Auteur : Asrial

Base: FF8

Genre : démon

Titre: Liber Daemonis

Rating : PG-13 à R

Liber Daemonis

Chapitre 11

"- Arrêtez la voiture ! ARRETEZ LA VOITURE !!!"

Le glisseur s'immobilisa en catastrophe au milieu de nulle part et les quatre militaires s'en extirpèrent juste à temps pour ne pas finir engloutit par la faille soudaine qui venait de s'ouvrir dans le sol.

"- Bon sang, mais qu'est ce qui se passe !"

"- J'en sais rien !" Cracha Squall en tirant l'un de ses subordonnés à l'abri sous un roncier.

Une pluie de pierres jaillit d'une nouvelle crevasse en formation leur tomba dessus.

Squall s'aplati au sol, protégeant son ordonnance et son pilote de son corps puis jeta sa veste en kevlar sur sa tête pour se garantir des éclats pointus qui s'enfonçaient dans ses jambes.

Grondant de douleur, il attendit que la séisme soit passé puis sortit de sous leur maigre protection.

"- Tout le monde va bien ?"

Groggy, les trois soldats acquiescèrent.

"- Bon sang! Mais qu'est ce qui se passe !"

"- C'était juste un tremblement de terre." Temporisa le pilote.

"- Non. C'était bien plus que ça…" Observa Squall, lugubre, les yeux fixés sur Eshtar.

Sans vraiment prendre garde a ses gestes, il pansa machinalement ses plaies et celles de ses hommes puis se mit a courir vers la ville.

Tout à ses sombres pensées, il n'entendit pas son sous-lieutenant appeler le camp de plus proche et demander un véhicule.

Il courait.

***

Le palais tremblait sur ses fondations…

Seifer convulsait sur le sol du bureau…

Adel s'était recroquevillé sur le sofa en gémissant…

Et lui, il ne savait que faire…

Avec fureur, il utilisa ses dons et replia son esprit sur lui même. Une violente lumière noire lui brûla les yeux puis tout se figea.

Il soupira…

Ou voulu le faire.

Il avait réussit…

Satisfait, il observa la scène devant lui avec plus d'attention.

Tout était figé, plongé dans une pénombre difficile à percer mais suffisante néanmoins pour qu'il puisse se faire une idée de la situation.

Rigide, incapable de bouger dans le Non-Temps qu'il venait d'invoquer, il réfléchit.

Le Non-Temps lui laissait loisir de réfléchir aussi longuement qu'il lui serait nécessaire.

C'était l'un des dons les plus remarquable et les plus basique des habitants des Cours.

Non que le temps se soit figé pour lui, simplement son esprit s'était dilaté suffisamment pour se replier sur un instant unique, infini et inexistant à la fois, le moment entre deux secondes, la virgule de temps entre deux instants…

Et il était à l'intérieur de cette bulle de néant temporel…

Rien ne bougeait…Rien ne pouvait bouger. Juste son esprit qui travaillait en surmultiplié pour lui laisser ainsi le temps de travailler à sauver sa vie et celle des autres…

L'ultime arme d'un démon pour protéger les siens…

Il prit son temps…puisqu'il n'existait pas…

Autour de lui, la scène disparaissait lentement dans les ténèbres, les rares photons encore a en mouvement s'immobilisant l'un après l'autre tandis que la transe temporelle se stabilisait.

Bientôt, il ne vit plus rien que quelques taches lumineuses et infimes titillant ses rétines avant de mourir lentement…mais cela ne lui était plus nécessaire.
Il réfléchissait.

Il ne respirait pas non plus, cela ne lui servait a rien puisque son corps, comme ceux des autres, était piégé entre deux instants.

Il réfléchissait…

Raffermissant son contrôle sur lui même, il se distancia de ses émotions.

Le Non-Temps se raffermi encore, se dilatant davantage autour de lui jusqu'à figer les ultimes particules de lumière qui jaillissait encore des ténèbres comme de minuscules lucioles.

