-- Le morveux n°2 a raison, fit Kéro, y a pas de son ! C'est quoi, c'te carte bizarre ?

-- C'est déjà assez énervant de ne pas pouvoir entendre quoi que ce soit, lui fit Gothar un exaspéré, mais si c'est toi qui remplaces la bande son, non merci !

-- Traduction ?

-- LA FERME !

Kéro, mécontent, lui tira la langue.

-- Ah ! Ca devient intéressant, fit remarquer Samantha, bien que tout le groupe pensait la même chose en voyant Thomas prendre Lionel par le bras, et pas avec une grande douceur.

Sans un bruit, ils les suivirent donc, et se cachèrent derrière le mur. Ils eurent alors les yeux grands ouverts en voyant Thomas qui commençait à "brutaliser" le lycéen. Pour calmer les autres, Anthony ferma les yeux et se concentra : tout le monde put voir une lumière noire entourer Thomas.

-- Il. . . Il. . . il est contrôlé, fit Tiffany d'une voix timide.

-- C'est clair ! Même que plus contrôlé que ça, tu meures ! Y doit vraiment s'éclater, le mec ! Comment déjà ? Ah oui, Jason ! Quel ahuri !

Tiffany s'autorisa à sourire en entendant la remarque de Justin.

-- Mais dites-moi, reprit Justin, faut payer un abonnement à part pour avoir le son ? Parcqu'apparemment, ça cause !

C'était vrai : on pouvait voir la bouche crispée de Thomas en train de bouger tandis qu'il était sur Lionel, le pied sur le visage de ce dernier.

-- Ouais, ben il y va quand même fort, admit Kéro. Ouch ! Ca doit faire mal !(Thomas venait d'assommer Lionel d'un coup de pied.)

Tous ouvrirent de grands yeux lorsque Thomas s'évanouit à son tour. Que lui était-il arrivé ? Quelques instants passèrent, puis une ombre noire sortit du corps de Thomas, et alla sur le toit du lycée. Sept pairs d'yeux étonnés la suivirent (des yeux ), et tout le monde put voir deux silhouettes : l'une était petite (la taille d'une petite lycéenne), et on voyait ses cheveux flotter au vent.

-- Pas de doute, ça doit être une bombe ! s'extasia Kéro devant la "sublime" silhouette.

L'autre silhouette ne devait pas dépasser Justin, et à sa tenue qui elle aussi flottait au vent, on pouvait deviner qu'il pratiquait la magie : c'était pas n'importe qui qui se baladerait avec une cape de sorcier.

-- Alors c'est lui Jason, souffla Yué.

-- Salopard ! fit Justin entre ses dents serrées de fureur.

Pendant ce temps, dans la chambre d'Anthony, deux tourtereaux avaient fini de faire les fous dans les couvertures du lit. Ils s'étaient tous deux mis sous la couette, et parlaient rarement. Ils étaient si tranquilles. Rien ne pourrait briser cet instant. Du moins, ils l'espéraient, puisqu'ils étaient sans cesse interrompus.

Sakura remua et se retourna pour faire face à son petit ami qui depuis tout-à-l'heure lui caressait les cheveux. Elle ferma les yeux et tendit ses lèvres. Lionel comprit et l'embrassa pour quelques secondes.

-- C'est moi qui prépare le dîner ce soir, fit Sakura. Faudra pas rentrer trop tard.

-- Je t'aiderai si tu veux, lui fit Lionel, en passant son nez dans les cheveux de sa copine.

-- Merci, c'est sympa.

Elle se rapprocha de son chéri, mais au moment de lui entourer le torse de ses bras et de poser sa tête dessus, Lionel fit une grimace de douleur.

Sakura se décolla aussitôt :

-- Qu'est-ce que tu as, mon poussin ?

-- Rien du tout.

-- Lionel. . . Tu m'as dit qu'il t'avait seulement frappé au visage, lui fit Sakura, les larmes aux yeux du fait que Lionel lui ai encore mentit.

-- C'est rien Sakura, je t'assure. Sur l'instant, ça a fait un petit peu mal, mais tout va bien.

-- Est-ce que je dois vraiment te croire ? Parce qu'en ce moment, . . .

-- Tu ne me fais pas confiance, Sakura ? demanda tristement Lionel.

