Auteur : Asrial

Base: FF8

Genre : démon

Titre: Liber Daemonis

Rating : PG-13 à R

Liber Daemonis

Chapitre 8

Planant sur de longues ailes couleur de nuit, aussi invisible qu'une ombre et aussi silencieux qu'un rapace nocturne, le visiteur se posa sur le bord du balcon et sauta près de la fenêtre.

Sans un bruit, il poussa la porte-fenêtre et entra dans le bureau brillamment éclairé.

L'ombre sourit.

Il aimait ce bureau.

Sa seconde maison quelque part…

A pas lent et élastiques de prédateur, comme si ses membres avaient été désertés en quelques jours de toute l'humanité qui s'y était glissé en longues années, elle s'accroupit près de l'adolescent endormit sur le sofa.

Tendrement, elle repoussa les mèches blondes tombant sur le front marqué par le fer de son enfant.

Déjà, elle voyait les stigmates de l'Eveil courir sur sa peau pâle.

Laguna soupira.

"- Seifer ?"

Le jeune homme se dressa d'un coup, prêt à se battre.

"- P…Laguna ?"

"- Papa ?"

"- Vous étiez où ?"

Laguna s'écarta pour laisser à Squall la place de s'asseoir sur le sofa près de son frère et leur prit la main à tous deux.

"- Les événements se précipitent dans les Cours. J'ai été obligé de faire acte d'autorité pour calmer un peu le jeu et en forcer les règles comme je le voulais…"

"- Quoi ?"

"- Il veux dire qu'il commence à préparer ses armes pour manipuler le scrutin à venir, Squall." Expliqua Seifer, complètement réveillé.

Laguna hocha la tête.
Son aîné avait hérité de ses compétences tactiques alors que son cadet avait gagné ses compétences martiales…

Si les choses évoluaient comme il le prévoyait, l'humanité, comme les Cours, bénéficierait grandement de sa lignée…

Il faudrait peut-être qu'il songe à engendrer un troisième rejeton…

Pour l'instant, néanmoins, il avait autre chose à penser.

"- Je ne peux pas rester très longtemps. Il faut que je retourne dans les Cours avant la fin de la nouvelle lune…"

"- Ca nous laisse trois jours…"

Laguna hocha la tête.

"- Pourquoi si peu de temps ?"

"- C'est le temps que mettront les autres Majeurs a présenter leurs requêtes d'abandon devant le Conseil.

"- Quoi ?"

Le démon Majeur soupira.

Il oubliait facilement que ses fils ne connaissaient rien à leur seconde patrie.

"- C'est très compliqué…"

"- Tout ce qui vous implique est compliqué, Laguna." Cingla Seifer en enfilant ses bottes. "Vous allez au moins nous expliquer ?"

"- C'est de la politique…"

Squall claqua de la langue.

"- Alors je vous laisse entre vous. Vous vous en sortirez mieux sans moi qui vais passer mon temps a poser des questions idiotes. Je vais aller vérifier que l'unité est prête pour la sortie de ce matin.

"- Une sortie ?"

"- Esthar est sous le feu Galbadien…."

"- Normal…"

"- Et ils se sont amusés a récupéré le frigo volant et a en sortir Adel…"

"- KOI !"

"- …C'est bien un démon lui aussi, n'est ce pas ?"

Un peu choqué, Laguna se contenta de hocher la tête avant de replier ses ailes pour s'asseoir à la place désertée par son cadet.

"- Quand on y réfléchit, il vous ressemble un peu…"

"- Nous sommes demi-frère, Seifer. Nous avons la même "mère"…Et il est mon aîné de 48 ans…Nos pères sont tous les deux des humains...Nous avons été laissé ici a nous débrouiller par nous même jusqu'à ce que nos pouvoirs fassent surface…Sa maturation a été plus longue que la mienne à cause des circonstances…Nos potentiels se sont révélés a quelques mois d'intervalles seulement. Entre temps notre "mère" était mort et il ne restait personne pour se souvenir de notre existence…J'ai eut la chance d'être repéré et guidé par Lacuniel puisque nous sommes du même élément, lui n'a pas eut cette chance…."