Enfin.

Il pouvait travailler.

Adel….

La terre tremblait…

A cause de lui…

Logique…

Enfin libéré de son confinement, son Elément rattrapait le temps perdu et tentait de profiter de sa faiblesse pour le posséder enfin pendant qu'il n'était pas en état de le repousser…

Aussi vite qu'elle le pouvait, la Terre essayait de lui faire ingurgiter des connaissances qu'il aurait du mettre des années à acquérir tout en essayant de soigner son esprit blessé par l'incessant combat contre lui même que le Démon, devenu sorcier par la force des choses, avait engagé lorsque la Terre s'était révélée a lui, vingt-cinq ans plus tôt…

Tout a sa douleur, aussi bien physique que psychique sous l'assaut d'énergie, il réagissait de la seule façon qu'il pouvait, en dressant la Terre contre elle-même, dressant des bouclier Elémentaires entre son élément et lui…Sans se rendre compte qu'il ne faisait qu'augmenter sa douleur…

Laguna repoussa son premier élément de réponse au fond de son esprit. Il pouvait se concentrer sur la suite.

Seifer…

Lui aussi subissait l'asseau de son élément…Mais se refusait à le repousser.

Inconsciemment, il l'avait suivit et écouté lorsque Adel avait appelé à l'aide dans les bas fonds du Palais.

Sans s'en rendre compte, il avait étreint l'Eau a bras le corps et la tirait brutalement a lui pour s'en nourrir…

S'en comprendre que son corps actuel n'était pas assez fort pour l'étreindre et l'accueillir sans dommage.

Laguna eut un sourire intérieur et relâcha sa concentration.

Le Non-Temps vacilla et il rejoignit le cours universel du temps qui passe.

A genoux, il rampa jusqu'à Adel et le gifla à la volée.

Choqué, le sorcier se figea.

De même que le sol.

L'étreignant a bras le corps, Loire le secoua un instant jusqu'à ce qu'un zeste de cohérence revienne dans les prunelles rouges sang puis disparaisse a nouveau lorsqu'une nouvelle secousse ébranla la ville entière.

S'il continuait ainsi, les galbadiens parviendraient à investir la ville pour ne tomber que sur champs de ruines…

Il ne lui restait plus beaucoup de solutions…

Redoutant les effets a long terme de son acte mais plus encore sa non-intervention, il posa une main sur le front de son demi-frère.

Les dents serrées sur un cri silencieux, il plongea dans la psyché blessée de son aîné.

Luttant pour ne pas se perdre dans le maelström de douleur et de terreur du démon de la Terre, il apaisa lentement l'Elément puis chercha l'étincelle de cohérence de son frère.

Avec toute la douceur que seul un démon de l'Eau ou de l'Air pouvait mettre, il le calma, le caressa et le réconforta.

Tendrement, il serra son frère entre ses "mains" mentales, puis déroula son âme devant lui comme il l'aurait fait d'une toile taché et usée.

Avec précaution, il entrepris de ravauder l'esprit blessé puis de l'instruire en ces matières qui lui faisaient défauts.

Il ne lui montrait pas, il ne l'instruisait pas par l'exemple.

Il se contentait d'ouvrir son âme a celle de son aîné pour qu'il s'en imprègne et s'en gorge.

Aussi doucement qu'il l'avait sentit se détendre après l'avoir calmé, il le sentit revenir progressivement à la conscience.

Au milieu du néant glacé qui les contenait tous les deux, les deux frères se lièrent l'un à l'autre…

Comme il se devait de toute éternité…

***

Cours démoniaques, Cercle Elémentaire Inférieur.

Le cercle noir se figea soudain.

Il était seul.

Comme d'habitude…

Rares étaient les démons et daemonites qui se souvenaient de son existence…qui se souvenaient qu'il était leur père et leur mère a tous.