-- C'est pas ça, mais . . . (elle soupira)Je me souviens de tout ce que tu m'as dit, hier soir, lorsqu'on a commencé à pleurer. Lorsque tu m'as tout dit. Que tu te sentais. . . inutile. Lionel, je sais à quel point ça peut faire mal d'être dans cet état.

-- Quel rapport avec maintenant ?

-- Ta façon d'agir. Je sais très bien que. . . tu dis que ça va pour ne pas m'embêter avec tes histoires. C'est exactement les mots que tu aurais employé, si tu avais dû cracher le morceau, pas vrai ?

Lionel, ne sachant quoi dire, détourna les yeux. Elle avait raison.

-- Tu es toujours dans le même état depuis, continua Sakura. Et. . . ça te fait beaucoup plus de mal si tu n'en parles pas à quelqu'un.

Lionel ouvrit la bouche pour parler, mais Sakura l'en empêcha :

-- Tais-toi, stp, je n'ai pas fini. (silence)Tu sais que je serai toujours là pour t'écouter, arrête de te sentir exclus. On a l'impression, à voir ta tête, que tout le monde veut ton malheur. Que tous les autres te détestent.

Lionel baissa cette la tête. Elle venait encore de mettre dans le mille. Sakura se rapprocha, et lui dit, comme pour conclure :

-- Ca n'a pas dû être facile d'être élevé sans beaucoup de sentiments, mais. . . moi, je t'aime Lionel, et je n'ai aucune honte à le dire. Et ça me mettrait en confiance si tu me disais enfin la vérité. Que crains-tu pour rester muet ? Que je te dise que j'en ai rien à faire ? Que tu dois te débrouiller ?

Sakura avait les larmes aux yeux. Était-ce vraiment les pensées de Lionel ? Il manquait de confiance en lui. Et il doutait d'elle. Elle l'obligea à lever la tête : leurs regards se croisèrent, et tous deux savaient qu'ils pensaient chacun comme l'autre. Pourquoi est-ce qu'à chaque fois qu'ils se parlaient, ils avaient un problème ? Est-ce que Jason les contrôlait une fois de plus ? Non. Ca, c'était entre eux.

-- Alors, sois franc, s'il te plait Lionel. Si j'appuie là, est-ce que ça te fait mal ?

Joignant le geste à la parole, elle appuya un petit peu sur le torse du jeune homme. Bien qu'il lui suffit de voir la grimace de Lionel pour lui répondre, elle attendit que ça vienne de lui.

-- Oui, avoua-t-il. Oui, ça fait mal.

Sakura lui sourit pour l'encourager. Puis elle l'embrassa tendrement, et passa ses mains sous l'uniforme de Lionel. Elle continua de l'embrasser, mais soudain, elle décolla ses lèvres, et arracha d'un cou sec le haut de l'uniforme à son propriétaire.

-- Hey !

Ne lui laissant pas le temps d'en dire plus, Sakura le ré-embrassa, avec encore plus de douceur.

-- Désolée, dit-elle enfin, mais c'était le seul moyen, ou t'aurais refusé de l'enlever. Maintenant, laisse-moi voir ça.

Délicatement, elle mit sa main sur le torse de son copain. Il n'y avait aucune trace de blessure, mais elle devinait à qu'elle point ça pouvait lui faire mal.

-- Comment est-ce qu'il t'a fait ça ? demanda Sakura en parlant de Thomas.(chapitre 8)

-- Et bien. . . hésita Lionel. C'est que. . . comment dire. . . heummmmm. . . ben tu vois, c'est juste que. . . heu. . .

-- Allez, vas-y ! l'encouragea Sakura.

-- Ben, (il se jette à l'eau)ilmamarchédessus.

-- Quoi ? J'ai rien compris, mon nounours !

-- Tant mieux, souffla-t-il. Il m'a "posé" le pied sur l'uniforme.

-- Y t'a écrabouillé ! s'exclama Sakura, horrifiée.

Elle se blottit alors contre Lionel, toute tremblante.

-- Je hais ce Jason. A cause de lui, j'en veux à mon frère pour ce qu'il t'a fait. Je t'en ai voulu à toi aussi. Je le hais, je le hais, je le hais !

