Titre : Sangs, chapitre V.
Auteur : Lychee.
Source : HP I, II, III et IV.
Genre : Severus n'à moi en héros… enfin presque quoi…
Disclaimer : la plupart de ces persos appartiennent à J.K. Rowling, je suis pauvre un peu de pitié essvépé ? La jolie musique est à Indochine, bénis soient-ils entre tous. L'autre chanson… *soupire*… souvenirs d'enfance…
Sangs.
Premier trimestre.
Chapitre V :
Promenades.
Les coins de la bouche de Dumbledore tressaillirent.
''Je voudrais également vous rappeler, poursuivit-il, que, comme toujours, la forêt est interdite à tous les élèves…''
§§§§§
Plume rendit leurs baguettes à ses élèves achevés, les félicitant de leurs progrès ès Magie Primitive – le cours avait consisté en un parcours d'endurance de trois kilomètres, semés de ''petits murs'' de deux mètres de haut, d'illusions de monstres à dissiper par la magie, et d'une ''surprise finale'', comme il le leur avait gentiment annoncé, qui ne consistait non pas en un Epouvantard, mais en une vingtaine d'Epouvantards – et se retrouver brusquement face à son pire cauchemar multiplié par vingt n'avait pas été du goût de tout le monde. Dumbledore s'inquiétait légèrement des hurlements inhumains qui montaient jusqu'aux fenêtres de son bureau.
On était mi-Octobre.
- Oh ! Avant que vous ne partiez !
Les élèves, rampant sur la pelouse, en étaient bien incapables.
- Dans la nuit de vendredi à samedi, j'organise une… petite balade, dans la forêt. Le but sera de mettre en pratique ce que je vous ai appris, histoire d'attraper quelques bestioles sauvages. Je n'oblige personne. Ceux que cela n'intéresse pas ne sont pas forcés de venir. Voilà ! A samedi pour ceux qui seront là !
Puis le jeune homme partit manger un truc, vaguement ennuyé de les abandonner là quand même – mais l'appel du ventre fut le plus fort…
Songeur, Severus referma doucement la porte derrière lui, et jeta un coup d'œil autour de la pièce : le bureau de Plume était encombré d'objets hétéroclites d'origines incongrues – une calligraphie japonaise attendait toujours d'être accrochée, abandonnée sur une chaise, un stock de cruches elfiques d'une élégance gracieuse s'alignait sagement contre un mur, un crâne de dragon gisait au pied de son bureau – parsemés ici et là de feuilles de cours et de copies d'élèves. Il soupira devant le bazar et se dirigea vers la porte qui conduisait à la chambre de son amant.
Tiens, je crois
Que c'est à moi aujourd'hui
De te montrer tout ça
Et comment faire pour vivre ici
Mais personne, je crois
Ne m'a vraiment bien apprisLaisse-moi te dire, ''boy''
Que c'est difficile
La vie est sale, ''boy''
Sous ces étoiles
Encore ces chansons moldues… Severus tendit la main vers le poste, puis se ravisa et contempla la chambre.
Cette dernière était toute différente : spacieuse, largement éclairée par trois immenses fenêtres qui donnaient sur le Lac, et surtout atrocement accueillante. Bien plus que Severus n'arriverait jamais à rendre ses appartements. Claire mais pas froide, au contraire presque libératrice le lit, placé sur une estrade face à la porte, présentant son côté gauche à la fenêtre, trônait paisiblement une bibliothèque tapissait le mur de la porte et celui faisant face à la fenêtre sur la droite du lit s'ouvrait la porte de la salle de bain un tapis occupait le centre de la pièce, sa texture moelleuse tranchant nettement sur la tiédeur de la pierre et face à la fenêtre centrale, un profond canapé, tourné vers le paysage, semblait vous hurler de vous asseoir et de rêver un moment… C'était tout. Et c'était largement suffisant pour vous donner envie de vous installer à tout jamais… Il en était ainsi partout où le jeune homme passait : les choses se transformaient, devenaient vos amies, remplaçants plus ou moins des amis vivants…
Deux pieds dépassaient de l'accoudoir du canapé.
Mais, crois-moi
Comme toi aussi parfois j'ai peur
De la nuit, dehors
De tout ce que tu vas découvrir ici
La vie, la mort
Crois-moi je n'en suis pas très fierLaisse-moi te dire, ''boy''
Te voir dormir
C'est un peu mourir, ''boy''
Ainsi soit-il
Severus ne s'approcha pas tout de suite, laissant son regard vagabonder sur les centaines de livres qui couvraient les murs, abandonnant parfois la place à quelques bibelots – une orchidée une boîte en acajou, vide un bocal où paressait un orvet – peu de choses, se contentant de briser la monotonie de ce mur de lecture, attirant l'œil. Des objets que Plume avait ramené de chez eux, ou qu'il avait dégotté dans le Château. Des objets qui lui plaisaient – mais dont il se séparerait sans problème si cela se révélait nécessaire. N'ayant jamais rien possédé dans son enfance, le fils de Voldemort ne s'attachait pas à grand chose, profitant juste de ce qui lui tombait sous la main sur le moment.
Mais on s'en ira
On nous oubliera
Ainsi soit-il
Et tu seras
La suite de ma vie
Ainsi soit-il
On partira
Au milieu de rien
Ainsi soit-il
Sans doute influencé par cette idée, toujours présente dans sa tête, qu'il pourrait mourir le lendemain.
Ou que lui-même, Severus, pourrait mourir, ce qui reviendrait au même.
Mais, tu vois
Un jour tu comprendras
Des dieux ici, ou là
Que tout ça n'existe pas
Mais on s'en ira
On nous oubliera
Ainsi soit-il
Et tu seras
La suite de ma vieAinsi soit-il
On partira
Au milieu de rien
Ainsi soit-il
Plume, moitié riant, moitié sérieux, lui avait plusieurs fois fait la remarque qu'en fait, la seule chose qu'il possédait vraiment et entièrement était son petit Maître de Potions favori. Ce qui à chaque fois lui remuait les boyaux, même s'il aurait préféré subir trente-six Endoloris plutôt que de l'avouer.
Tu vois
C'était juste pour te dire
J'aimerais bien que tu me croies
Qu'aussi loin que tu verras
Un chemin vers moi
Tu nous retrouveras
Tu es ma vie
La suite de ma vie
Ainsi soit-ilTu m'as appris
A sauver ma vie
Ainsi soit-il
On partira
Fabriquer nos vies
Ainsi soit-il.
Severus coupa la radio et s'approcha du canapé. Plume, les deux pieds encore chaussés jetés sur l'accoudoir, un bras sous la tête et l'autre serrant un coussin contre ventre, dormait calmement. Comme un ange. Un ange qu'il ne fallait pas réveiller trop brutalement.
- Debout, marmotte, dit doucement Severus en demeurant à distance respectable.
Le Mercenaire sursauta et bondit sur ses pieds, avant de se détendre en l'apercevant, puis de lui sourire et de se laisser retomber sur le divan. Severus vint s'asseoir près de lui, le regard tourné vers le Lac qui s'étendait presque à ses pieds, d'un rouge sanglant de crépuscule, et ils restèrent un moment silencieux, perdus dans leurs songes. Puis Plume se redressa.
- Qu'est-ce que tu voulais, au fait ?
- Mmh ? Oh… Je rappelle à son Altesse la Belle au Bois Dormant qu'elle compte emmener ses élèves dans la Forêt Interdite, ce soir, répondit tranquillement l'homme.
- MERDUM !!! IL EST QUELLE HEURE ??!!!
- Il nous reste une bonne heure, répondit Severus en se penchant vers lui.
Quatre pieds dépassaient de l'accoudoir du canapé…
A dix heures moins cinq, les vingt élèves se réunirent à l'entrée du Château. Il n'y avait aucun absent, remarqua Harry. L'un des talents particuliers de Percevent était de laisser une entière liberté à ses élèves – et d'arriver à en faire ce qu'il voulait. Les deux maisons portaient de solides et pratiques vêtements, avaient leur baguette dans leur poche, et abordaient un air de profond ravissement et d'extrême anxiété – un des autres talents de leur cher professeur étant de réussir à leur inventer des cours à chaque fois plus palpitants, parfois même un peu trop.
- On doit les retrouver à l'entrée de la Forêt, près de la cabane de Hagrid, les informa Hermione en arrivant.
Les autres ne pipèrent pas mot et suivirent leur Préfète en Chef dans la nuit noire, jusqu'au mur du potager qui se dressait à la lisière des arbres. Assis sur le rebord, Percevent bavardait pensivement avec Snape, appuyé contre les vieilles pierres, tous les deux éclairés par la lumière tremblotante de deux lanternes.
Harry les observa : Snape, grand et sombre, ses yeux d'encre impassibles, et son jeune amant, lumineux et énergique. L'antithèse l'un de l'autre. Il l'avait finalement révélé à Ron et Hermione, leur faisant promettre le secret. Le fait qu'il les ait suppliés de rester discrets n'avait pu les empêcher de dévisager fixement Snape tout le long du cours suivant, la bouche bêtement ouverte – ce qui leur avait bien entendu coûté vingt points chacun.
Percevent les aperçut et sauta souplement au sol, souriant.
- Bien ! Comme vous êtes assez nombreux, nous allons travailler en deux groupes. Je propose que les Serpentard aillent avec le Pr Snape, ça évitera les tueries…
Tout le monde était d'accord.
- Je rappelle que le but est que vous capturiez quelque chose. Le Pr Snape et moi n'interviendront que si nécessaire.
Il y eut des murmures inquiets et excités.
- Alors on y va !
Ils prirent la direction de la Forêt. Harry, juste derrière les deux hommes, entendit Percevent murmurer.
- Tu me les laisses pas crever, hein, Sev' ?
- J'aviserai. A ta place, je m'occuperais plutôt de mes affaires enfin, si vous êtes capables de ramener quelque chose…
- Bien sûr que oui ! s'indigna le jeune homme.
