Chapitre 41.
Vague et larmes.



"Sois vigilante, Siria... Il peut être n'importe où, c'est son éclat qui t'attirera."
Siria ouvrit grand ses yeux.
"J'y vois rien, dans le noir ! Ca vous dérange pas, vous ??"
Muscadia Williams sourit.
"Je suis nyctalope, je vois dans la nuit."
Siria fronça les sourcils en marmonnant "Vous avez bien de la chance..."
La jeune femme éclata de rire.
"Ben quoi ?? Qu'est-ce qui vous fait rire ?
-Toi, Siria.
-Moi ??
-Oui...Tu ronchonnes, tu ronchonnes, alors qu'en fait, tu n'as pas si mauvais caractère que cela..."
Siria se sentit rougir dans le noir. Puis elle haussa les épaules et s'apprêta à répliquer quelque chose. Mais Muscadia Williams poussa un cri.
"Quoi ?? Quoi ?? Qu'est-ce qui se passe ?
-Silence, Siria !
-Mais c'est vous qui...
-CHUT !"
Siria tourna alors la tête et son coeur fit un bond dans sa poitrine. Comment avait-elle pu ne pas s'en rendre compte ?
Une lumière d'une pureté au-delà de tous les mots illuminait la forêt. Le vent se levait dans les bois et faisait geindre les arbres et bruisser les feuilles. Un clapotis cristallin s'ajoutait à cette étrange sonate sauvage...
Mrs Williams se baissa lentement et marcha, en s'aidant de ses mains, dans un silence parfait. Siria prit sa suite, aussi lestement qu'un félin, bien que le froid de la terre lui meurtrisse les mains.
Enfin, elles débouchèrent sur une grande trouée au fond de laquelle coulait une cascade d'une beauté irréelle, sauvage et indomptable.
"Oh mon Dieu..." murmura Siria.
Le miroitement de l'eau d'argent se reflétait sur son visage et le moirait de mille et un motifs.
"C'est comme dans un rêve, murmura-t-elle, sauf que je ne dors pas..."
Mrs Williams lui sourit et passa sa main dans l'eau. Les reflets s'évanouirent soudain et tout redevint terne. La cascade avait perdu sa fougue, et ressemblait presque à une eau tranquille.
"Qu'avez-vous fait ??? s'écria Siria.
-Calme, Siria... Tu vas voir."
Pendant quelques secondes, rien ne se passa. Puis, un grondement sembla monter des profondeurs du sol. Il s'amplifia, s'amplifia... L'eau commença à bouillonner et soudain...
"AAAAAH !"
C'était Siria qui avait hurlé. Une vague l'avait renversée et elle se tenait par terre, effrayée.
"Mais qu'est-ce qui se passe ?? Mrs Williams ?"
Mais Mrs Williams ne répondit pas. Sa baguette à la main, elle se trouvait debout devant une gigantesque vague trois fois plus haute qu'elle.
"Obéis moi ! hurla-t-elle, obéis moi, ton heure est venue ! Vague, viens à nous ! Les élus sont nés ! Ton heure est venue !"
La vague tenta de s'abattre sur elle mais Siria fut plus rapide.
"STUPEFIX !"
L'être d'eau resta quelques instants chancelant, pour s'intéresser de plus près à la jeune fille. Des paroles sortirent de la gorge de cette dernière, sans qu'elle ne les contrôle :
"Obéis moi, plie toi et aide moi ! Je suis une élue, pour les sauver tous ! Aide moi dans ma quête, Vague ! Accomplis ce pour quoi tu es née. Sois Cristal, mon arme contre les ténèbres ! Que l'eau devienne fossile !"
La vague sembla se débattre une dernière fois, avant de s'enflammer dans un grand flamboiement. Lorsque le feu se fut éteint, Siria s'approcha lentement de son foyer et y trouva un petit cristal en forme de vague.
Mrs Williams se précipita vers elle et l'étreignit.
"Bravo Siria ! Bravo ! Tu as réussi ! La Vague de Cristal est à nous !"
Siria voulut sourire mais le visage de la jeune femme se fit plus flou. Les mots ne parvenaient plus à ces oreilles. Elle se sentait tomber... Les odeurs de la nuit se mêlaient toutes et venaient envahir sa tête.

