Lente et mélancolique, les années avaient passé si vite. Gilraen se tenait au pa de sa maisonnette et attendait. Passant une main dans ses cheveux ornés de mèches argentées elle tentait de se remémorer de ce temps où elle avait vécu chez les elfes à Imladris. Son petit Estel avait grandit et finalement suivit le chemin de son destin. Avec peine Gilraen pensait à ce jeune homme qui à vingt ans avait cru tout savoir et qui face à son rêve le plus chère avait compris que la vie est faite de sacrifice... La vieille femme sourit au souvenir des premiers émois de son fils... Pour une elfe, de toute les créatures vivant sur la terre du milieu il avait choisi celle qui repulsait le plus sa mère. Mais c'est vrai qu'Arwen Undómiel avait une grande sagesse et une délicate grâce... Étrange destin qui fait que son père avait choisit une femme plus jeune que lui, tandis que lui, Aragorn avait choisit une femme tellement plus âgée que lui...

Mais après tout, tel était son choix... Devenu mère, Gilraen comprenait à présent la réticence de son père, il y a si longtemps, quand Arathorn avait demandé sa main...

De longues années s'étaient écoulé depuis ce jour où face à une telle beauté, Aragorn avait décidé de partir dans les terres sauvages, il n'était plus l'enfant qu'on devait cacher pour le protéger. Il était devenu un homme capable de se battre pour son peuple. Après le départ de son fils, Gilraen n'avait aucune envie de rester plus longtemps loin des siens, même s'il ne restait plus personne de sa parenté... Une nièce éloignée l'hébergeait et maintenant la mère de l'espoir se préparait à rejoindre son mari... Elle était consciente que c'était la dernière fois qu'elle verrait son fils, tellement il sera emporté loin par son destin... Elle voulait profiter de cette dernière rencontre.

Soudain, au loin, Gilraen peut apercevoir un cavalier solitaire. Ce n'était qu'une silhouette sombre, elle ressemblait tellement à celle d'Arathorn que Gilraen eut l'impression d'avoir rajeunit... Ses habits étaient maculés de boue et rapiécé, ses cheveux en bataille tombaient sur ses épaules, ses mains souillée et égratignée bravaient le froid. Mais il avait une telle prestance, une telle royauté que pendant un instant Gilraen ne peut reconnaître son fils...

Il descendit rapidement de son cheval et rejoignit sa mère. Il était un peu déconcerté par le visage travaillé par le temps de Gilraen. Pour une raison étrange, l'image la plus vivante qu'il gardait de sa mère était celle d'une très jeune femme qui courrait rejoindre quelqu'un...

- Estel... Je suis heureuse de te revoir...

- Mère...

- Même si je ne te reconnais plus... Les terres sauvages ont fait de toi celui qui...

En baissant la voix Gilraen continua:

- Celui qui sera Le Roi...


Aragorn ne dit rien, ce futur semblait tellement lointain. Il serra sa mère dans ses bras, il y a longtemps qu'il avait une stature plus imposante que Gilraen. La main dans la main ils entrèrent dans la petite maisonnette pour partager un repas que Gilraen avait confectionné avec soin... Alors qu'ils mangeaient Gilraen interrogeait son fils sur ses allées et venus... Elle pouvait décelé dans ses paroles une certaine indépendance et solitude. Après tout quelqu'un avec un tel destin devenait un homme grave et mystérieux. Elle pouvait voir dans ses yeux une telle sagesse et une profondeur d'esprit que bientôt elle ne s'inquiéta plus pour son fils, il saura faire face à L'ennemi et sortir triomphant...

- ...C'est un Istari... J'aurais aimé que tu le rencontre mère, c'est un homme très sage et un excellent guide.

Gilraen sourit lentement:

- Je le connais... Il m'a aussi été d'une très grande aide, et cela avant ta naissance.

Les valars avaient privé Estel de son vrai père mais dans chaque recoin il rencontrait des hommes qui depuis si longtemps se préparait à l'avènement du Roi et qui représenteront pour lui la fierté d'un père quand enfin il aura réussi... C'est avec une voix teinté d'espoir qu'Estel parlait de cette victoire, mais pour une raison étrange il réalisa que sa mère ne partageaient pas cette vision... Mais il se garda de lui demander ses raisons... Il voulait parler à sa mère et pas à une femme de sagesse de L'Eriador... Ces quelques jours qu'il passa aux côté de sa mère furent reposant et enrichissant... Enfin sa mère se décida et lui raconta qui était vraiment Arathorn II, ce qu'Elrond n'avait fait qu'esquisser... Elle lui raconta ses courtes années de bonheur et le fit même sourire en lui décrivant le petit garçon curieux qu'il avait été...

