Titre : Sangs, Premier trimestre, chapitre VII (déjà…).

Auteur : ben toujours moi…

Source : HP I, II, III et IV.

Genre : très dur à gérer.

Disclaimer : ça commence à faire beaucoup de monde à moi, tout ça…

Sangs

Premier trimestre

Chapitre VII.

Amis.

§§§§§§§

On était fin novembre, et c'était aujourd'hui, dans la plus grande agitation, que…

- ILS SONT LAAAAAAAAAAA !!!!!!!

Harry leva les yeux de sa leçon de Métamorphoses dont, en une heure, il n'avait toujours pas lu le premier mot, et observa Colin Crivey déboucher dans la Salle Commune, hors d'haleine, et se mettre à bégayer.

- Les… les sorciers… ils sont en train d'arriver…

Un troupeau de Gryffondors s'élança dans l'escalier et partit en direction du parc.

Tous les élèves se rassemblaient timidement à l'entrée du Château, observant les nouveaux locataires de la Forêt apparaître les uns après les autres par Portauloin, semant leurs bagages sur la pelouse. La totalité des enseignants était elle aussi présente, aussi surexcitée que les adolescents à qui ils s'efforçaient d'inculquer quelques notions. Enfin Dumbledore parut, et, faisant signe aux élèves qu'ils pouvaient rejoindre leurs parents ou amis présents parmi les visiteurs, s'avança joyeusement à son tour, accompagné d'un Pr MacGonagall plutôt sombre, d'un Snape impassible et d'un Plume songeur, vers deux silhouettes qui se dirigeaient vers eux et en lesquelles Harry reconnut son parrain et Remus Lupin.

- Sirius, Remus, l'entendit-il dire. Tout se passe bien ?

- Sans aucun problème, sourit le loup-garou. Ils ont tous hâte de vous revoir.

- Pr Dumbledore ! Pr MacGonagall !

Bon nombre de sorciers les avaient aperçus et leur faisaient de grands signes. Le Directeur et son adjointe les rejoignirent en souriant, et Harry et ses deux amis se dirigèrent à leur tour vers les nouveaux venus.

- Ils sont toujours aussi appréciés, commentait Plume.

- Ca fait un moment qu'ils enseignent à Poudlard, répondit Sirius, et tous les élèves les ont toujours adorés. Pas comme certain professeur de ma connaissance… Salut Harry !

L'adolescent étreignit son parrain, se demandant au passage s'il avait bien vu Snape tirer la langue à ce dernier en guise de réponse. Son amant devait commencer à déteindre sur lui… Tout le monde se salua sous le regard des deux professeurs, amusé pour l'un et agacé pour l'autre.

- Bon, Sev', dit enfin Plume tandis que les trois élèves informaient les deux hommes des dernières nouvelles de l'Ecole, je te laisse jeter des regards meurtriers à M. Black et je vais voir si je connais du mon…

- COPAIN DE MOAAAAAAAAA !!!!!!!

Boum!

Harry vit une masse passer à toute allure sous son nez et percuter son professeur de DCFM de plein fouet, l'envoyant voler par terre. Le demi-elfe en resta allongé par terre, le souffle coupé, tandis que son agresseur, un mince jeune homme blond à l'air angélique, le regardait en souriant.

- Je t'ai tué ?

- Raven…

- Moui ?

- JE SUIS TROP CONTENT DE TE REVOIIIIIIIIR !!!!!

- Argh…

Harry commençait à s'inquiéter de la belle couleur violette que prenait l'inconnu et allait demander aux autres qui les regardaient avec intérêt s'il ne valait mieux pas intervenir, quand une voix moqueuse s'en chargea à sa place.

- Plume, je crois que tu l'étouffe…

Les deux amis relevèrent la tête vers Charlie qui ébouriffait les cheveux d'un Ron radieux, puis le blond lui sauta au cou, abandonnant un Plume soulagé.

- CHARLOUUUUU !!!

- Eeerk…

- Bon… il n'en manque plus qu'un, marmonna Snape sous le regard intéressé des cinq qui ne pigeaient pas grand-chose, en l'occurrence Harry, Hermione, Ron, Sirius et Remus, mais qui s'amusaient bien.

- KILLLLLYYYYYY !!!!

Un autre homme, l'air un peu moins déjanté que les trois autres, au visage fin et froid et aux yeux clairs et calmes, se fit à son tour assaillir.

- Bon, dit enfin Plume tandis que Charlie aidait le dernier arrivant à se dépêtrer du blond, on fait des présentations générales ? Vas-y, Sev'.

L'homme haussa un sourcil ironique.

- Et pourquoi moi ?

- Parce que tu es le seul à peu près bien tous nous connaître ici et que…

- PROFESSEUR SNAAAAPE !!!!!!

Harry crut un instant que le blond allait maintenant se jeter au cou de son professeur de Potions, ce qui n'aurait pas manqué d'être comique, mais le jeune homme se contenta de lui saisir la main et de la secouer vigoureusement.

- Toutes mes félicitations pour il y a neuf ans ! J'avais pas eu l'occasion de vous le dire… J'ai oublié les fleurs mais le cœur y est, hein ! C'est super, maintenant que nous ne sommes plus vos élèves, je pourrai vraiment vous embêter !

- Whitewinter, rendez-moi ma main.

- Oui, oui ! Bon, personne d'autre que je connais ? Alors allez-y, présentez !

Snape soupira comme si toute la misère du monde lui tombait sur les épaules, ce qui semblait à peu près être le cas, et entama les présentations.

- Bon. Tout le monde connaît Plume Percevent, PAS DE COMMENTAIRES ! rugit-il au blond qui referma immédiatement son bec. Raven Whitewinter, grimaça-t-il.

- Vous m'aimez pô ? fit le blond avec des étoiles dans les yeux.

- Charlie Weasley, continua Snape. Le docteur Killian Zachary. Sirius Black et Remus Lupin. Hermione Granger, Ron Weasley et Harry Potter, conclut-il sèchement.

- Ca c'est de la présentation, dit ironiquement Sirius.

Mais Snape, son devoir accompli, s'était déjà éloigné.

- C'est malin, il boude, sourit Remus.

- Bof, il reviendra, fit Whitewinter en haussant le épaules. C'est vous l'évadé d'Azkaban ? demanda-t-il joyeusement à Sirius. Vous savez qu'officieusement, votre tête est mise à pris à 10000 gallions ?

- Mort ou vif ? demanda l'Animagus étonné.

- C'était pas précisé…

Le jeune homme semblait complètement irresponsable. Harry se demanda ce qu'il pouvait bien faire dans la vie, à part sauter au cou des gens. Enfin, il avait l'air vraiment sympa. Il se détourna et observa Remus qui parlait avec l'homme aux yeux froids et aux cheveux de lune.

- L'attaque de Chaudron-aux-Sources a fait beaucoup de dégâts matériels ?

