Titre : Sangs, I, chapitre III.

Auteur : Lychee.

Source : Harry Potter, I, II, III, IV.

Genre : Sérieux (pour résumer).

Disclaimer : Plume à moi… Raven à moi… Killian à moi… mais pas les autres. SEEEEEEEEEEV' !!! (T_T)

Sangs.

Premier trimestre.

Chapitre III :

Rentrées.

            Ron :

            ''Je me demande ce qu'il enseigne.''

            Hermione :

            ''Ca me paraît évident. Le seul poste vacant, c'est la Défense contre les forces du Mal.''

            Harry, Ron et Hermione avaient déjà eux deux professeurs dans cette matière et chacun d'eux n'était resté qu'une seule année. D'après la rumeur, c'était un poste maudit.

            §§§§§

Harry descendit du train tristement. Voilà… Il ne prendrait plus jamais le Poudlard Express pour une nouvelle rentrée. Terminé.

            - Allez, hauts les cœurs, lui souffla Hermione.

Il eut un sourire forcé. Poudlard était sa maison. Et il y venait pour la dernière fois.

            Bon, allez, une longue dernière fois. Il avait un an pour en profiter, après tout ! Surtout maintenant que Hermione était Préfète en Chef… Ils allaient pouvoir faire plein de bêtises…

            Et à la fin il serait majeur. Libre. Il réalisa soudain que dans un an, ses amis et lui seraient… adultes ? Etrange… Pour lui Ron était toujours l'adolescent enfantin et maladroit, et Hermione la petite fille sérieuse et trop réfléchie. Il les regarda attentivement.

Ron. Immense, toujours en longueur et dégingandé. Mais il s'était épaissi. Ses gestes étaient toujours maladroits, mais on devinait un corps solide et bien musclé sous la robe des Gryffondors. Son air éberlué s'était atténué, mais son sourire était demeuré charmant. Un grand jeune homme sympathique. Et séduisant, attendrissant, en fait, avec ses cheveux roux emmêlés et son regard bleu embarrassé.

Hermione. Pas très grande, toute mince. Ses heures d'études ne lui avaient heureusement pas voûté le dos. Harry réalisa soudain combien son amie était bien proportionnée… Ses cheveux ébouriffés, qu'elle avait coupé court, lui donnaient un petit air espiègle. Son sourire était joli, ses yeux chocolat attirants. Une jeune fille vive au caractère bien trempé.

Et moi ? A quoi est-ce que je ressemble ?

Le jeune homme promit de se juger impartialement le soir-même devant un miroir.

- Hey ! Harry !

- Hagrid !

Riant, le jeune homme partit saluer son vieil ami qui rassemblait les premières années autour de lui. Ils s'étreignirent, heureux de se retrouver.

- Harry, je suis désolé pour cet été…

- Ce n'est rien. Les Dursley ont survécu et j'en ai réchappé, comme vous voyez !

- J'étais vraiment soulagé…

Hagrid eut un énorme sourire.

- Et tu t'es bien amusé chez Snape ?

- Et bien bizarrement, oui, avoua Harry.

Hagrid n'eut pas l'air surpris et lui fit un clin d'œil.

- M'étonne pas. Bon, il faut que j'y aille, on se revoit en cour !

Et il le planta là.

* Mais c'est pas possible ça ! Tout le monde est au courant pour Snape et…*

- Harry on y va ?

- J'arrive.

Ils gagnèrent le château en calèche, comme d'habitude. Avant d'entrer, Harry ne put s'empêcher de s'arrêter et de contempler l'énorme bâtisse. Comme il l'aimait ! C'était son foyer. Il ne voulait pas le quitter. Mmmh… Quels diplômes fallait-il pour devenir professeur ? Il se renseignerait…

La Grande Salle était identique à elle-même : des milliers de bougies flottaient sous le Plafond Magique. Harry s'assit en bavardant avec ses camarades retrouvés. Ah… Malefoy était là aussi… berk. Il le chassa de ses pensées et discuta avec Seamus du scandale concernant le dopage de l'équipe de Quidditch d'Australie.

- Je me demande ce qu'on aura comme prof de Défense, cette année, dit pensivement Ron.

- ''Qui'' on aura tu veux dire ?

- L'an dernier on a eu une Harpie… Lupin était un loup-garou… Quirrel abritait Voldemort sur son crâne… l'autre chose de deuxième année nommée Lockheart ne mérite pas le qualificatif d'humain… Non non, je maintiens le ''que'' !

Les autres se mirent à rire.

- En tous cas Snape est toujours là, grommela Neville tandis que l'homme s'asseyait à la table des professeurs.

Tout le monde fit la grimace. Sauf Harry. Etrangement son professeur lui était devenu beaucoup plus… plaisant.

- C'est vrai que tu as passé deux semaines chez lui, Harry ?

- Moui moui…

- Condoléances…

Harry eut un petit gloussement. Dommage qu'il ne puisse pas en parler…

- Ca n'a pas l'air de t'avoir traumatisé ?

- Snape peut être très sympa, vous savez !

Ses amis en tombèrent sous la table.

- Harry tu es vraiment sûr que ça va ? demanda Dean d'un ton sérieux. Il ne t'aurait pas lobotomisé le cerveau ou un truc comme ça ?

- Ca va parfaitement bien, déclara le jeune homme. Je…

Il s'arrêta net. Parce que quelqu'un venait de s'asseoir à la place du professeur de DCFM.

Et que ce quelqu'un, c'était… Plume Percevent.

* Non…*

- Regardez ! Le nouveau prof de DCFM !

L'exclamation de Hermione se perdit dans le brouhaha des premières années pénétrant dans la Salle. Harry ne prêta qu'une vague attention à la cérémonie qui suivit, trop préoccupé par la présence du demi-elfe à la tables des professeurs. Plume Percevent ? En prof ? Et ben ça promettait… Comment un type gentil pouvait-il se retrouver en prof de DCFM ? Minute. Il se rappela Remus Lupin, incroyablement gentil lui aussi, mais très puissant. L'image du poignard que Percevent trimballait partout lui revint en mémoire. Après tout…

Il l'observa attentivement. Le jeune homme suivait la répartition d'un œil intéressé, souriant aux remarques du Choixpeau et à l'enthousiasme des Maisons. Assis confortablement dans son fauteuil, il était légèrement penché vers Snape à qui il lançait quelques remarques de temps en temps. Et auquel le Maître des Potions répondait impassiblement. Harry sourit : si les élèves savaient que Snape et son amant étaient là, tranquillement en train de bavarder sous leurs yeux ! Comment allaient-ils faire pour ne pas l'ébruiter ? Une relation entre deux professeurs – deux hommes, qui plus est – ne serait pas facile à dissimuler… Les autres profs devaient déjà être au courant… Ca devait bien les faire marrer.

Le dernier élève partit s'asseoir sous les cris de joie de sa Maison, et Dumbledore se leva pour le discours traditionnel.

- Félicitation à tous et bienvenue à Poudlard ! Avant de chanter l'hymne de notre école, je voudrais rappeler que l'accès à la Forêt Interdite est toujours strictement prohibé, et qu'il est interdit de se promener dans les couloirs la nuit. J'aimerais également vous présenter votre nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal… le Pr Percevent.

Le jeune homme se leva et salua aimablement sous le regard curieux des élèves. Beaucoup semblaient étonnés de sa jeunesse, d'autres de son gentil sourire… Il faut dire qu'avec ses minces 1m70, ses cheveux châtains tout à fait ébouriffés et ses grands yeux lumineux, le nouveau professeur ne semblait guère fait pour le poste. Quelques filles – beaucoup en fait – se mirent à chuchoter furieusement : ce n'était pas tous les jours qu'on tombait sur un beau mec comme ça… Harry manqua s'étouffer en entendant Parvati se demander s'il était déjà casé.

- Bien, bien… les calma Dumbledore. Et maintenant si vous voulez bien…

Il y eut une grande inspiration, puis tout le monde entama l'hymne de l'école, chacun à son rythme.

Poudlard, Poudlard,

Pou du lard du Poudlard,

Magnifique. Dumbledore chantait avec entrain, Percevent s'écroulait de rire sur sa chaise, et Snape se cachait le visage dans les mains.

Harry avait hâte d'être en DCFM.

Le lendemain, les trois amis se traînèrent péniblement hors du cachot de Potions : pour le premier cours de l'année, Snape avait été déchaîné. Epoustouflant.

- Tu disais qu'il pouvait être sympa ? agonisa Ron.

- Il a dû épuiser toutes ses réserves pendant les vacances…

La présence de Percevent ne lui arrangeait pas le caractère… bien au contraire. Il fallait dire que, d'après ce que Harry avait pu en observer, le demi-elfe prenait un malin plaisir à l'asticoter. Drôle de relation quand même. Il se demanda pour la 361ème fois comment ce type avait-il pu…

- On va où là ?

- En DCFM, avec les Serpentards… répondit Ron. On est les premiers à avoir cours avec le nouveau prof… Vous en pensez quoi ?

- Je te dirai après le cours, répondit laconiquement Hermione.

Harry ne dit rien. Mais il ne s'attendait pas à s'ennuyer.

Ils pénétrèrent dans la classe où Plume, pensif, assis sur son bureau, regardait ses élèves s'installer. Il fit un discret clin d'œil à Harry, puis se leva et referma la porte derrière les derniers élèves.

- Bien, bien, bien. Je suis donc Plume Percevent, votre nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal.

Un silence attentif accueillit ses paroles. Harry remarqua alors ses vêtements, assez incongrus : Percevent ne portait pas la classique robe de sorcier, mais un confortable pull noir à col roulé, un jeans noir qui retombait sur de solides chaussures sombres. Des attaches d'argent retenaient une lourde cape noire sur ses épaules, argentées également les boucles de ses mitaines de cuir noir. Son omniprésente dague était invisible, mais Harry soupçonnait la présence d'une lourde ceinture bien pratique à sa taille. Le tout semblait… très simple. Très pratique. Un peu… menaçant.