Puis le Mercenaire eut un sourire menaçant.
- On fait un concours ?
Les yeux de Snape brillèrent et ses lèvres se retroussèrent.
- Ca marche.
- Celui qui ramène le plus méchant truc a gagné. Par ici les Gryffondors !
Percevent partit d'un côté et Snape de l'autre, chacun suivi par sa petite troupe. Jetant un coup d'œil à ses amis, Harry, les voyant fixer le dos de leur professeur d'un air halluciné, comprit qu'ils avaient capté la conversation.
- Je… je veux bien te croire, finalement, balbutia Hermione tandis que Ron hochait la tête.
Ils marchèrent une dizaine de minutes, Percevent chantonnant doucement ''A la chasse aux dragons…'', ses élèves le suivant, un peu nerveux, puis s'arrêtèrent.
- Bien, chuchota le professeur, qui me lance un sort de détection ? M. Londubat ?
Neville avala sa salive, prit sa baguette, inspira et lança d'une voix ferme le sortilège appris trois semaines plus tôt.
- Seulement les animaux, M. Londubat, murmura Percevent.
Le Gryffondor hocha la tête et ajouta quelques paroles. Un doux halo bleu entoura l'extrémité de la mince tige de bois, palpita quelques instants, puis s'en détacha et partit en voletant dans une direction. Neville eut un sourire surpris.
- Très bien, approuva Percevent. Vingt points pour Gryffondor – ce n'est pas un sortilège évident. Allons-y silencieusement.
Ils suivirent la luciole de lumière, avec quelques rires étouffés. C'était si excitant !
Après deux minutes, la lumière s'éteignit brusquement. Percevent leur fit signe de se baisser, et ils rampèrent discrètement jusqu'au sommet d'une petite butte se dressant sur leurs coudes avec précaution, ils jetèrent un coup d'œil dans la petite clairière qui s'étendait devant eux. Au centre du cercle d'arbre se trouvait le Monstre.
Grignotant tranquillement un brin d'herbe.
Un lapin.
Neville poussa un gémissement de dépit et laissa retomber sa tête entre ses bras, pendant que les autres pouffaient de rire.
Le lapin releva la tête.
- Taisez-vous ! chuchota leur professeur, les yeux brillants. Ce n'est pas un lapin…
Ses élèves le regardèrent, légèrement inquiets – pour lui.
Percevent eut un sourire carnassier.
- C'est un lapin-garou !
Silence perplexe.
- Mais qu'est-ce que vous foutez, attrapez-le ! s'écria-t-il.
Si les élèves hésitèrent, le lapin non. Surpris par l'exclamation, il bondit et fit face.
- Mais, professeur…. On ne va pas attraper un lapin ?! protesta Ron en se redressant.
A sa vue, ledit lapin se mit soudain à… gronder.
- Vous avez déjà entendu un lapin grogner comme ça, Weasley ? demanda tranquillement Percevent.
- Euh…
Les autres fixèrent, éberlués, la petite boule de poil se mettre à enfler, enfler… Il y eut un soudain éclair et le lapin révéla une impressionnante rangée de dents de dix bons centimètres de haut. Sans oublier les yeux injectés de sang, bien sûr.
- Oh putain…
- Comme vous dites, Thomas.
Le ''lapin'' mesurait maintenant soixante ou soixante-dix centimètres de long, sa fourrure grise frémissaient, hérissée, laissant deviner d'impressionnants muscles, et son sourire n'était pas sympathique. Vraiment pas.
- Alors vous me l'attrapez, ce lapin ?
La bestiole en question avait déjà bondi sur eux. Grimpé en trois bonds au sommet de la butte, le lapin se jeta sur le petit groupe, toutes dents dehors, avec un aboiement rauque à vous glacer le sang. Les onze sorciers n'eurent que le temps de se jeter sur le côté.
- Debout, vite ! lança Percevent, un grand sourire de pirate à l'abordage aux lèvres.
Le lapin, emporté par son élan, dévala quelques mètres, puis se retourna et se précipita sur Seamus, le plus proche de lui le jeune homme eut un geste rapide, mais le monstre réussit à lui saisir le bas de son jean. Il lui aurait sans doute arraché la jambe si Lavande, sans réfléchir, ne lui avait flanqué un formidable coup de pied. Le lapin boula et se redressa en gémissant, puis les fixa d'un air méfiant. Hermione ne lui laissa pas le temps de se remettre.
- Stupefix !
L'animal se raidit et ne bougea plus. Les élèves demeurèrent un instant immobile, puis eurent un soupir collectif.
- Bien joué ! applaudit Percevent. Miss Brown, votre coup de pied était magnifique ! Bien qu'il n'entre guère dans l'application de mes cours, il mérite bien dix points.
- Je… je n'ai pas vraiment réfléchi… rougit Lavande.
- C'est très bien ! Au combat, les réflexes tiennent une place plus qu'importante. Miss Granger, votre Stupefix était impeccable, quoiqu'un peu tardif cependant : dix points aussi.
- Merci, fit Hermione mi-ravie mi-contrariée.
- Quant à M. Finnigan, je vous félicite de ne pas être resté figé par la peur, heureusement pour votre jambe… Cinq points. Pas de bobos ?
- Si, je crois…
Seamus écarta les lambeaux de son pantalon, laissant apparaître une jolie coupure barbouillée de sang, et pâlit.
- Est-ce que… est-ce que je vais devenir un loup-garou ? Vous avez dit que c'était un lapin-garou !
Percevent secoua la tête en souriant.
- Ne vous inquiétez pas, dit-il gentiment, les lapins-garous sont victimes d'une maladie qui n'a rien à voir avec la lycanthropie. On les a juste appelés ainsi à cause de la similitude des symptômes.
Il s'agenouilla et passa son index le long de la coupure quand il se redressa, la peau était intacte.
- Bien !
Il fit apparaître d'un mouvement de main négligeant une solide cage.
- Miss Patil, voudriez-vous m'enfermer ce lapin ? Je vous remercie… Prêts pour la suite ?
- On continue ? demanda Dean.
Percevent écarquilla les yeux.
- Bien sûr ! Vous ne pensez tout de même pas que nous allons rejoindre les Serpentards avec juste un lapin-garou, j'espère ! C'était un échauffement, et maintenant cette bestiole va nous servir d'appât ! Allez hop, mettez-moi cette cage au milieu de la clairière !
Ils se reperchèrent ensuite sur la petite butte.
- Alors, commença le jeune professeur, qui peut me citer un des prédateurs du lapin vivant dans les forêts magiques du centre de l'Angleterre ? A part le loup-garou bien sûr… Miss Granger ?
Hermione ne réfléchit qu'une micro-seconde.
- La Tentacula à poils longs.
- Miss Granger, c'est un plaisir de vous enseigner. Exact ! Quelqu'un en a déjà vu ?
Ron leva la main.
- L'une d'entre elles a envahi notre jardin il y a deux ans. Nous avons dû nous barricader dans la maison et appeler le service spécial.
Percevent hocha la tête.
- C'est une espèce assez dangereuse. Pour ceux à qui cela n'évoque rien, la Tentacula est une sorte d'ours, mais au corps végétal ses bras sont remplacés par trois paires de tentacules : méfiez-vous, elles paraissent très courtes, mais sont en fait dévaginables et peuvent atteindre près d'un mètre de long. L'espèce à poils longs a le corps recouvert de soies très solides et très pointues. Sinon les Tentaculas gardent la gueule et surtout les dents des ours… Il faut leur viser le ventre, qui est moins protégé. Lancez-lui le sortilège de Coup que je vous ai appris au début de l'année : elle va se plier en deux, et à ce moment, il suffit de lui saisir la paire d'antennes qu'elle a sur la tête pour l'immobiliser. Elle ne pourra plus faire un mouvement.
- Lui saisir ? s'étrangla Pavarti.
- Vouip. M. Potter, lancez donc une pierre au lapin, qu'il fasse du bruit. Au fait, vous savez que c'est très beau un lapin qui chante ?
- Monsieur, ce n'est pas le moment…
- Pardon. Mais c'est vrai, je vous en ferai écouter un…
Harry envoya une pierre sur la cage et le lapin poussa un gémissement plaintif avant de se mettre à piailler avec excitation. C'était vrai qu'il y avait une certaine harmonie dans le son…
Un grand craquement se fit entendre. A l'extrémité de la clairière, repoussant les branches de ses tentacules, une Tentacula à poils longs venait d'apparaître. D'au moins trois mètres de haut, elle était tout à fait comme Percevent l'avait décrite. Sa peau verdâtre luisait de façon repoussante ses petits yeux noirs brillaient sous une touffe de soies acérées.
- Superbe, murmura Percevent.
La créature s'avança avec circonspection vers la cage où le lapin s'était tu, tremblant de tous ses membres. Une vieille chanson surgit brusquement dans l'esprit de Harry, venue d'il ne savait où.
Mon petit lapin a bien du chagrin,
Il ne saure plus dans son p'tit jardin,
Saute saute saute mon petit lapin,
Et dépêche-toi d'embrasser quelqu'un…
Qu'est-ce que c'était que cette chanson ? Impossible de se rappeler où il l'avait entendue. Dans tous les cas, il y avait peu de chances que ce soit Tante Pétunia qui la lui ait chantée petit – sans parler de l'Oncle Vernon.
- C'EST PARTI ! hurla Percevent. SAUVONS LE LAPIN !!!
Les élèves bondirent de derrière la butte, s'élançant vers la bestiole sidérée. Harry l'atteignit en premier et, se souvenant des conseils de son professeur, vise son ventre de sa baguette.
- FRAPP…
Il n'acheva pas, cueilli par une magnifique claque qui l'envoya valser contre un arbre, à moitié dans les vapes.
- Plus vite ! N'hésitez pas ! s'amusait Percevent.