- Non, pas trop. Mais nous avons toujours du mal à maintenir la production de Totinutriment…

Zachary… C'est lui qui semblait le plus calme. Un peu froid, même. Sans doute le Serpentard dont parlait Plume. Ce devait être lui le biomagicien dont il avait entendu parler. Ron et Hermione bavardaient avec Charlie, qui avait toujours l'air aussi dynamique. Au moins un qu'il connaissait déjà.

Il se demanda s'il serait amené à les côtoyer – eux et les autres sorciers – durant leur séjour dans la Forêt. Resteraient-ils totalement à l'écart ? Il avisa Plume qui fixait la Forêt d'un air pensif et s'approcha de lui.

- Monsieur…

- Plume, on a dit.

- Plume. Comment tout le monde va-t-il loger dans la Forêt ?

- Le Pr Dumbledore a prévu des installations. D'ailleurs… (le jeune homme lui fit un sourire complice)… ça te dirait de venir avec moi quand j'irai voir mes amis ?

Voir son parrain presque tous les jours… Harry eut un grand sourire.

- Vous voulez vraiment une réponse ?

- Pas la peine. Allez, on va proposer à tout ce petit monde d'aller manger…

Ils rejoignirent le petit groupe qui continuait à papoter.

- Vous êtes marié, M. Lupin ?

- Raven !

- Ben quoi ?

- On dirait une débutante à la recherche d'un pauvre célibataire traqué.

- C'est à peu près le cas… M. Lupin a de très beaux yeux.

Remus, embarrassé mais amusé, vira au coquelicot sous les rires joyeux des autres.

- Et ton copain ? soupira Charlie.

- Ké copain ? Connais pas copain.

- Allez, on va manger, l'entraîna Plume.

Les deux amis s'éloignèrent en chantant la chanson des Schtroumpfs, suivis par les autres un peu sidérés.

Ils se séparèrent dans la Grande Salle, les trois élèves partant s'asseoir à leur table, les six hommes, entre-temps rejoints par Snape, s'installant à une table dressée provisoirement au fond de la pièce et destinées à accueillir les sorciers en attendant la fin des travaux dans la Forêt. Il n'y avait pas encore grand monde et en dressant l'oreille, Harry, assit au bout du banc, pouvait saisir leur conversation sans être gêné par Hermione et Ron qui commentaient leurs impressions avec les autres Gryffondors, à côté de lui.

- Raven, marmonnait Charlie, ose… mon frère… trucide.

- Même pas drôle… chuchota le blondinet, avant d'ajouter d'un air rêveur : … enfin… reste… (il jeta un coup d'œil à Sirius)… et puis non, je… M. Black… pas content…

Harry ne tenta même pas de comprendre, il valait sans doute mieux. Snape et Zachary discutaient presque avec animation un peu plus loin.

- … intérêt de travailler avec Moldus… techniques intéressantes… influence du 3-bromomethylbutan-2-ol… poudre de sabots de faune… pression de 4 bars…

Harry s'enfuit. Il revint un moment sur son parrain et Remus qui bavardaient à présent avec Charlie à propos du Ministère, puis dirigea sin attention sur son professeur de DCFM qui parlait avec Whitewinter, ce dernier semblant s'être un peu calmé.

- C'est marrant, fit le blond entre deux bouchées.

- Quoi ?

- Tu tutoies ton Snapou et Killian, mais ils se vouvoient. Tu vouvoie Black qui tutoie Snape qui te tutoie. Je tutoie Charlie qui tutoie son frère (normal) qui vouvoie Killian qui me tutoie, tout en vouvoyant Lupin qui tutoie Snape qui n'a pas l'air d'apprécier Black et qui vouvoie Potter alors que Ron le tutoie et qu'il me vouvoie et…

- Attends, je suis perdu : c'est qui qui vouvoie Lupin ?

- Killian ! Essaie de suivre, un peu !

- Abrège.

- Ca serait plus simple si on se tutoyait tous.

- D'accord. Va dire à Sev' que tu veux le tutoyer.

- Ben non finalement…

Harry sourit dans son bifteck, puis se reconcentra.

- C'est qui le blond cendré aux yeux glacés, la-bas ? Sa tête me dit quelque chose.

- Hein ? Draco Malefoy.

- Le fils de...?

- Oui. Mais il n'est pas comme son père. En fait, pour tout te dire, il espionne Voldemort pour nous.

- Oh merde.

Ils restèrent silencieux quelques instants.

- Ton mamoûr le sait ?

- Oui, et arrête de l'appeler comme ça. Ca ne lui plaît pas du tout. Je parle de Draco.

- Tu m'étonnes.

Nouveau silence. Puis le blond rigola.

- Je l'encouragerais bien ce petit blondinet moi…

- Tu dis ça de tous les mecs que tu croises.

- Non. Lui il me plaît bien. Je peux, diiiiis ?

- Essaie toujours.

- Tu vas m'aider ?

- Certainement pas. Tu veux me faire renvoyer ?

- Siteplé…

- Non.

- Sitepléééééé…

- Non !

- Siteplééééééééééééééé…

- NAON !

- SitepléééééEEEEéééééEEEEéééEEEE…

- D'ACCORD ! Je vais trouver un moyen pour te faire participer à un de mes cours. J'y crois pas… je suis en train de servir d'entremetteur entre un de mes élèves et un psychopathe obsédé déjanté…

- Je t'aime tu sais.

- C'est ça… Mange avant que M. Potter ne s'étouffe avec ses frites.

Harry piqua du nez dans son assiette, légèrement pris de pitié pour son vieil ennemi malgré lui.

- Votre attention s'il vous plaît…

Dumbledore venait de se lever. Tous, élèves et sorciers, se turent instantanément.

- Je voudrais tout d'abord souhaiter la bienvenue aux nouveaux arrivants, ainsi qu'un agréable séjour dans la mesure du possible, ajouta-t-il un peu tristement. Les installations dans la Forêt seront prêtes dès ce soir. Je tiens à informer les élèves que les cours n'en seront aucunement perturbés, et que le règlement demeure inchangé : pas de promenade la nuit, même sous prétexte d'aller visiter un parent parmi nos invités.

Il y eut quelques grognements déçus dans la Salle.

- Cet après-midi arriveront les Mercenaires du Cercle Ecarlate.

Grand silence. De nombreuses têtes se tournèrent vers Plume.

- Comme vous avez pu le constater, ce sont des êtres charmants et sympathiques…

Plume s'ébouriffa les cheveux d'un air embarrassé, et balança un coup de pied à Snape qui ricanait légèrement. Un grand nombre de personnes pouffèrent, sorciers et élèves.

- … mais ce sont avant tout des combattants. Je vous recommande donc une extrême politesse, ainsi que de vous abstenir de toute remarque insultante ou même agressive. Je tiens à vous récupérer entiers. Sur ce, bon appétit !

Tous reprirent leur repas, un peu beaucoup circonspects.

En début d'après-midi, l'Ecole au grand complet se réunit à nouveau sur la pelouse, s'y ajoutant les sorciers infiniment curieux et n'ayant rien d'autre à faire. Une certaine angoisse régnait…

- Tu crois qu'ils seront vraiment dangereux ? Je veux dire… pour nous ?

