rendrait et lui donnerait une excuse nouvelle pour l'agresser davantage et le battre comme plâtre.. Mais Laguna n'en avait rien fait. A peine avait-il bougé la tête sous la violence de l'impact. Un mince filet de sang coulant au coin de sa lèvre, seul, pouvait témoigner de la brutalité du coup qu'il venait de lui porter. Un marque rouge puis violette n'avait pas tardée à orner la pommette du Président d'Eshtar sans que celui ci s'en soucie. Lentement, il l'avait pris dans ses bras et l'avais serré contre sa poitrine, le serrant si fort qu'il avait été incapable de se dégager, même s'il l'avait voulu. Vaincu, il s'était laissé allé contre la large poitrine musclée de son père puis avait fondu en larmes comme un tout petit. Pendant de longues minutes, peut-être des heures il n'avait jamais pu savoir, il avait sangloté dans les bras de son père, s'accrochant à lui comme à une bouée de sauvetage. Et Laguna l'avait bercé. Il l'avait cajolé et bercé jusqu'à ce que la fatigue et la tension nerveuse finissent par vaincre sa résistance et l'entraînent sans pitié dans un sommeil agité et emplit de cauchemars. Toute la nuit, Laguna avait veillé sur lui. Cela, plus que tout autre chose avait rendu le chef des SeeDs fou de rage après lui. Pourquoi se permettait-il de se comporter en père. Pourquoi maintenant. Pourquoi n'avait-il jamais été là lorsque, enfant, il avait eut besoin de lui. Il l'avait repoussé et avait fuit. Non son père, mais lui-même. Maintenant, devant cet homme froid et sans passion, si différent des souvenirs qu'Ellone lui avait fait partager, il ne savait comment réagir.

Laguna le fixait, comme en attente d'une quelconque réponse de sa part sans qu'elle puisse franchir sa gorge. Enfin, il soupira et quitta sa place sur le bord du bureau. A longues enjambées souples et félines que même son combattant surentraîné de fils n'aurait pu imiter, il gagna le petit bar du bureau et se servit une longue rasade d'un alcool à la profonde couleur bleu cobalt. "- Ta future est venue ici tout à l'heure." Le visage du jeune homme se ferma de colère contenue avant qu'il n'ai un geste agacé. "- Elle ne cessera donc jamais." maugréa-t-il a mi-voix. "- Le mariage est pour le moi prochain à ce qu'elle m'a dit ?" Squall se dressa sur ses pieds, le visage empourpré de rage impuissante. "- QUOI ?! mais quelle salope présomptueuse !" Laguna lâcha un petit ricanement sinistre qui déstabilisa complètement son fils. "- Je me doutait bien que tu avais un minimum de sens commun." "- Nous avons rompus le soir même de la fête de la BGU.." Grogna Squall en venant se servir un scotch bien tassé. "- Ne bois pas trop." Le chef des SeeDs renifla avant d'avaler le liquide ambré en une seule gorgée. Les joues rosies par l'alcool, il se laissa tomber sur le sofa. "- Ne t'en fait pas, Squall.Si besoin est, je connais un excellent moyen de la faire te lâcher le coude. Son père me doit une faveur ou deux." Dégoûté d'avoir a impliquer un père comme le sien dans sa vie privé, Squall renâcla. "- je peux encore jeter une pouffe irritante tout seul !" Le rictus du Président s'élargit. "- je vois ça." Squall rougit avant de replonger le nez dans son verre vide. "- Vous. Tu.." "- Je ferais ce que je t'ai promis, Squall. Ne te force pas a faire appel a mon sentiment paternel pour obtenir quelque chose de moi. Je t'aiderais en tout au mieux de mes capacités, quand bien même tu ne voudrais plus jamais me voir. Tu es mon fils, Squall. Et je t'aime pour cela. Squall se leva d'un bond. "- Je dois y aller, je suis attendu à Trabia pour l'inauguration du chantier. Laguna hocha la tête sans ajouter une parole. Il ouvrit la porte-fenêtre donnant sur le balcon de son bureau et s'appuya sur la balustrade, la tête renversée en arrière, goûtant le vent glissant dans sa toison d'ébène noircie par les teintures.

Avant de sortit, Squall se retourna pour ajouter une parole pour son père. Excuse ou demande, les murs même du bureau n'en surent rien comme s'étranglaient dans sa gorge ses mots. Sur le balcon, personne ne subsistait. Seule la chemise de Laguna marquait son passage sur l'étroite structure de béton.

***

Dix huit ans plus tôt, Centra.

L'?uf était chaud sous sa paume. Chaud et dur alors qu'il était né mou et frais. Il allait éclore. Une petite brise se leva. Obéissante, elle s'enroula autours de celui qui l'avait conjuré. Premier Elément Instable. Le sable de la Terre désolée se mêla au Vent, le rejoignant dans sa danse . Premier élément Stable. Puis vint l'Eau, naissante a l'écume des vagues jaillissant non lui de lui en un grondement furieux perpétuel. Second Elément Stable. Et vint le Feu, avide et affamé, bondissant et heureux comme un enfant, né au c?ur de son âme torturé car partie intégrante de son être. Second Elément Instable. Alors, Il vint a son tour. Le Dernier Elément. Celui qui conduisait a leur destinée. Celui par qui ils naissaient tous . Celui qui était eux. Eux qui n'étaient qu'une partie de Lui. Et vint le Chaos. Les Quatre Eléments Primaires se contractèrent et se tordirent en un extase infinie qui lui arracha un gémissement de plaisir alors qu'il tombait a genoux, la tête renversée en arrière a mesure que la Chaos dévorait son offrande. Les Eléments gémirent à leur tour sous la pression que leur imposait le Chaos puis se stabilisèrent autours de lui, lui créant pour un instant une enveloppe tangible. Gentiment, il s'approcha de celui qui l'avait appelé et prit son visage entre ses mains de vents avant de souder ses lèvres de feu solide a ses lèvres pleines, plus habituées a sourire qu'a la souffrance qu'il subissait depuis huit ans. Son invocateur gémit, ses mains se perdant sans la chevelure liquide de son maître. Un sourire vint jouer sur les lèvres du Chaos lorsqu'il le lâcha. Ce n'était qu'un enfant sans entraînement mais il était parvenu a l'appeler. Dans toute sa grâce sauvage, son appel avait su trouver le chemin du C?ur du Chaos.. Aussi, était-il venu. Pour libérer la petit vie qui ne demandait qu'à éclore. Il effleura l'?uf du bout des doigts. Une infime fissure apparut avant de se développer le long de toute la coquille. D'une main, il retint la mère tandis que de l'autre, il ouvrait la douce enveloppe pour en sortit un petit corps couvert de fluide bleuté.

Le bébé ouvrit les yeux. Les deux saphirs fixèrent le Chaos sans s'émouvoir. Tranquillement, il tandis une petit menotte potelée aux longues griffes coupantes comme des rasoirs vers lui, tout en agitant ses longues ailes nervurées encore transparente. Le Chaos la prit et lui embrassa la paume, le marquant de son Baiser comme il venait de marquer sa mère. Le bébé bailla et s'endormit. Alors le Chaos le rendit à sa mère. Puis, sur une dernière plainte des Eléments, il repartit. Les Quatre Eléments de délitèrent lentement, caressant encore un instant celui qui leur avait donné une conscience pour quelque minutes, puis, retournant au néant de leur existance, il furent à nouveau. Comme il furent avant. Et comme ils seraient pour jamais. Immuables et impermanents.

A suivre