-- Calme-toi, ma belle. Ce Jason n'est qu'un pauvre imbécile. Il vaut même pas la peine que tu t'énerves !

-- Merci. (silence)Et, mais tu remets ton uniforme ! Pas question, tu entends !

-- Heu. . . c'est que j'ai froid, inventa-t-il. Et puis, si quelqu'un entre, tu comprends. . .

Sakura lui fit un sourire. Ce sourire qui le faisait fondre à chaque fois qu'elle le faisait. Devant son visage, il était le garçon le plus heureux qui existait. Bon Dieu qu'elle était belle ! Et gentille. Et sublime. Ah, s'il devait faire une liste de tout ce qu'il aimait chez elle, il n'aurait jamais eu le temps de la finir tellement elle aurait été longue ! Cette fille, c'était vraiment quelqu'un ! Elle devait être heureuse. Elle était si gentille avec tout le monde. Il ferait tout pour que son bonheur soit le plus total qui existe.

Tout à coup, le sceptre se transforma tout seul, sans que Sakura ait prononcé la formule.

-- Hein ?

Quant aux autres, ils étaient de retour au salon, et avaient pu comprendre pourquoi ils n'avaient rien entendu. Deux cartes se trouvaient devant eux : le Passé et le Silence. Les deux cartes de Jason s'envolèrent alors à l'étage.

-- Mais qu'est-ce qui se passe ? demanda Sakura lorsqu'elle vit deux morceaux de carton se diriger vers elle. Les deux cartes se transformèrent sous leurs yeux, et se rangèrent dans la main de la Maîtresse des cartes.

-- Plus on avance, et moins je comprends, remarqua Lionel.

Des bruits de pas se firent alors entendre, et tout le monde (sauf Thomas qui dormait) se retrouva dans la chambre.

-- Aaaaaaaaahhhhhhhhh !!!!!!!! S'écria alors Kéro, pointant Lionel, qui avait mis trop tard les couvertures devant lui pour cacher son torse nu. Mais c'est horrible ! Vous. . . vous. . . vous étiez quand même pas entrain de . . . de. . . enfin vous voyez, quoi !

-- C'est de sa faute ! répliqua Lionel en pointant Sakura du doigt. C'est elle qui a voulu ! Elle voulait être sûre que. . . (il avait compris qu'il parlait trop)que ça allait, se reprit-il.

-- T'en fais pas, on a rien dit, lui fit Samantha, un sourire aux lèvres.

-- Ouais, ben regarde pas trop près quand même ! fit Sakura, faisant semblant d'être jalouse.

-- Oh, t'en fais pas, je te le laisse.

Toutes deux se sourirent.

-- Heu. . . fit Sakura. Je pense que vous avez dû le remarquer, mais y a deux cartes, et . . .

-- Oui, on eu affaire à elles, répondit Kéro.

-- Donc, vous êtes allés dans le passé ?

-- Oui, fit Tiffany, mais avec la carte du Silence, on a rien put entendre.

-- Et vous y avez vu quoi ? demandèrent Sakura et Lionel d'une même voix.

-- Heu. . . ben. . . on a vu. . . commença Gothar, gêné.

-- Lorsque tu as capturé la carte de l'Illusion ! inventa aussitôt Tiffany. C'était d'ailleurs dommage qu'il n'y avait pas de son, ça gâchait tout ! Et en plus, tu portais un costume vieux d'il y a quatre ans !

-- C'est plutôt normal, si t'étais dans le passé, fit Sakura, une goutte derrière la tête.

-- Oui, mais quand même !

Dans la maison des Kinomoto :

Sakura chantonnait, tandis qu'elle préparait le dîner en compagnie de Kéro et Lionel. Elle feuilletait un livre de recettes pour savoir quel dessert elle ferait. Bien sûr, Kéro était tout de suite là pour dire que "ce" dessert était une merveille, qu' "il" ferait sûrement l'affaire, et ceci et cela. L'ennui, c'était qu'il disait ça à chaque dessert qu'il voyait.

-- Et toi mon lapin, qu'est-ce que tu aimerais ? demanda gentiment Sakura à l'intention de Lionel.