-... Dans un sens tu n'as même pas changé... Le même regard inquisiteur et la même réflexion... C'est dommage que ton père n'a même pas eu l'occasion de t'apprendre à utiliser l'épée où d'autres choses. Mais en toi, tu as les même qualités que lui...

- Et les tienne aussi...


Gilraen sourit et Aragorn chercha à voir à travers le masque de la vieillesse celle que l'on appelait autrefois Gilraen la belle... Elle n'avait pas changé, seuls les rides et les peines lui donnaient une apparence effacée...


Puis l'heure du départ arriva et le coeur lourd Aragorn serra sa mère une dernière fois dans ses bras. Elle tint la main de son fils et longuement admira son visage puis déclara:

- Ceci est notre dernière séparation, Estel, mon fils. Je suis vieillie par les soucis, tout comme l'un des Hommes moindres; et maintenant qu'elle approche, je ne puis affronter l'obscurité de notre temps, qui s'amasse sur la Terre du Milieu. Je ne tarderai pas à la quitter.

Il pouvait voir la peine et l'amertume de sa mère. Aragorn tenta de la faire sourire comme elle avait toujours réussi à adoucir ses peines quand il était plus jeune:

- Il peut encore y avoir de la lumière au-delà des ténèbres et dans ce cas, je voudrais que tu la voies et sois heureuse.

Mais elle ne peut lui faire grâce d'un sourire tellement son coeur se serrait. Elle pensait à ses rêve de jeune fille, à ses espoirs de femme et ce vide qu'elle avait si longtemps enduré... Toute sa vie elle l'avait offerte à ce seul espoir et maintenant elle n'osait plus y croire. Comme Arathorn avant sa mort, elle ne pouvait pas voir cet espoir qui habitait son fils, tout ce qu'elle voyait était le sacrifice qu'elle avait fait... Ce n'était pas pour elle qu'elle avait vécu mais pour que les dúnedain puissent relever la tête... Elle était vidé et le seul espoir qu'elle pouvait avoir c'est de rejoindre les bras de celui qu'elle ne pouvait oublier...

Sans vouloir dévoiler ce qui habitait son esprit, très doucement Gilraen murmura:

- Onen i-Estel Edain, ú-chebin estel anim ( J'ai donné L'espoir aux Dúnedain, je n'ai gardé aucun espoir pour moi-même)


Car après tout aucune victoire aussi complète qu'elle soit, ne pourra jamais faire revenir Arathorn vivant... Seule la mort portait un espoir...

Gravement Aragorn inclina sa tête et sa mère baisa son front. Puis il s'en alla, seul comme il était venu. Longtemps alors qu'il parcourait les landes vides, il était hanté par le visage amère de sa mère... Mais il ne pouvait pas comprendre complètement pourquoi elle soufrait tant... Puis il revit dans son esprit le délicat mais sage visage de celle qu'il aimait... Il avait vécu de longues années sans elle mais toujours il avait été habité par cet espoir de la revoir... Tandis que sa mère, elle devait faire face au plus grand des mystère de la vie d'un mortel pour peut être pouvoir rejoindre celui qu'elle aimait.

En silence, Aragorn se remémora encore une fois de ces journées tristes et amères puis le visage vers l'avant il décida de plus jamais y penser et garder seulement comme souvenir de sa mère, le visage de la jeune femme qui gaiement courait accueillir son mari, son coeur emplit d'espoir...



*** J'ai eu du mal à terminer cette fic, surtout du mal à faire mourir Arathorn... Mais voilà c'est fait et voilà notre cher Aragorn seul face à son destin (ah j'adores dire cela). Merci pour tout ceux qui m'ont encourager avec leurs reviews et j'espère ne pas avoir déçu quelqu'un , j'ai cheché à être toujours fidèle à Tolkien mais en me permetant quelques libertés... juste une petite note, la dernière convesation entre mère et fils est tiré directement du livre, sauf bien sûr la descritpion de la scène et des sentiments des personnages... Merci encore et Namarië... ***