Qu'il était l'essence même de leur monde et de leur vie…

Juste une poignée s'en souvenaient…

Ses enfants…
Les vrais…

Ceux pour lesquels il sortirait…et était sortit…de sa léthargie millénaire pour les protéger et les aider…

Ses enfants…

Ikerean faisait partie de cette poignée…

Et son frère venait enfin de le rejoindre.

Le cercle noir et sirupeux s'agita soudain.

Heureux comme un enfant, il se dressa sur ses ergots et envahis Cours, Cercles et Domaines.

Un instant, tout fut Noir.

Un instant, tout fut Néant.

Un instant, tout fut Chaos…

Et lorsqu'ils revinrent, les démons se prirent à craindre pour leur vie…

Alors même qu'ils auraient du se réjouir d'une double naissance…

Le Chaos réduit son chant a un simple murmure...

Plus attentif qu'il ne l'avait été depuis des siècles au monde des humains, il attendit.

Ses enfants…

Tous ne lui étaient pas encore venus…

Mais ils viendraient…

C'était ainsi qu'il l'avait voulu…

***

Laguna haletait.

Il était épuisé mais n'avait pas le temps de se reposer.

Une main se glissa sous son aisselle et l'aide à se relever en même temps qu'il la sentait lui transmettre de l'énergie et renouveler ses forces.

Adel lui sourit et le remercia silencieusement de ce qu'il avait fait pour lui…et pas qu'a l'instant…

En silence, le démon tout nouvellement éveillé replia avec précaution ses longues ailes brunes comme la terre fraîchement retournées, fines et translucides comme des ailes de papillons.

Laguna le serra contre lui un instant puis s'accroupit près de son fils.

Il lui brossa les cheveux en arrière.

De longues mèches rouge sang parcouraient désormais sa crinière blonde, signe visible des progrès de l'Elément dans organisme en pleine mutation.

La bouche ouverte sur un cri de douleur qui ne connaissait ni fin ni merci, il se tordait en tout sens à la cherche d'une impossible issue à sa souffrance.

Laguna le souleva dans ses bras et lui embrassa le front.

Déjà, une mèche blanche barrait sa tempe et s'élargissait lentement tandis que son élément secondaire venait renforcer l'agonie de leur maître…

La porte du bureau s'ouvrit soudain.

"- Présid…..MON DIEU !"

Ikerean fixa sans crainte sa secrétaire et les omniborgs qui l'accompagnaient.

Il posa son fils dans les bras d'Adel et ferma les yeux.

Sous le regard effaré des humains, il redevint l'homme qu'ils avaient toujours connu, hormis ses ailes encore grandes ouvertes dans son dos, rappel improbable de sa nature étrange.

"- …M…Monsieur Loire ?"

"- Du calme, Jessica." Lui sourit-il en lui posant un doit sur les lèvres. "Les réponses viendront…C'est bien moi…Vous venez simplement de voir ce que je suis en réalité…Vous n'avez rien a craindre de moi."

La secrétaire se détendit.
Elle reconnaissait l'homme malgré le démon qui perçait en lui.

Elle le connaissait depuis vingt ans.
Elle lui faisait confiance.

Laguna eut un petit sourire railleur et jeta un coup d'œil en coin à son frère.

La Terre pouvait être subtile pour qui savait la manier.

Et Adel était désormais un maître égal à lui même en ces matières.

Pareillement, les soldats se détendirent les uns après les autres, près a recevoir els ordres de leur président.

"- Jessica, prenez note s'il vous plait. Je doit m'absenter un temps certain. En mon absence, c'est mon frère qui se chargera d'Eshtar avec mon fils Squall. "

"- Bien monsieur…..Votre …frère ?"

Laguna désigna Adel tout en reprenant son fils dans ses bras.

"- Oui… Mon grand frère…Tresikael Lacuniel…Mais vous le connaissez mieux sous le nom d'Adel…"

Avec un petit rire, il fracassa la vitre d'un geste de la main puis ouvrit ses ailes et sauta dans le vide, ne laissant que quelques lambeaux de chemise voleter lentement vers le sol.