Harry cligna des yeux et aperçut Hermione, tentant d'attirer l'attention de l'animal, pendant que Dean essayait de se placer face à son estomac.
- FRAPPENTIN !
Chtomb !
Dean vola à côté de lui.
- Quel truc de fous, murmura le Survivant.
Puis il eut un grand sourire et retourna au boulot.
Le combat dura dix bonnes minutes. Finalement, ce fut Neville, projeté en l'air, qui retomba par hasard sur la tête de la Tentacula et attrapa machinalement les antennes, cherchant quelque chose où s'accrocher. La bête s'immobilisa aussitôt, aussi figée qu'une statue.
- Parfait ! s'extasia Percevent. Surtout, ne bougez pas !
- D'a… d'accord.
Le jeune professeur s'approcha de l'étrange monture, et posa doucement la paume de sa main au niveau du cœur de l'animal en murmurant quelque chose celui-ci se détendit soudain, rétractant ses tentacules avec un petit grognement.
- Il sera calme, maintenant, dit sereinement le jeune demi-elfe (puis son visage retrouva son air joyeux). Ca va, M. Londubat ? Vous voulez rester là-haut où vous préférez redescendre ?
- Je peux rester un peu ? demanda Neville d'une voix un peu étonnée de sa propre audace.
- Si vous ne lui tirez pas sur les antennes, pas de problèmes.
- Chouette !
Le Gryffondor fit une petite grimace à ses amis envieux et s'installa plus confortablement.
- Bon. Il faut le soigner, maintenant, fit Percevent en tapotant distraitement un tentacule, ce qui lui arracha un geste un peu écœuré.
- Le quoi ?!
- Les vainqueurs commencent toujours par soigner leurs adversaires avant de s'occuper d'eux-mêmes. C'est la moindre des choses. Je vais vous aider…
Après un intéressant cours d'anatomie de la Tentacula à poils longs, Percevent soigna leurs petits bobos (''Ne bougez pas, je vais vous recoller votre oreille… Ah non, ce n'est pas la vôtre. Quelqu'un a vu une oreille ?''), puis ils repartirent vers l'entrée de la Forêt, Lavande en tête tenant le lapin-garou en laisse, suivi des autres entourant la Tentacula sur laquelle trônait toujours Neville, et Percevent à la fin, les mains dans les poches, un sourire heureux aux lèvres.
Sourire qui s'effaça lorsqu'il vit ce que les Serpentards avaient ramené.
- MAIS-MAIS-MAIS VOUS ETES MALADES ?! ON NE S'AMUSE PAS A CAPTURER UNE FEMELLE GRYFFON SUR LE POINT DE PONDRE ! C'EST HYPER DANGEREUX !!!
Snape non plus n'était pas content.
- UNE TENTACULA A POILS LONGS ?! NAN MAIS FRANCHEMENT, QUE PENSES-TU QU'ON VA FAIRE DE CA ?!
- AU MOINS MA BESTIOLE NE MENACE PAS D'ENVAHIR LE CHATEAU PAR SA PROGENITURE !! T'ES COMPLETEMENT TARE ! T'AS VOULU TUER MES ELEVES !!!
- CE SONT AUSSI MES ELEVES, JE TE SIGNALE ! SI TU N'ES PAS CONTENT, REMBALLE TA PIEUVRE ET RENTRE A LA MAISON !!!
- NON MONSIEUR !
- SI MONSIEUR !
- TU PEUX CREVER !
- JALOUX !
- DE TON ZOZIO EMPAILLE ?! LAISSE-MOI RIRE !!
Les élèves suivaient d'un regard bovin les répliques qui fusaient de part et d'autre, tentant de reconnecter quelques neurones afin de trouver une explication logique au fait que leurs deux professeurs se tutoyaient et se gueulaient dessus, et surtout à ce qu'ils avaient l'air d'en avoir l'habitude. Même le lapin, la Tentacula et la gryffone suivaient d'un air intéressé.
- On dirait une scène de ménage, marmonna Malefoy.
Harry essaya de penser à quelque chose d'horrible, de très horrible – les vacances, Oncle Vernon, Dudley, les Détraqueurs, Voldemort – puis abandonna et se mit à hurler de rire, les larmes aux yeux.
Ce fut sur cette scène – 18 élèves bouches-bées l'une tenant un lapin en laisse un autre, Londubat qui plus est, perché sur un horrible monstre vert Harry se roulant par terre une gryffonne installant tranquillement son nid au milieu de ce bordel et surtout, Severus et Plume en train de s'engeuler comme du poisson pourri et menaçant d'en venir aux mains – que finalement tombèrent Dumbledore et MacGonagall, accompagnés de Hagrid, inquiets de l'heure et venus aux nouvelles.
La gryffonne et la Tentacula furent confiées à Hagrid, extasié, et le lapin fut officiellement choisi comme mascotte des 7ème années, et installé dans la salle de DCFM, où il se mit à gentiment mâchonner ses carottes, attendant la prochaine pleine Lune.
Le week-end passa très vite : le lendemain- ou plutôt quelques heures plus tard – les apprentis-héros étaient tellement crevés qu'ils passèrent la journée au lit le dimanche fut consacré aux devoirs.
Et le dimanche soir…
Ting ting ting !
- Votre attention, s'il vous plaît !
Les élèves s'arrêtèrent des manger ou de parler, voire même les deux à la fois, et se tournèrent vers Dumbledore qui s'était levé.
- J'ai un évènement capital à vous annoncer, déclara-t-il gravement. Vous êtes tous au courant, si jeunes que vous soyez, de l'importante montée en puissance de Voldemort.
Il y eut des murmures, des regards tournés vers Harry. Le vieux sorcier continua, imperturbable.
- Il n'est plus temps de se cacher : Voldemort a réuni au nord de l'Angleterre une armée de plusieurs milliers de monstres et de sorciers.
Un vent de panique bien compréhensible souffla sur la Salle : les élèves, livides, échangeaient des regards terrorisés, certains se mettant même à pleurer.
- SILEEENCE !
Harry cligna des yeux. Dumbledore, comme lorsqu'il avait fait irruption dans la chambre où le faux Maugrey allait le tuer, dégageait à présent une aura de puissance furieuse. Les cris stoppèrent net.
- J'ai besoin de votre aide, reprit plus doucement l'homme. Ne vous inquiétez pas pour vos familles, le Ministère se charge tout de même de faire circuler l'information et d'organiser la défense. Seulement, les sorciers capables de se battre efficacement sont peu nombreux. C'est pourquoi…
- Il ne va quand même pas nous demander de nous battre ? marmonna Ron.
- … j'ai fait appel à d'autres alliés, qui vont dès à présent commencer à se rassembler et s'installer dans la Forêt Interdite.
Des regards choqués se fixèrent sur lui.
- Nous allons devoir cohabiter avec une armée. C'est-à-dire des hommes dont le métier est de tuer. Je ne saurais que trop vous recommander la prudence. Certains d'entre vous, sans doute grisés par quelque idée stupide d'héroïsme et de batailles, pourraient se mettre quelques idées en tête et agir inconsidérément. Ces élèves seront sévèrement punis. C'est avec vos vies que vous jouez.
Dumbledore se tut. Les professeurs étaient perdus dans leurs pensées les élèves n'arrivaient même plus à réfléchir.
- Excusez-moi, professeur…
La petite voix de Ginny perça doucement le silence.
- Miss Weasley ?
- Mais ces… alliés, en quoi consistent-ils exactement ?
Dumbledore appuya le bout de ses doigts les une contre les autres.
- Et bien… certains sorciers du monde entier, dont quelques-uns uns de vos familles, pour commencer. Ensuite des Elfes. Et pour finir… (il jeta un coup d'œil à Percevent, qui jouait machinalement avec sa fourchette)… des Mercenaires du Cercle Ecarlate. Principalement.
Chtomp.
Une petite centaine d'élèves tombèrent dans les pommes. Les autres ne valaient guère mieux.
- Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda Severus en ôtant sa cape.
Plume envoya balader ses chaussures en soupirant.
- Ca ne marchera jamais, Sev', dit-il en s'asseyant au bord du lit. Ce sont des gosses mes copains sont des fous sanguinaires et les Elfes des chieurs impossibles à vivre. Ca va péter, conclut-il en se laissant tomber en arrière.
- Ca, il y a des chances, dit l'homme impassiblement.
- Merci de me remonter le moral.
- A ton service, mon cher.
Plume sourit, roula sur le côté et, appuyé sur un coude, regarda son amant ôter sa chemise et la poser soigneusement sur le dossier d'une chaise. Les gestes étaient précis et maîtrisés, presque gracieux. A pas loin de 40 ans, le Maître des Potions possédait un corps mince, pâle, et, ce qui ne se devinait pas sous les kilos de robes noires qu'il portait perpétuellement, harmonieusement musclé. Et puis, ainsi que Plume était à peu près le seul à savoir sur cette fichue planète, quand il souriait réellement, il était tout trognon.
- Tu penses que tes amis n'arriveront pas à se maîtriser ?
- Hum ? Oh… tu sais, les relations sociales ne sont pas vraiment leur fort, fit le jeune homme en se redressant et en ôtant son pull de laine noire.
- Tu t'y es pourtant fait, remarqua son compagnon en lui jetant un coup d'œil.
- Je n'ai qu'un quart de sang de démon-dragon, mon sang elfique ne me pose pas trop de problèmes, répondit laconiquement Plume. Et j'ai passé mon enfance à essayer de m'intégrer, au contraire de mes amis tout de suite formés à se battre, ajouta-t-il après un instant de silence, d'une voix dont la fermeté ne dissimulait pas la tristesse.
Severus regarda le fils de Voldemort, allongé torse-nu sur le lit (* Il a encore envahi ma chambre* pensa-t-il distraitement), se débattre avec son ceinturon en râlant. Un gosse. Un gosse qui savait tuer.