- Ron, soupira Hermione, si nous risquions vraiment quelque chose, Dumbledore ne les aurait pas fait venir ici !

- Quand même… Tu te rends compte que dans quelques instants, une armée de demi-elfes, demi-géants, demi-je-ne-sais-quoi va débarquer ici ?!

- Remarque, les sorciers de ce matin n'étaient déjà pas très nets, sourit Harry.

- Tu m'étonnes ! Charlie m'avait déjà parlé d'eux, mais ils ont l'air de former une sacrée équipe ! Les profs ont dû en voir de belles… surtout Snape, ricana-t-il.

Ils restèrent quelques instants pensifs, regardant les petit groupe assez hétéroclite que formaient les quatre sorciers u peu plus loin. Le blond, Raven Whitewinter, asticotait Snape, Charlie et l'ancien Serpentard, le biomagicien, bavardait tranquillement, et Plume avait entamé la conversation avec Sirius et Remus qui, pourtant ordinairement froids et assez méfiants avec les étrangers, semblaient plaisanter de bon cœur avec lui. Oui. Assez exceptionnels.

Harry s'attarda sur son parrain. Il semblait un peu fatigué ces temps-ci… Rien d'étonnant avec ce qui se préparait. Il sentit son cœur se serrer à l'idée de ce que l'Animagus devait endurer…

Une réflexion de Hermione le tira de ses pensées.

- Vous vous rendez compte, dit-elle un peu tristement, de ce que tout ça signifie ? Tout ce rassemblement…

Simplement qu'ils risquaient de ne plus être là à la fin de l'année, se dit Harry. La guerre. Une guerre qui avait commencé avec la mort de Cédric, sans que personne ne le comprenne vraiment…

A ce souvenir, sa cicatrice l'élança. Il y avait longtemps, remarqua-t-il. Il se demanda s'il serait possible de transformer ce lien qui le hérissait en quelque chose d'utile, qui les préviendrait sur les intentions de Voldemort. Il faudrait qu'il en parle à Dumbledore. Peut-être se sentirait-il moins inutile, ainsi.

Pas comme Draco. Draco… Il n'aurait jamais supposé que le blond… Enfin il n'y avait pas si longtemps il n'aurait jamais accordé la moindre confiance à Snape. Comme quoi il devrait arrêter de se faire des préjugés typiquement gryffondoresques. Quand même… Espionner Voldemort… Même s'il détestait Draco, il ne pouvait pas ne pas le plaindre. Non. Plutôt souffrir pour lui. Lui-même n'avait qu'exceptionnellement rencontré Voldemort, et ce dans des conditions peu agréables, mais il préférait encore ça à ce que Draco devait endurer régulièrement…

Minute.

Depuis quand pensait-il à lui en tant que Draco et non Malefoy ?

- Vous croyez qu'ils seront beaucoup ? demanda une voix songeuse.

Harry se retourna vers Ginny qui venait de les rejoindre.

- Plusieurs centaines, je crois.

- Ca va être étrange…

- Ginny…

Ron regardait sa sœur d'un air sérieux.

- Oui ?

- J'aimerais bien que tu ne t'approches pas d'eux.

La rouquine ouvrit de grands yeux bleus foncés puis éclata de rire.

- Quoi ?! marmonna Ron.

- Tu… tu ressemblais tellement à Percy en disant ça ! hoqueta l'adolescente.

- Je suis sérieux !

- Mais oui, mon petit frérot à moi… le taquina-t-elle en souriant.

C'était vrai qu'elle était devenue jolie, se dit Harry. Et elle semblait tellement plus… sûre d'elle, depuis sa rencontre avec Voldemort. Ginny leva le doigt.

- Regardez, les voilà !

Les trois amis levèrent le nez au ciel.

- Je vois rien.

- Met tes lunettes.

- Je les ai déjà.

- Enlève-les, alors.

- Mais si, là-haut !

Des exclamations retentissaient autour d'eux, puis le silence se fit alors que les silhouettes se rapprochaient rapidement. Ainsi ils arrivaient, ces êtres qui montaient des dragons.

Spectaculaire. Ce fut le premier mot qui vint à l'esprit de Harry.

Des éclats verts, dorés, argentés… une mosaïque d'écailles multicolore, sombres ou éclatantes, mates ou étincelantes… De gigantesques ailes qui frappaient littéralement l'air, en un bruit assourdissant… Et le grondement des gerbes de flammes magnifiques qu'ils jetaient, renversant leurs têtes effrayantes en arrière, se mêlait à ce fracas de fin du monde. Mais plus impressionnant encore, leurs cavaliers, minuscules silhouettes semblants à peine contrôler leurs montures, fragilement liés à elles par de si simples selles de cuir, dirigeant leurs bouches par de si simples rênes à peine visible comparées aux imposantes masses d'arc-en-ciel terrifiantes qui planaient au-dessus des petits humains muets de stupeur… Combien étaient-ils ? Peut-être quelques dizaines… Mais leurs tailles et surtout la puissance qui se dégageait d'eux semblait remplir le ciel…

Avec un cri grave et vibrant qui se mêlait aux hurlements rauques de leurs cavaliers, les dragons atterrirent un peu plus loin, puis s'immobilisèrent, soufflant nerveusement, semblants prêts à bondir sur les impudents qui oseraient les approcher, et brusquement tournèrent tous ensemble leur gueule brûlante vers les petits sorciers pétrifiés qui fixaient en tremblant les Mercenaires impassibles, vêtus de cuir, d'acier et de couleurs diverses, leurs armes à la main, sombres silhouettes de mort qui…

- LUKE ! JE T'AVAIS DIT D'ARRIVER TRAN-QUIL-LE-MENT POUR NE FAIRE PEUR A PERSONNE !!!

Plume s'approchait à grand pas, les poings sur les hanches, des dragons et de leurs cavaliers qui eurent le bon goût de paraître un peu coupables. Un homme… enfin ce qui semblait de loin être un homme… vêtu de noir et d'écarlate sauta d'un magnifique dragon d'ébène, l'air légèrement penaud. Dans le grand silence qui régnait, personne ne loupa sa réponse.

- Maieuh… C'était juste histoire de se mettre dans l'ambiance quoi…

- ET BEN MAINTENANT Y Z'ONT LES JETONS !!! T'ES FIER DE TOI ?!

Ce bref échange eut pour résultat de détendre considérablement l'atmosphère, et tout le monde se mit à converser à bâtons rompus, tandis que Dumbledore et son état-major, discrètement suivis par les quatres élèves curieux, s'approchait de celui qui semblait diriger la troupe des cavaliers et qui tentait de se défendre contre un Plume furibond. Il avait de courts cheveux d'encre qui bouclaient légèrement, un visage séduisant et son sourire un peu inquiétant laissait deviner de petites dents très blanches, comme des crocs… Il devait avoir à peu près le même âge que Plume, peut-être un peu plus vieux…

- Maieuh…

- M. Tamalo'th ! s'exclama le Directeur en souriant. Comment allez-vous ?

