L'hiver fit place au printemps, quand on croyait que plus jamais la chaleur du soleil viendra réchauffer nos mains, les premières primevères apparurent... Gilraen accompagnée de sa soeur faisait de longue promenade au bord du lac Enunial... Le temps semblait suspendu dans ces terres vides, au loin on pouvait voir les ruines de l'ancienne cité des dunedains. Souvent Alraen observait sa soeur avec attention et lui demandait à ce qu'elle pensait. Gilraen mentait, à tous, son père comme sa soeur et surtout à son coeur. Elle se disait qu'elle n'aimait pas Arathorn, qu'elle devait se lié au jeune Urad. Elle cessa presque de manger et de boire tellement son esprit était torturé... Entre les désirs de son père et ceux de sa mère, elle ne savait plus ce qu'était sa propre volonté...
Cette après midi les deux soeur marchaient sans parler. Perdue dans ses pensée Gilraen sentait le regard inquisiteur de sa soeur sur son visage, mais elle continuait à guetter l'horizon... Elle allèrent trop près des ruines cette fois... Une drôle d'impression les berçait, la mélancolie et cette réalité: qu'aucun royaume des hommes ne durera éternellement... Ici les sorciers d'Angmar avaient réduit le rêves des dúnedain en poussières... Elles étaient tellement songeuse, qu'aucune d'entre elles entendirent un être se glisser vers eux. Ainsi toute deux sursautèrent en voyant devant elle un grand elfe aux long cheveux sombre. Il les salua et expliqua qu'il venait donner un message à Dírhael. Sachant qu'un elfe ne leur fera jamais de mal, les deux jeunes femmes l'accompagnèrent jusqu'à leur village. Adroitement et très discrètement Gilraen soutira des nouvelles d'Arathorn. De nouveau elle pouvait sentir les questions de sa soeur.
Arathorn allait bien, à ce qu'elle pouvait imaginer. On fit un très bel accueil à l'elfe. Ce soir là la table de dîner fut illuminé de nombreuses bougies et le troubadour chanta de toute son âme. Apparemment les dúnedain préparaient une embuscade d'une assez consistante armée d'orcs (minime comparé aux armée lors de la guerre de l'anneau) et ils demandaient à Dírhael d'envoyer des hommes... Pendant un minuscule instant Gilraen s'imagina chevauchant vers Arathorn. Puis elle se mordit cruellement la lèvre, chassant des idées frivole. Là bas dans ces lieux inconnus elle ne lui sera d'aucune aide. Une autre pensée encore plus torturante s'ancra dans son esprit et s'il l'avait oublié pour une merveilleuse elfe? Elle ne toucha pas son assiette et reprit son verre de vin. La tête lui tournait, mais elle en avait l'habitude. Depuis qu'elle ne mangeait plus à sa faim tout semblait étrange, irréellement frivole... Retenant ses larmes elle remarqua l'elfe qui la dévisageait. Elle se redressa brusquement, si Arathorn s'informait de sa santé l'elfe lui racontera qu'elle se faisait mourir de faim. Avec acharnement elle enfourcha une bouchée, même si elle ne pouvait que goûter des cendres elle l'avala...
La soirée se prolongeait comme quand on avait droit à des invités. Gilraen s'excusa et alla rejoindre sa chambre. Alors qu'elle était en train de démêlé ses cheveux on frappa à la porte. C'était l'elfe qui se tenait devant elle, il tenait dans sa main un objet entouré d'un soyeux et précieux tissu.
- Sire Arathorn m'a demandé de vous donner cela en passant et de vous saluer de sa part...
Alors qu'il lui donnait le paquet, elle murmura:
- Merci... Remerciez le aussi...
Avant de partir l'elfe sourit encore:
- C'est l'anneau de Barahir, celui que le père de Beren reçut pour avoir sauvé Finrod. Un anneau de famille...
Il s'inclina et disparut. Gilraen défit le paquet et sortit l'anneau. Il était fait pour les doigts d'un homme, en argent où était montée un superbe émeraude. La serrant contre son coeur elle éclata en sanglots. Ce qu'elle se sentait puérile! Il lui avait promit... Assise devant sa coiffeuse, elle enfila l'anneau dans une chaîne d'argent qu'elle mit autour de son cou et la cacha dans son corsage. Puis écartant ses lourds cheveux de son visage elle se contempla dans le miroir. On disait d'elle qu'elle était belle, mais une certaine jeunesse se trahissait dans son visage. Elle aura 21 ans dans un mois, et dans deux mois cela fera un an depuis sa première rencontre avec Arathorn. Rasséréné par ce cadeau secret, elle dormit paisiblement cette nuit, ne remarquant même pas quand sa soeur se glissa dans la chambre pour aller dormir. D'habitude cette paranoïa qui la rongeait l'empêchait de dormir jusqu'à ce que sa soeur s'endorme.