Mais il avait la classe, il suffisait de regarder la tête des filles présentes.

- D'après ce que j'ai constaté, vos cours ont été plutôt… perturbés, l'an dernier.

Il y eut quelques rires dans la classe : leur précédent professeur, espion de Voldemort, avait fini bouffé par le monstre du lac, après avoir essayé d'assassiner Dumbledore.

- Laissez-moi vous apprendre que je n'ai jamais enseigné jusqu'ici. Et si le Pr Dumbledore a fait appel à moi, c'est parce qu'il souhaitait que je vous enseigne ce que je sais faire le mieux.

Percevent semblait un peu… fatigué.

- En bref, me battre.

Au moins c'était direct. Les élèves le regardèrent, surpris.

- Vous allez être les premiers à l'apprendre… Mais au moins ce sera clair après. Je suis un Mercenaire du Cercle Ecarlate.

Un immense silence accueillit ses paroles. Harry, maudissant son inculture du monde sorcier, vit avec effarement Ron pâlir et crisper ses mains sur le bord de la table, pendant que Hermione retenait un petit gémissement, le regard fixé sur son professeur. Dean et Thomas ouvraient et refermaient spasmodiquement la bouche. Neville semblait sur le point de tourner de l'œil. Parvati et Lavande étaient beaucoup moins admiratives. Malefoy claquait presque des dents. Par le diable, qu'est-ce que c'était qu'un Mercenaire du Cercle Ecarlate ?

- Il faudra vous y faire, j'en ai peur…

Percevent continua doucement.

- Je suis là parce que Voldemort est de plus en plus puissant, et que Dumbledore ne veut pas qu'il se reproduise la même chose qu'il y a une vingtaine d'année… C'est-à-dire que ses élèves voient leur famille disparaître et risquent eux-même de mourir sans rien pouvoir faire.

Le silence était cette fois choqué. Dieu qu'un silence peut être expressif…

- C'est pour ça que je suis là… pour vous apprendre à faire quelque chose… au moment où il faudra faire quelque chose. Parce qu'il viendra, ce moment, ne vous faites pas d'illusions… Bon…

Le jeune homme soupira et s'ébouriffa les cheveux.

- Si vous restez toute l'année à me regarder comme ça, je ne pourrai pas grand chose pour vous. Alors voilà, vous allez me poser toutes les questions que vous voulez, j'y répondrai comme je pourrai, et après vous me ferez confiance… autant que vous pourrez. Ca marche ?

Pas de réponse. Les vingt élèves le regardaient toujours, tendus et crispés. Même Harry, pourtant ignorant, était mal à l'aise. Les autres avaient l'air si terrifiés. Le nom de Voldemort les avait moins effrayés que l'allusion à ce Cercle Ecarlate…

Hermione leva timidement… très timidement la main. Percevent eut un gentil sourire.

- Oui Melle… ?

- Granger. Je… je croyais que le Cercle travaillait pour Vous-Savez-Qui ?

- Oh…

Le jeune homme eut un soupir.

- Autrefois, oui… Laissez-moi vous expliquer. Moi et mes compagnons sommes donc des Sangs-Mêlés, des… bâtards. Nous appartenons donc à plusieurs espèces, et par là même, nous sommes dangereux : d'abord parce que cela nous permet de maîtriser les magies de plusieurs races, ensuite parce que nous sommes naturellement très puissants, et enfin parce que nous sommes plutôt… instables. Dangereux, quoi. On nous tient donc à l'écart, par crainte. Et pour survivre, nous vendons nos services au plus offrant. En l'occurrence, il y a vingt ans, Voldemort.

- Instables, tu parles, souffla Ron. Ces types sont… sont…

Il secoua la tête sans finir sa phrase.

- Malheureusement pour lui, il a voulut jouer un mauvais tour à mon clan, et s'il y a bien quelque chose que les Mercenaires ne supportent pas, c'est qu'on se moque d'eux. Mes amis ont donc rejoint le Ministère de la Magie. A présent, il n'y a aucune chance pour que nous retournions de son côté. Voilà. Cela répond-il à votre question ? demanda-t-il poliment.

Hermione hocha la tête en rougissant. Dean leva la main.

- M. … ?

- Thomas. C'est… c'est vrai ce qu'on raconte sur vous… enfin les Proscrits, qu'ils se battent comme… enfin… qu'ils… ?

- Qu'ils se battent comme des bêtes sauvages ? Qu'ils mangent leurs ennemis ? Qu'ils aiment le sang ? Tout ça ?

Dean eut un sourire navré, pendant que la classe souriait légèrement. Percevent resta sérieux.

- Je ne peux pas vous nier qu'il nous arrive de… péter les plombs, pour parler familièrement. De devenir fous à en perdre toute mesure. Mais… c'est exceptionnel, et personnellement, je n'ai pas l'intention de vous dévorer. Pas envie de me faire renvoyer…

Il y eut quelques rires, encore un peu gênés. Tout le monde était encore mal à l'aise. Distraitement, Harry se fit la réflexion que, pour une fois, Gryffondors et Serpentards se retrouvaient dans le même bain. Pas de rivalité ridicule cette fois-ci. Malefoy leva la main.

- Draco Malefoy. Pourquoi Dumbledore vous a-t-il engagé vous ?

Aucune méchanceté dans la question : Draco – et toute la classe – voulait juste comprendre.

La réponse fut faite sans hésitations.

- Parce qu'il me fait confiance. Et parce qu'il va falloir vous apprendre à vous défendre, non pas contre quelque petite bêbête hargneuse et inoffensive, mais contre des êtres intelligents et certainement pas animés de bonnes intentions.

Un silence – stupéfait cette fois. La déclaration de Percevent leur avait brutalement fait prendre conscience qu'ils allaient peut-être mourir dans les temps qui venaient. Mourir pour de vrai, pas comme dans les histoires. Ne plus vivre. Et ce n'était pas une pensée très agréable.

- Vous me comprenez ? Peut-être que dans trois mois vous ne serez plus là, ou votre famille, ou vos amis, ou votre voisin de chambre. C'est pour ça que je suis là. Vous marchez avec moi ?

Subitement Percevent semblait rassurant. Il connaissait la mort, le combat, la souffrance. Il allait leur apprendre à se battre contre ça. Tous hochèrent la tête sans exception. Leur professeur retrouva alors son air joyeux et insouciant et frappa dans ses mains.

- Parfait ! Je vais vous expliquer le programme… non pas la peine de noter… Nous avons deux heures le lundi et deux le mercredi après-midi. C'est très peu. Le lundi sera consacré à la théorie : une semaine sur deux, nous étudierons les pires bestioles que vous pourrez rencontrer dans les rangs de Voldemort… ou même ailleurs. L'autre semaine, nous envisagerons la défense contre des êtres animés de raison : humains, elfes, nains, géants, farfadets et j'en passe. Nous étudierons la théorie et l'ingestion de kilos de formules utiles. Le mercredi…

Il sourit d'un air béat en se penchant vers eux.

- … mise en pratique !

Silence – dubitatif.

- Autrement dit, du… sport.

- Du sport ?!

- Exactement. Excusez-moi de vous dire ça, mais à part quelques cours de balai, vous ne vous bougez pas beaucoup les fesses. Et le jour où un MangeMort voudra jouer à cache-cache avec vous, il faudra courir ! Donc le mercredi, nous ferons du sport. Amélioré, bien sûr. C'est-à-dire que vous vous retrouverez face à quelques petits problèmes en cours de route, qu'il faudra apprendre à résoudre tous seuls… Capito ?

- Gneuh…

- Vous inquiétez pas, ça va très bien se passer. Je vous conseille juste de mettre des vêtements plus pratiques que vos uniformes. Un vieux survêtement, un jeans… de bonnes chaussures… Voilà ! Ca va être super !

La classe semblait peu convaincue et fixait d'un air inquiet leur nouveau professeur de DCFM, Mercenaire du Cercle Ecarlate, qui sautillait partout comme un gamin.

- Si ça se passe bien, j'organiserai peut-être un truc le samedi après-midi… enfin on verra. Bon ! Il nous reste combien de temps, là ? Une heure et demie… je vais vous parler des Orques du Nord. Voldemort les aimait beaucoup il y a vingt ans, il y a de fortes chances qu'ils lui soient restés fidèles…

Percevent leur fit une description précise des bestioles en question, capacité, force, pouvoirs, mentalité et points faibles.

- Ils sont très forts et possèdent une sorte d'intelligence instinctive, donc inutile de les affronter au corps à corps. Non, le mieux est de les faire tomber dans un piège, de les embrouiller ou de les attaquer à plusieurs. L'Orque est très déstabilisé devant plusieurs adversaires, il a plutôt tendance à tuer celui qui se trouve devant lui et à passer au suivant. Attaquez-le tous ensemble, il hésitera, ne sachant pas où se tourner. N'y allez surtout pas un par un. Son point faible : les jambes. Sa tête est très solide et son torse très musclé, mais ses jambes sont courbes et rachitiques. Donc tranchez-lui le jarret, et achevez-le.

Plusieurs élèves frémirent au ton badin qu'il avait pris pour conclure sa phrase. Percevent ne fit pas attention, et prononça une formule en agitant la main : la craie s'envola et se mit à dessiner à toute allure sur le tableau. Bientôt une sorte d'hybride de loup et de singe apparut sur la surface noire, grotesquement voûtée, une charmante hache à la main.

- L'Orque en question ! Pas très sympa, hein ? D'après des statistiques, il peut donner 40 coups de hache par minute. Vous avez donc une seconde et demi entre deux coups pour porter votre attaque. Si vous n'avez pas été blessé auparavant…

Le jeune homme se tourna vers eux, à nouveau calme et concentré.