-- Et bien, si c'est préparé par toi, n'importe quoi ! Tout ce que tu peux faire, une gâteau, ou une glace, ou même une de mes chaussettes avec du sucre dessus, je le mangerais ! Parce que c'est toi qui l'a préparé !

-- J'ai l'impression d'entendre Tiffany ! sourit Sakura.

-- Tiffany, elle, elle se contente pas de parler, fit remarquer Kéro en volant près de Sakura. Elle, elle fait des bons gâteaux, et elle en apporte toujours quand elle vient !

-- Kéro, tu ne penses qu'à manger !

-- Estomac sur pattes !

-- Hé ho, toi on t'a pas sonné, vu ? s'énerva Kéro.

BOM BOM BOM ! Des bruits retentirent du plafond au-dessus de leurs têtes :

-- C'est pas bientôt fini votre boucan ? fit la voix de Thomas à travers le plafond.

-- Heu . . . Désolés Thomas ! lui répondit Sakura. On va se calmer, promis !

Thomas ne répondit pas, et le silence s'installa pendant quelques secondes.

-- Bon, mon minou, alors à part une de tes chaussettes avec du sucre, plaisanta Sakura, qu'est-ce que tu aimerais en dessert ?

-- Fais ce qui te semble le plus simple, ne te creuse pas la tête pour rien, mon bijou !

Sakura rougit, mais parvint à lui sourire.

-- Je ne suis pas un gros mangeur, tu sais, continua Lionel. Contrairement à certains ! fixa-t-il Kéro.

Celui-ci lui tira la langue. Sakura leur sourit, puis se replongea dans le livre de cuisine, et recommença à chercher. Lionel alla éteindre le feu qui avait fini de faire chauffer les nouilles, puis s'approcha de Sakura par derrière, et lui fit un bec sur la joue.

-- Alors, tu trouves ?

-- Non, pas vraiment. Y a tellement de choix ! Et puis entre toi qui veux rien, et Kéro qui veut tout, c'est dur !

-- Ben t'as qu'à faire la moitié des gâteaux du livre !

-- J'adore quand tu fais de l'humour, mon petit mamour à moi !

-- Ouais, y parait que l'humour, c'est le meilleur truc pour séduire les filles !

-- Heum heum, toussota Sakura froidement et jalousement.

-- Mais après, faut trouver d'autres blagues pour les garder auprès de nous, ces perles rares. lui chuchota Lionel dans le creux de l'oreille.

-- Arrête, s'il-te-plait.

-- Heu, j'ai dit quelque chose qui fallait pas ?

-- C'est pas ça, mais. . . chez Anthony, je t'ai dit que je te réservais toute le soirée, et là, tu me donnes envie de te câliner tout de suite, et faut que je résiste jusqu'à ce soir.

-- Ouh, Mademoiselle Sakura est vraiment chaude en ce moment même, pas vrai, la taquina-t-il en lui caressant très délicatement le corps (chuis pas obsédée, alors allez pas imaginer qu'il la touche n'importe où !).

-- Mmmmmhhh, tu le fais exprès, je le sais !

-- J'avoue. Pourquoi te le cacher, après tout ?

-- Arrête, t'es méchant sur ce coup-là !

-- Oui, je sais, et t'as l'air d'aimer.

-- Lioneeeeel, stop, j'vais craquer, fit-elle, tandis que les mains de Lionel continuaient de se balader sur elle.

Mais Lionel en rajouta en posant sa joue contre celle de sa bien-aimée et fit semblant de regarder le contenu du livre par-dessus son épaule.

-- Alors qu'est-ce que tu comptes faire ? demanda Lionel.

-- Si tu t'enlèves pas bientôt, je vais te sauter dessus et t'embrasser sans me soucier de savoir si tu vas manquer d'air ou pas.

-- Je parlais du gâteau, mon ange, mais voyons voir si tu vas mettre ta menace à exécution.

-- Non, Lionel, stp !

-- Si jamais tu le fais, j'aimerais bien voir la tête de Thomas ! Mais allez, je suis sympa ! Je vais patienter puisque toi aussi tu résistes !

-- Merci.