Le lendemain alors qu'elles déjeunaient, Urad vint se présenter. Il désirait avoir un mot avec Gilraen. Il portait l'ensemble habituel des dúnedain. Elle le suivit dans le couloir, puis l'écouta parler d'une voix intimidée mais fière:
- Je vais aller en guerre, avec les elfes sous les ordres de sire Arathorn. C'est un excellent capitaine d'après ce que ton père m'a raconté. Ton père qui a d'ailleurs donné la permission pour que je te demandes quelque chose...
Gilraen n'avait pas imaginé que quelqu'un d'autre demandera sa main avant Arathorn. Elle tressaillit et porta sa main sur la bague cachée sous son corsage...
- Voudrais tu m'épouser? Je sais que je ne suis pas de haut lignée.Mais si je racontes cela au capitaine Arathorn je suis sûre qu'il me gradera!
Gilraen eut un sourire ironique et amère. Que pouvait elle faire? Elle n'avait pas de motif de refus. Ainsi elle s'étonna elle même quand elle déclara:
- J'ai déjà fait une promesse. Je ne peux pas accepter...
Le pauvre Urad bégaya, faisant pitié à la jeune femme:
- Mais.. Mais... Ton père...
Puis il inspira calmement et prit un air d'importance, qui semblait pathétique quand Gilraen pensait à la noblesse naturelle d'Arathorn.
- Je vois... Voudrais tu quand même considérer ma demande? Je pars demain, ainsi tu as le temps d'y réfléchir...
Elle hocha la tête et retourna dans la salle à manger. Son coeur battait très fort, elle savait parfaitement qu' Urad ira en parler à son père. Et que dira t'elle? Qu'elle s'était lié à un homme sans avoir demandé son avis ou l'avoir avertit.
Au lieu de manger, elle se tordait les mains convulsivement... Elle se sentait tellement jeune et vulnérable dans ce monde dure et froid. Mais elle avait un chemin à suivre, un destin à accomplir... Sa soeur à côté d'elle l'observait du coin de l'oeil, Gilraen avait oublié de cacher son anneau dans son corsage. Elle ignorait quoi faire, alors feignant un malaise féminin elle s'enferma dans son petit boudoir et arpenta la pièce toute la journée.De la fenêtre elle pouvait voir les homme se préparer à aller à la guerre. Suivre leur devoir était tellement plus simple pour eux... Elle savait que si elle dévoilait son attachement avec Arathorn et leur promesse. Tout leur chance d'être accepté par son père s'envoleront...
Se lavant le visage avec de l'eau glacé elle descendit manger le souper. Même si la faim avait totalement disparut. Le soleil venait de se coucher et l'air était doré presque irréel. Normalement Gilraen aimait ce moment où la terre avait la splendeur d'une reine parée de tout ses bijoux....
Ce soir là la famille mangeait toute seule. Personne ne parlait, quand enfin Dírhael déclara:
- Urad est venu me voir ce matin...
Gilraen cessa de jouer avec sa nourriture et leva les yeux. Après l'agonie de l'attente, une confrontation directe semblait beaucoup plus saine...
- Il m' a dit que tu l'as refusé car tu avais déjà fait une promesse à quelqu'un...
Une question ébranla le calme apparent de Gilraen.... Mentir ou pas? Sa mère qui avait maigrit et était malade depuis l'hiver n'écoutait même pas. La jeune femme se sentait tellement seule. Ce fut sa soeur qui brisa le silence et brisa son coeur...
- Moi je sais à qui elle a fait cette promesse!
Gilraen se tourna vers sa soeur, elle était étonné de voir une telle attitude de sa douce soeur... Mais qu'est ce qui la poussait à agir ainsi? Faisant un effort surhumain pour contenir ses larmes, elle continua à fixer sa soeur.
Son père demanda:
- Qui est ce? et Comment le sais tu?
Alraen haussa les épaules et dit:
- Je remarques des choses que vous ne remarquez pas. C'est pas parce que je n'ai pas le don que je ne vois pas les choses qui se passent devant moi.
Avalant de l'eau, Gilraen réalisa que c'était la jalousie qui poussait sa soeur à agir ainsi.
- Alors Gil' montres leur ton nouveau pendentif que l'elfe t'as filé! D'ailleurs tu as passé tout le temps à chercher à lui soutirer des informations sur ton fiancé!
Dírhaen se leva brusquement, faisant tomber sa chaise.
- Dis leur que dès votre deuxième rencontre il baisait déjà ta main!
Gilraen était offusquée, ainsi cette soeur qu'elle avait longuement protégé détruisait son plus cher trésor. Inspirant et levant lentement les yeux elle déclara:
- Père je ne pense pas que vous prendrez cela pour une mésalliance si je vous apprends que j'ai promis d'attendre le retour d'Arathorn...
Un long silence suivit cette réplique, Ivorwen avait reprit le fil de la conversation et cherchait ses mots. Alraen exultait et son père avait les yeux injecté de colère et de trahison. Gilraen, le courage enfin revenu faisait face à son père...
