Chapitre 35.
Troubles.


Harry, ce n'est pas ta fauteTu ne peux pas sauver tout le monde !
-Je suis resté planté làJe l'ai regardé tomberJe n'ai pas réagi
-Tu n'avais aucun dû envers lui, Harry ! Personne n'a bougé ! Pourquoi toi plutôt qu'un autre ? Tu n'as rien à te reprocher !
-Pourquoi moi plutôt qu'un autre ? Parce que moi, j'en étais capableJe l'avais déjà fait pour toiJe n'ai pas bougé. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Il y avait une voix dans ma têteQui me disait que l'on gagnerait si je ne faisais rien. Et quand j'ai compris que je ne pouvais pas le laisser comme ça, c'était déjà trop tard.
-Harry ! Même ceux de son équipe n'ont rien fait ! Ce n'est pas ta faute, tu ne l'as pas poussé à ce que je sache !
-Mais c'est tout comme, Hermione ! Je l'ai entraîné dans ma feinte et il y a eu ce cognardIl est entre la vie et la mort !
Harry baissa la tête et des larmes brouillèrent sa vue. Tout était de sa fauteIl n'était qu'un lâche. Hermione prit le visage de son ami entre ses mains et le regarda :
Calme-toi. Réfléchis. Tu ne pouvais rien pour lui. C'est comme ça. Durand devait tomber. Durand est tombé. Tu n'y peux rien, Harry. Je ne veux pas te voir comme ça. Cesse de pleurer. C'est à toi que tu fais du mal.
Elle hésita un moment et murmura :
Je t'aime trop pour te voir souffrir.
Et elle quitta la tente, le visage entre les mains.

Je vous l'avais dit qu'il était dangereux ce Potter ! Un descendant de Serpentard, à coup sûr
-Ça me dégoûteTu as vu comme il l'a laissé s'écraser ? C'était le seul qui était pourtant capable de le sauver !
-MaisAprès, il a quand même essayé de le rattraper
-Tu es trop naïve ! Il s'y est mis au dernier moment ! Il savait qu'il ne le sauverait pas mais il s'est dit : Tout le monde croira que j'ai tenté de le rattraper ! Et toi, tu tombes dans le piège !
-ChutIl nous regardeJe crois qu'il t'a entendu
-Oh ça, je m'en fiche bien ! C'est un assassin ! L'assassin de Pierre en plus de ça ! Tout le monde l'aimait, Pierre, en plus ! Je suis sûre qu'il était jaloux de lui !
Harry ne supportait plus tous ces commentaires autour de lui. Il avait beau tenter de se persuader qu'il n'avait rien fait de mal, il n'en était pas convaincu. Et les réflexions perfides de Beauxbâtons n'arrangeaient rienIl quitta le pré en courant, ne supportant plus cette ambiance funèbre. Il décida d'aller faire un tour du côté du stade. Là, une personne surgit devant lui.
Harry ! Quelle joie de te revoir ! Ça faisait longtemps, n'est-ce pas ?
-RitaRita Skeeter ?
-En personne et envoyée spéciale de Sorcière Hebdo !
-Mais ! Vous étiez enfermée sous la forme d'un scarabée dans un bocal !
-Oui, mais ton amie Hermione a du cEnfin, disons que c'est une bonne poireQuelle inconsciente ! Elle m'a relâchéeElle croyait vraiment que je m'arrêterai d'écrire ?
-Vous êtes une horreur, lâcha Harry.
-Hum, humMais, dis-moi, Harry, pourquoi as-tu fait ça ? demanda-t-elle d'un ton plus sévère.
-Fais quoi ?
-Pourquoi as-tu poussé Durand de son balai ?
-Oh ! soupira Harry, c'est pas vrai ! Pourquoi voulez-vous toujours prouver que je suis un détraqué mental ? Je suis sain d'esprit, merciPar contre, j'ai quelques doutes pour vous, je vous conseille d'aller vous faire soigner à Ste Mangouste ! Enfin, ce n'est pas sûr qu'ils puissent faire quelque chose pourça ! ajouta-t-il d'une voix méprisante.
Et il tourna les talons, furieux. Dans son dos, il entendait déjà la plume de la journaliste qui grattait le papier à toute allure. Pas de doute, Rita Skeeter était bel et bien de retour.