Elle leva les yeux, et vit le petit gardien ailé qui leur tournait le dos, furieux, en secouant les nouilles. Elle avait complètement oublié que Kéro n'aimait pas voir Sakura et Lionel dans des situations comme ça. Kéro ne l'avait pas avoué à Sakura, mais il se sentait si. . . éloigné d'elle désormais. Elle avait son petit ami constamment près d'elle, et elle adorait être seule avec lui. Qu'est-ce qu'un simple gardien des cartes pouvait lui procurer par rapport au garçon de ses rêves ? Rien, bien sûr. Il savait pourtant qu'un jour ou l'autre, Sakura aurait eu un petit ami, et que plus tard, elle se construirait une famille, elle aurait des enfants, . . . Il se sentait si vieux, tout d'un coup. Et il se trouvait un peu dans le cas de Thomas. Tous deux perdaient ce qu'ils avaient de plus cher : Sakura. Mais ils ne devaient pas en vouloir à Lionel : il était tout comme eux, il ne voulait que le bonheur de Sakura.

Cette dernière sortit alors de la pièce, car elle voulait demander à Thomas quel gâteau il voulait manger, puisqu'elle n'arrivait toujours pas à se décider. Lionel en profita pour parler à Kéro :

-- Désolé. dit-il. Je. . . j'aurais pas dû faire ça sous ton nez.

-- Non. Effectivement, t'aurais pas dû. répondit froidement Kéro, sans lui accorder le moindre regard.

Lionel ne dit rien, laissant entendre une sourde dispute entre Sakura et son frère, puis nota :

-- Tu n'auras jamais fini de m'en vouloir.

Il s'approcha de l'évier et commença à laver les ustensiles qui avaient servi à faire la sauce.

-- Je. . . Je. . . Oh ! Oui, je t'en veux de me voler Sakura sous mes yeux. . .

Lionel continua de faire sa mini-vaisselle, bien que ses membres se soient mis à trembler d'un coup. Il s'était toujours amusé à taquiner cette peluche, mais il ne voulait pas jouer avec les sentiments de cette dernière. Si Kéro était triste à cause de lui, alors Sakura serait aussi triste que lui, pour son bonheur. Et ça, il n'en était pas question. Jamais.

-- Alors dis-le lui, déclara Lionel, la voix tremblante.

Kéro ne savait pas quoi répondre. Bien sûr, il devrait avoir une conversation avec Sakura là-dessus, mais en même temps, il voyait ce garçon qui avait le coeur brisé à l'idée de voir son bonheur avec celle qu'il aime se rompre.

-- Même si elle est naïve, Sakura s'en rendra compte tôt ou tard, lui fit Lionel, sans quitter des yeux la mousse du liquide-vaisselle. Et alors, elle sera triste que tu ne lui ai rien dit par toi-même.

Kéro ne répondit pas, et secoua davantage les nouilles. Le silence se ré-installa pendant une dizaine de secondes. Le gardien tourna son regard vers Lionel, mais celui-ci ne le regardait pas en retour. Il était en train d'essuyer une louche lorsque Kéro remarqua son regard tourné vers le sol. J'y suis peut-être allé un peu fort, pensa Kéro.

-- Heu. . . petit . . . J'ai été un peu brutal sur les mots, fit-il, ayant du mal à trouver les mots qui convenaient. C'est pas que tu me voles Sakura. . .

Il s'arrêta net lorsqu'il vit Lionel baisser encore plus la tête. Kéro cligna des yeux : ce garçon avait vraiment un problème.

-- Je. . . je sais pas ce que j'ai. . . s'excusa Lionel, en se crispant soudainement, et en tenant si fort le manche de la cuillère que ses jointures en étaient blanches. Mais depuis que Jason s'amuse avec nous, je ne fais que. . . que. . .

Il suffit à Kéro de le voir stopper sa phrase à cause de la tristesse pour lui faire comprendre ce qui arrivait à ce lycéen. Il ne faisait que pleurer. Du moins, c'est ce qu'il devinait.

-- . . . je crois que je fais beaucoup souffrir Sakura, termina Lionel. On a eu déjà plusieurs disputes. Deux, je crois. Et en plus avec son frère. . .

-- C'est lui qui t'a fracassé, n'est-ce pas ? fit le petit gardien, pour changer de sujet.

Lionel se tourna alors vers Kéro, surpris :

-- Co. . . co-co. . . Comment t'as su ?