- Ce que j'essaie de vous dire, c'est que vous avez intérêt à prendre tout ceci très au sérieux. Et à vous entraîner. Alors ensuite on sait que…

Il s'interrompit quelques minutes avant la fin du cours.

- Voilà. Pour lundi prochain, je voudrais que vous révisiez et que vous me fassiez la liste de toutes les formules d'attaque ou de défense que vous avez apprises et qui pourraient vous être utiles au cours d'un combat. Ce sera tout. Bonne fin de semaine !

Harry rassembla ses affaires et sortit, la tête dans le brouillard. Nom de Dieu…

- Ron ! Qu'est-ce que c'est que le Cercle Ecarlate ?

Son ami secoua la tête, comme tiré de ses pensées, et frissonna.

- Des… êtres de parents de différentes espèces, souvent à moitié humains, qui ne supportaient plus d'être regardés avec dégoût et crainte par les sorciers…

- Il y a environ 700 ans, quelques-uns uns d'entre eux ont décidé de fonder une société, où ils accueilleraient tous ceux qui étaient dans le même cas qu'eux… continua Hermione. Tu sais, à l'époque, il arrivait même qu'ils soient massacrés par les populations… les populations de sorciers, c'est surtout ça qui est horrible.

- Mais, l'interrompit Harry stupéfié, qu'est-ce que ça peut faire qu'ils ne soient pas entièrement humain ?

Ses deux amis hésitèrent.

- Ils peuvent être… fous furieux, déclara Ron. Je ne sais pas si ce qu'on raconte sur eux est entièrement vrai, mais, comme le prof l'a dit lui-même, ils peuvent devenir… pires que des monstres.

- Au début, surenchérit la jeune fille, le but du Cercle était juste de permettre aux Sangs-Mêlés de vivre en paix, écartés des autres espèces. Puis petit à petit, ses membres ont commencé à vendre leurs services de combattants et on acquis une réputation horrible de violence et de cruauté.

- Ah… Et c'est quoi cette histoire de puissance due à leur appartenance à deux espèces ?

Ron haussa les épaules et se tourna vers Hermione.

- Chaque espèce possède des sorts, des spécifications qui leurs sont propres. Appartenir à différentes espèces signifie hériter des pouvoirs de tes deux parents – et donc multiplier par deux ta capacité d'origine. De plus, tu te retrouve du coup beaucoup plus ouvert à la magie des autres espèces. En clair, tu dispose d'un énorme potentiel de possibilités magiques.

- Mouich… J'ai plus ou moins compris.

Ils restèrent un moment pensifs.

- Ce prof… fit Ron. Parfois il a l'air totalement inoffensif, plutôt sympa et gentil… et juste après il me fait froid dans le dos. Je me demande quel genre de vie il a pu avoir…

- Je ne sais pas mais je ne l'envie pas, répondit Hermione.

Harry hocha la tête. Ce n'était pas le même Percevent que pendant les vacances. Enfin oui et non, il avait toujours le même côté enfantin et… pur, mais aussi un air un peu désabusé et vieux, vieux comme le monde. Il passait de l'un à l'autre, comme s'il était double.

Quel genre de vie avait-il pu avoir ?

            Une semaine plus tard, au premier cours de ''sport''.

            - Bien, bien, bien… Je vois que vous avez tous sorti vos plus vieilles affaires…

            Percevent faisait face à ses élèves curieux et vêtus de larges survêtements ou de jeans, cheveux soigneusement attachés pour les filles. C'était bizarre de voir les autres sans uniformes, songeait Harry. La perte de leur éternelle robe noire marquée de leur maison les… différenciait. Les personnalisait. Chacun était chacun, et non plus un Serpentard ou un Gryffondor. Pour un peu, il en arriverait presque à considérer ses vieux ennemis comme des êtres humains.

            Ce type – Percevent – était très fort.

            - Suivez-moi.

            Ils lui emboîtèrent le pas en direction de la large pelouse séparant le Château et le stade de Quidditch. Le jeune homme aussi s'était mis à l'aise : un ample pantalon de toile recouvrait ses grosses chaussures, complété par un large T-shirt et ses mitaines. Il se déplaçait d'une démarche légère et souple un peu folle et maladroite, comme un jeune chien encore un peu fou-fou - qui pouvait vous trancher la gorge d'un coup de dent si l'envie lui prenait.

            - Bien.

Le demi-elfe leur fit face, les deux pieds plantés dans le gazon.

            - Aujourd'hui, simple petite évaluation.

            Neville soupira.

            - Rien de très méchant, sourit Percevent. Je vous explique : derrière moi, un magnifique mur de brique de 2.5 mètres de haut, 10 de large et 30 cm d'épaisseur devant moi, vingt charmants élèves de 17 ans. Conclusion ?

            Neville s'en laissa tomber par terre pendant qu'un chœur de protestations s'élevait et que Malefoy remarquait :

            - Il fait un peu plus de deux mètres cinquante, votre mur.

- Oui, ben on va pas chipoter, hein ? Je vous laisse une heure et demi pour le franchir autant de fois que vous pourrez je vous mettrai deux points à chaque fois, cela vous fera une note sur vingt. Vous vous débrouillez comme vous voulez, mais sans baguette et sans allez chercher d'échelle chez le Pr. Hagrid. A la rigueur, vous pouvez aller démonter les gradins du stade si vous le désirer, j'ai la permission.

            - Très drôle, grinça Malefoy. Et à quoi cela va-t-il bien nous servir, d'escalader ce tas de briques ?

            * Juste, pensa Harry. Il n'a pas tord…*

            Percevent se pencha vers lui aimablement.

            - Je ne vous force pas, M. Malefoy. Je ne force personne. C'est juste pour votre satisfaction personnelle.

            Puis son visage se fit froid.

            - Maintenant si vous êtes assez lâche ou paresseux pour avoir peur escalader un petit mur de rien du tout, admettez-le et cassez-vous de mon cours. Ici les élèves font ce que je dis.

            Le blond lui jeta un regard stupéfait puis plein de défi.

            - Je vais l'escalader, votre foutu mur !

            - Bien, sourit Percevent. Alors top chrono !

            Il s'installa tranquillement sur l'herbe, son bloc-note sur les genoux.

            - Oh… Echauffez-vous un peu, avant faites-moi un petit tour de terrain.

            Les élèves obéirent et après un tour rien moins qu'enthousiasme, s'approchèrent du mur.

            Glups.

            C'est fou comme ça peut être impressionnant, trois petits mètres. Harry se dresse sur la pointe des pieds et leva le bras : il lui manquait encore plus de 50 cm…

            Hermione réfléchissait à toute vitesse.

- Bon, toute magie est à proscrire, il ne nous reste plus que notre force et notre intelligence… qui ne vont pas servir à grand-chose. Qui pourrait facilement grimper sur ce mur ?

- On a pas le temps de penser, Granger, la repoussa Malefoy, si on veut passer dix fois ce p***** de mur dans les délais, il faut se grouiller. Goyle, met-toi là Crabbe, aide-moi à monter sur ses épaules.

            Goyle s'appuya contre la paroi de briques. Crabbe fit le pied au blond, qui monta ''souplement'' sur les épaules de son camarade et se hissa sur le mur, haletant.

- Ok. A ton tour, Crabbe. Quelqu'un peut l'aider à monter ?

            Il le tira lourdement à côté de lui, puis se tourna vers les Gryffondors, qui le regardaient d'un air bovin.

            - Je suis très flatté que vous restiez admiratifs devant le spectacle, mais puis-je vous faire remarquer qu'un quart d'heure s'est déjà écoulé ? Quelqu'un peut remplacer Goyle ?

            Leur cerveau remis en marche, les élèves s'organisèrent rapidement en quatre ou cinq chaînes, alternant les rôles et veillent à ce que tout le monde franchisse le mur équitablement. Il y eut quelques hésitations lorsqu'il s'agit de redescendre, amis Malefoy montra l'exemple en se suspendant et en se laissant prudemment retomber. Il survécut, et les autres l'imitèrent.

            Harry n'en revenait pas : Malefoy était ordinairement très paresseux – pour parler franchement il ne faisait que le strict minimum, sauf en Potions… A moins que…

            - Alors Malefoy ? haleta-il sarcastiquement alors qu'ils se retrouvaient tous les deux perchés. Tu n'as pas… apprécié… de te faire clouer le bec ?

            L'autre abandonna un moment Parkinson (CHTOMP !) pour lui jeter un regard non seulement dénué d'animosité à son égard, mais également… amusé ?

            - Ca ne m'a pas… énervé… seulement donné envie… de lui montrer… de quoi j'étais capable… Ouf !… Ce type est… sans pitié… mais en même temps… stimulant… très futé…

            Harry ouvrit de grands yeux. Le blond n'ajouta rien et sauta à terre, fit le tour et aida Goyle à remonter. Alors tout ce dont avait besoin Malefoy… c'était qu'on lui botte un peu le cul ? Amusant…

            Au bout de l'interminable et trop court temps imparti, Percevent arrêta son chronomètre, se leva nonchalamment et s'approcha des loques qui lui servaient d'élèves. Quelques-uns uns gisaient au sol, soufflant comme des baleines, pendant que d'ultimes courageux se laissaient tant bien que mal tomber au sol des dernière fois.

            - Et bien ! Encore vivants ? demanda-t-il gentiment en tapotant Ron du bout du pied.

            Un grognement collectif, mi-protestant mi-agonisant lui parvint en réponse.

            - Allez, on fait le bilan. Hop là ! (il rattrapa Lavande qui tombait du mur et la déposa rougissante par terre, puis s'assit au milieu des adolescents qui se redressaient péniblement). Alors… ça va de douze pour M. Goyle à dix-huit pour messieurs Malefoy et Potter… Moui… ça vous fait tous une bonne note pour démarrer l'année !