- Laisse-moi faire.
Ronronnant, Plume laissa les mains élégantes et fortes déboucler sa ceinture et déboutonner son pantalon dans la foulée. Comme Severus se redressait, il le saisit aux poignets et l'attira à lui, nouant ses jambes autour de sa taille. Ils restèrent quelques secondes les yeux dans les yeux, se regardant et se regardant encore, puis s'embrassèrent doucement.
Il y a sans doute des milliers de baisers différents. Celui-ci n'exprimait qu'une chose : je suis content de t'avoir et d'être à toi…
Severus se dégagea des bras qui l'enlaçaient et roula sur le dos. Ils demeurèrent un instant côte à côte, épaule contre épaule, à fixer le baldaquin du lit, perdus dans leurs songes.
- Et les Elfes ?
- … Les Elfes sont chiants. Leur mépris des humains n'a d'égale que leur valeur au combat – heureusement. Tu ne peux pas imaginer combien ils sont dénués d'humour, pire que toi…
Plume jeta un coup d'œil à son amant qui fronçait les sourcils et eut un sourire. Il se tourna légèrement et posa une main sur le ventre harmonieux, déclenchant un petit frisson. Severus releva la tête.
- Tu as les mains froides.
- C'est pour ça que je les réchauffe. Sérieusement, une fois qu'on se fait à leur caractère assez… fier, disons, ils sont parfaitement supportables. Même intéressants, si on fouille très profond. Ce n'est pas d'eux que j'ai le plus peur, de toutes façons Griffe les tient bien. A ce fait…
Le Maître des Potions se tourna vers son compagnon qui rigolait doucement.
- Quoi ?
- Mon cher arrière-grand-père, qui, tu le verras, constitue quand même une exception dans le monde des Elfes en ce qui concerne l'humour et la morgue…
- Abrège.
- Certes. Donc il a hâte de rencontrer son arrière-arrière gendre…
Severus examina quelques instants dans sa tête l'idée d'avoir comme beau-père (enfin arrière-arrière beau-père) un chef de Clan Elfe au caractère épouvantable. Il fit une grimace.
- Je devrai lui donner du beau-papa ?
Plume dégringola du lit en riant, Severus le regardant innocemment.
- Si tu tiens à ce que tes tripes restent en place…
- Très bien. Pourtant, ''beau-papa Griffe''… ?
- Non. Franchement non.
- Bon…
Il enlaça le jeune homme qui regrimpait sur le lit, et ils s'embrassèrent sensuellement.
- Sev'…
L'homme, appuyé aux oreillers, étudia les yeux brillants qui l'observaient, leur mélange de brun et de gris-bleu si pâle, contempla les cheveux fous dont les mèches chatouillaient son front, s'attarda sur la bouche rougie entrouverte, le nez fin, la gorge si tentante, et se dit que pour rien au monde il ne regretterais d'être entré au service de Voldemort.
- Mh ?
Plume lui caressa doucement la bouche, le cou, le torse, les yeux émerveillés et le souffle un peu court, puis nicha son visage dans son cou.
- Je t'aime horriblement, souffla-t-il d'une voix rauque.
Deux bras puissants le pressèrent contre un corps soudain brûlant, deux mains parcoururent son dos et se glissèrent dans son jeans, une bouche s'empara violemment de la sienne et l'héritier de Voldemort poussa un feulement satisfait.
Les jours suivants se déroulèrent dans une ambiance plutôt tendue.
Les élèves crevaient de trouille. C'était aussi simple que cela.
Personne n'aurait pu les en blâmer : il n'est pas facile d'apprendre qu'une guerre approche. Il est encore moins facile de savoir qu'on y sera radicalement mêlé, au point de devoir cohabiter avec des gens qui se battront et mourront. Et le plus difficile reste sans doute de s'interroger sur sa propre participation. Car, après tout, peut-être y aurait-il un moment où contempler les autres – ceux qui savent – se battre ne suffirait plus.
Petit à petit, le choc occasionné par les paroles de Dumbledore s'estompa la routine reprit son cours mais sans que personne n'oublie…
- Harry ?
Le jeune homme se détourna de la cage du lapin qu'il bourrait consciencieusement de navets, et rencontra un regard bleu outremer pétillant.
- Sirius ?! balbutia-t-il, incrédule. Mais qu'est-ce que tu fous là ?
- Charmant accueil, soupira l'homme. Moi qui espérais que tu serais content de me voir…
L'adolescent se jeta dans ses bras en riant, et ils s'étreignirent, contents de se retrouver.
- Tu sais bien que ce n'est pas ce que je voulais dire, protesta Harry en se dégageant. Tu es toujours recherché et… ben c'est dangereux, quoi.
- Dumbledore a un travail à me confier, expliqua l'évadé en s'installant sur une table. Et ce n'est pas à Poudlard qu'on pensera à me chercher…
Harry observa son parrain et le trouva en excellente forme, encore meilleure qu'un mois auparavant. Toujours très mince, mais rien à voir avec le squelette ambulant dont il avait fait la rencontre quatre ans plus tôt. Ses yeux étincelaient dans son visage énergique et attirant, et il souriait d'un air heureux. Il s'assit face à lui.
- Un travail ?
- Oui, fit distraitement son parrain en tapotant la cage du lapin. Qu'est-ce que c'est que ça ?
- C'est Momiji.
- Certes, répondit Sirius d'un ton dubitatif. Mais encore ?
- Un lapin-garou que nous avons attrapé dans la Forêt Interdite. Il sert de mascotte à la classe.
- Forêt Interdite ?
Harry sourit à l'air surpris de l'homme.
- Le Pr Percevent nous y a emmenés pour ''capturer quelques bestioles'', comme il dit. On a aussi ramené une Tentacula et les Serpentards une Gryffone sur le point de mettre bas.
Sirius ouvrit la bouche. La ferma. La rouvrit. La referma. Et poussa un juron quand Momiji lui mordit le doigt.
- Sale bestiole, marmonna-t-il. Percevent vous a emmené dans la Forêt ?! reprit-il tandis que Harry se tordait de rire. Ce type est barje…
- Oh, il n'était pas tout seul. Snape était là aussi, au cas où.
- Et tu es toujours vivant ? Comme quoi les miracles existent. Alors c'est vrai que… hem… Percevent et Snape… ?
Harry hocha la tête avec un grand sourire devant l'air embarrassé et stupéfait de son parrain.
- Et bé… et bé… et bé… et bé… et bé… et bé… et bé… et bé…
Harry n'en pouvait plus tellement il riait.
- Je suppose tout de même que tout le monde n'est pas au courant ?
- C'est plutôt en bonne voie…
L'adolescent lui narra la quasi-scène de ménage de la semaine précédente.
- J'aurais trop aimé y être… dit rêveusement Sirius. Ce devait être exaltant de voir Snape se faire crier dessus…
Puis il fronça les sourcils.
- Mais ça ne te choque même pas, cette histoire ?
Harry haussa les épaules.
- Non. Surpris, mais pas choqué. Je… je ne vois pas pourquoi on devrait forcement aimer une personne du sexe opposé… S'ils sont heureux ?
Sirius sourit doucement.
- Je suis très fier que tu soies mon filleul. James avait la même ouverture d'esprit, continua-t-il alors que Harry piquait un fard. Il était même un peu louche, avant de rencontrer Lily.
- Ah oui ?!
- Oui. Enfin… pourquoi est-ce que ce lapin porte ce nom débile ?
Harry soupira. Ce n'était pas pour rien que Sirius se transformait en chien : il passait d'une chose à l'autre sans discontinuer, sauf quand il s'accrochait tenacement à quelque chose qui lui tenait à cœur. Ce qui n'était pas le cas à présent.
- Une histoire de mangas…
- Ca me rappelle une chanson, fit pensivement l'homme. Une histoire de petit lapin qui ne saute plus…
- … dans son petit jardin ?
Sirius le fixa avec surprise.
- Tu connais ça, aussi ?
Harry hocha la tête.
- Ca m'est revenu à l'esprit il n'y a pas longtemps, mais impossible de me rappeler où je l'ai entendue.
- C'est moi qui te la chantais quand tu étais petit ! s'exclama l'homme joyeusement. James avait une voix de casserole et Lily n'aimait pas chanter, du coup j'étais bon pour la berceuse tous les soirs !
La vision de ses parents et de son parrain penchés au-dessus de son berceau s'imposa à l'esprit du jeune homme, lui serrant la gorge. Ses parents… ils devaient sourire à ce moment… comme son oncle et sa tante ne lui avaient jamais souri… Pourquoi, pourquoi fallait-il qu'il ait si mal en repensant à eux ? Ils n'étaient plus là…
- Harry…
Deux bras l'enlacèrent affectueusement, chauds et tendres. Harry se laissa aller en souriant légèrement : il restait Sirius…
- Allez ! Tu veux que je te chante la chanson du lapin pour te consoler ?
- Chiche !
Sirius se racla la gorge, inspira, puis entama d'une voix grave la chanson du lapin.
Mon petit lapin a bien du chagrin,
Il ne saute plus dans son p'tit jardin,
Saute, saute, saute…
Il s'interrompit, s'étranglant de rire.
- Continue ! protesta Harry. Regarde, même Momiji t'écoute !
En effet le lapin-garou les fixait de son émouvant regard myxomatosé.
Saute, saute, saute, mon petit lapin,
Et dépêche-toi d'embrasser quelqu'un !
Ils achevèrent en chœur (sauf le lapin), et éclatèrent de rire.
- Tu me chantais vraiment des chansons débiles comme ça ?
- S'il te plaît ! fit l'Animagus d'un air indigné. Ce n'est pas débile du tout, au contraire, très émouvant, très poétique l'histoire du lapin… Au fait, tu savais que les lapins-garous chantaient ?