Harry avait besoin d'être seul. Il s'isola à la lisière de la forêt et, appuyé contre un arbre, il pleura de tout son saoulIl n'avait rien fait, il n'avait pas bougéEt puis, surtout, cette voix avait emprisonné ses sens, son instinctIl aurait pourtant pu le sauverTout était de la faute de cette voix qui lui avait dit que Durand ne devait pas être secouruIl aurait pourtant pu y résister, briser cet enchantement ! Car maintenant, Harry l'avait bel et bien compris : Quelqu'un lui avait jeté le sortilège de l'imperiumIl avait été entraîné à ne pas s'y laisser prendre, mais cela n'avait pas suffitIl s'était fait piégerIl baissa la tête et sentit quelque chose lui mordiller le doigt. Il regarda. C'était Hedwige qui lui apportait une lettre. Il la détacha machinalement de la patte de la chouette sans apercevoir le regard courroucé que celle-ci lui jetait de ses yeux d'ambre. Lorsqu'elle hulula d'un air indigné, Harry murmura, légèrement agacé :
Je n'ai rien pour toi, Hedwige ! Et, franchement, je n'ai pas la tête à ça ! Va voir du côté d'Hermione, elle a sûrement quelque chose !
Il décacheta le parchemin et lut :

Mon Harry,
Je viens d'apprendre la victoire de Poudlard. Je suis très heureuseOn m'a dit qu'un joueur de Beauxbâtons s'était blessé mais j'imagine que ce n'est pas trop grave, non ? Je suis très fière de toi et je te souhaite encore beaucoup d'autres victoires de ce genre

Tu me manques déjà,

Cho.

Cette lettre qui aurait dû lui remonter le moral eut l'effet inverseLes personnes qui l'aimaient ne voyaient pas la vérité en face et les autres savaient comment la manipuler pour faire mal.

Siria et Mrs Williams avaient sympathisé pendant le repas et se trouvaient désormais toutes deux dans une tente. Elles discutaient.
Vous croyez vraiment qu'on ne peut rien faire pour lui ? interrogea Siria.
-Non, je ne vois pas comment vaincre son chagrin. Je crois qu'il n'y a pas de moyensIl faut attendre que ça passe. Mais ça prendra sûrement longtemps. De plus, l'état de Durand a encore empiré.
-MaisUn Elément de Cristal ?
-Les Eléments de Cristal ne doivent être utilisés que pour l'accomplissement de la Prophétie, tu le sais, Siria.
-On ne peut pas le laisser comme ça ! s'exclama Siria avec fougue, il est capable de se jeter l'Avada Kedavra si Pierre Durand succombe ! Vous savez aussi bien que moi que les élus ne doivent pas être séparés parla mort.
-Très bien. Nous allons chercher une solution. Oh, mon dieu, ç'aurait été plus simple avec le livre de la Prophétie, si seulement il n'avait pas été perdu
Siria dévisagea Mrs Williams, hésita un moment et murmura :
il n'a pas été perdu.
Muscadia Williams la regarda avec des yeux ronds.
Pardon ?
-JeJe vais le chercher.
Siria revint quelques minutes plus tard, l'ouvrage sous le bras. C'était un livre magnifique à la couverture de cuir noir ornée. Elle l'ouvrit. Les pages étaient remplies de sigles étranges qu'elle commençait à savoir décrypter peu à peu.
je connais quelques rudiments de la langue des Sages, expliqua Siria, ma grand-mère était
-Je sais, répondit Mrs Williams avec un petit geste de la main, mettons-nous au travail
Elle ouvrit le livre à une page où tous les Eléments de Cristal étaient représentés. Un texte décrivant leurs pouvoirs accompagnait les illustrations. Siria le parcourut à toute vitesse et secoua la tête.
Rien ici.
Elle s'apprêta à tourner la page, mais Mrs Williams lui prit la main et lui désigna un passage dans le texte. Le visage de Siria s'éclaira et elle murmura :
Oh !
-Voilà, se contenta de répondre Muscadia Williams, reste à trouver comment s'en emparer.