Elle eut enfin vingt-deux ans. Mais Arathorn ne vint pas. Gilraen reçut un présent envoyé en contrebande par ses parents, un magnifique collier pour son mariage. Un collier qu'elle n'aurait jamais peu imaginer appartenir à sa famille vivant tellement pauvrement. Assise devant sa coiffeuse, alors qu'Estelina lui faisait différentes coiffures, Gilraen admirait son collier dans la réflexion du miroir. Il était parfait, délicat mais travaillé, de fils de mithril et d'argent où était passés de parfait petit diamants et crystaux. Malgré les préparations qui avaient commencés, Gilraen ne souriait pas.
- Gil' qu'est ce que tu as encore? Mais regardes à quel point tu as l'air magnifique...
- Je sais pas Estel'... Il n'est pas encore revenu, je m'inquiète...
Estelina éclata de rire bruyamment, d'une manière qui froissa encore les elfes:
- Sérieusement! si il était blessé ou autre chose, les elfes ne seront pas en train de te préparer une robe!
Sa robe de mariée sera d'une couleur entre le vert feuille et le bleu ciel. Les elfes tissaient encore le tissu pour la robe. Mais personne ne se pressait. Pourtant Gilraen, malgré la sérénité du jardin d'Elrond, sentait que le temps pressait...
Le soir même, pour une raison étrange, on repoussa le souper de quelques heures. Elrond qui mangeait rarement avec ses invitées, arriva accompagné de trois hommes, Gilraen reconnu distinctement son fiancé. Son coeur fit un bond et elle resta figée. Elle venait avec les dames elfiques qui riaient et chantaient. Estelina était ennuyé que l'ourlet de sa robe ne tienne pas et n'avait pas remarqué qui était présent.
Tout le monde fut réuni devant la grande table de la maison d'Elrond. On saluait droit à gauche, car d'autres personnes s'étaient mêlé aux groupes. Ainsi Gilraen et Arathorn eurent une certaine intimité quand il se revirent après tant de mois de séparations. Sa beauté auparavant, douce et discrète avait évolué et maintenant son séjour dans un lieu de beauté et de paix avait rajouté de la lumière dans sa peau et de l'assurance dans ses gestes. Arathorn avait endossé des habits elfique, ainsi sa sagesse et l'harmonie de ses traits étaient mis en valeur. Hésitants ils se serrèrent la main, discrets ils décidèrent sans se parler de garder leur baiser pour plus tard.
Les jours qui suivirent donnait l'impression d'un ouragan sans fin... On préparait les cheveux, le corps et les vêtements de Gilraen. Ivre d'amour et d'attente, la jeune femme se laissait faire, sous coups d'oeil amusés de sa cousine. Tout son âme se préparait à voir son rêve le plus cher devenir une réalité...
Mais décrire ses sentiments et ses préparatifs ne pourra jamais mettre en valeur l'espoir de bonheur qui animait le couple. Mais comment tellement d'espoir pouvait vivre quand la situation de la terre du milieu était déplorable, les sages et les elfes sentait que la tempête allait venir, bientôt ce monde sera à feu et à sang.
Arathorn faisait un effort monumental pour oublier les graves ennuis qui pesaient sur ses épaules, son père n'ayant pas beaucoup de temps à vivre, tenait à partager de plus en plus ses responsabilité avec son fils. De plus celui ci ne pourra pas rester plus d'une journée avec sa femme car il devait aller, avec ses hommes guetter d'étranges agissements à l'Est de leur terre. Trop d'orcs se multipliaient et d'étranges nouvelles effrayaient la population. On savait que Sauron avait regagné Mordor et ses orcs se multipliaient. Gondor perdait de plus en plus leur force et le Rohan se perdait dans ses plaines infinies. Arathorn savait que c'était sur les dúnedain que reposait la responsabilité de veiller sur les frontières du Mordor et s'assurer que la plupart des créatures maléfiques ne passent pas dans les terres libres. Mais le regard plongé dans celui de sa femme il osait avoir un mince espoir...
Il se tenaient, tout deux, l'un en face de l'autre. Accomplissant ce rite que depuis des millénaires avait lié les dúnedain. Puis Arathorn prit la main de sa jeune femme et il s'avancèrent ensemble jusqu'au siège ou se tenait Elrond d'Imladris. Celui-ci levant les mains bénie leur union, un nuage de lumière et de paix entoura le couple quand enfin ils se promirent un amour éternel. Gilraen tremblait de joie et d'euphorie, après tant d'attente, ils allaient enfin pouvoir vivre dans leur amour. Un sombre pressentiment lui couvrit la vue pendant quelques instants, mais elle décida d'ignorer cela... Malgré les nuages sombre qui la guettait elle voulait ne pas penser au temps à venir, seulement à cet instant aussi précieux et fragile qu'une rose... Une rose qui se fanera après quelques heures de splendeur prestigieuse...
On chantait et mangeait encore quand le couple se retira. Profitant de la nuit naissante pour passer ensemble leurs dernières heures ensemble après encore une longue séparation. D'abords ils ne disaient rien, Gilraen était assise sur un délicat fauteuil et Arathorn s'adossait contre l'embrasure de la porte. Puis finalement il se tourna vers elle, tout son visage était tiré mais dans ses yeux brillait une lueur remarquable. Il était de ces hommes qui vivaient intensément chaque instant, peut être parce que malgré leur espérance de vie très grande, les capitaine dúnedain s'éteignaient très vite et très tragiquement.
