Alors qu'au loin on pouvait déjà apercevoir les Misty Mountains, Gilraen comprit enfin ce qui l'ennuyait tellement. Elle avait l'impression de vivre comme une somnambule, vivant seulement pour son amour. Alors que d'autres tel qu'Arathorn lui même se battaient pour la terre du milieu, ils savaient ce qu'ils faisaient. Mais des femmes comme elle même ou d'autres à venir, devaient accomplir leurs devoirs qui semblaient tellement monotone et terre à terre. Il y avait tellement plus de satisfaction à tuer une horde d'orcs que broder des capes pour les rôdeurs.

On s'engageait dans une vallée très étroite et escarpée. En se retournant, Gilraen avait l'impression de voir un verrou. Cette vallée était un refuge, un refuge elfique...

Enfin elle vit de ses propres yeux la citée Elfique dans toute sa splendeur. Silencieusement les compagnons descendirent vers le creux de la vallée où se rejoignaient de nombreux torrents et rivières. Une sorte de plénitude régnait dans tout ce lieu et les chevaux avançaient sans peur malgré le terrain inégal et dangereux...

Quand enfin ils arrivèrent face au somptueux portail, ils virent Elrond lui même qui les attendait. Habillé dans de gracieuses draperies de tissu elfique, il paraissait à la fois majestueux mais aussi magiquement éphémère.

Arathorn se jeta rapidement de son cheval et salua profondément le seigneur de Rivendel. Ses deux fils courbèrent seulement la tête, et finalement chez eux entrèrent avant tout le monde dans leur cité. Le compagnon d'Arathorn fit une révérence. Fatiguées mais consciente de la gentillesse de leur hôtes les deux jeunes femmes firent de même. Longuement l'elfe plongea son regards dans celui de Gilraen, une voix à ses côtés fit sursauter la jeune femme qui tourna la tête. C'était un homme, enfin à ce qu'elle sache, très vieux mais au regards pétillant et jeune. Il sourit gentiment aux arrivants et apostropha le seigneur elfique:

- Voyons Elrond, au lieu de tester la volonté et la grâces de tes invités, accueil les!

L'elfe, dont la chevelure sombre se mouvait dans la brise, finit par sourire et déclara gravement:

- Soyez les bienvenus, enfants des hommes...

Il courba élégamment la tête à la manière des elfes. Puis leur faisant signe de le suivre, il rentra dans la cité. Le vieil homme lui s'attarda aux côtés d'Arathorn qui menait son cheval par la bride. Les autres chevaux, au grand étonnement des deux jeunes femmes, suivaient leur chef. Gilraen et Estelina marchaient derrières les hommes et écoutaient sans le faire paraître la conversation des deux hommes.


- Cela fait longtemps que je vous ai vu Gandalf...


- Moi de même fils d'Arador.De nombreux périls vous attendent...


- Je n'ignores pas cela! C'est ainsi qu'est la vie d'un capitaine...


- Et bientôt d'un chef.Très bientôt... Me comprenez vous cher dúnadan...

Surpris Arathorn s'arrêta:

- Mon père va...

Le vieil homme hocha lentement la tête:

- Je ne sais pas quand, mais je sens que cela ne va pas tarder. Je vous dis cela, non pour vous attrister mais pour vous préparer.

Arathorn acquiesça en silence. C'est ainsi qu'ils passèrent les derniers mètres avant d'arriver face à la demeure d'Elrond: la dernière maison simple.


Fatigués d'avoir erré sans fin, les voyageurs mangèrent de bon coeur et allèrent se reposer dans les chambres aménagées à leur attention.


Le lendemain, les rôdeurs repartaient déjà. Malheureuse mais cherchant à être courageuse, Gilraen se tenait silencieusement en face de son fiancé. Il lui expliquait patiemment la raison de ce départ.


-.... De plus cette révélation de Gandalf m'inquiète. Je dois aller me battre aux côté de mon père c'est...

- Ton devoir... Et le mien est de te laisser aller.

Tristement elle baissa la tête, il gardait encore dans ses mains, celle de sa dulcinée. Les larmes de Gilraen s'écrasèrent gracieusement sur ses mains. Il la serra contre son coeur, lui même troublé par cette séparation.


- Ma noble dame... Ne pleures pas ainsi... Je reviendrai!

- Je sais. Mais... C'est juste... que tu vas me manquer...


Ils s'embrassèrent encore une fois, puis il partit rejoindre son compagnon sans se retourner. Elle n'alla pas le rejoindre, à la place elle décida de se promener dans ce superbe jardin. Les yeux perdu dans les torrents qu'elle dépassait et la végétation luxuriante, elle n'avait plus conscience de sa mortalité... Seulement la beauté et la pureté régnaient ici...