- Professeur Dumbledore ! répondit le jeune homme en se détournant avec soulagement du professeur de DCFM qui grinçait des dents. Et professeur MacGonagall… toujours aussi resplendissante, ajouta-t-il en baisant la main de la sorcière qui sourit, amusée.

- Et bien, quand arrive donc le reste des troupes ? continua Dumbledore sur un ton badin.

- Dans deux petites heures. Nous venions… heu… faire les présentations.

- ET BEN C'EST REUSSI !

- Maieuh…

- Je suis désolé, Albus, veuillez excuser ce parfait abruti, soupira Plume. Il ne sait pas résister à l'envie de se donner en spectacle.

- Ce n'est peut-être pas plus mal, suggéra Dumbledore. Cela donnera à réfléchir aux élèves.

Plume se figea tandis que l'autre Mercenaire ricanait.

- Nananère.

- Ta gueule, toi.

- Mauvais joueur… Au fait, Fougère t'attend avec impatience.

- Oh !

Le jeune professeur partit au pas de course vers le groupe de dragons, chaleureusement accueilli par les terribles combattants. Dumbledore sourit.

- J'espère que tout se passera bien…

Le jeune homme, un peu calmé, haussa les épaules.

- Qui vivra verra. Alors c'est ça, Poudlard… Oué. Pas mal. Oh !

Avec un sourire il salua les deux vénérables enseignants, puis se dirigea vers l'endroit où se trouvait Harry, qui avait rejoint son parrain et les autres sorciers, et… se jeta dans les bras de Snape dont les yeux affichaient une fois de plus une lueur désespérée.

- COUSIN ! Comment allez-vous ?!

- Cousin ?!

Whitewinter le dévisagea avec une franche curiosité.

- Comment pouvez être cousin avec ce truc… avec ce cher professeur ?

- Je suis cousin au troisième degré avec Plume Percevent, alors par alliance… Vous saisissez ?

Snape eut un reniflement pendant que les autres éclataient de rire.

- Je ne savais pas que Plume avait un cousin… Je suis Raven Whitewinter, un de ses amis, fit le blond en lui serrant la main, ainsi que Killian Zachary et Charlie Weasley, ajouta-t-il en désignant les deux sus-nommés.

- Enchanté. Luke Tamalo'th, démon-dragon, sourit l'homme.

- Voici Sirius Black et Remus Lupin, continua le jeune homme. Je ne les connais que depuis ce matin mais ils ont l'air de bien s'entendre avec ce cher professeur Snape, alors présentons, présentons… Et enfin Harry Potter, Hermione Granger, Ron Weasley et… (il fit une pose en avisant Ginny)… et ce doit être Ginny Weasley. C'est bien ta sœur, Charlie ?

Le rouquin confirma pendant que le Mercenaire serrait la main aux deux garçons et baisait courtoisement celle des deux filles un peu effrayées. Harry remarqua qu'il avait des yeux rouges sangs striés d'un noir absolu. Plutôt terrifiant.

- Enchanté Mesdemoiselles, enchaîna-t-il avec un sourire charmant. C'est un plaisir pour moi de…

- Luke, arrête de faire le joli cœur ! soupira une voix exaspérée.

Sa propriétaire de révélait être une adolescente de 14 ans tout au plus, fine et menue, à l'opulente chevelure châtaine bouclée et aux yeux également étranges, d'un magnifique mauve strié lui aussi de noir. Son visage délicat était calme et réfléchit, bien que sa bouche à ce moment s'incurvât en un demi-sourire sympathiquement moqueur.

Le Mercenaire leva les yeux au ciel.

- C'est bon, c'est bon… Messieurs-dames, notre Palefrenière en chef, j'ai nommé Melilot. Tu connais déjà le professeur Snape…

L'homme et l'adolescente échangèrent un signe de tête et la valse des présentations reprit.

Harry la dévisagea avec curiosité : elle était bien plus petite que lui, plus jeune même, et pourtant le démon-dragon semblait la considérer avec amitié et comme une égale. Il était surpris de trouver une personne qui semblait si fragile au milieu de ces ''hommes'' plutôt baraqués…

Pendant que Tamalo'th expliquait son lien de parenté avec Plume aux autres qui l'écoutaient avec attention, le Survivant reporta son attention sur le troupeau de dragons qui carbonisait allègrement l'herbe un peu plus loin. Oh, il en avait déjà vu – et même affronté un. Mais jamais autant d'un coup, et sûrement pas harnachés. Sellés. Matés… non, plutôt apprivoisés. C'était étrange : chacun se laisser toucher, caresser par un seul homme, en toute confiance. Son Maître. Son Maître ? Plutôt son ami.

Il jeta un coup d'œil à Charlie, à côté de lui, qui les contemplait également d'un air fasciné. Il se rappela que les dragons que le jeune homme étudiait étaient en liberté…

- Ils sont beaux, hein ? dit une voix douce derrière eux.

Ils se retournèrent tous les deux : Melilot souriait rêveusement, le regard fixé sur les animaux fabuleux.

- C'est vous qui les soignez, alors ? demanda Charlie d'une voix hésitante.

- Oui. Je les connais tous personnellement.

Elle fronça les sourcils et se tourna vers le rouquin.

- Charlie Weasley… C'est bien vous l'auteur de la thèse sur le fonctionnement immunitaire des dragonneaux ? C'est une recherche très précieuse…

Harry vit le frère de son ami piquer un fard et s'éclipsa discrètement.

Il allait rejoindre les autres quand une masse énorme s'abattit à côté de lui avec un bruit sourd. Tous se tournèrent vers Plume… qui les dominait de deux mètres, perché sur un dragon d'une couleur émeraude étincelante.

- Je vous présente Fougère ! Dis bonjour, mon bébé.

Le monstre poussa un rugissement terrifiant.

- Alors ? Ca intéresse quelqu'un, un petit tour ?

- QUI VOUS A DONNE LA PERMISSION D'EMMENER DES GENS SUR VOS DRAGONS ??!!!

- Aïe ! Nan ! Chefpitiépaslesoreiiiiilles !!!!

Les élèves attablés pour le dîner suivaient d'un œil rond un formidable demi-géant, presque aussi large que grand, aux impressionnants sourcils et barbe broussailleux poivre et sel, mais, malgré tout, inspirant un profond respect tant son pas était ferme et dégageait une profonde assurance, vêtu d'une immense cape d'une épaisse fourrure aubère, qui traînait sans douceur les deux jeunes hommes jusqu'à la table des professeurs. Ce n'était pas tous les jours que l'on voyait son professeur de DCFM et un Mercenaire Ecarlate se faire rabrouer comme des gamins et tirer l'oreille…

- Pr Dumbledore !

Le vieux sorcier sourit gentiment.

- Un problème ?

- Vous resterait-il par hasard quelques cachots… commença nonchalamment d'une voix qui tonnait comme la tempête le Suprême Dirigeant du Cercle Ecarlate, au nom et aux titres tellement barbants qu'il était de tradition parmi ses hommes de tout simplement l'appeler ''Grand Chef'''.