            Les élèves se félicitèrent mutuellement, satisfaits.

            - Donc c'était très bien pour une première fois, reprit Percevent quand le vacarme se fut un peu calmé. Maintenant ce que je vais vous dire ne va pas du tout vous faire plaisir. Melle Granger ? demanda-t-il doucement.

            Hermione releva la tête, surprise.

            - Combien de minutes dans une heure et demi ?

            - Et bien… 90 ? répondit la jeune fille un peu interloquée.

            - Je vous remercie. Prenons donc le cas de messieurs Potter et Malefoy (les deux garçons échangèrent un regard hostile), qui ont effectué neuf passages, soit, si je sais encore compter, un toute les dix minutes. Maintenant imaginez que vous ayez un MangeMort aux fesses, et que vous vous retrouviez devant mon ami le mur…

            Plus personne ne bavardait.

            - Combien faut-il de temps au MangeMort pour vous tuer ? Admettons qu'il soit 50 mètres derrière vous, qu'il vienne de faire un bon repas, qu'il soit blessé… 15 secondes pour vous rattraper, 2 pour jeter le sort, ajoutons 3 secondes au cas où je ne sais quoi advienne… Je taille trèèèèèès large. En bref, il aura le temps de vous tuer trente fois. Et encore, il faut savoir que les MangeMorts suivent un entraînement très poussé, aussi bien magique que physique, et qu'honnêtement ils sont parfaitement capables de jeter des sorts à cinquante mètres. De plus, ce jour-là vous serez seuls, sans personne pour vous faire le pied ou vous hisser là-haut… Vous-êtes-dans-la-merde.

            Plume se tut et affronta les regards rancuniers de ses élèves : il savait bien, que cela ne faisait vraiment pas plaisir. Il est toujours rageant de se faire remettre à sa place – ce qu'il venait exactement de faire. Cela ne lui plaisait pas plus qu'à eux, mais si leur survie était à ce compte, et bien tant pis pour les regards hostiles : les plus cons continueraient à râler, les plus intelligents comprendraient le message.

            - Voilà, c'est mot pour mot ce que mon instructeur m'a sorti le jour où j'ai effectué ce test pour les première fois. J'étais pas content du tout. Mais il avait raison – je m'en suis rendu compte le jour où j'ai failli crever de faim au fond d'un trou, tout simplement parce que je ne pouvais pas en sortir. C'est bien beau, la magie, mais parfois c'est bien utile de savoir sauter haut.

            Il soupira et les regarda avec un petit sourire d'excuse.

            - Je veux que vous compreniez : ce n'est pas pour m'amuser que je vous démonte comme ça, mais pour que vous ayez une petite idée de ce qui vous attend. Un MangeMort peut parfaitement se retrouver à vos trousses. Un mur peut parfaitement se retrouver là. Et faudra pouvoir faire quelque chose…

            - Vous voulez en venir où ? demanda Harry un peu amer. On aurait dû trouver le moyen de grimper là-haut en trois secondes ?

            - Non.

            Percevent secoua la tête.

            - Ca, c'est ce que vous saurez faire d'ici Noël. Avec quelques efforts, bien entendu…

            Il y eut des exclamations incrédules et encore un peu rancunières.

            - Personne ne sait faire ça, dit Ron en haussant les épaules.

            - Ah vouip ?

            Le jeune professeur se leva, s'étira et soudain bondit et se retrouva perché sur le mur. Personne n'avait rien compris.

            - Bon, j'avoue, je triche, dit-il en redescendant. La magie peut être appliquée à un effort physique. En fait ce n'est pas trop difficile…

            - Mais, balbutia Seamus, vous n'aviez pas votre baguette !

            - Ah… (Percevent eut un soupir)… le rôle complexe de la baguette. La baguette n'est qu'un catalyseur, qui sert à rassembler et diriger votre ''énergie magique'', elle n'est pas indispensable pour un petit tour comme ça. En se concentrant un peu, on peut envoyer une petite décharge de magie à l'aide de quelques paroles, voire d'une exclamation, voire même d'une… pensée. Vous avez déjà sûrement observé le Pr Dumbledore faire un geste négligent pour effectuer je ne sais quel sortilège…

            Tous acquiescèrent, fascinés.

            - C'est la même chose. En fait c'est ça que je vais vous apprendre au cours de ces deux heures de pratiques. Hum…

            Il eut un sourire triste.

            - Un sorcier est censé découvrir cela tout seul, lorsqu'il y est prêt. Malheureusement, je le répète, nous n'avons pas le temps, et je vous… aiderai un peu. Voilà.

            - Et… on va y arriver ? demanda timidement Parvati.

            - Bien sûr ! Vous savez quoi, maintenant que j'ai fini de vous dire les trucs désagréables ? Et ben vous m'avez épaté ! Au lieu de chercher le moyen de passer plus que les autres, vous vous y êtes mis tous ensemble et vous n'avez laissé personne à l'écart : et ça, l'esprit d'équipe, c'est le truc essentiel pour s'en sortir. Laissez tomber quelqu'un, et vous vous retrouverez tout seuls. Aidez-le, et il y aura toujours quelqu'un.

            Il resta un moment silencieux, un peu rêveur, puis se retourna vers eux.

            - Des questions ?

            - Vous l'avez fait, ce test ? demanda Malefoy après quelques instants d'hésitation.

            Percevent eut une grimace.

            - Oui. C'est la première chose que l'on fait en arrivant au Cercle, ça nous ôte toutes nos illusions.

            - Vous avez eu combien ? continua le blond, les yeux brillants.

            Le jeune homme s'ébouriffa les cheveux d'un air embarrassé.

            - Six sur vingt… On ne se moque pas de son prof ! s'indigna-t-il.

            Ils repartirent vers l'école, les élèves réconciliés avec leur prof – et impatients d'être à la semaine prochaine.

            §§§§§§§

Neuf ans plus tôt :

            Le jeune homme relut encore une fois son billet, puis poussa un soupir en jetant un regard perdu autour de lui. Voie 9 ¾… Pfff… Qu'est-ce que c'était encore que cette arnaque ? Il avait bien fait d'arriver en avance.

            Allons. Réfléchis un peu. Gare de Londres… aux dernières nouvelles tu y es – à moins que la gare n'ait changé de nom. Voie 9 ¾ maintenant. Ah. C'est là que ça coinçait. Il y avait une voie 9, une voie 10, et entre les deux… le quai. Et pas de train pour Poudlard en vue.

            Une seule explication : un passage caché. Mais où se trouvait ce putain de passage ?

            * Regarde un peu. Tu n'es pas le seul à partir là-bas. Allez, cherche, quelques gosses bizarres…*

            Il n'attendit pas longtemps. Un chariot surchargé de bagages, un chat hautainement perché au sommet, passa bientôt devant lui. Puis un autre, avec une chouette celui-ci. Puis…

            * Et ben voilà…*

            L'adolescent suivit le mouvement, et bientôt vit des familles entières converger vers un mur et… y disparaître.

            * Passage repéré. La question est : y a-t-il une formule à prononcer ? Pas envie de m'écraser là-dessus comme une mouche, moi.*

            Il observa les enfants ''passer'' le mur, nonchalamment. Non. Ils ne disaient rien.

            * C'est parti !*

            Empoignant sa valise et son sac en bandoulière, il marcha tranquillement vers le mur, l'effleura des doigts et…

            Se retrouva voie 9 ¾.

            Ouah.

            La locomotive rouge sifflait gaiement, pendant qu'une foule de parents inquiets faisait leurs dernières recommandations à une foule d'enfants beaucoup moins inquiets.

            - … et promet-moi de ne pas te promener la nuit dans les couloirs !

            - Mais oui Maman…

            Le jeune homme sourit et traversa le quai. Autant monter avant que le train ne soit envahi… Un employé l'arrêta.

            - Excusez-moi, mais les bagages doivent être déposés dans ce wagon.

            - Oh ! Bien sûr. Je peux garder mon sac avec moi ?

            L'employé acquiesça, ne pouvant s'empêcher d'adresser un sourire à ce garçon sympathique. Celui-ci le salua et monta dans le train, après avoir ajouté sa valise à l'imposante montagne de bagages qui attendait d'être embarquée. Il n'y avait encore personne et il s'installa dans le coin d'un compartiment, observant par la fenêtre l'agitation de la gare.

            Un poteau… un autre poteau… encore un poteau… une vache… un poteau… un grand poteau… un petit poteau… un arbre… un poteau… un âne… un poteau…. Un autre poteau… un séquoia géant… un poteau… et un poteau… un éléphant… un poteau… re-un poteau… deux autruches… un poteau…

Quel idiot de ne pas avoir pris de livre. Etrange cette campagne anglaise, tout de même.

            - Salut ! On peut s'installer ?

            L'ado observa les nouveaux arrivants. Deux rouquins, sûrement des frères, à peu près de son âge.

            - Pas de problèmes, répondit-il gaiement.

            - Merci, dit le plus grand.

            Dégingandé, les cheveux mi-longs attachés sur la nuque, un clou d'argent à l'oreille, il semblait sympa.

            - Je t'ai encore jamais vu, t'es nouveau ?

            - Bill, grogna l'autre, il ne t'a pas demandé la couleur de ton caleçon !

            Plus trapu, plus charpenté, il portait les cheveux courts et avait l'ait tout aussi sympa que son frère. L'adolescent sourit.

            - Il n'y a pas de mal. Oui, je suis nouveau, quant à la couleur de ton caleçon…

            - Bleu à rayures, répondit l'autre le plus sérieusement du monde. Bill Weasley, enchanté. Et ça c'est Charlie.

            - Merci pour le ''ça''.

            - Pas de quoi. Et toi ?

            - Je m'appelle Plume Percevent.

