Les mois s'écoulaient trop lentement, des fois Arathorn venait passer quelques jours à Rivendell mais il partait très vite. La menace grandissait tout les jour, Sauron se préparait à réduire la terre du milieu en cendres... Mais assise à l'orée du bois d'Imladris, Gilraen souriait en pensant au retour d'Arathorn qu'elle pressentait.

Au loin des elfes chantaient des louages pour Elbereth, la dame des étoiles. Le soleil allait pacifiquement se coucher. La jeune femme se leva et se dirigea vers la demeure d'Elrond, on allait bientôt manger et Gilraen savait qu'il y aura de nombreux mortels à leur table. Elle s'était finalement habituée aux elfes et leurs manière qui n'étaient pas si étranges. La vie était paisible ici, Estelina ne l'ennuyait plus depuis son mariage. Quelques fois en gloussant comme de jeune filles elles parlaient de leurs amants, Estelina s'étant trouvé un rôdeur.



Avec plaisir, Gilraen coiffa ses cheveux et les noua délicatement avec des pinces argentées, sa robe discrète mais soyeuse mettait en valeur son teint hâlé par ses longues promenades oisives. Dans le grand hall, des voix s'élevait, des voix mortelles. Gilraen sourit mais son sourire ne dura pas, depuis le haut des marches elle entendit la voix brisé d'Arathorn:

- ... Je n'étais pas avec lui, je devais m'occuper des Haradrims... Il devait rejoindre Imladris seul car il avait une nouvelle de grande importance à vous faire part...


Un autre dúnadan continua pour lui:

- Nous avons retrouver son corps au Nord de votre région... C'était des trolls...


Un long silence s'en suivit, Elrond posa une main sur l'épaule d'Arathorn II le nouveau chef des dúnedain. Le visage de l'homme était grave et tiré, on pouvait maintenant y voir les années qui y avaient laissé leurs traces. Il paraissait vieux, tiraillé par le temps et transi par la cruauté de la vie. Gilraen descendit silencieusement, on s'écarta devant elle. Elle ne dit rien, car après tout l n'y avait aucun mot qui pouvait faire oublier la mort. Cela elle le savait, depuis la mort de sa mère... Elle prit tout simplement la main de son mari, et ensemble ils suivirent les autres à la grande salle à manger. Sous les ordres discrets on éteignit quelques bougies et un elfe se mit à chanter très tristement et doucement.

Les dúnedain affamés mangeaient rapidement en silence. Gilraen jouait avec sa nourriture, regardant le visage vieilli de son mari. Son coeur pleurait pour lui... Mais Elrond cassa le silence en déclarant fermement:

- La peine est avec vous hommes de l'Ouest ce soir... Mais dès demain nous fêterons votre nouveau capitaine...


Arathorn sourit tristement, Elrond avait toujours été un guide et à présent sa sagesse était une aide précieuse pour les jours à venir. Ce soir là, on chanta mélancoliquement et une longue veillée d'histoires sur Arador eut lieu. Très tard Arathorn alla se coucher dans le lit de sa femme. Elle l'aida à ôter ses braies et son équipement. D'une voix enroué il dit:

- Excuses moi Gilraen... Mais je suis tellement fatigué... Comme si des siècles s'étaient écoulé...

Elle l'aida à s'emmitoufler sous les couvertures, il continuait à parler tristement tandis qu'elle se changeait.

- Tellement de responsabilité... Toute la sécurité de la terre du Milieu... Je ne sais pas si je saurai à la hauteur ma douce Gilraen..


Elle s'agenouilla sur le lit et passa une main sur le front plissé de son mari:

- Tu sauras être l'homme que tu es, toujours honorable et courageux... N'ailles pas peur... Ne crains rien mon amour...


Quand elle s'allongea contre lui, il enfoui son visage dans la chevelure parfumée de son épouse.

- Le pire c'est que je ne peux pas penser à mon... à lui... A sa mort. Je n'oses pas y penser.... Je sais que je suis un homme en âge de voir son père mourir mais dans de tels circonstances?


Gilraen tentait de l'apaiser en lui caressant le bras de sa main gelée.

- On a passé des jours à le chercher... Pour ne retrouver que son corps... Des efforts inutiles... J'aurais peu savoir qu'il était là bas... J'aurais du savoir!


Il était harassé de fatigue et fiévreux, mais la peine l'empêchait de trouver le repos... Gilraen lui lissa le front et doucement lui murmura:

- Non... Tu ne pouvais pas... Tu as fais de ton mieux et quoi qu'il arrive tu n'aurais pas peu changer ce qui s'est passé... Son moment était arrivé...


Un long silence suivit les paroles conciliantes de la jeune femme, blotti contre sa femme Arathorn laissa sa peine s'écouler tels des perles de cristaux le long de ses joues. Le serrant plus fortement contre elle, Gilraen murmura encore:

- Dors... Dors mon amour... Repose toi, demain une rude journée t'attend...