- NAAAAANNN !!!! PAS LES CACHOOOOOTS !!!! Albus… professeur Dumbledore… Empêchez-leeeee !!!!

- Allons, allons… Ils pensaient bien faire…

- Ouais c'est ça !

- On voulait renforcer le… aïe !… climat de confiance !

Toute la Salle se marrait, élèves comme professeurs.

- Lâchez dons leurs oreilles et dites-moi si vous êtes bien installé, cher ami.

- Oh.

Le géant envoya négligemment balader ses deux hommes, puis s'assit à côté de son associé.

- Sans vouloir vous flatter, vos installations sont parfaites. Allez jouer ailleurs vous deux !

- Oui Chef ! Merci Chef !

Et les deux terrifiants démons-dragons s'éloignèrent en gambadant. Grand Chef soupira d'un air accablé et se tourna vers Dumbledore.

- Donc comme je disais… L'idée du Dôme est très ingénieuse : pas de vent, pas de pluie, pas de neige. Les logements sont en nombre suffisant, et bien cachés, et la Forêt est assez grande et pourvue de monstres pour mettre en place un bon entraînement. Félicitation, cher ami…

Dumbledore hocha la tête en souriant.

- … c'est d'autre chose que je voudrais parler avec vous, continua le demi-géant. Pensez-vous encourager les contacts entre vos élèves et mes hommes ? Je ne veux pas d'un accident, Dumbledore.

Tous ceux qui le connaissaient aurait pu vous dire que le Grand Chef était anormalement sérieux.

- Il ne faut pas oublier que nous sommes dangereux.

Le vieux sorcier leva une main rassurante.

- Je comprends parfaitement. J'ai déjà prévenu mes élèves, comme je suppose que vous avez prévenu vos hommes.

- Exact. Et deux heures après, vos élèves et mes hommes font des promenades à dos de dragon. Mes élèves sont peut-être encore moins responsables que les vôtres, vous savez…

- Pourtant, je pense que M. Tamalo'th ne s'est pas trop mal débrouillé, cet après-midi. Mes élèves ont quand même dû comprendre que les vôtres n'étaient pas des rigolos.

- J'espère que ça durera… Les Elfes arrivent demain, c'est bien ça ?

- Tout à fait. Vous connaissez Griffe Percevent, je crois ?

- Oh, parfaitement ! répondit Grand Chef sur le ton de la conversation. La dernière fois que nous nous sommes croisés, je lui ai retaillé les oreilles au cours d'une bataille…

- J'espère qu'il n'est pas rancunier. Vous avez des médecins, avec vous ? Mon infirmière est très douée, mais elle risque d'avoir beaucoup de travail.

Le lendemain…

D'après ce que Harry avait entendu dire, sorciers et Mercenaires prenaient leurs quartiers dans l'allégresse générale et le bordel le plus complet. En début d'après-midi, Plume, qui allait rendre visite à ses amis, lui proposa de l'accompagner pour voir son parrain et ils embarquèrent au passage Ron, Hermione et Ginny.

Les installations se situaient à un peu plus d'un kilomètre de la lisière de la Forêt, et formaient un agréable petit village surpeuplé. L'idée géniale de Dumbledore avait été d'installer un Dôme de protection, c'est-à-dire d'une sorte d'écran transparent qui empêchait des intempéries et du froid (on entrait tout de même en plein hiver), mais laissant circuler tout le reste. Rapidement chauffé par d'immenses feux de bois, le camp était presque accueillant. De solides cabanes de rondins avaient été installées au sol et même dans les arbres les dragons rêvassaient dans un enclos un peu plus loin, acceptant complaisamment d'enflammer quelques troncs d'arbres de temps à autres, que les sorciers faisaient apparaître plutôt que de les couper. Tout ce petit monde criait et s'interpellait, nouait connaissance, se retrouvait, installait ses affaires, préparait à manger, fourbissait ses armes, ou plus simplement bavardait, le tout dans la bonne humeur générale, avec un rien d'excitation et de légère méfiance entre les deux groupes.

- Hey !

Les cinq visiteurs un peu perdus aperçurent avec soulagement Charlie s'avancer vers eux, l'air un peu fatigué mais joyeux.

- Alors ? Installés ? s'enquit Plume.

L'aîné des Weasley hocha la tête.

- Raven nous a fait tout un cirque pour avoir la cabane la plus haute, répondit-il en leur indiquant le sommet de l'arbre le plus proche. Alors maintenant il faut grimper dès qu'on a besoin de quelque chose…

- C'est vrai qu'à l'origine celles-ci étaient plutôt prévues pour les Elfes…

- J'AI MES RAISONS !!! s'exclama une voix joyeuse.

Tout le monde bondit de dix centimètres alors que l'intéressé apparaissait brusquement.

- Vous comprenez, de là-haut on a une vue superbe, continua Raven d'un ton faussement sérieux. Et puis…

- … comme ça tu peux lorgner tout le camp ?

Le blond essuya une larme imaginaire.

- Plume, mon frère, tu me comprends si bien…

- J'ai des Multiplettes au Château…

- C'EST VRAI ?!

- Je te les apporterai… si tu me fais une place.

- Et ton Snapou ?

- Ouais, ben… C'est pas parce qu'on est au régime qu'on a pas le droit de regarder le menu, hein ?

Pendant que se déroulait cette conversation hautement intellectuelle devant un Killian indifférent qui les avait rejoints, Charlie proposait aux quatre élèves de visiter leur petit studio avec vue sur le camp. Ils grimpèrent donc les marches qui s'enroulaient autour du tronc de l'arbre d'espèce inconnue, et prirent pied dans la cabane.

- Sympa ! s'exclama Ron, enthousiaste.

Harry était d'accord. La pièce, bien plus grande qu'elle ne le semblait de l'extérieur (après tout, il s'agissait du monde des sorciers, non ?), avait pour l'instant davantage l'allure d'une tente de camping moldue plus qu'autre chose, avec tout le bazar que cela sous-entendait, mais était lumineuse et confortable, avec son parquet aux tons chauds et ses fenêtres qui donnaient sur les branches de l'arbre. Une pile de sacs de voyage traînait dans un coin, un tas de matelas, duvets et oreillers dans un autre, une caisse de bouquins par-ci par-là… Chaleureux. Habité. Harry se dit qu'avec quelques améliorations, il n'aurait aucun mal lui-même à y rester un certain temps.

- On va faire des étagères et des meubles, expliquait Charlie si on doit rester longtemps ici…

- Et c'est quoi la porte ? demanda Ginny. Il y a d'autres pièces ?

- Oui, on partage les lieux avec…

- Weasley ! Est-ce que tu aurais de la place pour…

Luke Tamalo'th s'arrêta sur le seuil de la pièce et eut un sourire charmant. Il était vraiment séduisant, pensa Harry. Mais son sourire était très… carnassier, sans parler de ses yeux.

