Penchée à sa fenêtre Gilraen admirait le paysage harmonieux d'un printemps fleurissant... Le soir de la confrontation longuement son père lui avait expliquer qu'elle était trop jeune pour comprendre la responsabilité qu'attendait une femme de chef des dúnedain. Qu'elle était trop jeune pour faire une promesse sans son accord. Et surtout qu'elle était trop jeune pour le grave Arathorn. Mais la jeune femme tint bon, elle ne fit aucune promesse mais pourtant Urad partit en guerre avec comme titre de fiancé. Elle ignorait ce que pouvais penser Arathorn sur le front. Maintenant, après la trahison de sa soeur, elle dormait dans son boudoir transformé en chambre. Elle passait ses journées dans le silence à broder inlassablement des capes à l'insigne des rôdeurs pour ravitailler l'armée.


Alors que le soleil alla se coucher, elle s'allongea dans son lit sans pouvoir dormir. Elle ne savait pas quand leurs appartements ses parents parlaient d'elle. Ivorwen faisait enfin face à son mari:

- Tu ne peux pas briser cette promesse!


- Gilraen est trop jeune, de plus Arathorn est trop âgé pour elle. Il sera chef plus tôt que prévu. Mais je sens qu'il mourra très tôt...




Ivorwen déclara, dans la brume d'un pressentiment:

- Raison de plus, de hâter ce mariage. Les jours s'assombrissent avant la tempête et de grand événements auront lieu. Si ces deux là se marient, l'espoir pourra naître pour notre peuple; mais s'ils attendent trop cet espoir ne viendra pas en cet âge...


Dìrhael ferma les yeux, pendant un instant il parut très jeune. Ivorwen pouvait voir ce jeune homme plein d'espérance qu'elle avait épousé. Les années chargée de batailles l'avait rendu très avare en ce qui concernait son trésor. Il avait perdu ses soeurs et sa mère très jeune. Ainsi ses filles tenaient une très grande place dans son coeur...


- Ivorwen.. Mon épouse adorée... Je ne veux pas qu'elle souffre! Il mourra et elle se retrouvera seule face aux tempêtes! Elle n'aura pas de consolation. Autant mieux qu'elle l'oublie...


Ivorwne embrassa le front de son mari et murmura:


- Je sais que toujours tu penses à son bonheur. Mais n'oublie pas que la souffrance ne peut pas être évitée. J'ai vu ses yeux brûlé d'amour... Cet amour est aussi ancien que les elfes et même plus. Elle ne l'oubliera pas ainsi! Quoi qu'il arrivera elle souffrira. Comme tout les mortel destiné au trépas. Alors mon sage amour ne lui ôte pas les quelques années de bonheur qu'elle pourra avoir. Et surtout n'oublie pas que notre destin dans ce monde, n'est pas d'être heureux ou de penser à son propre plaisir. Notre destin, à nous les dúnedain est de réparer notre tort...


Vaincu, Dírhael posa son front contre l'épaule de sa femme. Il savait qu'elle avait raison, il ne pouvait pas chercher à protéger sa fille en éteignant la flamme qui brûlait dans ses yeux. Il l'avait vu s'épanouir au fil de cette année. Devenir plus femme que fille, plus rose que pâquerette... Qui était il pour juger de la maturité de sa fille? Son père! Seulement son père...



Encore assise à l'embrasure de sa fenêtre, Gilraen pensait au temps qui s'était écoulé depuis ce moment où sa soeur s'était révélée traître. Deux mois, seulement deux mois, pourtant elle avait l'impression d'avoir vieillit. Une certaine innocence s'était envolée. Le temps des rires et des discussion à coeur ouvert avec sa soeur était révolu. Ainsi la malice se glissait aussi dans les liens étroits qui unissait des soeurs.

Elle entendit sa porte s'ouvrir et le bruissement d'une robe. Sans se retourner elle pouvait sentir la présence de sa mère, la seule qui ne l'avait pas abandonnée...


- Mère


- Gilraen... Ton père a enfin accepté.


