Gravement le capitaine observait les alentours depuis l'arbre où il était perché. Au loin une troupe d'orcs avançait en détruisant tout à son passage. Arathorn descendit et fit face à ses hommes, ils allaient faire une embuscade à cette troupe. Aussi discrets que des elfes, ils se faufilèrent derrières des arbres et leur arcs bandés ils attendirent... Les lointains grognement de ces créatures se transformèrent peu à peu en une clameur. Arathorn sentait la pression monter, il était dans la bataille sans aucun moyen de se retourner, seul le massacre de leur ennemis les délivrerait....


Une sourde douleur traversa le corps de Gilraen, elle se plia en deux. Se retenant tant bien que mal à la balustrade elle remonta les escaliers. Après cette première douleur, elle eut un répit. Profitant de celui ci elle arriva devant sa chambre, le bas de sa robe s'était humidifié, elle avait perdu ses eaux et le travail allait commencer. Elle envoya une servante chercher une femme de sagesse du village. Puis elle s'allongea sur son lit et attendit qu'une nouvelle vague de douleur s'abatte sur elle. Seul la naissance la délivrera....



Les orcs étaient plus nombreux qu'Arathorn avait cru voir, les dúnedain était peu comparé à eux. Arathorn inspira calmement et leva son épée. A son geste ses hommes lâchèrent leurs premières flèches sur les orcs. Dans un dernier flash de conscience, le capitaine sentit sur ses épaules la responsabilité de ne pas laisser ses hommes se faire piéger par ces créatures maléfique.... Il devait tuer toutes ces orcs et s'assurer que ses hommes seront pour la plupart épargnés. Puis il ferma les yeux sur sa solitude et ses analyses. Il fonça droit devant lui faire face à leur ennemis. La bataille avait commencé...


La sage femme était arrivée, déjà Gilraen se tordait sous la douleur. Elle avait terriblement peur de mourir ainsi, laissant Arathorn seul et faillir à son devoir. Elle avait envie pourtant de fermer ses yeux et sombrer dans les vapeurs mortelles du sommeil. Mais une vision déchira fugitivement ses douleurs. Elle vit un homme grand et couronné, il souriait. Autour de lui il y avait des cadavres mais c'était surtout les cadavres de créatures ignoble. Une merveilleusement belle elfe tenait la main de ce roi et chantait doucement: Le Roi est revenu avec la victoire, Mordor est tombé, Sauron est tombé, l'obscurité est tombée... Le roi est revenu avec la victoire, il ne reste que la beauté, il ne reste plus que la réalité d'une espérance, il ne reste plus que les hommes... Le roi est revenu avec la victoire....
Avant que ne s'évanouissent cette vision, Gilraen entrevit le regard perçant de l'homme... C'était son fils... Alors que déjà la sage femme soupirait tristement sur le sort de cette fragile fille des dúnedain,Gilraen reprit courage et rouvrit les yeux...



Arathorn essuyait péniblement son épée souillé du sang vicié des orcs. Ses blessures l'empêchaient de respirer sans douleur. Autour de lui il ne restait plus que les cadavres des orcs et ses hommes qui n'avaient pas succombé à leurs blessures. Il y avait beaucoup de survivant car les dunedains étaient de bon guerriers. Le capitaine se frottait le visage d'un air égaré mais déjà un de ses éclaireurs vint en courant... Une nouvelle horde d'orcs passaient non loin... Leur chasse n'était pas prête d'être terminée... Se restaurant rapidement, les dúnedain se remirent en route... La tension ne s'envolait pas des membres d'Arathorn. Il l'avait l'impression qu'il était enserré dans un étaux et que la délivrance ne viendra qu'après des heures de lente souffrance et de bataille... Seulement quand il rangera son épée, il pourra respirer calmement et sentir le bonheur revenir... Mais ce répit ne viendra pas de lui, mais de quelque chose d'au dessus de lui...

Cela faisait des heures que Gilraen tentait de respirer calmement à l'intervalle des ses douleurs. Seul le visage tiré mais sage de son époux et la douceur de la vision de son fils, lui permettait de ne pas se laisser aller... Mordant ses lèvres elle endurait chaque vague de douleur. Tendrement la sage femme lui essuya le visage qui était en sueur, la jeune femme se rappela de sa mère et eut presque les larmes aux yeux... Elle se sentait tellement seule, dans cet étaux de douleur, il lui semblait que jamais ne viendra un répit. Mais elle devait malgré tout garder courage, après la douleur viendra ce bonheur d'être mère et de tenir son enfant dans ses bras... A la pensée de son enfant, Gilraen inspira profondément et fit face à sa douleur...



Les dúnedain étaient épuisés mais ils gardaient tout de même le dessus sur les orcs. Car cette fois ils restèrent cacher plus longtemps, alors qu'il répandaient une pluie de flèches sur les orcs. Les cuirasses des orcs n'étaient pas bien faite et résistante, comme elles le seront pendant la guerre de l'anneau. Ainsi quand enfin les dunedains sortirent de leurs cachettes, les orcs étaient moins nombreux et pour la plupart blessés. Hurlant, les dúnedain se ruèrent dans la foulée des orcs mal organisés. Arathorn transperça le premier orcs qui se présenta devant lui, mais l'épée ennemie réveilla sa blessure sur son épaule. Serrant les dents, il continua à se battre... Ce n'était ni la première, ni la dernière fois qu'il se blessait ainsi... Cela faisait parti de son quotidien, mais ce jour là il avait vraiment l'impression d'être dans une cage et que la seule façon de sortir était de tuer le sanglier sauvage qui bloquait le passage. Dans la souffrance, se battre pour être libéré et enfin pouvoir ressentir l'air frais et pur... Arathorn chassa cette idée et fonça sur un orcs qui tentait d'égorger un dúnadan qu'il avait désarmé. C'était une chance que les orcs aimaient prendre du plaisir à tuer, cela les rendait tellement moins concentré et ils faisaient moins attention... Après tout le temps n'était pas encore venu quand les armées d'orcs seront organisées et ne penseront qu'a exterminer, certes sans plaisir mais rapidement...