            - Ca sonne bien, dit sincèrement Bill.

            - Percevent… (Charlie fronça les sourcils). Il y a un elfe de ce nom-là, non ?

            - C'est mon arrière-grand-père.

            Les deux autres écarquillèrent les yeux.

            - D'accooooord, fit enfin Bill. Ca explique les cheveux... et puis les oreilles, si on regarde bien. Et tes yeux… ils sont bizarres, tes yeux.

            - Aaaah… j'a-do-re qu'on me dise que j'ai de beaux yeux ! minauda le demi-elfe.

            Les Weasley éclatèrent de rire.

            - Blague à part, qu'est-ce qu'un Elfe vient faire à Poudlard ?

            - J'ai du sang humain, expliqua Plume (il s'interrompit et leur jeta un coup d'œil interrogateur : les deux frères lui sourirent, et il continua, rassuré), et ma famille s'est dit que ce ne serait pas plus mal de m'envoyer là-bas quelques temps.

            - C'est classe… fit Bill d'un air rêveur. Moi j'aimerais bien passer quelques temps chez les Elfes…

            - Bof. Y'a rien de formidable, ils ont des caractères de cochons et ignorent même jusqu'au sens du mot ''humour''.

            - Nan ? Raconte !

            - Pas grand chose à dire. Parlez-moi plutôt de Poudlard ?

            Au bout d'une heure, il savait à peu près tout du château, de l'organisation des cours et des maisons, et avait découvert qu'il serait dans la même année que Charlie. Ils parlèrent ensuite de Quidditch, de la nouvelle mode des courses de licornes, à laquelle Charlie était farouchement opposé – ''les licornes sont faites pour vivre en liberté !'' - , de la nomination du nouveau ministre de la magie, Cornélius Fudge, puis avalèrent leurs sandwiches et sombrèrent dans une agréable béatitude.

            Plume était plutôt satisfait : tout ne se passait pas trop mal jusqu'ici. Il s'était fait deux amis avant même d'être arrivé à l'Ecole – enfin peut-être était-il un peu tôt pour les considérer comme ses ''amis'', mais ça semblait bien parti… et ils étaient vraiment sympas, de toute façon il y avait peu de choses moins sympathiques qu'un Elfe qui ne peut pas vous sentir.  Poudlard… Son grand-père – arrière-grand-père – le lui avait annoncé à peine un mois auparavant. Il y avait de la tristesse dans sa voix, et du soulagement. Cela ne l'avait pas choqué : il était habitué à la peur des autres. Il les comprenait même entièrement, après tout, il avait de quoi faire peur - * Je suis très modeste aujourd'hui, ma foi…*. Il supportait même la colère, voire la haine, plus difficilement le dégoût. Mais le pire restait sans hésitation la pitié – Dieu je hais la pitié ! Comme si ça pouvait me servir à quelque chose. Certains se glorifiaient d'avoir pitié de lui – les imbéciles. C'était tellement… méprisable, d'avoir pitié des gens. Hypocrite. Je hais la pitié.

            Seules quelques personnes le regardaient normalement : trop ouvertes d'esprit pour que ce qu'il était ait de l'importance, ou habituées à la souffrance et à la peur. Souvent les deux à la fois. Mais ces personnes se comptaient sur les doigts de la main.

Et tous cas, à Poudlard, personne ne saurait. Il serait… normal. Enfin presque.

            …

            Poudlard…

            Il se remémora son choc en parcourant pour la première fois la liste des professeurs : surtout devant ce nom, Severus Snape. Snape avait fait partie de ces gens-là. Ses souvenirs de l'homme étaient un peu confus. Il se rappelait de détails incroyablement précis – le calme, la voix rauque qui tombait toujours juste, ironique, les yeux d'encre, imperméables et si tristes parfois, la silhouette grande et mince, … - , mais cela faisait sept ans qu'il ne l'avait pas vu… Severus Snape, le serviteur de son père. Amer et froid. Pas gentil, nan, mais souvent là pour lui. Le seul. Le seul pendant neuf ans. * Il ne doit même pas se rendre compte que c'est lui qui m'a empêché de complètement disjoncter.* Il n'avait pas vraiment été surpris quand Griffe Percevent lui avait appris que c'était un espion : l'homme avait beau ne pas être franchement sympathique, il n'était pas mauvais. Un peu salaud parfois peut-être.

            Qu'est-ce qu'il pouvait bien donner, comme professeur ?

            Le train s'arrêta avec un sifflement et déversa son flot d'élèves en uniforme sur le quai. Plume suivit Charlie et Bill, préoccupé : qu'était-il sensé faire à présent ? Peut-être devrait-il demander à cet homme immense qui regroupait les premières années ? Il n'eut même pas le temps d'essayer : une sorcière à l'air sévère se dirigeait vers lui.

            - M. Plume Percevent ?

            Plume hocha la tête.

            - Bienvenue à Poudlard. Je suis chargée…

            - Pr. MacGonagall !

            La femme eut un sourire.

            - Messieurs Weasley… Que nous avez-vous préparé pendant les vacances ?

            - Nous ? Nous avons sérieusement étudié ! protestèrent-ils en chœur.

            - Nous verrons cela demain, je débute avec vos deux classes… (les deux frères firent la grimace) Je vous souhaite un bon appétit ! conclut-elle en les congédiant d'un geste.

            Bill et Charlie la saluèrent, firent un sourire à Plume et s'éloignèrent.

            - Et bien, je n'ai plus à me présenter… Le Directeur souhaiterait vous voir avant le dîner, veuillez me suivre, je vous prie.

            Ils quittèrent la gare et s'engagèrent sur le sentier menant au Château qui se dressait au-dessus du lac, gigantesque.

            - Je suis donc le Pr. MacGonagall, et je vous enseignerai les Métamorphoses. Avez-vous fait bon voyage ?

            Le ton était plutôt distant, voire prudent. Plume comprit aussitôt qu'elle savait qui et ce qu'il était vraiment.

            - Je vous remercie, répondit-il gentiment. Bill et Charlie sont très sympathiques, même s'ils ont l'air un peu… turbulents ? Vous êtes leur directrice de Maison, n'est-ce pas ?

            La femme se détendit un peu et afficha même un léger sourire.

            - C'est exact, je m'occupe des Gryffondors. Même si la tâche n'est pas toujours de tout repos… Vous êtes au courant de l'organisation des maisons ?

            Plume acquiesça. Visiblement, le fait qu'il ait lié connaissance avec des Gryffondors et non des Serpentards semblaient la rassurer. Plutôt normal, tout le monde devait s'attendre à ce que le fils de Voldemort se retrouve dans la Maison de son père…

            - Au fait, comment serai-je reparti ?

            - Comme tous les autres, avec le Choixpeau. Nous y voici.

            Ils avaient dû prendre un sacré raccourci, vu qu'en effet l'entrée du Château se dressait à une trentaine de mètres devant eux. MacGonagall le mena par un labyrinthe de couloirs interminables et d'escaliers mouvant (* Oh que je vais m'amuser ici !*) jusqu'à une adorable et hideuse gargouille qui s'effaça pour laisse apparaître un escalier, en haut duquel se trouvait ce qui devait être le bureau du Directeur.

            - Asseyez-vous, lui indiqua la sorcière en lui montrant une chaise. Le Pr Dumbledore ne devrait pas tarder.

            Sur ces mots, elle disparut.

            L'adolescent regarda autour de lui avec intérêt : la pièce était encombrée d'objets plus étranges les uns que les autres, semblant vous chuchoter des invitations à les toucher et à les admirer. Aux murs, des dizaines de sorciers plutôt âgés dormaient dans leurs cadres. Des milliers de livres splendides s'étendaient parfois jusqu'au plafond, et Plume, qui adorait les livres, dut se retenir de ne pas bondir pour se plonger dedans. Avec un soupir, il se rencogna dans son fauteuil et laissa son regard vagabonder sur le bureau. Oh… Un pot de jacinthes. Il sourit : si Dumbledore ressemblait à son bureau, il l'adorerait. Il se pencha et caressa les pétales d'un rose violent qui s'écrasaient les une contre les autres.

            - Vous aimez les jacinthes ?

            L'adolescent releva la tête et jaugea le vieux sorcier qui le regardait tranquillement : vieux – et incroyablement puissant. Un peu son grand-père en plus gentil. Grand-père était bougon…

            - C'est peut-être ma fleur préférée, avec les glaïeuls.

            - Pourtant ce n'est pas une très belle fleur, remarqua le vieil homme en s'installant dans son fauteuil de l'autre côté du bureau.

            - Non. Elle est même assez disgracieuse. Mais cela la rend sympathique, je trouve. Et son odeur est époustouflante, et… (Plume sourit) elle est très facile d'entretient, ce qui est un argument de taille pour un piètre jardinier comme moi.

            - Opinion que je partage pleinement, approuva Dumbledore amusé. Et les glaïeuls ?

            - Pour leur beauté modeste et fière, dit simplement le demi-elfe avec un dernier effleurement pour la fleur.

            Il releva la tête et laissa Dumbledore le dévisager. Tout le monde le dévisageait, et le sorcier n'échappa pas à la règle. Plume connaissait le pouvoir presque hypnotique de son regard, et ne s'en plaignait pas : il s'était plusieurs fois révélé assez utile pour échapper aux emmerdes… Finalement Dumbledore poussa un soupir. Et voilà. Maintenant il allait dire ''incroyable…''.

            - Etonnant…

            Ah. Presque.

            - Je suis heureux d'enfin vous rencontrer, M. Percevent. Il faut que vous sachiez que c'est moi qui vous aie confié à votre arrière-grand-père il y a sept ans.

            Normal. Qui d'autre ? Griffe ne cessait de lui parler de lui.

            - Grand-père ne cessait de me parler de vous.

            Dumbledore haussa un sourcil.