***

Squall arracha brutalement le volant des mains du chauffeur et lui écrasa le pied sur la pédale de frein.

Le camion fit une embardé et faillit se coucher sur la route.

Il en bondit puis leva les yeux vers le ciel.

"- C'est quoi ce truc !" Souffla un de ses soldats en voyant une forme noire et humanoïde sur découper sur le bleu du ciel.

"- Ca ? C'est une excellent nouvelle, messieurs…"

Eclatant de rire, il remonta dans le camion, poussa le conducteur de sa place et fit demi-tour.

Sans se soucier des protestations de ses hommes, il mit cap sur la mer….

***

Laguna volait aussi vite qu'il le pouvait.

S'il avait pu "guider" son frère sur le chemin de la connaissance et du contrôle de son Elément, il lui était impossible de faire la même chose avec son fils…

S'il l'avait fait, son âme et la sienne auraient été irrémédiablement liées l'une à l'autre…

Hors, son fils était déjà destiné à un autre…

Même s'il ne le savait pas encore…

Une balle vola a son oreille.

Il remonta de quelques mètres et étala davantage sa voilure comme il parvenait près de la mer.

Profitant des courants ascendant qui s'élevaient de l'océan tout proche brûlé par la caresse du soleil, il déborda bientôt l'armée galbadienne stationnée sous lui puis fit des cercles au dessus des flots a la recherche de l'endroit idéal.

Bientôt, a mesure que les soldats utilisaient leurs jumelles et le voyaient, les balles cessaient de voler jusqu'à lui, vite remplacée par le murmure indistinct de 20 000 hommes inquiets et effrayés par la créature qui les observait…

Enfin, Laguna trouva le lieu qui lui convenait.

Avec tendresse, il embrassa son fils sur le front et le lâcha.

Sans une plainte, Seifer chut de quelques centaines de pieds et tomba dans l'eau.

Un instant, l'océan donna l'impression de s'ouvrir et de s'incliner devant lui pour le recevoir.

Un instant, les soldats eurent l'impression que la mer allait s'écarter de lui pour le préserver de sa froide caresse humide.

Puis, tout fut finit.

Les lèvres d'eau se refermèrent sur lui en crachant un pylône d'écume comme une plaie infectée recrache son pus en une giclée répugnante.

Avec un immonde bruit de succion, l'eau l'englouti, comme cherchant à le digérer et à faire sienne son essence…

Les soldats reculèrent instinctivement lorsque la créature ailée descendit lentement vers la mer à son tour.

L'écume s'apaisa un instant autour du point de chute de sa victime puis bondit vers le ciel avant de s'immobiliser.

La créature se posa sur le promontoire solidifié puis s'agenouilla dessus.

Presque avec tendresse, il caressa le sommet de la colonne aqueuse de dos de la main.

Le pylône vibra doucement en émettant une unique note très pure.

Un sourire satisfait effleura les lèvres du démon sui écarta les bras et les ailes, toujours agenouillé.

Le visage tourné vers le ciel, il chanta à son tour une note unique, idéal contrepoint de celle de la mer.

Les soldats frémirent lorsqu'une troisième note suppléa le déchant du démon.

Doucement, d'infimes serpents noirs et huileux vinrent des profondeurs de l'océan et montèrent le long du pylône.

Lorsqu'ils touchèrent le corps de la créature, l'harmonie des trois notes explosa en un accord si puissant que tous les humains à 100 Km à la ronde s'évanouirent sur le sol, les mains crispées sur les oreilles.

Au milieu de l'Accord Majeur, Squall descendit de voiture sans se soucier de ses soldats évanouis.

Le Pylône siphonnait lentement l'océan autours de lui…

Et seul restait Ikerean, à genoux sur son trône d'écume, les yeux vers le ciel, et le cœur au plus profond des eaux, près de son fils…

A suivre…