Le lendemain, alors que tous dormaient encore, Gilraen descendit dans le petit salon qui devait être vide. Elle ne pouvait plus dormir, et sans cesse elle pensait à ces prophéties. Le coeur battant elle remarqua qu'Arathorn était aussi dans le salon. Il leva les yeux à son approche, mais ils ne dirent pas un mot. Elle s'assit à ses côtés, il était penché sur une carte. Il commenta doucement:

- Nous avons de sombres années devant nous. Depuis bien des années le royaume d'Arnor est tombé sous Angmar. Nous ne sommes plus rien de la splendeur qu'était les deux royaume réuni...


- Peut être que nous reviendrons à cette unité...


Il secoua la tête tristement:

- Il ne me semble pas. De nombreuses menace nous attendent. Si nous ne ripostons pas, surtout si nous ne résistons pas, tout cela tombera en ruines....


Gilraen fronça les sourcils:

- Mais pourquoi votre père ne va pas réclamer le trône du Gondor?


- Le temps n'est pas encore arrivé... Et après tout; Regardez nous, nous ne sommes que des rôdeurs. Usé et souillé par la labeur. Rien de noble reste en nous. A part le sens du devoir et de l'honneur...


- Vous vous trompez! Quand je vois votre père, ou vous, (elle rougit) je vois une telle noblesse, un tel courage et force que je suis admirative. Le sang de Numenor est encore dans vos veines et surtout vous actions sont digne d'un haut roi...


Il eut un fugitive sourire puis son visage redevint grave.

- Vous parlez très bien Gilraen. Mais il y a tellement raison qui nous empêche de venir dans la cité sans couverture et la tête haute. C'est à cause de notre ancêtre que la terre du milieu a été morcelée... L'anneau...


- Mais n'est ce pas le passé? Votre valeur et vos labeurs ne peuvent elles pas rétablir tout cela?



- Certainement mais...


Gilraen soudain écarquilla les yeux et murmura d'une voix profonde et presque irréelle:

- Quand la guerre tentera de détruire les derniers vestige des deux royaumes, quand la guerre tentera d'anéantir la liberté des peuples,
quand la guerre laissera le mal reprendre des forces
Tout ce qui est or ne brille pas.
Tous ceux qui errent ne sont pas perdus.
Des cendres un feu s'éveillera.
Des ombres une lumière jaillira.
Renouvelée sera l'épée qui fut brisée.
Le sans-couronne sera Roi.


Arathorn fronça les sourcils et demanda d'une voix inquiète:

- Gilraen?


Celle ci secoua la tête et demanda péniblement:

- Qu'ais je dis? Une prophétie?


En ce temps là, les feuilles et les plumes rare, les hommes avaient développé une excellente mémoire. Ainsi Arathorn répéta ce qu'elle avait dit. Ensemble, d'un air incrédule et effaré ils réalisèrent la signification de ce poème. Il y avait de l'espoir...

Ils restèrent encore quelques minutes à se regarder silencieusement quand subitement Arathorn déclara:

- Je vais partir dès que mes hommes seront levé. Quand nous retrouveront notre compagnon nous iront plus loin, vers Mirkwood où une menace pèse...


Dans l'émotion du moment, Gilraen demanda stupidement:

- Cela va être dangereux?


Et pour la première fois il la couva d'un regard très tendre, ce regard qui était auparavant mystifié:


- Les dangers nous les côtoyons tout les jours. Mais cela est notre devoir. Notre dette à payer. Mais laissons ces préoccupations Gilraen... J'ai... J'ai une question.


Son visage habituellement grave et sage, s'ouvrit pour montrer le jeune homme ivre de vie qu'il était au fond....

- Êtes vous fiancé à ce jeune homme?


Après le ballet de leur regards, des discrète et éparse conversations, cette question brusque et directe les fit sursauter tout deux. Gilraen, les yeux baissé répondit:

- Nullement...


- Un tendre attachement?

Elle leva les yeux, il la fixait aussi de ses yeux plus bleu que gris:

- Croyez vous que j'agis avec tout les hommes de la sorte?


Il eut un léger sourire amusé:


- Dame Gilraen, pardonnez moi c'est certainement l'émotion qui me rend soupçonneux. Je sais que nous n'avons quasiment jamais parlé et que nous nous sommes vu que deux fois. J'ai 54 ans, la différence d'âge est guère une préoccupation car bien des gens sont séparé de tant d'années. Mais vous êtes encore si jeune. Je ne suis pas aussi sans savoir que votre père n'acceptera jamais que sa douce fille soit l'épouse d'un chef des dúnedain mais...


Il ne finit pas sa phrase, elle comprenait sans qu'il aille à s'exprimer... De toutes ces longues années où il avait croisé de nombreuse femmes dans des villages appauvris et des châteaux elfique, jamais il n'avait ressenti une telle émotion avec une femme... Elle était certainement jeune, mais il savait qu'elle détenait une sagesse au dessus de celle des autres femmes. Et que c'était elle qui l'attendait quand toutes ces nuits glaciales dans les terres sauvages il avait eu comme seule compagne la faible lune. Il lui prit délicatement la main et la baisa. Elle murmura très doucement:


- Je vous attendrai... Arathorn...

C'était la première fois qu'elle prononçait ce nom, et cela sonnait comme une promesse alors il répondit de la même sorte:


- Je reviendrai... Gilraen...