            - Oh ! En bien, j'espère ?

            - Pour être honnête, il vous traitait de vieil illuminé ! dit gaiement Plume.

            - Comme quoi il est très perspicace, fit l'homme avec un petit rire, avant de reprendre son sérieux. M. Percevent…

            D'accord. Pas du genre à se laisser se détourner de son sujet.

            - Je connais votre problème. Vos problèmes.

            - …

            - Je ne veux pas qu'il arrive quelque chose à cette école ou à ses occupants.

            - Je sais. Je passe ma vie à empêcher qu'il se passe quelque chose. Je ne peux rien promettre.

            Dumbledore secoua la tête.

            - Non. Ce que je veux vous proposer, c'est d'accepter que quelques professeurs et moi puissions vous surveiller. Ce qui ne signifie pas être perpétuellement sur vos talons, mais garder un œil sur vous. Ainsi en cas d'accident… les responsabilités seraient partagées.

            Il fallut quelques secondes à Plume pour digérer l'offre : d'ordinaire, tout le monde s'écartait de lui, personne ne s'était jamais proposé pour l'aider. C'était un cadeau surprenant.

            D'un autre côté ne jamais se sentir seul…

            - Qu'entendez-vous par ''quelques professeurs'' ?

            - Moi-même, le Pr MacGonagall que vous venez de rencontrer, ainsi que le Pr Snape, que vous connaissez déjà je crois…

            Snape…

            - Les autres professeurs ne sont pas au courant.

            Snape avait accepté de l'aider ? Il se rappelait encore de lui ?

            - Qu'en dites-vous ?

            - Cela semble raisonnable.

            Dumbledore l'observa encore un instant, comme attristé qu'un gosse d'à peine seize ans puisse être si grave. Mais il n'en laissa rien paraître et finit par se lever.

            - Si l'affaire est réglée, allons manger !

            Plume lui répondit d'un sourire joyeux et d'un grondement de ventre, se rendant subitement compte qu'il mourrait de faim. Il suivit le Directeur à travers un nouveau dédale de couloirs, bavardant, un peu surpris, de confiseries et de pâtes à la carbonara sur lesquelles le vieil homme semblait en connaître un rayon. Puis ils s'arrêtèrent devant une porte et Dumbledore se tourna vers lui.

            - Vous serez reparti à la fin, après les premières années. Entre-temps je vous demanderais de bien vouloir rester près de la porte.

            Comme Plume hochait la tête, il poussa le battant et en franchit le seuil. Le jeune homme le suivit. Charlie lui avait parlé de la Grande Salle, mais il ne s'attendait certainement pas à cela. Il eut l'impression de pénétrer dans une immense cathédrale occupée par deux milliers de poulets surexcités. Puis constata que la volaille en question n'était autre que ses futurs condisciples, installés autour de quatre gigantesques tables des centaines de bougies flottaient dans les airs les étoiles scintillaient au Plafond Magique, à des kilomètres au-dessus de sa tête. Rabaissant les yeux, il aperçut Bill et Charlie lui faisant de grands signes, et il agita la main dans leur direction avant de se tourner vers l'estrade qui dominait le reste de la Salle, soutenant la table des professeurs où était parti s'installer Dumbledore.

            Il sentit son cœur se manifester brutalement. La table des professeurs… Où était-il ? Là. A l'autre bout de la table. Il aperçut un visage impassible – mais l'homme était trop loin, et à moitié caché par son voisin de table.

            * Shit !*

            Tant pis… Plume reporta son attention sur le Pr MacGonagall, tenant un vieux chapeau à la main. Ce devait être le Choixpeau. La femme le posa sur un tabouret et… le Choixpeau chanta.

J'ai peut-être l'air d'une vieille chose,

Mais si jamais l'un de vous ose

Me nommer chiffon à poussière,

Qu'il fasse gare à son derrière.

Car quand quatre puissants sorciers,

Après avoir fondé Poudlard,

Se retrouvèrent bien ennuyés

Sur la bonne façon de savoir

Comment repartir les élus,

C'est à moi qu'ils firent confiance

Afin d'assurer la relève

Et de donner à tous sa chance.

Si vous êtes courageux et fort,

Attendez-vous à Gryffondor.

Efforts, recherches et travail,

Irons à Poufsouffle vaille que vaille.

L'intelligence et la sagesse,

De Serdaigle sont les vraies richesses.

Enfin les fiers, les ambitieux,

A Serpentard seront le mieux.

Pour le savoir qu'une chose à faire,

Prenez le chiffon à poussière,

Et posez-le sur votre tête,

Vous saurez où vous devez être.

            La Salle éclata en applaudissements, et Plume lui-même rit aux éclats. Et bien ! Cela promettait…

            Les premières années, timidement, défilèrent les uns après les autres et partirent ensuite s'installer à leur Table, accueillis par de véritables ovations. Plume remarqua que le nombre de nouveau de chaque Maison était sensiblement le même.

            Enfin le Choixpeau envoya ''Zimilli, Chloé'' à Serdaigle, et après quelques secondes de folie Dumbledore fit sonner son verre pour réclamer le silence.

            - Félicitation à tous, et bienvenue dans vos Maisons respectives ! Avant de commencer le baratin officiel, j'aimerais que vous accueilliez tous un dernier nouvel élève, M. Plume Percevent, qui entre directement en sixième année.

            Il y eut des murmures surpris dans la Salle, et même à la table des professeurs. Visiblement peu de monde était au courant, et il devait être rare d'accueillir un élève en cours de scolarité. * Enfin scolarité…* Plume s'avança tandis que son estomac commençait à jouer du yo-yo. Oh, le regard des élèves ne lui importait que peu – mais Snape était forcement en train de le regarder. L'adolescent résista à l'envie de jeter un coup d'œil dans sa direction – pas avec tout ce monde…- et marcha vers le tabouret, le regard fixé sur le Choixpeau. Il le souleva délicatement et s'assit, tournant le dos aux professeurs – et se sentit mieux. Il posa alors le vieux couvre-chef sur sa tête avec précaution.

            Une voix résonna à ses oreilles.

            - Tiens ! En voilà un que je ne connais pas !

            - Bonjour, Choixpeau, pensa Plume amusé.

            - Et il me dit bonjour ! Tu n'es pas n'importe qui, toi… Oh ! D'accord…

            - D'accord quoi ?

            - Je t'attendais.

            - Tu m'attendais ?

            - Oui, oui. Mais… hum… tu n'es pas du tout comme je t'attendais.

            - Désolé, je ferai mieux la prochaine fois…

            - Tut tut ! On ne plaisante pas avec ça ! Je ne reviens jamais sur mes décisions.

            - Alors comment m'attendais-tu ?

            - Tu es double… continua le Choixpeau sans l'écouter. Je ne dirai pas qu'il y a deux personne en toi ou une connerie de ce genre, mais tu es double…

            - Je sais.

            - C'est surprenant. Il y a une moitié de toi que j'attendais, mais pas l'autre.

            - Je l'ai faite.

            - Tu as dû beau coup souffrir… Oui, tu souffre horriblement.

            - Quelle moitié ?

            - Ta peine est partagée. Tu souffres tout le temps, quoi que tu fasses.

            - …

            - Bon. Je suis dans la merde, moi. Le tout est de savoir quelle moitié l'emporte sur l'autre.

            - Celle que j'ai faite.

            - Ca c'est ce que tu dis.

            - Choixpeau… On pourrait se dépêcher un peu ? Parce que tout le monde nous regarde, là…

            - Voui, voui… Bon… pourquoi pas… non. Alors… ? Nan, nan ! AH FAIT CHIER ! Et arrête de te marrer, toi !

            - Désolé… C'est de ta faute !

            - Même pas vrai !

            - Choixpeau, tout le monde nous attend…

            - Pour une fois que je peux bavarder… Bon. Ecoute. Tu es bôôôôôcoup trop paresseux pour Poufsouffle…

            - Hem…

            - … pas-du-tout assez sérieux pour Serdaigle…

            - Chuis pas sérieux.

            - … alors voilà : à Gryffondor, ils sont un peu jetés et pas très respectueux des règles, mais parfois un peu étouffants de bons sentiments.

            - Mouais…

            - A Serpentard, ils sont très intelligents. Très très très. Mais ce n'est pas avec eux que tu te fendras la gueule à longueur de journée.

            - On pourrait pas faire un petit mélange des deux ?

            - Navré. Alors ?

            - Je pense que je préférerais Gryffondor. J'ai vraiment besoin de rire.

            - Oui, mais c'est de Serpentard que Snape est le directeur…

            - …

            - Gnierk gnierk.

            - S'il reste mon professeur… Gryffondor.

            - Sûr ?

            - Vi.

            - Sûr hein ?

            - Oui-euh !

            - Sûûûûûr ?

            - Merde,quoi !

            - D'accord. GRYFFONDOR !

            La table éclata en applaudissements pendant que Plume reposait doucement le Choixpeau et allait s'asseoir. Charlie et Bill l'accueillirent en plaisantant et le présentèrent à leurs amis.

            - Ben alors ? Tu taillais la bavette ?

            - Oui, le Choixpeau et moi on a des amis communs…

            Ne pas le regarder, pas encore… Quand plus personne ne l'assommera de questions…

            Ce n'est qu'au dessert que Plume osa enfin relever les yeux vers le bout de la Salle. Pendant quelques secondes il ne pensa plus, occupé à détailler l'homme qui jouait avec sa fourchette d'un air peu amène. Le corps… même silhouette grande et mince. Les mains… toujours aussi belles, avec leurs doigts souples et leurs attaches fines. Quant au visage… Il gardait le souvenir d'un jeune homme déjà atrocement responsable et froid, mais cette fois il n'y avait vraiment, mais vraiment plus aucune trace d'adolescence sur les traits de son nouveau professeur. Le visage était plus dur, plus froid que jamais. Un peu plus désenchanté. Tout en étant encore assez jeune – voyons… ça devait lui faire 28-29 ans…- l'homme dégageait un sentiment de distance, voire d'hostilité, un peu intimidant. Mais il avait toujours les mêmes traits fins et pâles, les mêmes cheveux noirs – et ses yeux d'encre.