Elle ne dit toujours rien, mais sourit et se leva. Elle sentait son coeur battre très fort alors qu'elle s'approcha de lui. Elle était appréhensive, après tout on ne lui avait jamais rien appris sur ce que l'on attendait d'une femme dans ses devoirs conjugaux, mais récemment elle avait reçu des bribes d'informations de sa cousine qui vivait comme une courtisane et les elfes... Cherchant à n'écouter que son coeur et son corps, elle décida d'oublier ces enseignement pour cet instant unique et tant attendu. Car après tout cela appartenait à elle et son homme, pas à la société... Il lui sourit aussi, et ils s'embrassèrent. D'abord tendrement et légèrement, puis alors que s'embrasaient leurs corps, leurs baisers se firent plus brûlant et pressant. Gilraen avait oublié ses rêves et ses peurs, Arathorn ne pensait plus à son devoir. Seul existaient leurs caresses et leur soif mutuel...
La bougie tremblotante ne laissait que deviner les courbes de leurs corps, mais leurs mains voyaient ce que les yeux ne faisait qu'apercevoir. Leurs corps se mêlaient et bientôt ne fit qu'un. Au delà de cette chambre, leurs âmes se rencontrèrent, s'aimèrent comme leurs corps. Quand enfin ils retombèrent dans la réalité, la nuit était aussi silencieuse qu'avant et au loin un elfe chantait une plainte mélancolique. Leurs coeurs battaient encore ensemble, mais la fraîcheur du soir les envahissait déjà et Girlaen se blottit contre son mari. Ensemble ils écoutaient les elfes fêter à leur manière un mariage dúnadan, ils goûtait à cet paix qu'on gagne après la brûlure de la passion. Mais déjà la magie de cette union se dissipait, Gilraen se raidit. Inquiet Arathorn demanda à mi voix:
- Gilraen?
- Non... Ce n'est rien... Juste que... Je ne peux pas m'empêcher de penser à demain.Et les années à venir qui seront pleines de séparations...
Des larmes glissaient sur ses joues encore rosies d'amour, silencieusement, il baisa ces perles de mélancolie. La serrant plus fort contre lui, il embrassa ses lèvres. Lentement, le corps de la jeune femme se détendit. Il murmura doucement:
- Ne pensons pas à demain, ne pensons jamais au lendemain... Car ce qui compte c'est ces quelques heures qui nous appartiennent complètement et celles que nous auront quand je reviendrai...
Sa voix aussi tremblait, car en lui remontait la menace du temps à venir. Douée d'empathie, Gilraen écrasa ses doutes pour ne donner que son amour le plus pure, il méritait cela, son héros...
Mais trop tôt vint l'aube, réveillé depuis longtemps, Arathorn contemplait la femme endormit dans ses bras. Il avait peur de ne jamais revenir, de la faire souffrir... Mais avait il le choix? Il était avant tout un futur capitaine, destiné à servir le peuple mortel de la terre du milieu... Sa vie ne comptait pas, seulement comptait cette menace imminente... Il s'en voulait un peu de s'être laisser faiblir et s'être lié à celle qu'il aimait, surtout pour elle. Il n'avait pas peur de la mort, mais il ne pouvait pas supporter l'idée de la laisser seule dans ce monde tellement glacial.
Le soleil maintenant éclairai complètement la chambre et doucement il réveilla sa femme. Celle ci un peu désorienté et intimidée par la lumière du jour, murmura d'une voix soudainement pleine d'espoir:
- Tu ne vas pas partir?
Il rit doucement, mais gravement répondit:
- J'aurais espéré cela mais c'est une affaire très urgente...
Il fit sa toilette et sortit ses habits de rôdeur. Il s'habillait rapidement, elle s'était complètement enveloppée dans la couverture.
- Je sais... C'est idiot de ma part de dire cela.
Il fixa enfin son épée à sa ceinture et puis vint au chevet du lit:
- Je dois partir, je me suis déjà mis en retard... C'est bien la première fois que mes hommes ont à m'attendre!
Il cherchait à la faire sourire, alors courageusement elle lui offrit un sourire...
Il l'embrassa rapidement et sortit sans se retourner... C'était mieux ainsi
Gilraen se blottit dans son lit vide, heureuse d'avoir enfin aimé son homme mais triste et inquiète de le voir partir. Elle ferma les yeux, blottie dans les draps qui sentaient encore Arathorn, elle se mit à imaginer une vie paisible avec lui... Mais comme bien souvent son don de vue se réveilla, et elle vit à travers la petite chambre qui était sienne à présent, les paysages qui se succédaient et très loin ce pays maudit... Partout elle pouvait voir des hommes se battre contres des créatures immondes et même des elfes qui perdaient leur vie... Dans la solitude de la nuit, elle voyait un homme... Âgé mais agile, avec le même regards envoûtant qu'Arathorn, il observait les ombres, sa main sur la garde de son épée. Gilraen pouvait sentir son inquiétude et sa lassitude, cela faisait depuis longtemps qu'il n'avait pas dormis en sécurité et manger à sa faim... C'était un homme qui devait, malgré ses désirs et rêves, accomplir son devoir. Ses habits souillé contrastait avec la noblesse de son visage et à son doigts, Gilraen y vit l'anneau de Barahir. Alors qu'elle cherchait à savoir qui était cet homme, quelqu'un frappa à la porte et détruisit la concentration de la jeune femme.
- Gilraen? tu es réveillée? J'allais déjeuner, tu viens?
Se forçant à quitter ce lit qui la gardait encore dans la magie de la nuit, Gilraen s'habilla rapidement en répondant à sa cousine. En lavant son visage, elle tenta encore une fois à déchiffrer cette vision... Qui était cet homme? Cet homme traqué et toujours en train d'oeuvrer pour un but lointain... Son fils?