"- C'est pour ça qu'il est devenu fou ?"

"- Il n'est pas fou, Squall…Il est simplement complètement dominé par son Elément Primaire…Si nous parvenions a l'isoler de son élément le temps de lui apprendre a le contrôler, il redeviendrait un démon majeur parfaitement fonctionnel…Oui….C'est un risque a prendre…Il nous serait sans prix de l'avoir a nos cotés pendant le vote…Et il n'est pas de l'Eau…Il est du Temps…"

"- ….Si vous le dites…"

"- C'est compliqué…"

Les deux jeunes gens eurent un sourire en coin.

"- Où est Kyros ?"

***

L'ancien soldat galbadien gémit.

Il avait mal au crâne et la désagréable impression que son estomac était prêt à prendre son indépendance de sa petite personne a chaque instant.

Et ce durait depuis des semaines…

Depuis qu'il était arrivé ici en fait…

Le ici n'ayant absolument pas la moindre signification pour lui bien entendu.

Tout ce qu'il s'avait, c'est qu'il était dans une geôle étrange, entouré d'êtres bizarres qui le nourrissaient de choses inconnues de lui et qui tendaient a le rendre malade comme un chien.

Deux fois il avait voulu refuser la nourriture qu'on lui apportait, mais les deux fois, ses geôliers l'avaient nourris de force tout en gazouillant dans une langue étrange qu'il ne reconnaissait pas.

Le cœur au bord des lèvres, il se traîna comme il pu jusqu'au broc de cristal en permanence remplis d'eau fraîche et l'avala d'un traite. A peine l'avait-il reposé que l'eau avait repris son niveau initial dans l'aiguière.

Il y avait beau temps qu'il ne se souciait plus de ce petit miracle, le cerveau trop chamboulé pour penser.

La porte de la prison s'ouvrit pour laisser passer une haute silhouette chaussée de cuir ferré -la seule partie de l'anatomie du visiteur qu'il pouvais voir sans faire l'effort surhumain de lever la tête- et harnaché de plus de métal brinquebalant qu'il pouvait en distinguer a l'oreille…

"- Levez le."

Deux poignes solides se glissèrent sous ses aisselles et le hissèrent sur ses pieds.

Une main gantée lui souleva le menton sans douceur.

Kyros eut un geste de recul.

Les yeux étrécis par la réflexion, l'homme…non, le démon en face de lui le fixait avec intensité…Les prunelles bleues azurs fendues horizontalement comme celles d'un étrange chat lui donnaient l'impression de chercher a lui arracher les moindres secrets de son âme sans qu'il puisse faire quoique ce soit pour l'en empêcher…

Haletant, Kyros chercha a échapper eu regard du démon.

"- Portez le."

Les deux gardiens le traînèrent derrière leur supérieur jusqu'à une pièce qui n'avait plus rien d'une geôle et tout d'une chambre.

Fermement, il le jetèrent sur l'immense lit et sortirent.

"- Bien… Excusez les manières des Daemonites, ils n'ont pas vraiment l'habitude de se retrouver fasse a des humains…"

"- Qu…Qu'est ce que vous voulez ?"

"- Votre coopération, tout simplement."

"- Pourquoi ?"

"- Votre ami veux le trône…Nous avons d'autres projets."

Kyros fixa le démon aux courtes ailes verdâtres avec stupéfaction, la bouche ouverte.

"- Mais de quoi vous parlez ?"

Le démon quitta sa chaise avec colère et le saisit par le menton.

"- Ne me ment pas, humain…."

"- Je ne comprends pas !"

Une main griffue se posa sur son front, égratignant sa peau de ses écailles aux bords coupant comme des rasoirs.

Alors que l'humain allait hurler de douleur, les tempes vrillées par un étau brûlant, le démon le lâcha.

"- Ikerean est prudent…"

Sans ajouter quoi que ce soit, le démon sortit, visiblement contrarié et inquiet.

Kyros se recroquevilla au milieu du lit.

Il ne comprenait pas ce que ça signifiait…Juste que Laguna n'était finalement peut-être pas le bouffon qu'il avait toujours cru.

Il se sentait vaguement trahis.