            Plume tenta vainement de se réintéresser à son pudding. Est-ce que l'homme se rappelait de lui ?

            Mange ton pudding, Plume.

            Demain, il pourrait peut-être lui parler…

            - Debout, Plume !

            - Mmmgnnnaaaannnn…

            Charlie soupira, écarta les rideaux du baldaquin et, fouillant sous le tas de couettes et d'oreillers qui servait de lit à son nouveau camarade, en extirpa une chose molle et endormie – Plume en question.

            - Kelheurek'ilé ?

            - 6 heures 45… On commence à 8 heures.

            Plume s'étira avec un gigantesque bâillement, exhibant un corps mince et finement musclé. Puis il s'ébouriffa les cheveux.

            - Merchi… Koikigna ?

            Charlie détourna le regard, rouge comme un joli coquelicot. Plume sourit.

            - Rhhooooo… J'oubliais que les humains dormaient en pyjama. Surtout les Anglais, tiens…

            - Pourquoi ? Les Elfes dorment tous en short ? demanda Raven, le meilleur ami de Charlie, un blondinet qui semblait complètement déluré.

            - Nan, y sont tout nu, mais je voulais pas vous choquer. 'Sont où les douches ?

            Une demi-heure plus tard, devant un bon petit déjeuner, ils discutaient de leur emploi du temps. La sixième année de Gryffondor regroupait neuf élèves : Plume, Charlie, le meilleur ami de ce dernier Raven, avec qui le demi-elfe avait tout de suite sympathisé, deux autres garçons qu'il ne connaissait pas encore très bien, et quatre filles qu'il n'avait encore qu'entraperçu. Bill Weasley était lui en quatrième année.

            - Pache-moi la confiture… le lait… le pain… le chocolat… un couteau… le bacon… des œufs brouillés… Merci.

            Charlie leva les yeux au Ciel.

            - Dire que je croyais Raven imbattable ! gémit-il.

            Le jeune homme émergea de derrière une montagne de nourriture.

            - On parle de moi ?

            - A vous deux, Plume et toi mobilisez la moitié de la table !

            - Ch'est la magie. Cha creuse.

            - ON A MEME PAS COMMENCE !!!!

            - Au fait on commence par quoi ? l'interrompit Plume.

            - Attend, je regarde… Berk. Potions.

            - Pourquoi berk ?

* J'adore les coïncidences…*

            - Snape est une pourriture. Si tu sors de cours en pleurant et avec cinquante points de moins, ne t'inquiètes pas, c'est normal…

            - A ce point ?

            - Pire. Il n'épargne personne, même les bons élèves, ce qui n'est pas vraiment notre cas, conclut le rouquin avec une grimace.

            - Passe-moi le café, Charlou.

            - Tiens… NON ! PAS LE CAFE !

            - Maiheu…

            Raven le regarda avec de grands yeux pleins d'étoiles.

            - Pourquoi pas le café ? demanda Plume intrigué.

            - Parce que ça le rend intenable. La dernière fois, il s'était mis en tête de griffonner des moustaches à TOUS les tableaux du premier étage.

            - C'est normal… je suis un Gryffonneur !

            Charlie regarda d'un air consterné les deux zigotos pétés de rire, et préféra ne rien ajouter.

            - Plume, tu veux du café ? soupira-t-il.

            - Non merci, je n'aime pas ça.

            - On y va, alors ?

            Ils s'enfoncèrent dans le Château. Plume sourit en regardant ses deux nouveaux potes se chamailler : il les aimait bien. Après neuf ans chez les MangeMorts, six ans chez les Elfes, il tremblait littéralement de panique à l'idée de devoirs supporter une bande d'ados stupides et égoïstes. Ce que n'étaient ni l'un ni l'autre. Charlie, intelligent et bourré d'humour, et Raven, souriant, surexcité à souhait et parfois d'une ironie un peu mordante, lui avaient tout de suite plu. Leur passion commune pour les bêbêtes bizarres, dont ils l'avaient rapidement informé, ne les rendait que plus intéressants.

            Ils s'arrêtèrent devant la porte d'un cachot Raven poussa un grand soupir tragique, tapota l'épaule de son nouvel ami et lui murmura un mélodramatique ''Bonne chance !'' avant d'en franchir le seuil. L'elfe sourit et le suivit, impatient.

            - Ah, Messieurs Weasley et Whitewinter, votre présence nous manquait tant… Premier cours, premier retard, je vois que l'année commence trèèèès bien !

            Délicieux. C'était délicieux, pensait Plume en écoutant la voix magnifiquement modelée. Il n'a vraiment pas changé.

            - Il est moins deux Monsieur… tenta Raven.

            - Les élèves doivent être devant les salles cinq minutes avant la sonnerie, M. Whitewinter, cinq-mi-nutes. Dix points en moins pour Gryffondor. Asseyez-vous.

            Plume était amusé : Snape parlait avec froideur et indifférence – il était tout bonnement exécrable. Et bizarrement ça lui plaisait, Snape n'avait jamais été gentil.

            - M. Percevent.

            La voix était neutre, tranchante, rien n'indiquait qu'il ne l'eut reconnu le visage était impassible, comme toujours les yeux noirs ne reflétaient rien.

            Plume eut un petit pinçon au cœur : il aurait put dire ''M. Plume Percevent'', quand même… Percevent n'était même pas son vrai nom, et l'homme le savait. Toujours aussi coincé, hein.

            Il ne pouvait pas savoir qu'à cet instant, Snape arrivait à peine à réfléchir – le comble ! – trop stupéfait pour aboutir à un semblant de pensée cohérente. Plume était tout à fait resté Plume. Rien n'avait changé - à part le fait qu'il ait grandi, certes, mais au fond, à la base, il était resté le même. Identique. Avec les mêmes yeux.

            Bois et glace.

            Bouge-toi, mon vieux Sev.

            - Je ne saurais que trop vous conseiller d'éviter la mauvaise influence que certaines personnes, que je ne citerai pas, pourraient avoir sur vous, et d'arriver dorénavant à l'heure exacte à mon cours. A moins, bien sûr, que ceci n'entre dans vos habitudes, ce sur quoi nous allons sans doutes très mal nous entendre, termina-t-il d'un ton à faire frémir le pôle nord, refermant doucement la porte.

            - Je ne crains pas les mauvaises influences, Monsieur. Mais je suis malheureusement souvent en retard… répondit l'adolescent d'un ton charmant. Cependant je ferai évidemment de mon mieux, ajouta-t-il avant que le professeur n'eut ouvert la bouche.

            Ils se dévisagèrent une fraction de seconde, puis Snape lui tourna le dos et se dirigea vers le tableau.

            - Allez vous asseoir près de M. Zachary.

            - Bien, Monsieur.

            Plume gagna sa place, la tête un peu chamboulée. Ce n'était pas vraiment ce qu'il avait envisagé comme retrouvailles, bien qu'il ne s'attendit pas à ce que l'homme lui saute dans les bras. Non, franchement non. En fait… finalement il n'était pas trop surpris. Ni déçu. Au contraire, ça pourrait être marrant de l'asticoter comme quand il était petit. Il n'y a rien de plus amusant au monde qu'un Snape énervé.

            * Quoique… c'est quand même mon professeur maintenant…*

            Il s'installa gaiement et se tourna vers son binôme. Un Serpentard… Bien, bien. Grand, élégant et fin. Chevelure lunaire en bataille, visage pâle de glace, traits fins, regard gris clair perforant. Plutôt polaire dans l'ensemble.

            - Salut ! chuchota Plume.

            L'autre lui jeta un regard totalement désintéressé et continua à recopier la formule inscrite au tableau.

            * D'accoooooord…*

            Le demi-elfe soupira et griffonna la liste des ingrédients, se lamentant intérieurement sur son écriture illisible. Enfin… Ca forcerait Snape à passer du temps sur ses copies…

            On n'entendait que les plumes gratter et le professeur tapoter le bord de son bureau.

            * C'est la fête ce cours…*

            - Bon. Mettez-vous au travail.

            Le Serpentard commença à rassembler les ingrédients nécessaires, sans adresser un mot au jeune demi-elfe. Hé, ho ! Il comptait le laisser bêtement planté là ?

            Plume lui agrippa le bras.

            - Ecoute, murmura-t-il, je suis personnellement un farouche partisan de la communication entre les êtres vivants, non pas pour une question idéale ou une connerie comme ça, mais parce que c'est quand même rudement pratique. Je me débrouille en Potions. Alors celle-là, on la fait à deux, ok ?

            L'autre l'avait écouté calmement, et un petit sourire était apparu sur ses lèvres.

            - Hé… Tu sembles presque intelligent.

            La voix était calme et posée.

            - Merci ! fit joyeusement Plume. Tu me files la balance ?

            L'adolescent la lui passa tranquillement.

            - Tiens. Je me charge des racines d'aloès.

            - D'accord.

            Plume se mit à écrabouiller et son voisin à hacher en silence. L'autre semblait s'y connaître. Sa main était sûre, sans hésitation. Jetant un coup d'œil autour de lui, Plume s'aperçut qu'il était bien le seul dans son cas : les autres élèves s'énervaient, hésitaient, se bousculaient, le tout sous l'œil sarcastique de Snape. Le Gryffondor rigola doucement.

            - Qu'est-ce qu'il y a ?

            - C'est Snape. Il est terrible, hein ?

            - Au moins il connaît son boulot.

            - Ah, ça… c'est quoi ton nom ?

            - Killian Zachary.