- Bonjour vous ! Mesdemoiselles…

- … avec Tamalo'th, Melilot et deux autres Mercenaires, termina Charlie d'un ton légèrement fatigué.

La trappe s'ouvrit.

- Cousiiiiiiin !!!!

- Cousiiiiiiin !!!!

Les deux démons se jetèrent dans les bras l'un de l'autre et commencèrent à parler à bâtons rompus.

- Hey ! Ca vous dit une bataille corse explosive ? proposa Raven qui arrivait à son tour aux quatre adolescents. Je vous préviens je suis trèèèèèèèès fort…

- Ca, c'est ce qu'on va voir, protesta immédiatement Harry dont c'était l'un des jeux préférés (Comme tout le monde le sait, la bataille corse explosive est une variante de la bataille explosive, bien plus amusante parce qu'on a le droit d'arracher les cartes de la main de l'adversaire, et parfois même la main avec).

- Alors à l'attaque ! fit le blond en se laissant tomber par terre.

Killian émergea quelques secondes plus tard, jeta un coup d'œil aux deux Mercenaires en train de papoter, aux cinq acharnés en train de martyriser les pauvres cartes, puis se tourna vers Charlie qui se massait les tempes.

- Tu crois que j'aurais la place d'installer quelques expériences dans un coin ?

- Mais pas de problème, avec toute la place dont nous disposons…

Killian ne fut pas sensible, ou ignora l'ironie, et commença à déballer un labyrinthe de tubes de verres et de fioles, deux réchauds, une dizaine de bouteilles et de bocaux, et s'assit confortablement par terre.

- Luke ! Est-ce que tu pourrais virer ton harnachement de mon matelas et…

- Meliloooooot ! Est-ce que c'est vrai que Bran'dh s'est cassé quatre dents ? demanda Plume en sautant sur l'adolescente.

- Oui, il a asticoté le dragon de son frère…

- Tu vois ?! Je te l'avais dit !

- P'têt qu'il fait moins le fier maintenant…

- En tout cas il parle moins… Luke, pour ton harnachement…

- Plus tard, plus tard !

- Tout-de-suite, dit fermement Melilot.

Luke soupira et partit vers la pièce adjacente, mais trébucha sur la trappe qui venait de s'ouvrir et se ramassa royalement.

- B***** de c******* de p***** de m**** !!!

- Désolé, on venait juste rendre visite, s'excusa Remus.

- Entrez, entrez !

- Montez, plutôt…

- Ouais ch'est pareil hein…

- DOUBLE DAME C'EST POUR MOAAAA !!!

SCHGRIFF !

- Aïyeuh !

- Fallait pas laisser ta main !

- Salut Remus, salut Sirius !

- Vous utilisez vos prénoms maintenant ?

- Entre voisins…

- Ils sont dans la cabane au pied de l'arbre.

- ''Dans ma cabane du mout du monde…''

- Tu chantes faux.

- C'est bon, hein…

- Alors, un peu de KMnOH…

- Kess tu fais Killian ?

- Trop compliqué pour toi.

- RENDEZ-MOI MA CAAAAAARTE !!!!

- Excusez-moi, Melilot…

- On peut se tutoyer, je crois. On est à peu près du même âge…

- Ok. Tes cheveux… c'est naturel ?

- Non, ça c'est une potion spéciale qu'on applique deux fois par semaine…

- Charliiiiiie !!! Dis-lui de me rendre ma caaaaaarte !!!

- Salut parrain ! Tu viens jouer ?

- C'est quoi ?

- Bataille corse explosive.

BOUM !

- C'est le jeu ?

- Non c'est Killian.

- Ah bon. Et donc cet abruti me fait…

- Pr Lupin c'est vrai que vous avez travaillé un moment avec Charlou ?

- Appelez-moi Remus… Oui, un bon moment.

- Alors c'est vrai que…

- Vous avez déjà rencontré Voldemort, à seize ans ? Je ne vous envie pas…

- Tamalo'th, ne t'approches pas de ma sœur.

- Luke, ton harnais s'il te plaît.

- J'y va, j'y va...

- Et si vous essayiez la poudre de coquille d'écrevisse ?

- Bonne idée. Merci, mademoiselle.

- Raven, j'ai trouvé des jumelles !

Le blond soupira et eut un graaaaaaand sourire.

- Ah, enfin ! C'est pas tout ça mais je commençais à m'ennuyer…

Pendant ce temps-là, confortablement installé dans son fauteuil préféré, un gigantesque livre de potions ouvert sur les genoux, Severus savourait béatement un pur et rare moment de calme et de silence…

Au bout d'une heure, tout le monde était devenu copain comme cochon et la grande majorité se tutoyait à qui mieux mieux. Harry avait mal au ventre à force de rire. Le petit groupe était infatigable. Plume, Raven et Luke, ces deux derniers ayant incroyablement sympathisé, enchaînaient bêtise sur ânerie, déridant même Killian, Charlie, Melilot et Remus, pourtant plus calmes. Sirius s'amusait comme un gosse. Et aucun des quatre élèves n'était épargné, encaissant remarques et blagues stupides et commençant même à y répliquer. Ils avaient entreprit, tous ensembles, d'entamer un concours de tir à l'aide des fruits de l'étrange arbre, et les pauvres sorciers et même Mercenaires qui passaient sous leur perchoir se retrouvaient bombardés de poisseuses sphères verdâtres, qui explosaient en répandant leur pulpe gluante…

- Treize pour moi ! fit Ron d'un ton satisfait.

- Comment ça treize ?! protesta Raven. Le petit rabougri qui louchait était pour moi !

Sprotch !

- Dix-sept, sourit Sirius.

Remus protesta.

- Tu m'as gêné !

- Tous les coups sont permis, chantonna l'Animagus avant que son ami ne lui écrase un fruit sur la figure.

La bataille allait dégénérer quand…

- LES ELFES ARRIVENT !!!

Les douze sorciers, apprentis-sorciers et chevalier-dragons abandonnèrent leur activité ô combien intellectuelle et spirituelle et pour la plupart se jetèrent par la trappe, plus calmement suivis par les quelques qui conservaient encore un semblant de dignité. Ils rejoignirent les curieux qui se dirigeaient vers l'entrée de la Forêt, et se rassemblèrent encore une fois devant le Château, où les élèves un peu nerveux patientaient déjà.

Il fallait dire que les Elfes avaient une réputation d'inhumanité assez considérable. Tout d'abord inhumains puisque, par définition, non humains mais également en raison de leur profond mépris et dédain de la race humaine, état d'esprit que leur caractère peu attractif n'arrangeait en rien. Les quelques rares sorciers à avoir fréquenté des Elfes vous diront qu'ils sont froids, fiers, sérieux et d'une politesse glacée, avec extrêmement peu d'humour (mis à part quelques exceptions, comme Harry devrait se rendre compte plus tard) les encore plus rares sorciers à avoir vécu un temps parmi eux vous diront la même chose, mais que sous peine qu'on les connaisse un peu, il était possible de leur découvrir une foule d'aspects intéressants, par exemple que les Elfes ne tiennent absolument pas l'alcool, ou qu'ils ont une peur bleue, allez savoir pourquoi, des escargots. Quant aux intimes des Elfes, ils n'existaient pas pour la bonne et simple raison qu'il était impensable et dégradant aux yeux de tout Elfe qui se respecte de frayer avec un humain, et ce dans tous les sens du terme. Les sentiments étaient réciproques : les humains n'étaient pas pris d'une folle passion pour leurs cousins aux oreilles pointues.