"Muscadia, je ne pensais pas que...
-Je suis désolée, Neptuna. Je comprends que vous ayez peur pour votre fille mais, ne vous inquiétez pas. Ce n'est rien.
-Rien ?! Elle s'est évanouie quand même, j'appelle pas ça rien...
-Il paraît qu'elle n'a rien mangé au repas, ça, je n'y peux rien.
-Qu'étiez-vous allées faire ?"
Un sourire se dessina sur les lèvres de Siria. Mais elle décida de garder les yeux clos. Elle entendit Mrs Williams hésiter.
"C'est à dire que... Oh, rien de bien important. Je vous en prie, Neptuna, faites moi confiance."
Il y eut un soupir.
"Très bien, très bien, lâcha Neptuna, vous savez ce que vous faites, après tout. Je vous fais confiance. Vous n'êtes pas n'importe qui, tenons nous le pour dit...
-Oh... Ce qu'on dit sur moi, vous savez."
Neptuna Missélia éclata d'un rire clair.
"On ne m'avait pas encore parlé de la modestie !"
Un silence envahit la pièce. Siria résistait toujours à l'envie d'ouvrir les yeux mais elle se demandait ce qui se passait. Ce fut d'une voix changée que Neptuna Missélia murmura :
"Je ne veux pas perdre Siria."
Muscadia Williams fit quelques pas dans la pièce.
"Voyons, elle est juste évanouie."
Siria ouvrit imperceptiblement les yeux. Mrs Williams avait posé sa main sur l'épaule de sa mère. Celle-ci se dégagea violemment.
"Vous savez très bien de quoi je veux parler, Muscadia ! Savez-vous ce que c'est pour une mère de savoir qu'elle est destinée à perdre son enfant, à le voir mourir ? Siria est ma fille, et je l'aime, Muscadia... Nous avons été séparées si longtemps... Maintenant que nous sommes à nouveau ensemble, penser que je vais la perdre... Pour toujours..."
Neptuna Missélia inspira profondément. Puis elle rit amèrement.
"Non, excusez-moi, je vous ennuie, je le vois. Bien entendu que vous ne pouvez pas le savoir."
Le coeur de Siria battait la chamade dans sa poitrine et les larmes lui montaient aux yeux. Bien entendu, elle avait toujours eu conscience que sa vie était fragile, et ne tenait qu'à un fil... Et c'était pourquoi elle avait cette rage de vivre en elle, et chaque jour plus d'amour pour cette existence. Mais entendre sa mère parler, elle qui avait toujours gardé espoir, l'entendre parler de fin inexorable...
Muscadia Williams baissa la tête.
"Si, je sais ce que c'est..."
Siria serra les dents pour empêcher ses larmes de rouler sur ses joues.
"Si, Neptuna..."
Elle releva deux yeux plein de larmes et ajouta simplement :
"Il s'appelait Tom."
Alors Neptuna Missélia s'approcha d'elle, et la prit dans ses bras. Elles restèrent toutes deux à s'étreindre, le dos parcouru de sanglots.
Deux grosses larmes roulèrent sur les joues de Siria. C'était toute sa vie qui prenait un nouveau tournant, le tournant final. Siria Black n'aurait jamais seize ans. Siria Black ne se marrierait jamais. Siria Black n'aurait pas d'enfants. Siria Black ne vieillirait pas. Siria Black ne vivrait pas.

Tu vas crever...

Tu vas crever...

Tu le savais.




****

Et voilà la fin du chapitre... Sur une note plutôt gaie... -_- (No comment) J'espère que ça vous a plu, en tout cas. A bientôt pour la suite...;o) (Ca fait très feuilleton ça...)

Namarië !

Tili