Chapitre 42.
Tom.



Il courait. Sans savoir pourquoi, mais il courait.
"Maman !" hurla-t-il.
Ses pommettes rondelettes et enfantines s'empourpraient. Il renouvella son appel. Il n'eut aucune réponse.
Les branches alourdies de pluie venaient fouetter son visage... Le vent cinglait, giflait, fouettait.
Et pourtant il courait.
Rester en vie. A tout prix.
Elle lui avait dit de fuir. Il fuyait.
Qu'allait-il advenir d'elle ? Elle avait dit de ne pas s'en soucier, mais, plus il essayait de ne pas y penser, plus il y pensait.
"Je m'en tirerais toujours, Tom. Mais si jamais ils nous arrivent quelque chose... Fuis, ne t'occupe pas de moi. Cours jusqu'à la première maison que tu rencontreras. N'essaie jamais de me sauver. Nous perdrions tous deux la vie bêtement."
Il fronça les sourcils, serra les poings, et accéléra. Une voix rententit bientôt derrière lui :
"Le gamin est là-bas ! Il se barre ! Rattrapez le !"
Il abandonna son sac devenu trop lourd dans sa course. Jamais il n'avait autant couru.
Pourtant, c'était une question de vie ou de mort. Courir, c'était vivre. S'arrêter, c'était crever.
Ses petites jambes menues de garçonnet commencèrent bientôt de flancher. Malgré tout, il serra les dents.
Il ne pouvait pas abandonner.
Il entendait déjà les pas des hommes se rapprocher.
"C'est bon, on l'a ce foutu gamin ! Rattrapez le, il va parler !"
Il comprit alors que tout était fini.
Il s'arrêta, et se retourna vers ses poursuivants.
Il brandit son poignard.
"Bonne soirée messieurs."
Il l'enfonça dans son ventre.
Incrédulité, tout d'abord : Il l'avait fait. 5 ans de vie pour ça.
Chaleur du sang écarlate sur ses mains bleuies par le froid.
Douleur.
Vision troublée.
Contact auditif perdu.
Chute.
Néant.

"Tu vas parler oui ?"
L'homme encapuchonné assena un coup de poing violent à la jeune femme, qui vacilla.
"Ca y est, t'es décidée ma jolie ?"
Muscadia Williams ne répondit pas. Avec un petit mouvement de la tête, elle cracha aux pieds de l'homme.
Son sang se mêlait à sa salive.
Il l'empoigna par les cheveux.
"Réponds à ma question !"
Elle ne parla pas plus.
"Donne-moi ton nom !"
Elle sourit.
"Dans tes rêves, Jason Goyle."
Il se recula, incrédule. La fougue et l'orgueil des vingt-cinq ans de la jeune femme ressortaient plus que jamais. Elle éclata d'un rire sans joie.
"Quoi ? Brad Crabbe, Jason Goyle... Derrière, Jon McCornik, Billy Jorson."
Elle ajouta d'un ton narquois :
"Madame va bien ? Et les gosses ?"
A nouveau, le dénommé Jason Goyle la frappa. Son nez se mit à saigner abondamment.
"Parle un peu, ma belle, tu me parais bien bavarde. Ca m'évitera de salir ton joli minois.
-Laissez-moi voir mon enfant, et j'y réfléchirai."
Cette fois-ci, ce fut à Billy Jorson de prendre la parole.
"Ton enfant ? Avec ou sans boîte ?"
Muscadia Williams pâlit.
"Que voulez-vous dire ?"
Billy s'avança.
"Il courait vite pour un gamin de cinq ans, quand même. Mais bon, inutile de dire qu'on l'a vite rattrapé."
L'éclat rebelle des yeux de la jeune femme se ternit soudain. Bien sûr, elle résisterait encore à ces hommes.
Mais elle n'avait plus aucune raison de vivre. Plus aucune.
Son fils, son unique fils était parti. Lui qu'elle avait tant chéri.
Jason Goyle s'avança.
"Bah alors ? Ca t'en fout un coup on dirait ?
-Bande de salauds. Salauds lâches, et traîtres. La seule proie que vous pouvez vous offrir est un enfant de cinq ans, qui ne demandait qu'à vivre."
A nouveau, il la frappa.
Elle n'avait plus la force de résister.
Elle hurla, et sa tête tomba sur son épaule.
"T'y as peut-être été un peu fort, Jase.
-Bof. Je vais chercher une bière, quelqu'un vient avec moi ? Jon, sois cool, garde la fille.
-Ca marche. Mais rapporte moi une bière."

Muscadia Williams se réveilla en sueur. Ce même cauchemar, qui revenait... Comme si le souvenir n'était pas assez présent !
Elle ouvrit le livre de la Prophétie du Cristal, que Siria avait oublié dans sa chambre.
10 ans déjà que Tom s'était éteint...
Elle feuilleta le grimoire, à la recherche d'une formule.
Elle comprenait désormais qu'il lui fallait à tout prix aider Mrs Missélia, et Siria.
Elle n'avait pas le droit de se laisser aller à la fatalité des choses. Après tout, une solution existait peut-être. Il lui fallait la trouver.
A tout prix.
Pour Mrs Missélia, pour Harry... Pour Harry.

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Désolée, chapitre très court... Mais un de mes amis vient de mourir, et c'est vraiment un cri du coeur, là...
N'hésitez pas à reviewer...

Tilicho