- Le Pr Percevent nous en a parlé…
- Et bien, à la prochaine pleine Lune, demandez-lui de pouvoir écouter Momiji. Tu verras, c'est très beau. Hein sale bestiole ?
Le lapin lui tira la langue.
§§§§§§§
Neuf ans plus tôt :
Depuis quelques semaines, Severus Snape lui parlait comme à un être humain normal.
Enfin, dans la limite de ce que Severus Snape semblait considérer comme parler (trois phrases par jours était un progrès important) et des sujets abordés (Potions, Potions, Potions). En bref il était l'un des rares non-Serpentard à qui le Maître des Potions lâchait quelquefois autre chose qu'une remarque sarcastique, voire parfois même un conseil ou un compliment. Ce qui ne passait évidemment pas inaperçu. Mais Plume était vraiment bon, et les autres élèves prirent cela comme explication. Seul Dumbledore le regardait parfois bizarrement, comme l'avaient remarqué le demi-elfe et l'ancien MangeMort chacun de leur côté.
Mais pour tout dire, ils n'en avaient pas trop cure.
Ce soir-là, l'adolescent termina négligemment son devoir de DCFM (arbre phylogénétique des races humanoïdes d'Afrique Centrale : unité et diversité) vers huit heures du soir, bouquina un moment un livre qu'il avait discrètement ''emprunté'' à la Réserve, puis monta se coucher, pas fatigué pour deux sous : il avait passé son après-midi à roupiller en Histoire de La Magie. Assis sur un lit, Charlie et Raven disputaient une parie d'échecs peu acharnée. Eux aussi semblaient s'ennuyer.
- Qui gagne ?
- Chais pas… Charlie je crois…
Raven se redressa avec un soupir.
- On s'emmerde, hein ?
- Vouip.
- Et si... commença Charlie.
Les deux autres se penchèrent avec intérêt.
- Oui ?
- Et si on allait faire un tour dans la Forêt Interdite cette nuit ?
Plume et Raven écarquillèrent les yeux, se regardèrent, puis se jetèrent au cou de leur ami.
- C'est quoi, le mot de passe des Serpentards ?
- Aucune idée.
Les trois Gryffondors se tenaient dans un des couloirs des cachots, bien ennuyés.
- On n'a qu'à l'appeler ? suggéra Raven.
- Après toi, je t'en prie.
Le blondinet inspira profondément, puis gueula un magnifique ''KILLIAN ZACHARYYYYYYY !!!''.
- Bravo.
- T'as vu ça ? Même pas besoin de ''Sonorum'' !
La porte s'ouvrit et leur ami apparut, aussi calme que d'habitude. Derrière lui quelques corps gisaient par terre, les mains crispées sur les oreilles.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- On sort, tu viens avec nous ? proposa Plume comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.
Killian cligna juste des yeux, resta un moment impassible, puis hocha la tête.
- Je prends ma cape et je viens.
- Aààààà-la-chasse-aux-dragons !
- Pom pom…
- Gaaaiiii-ment-nous-allons !
- Pom pom !
- Eeeeeet-nous-étri-perons !
- Pom popom !
- Eeeeeet-nous-tran-cherons !
- Pom !
Charlie soupira.
- Raven, Plume, la chanson est obligatoire ?
- Pourquoi ? On est suivi ?
- Non, c'est juste rapport à ma survie personnelle.
Raven se mit à le taquiner, pendant que les deux autres souriaient.
- Qu'est-ce qu'on fait ? demanda finalement le blond. Parce que jusqu'ici, il ne se passe pas grand chose, dans cette Forêt Interdite…
- Ce serait bien d'en faire une carte, dit pensivement Plume. En tous cas d'en repérer les endroits sympas. Personne ne sait exactement ce qu'elle contient. On peut peut-être trouver des coins intéressants, des vieilles ruines…
- Des tanières de monstres…
- Des espèces inconnues…
- Des plantes rares…
- Des trucs comme ça. Ca vous tente ?
Trois énormes sourires lui répondirent.
- C'est parti.
Ils revinrent enchantés vers trois heures du matin.
Ils étaient tombés sur les ruines d'une vieille église, d'assez belle taille, infestée de rats géants. Pendants que les deux fous d'animaux magiques s'amusaient et faisaient copains/copains (au sens propre) avec les bestioles de deux mètres, Plume admirait les vitraux miraculeusement intacts et explorait les catacombes, et Killian ramassait des champignons qui poussaient sous les vieux bancs moisis.
Ils rentrèrent en bavardant joyeusement et se glissèrent dans le Château par le passage qui partait des douves Sud et que Charlie et Raven connaissaient depuis longtemps. Ils firent silence en prenant pied dans les cachots.
- Je pars par-là, chuchota Killian, passez par le couloir Est, vous irez plus vite.
- Ok. Bonne nuit, sourit Plume.
Malheureusement, son sourire disparut lorsqu'il avisa la personne qui arrivait à grands pas dans le dos du Serpentard : en l'occurrence l'homme qu'il aimait le plus au monde et qu'il avait le moins envie de voir à ce moment précis.
- Une petite réunion nocturne ? demanda doucement Snape en haussant un sourcil.
Puis il jeta un coup d'œil au mur à côté d'eux.
- Juste à la sortie d'un passage secret menant à l'extérieur ? Quelle étrange coïncidence, décidément.
Killian avait pâli, Raven claquait magnifiquement des dents, Charlie serrait les lèvres et Plume se demandait ce qu'il avait bien pu faire au ciel pour mériter ça.
- Une explication, peut-être ? suggéra suavement l'homme.
Mmmh quelle voix… Et ses yeux… Plume c'est peut-être pas le moment, non ?
- Ben… je…
- …nous…
- …enfin quoi…
- On…
- SILENCE !
Tous les quatre sursautèrent avec un bel ensemble.
- Je suis très déçu, reprit le Maître des Potions d'une voix basse, ses yeux passant vivement de l'un à l'autre.
Et bizarrement il paraissait presque sincère, pour autant que Snape puisse paraître désolé.
- J'aurais pensé que des élèves de 6ème année, qui plus est intelligents comme vous l'êtes tous les quatre, seraient suffisamment réalistes et raisonnables pour comprendre qu'il est totalement insensé de déambuler la nuit dans la Forêt.
Plume s'assombrit. Qu'est-ce que tu racontes, Severus Snape ? Tu sais parfaitement que je peux massacrer une colonie entière de vampires en folie si besoin est…
- Cela vous vaudra sans doute d'être renvoyés, continua le professeur. A moins que vous ne trouviez une excellente excuse ou, du moins, des circonstances atténuantes.
Il parlait calmement, presque à regrets. Snape du regret ? Snape désolé ? Plume sentit son cœur voleter dans sa poitrine quand il rencontra ses yeux d'encre. Qu'est-ce que je suis stupide… Severus…
- Les champignons, fit l'adolescent en donnant un coup de coude à Killian.
- Gneuh… ?
- Dis-lui pourquoi on a été les chercher.
* Trouve quelque chose, viiiiiiite !*
- Oh…
Le Serpentard se tourna vers son professeur qui attendait, circonspect, et lui montra sa récolte.
- Voilà. Pour mon projet de 6ème année, je souhaite réaliser du Totinutriment. Je savais que c'était devenu pratiquement impossible étant donné la rareté des Robes-Sombres, mais je suis tombé hier sur un livre qui exposait que l'on pouvait encore en dénicher dans certaines parties de la Forêt…
- VOUS AVEZ TROUVE DES ROBES-SOMBRES ?!
Snape ouvrit de grands yeux et saisit un des champignons, l'observant soigneusement. Ses lèvres se retroussèrent.
- Superbe.
* Gagné…* pensèrent les quatre élèves.
- Mmh…
L'homme reposa le champignon.
- Et les trois autres ? Ils participaient aussi à la cueillette ? demanda-t-il ironiquement.
- Je… je ne voulais quand même pas y aller tout seul. Je leur ai demandé de m'accompagner.
- C'est très aimable à eux, dites-moi. Enfin…
Il hésita et haussa les épaules.
- L'Ecole ne va pas renvoyer quelqu'un qui a déniché des Robes-Sombres. Votre projet est accepté, M. Zachary. Bien sûr, ajouta-t-il avec un sourire narquois, vous serez collés tous les soirs de la semaine prochaine tous les quatre et le Pr Dumbledore sera avisé de votre petite expédition. Maintenant, donnez-moi ça et retournez dans vos dortoirs.
Killian lui remit les champignons et tous allaient partie quand…
- Samedi prochain, vous m'emmènerez tous là où vous les avez trouvés.
Les adolescents essayèrent de ne pas sourire et hochèrent la tête.
- Aaaaah… Quelle nuit ! déclara Raven d'un air béat en reposant la tasse de café qu'il avait réussi à discrètement subtiliser.
Avec ses yeux rouges, il avait l'air d'un lapin albinos. Un lapin content. Charlie approuva.
- Exceptionnel. On remet ça quand ?
- Quand Snape aura un peu oublié, je suppose, répondit calmement Killian en se beurrant une tartine.
- Killy, est-ce qu'on peut être deux pour les projets ? demanda pensivement Plume. Passke j'ai aucune idée et ton truc à l'air intéressant… Enfin si ça ne te gêne pas.
- J'aurais du mal à m'en sortit tout seul. Pas de problème. Je te passerai ce que j'ai là-dessus.
- Cool ! Dis… les potions, tu comptes en faire ton travail plus tard ?
- Bien sûr.
- Pourquoi ? Tu y penses aussi, Plume ? J'ai du mal à te voir là-dedans ! se marra Raven.
- Berk… Non-merci. Je cherchais juste ce que je ferai dans deux ans. Vous avez une idée, vous ?
- Centre d'étude des Dragons de Bucarest, répondit Charlie. Je leur ai déjà écrit.
- C'est où, ça ?
- En Roumanie.
- OUIIIIIINNNNNN MON CHARLIE ON VA ETRE SEPAREEEEES !!!!!!!!!