Il finit par s'endormir...




Le lendemain il fut nommé capitaine des dúnedain, on lui remit l'épée de son père et les dúnedain se préparèrent à quitter Imladris. Arathorn expliqua à Gilraen qu'il ne pourrait pas venir avant longtemps chez les elfes, sa nouvelle fonction allait prendre beaucoup de son temps. Alors Elrond et le jeune couple décidèrent qu'il était temps pour Gilraen de retourner chez son peuple. C'était le seul moyen pour que le couple puisse être réuni le plus possible.

Ainsi Estelina et Gilraen quittèrent avec les rôdeurs le refuge qu'était la vallée d'Elrond. Il les salua gravement, en guise présent les elfes leur avaient offert un délicat collier chacune. Avant de se retourner pour rejoindre sa demeure, Elrond murmura à Gilraen qui lui disait adieu:

- Aurevoir jeune mortelle... Nous nous reverrons... Que la lumière des valars guide vos pas dans l'obscurité de notre époque...

Les jeunes femmes purent constater par elle même à quel point la terre du milieu était devenu sombre et triste. Ils croisèrent de nombreux villages réduis en cendres. Le pays était vide et inquiétant, ainsi les dunedains ne se reposèrent presque pas. Ils avaient l'habitude, Gilraen montaient avec Arathorn, de sorte que quand la fatigue était trop intense il la soutenait pour pas qu'elle ne tombe. Le fiancé d'Estelina faisait de même avec elle. Ainsi ils arrivèrent très tôt à Fornost Erain, Arathorn avait décidé d'y élire demeure. Il pensait que cela sera l'endroit le plus accessible mais aussi protégé pour sa femme et leurs enfants à venir.


On accueilli tristement les arrivants, un éclaireur avait avertit la populace de la mort de leur chef. Mais à travers les larmes on chantait aussi des hymne à la gloire du nouveau chef... L'aïeul devait mourir, le jeune se relever... L'été devait perdre ses feuilles pour que le printemps puisse se parer de fleurs... Le cycle de la vie suivait son cour... Et l'on pouvait rien changer, seulement profiter des maigre instants de bonheur intense. Arathorn avait perdu son regard d'enfant perdu qui pleurait dans les bras de la femme qu'il aimait. Son visage était grave, mais ses yeux fièrement scrutaient l'horizon. Certes son visage paraissait un peu plus tiré, mais la souplesse de ses membres, les muscles que laissaient deviner ses habits et la fermeté de ses mains sur les rênes montrait qu'il était un digne chef dúnadan. La vieillesse ne touchait que très tard les dúnedain, longtemps ils gardaient leur prestance et leur vitalité... Mais hélas jusqu'à présent que très peu de chefs dúnedain vivaient assez longtemps pour voir leurs cheveux s'éclaircirent et leur force décliné... Ils étaient bien souvent tué en pleine action, avec honneur, comme Arador que l'on pleurait en ce jour.

Les gens se pressaient aussi pour voir la femme de leur chef, de nombreuses rumeurs circulaient sur elle. Certaines disaient que c'était une fille des elfes, immortelle et magique. D'autres disaient que c'était en fait une des filles de l'intendant du Gondor. Mais bien sûre tous étaient loin de la réalité. Ceux qui l'avaient connu plus jeune ne la reconnaissait pas, car l'on ne pouvait plus voir la timide jeune fille qui aimait la nature plus que tout dans le visage noble et lumineux de cette jeune femme sage mais aimante... Un voile fin lui protégeait le visage, c'est à travers ce voile sombre qu'elle pouvait voir son peuple...


Après la douceur exquise du palais d'Elrond, les baraquements humide et mal tenus de Fornost Erain paraissait encore plus délabré qu'en réalité. Gilraen, le visage caché par son voile, observait avec dégoût la demeure des descendants des rois... A Imladris on vantait leur noblesse et leurs mérite mais ici rien ne laissait à dire que ces hommes se battaient chaque jour de leur vie pour protéger cette terre fragile... La jeune femme se reprit en voyant Arathorn en train de sourire enfin en voyant sa demeure, après tout ce n'était pas l'image qui comptait mais le mérite d'une personne... Se forçant à sourire, elle ôta son voile et se laissa mener dans les appartements du capitaine. Ils avaient été nettoyé et changé en l'honneur du nouveau capitaine. On y avait entassé les affaires d'Arathorn. Un feu brûlait dans l'âtre et on avait brûlé un précieux encens des elfes en l'honneur de Gilraen. La jeune femme ne se forçait plus à sourire, après tout cette douce odeur musquée lui donnait un beau pressentiment, ils allaient être heureux ici...