Quant aux relations entre Elfes et Mercenaires… Une vieille rancune traînait depuis que les Sangs-Mêlés avaient ôté à l'Ancienne Race le titre des plus farouches combattants du monde magique pour se l'approprier…

Bref, l'ambiance était assez froide.

- Et en plus ils nous font poiroter, ronchonna Raven.

L'apparition dans l'air d'une surface verticale miroitante l'empêcha de continuer. La sorte de miroir liquide s'agrandit jusqu'à atteindre un demi-cercle d'une dizaine de mètres de diamètres, et commença alors à en sortir une armée d'Elfes en tenue de combat, défilant calmement en rangs serrés, marchant au pas, le regard fixé droit devant eux et imperturbable.

- Claaaaaasse, fit Luke, un rien gouailleur.

- Ca c'est sûr que comparé à l'arrivée des sorciers et des Mercenaires… lâcha innocemment Ginny.

Un, deux, trois… huit regards noirs lui répondirent.

- Plume, tes élèves ne te respectent même pas…

- C'est ta sœur, Charlie. Tu sais mieux que moi de quelle manière elle a été élevée…

Ils se turent et observèrent Dumbledore s'avancer vers un vieil Elfe à l'aspect peu commode, à qui il manquait une oreille. D'une taille impressionnante, puissamment baraqué et aux gestes encore rapides et meurtriers, ses cheveux et sa barbe gris acier étaient coupés très courts et soulignaient son visage buriné, où ses yeux verts clairs brillaient de façon menaçante. Pour résumer il flanquait les jetons.

- Ton grand-père ?

- Ouaip.

Dumbledore serra la main de Griffe Percevent, puis se tourna et tendit la main vers Grand Chef. Le public crut un instant que les deux puissants mentors allaient se jeter l'un sur l'autre et se dévorer tout cru, mais ils échangèrent une brève poignée de main, un sourire crispé aux lèvres. Plume soupira imperceptiblement.

- Bien, déclara Dumbledore qui semblait également légèrement soulagé. J'invite les nos nouveaux invités à prendre leurs quartiers dans la Forêt ! Les sorciers et les Mercenaires y résidant déjà vont se faire un plaisir de vous y mener…

L'air se chargea brusquement d'électricité entre les spectateurs et les rangs des nouveaux venus.

- On est pas sortis de l'auberge, hein ? soupira Raven.

- Vois-y au moins une bonne chose, dit tranquillement Killian. Les sorciers et les Mercenaires se serrent désormais les coudes.

- C'est vrai. Bon, allons draguer les petits Elfes… Plume j'ai une chance ?

- Non. Toi non plus, Luke.

- Vais essayer quand même… Raven et moi on se partage le champ d'action…

- C'est partiiiiiiii !!!

Les deux coureurs de jupons s'éloignèrent joyeusement, suivis plus calmement par Killian, Charlie et Melilot, curieux eux aussi.

- Pro… Plume, l'appela Harry, nous devons rejoindre nos amis.

- Pas de problèmes. A demain !

Les quatre élèves s'éloignèrent avec un signe de la main.

Remus, Sirius et Plume se retrouvèrent étrangement seuls.

- Quel calme, d'un coup, soupira l'Animagus.

- Je peux chanter si tu veux, proposa gentiment le professeur.

- On s'en passera, sourit Remus. Alors tu connais tous ces Elfes ?

Plume hocha pensivement la tête.

- Griffe est mon arrière-grand-père, le père de la mère de ma mère. Ma grand-mère a eut une liaison avec un démon-dragon. Et mon père était humain… Vous suivez ? Du coup je sers d'intermédiaire entre tout ce petit monde. Vous avez déjà rencontré des Elfes ?

Les deux sorciers secouèrent négativement la tête.

- Alors venez, je vais vous présenter à la légende vivante du monde elfique…

Ils le suivirent jusqu'au petit groupe demeuré sur la pelouse, composé de la majorité des professeurs, des trois charismatiques meneurs et de quelques autres membres de chaque groupe… Remus se fit la réflexion que si jamais il se faisait choper à piquer des confitures par Dumbledore, Griffe Percevent et le Grand Chef réunis, il ne donnait pas cher de sa peau. Le Chef de clan Elfe les aperçut et les détailla froidement du regard, avant de se tourner vers Plume.

- Ah, te voilà, toi.

- Salut papinou !

- Plume… gronda-t-il avec un regard qui fit trembler une bonne partie des personnes présentes… je suis content de te revoir, sourit-il enfin avec une lueur de tendresse.

Ils se tombèrent dans les bras en rigolant, ce qui restait assez terrifiant étant donné que leurs étreintes ressemblaient davantage à des prises de catch qu'autre chose.

- Et ça, c'est qui ? demanda-t-il en désignant les deux sorciers du menton, pendant que derrière eux les conversations reprenaient.

- Sirius Black… et Remus Lupin… Ils font aussi partie des conseils organisés par Dumbledore…

L'Elfe eut un grognement et leur serra la main avec réticence, puis méfiance.

- Vous puez le chien… et vous le loup.

Les deux amis sourirent innocemment.

- Animagus.

- Loup-garou.

- Ah.

Il les regarda avec attention.

- Vous venez de gagner deux centimètres dans mon estime. Bon, retourne jouer, enchaîna-t-il avec une tape sur l'épaule de son arrière-petit-fils. Faut que je parle à Dumby et à… euh… Truc-Muche, là…

Le dirigeant du Cercle Ecarlate se lança à son tour avec panache dans le concours de regards meurtriers qui allait sans doute durer un bon moment, se dit Remus. Puis le petit groupe s'éloigna vers le Château, suivit par les trois hommes.

- Pourquoi a-t-il apprécié que Siry soit un Animagus et moi un loup-garou ? interrogea Remus avec curiosité.

- Oh… Les Elfes sont très proches de la nature, et apprennent à devenir des Animagus dès l'âge de trois ans… C'est un truc qui leur est propre, et que peu de sorciers peuvent maîtriser. Quant aux loups-garous, il leur arrive souvent d'en côtoyer, et ils savent ce que cela représente vraiment d'être atteint de lycanthropie. Vous pouvez être fiers, leur sourit-il. Il est rare qu'un Elfe considère un humain autrement que comme une stupidité dégénérée.

- Très flatté, marmonna Sirius, l'air ailleurs.

Remus suivit son regard et aperçut une Elfe, un peu à l'écart, dont la silhouette était plus qu'agréable.

- Aucune chance, lança Plume d'un ton narquois. Au-cu-ne.

- Tu la connais ?