La moitié de la salle se tourna vers le blond qui se pendait au cou de son ami.
- Viens avec moi, soupira le rouquin.
- Non, dit plus sérieusement Raven en se redressant. Mon père a des projets pour moi.
- C'est quoi ?
- Je ne vous dirai pas. Ou peut-être un jour…
Les trois autres se regardèrent et n'insistèrent pas devant son air sérieux
- Alors, et toi, Plume ?
- Vraiment aucune idée…
- Assistant du Pr Snape ? susurra Raven.
Le jeune demi-elfe recracha sa bouchée d'œufs brouillés.
- Que… Quoi ?!… hoqueta-il en fixant son ami qui souriait angéliquement.
- Oh, allons, tu le dévisages de toutes tes mirettes pendant les cours… Tu n'aurais pas un petit faible pour lui ?
- MAIS NAN !!!! Pourquoi tu dis ça ?! agonisa l'adolescent.
- En fait, mon petit Plume, c'était juste un test. Test auquel tu as remarquablement échoué : tu es rouge écarlate. Alors raconte : qu'est-ce qu'il y a avec Snape ? Vous faites des choses dans son cachot ?
Plume observa ses trois traîtres d'amis qui le regardaient avec curiosité. Les enfoirés.
- Il y a bien quelque chose entre Snape et moi… mais rien de ce genre ! ajouta-t-il précipitamment alors qu'ils souriaient d'un air triomphant. Vous êtes chiants, hein.
- On sait, on sait, dit tranquillement Charlie. Et ensuite ?
- Mmh… je…
Le jeune homme hésita. Que devait-il leur raconter et que devait-il leur cacher ? Dur dur… Il aurait dû choisir des potes moins intelligents… Il se décida.
- C'est en quelques sortes mon… parrain.
Il eut la satisfaction de les voir trop soufflé pour pouvoir sortir un mot.
- C'est lui qui s'est presque entièrement occupé de moi quand j'étais petit, jusqu'à mes neuf ans. Après on a été séparé. Et il compte beaucoup pour moi. Voilà.
- Mais… tenta Raven.
- Je suis désolé. Je ne peux pas tout vous raconter.
Les autres le regardèrent, silencieux. Il se rendit compte qu'il tordait machinalement sa serviette.
- Essuie tes moustaches de lait, dit enfin Charlie. Tu as l'air ridicule comme ça.
Plume sourit avec soulagement.
- Voui monsieur. Merci.
- Tu nous diras le reste quand tu voudras, dit tranquillement Killian.
- Ouais… moi ça me suffit pour te charrier, ajouta Raven avec un sourire torve.
- Pardon ?
- C'est vachement beau, une histoire d'amour prof/élève, expliqua le blondinet en essuyant une larme imaginaire.
- MAIS JE NE SUIS PAS… !
- Ouais, ça c'est ce qu'on dit, hein…
- RAVEN T'ES TRES TRES LOURD !!!! s'exclama Plume tandis que les autres rigolaient.
- Alleeeez… Elle ne te fait rien sa voix, mmh ? Sa belle voix grave…
Plume décida d'entrer dans le jeu et prit un air extasié.
- Rôh si… et ses mains… longues, élégantes et puissantes…
- Et ses yeux noirs qui te déshabillent…
- Et sa bouche sensuelle…
- Et sa nuque fine…
- J'y crois pas. Ils sont en train de fantasmer sur Snape, fit Charlie en se cachant derrière sa serviette.
- Au fait, Raven, j'ai ça pour toi, fit Killian en lui tendant une lettre qu'il venait de sortir de son sac.
Le blond cessa de louer les mollets de son professeur de potion et la décacheta impatiemment sous l'œil curieux de ses amis.
- Elle est de quelle Maison ? demanda Charlie d'un ton plein de sous-entendus.
Killian sourit très légèrement et Raven lui jeta un coup d'œil faussement furieux.
- Elle n'est d'aucune Maison étant donné que c'est un garçon, dit-il en parcourant la lettre.
Les deux autres Gryffondors en restèrent babas.
- Et ben on en apprend de belles ! s'exclama enfin Plume. Alors comme ça… ?
- Ouip. (Il leur jeta un coup d'œil) Ca vous gêne ?
Les deux amis se regardèrent.
- Non, dit enfin Charlie. Mais tu aurais pu nous le dire plus tôt… ajouta-t-il un peu tristement.
- Rhô t'es jaloux mon Charlou ? minauda le blond. Je m'excuse si vous m'en voulez. Et j'ajoute pour vous rassurer que je n'ai flashé sur aucun d'entre vous. Ni sur Snape, ajouta-il après réflexion. Et… il est à Serpentard mais je ne vous dirai pas qui c'est !!!
- Killian, tu es mon ami hein ? demanda suavement Plume au nouveau Cupidon.
- Oui, mais je ne veux pas me faire trucider, répondit l'élégant adolescent.
- Si tu nous le dis pas c'est nous qui te trucidons ! s'exclama Charlie.
Et ils entamèrent une petite bataille de marmelade.
Le samedi suivant, en début d'après-midi, ils attendaient sagement Snape à la porte du Château. Raven sifflotait gaiement et lançait des ricanements moqueurs à Plume, qui mourrait d'envie de lui écraser la tête contre le mur le plus proche. Mais son ami, fidèlement, cessa dès que Snape fit son apparition.
- Bien. J'ai raconté votre aventure au Pr Dumbledore, et il est prêt à vous pardonner au vu de votre découverte. A condition que cela ne se reproduise plus, évidemment, ajouta-t-il d'une voix glaciale.
Il n'avait pas l'air enchanté de se retrouver avec eux. Les quatre adolescents hochèrent la tête d'un air contrit.
- Inutile de faire semblant d'être navré. Votre repentir est totalement impossible à croire.
Raven sourit et reprit son sérieux sous le regard noir que lui lança l'homme.
- Allons-y.
Il leur emboîta le pas et ils s'engagèrent sous la voûte des arbres. Les quatre amis, mal à l'aise, se taisaient excepté pour échanger quelques questions et opinions sur la route à suivre. Le bois avait un aspect totalement différent de la nuit, où l'obscurité baignait dans une lueur blanchâtre, phosphorescente, illuminée de feux follets et de l'éclat des pupilles d'animaux. Le jour, il n'y avait plus trace de brouillard et d'humidité, et les arbres, massifs et dénudés, écrasaient le sol et cachaient le Soleil : tout était lourd et sombre, nu. Presque frustrant, trop nu. Les arbres, les arbres, les arbres et rien d'autre. Plus rien du mystère des ombres.
Severus regardait les jeunes gens progresser devant lui, songeur. Il était stupéfait qu'ils soient parvenus à passer une nuit dans la Forêt sans une égratignure. Enfin Plume pas spécialement… Mais les trois autres !
Il avait honnêtement été déçu qu'ils dérogent au règlement. Ces quatre là, intelligents, le reposaient agréablement des autres têtes de linottes qui lui servaient d'élèves. Il aurait regretté d'avoir à les renvoyer… *Surtout Plume, avoue* Mais la découverte de Zachary changeait tout : les Robes-Sombres étaient très très rares. Severus sourit aux possibilités qu'offraient cette découverte. Puis il reporta son attention sur ses élèves qui se chamaillaient à propos du chemin.
Son regard se fixa tout naturellement sur son ancien protégé. Il se sentait un peu embrouillé dès qu'il pensait à lui. Le retrouver soudainement et le côtoyer tous les jours, après avoir passé sept ans sans jamais espérer le revoir, provoquait en lui des vagues d'émotions qu'il refoulait avec mécontentement et difficulté. De la nostalgie (quoique ses années de service auprès de Voldemort ne se soient pas toujours admirablement déroulées), un peu d'amusement… De la joie, tout simplement. De l'inquiétude, aussi, une sourde angoisse qu'il avait du mal à saisir. L'existence de Plume allait automatiquement de paire avec des montagnes de problèmes, de tous les genres et de tous les niveaux. Ce gosse était un gentil chaudron remplit de substances inconnues qui bouillonnaient d'un air menaçant. Bien sûr parfois il explosait. Bien sûr parfois des gens se penchaient sur lui avec une curiosité déplacée. Bien sûr d'autres personnes cherchaient à se l'approprier avec avidité. Bien sûr il faisait peur. Bien sûr il lui arrivait de répugner. Et il était seul, inquiétant petit chaudron dont on se met prudemment à l'écart. Il ne vint pas à l'esprit du jeune Maître des Potions que lui-même adorait ce qui bouillonnait d'un air inquiétant, et qu'il en connaissait les réactions sur le bout des doigts.
Est-ce que Plume arrivait à s'en sortir tout seul ? Aussi gentil qu'il soit, l'adolescent portait toujours un masque. Ou plutôt, il décidait de ne pas se morfondre sur son sort et de mettre à part ses problèmes. Il était difficile de savoir dans quel état il se trouvait réellement Ce qui créait souvent une certaine surprise lorsqu'il explosait… Mais en tous cas, depuis deux mois il n'avait rien montré : peut-être était-il enfin parvenu à se maîtriser seul…
Severus s'interrogea avec circonspection sur la vague d'émotion presque agressive qui l'envahit à cette pensée. Quoi ?! Une sorte de… jalousie ? Je ne peux quand même pas lui souhaiter de subir ça toute sa vie… Egoïste…
- Professeur ?
Severus leva les yeux, et rencontra le regard de glace et de bois. Il cilla, un moment coupé de la réalité, puis se reprit.
- Qu'y a-t-il ?
- Nous arrivons, l'informa l'adolescent, le regardant toujours.
Les arbres s'ouvrirent sur une large clairière, au centre de laquelle se dressait, imposante, une vieille église. Le professeur sursauta lorsqu'un énorme sifflement menaçant s'éleva, et resta effaré de voir Weasley et Whitewinter s'élancer en riant vers une troupe de rats géants. Les deux autres élèves le regardèrent avec amusement, puis le conduisirent à l'intérieur du bâtiment.