-- La carte du Passé. fit simplement Kéro.

-- Mais Tiffany nous a pourtant dit. . .

-- Eh, t'as autant de perspicacité que Sakura, toi, ça craint ! se moqua Kéro. (Silence)Ouais, on a vu, mais on a rien entendu par contre, à cause de la carte du Silence.

-- Ah.

-- Quand vous étiez tous les deux dans les pommes, une drôle d'ombre est sortie du corps du frangin. Et là, on l'a vu rejoindre deux personnes. Je suis sûr que Jason est une des deux.

-- Alors pourquoi est-ce que Tiffany a menti ?

-- On voulait pas le dire à Sakura.

-- Sakura est déjà au courant.

-- Quoi ?

-- Je le lui ai dit. Elle voulait absolument savoir ce qui c'était passé.

Le silence se ré-installa. Les deux garçons sourirent(ok, Kéro n'est pas humain, mais c'est pas une fille non plus). Alors qu'ils avaient été rivaux pendant des années, ils se confiaient l'un à l'autre. Lentement, chacun tourna le regard pour voir ce que faisait l'autre. Leurs regards se rencontrèrent alors, puis ils se sourirent. On changeait tous un jour.

Dans la maison de Tiffany

-- Heu. . . Justin ? fit timidement Tiffany.

-- Oui ?

-- Heu, je pense qu'il faudrait éclaircir ce qui s'est passé hier soir.(chapitre 6)

-- Ben. . .

Tiffany attendit qu'il parle et constata en même temps que les garçons n'étaient vraiment pas doués en matière de langage.

-- Heu, je crois que j'étais un peu sonné, à. . . à cause du combat ! Oui, c'est ça ! A cause du combat !

-- Ah bon, fit Tiffany, déçue.

-- Mais en même temps, j'dois avouer que c'était plutôt pas mal, sourit-il en rosissant. Comparé à d'autres fois.

Tiffany faillit manquer une respiration. c'était bien ce qu'il avait dit. Alors il avait eu d'autres filles. Qu'elle était bête ! Elle aurait dû s'en douter ! Peut-être même avait-il une copine à Hong-Kong. Et comment un garçon aurait pu tomber amoureux d'une fille qu'il connaissait à peine en moins d'une semaine ? Elle lisait trop d'histoires romantiques. Et elle en imaginait à tous les coins de rues. Mais en voyant Justin lui sourire si gentiment, elle avait espéré. Et c'était une grave erreur.

Chez les Kinomoto :

-- J'sais pas pourquoi, mais j'ai envie de faire une pause pour notre rivalité, avoua Kéro.

-- Espérons qu'elle dure longtemps. fit Lionel.

Tout à coup, on entendit un grand boucan provenant des escaliers, puis la voix de Sakura :

-- De toutes façons, tu comprends jamais rien ! criait-elle à l'adresse de son frère.

Elle entra dans la cuisine.

-- Il m'a dit que maladroite comme je suis, je serais capable de confondre la pâte avec du ciment frais, se plaignit Sakura.

Les deux autres s'étaient retournés, puis Lionel lança à Kéro :

-- Tu veux savoir comment on peut la maîtriser ? demanda-t-il avec un sourire mesquin.

Sakura, ne comprenant rien, cligna des yeux.

Le repas passa, et Dominique fit des compliments aux chefs. . Il fut d'ailleurs surpris de ne sentir aucune violence au niveau du tibia. Sakura ne lui avait pas donné de coup de pied. Il fit semblant de faire tomber sa fourchette par-terre, puis regarda sous la table, bien que personne ne s'en préoccupait, puisque la conversation était principalement axée sur Toutankhamon. Thomas regarda donc sous la table, et vit alors que Sakura avait déchaussé une de ses pantoufles et caressait tendrement la jambe de Lionel avec son pied(ils sont assis l'un en face de l'autre). Celui-ci avait d'ailleurs fait exactement pareille qu'elle, ce qui mit Thomas hors de lui. Il remonta rageusement sur sa chaise, fixant d'un regard noir le garçon assis en diagonale par rapport à lui(Lionel en l'occurrence). Mais il fit exprès de glisser son pied vers le centre de la table, où il y avait déjà de la "circulation" entre les jambes. Il s'amusa à écraser les orteils des deux amoureux au travers de leurs chaussettes. Erreur fatale : il se reçut deux coups de pied pour le prix d'un dans la jambe. Cet "excès de violence" fit un bruit qui accompagnait le gémissement de Thomas. Dominique cligna des yeux sans comprendre, tandis que les trois autres eurent un rire gêné. Enfin, le dessert arriva. Sakura avait décidé de faire un gâteau au chocolat : Kéro adorait les gâteaux(ai-je vraiment besoin de le préciser ?), et le chocolat faisait partie des plats préférés de Lionel.