***

"- Disparu…."

"- Je suis désolé, père…Personne ne sait où il est depuis que vous aviez vous même mit les voiles…"

Laguna ne parus pas entendre les paroles d'excuses de son fils.

"- Disparu…"

"- Laguna ?"

"- Disparu…..Kyros…a …Disparu…"

"- Je suis désolé…"

Les pièces du puzzle se mettaient rapidement en place dans sa tête.

Ca expliquait beaucoup de chose…

L'absence de tentatives de ralliement de son clan, les alliances qui se faisaient et se défaisaient aussi vite qu'inutilement entre chaque famille, a l'exception de la sienne…

Le manque de réaction de ses collègues…

Ils n'avaient pas besoin de le charger, ils avaient déjà leur moyen de pression...

Un hurlement de rage s'échappa de la gorge de Laguna alors qu'il balayait le bureau de métal d'un revers de la main à travers la fenêtre, envoyant le meuble de plus d'une tonne décorer le devant du palais présidentiel, 150 m plus bas…

Crachant et feulant comme un fauve, il réduisit en pièce tout le mobilier du bureau avant d'ouvrir ses ailes en grand et de cracher quelque mots dans une langue qu'aucune gorge humaine n'aurait pu articuler.

Un flot aqueux se matérialisa entre ses mains grandes ouvertes qui frappa les décombres de la pièces comme autant de dards aigu et meurtriers.

Enfin, le Demon majeur se calma.

Lentement, il repoussa les mèches blanches qui avaient volées sur son visage et se détourna du carnage mobilier.

Encore tremblant de la tête au pied, il murmura deux mots dans la même langue gutturale qu'il venait d'utiliser et ses vêtements en lambeaux disparurent, remplacés par une espèces de toge de soie noire presque transparente qui gaina ses muscles comme une seconde peau.

 "- ….L…Laguna ?"

"- Quoi ?"

"- On peut sortir ?"

Laguna cessa de fixer la nuit au dehors et fixa le canapé renversé sous lequel Seifer avait projeté Squall avant de le recouvrir de son corps.

"- Désolé…"

Les deux frères émergèrent au milieu du désastre, livides.

"- …Bon sang…"

"- Seifer, Squall…"

Lesdeux jeunes hommes se raidirent sous le ton glacial et dur de leur père.

"- Laguna ?"

"- Pour Kyros…Considérez le comme mort…"

"- Mais…."

"- Il est au mains d'un faction rivale. Si il n'est pas encore mort, ils vont l'utiliser pour nous faire chanter. C'est évident."

"- Mais il fait le sauver !"

Les yeux de Laguna se firent plus durs que du diamant.

"- J'aimerais. Mais ce n'est pas possible. Kyros est mort. Mettez vous ca dans le crâne. Les démons ont de nombreuses capacités, celle d'utiliser aussi bien des cadavres en leur donnant l'apparence de la vie que d'oblitérer l'esprit d'un humain pour le remplacer par leur propre vouloir. Si Kyros revenait, nous ne serions même pas sur que ce soit lui…"

"- Vous ne voulez quand même pas…" Squall fixa son père avec horreur. "Non !"

"- Si…Si vous le voyez…Tuez le…"

***

Adel battit des paupières pendant de longues minutes.

Autour de lui, les champs blancs et aseptisés d'un hôpital.

Au dessus de lui, un médecin affairé a le recoudre…

A quelques mètres, des présences qu'il connaissait et craignait par dessus tout…

Plus loin, des humains…

Encore plus loin…À plusieurs centaines de kilomètres au nord, une résonance jumelle…

Il ferma les yeux et se sentit s'effacer.

Il se concentra sur la résonance…

Il la connaissant depuis longtemps…

A chaque fois, elle lui avait apporté le repos et le soulagement.

Il n'entendit qu'a peine les exclamations de surprises des médecin lorsque son corps disparus de la table d'opération et se fondit dans le sol comme s'il n'avait jamais existé.

Il n'entendit pas les jurons sanglant des "autres" qui ne s'attendaient pas à sa fuite…

Il suivait juste la résonance que lui transmettait la Terre.

Le son de l'Eau

A suivre.