- Il y en a plein sous les bancs, indiqua le Serpentard. Je n'ai fait que la première rangée la dernière fois.
L'ancien MangeMort se pencha pour jeter un coup d'œil et fut envahi d'un sentiment d'exultation : les bancs étaient littéralement tapissés de Robes-Sombres. Il se releva d'un air satisfait.
- Je crois que j'en ai vu d'autres dans les catacombes, indiqua Plume.
- Il faudrait voir dans les toits… le clocher… dit pensivement Zachary.
- Je vais voir les catacombes, montez là-haut. Où est l'entrée ?
Plume lui indiqua une porte et ils partirent chacun de leur côté.
Les deux amis finirent par dénicher un escalier branlant. Killian se pencha et sourit.
- Il y en a aussi sous les marches.
- On monte ?
Le blond regarda les vieilles marches pourries d'un air circonspect.
- J'y vais le premier, dit Plume. Je suis plus léger.
- Ok, fit l'autre en haussant les épaules.
Le demi-elfe s'engagea avec prudence, sans aucun problème. L'escalier grimpait à l'intérieur d'une tour carrée, au centre de laquelle pendait la corde de la cloche. Killian jetait de temps en temps un coup d'œil sous les marches, satisfait.
Ils débouchèrent au sommet du clocher, qui ne dépassait même pas de la cime immense des arbres de la Forêt. Killian étudia les poutres qui supportaient la flèche pendant que Plume essayait d'apercevoir ses deux amis en bas.
- Rien. Il fait trop froid et sec ici. Ne te penche pas, tu vas tomber et je vais avoir des histoires.
- Oui papa. C'est si rare que ça, des Robes-Sombres ?
- Pire que ça. Leur prix monte parfois jusqu'à dix gallions le gramme.
- Tu sais quoi ? On est riche.
- Je ne pense pas que Snape les mette sur le marché…
Ouich. Plume sourit. L'homme n'hésiterait pas à les garder pour ses petites affaires. Sans aucun remord ni scrupule.
- On redescend ?
- Je te suis.
Ils étaient presque en bas, quand Plume avisa la corde horriblement tentatrice. Vraiment.
Killian lui jeta un coup d'œil.
- Plume, je ne pense pas que ce serait très malin.
- Tu ne l'entends pas ? Elle m'appelle ! ''Pluuuume… viens lààààà… saaaauuuute…'' Nom de Dieu j'en ai trop envie…
Et il sauta.
Severus, en totale extase, contemplait le champ de champignons qui s'étendait devant lui, quand la cloche résonna. Il cligna des yeux, poussa un juron et s'élança dans l'escalier. Qu'est-ce que ces foutus gosses avaient bien pu encore inventer ?! Par Merlin, pourquoi fallait-il que l'homme, animal raisonnablement raisonnable, soit obligé de passer par le funeste (pour ses congénères) stade de l'adolescence ?
Il prit pied dans le chœur et traversa l'église à grands pas vers le clocher. Le Serpentard se tenait au pied de l'escalier, les yeux levés vers le sommet, tandis que la corde se balançait allègrement à côté de lui.
- Qu'est-ce qui se passe, ici ?! rugit l'ancien MangeMort.
Le blond se tourna vers lui, légèrement amusé.
- Plume n'a pas pu résister, Monsieur…
L'homme leva le regard et aperçut, environ cinq ou six mètres plus haut, l'adolescent accroché riant à gorge déployée.
- Non mais quel… M. PERCEVENT !
Le Serpentard s'éclipsa discrètement, embarquant au passage ses deux autres amis venus aux nouvelles, intrigués par le bruit.
- M. PERCEVENT !
Plume baissa les yeux et aperçut son professeur pâle de rage. Il lui fit un large sourire.
- JE N'ENTENDS RIEN ! hurla-t-il pour couvrir les coups de cloches assourdissants.
Severus lui fit sèchement signe de descendre. Plume soupira à la pensée de toutes les emmerdes qui l'attendaient en bas, et commença à se laisser glisser.
La corde cassa net.
L'adolescent se sentit soudain chuter, chuter à toute vitesse sans point où se rattraper. L'air sifflait à ses oreilles, l'escalier défilait devant ses yeux il serra les dents dans l'attente du choc, plus de cinq mètres, il allait avoir très très mal (*quel con…*) et… atterrit dans les bras de Severus.
L'homme fléchit brutalement les genoux sous le choc, mais ne tomba pas et ne le lâcha pas. Plume mit quelques instants à recouvrer ses esprits et à réaliser où il se trouvait exactement, et sentit brutalement l'air refuser d'entrer dans ses petits poumons. Il leva un regard embarrassé qui se figea en rencontrant des yeux noirs, noirs, habituellement si fermés et là… tellement pleins de choses… Ils restèrent un moment immobiles, le souffle court, puis Plume prit soudain conscience des bras de Sev', dans son dos, sur ses cuisses, et rougit violemment en détournant les yeux. L'homme sembla se réveiller et le posa brutalement à terre. Ils demeurèrent quelques instants face à face, Plume n'osant le regarder. Puis l'adolescent releva la tête en ouvrant la bouche – et reçut une gifle magistrale.
Ils se figèrent, Severus la main encore levée, Plume la tête détournée sous le choc, le cœur battant la chamade, puis l'homme rabaissa son bras, le regard étincelant. Il le fixa quelques instants, les poings crispés, puis se détourna et partit vers la porte, sortant sans dire un mot, abandonnant un Plume abasourdi et au bord des larmes.
Le retour s'effectua dans un silence d'enterrement. Arrivé au Château, Snape les quitta sur un sec ''merci'' et disparut. Killian, Charlie et Raven se tournèrent alors vers leur ami qui n'avait pas dit un mot du trajet et gardait la tête baissée, l'air misérable.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Charlie. Killian nous a dit que tu avait sauté pour t'accrocher à la corde de la cloche et que Snape était arrivé furax, mais après ?
- Il t'a ôté 500 points ? demanda Raven.
Plume se laissa tomber sur les marches du perron.
- Il m'a frappé, murmura-t-il.
Les autres demeurèrent médusés.
- QUOI ?! rugit le blond. Juste parce que tu t'es balancé à cette ficelle ?!
Plume secoua la tête.
- La corde a cassé et je suis tombé… il m'a rattrapé (il rougit un peu)… puis on s'est regardé, il m'a posé par terre et… il m'a giflé…c'était la première fois… Après il est parti. Sans rien dire.
Le demi-elfe se tut, tirant machinalement sur une mèche de ses cheveux, le regard vide.
Les autres le dévisagèrent, peinés.
- C'est beau, la passion… murmura son ami.
- RAVEN !!! crièrent les deux autres en lui assenant une claque sur la tête.
- Mais aï-euh ! Vous croyez vraiment que Snape aurait giflé n'importe quel élève ?
Plume leva un œil hésitant.
- C'est vrai que je le vois mal frapper un de ses élèves, reconnut pensivement Killian.
- Des points, oui, une retenue, oui, mais une gifle, non. Moi, dit sérieusement le blondinet en s'agenouillant près de son ami, je pense juste que tu lui as fait la peur de sa vie. Disons que te frapper était une manière de s'assurer que tu était bien vivant, conclut-il en souriant.
Plume se frotta la joue machinalement. Killian et Charlie s'assirent à côté de lui sur le perron de la porte. Le Serpentard croisa élégamment ses longues jambes.
- S'il tient autant à toi que tu tiens à lui, il a du être encore plus frappé que toi, dit-il tranquillement. Mais Snape n'est pas exceptionnellement démonstratif.
Plume dut le reconnaître.
- Et si vous vous trompiez ? demanda doucement Charlie. Je ne veux pas paraître rabat-joie, mais vous pourriez être complètement dans le faux. Si ça se trouve, il était juste excédé.
- Possible, dit Raven en haussant les épaules. Mais c'est plus marrant de spéculer sur l'autre possibilité, non ?
Plume soupira et s'ébouriffa les cheveux. Puis fronça les sourcils.
- Nan mais attendez, vous ! Vous avez fini d'essayer de me caser ?!
Trois regards vertueux et innocents et purs comme ceux de l'agneau qui vient de naître et qui ne connaît pas encore toutes les horreurs de la vie même qu'il va finir en côtelettes ou bien mangé par le grand méchant loup… bref, trois regards vertueux lui répondirent.
- Nous ? Naaaaaaaaan…
- J'ai pas besoin de vous pour mes affaires de cœur !
L'adolescent réalisa ce qu'il venait de dire et vira au coquelicot.
- Oskour… gémit-il.
- C'est-toi-qui-l'a-dit-euh ! chantonna Raven.
Severus se laissa tomber dans son fauteuil, devant la cheminée où craquaient violemment les bûches de pin dévorées par les flammes, et appuya sa tête au large dossier.
Nom. De. Dieu.
Il avait giflé Plume.
Bordel de putain de chiottes de merde de saloperie d'enfoirée de sale corde traîtresse et chieuse.
Il ferma les yeux et poussa un soupir las : qu'est-ce qui avait bien pu lui prendre, aussi ? S'il avait eu assez de sang-froid pour lui coller une retenue et lui enlever quelques petites centaines de points, tout aurait été si simple ! Mais non : il l'avait dévoré des yeux et il l'avait frappé.
Il tenta de réfléchir méthodiquement : on pouvait toujours se raccrocher à la logique, loué soit Merlin. Plume était donc accroché à cette corde, s'amusant comme un fou (enfin imbécile serait un mot plus juste). Puis la corde, ironie du hasard, avait lâché. Réflexion faite, il aurait été funeste qu'elle lâchât avant qu'il n'arrive, reconnut-il. Donc la corde avait lâché Plume était tombé il avait mécaniquement tendu les bras, et l'avait rattrapé. Jusque là, tout était plutôt logique : en aucun cas il n'aurait laissé un de ses élèves se fracasser au sol (quoique, certains Serdaigle de 4ème année… ne pars pas en digressions futiles, Severus Snape).