-- C'est succulent, ma chérie ! Apparemment, tu as retenu mes leçons.

-- Oui, sourit-elle, ayant compris du premier coup où son père voulait en venir(si vous avez vu l'épisode de l'animé "Sakura fait la cuisine", c'est lorsque son père lui dit que le plat est mieux réussi si on le fait pour quelqu'un qu'on aime).

-- Il reste encore 5 parts, remarqua Dominique. Et bien, une me suffit amplement.

-- Mmmhhhhhhh, méfie-toi papa, fit alors Thomas, il y a sans doute de l'arsenic là-dedans.

-- Zut ! s'exclama Lionel. Comment il a su que c'était pour lui l'arsenic ? demanda-t-il à Sakura.

-- Ah !-Ah !-Ah ! Très drôle, ironisa Thomas. Je suis plié en deux.

-- Bon, ben nous on va se prendre une part chacun, et on va se partager la troisième ! annonça Sakura, parlant pour Lionel et elle.

-- Je crois déjà savoir comment vous allez faire, fit alors Thomas, en sortant la langue.

Les deux amoureux rougirent, puis lui flanquèrent un coup de pied.

-- Ouch !

Fiers d'eux, Sakura et Lionel se sourirent, puis montèrent dans la chambre avec les trois parts de gâteau. Une fois arrivés à destination, ils laissèrent une part à Kéro sur le bureau (celui-ci se jeta dessus), puis s'allongèrent sur le lit, à plat ventre, l'un en face de l'autre, balancant leurs jambes dans le vide, en ayant mis leurs parts de gâteau dans une même assiette. Chacun piochait un petit morceau avec sa fourchette et le mettait dans la bouche de l'autre(C'est y pas mignon !). Kéro ne bronchait pas en les voyant ainsi. Bien que maintenant, ils avaient collé leur front, et se regardaient dans les yeux. Sans s'en rendre compte, ils avaient pioché le même morceau de gâteau, et voulurent le prendre en même temps, se regardant toujours dans les yeux. Leurs bouches se collèrent lorsqu'ils voulurent tous deux engloutir le morceau. Ils ouvrirent alors de grands yeux, mais les fermèrent alors, goûtant pour la première fois un "baiser au chocolat" ! Lorsqu'ils se séparèrent, ils éclatèrent de rire, en s'enlevant les miettes chocolatées de leurs lèvres. Ils laissèrent Kéro lécher l'assiette, puis Lionel s'approcha de Sakura et l'embrassa tendrement dans le cou. Tous ses gestes étaient lents, et doux. Sakura se laissait faire, les yeux fermés, heureuse. Elle sentit les mains de Lionel se glisser sous son chemisier. Mais soudain, il l'attrapa fermement et la bloqua sur le lit.

-- C'est bon, j'la tiens ! sourit-il victorieusement.

Kéro vola alors à toute vitesse vers Sakura, et commença à la chatouiller, tandis que Lionel la tenait. Sakura éclata de rire, ne pouvant faire autre chose.

Dans le salon, Dominique sourit et leva les yeux de son livre en entendant sa fille rire aux éclats. Elle avait tellement grandi. Le temps était décidément très vite passé. Il semblait à ce professeur que c'était hier que ça petite fleur de cerisier partait le matin toujours en retard, ses cheveux courts souvent attachés en couettes, allant voir ses amis au collège, insouciante. Maintenant, c'était une très belle jeune femme. Dans deux ans, elle serait majeure. Et même à cet âge-là(c'est à dire 16 ans), elle pouvait se marier. Dominique soupira, puis regarda la porte close de la chambre de sa fille. Non. Elle ne se marierait pas avant plusieurs années. Connaissant la timidité de Lionel, ce n'était certainement pas pour maintenant. Et les enfants. . . n'en parlons pas ! pensa Dominique, en souriant. Il était sûr qu'il ne serait pas grand-père de sitôt ! Il s'approcha alors d'un portrait de sa femme, Nathalie Kinomoto. Ses yeux verts; son doux sourire; son air d'ange; il comprenait très bien Suzanne d'avoir protégée sa meilleure amie (et cousine). Elle était si loin, maintenant. Mais il savait qu'elle était en paix, désormais. Et aussi qu'elle veillait avec tout son amour sur sa famille, et tous ceux qu'elle aimait.