            - Ch'est classe ! Tiens, Killian Zachary, j'ai fini.

            Ils versèrent soigneusement leurs ingrédients en même temps, et augmentèrent la température.

            - Tu es un Elfe ? demanda Killian, toujours impassible.

            - Pas entièrement… Mais j'ai vécu un moment chez ma famille elfique. Ils sont très forts en potions, surtout en ce qui concerne les remèdes et les antidotes…

            Le blond haussa un sourcil d'un millimètre.

            - Il paraît qu'ils accordent une très grande importance aux récipients dans lesquels ils effectuent leurs potions.

            - Exact. Surtout ceux en métal. Suivant le matériau, il est possible de spécialiser le champs d'action d'une potion. Combien de temps ?

            - Sept minutes. Met les griffes d'Osk. Comment ça spécialiser ?

            - Voilà. Et bien la personne devra répondre à des critères précis pour que la potion agisse sur elle : race, sexe, âge, ou puissance magique. Tu peux même spécialiser ta potion pour une personne précise. Mais c'est quand même plus facile dans ce cas d'ajouter un cheveu ou n'importe quoi, plutôt que de fondre un chaudron avec un alliage complexe…

            - Donc chaque métal correspond à une caractéristique ?

            - A peu près. Il y a des exceptions. Par exemple, si tu mélange de l'aluminium, qui correspond à l'intelligence, et du platine, qui concerne la puissance magique, et bien ta potion ne marche que sur les types à grands nez. Il y a quelques bizarreries, sommes ça… On ne peut pas toujours prévoir l'effet des mélanges. En parlant de mélanges…

            Plume ajouta du poivre et touilla.

            - On dirait de la soupe, fit-il rêveusement.

            - Tu es assez bizarre toi-même, Percevent.

            - Merci. Oh et puis appelle-moi Plume. A toi de parler ! lança le nouvel élève avec un sourire.

            L'autre parut déstabilisé.

            - Qui tu es, d'où tu viens… Je ne sais pas moi… Tu as l'air d'apprécier les Potions ?

            Le Serpentard hocha la tête.

            - Je trouve ça tellement ridicule de rester là à agiter une baguette. Ca ne demande aucun savoir, juste de la concentration, ou de la chance. Les Potions sont beaucoup plus rigoureuses.

            - En fait tu aimes bien les choses clairement définies, quoi, dit tranquillement Plume.

            Le blond lui jeta un regard surpris mais ne répondit pas. Voilà, il n'y avait plus qu'à attendre que la potion chauffe. Plume laissa ses yeux vagabonder.

            Sur Snape en particulier. Ses lèvres étaient crispées ironiquement tandis qu'il critiquait le contenu du chaudron de Charlie et Raven, qui ne semblaient pas trop perturbés. Plume sourit et repoussa les cheveux qui lui tombaient sue les yeux. Le pauvre… Il devait s'ennuyer maintenant, les MangeMorts étaient autrement plus amusants à engueuler…

            - Pourquoi tu fixe Snape comme ça ?

            - Il est amusant, je trouve.

            - Snape amusant ?!

            Killian le regarda d'un air prudent.

            - T'es vraiment pas net toi. Snape est un vieux type cynique qui adore écraser ses élèves.

            - Pourquoi vieux ? s'étonna Plume. Il n'a même pas trente ans, je crois…

            Le Serpentard resta songeur.

            - C'est vrai. Mais il fait tellement… aigri. Non, pas aigri. Désabusé. Désenchanté. Il a pas dû avoir la vie rose… Je me demande ce qui l'a rendu comme ça ?

            Killian fronça les sourcils en réalisant ce qu'il venait de dire, et Plume le regarda avec un grand sourire.

            - Tu vois que tu ne le déteste pas tant que ça.

            L'autre haussa les épaules.

            - D'ici à le trouver amusant…

            Plume lui jeta un coup d'œil : le Serpentard était froid et sérieux, mais finalement assez sympathique. Il n'avait rien de méprisant. C'était simplement du désintérêt total envers les autres. Une fois intéressé…

            - Vous n'avez rien d'autre à faire que de bailler aux corneilles, M. Percevent ?

            Encore ce ''M. Percevent''. Ouille.

            - Nous avons terminé, Professeur, répondit gaiement Plume.

            - Oh ? Vous avez terminé ? Je serais plus enclin à penser que ceci est l'œuvre de M. Zachary…

            Le demi-elfe se tourna vers son binôme.

            - Percevent a exactement effectué la moitié du travail, Monsieur, déclara impassiblement celui-ci. Il travaille très bien.

            Une lueur passa dans les yeux de Snape. Colère ? Satisfaction ?

            - Bien, bien, je suis curieux de voir cela…

            Plume prit sans hésiter une louche de potion et la but sans attendre, avant que Snape n'ait eu le temps de faire un geste. Il avait déjà fait cette potion deux ou trois fois…

            La Potion d'invisibilité fonctionnait parfaitement : son corps disparut progressivement, laissant ses vêtements suspendus en l'air.

            Son bien-aimé professeur eut un air appréciatif, Killian écarquilla les yeux, et le reste de la classe le fixa avec stupéfaction. Plume jeta un coup d'œil à ses mains – ou plutôt constata qu'elles avaient bien disparu. Bien, il pouvait maintenant tirer la langue à Snape autant qu'il en avait envie…

            - Bien. Je donne dix points à chaque Maison, déclara celui-ci fraîchement. Les autres peuvent continuer.

            Plume se rassit. Killian le ''regardait'' pensivement.

            - Tu sais qu'aucun élèves n'a réussi cette potion depuis une quinzaine d'années ? Depuis les Snape lui-même, en fait.

            - Ah ouais ? On est doués, alors ?

            - Ca fait quel effet ?

            - Agréable, ça picote. Essaie !

            L'adolescent hésita, puis avec un léger sourire approcha la louche de ses lèvres et but à son tour. Trois secondes plus tard ses vêtements s'agitaient avec étonnement.

            - Plutôt sympa.

            - C'est encore plus drôle sans fringues, tu peux faire plein de bêtises !

            - Tu veux dire que tu en as déjà bu ? demanda la voix légèrement étonnée de son collègue.

            - Vouip. Un jour elle était mal préparée, je me suis retrouvé à poil au milieu d'une salle de réunion… pleine, comme de bien entendu.

            - Pas mal…

            - Mmh… on peut en garder un peu pour plus tard, pour embêter Snape par exemple ?

            - Je ne tiens pas précisément à brusquement apparaître dans le plus simple appareil devant lui.

            - Vu comme ça…

            *Je me demande quelle tête il ferait ?* songea rêveusement le nouvel élève.

            Au bout d'un quart d'heure ils commencèrent à réapparaître doucement. Personne dans la classe n'avait réussi la potion à part eux. Le cours se termina enfin, et Plume quitta la pièce avec un dernier sourire dégoulinant d'innocence à Snape.

            - Et bien chapeau ! souffla Charlie. Réussir à arracher dix points à ce vampire…

            - Boh il est pas méchant…

            - Et Zachary ? Tu avais l'air de bien t'entendre avec lui ! s'exclama Raven. Pourtant ce type semble tellement indifférent, il ne parle jamais à personne…

            - Nan, il est plutôt intéressant…

            - C'est un Serpentard… dit pensivement le rouquin.

            - Oh, Charlou, un peu d'ouverture d'esprit ! Y'a des Gryffondors cons comme mes pieds aussi ! Bon, j'ai faim, on va manger ?

            - Raven, il est dix heures.

            - Et le casse-croûte ?

            Ils enchaînèrent – sans casse-croûte – avec les Métamorphoses. Plume en sortit assez impressionné par MacGonagall, surtout par la facilité, voire la nonchalance, avec laquelle elle avait transformé son bureau en hippopotame. Les Métamorphoses n'étaient pas le fort des Elfes, et il se promit de faire des efforts.

            Puis ils allèrent manger, à la grande joie de Raven, et se rendirent ensuite en cours de botanique. A la fin du cours, le Pr Chourave était prête à adopter son nouvel élève qui, sans adorer le sujet, avait tout de même été entraîné par les meilleurs herbologistes elfiques, et en connaissait un rayon.

Ils terminèrent à quatre heures, Plume fit le tour du Château avec Charlie et Raven, puis s'attarda avec plaisir à la bibliothèque, jetant un coup d'œil de regret à la Réserve. Ils prirent ensuite leur dîner, regagnèrent la salle commune où ils négligèrent allègrement leurs devoirs, firent une monstrueuse bataille d'oreillers et finirent par se coucher.

            Ce fut là, à l'abri derrière les rideaux du baldaquin, que l'adolescent repassa sa première journée dans sa tête et s'autorisa à penser à Snape. Il était… déçu, ce qui était parfaitement stupide. L'homme était sauf chaleureux et sociable, ils ne s'étaient pas vus depuis trois ans, et ils étaient maintenant professeur et élève. Mais quand même… Il se retourna dans son lit en soupirant. Il aurait bien aimé, allez, un signe de reconnaissance ? Enfin faut pas rêver non plus. Si ça se trouvait, Snape ne tenait pas du tout à se rappeler cette période de sa vie, ce dont il ne pouvait vraiment pas le blâmer…

Pendant ce temps, le Snape en question tentait de calmer ses pitites pensées tout aussi agitées. Mais plus il tentait, plus il s'énervait, et s'énervait encore plus à l'idée de s'énerver. Bref.

Bon. Plume n'avait pas changé. Enfin si, il avait grandi, ce n'était plus un gosse, mais…

Oh putain ces yeux…

* Ca recommence… Comment je vais faire mes cours, moi ?*

Enfin c'était du passé tout ça. C'était son élève, maintenant, un élève comme les autres, et plus le môme avec qui il était le seul à bavarder.

Voilà.

Dodo.

Dodo, on a dis.

DORS !

A suivre…