Les mois s'écoulèrent logement, Gilraen ne s'en rendait plus compte. Elle avait l'impression d'être ici depuis une éternité... Rien ne changeait, frivolement Estelina essayait de nombreuses robes elfique et riait devant les miroirs, Gandalf allait et venait, els elfes chantaient et parlaient lyriquement. Quelques fois Elrond discutait gentiment avec Gilraen. Jamais il ne disait quelque chose de profond, mais elle sentait son regard qui la scrutait et qui cherchait à voir à travers la brume de son esprit... Par contre Gandalf de sa manière quelque peu jovial était direct. Une après midi ensoleillée, ils buvaient du thé au jasmin ensemble. Elle lui demanda sa détour:

- Dites moi Gandalf.Pourquoi le seigneur Elrond ne me parle jamais vraiment? Pourquoi cherche t'il à lire mes pensées...

- Mon enfant, Sire Elrond, comme vous, voit à travers le temps et les lieux. Il sait bien des choses sur votre rôle à jouer dans cette terre. Comme moi d'ailleurs...

- Que voulez vous dire?

Le vieil homme malgré ses habits gris usé, parut soudainement être sans âge et emplit de lumière:

- Vous le savez très bien Gilraen.Toutes ces visions qui vous ont guidés ici...


Les yeux baissé, elle posa sa tasse et murmura très doucement:

- Aragorn...


- Le roi, le fils des chefs des dúnedain. Le fils des héritiers d'Elendil... Le fils des rois...


Toutes ses émotions, ses rêves et ses paroles l'avaient mené ici... Face à cet homme qui savait plus que qui que ce soit dans ce monde, dans une demeure où tout pouvait changer. Plongeant son regard dans ses yeux bleus emplit de sage lumière, elle demanda, en articulant très lentement:

- Mais qui êtes vous?



- Je suis un istari. De nombreuses vies de mortels j'ai vécu. J'ai vu étapes par étapes l'avènement du Roi qui sauvera la terre du milieu. J'ai vu toutes ces femmes, tout ces hommes qui ont oeuvrés pour que vienne ce jour.Vous êtes celle qui fera don à la terre du Milieu de celui qui sauvera les valeurs humaines....


Comprenant complètement enfin, toutes ces bribes de Vérité qu'elle avait entrevues. Devant elle, elle voyait tout ces rois qui n'ont peu l'être qui se succèdaient. Et derrière eux, avec les yeux de son père et la sagesse de sa mère, s'avançait le derniers de tous: Le Roi des deux royaumes réuni...



- La lumière que je vois dans votre regard me rappelle tant de regards que j'ai croisés. Chacun d'eux distinctement différent et beau, mais tous scrutant l'horizon avec espoir.Chacun d'entre eux accomplissant de simples tâches sans gloire ni noblesse. Mais chacun de leurs actes tissant une parcelle de l'énorme tapisserie que sera la victoire. Chacun gravissant seulement un échelon ou peut être deux vers la lumière, croyant que jamais ne viendra cette victoire. Mais de leur gestes, aussi simple qu'il paraissent ils vous ont approché de la lumière. Vous vous tenez vers les derniers échelons, vous tisser les derniers détails de cette tapisserie. Le Mal s'acharnera pour vous arrêter. mais vous êtes arrivée si loin, votre peuple a gravit du fond de son ravin jusqu'à l'air pur... Tout dépend de vous et Arathorn...


Ayant soudainement l'impression de porter sur ses jeunes épaules le poids des années de son peuple, Gilraen demanda:

- Mais que dois je faire? Tout semble tellement incompréhensible... Quel est mon devoir?


Souriant de tendresse mais aussi de tristesse, le vieil homme déclara:

- Vous le savez Gilraen. Il vous suffit seulement de ne pas prendre peur et de ne pas vous détournez de la Lumière. Je vous fais confiance, nous vous faisons confiance...



Ce soir là, Gilraen ne rit pas de la futilité de sa cousine. Tout lui semblait effroyablement grand et vide. Comme si la terre du milieu était vide et qu'elle errait solitairement, ne sachant pas où aller. Mais au moins à présent elle savait que ce qu'était d'avoir un devoir. On ne savait jamais vraiment quel était notre devoir, le sien était de mettre au monde le Roi des hommes et de l'éduquer en sorte qu'il soit sage et bon... Fort mais doux... Mais après tout elle ne sera pas seule... Arathorn sera à ses côtés...

Après tout elle pouvait sauver le monde quand Arathorn était à ses côtés....


Puis comme une rafale violente de vent détruisant la paix de la nuit, elle se rappela de ce terrible rêve... Elle sera veuve... Elle sera sans Arathorn...


Cette vision peut être réelle comme fausse... Ce n'est qu'une des nombreuses issues de ton destin
.


Elle devait faire confiance à la sagesse de sa mère, avoir peut être aveuglement mais profondément l'espoir... Car sans cela elle n'aurait pas le courage de continuer ce chemin qu'elle devait suivre pour la gloire et la prospérité de son peuple.