Chez Tiffany :

-- Heu. . . Tiffany, c'était la première fois que t'as. . . enfin que tu. . .

Justin cherchait les mots pour dire sa phrase, mais Tiffany avait déjà compris ce qu'il voulait dire.

-- Oui, souffla-t-elle. C'est la première fois que je. . . que j'embrasse un garçon.

-- Ah.(silence) Désolé. C'est bête que je sois ce garçon.

Tiffany leva la tête vers lui, sans comprendre :

-- Qu'est-ce que tu veux dire ?

-- Heu. . . je-je. . . je pensais pas que ça arriverait, et . . . oh ! ça me fait penser : est-ce que t'as aimé ?

-- Hein ? Quoi ?

-- Le baiser. Est-ce que t'as aimé ?

-- Ben, sur le coup, j'ai pas réfléchi, et . . . mais je crois que. . . oui.

-- Vraiment ? demanda-t-il en s'asseyant à côté d'elle sur le lit.

-- Oui, mais. . . Pourquoi tu veux savoir ça ? demanda Tiffany en levant un sourcil.

-- Ben, c'est difficile à expliquer, commença Justin en approchant sa tête de celle de Tiffany, parce que je. . . je. . .

Il n'arrivait pas beaucoup à finir sa phrase. Il avait fermé les yeux, et Tiffany avait fait de même, se fichant royalement des justifications de Justin. Celui-ci se sentait vraiment attiré par cette jeune fille. Pourtant, il n'avait jamais éprouvé ça pour une fille. Pas même pour Rhonda(chapitre 1). Sans s'en apercevoir, il avait glissé une de ses mains derrière la taille de Tiphany, et sentait le souffle de cette dernière sur son visage. Il n'en pouvait plus. Pourquoi résistait-il d'ailleurs ? Il se laissa abandonner dans la douceur de cette jeune fille, qui semblait n'attendre que ça. Justin laissa ses lèvres glisser sur celles de Tiffany. Deux fois en moins d'une semaine. C'était pourtant si doux, si bon, si. . . simple. Ils séparèrent leurs lèvres, et Justin, sans savoir pourquoi, ne voulait pas que cela s'arrête. C'est sans doute pour ça qu'il décolla sa bouche très lentement de celle de Tiffany.

-- Tu disais ? demanda celle-ci.

-- Je. . . Je crois que si ça t'avais vraiment plu, j'aurais recommencer, et plus d'une fois.

-- Pourquoi moi ? Rhonda ne t'intéresse plus ?

-- Serais-tu jalouse ? Est-ce que je t'attire ?

-- Après ce qui s'est passé, je. . .

-- Parce que moi, ça me fait cet effet.

-- Moi aussi, Justin.

-- Oh, tu m'appeler "mon amour" !

Pour toute réponse (et aussi pour s'amuser), Tiffany lui lança son oreiller au visage en riant. Justin éclata de rire également, et plaqua Tiffany sur son lit, en essayant de l'étouffer en lui mettant à elle aussi un oreiller sur le visage. Un si beau visage. Mais malgré leur allégresse, tous deux pensaient la même chose : Comment les autres allaient-ils le prendre ?

De l'autre côté de la porte, Suzanne les regardait avec un regard doux(la porte était entrouverte). Elle les avait entendu rire et était montée. De toute évidence, ce garçon était un vrai clown adorable. Elle ouvrit alors de grands yeux lorsque sa fille passa ses bras autour du cou de Justin, et que tous deux se mirent à s'embrasser. Tiffany aurait-elle trouvé l'amour en l'espace de quelques jours ?

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