Bon. Tout s'était gâté à partir de ce moment quand Plume, l'air sonné, l'avait regardé.
Il soupira à nouveau et posa ses pieds sur la table devant lui. Le regard de Plume l'avait toujours secoué, parce qu'il y avait tant de choses à l'intérieur. Quand regard puisse refléter une telle myriade d'émotions, parfois au point de ne plus laisser percevoir qu'un chaos indescriptible, l'avait toujours intrigué et fasciné. Peut-être parce que sa propre vie avait longtemps dépendu de sa capacité à ne pas montrer ses émotions, se dit-il distraitement. Bref. Plume l'avait regardé et il s'était à nouveau perdu dans ses yeux, ce qui, entre parenthèses, était d'un pitoyable romantisme, pensa-t-il avec mécontentement. Enfin on ne se refait pas et il s'était toujours perdu dans ces yeux, rien de suspect là-dedans.
Il avait donc eu la peur de sa vie, Plume étant Plume et lui-même l'aimant toujours autant qu'il y a dix ans, mais tout était bien et il avait rattrapé son élève. Il aurait donc dû le reposer, le tancer vertement, très vertement, et puis c'était tout. Mais un truc avait cloché.
Plume avait rougi et détourné les yeux, embarrassé.
C'est là que ça n'allait plus. Pourquoi Plume avait-il rougi ? Sur le coup, il ne s'était pas posé la question, parce que… et bien honnêtement parce que Plume avait été à ce moment adorable, mais, malheureusement, pas adorable comme lorsqu'il était petit, mais comme peut l'être un adolescent incroyablement attirant, et qui ne s'en rend pas compte (ou n'en a cure).
Bien, bien, il progressait. S'il s'en souvenait bien, c'était à ce moment que son cœur s'était arrêté de fonctionner et qu'il s'était retenu de le jeter par terre. Il fit la grimace : encore heureux, les choses n'en auraient été que pires. Donc il l'avait posé par terre le plus vite possible : pourquoi l'as-tu posé par terre le plus vite possible, Severus Snape ? Parce que… il fronça les sourcils… parce que il était trop près. Il était dans mes bras, en fait, et c'est ça qui n'allait pas. Pourquoi ? Mmh… parce qu'à ce moment, j'avait des pensées pas trop catholiques.
Ah. Donc à ce moment, j'avais envie de Plume. De mieux en mieux, se dit-il avec accablement. Il se versa un verre de la bouteille de vin à l'orange posée à côté de lui. Donc, reprit-il en sirotant la liqueur, j'ai brusquement eu envie de lui. Soyons rationnels : il venait de faire une chute de plus de cinq mètres et je l'avais rattrapé au dernier moment. Donc ce n'était pas du désir, voilà, le mot est lâché, mais du soulagement de le voir sauf.
Loupé, Severus. Ca aurait pu être plausible si tu n'avais pas été pris d'une furieuse envie de l'embrasser trois dixièmes de seconde plus tard. Parce que… parce qu'il n'osait pas te regarder (pourquoi d'ailleurs ?) et que c'en était affolant. S'il s'était excusé de sa bêtise d'un air contrit, ou s'il t'avait remercié, ou s'il t'avais regardé avec crainte comme n'importe quel élève, tu n'aurais rien fait. Mais il n'osait pas. Il était honteux vis-à-vis de toi en tant que Severus Snape (enfin, supposons) et non en tant que professeur. Et ça, plus son air adorable, ça t'a mis le sang en feu.
Donc, dans l'état où tu te trouvais, et qui, pourtant, n'a duré que quelques dixièmes de seconde, tu avais le choix entre deux choses : l'embrasser ou te montrer violent. Tu t'es donc montré violent, un peu trop d'ailleurs. Pourquoi tu ne l'as pas embrassé ? Tu aurait dû l'embrasser…
Severus s'étrangla avec son vin. Non mais qu'est-ce qu'il racontait ?! C'était les restes du choc, voilà, c'était ça. Reviens au problème, Sev'.
Donc il l'avait giflé. A toute volée. Et Plume n'avait rien dit, même pas protesté. Il était resté le visage détourné, immobile, les yeux grands ouverts. Pourquoi ? Mystère. Tu l'as aussitôt regretté, évidemment Tu n'aurais jamais giflé un élève, un élève normal. D'ailleurs en général tu n'aimes pas frapper les gens, c'est trop… direct pour toi. Mais là n'est pas la question.
Ensuite… Plume, immobile comme ça, a achevé de te mettre la tête à l'envers. Autrefois il avait la même façon de cligner des yeux et d'avoir la lèvre qui tremblait, quand il était choqué, ou qu'il allait de mettre à pleurer… Et donc, machinalement, c'est ça, machinalement, mécaniquement même, tu as voulu le prendre dans tes bras. Puis tu t'es souvenu que Plume n'était plus Plume (plus le petit Plume), que c'était ton élève, et que c'était parfaitement impossible. Alors tu as tourné les talons. Qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ? Tu aurais pu réagir raisonnablement : lui dire que tu étais déçu de son comportement, qu'il était inconscient, que Dumbledore serait mis au courant, et tous les trucs que tu sors habituellement à tes élèves quand tu les chopes en flagrant délit. Mais tu ne l'as pas fait. Je n'y arrivais pas… Franchement, j'ai essayé, mais ç'aurait été le trahir, le rendre encore plus malheureux. Il n'aurait pas comprit, pas compris la gifle de Severus Snape et la réprimande du professeur. Parce que tu crois qu'il a compris la gifle ? Non mais tu l'as vu sur le point de pleurer, dis, tu l'as vu ?! Hein ? T'es fier de toi ? TU AS FAIT PLEURER PLUME !!! ESPECE DE DEBILE PROFOND !!!!
Severus secoua la tête, incrédule. Il se mettait à délirer complètement, là. Il fronça les sourcils, agacé. Pourquoi la vue d'un Plume triste lui donnait-elle toujours envie de démolir le monde entier, et dans ce cas précis, lui-même en premier car responsable ? Parcequ'il l'aimait beaucoup, bien sûr. Il adorait le gosse. Précisément, Severus, ce n'est plus un gosse. Certes. Mais j'ai toujours le droit de l'aimer, n'est-ce pas ? Oui, mais pas comme cet après-midi…
D'accord. C'était un accident, qui ne se reproduirait plus.
Severus rassembla ses esprits et fit le bilan des courses, d'abord matériel : 1. Plume avait failli mourir 2. il l'avait sauvé 3. il l'avait tenu dans ses bras 4. il l'avait giflé.
Bien, bien… Très bien.
Bon… Ensuite émotionnel : 1. il avait eu la peur de sa vie 2. il avait eu le soulagement de sa vie 3. il l'avait désiré 4. il l'avait fait souffrir (et en souffrait). Voilà qui résumait assez bien la situation, de son côté du moins.
Du côté de Plume…
Severus mordilla pensivement le bord de son verre : 1. pourquoi avait-il rougi et baissé la tête ?; 2. pourquoi n'avait-il pas osé le regarder ?; 3. pourquoi n'avait-il pas protesté quand il l'avait giflé ?; 4. dans quel état était-il maintenant ?
Première question : il avait honte de sa bêtise ? Non, il aurait tout de suite baissé la tête, ne l'aurait pas regardé et puis Plume, dans le cas improbable où il aurait eu honte, aurait juste reconnu son tord et se serait gentiment excusé, ce qu'il aurait probablement fait si la corde n'avait pas lâché. Alors quoi ? Severus décida qu'il ne voulait pas connaître la réponse et passa à la question suivante. Malencontreusement, celle-ci était étroitement liée à la précédente. Ainsi que la troisième. Non, pas la troisième… La stupéfaction était une explication suffisante. Ne dis pas de conneries, Plume n'est jamais stupéfait, il est bien trop vif d'esprit pour ça. Oui, mais c'est la première fois que je le frappe. Tu pense que le fait que tu le frappes l'a surpris ?! Si mes premières hypothèses sont les bonnes (le fait qu'il ait été troublé), il y a de fortes chances pour qu'il ait été un peu perdu à ce moment précis.
Minute. Tu supposes que Plume a été troublé ?! D'être dans tes bras ? Tu es bien présomptueux, mon petit Sev'. Tu as quinze ans de plus que lui, un caractère de chien, tu n'es pas beau. Plume est affolant, agréable, joyeux, avec juste ce qu'il faut d'humour mordant pour ne pas sembler trop fadasse, bien qu'il puisse difficilement être fadasse avec des yeux (et un corps) comme les siens. Vous n'avez que ça en commun, l'humour et la dérision. Et la souffrance.
Tu oublies l'intelligence et la puissance, cher ami, même si je suis, sans modestie, plus intelligent que lui, et qu'il est plus puissant que moi.
De quoi essayes-tu de te persuader, Severus Snape ? Tu ne devrais pas penser à Plume comme ça (et surtout pas à son corps). Non. Ce n'est pas parce qu'aucun des amants que tu as eus ne lui arrive à la cheville (et pourtant, certains… mais on arrive difficilement à la cheville de Plume) que tu dois prendre tes rêves pour des réalités.
Mes rêves ?! Mais je ne rêves pas de Plume ! s'offusqua-t-il.
Ca va peut-être venir…
Oh, ta gueule !
Severus Snape vida d'un trait son dernier verre, réalisa qu'il avait terminé la bouteille et qu'il était rond comme une barrique, et qu'il venait de passer deux bonnes heures à songer à une scène qui avait peut-être duré 15 secondes.
Il haussa les épaules et partit se coucher.
A suivre…
(Pôv Sev' !!! ^_^)