La jeune femme eut l'ombre d'un sourire. Puis une expression amère et triste tira son visage déjà tellement amaigris.


- C'est trop tard; Le mal est fait... Que pensera Arathorn face aux paroles d'Urad?



Ivorwen sourit tendrement. Sa fille était encore jeune, elle ne pouvait pas imaginer ce qu'était la volonté d'un dúnadan... Aussi juste et profonde. Il ne faillira pas. Il viendra faire face à la vérité.


- Tu verras, il reviendra...



La jeune femme s'étira et soupira:

- Ô si seulement j'étais un homme! Je pourrai aussi me battre et surtout être respectée...


Les yeux à mis clos et la voix rêveuse, Ivorwen prédit:

- Mais toi tu seras respectée. On louera ton don de longues années et le fruit de ta bataille sera beaucoup plus glorieux que celui d'un homme...


Puis s'interrompant, elle revint à la réalité. Gilraen demanda tristement:

- Mais pourquoi Alraen a agit de la sorte? M'épier et dévoiler tout mes secrets. J'ai perdu... un rêve que j'avais. J'entrevois ma vie comme une route solitaire, sans vrais amis...


- Ta soeur a envié le regard que jetais Arathorn sur toi. Elle a envié le fait que tu ailles un rôle à jouer dans le destin de notre terre.Tu dois lui pardonner. Elle est très jeune...


Gilraen hocha la tête doucement:

- Pardonner mais pas oublier...




Malgré les promesses de sa mère, Gilraen était persuadée qu'Arathorn ne reviendra jamais. D'ailleurs, trop souvent des éclaireurs orcs s'aventurèrent vers le lac Enunial. Dírhael décida de quitter ce lieu trop mal protégé pour rejoindre Fornost Erain et sa forteresse. Le convoi était très lent, malgré les qualité nomade de ce peuple. Il avait beaucoup plu et les routes étaient embourbée. Tout les voyageurs étaient aux aguets, le soir ils campaient discrètement. Car après tout il n'y avait plus de royaume et ainsi aucune sécurité. Quand enfin apparut la ville au lointain, Dírhael sourit...



On les accueillit avec empressement car déjà la nuit tombait et la menace d'orcs errants augmentait. Gilraen observa les rôdeurs autour d'elle mais il n'y avait pas Arathorn. Elle se garda de demander sur ses allées et venues. Mais tôt dans la soirée une milice de rôdeur rentra dans la forteresse, qui était plein à craquer. Le coeur battant et les yeux anxieux, Gilraen descendit dans la cour intérieur. Celle ci était pleine d'hommes et de bruit. Se frayant le passage, la jeune femme descendit les marches glissante en veillant à lever sa robe pour qu'elle n'obstrue pas son passage. Malgré le chaos, certaines personnes la regardèrent étrangement: chez les dúnedain les femmes ne se mêlaient jamais aux combattants. Gilraen ne voyait pas ces regards, elle cherchait le visage aimé. Elle ne sentait pas les corps robuste qui se heurtaient sur ses épaules fragile. Ses habits étaient usé par le voyage et terne, mais ses son visage était éblouissant de lumière, sa chevelure sombre contrastait avec le vermeil de son teint. Elle n'entendait et ne sentait rien. Mais quand une main rugueuse se posa sur son bras, elle tourna son visage vers lui... De toutes les mains elle aurait reconnu les sienne. Il ne disait rien, mais elle pouvait lire des questions dans ses yeux bleus. Ignorant ceux qui pouvaient la voir, elle prit sa main et la posa contre sa joue. Les gestes parlant plus que les mots, il l'attira dans ses bras. L'éclat des torches qui brûlaient non loin, de leur lumière firent étinceler l'anneau de Barahir qui s'échappait du corsage de la jeune femme. Perdus au milieu d'un songe, comme si autour d'eux il n'y avait personne, ils se recueillirent dans la plénitude de leur présence respectives... Il n'y avait pas besoin de mots, ni de baiser... Il sentait ce qu'elle ressentait. Elle savait ce qu'il savait... Et ils étaient enfin réunis...