Tout le corps de Gilraen se contracta et une fulgurante douleur la prit d'assaut... La sage femme lui tenait le bras et lui ordonnait de pousser... La délivrance était si proche...


Les premières lueurs de l'aube éclairaient le sol souillés des cadavres d'orcs et de certains dúnedain... Arathorn était penché sur un de ses hommes blessé mortellement. Sachant qu'il ne lui restait plus aucun espoir et obéissant aux supplications de cet homme, le capitaine l'acheva... Il resta longtemps penché sur lui, puis quand il releva la tête le soleil ébloui ses yeux rouge de fatigue, de larmes jamais versées et de dégoût... Nuits après nuits, il chassait ces créatures répugnantes et chaque matin l'aube était témoins de l'horreur de ces massacres.... Conscient de son visage souillé de sang et son corps meurtrit, le capitaine alla vers la rivière qui coulait non loin... Il n'avait besoin d'aucune carte il connaissait la terre du milieu comme la paume de sa main. Ses hommes aussi se lavaient ou se restauraient... Ils allaient bientôt reprendre la route pour rejoindre Fornost Erain et quelques jours de repos...

Titubant jusqu'au lit de la rivière, il se pencha dans cette source de pureté et d'énergie. La tension ne quittait pourtant pas ses épaules, normalement après une bataille son corps se relachait... C'était comme si une autre partie de lui se battait encore contre quelque chose...


Les lueurs jeune et fraîche du soleil entraient par la fenêtre, mais aucune des femmes ne les remarquaient... Gilraen sentait que la délivrance était très proche, l'espoir viendra avec les premiers rayons de soleil... Son espoir et celui de tout son peuple...


Arathorn s'aspergea le visage et nettoya son corps de toutes l'impureté de la bataille... Il but aussi une gorgée au passage... Il frotta aussi son épée,et alors qu'il se relevait, enfin son corps se détendit... Il sentit une énergie jeune et forte monter en lui... Il peut enfin respirer profondément et chasser la lassitude et la lente douleur qui l'avait hanté pendant toute la nuit...


Gilraen ne voyait plus la sage femme, elle voyait à sa place sa mère qui la félicitait... Alors que le silence avait laissé place aux pleurs d'un enfant... Elle sentait son corps se relâcher et la fatigue revenir... La sage femme s'occupait d'elle, alors que la servante lavait rapidement le nouveau né... Quand enfin elle peu tenir dans ses bras défaillant ce tout petit être à peine née, elle murmura:

- Estel... Mon cher espoir... Estel Aragorn Elessar... Le roi du quatrième âge....


Elle pleurait presque tellement son coeur débordait de tendresse et d'amour... Il était tellement parfait... Ses petits doigts la faisait fondre... Il gardait les yeux fermés et elle ne lui en voulait pas... Le monde était bien dure pour un si petit enfant... Lui baisant tendrement le front elle le tendit à la sage femme... Elle n'en pouvait plus, le sommeil et la fatigue l'endolorissait... C'est avec un doux sourire sur ses lèvres qu'elle s'endormit...





Arathorn et ses hommes rentrèrent le lendemain... Il trouvèrent Fornost Erain en grande agitation, le capitaine ne la comprit que seulement quand il entra dans ses appartements et un de ses conseillers, resté auprès de sa femme lui dit:

- Félicitations pour la naissance de votre fils...


Alors c'était lui la délivrance, ce petit être qui venait d'être né? Ne prenant même pas le temps de se changer, Arathorn courut au chevet de sa femme... Elle était encore au lit, mais son enfant tendrement contre elle tétait de bon coeur...


En voyant son mari elle sourit avec toute sa joie et lui dit:

- Je suis tellement heureuse... Capitaine des dúnedain, voici ton fils... Aragorn Elessar... Nous l'appelleront Estel....


Arathorn s'agenouilla au chevet de sa femme, il voulait lui aussi toucher son fils pour la première fois... Mais alors que sa main souillée de sang et de terre s'avança vers cet être tellement pure et immaculé, il réalisa qu'il était couvert encore de sang, malgré sa toilette hâtive à la rivière... Se relevant il sourit encore à sa femme qui lui murmura gentiment:

- Oui vas te reposer... Après une telle bataille tu mérites quelques heures de repos et surtout...

Elle éclata de rire:

- ... Surtout du linge frais et un bon bain!

Il était heureux de la voir ainsi, souriant encore il quitta la pièce, sans l'embrasser de peur de la souillé par les traces de la guerres qui restaient encore sur lui... Elle était sa source de joie et dans ses bras seulement il oubliait qu'il était le même homme qui tuait sans relâche pour la paix de sa terre...