- C'est ma cousine… LOULOU !!! s'écria-t-il en lui faisant signe.

L'Elfe se retourna vers eux, révélant un visage fin qui rappelait, en plus froid, celui de son cousin. Elle s'arrêta et attendit simplement qu'ils la rejoignent, sans faire une geste vers eux. Elle était grande et mince, avec de somptueux cheveux d'un brun chaud qui miroitaient sur sa tunique d'un vert sombre de mousse ombragée, mais ses yeux, d'en étrange jaune-vert, n'exprimaient rien, sûrs d'eux et attentifs, remarqua le loup-garou en s'approchant.

- Louve…

Le jeune homme s'approcha et s'arrêta juste devant elle, sans la toucher, souriant doucement. Les lèvres de la jeune Elfe s'incurvèrent délicatement.

- Je suis vraiment content que tu soies là…, soupira-t-il.

Elle leva la main et lui effleura doucement la joue.

- Te revoir est une joie, dit-elle simplement d'une voix basse mais mélodieuse.

Puis son regard redevint impassible et elle jeta un coup d'œil aux deux hommes qui patientaient en retrait. Plume parut reprendre ses esprits.

- Oh ! Voilà Sirius Black et Remus Lupin, qui secondent le professeur Dumbledore. Les gars, je vous présente ma cousine Louve…

L'Elfe ignora leurs mains tendues et s'inclina imperceptiblement, avant de se retourner vers son cousin. Ils échangèrent un regard et Plume hocha la tête.

- Ok. Moi aussi, j'ai plein de choses à te raconter. A tout à l'heure ! fit-il tandis qu'elle s'éloignait.

- Charmante, charmante, commenta Sirius un peu dépité. Tous les Elfes sont aussi froids ?

- Non. Elle bat un peu les records. Au-cu-ne chance, répéta-t-il un peu tristement. Elle a… heu… émasculé le dernier type qui a osé l'approcher de trop près… Je parle d'humains, bien sûr les Elfes n'oseraient jamais…

Les deux hommes clignèrent des yeux.

- D'accoooooord, dit enfin l'Animagus. D'accord, d'accord, d'accord, d'accord…

Remus ne trouva rien à dire. Ils reprirent leur chemin vers le Château.

- Louve… Griffe, Plume… tous les Elfes portent des noms comme ça ? demanda-t-il enfin., alors qu'ils atteignaient le perron.

- Vouip. Toujours cette histoire de nature à la c… Hem. Enfin moi ça n'a rien à voir, je…

Il s'interrompit en avisant son Sev qui venait de surgir devant eux, et sourit.

- Tu as loupé toute l'arrivée ! s'exclama-t-il joyeusement.

- Je me préparais à rencontrer ma belle-famille, marmonna-t-il. Quoi ? jeta-t-il d'un ton peu amène aux deux autres qui le regardaient avec surprise plaisanter.

- Beuh non, rien… Mais à mon avis ne vas pas vivre avec eux, c'est pas toi qui feras la loi dans la maison, lança Sirius en se reprenant.

- Je retiens le conseil, répliqua sèchement l'Animagus. Dumbledore veut vous voir, tous les deux.

Les deux amis s'éloignèrent avec un dernier signe pour Plume, qui suivit ensuite son amant vers la Grande Salle.

- C'est quoi, ce sourire débile ? soupira enfin l'aîné.

- Pour rien. Tu sais, je pense que tout individu devrait avoir le droit de sourire débilement si l'envie lui en vient. Le contraire serait une atteinte à la liberté individuelle la plus élémentaire et…

Severus soupira encore une fois et lui posa un doigt sur les lèvres.

- Et à part ça ?

- Mmmh… je pense que je suis juste content, fit Plume en souriant un peu tristement. C'est stupide, il y a la guerre et je suis content…

- Autant être content tant que c'est possible.

- Tu as parfaitement raison.

- Comme toujours.

- Ah, là, je serais un peu moins catégorique.

- J'ai toujours raison.

- Souvent.

- Toujours.

- Souvent. Tu te rappelles la fois où…

CHTOMP !

Plume se releva en grimaçant.

- Papy, à ton âge, courir dans les couloirs…

- Oh, arrête de geindre, toi. Mmh…

Le vieil Elfe, qui n'avait même pas vacillé en percutant son arrière-petit-fils de plein fouet, détailla soigneusement le Maître des Potions impassible.

- Alors c'est toi, mon arrière arrière gendre. Mh. On dirait que tu as un manche à balai dans le cul…

- Bonjour, beau-papa.

Il fallut le reste de la soirée à Plume pour s'arrêter de rire.

§§§§§§§

Neuf ans plus tôt :

- Plume ? Plume, qu'est-ce qui ne va pas ?

L'adolescent leva les yeux sur son ami Raven qui émergeait de la trappe d'une quelconque des 243 tours de Poudlard.

- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda le demi-elfe d'un ton morne.

- Je pourrais te poser la même question.

C'était un samedi après-midi et la plupart des élèves étaient partis pour Pré-au-Lard pour la sortie trimestrielle. Plume avait préféré rester, prétextant des devoirs, espérant ainsi obtenir un peu de calme. Et voilà que Raven arrivait même à le dénicher dans sa cachette…

- Où sont les autres ?

- A Pré-au-Lard. Ils regrettent que tu ne sois pas venu.

- Ah…

Le blondinet vint s'asseoir à côté de lui.

- Et toi, pourquoi tu n'y es pas ?

- Je m'inquiétais pour toi.

- Ah bon…

- ARRETE D'ACQUIESCER A TOUT CE QUE JE DIS, MERDE !

Plume regarda son ami avec stupéfaction : le visage ordinairement insouciant et joyeux était préoccupé et même énervé. Les yeux noirs étincelaient.

- Depuis trois semaines, reprit plus calmement Raven, tu te traînes lamentablement ça fout les jetons !

- Je suis désolé, dit Plume d'un ton penaud.

- Je m'en fous ! Ca ne change rien que tu sois désolé ou pas. Je veux comprendre, c'est tout. Et t'aider, si possible.

Plume ne répondit pas, fixant ses chaussures. Raven soupira.

- Charlie et Killian sont inquiets, aussi. Mais ils n'osent pas t'en parler.

Plume sourit un peu.

- Mais toi oui ?

- Bien sûr, répondit Raven d'un ton léger. Tout le monde sait que je n'ai aucun scrupule.

Ils se sourirent plus franchement. Puis le blond attrapa son ami par le cou et l'attira à lui.

- Fais-moi un câlin. En tout bien tout honneur, bien sûr.

- Mmh…

Plume appuya sa tête sur le ventre de son camarade, et ils restèrent un long moment allongé, observant les nuages.

- Qui commence à raconter sa vie ? lâcha enfin Raven.

- Tous les deux.

- Ok.

Il y eut un silence légèrement embarrassé.

- Je… commencèrent-ils en même temps.

Ils rigolèrent.

- Nouvel essai, annonça le blond. Hum… Je suis le fils unique de Belius et Medusa Whitewinter, les dirigeants de l'actuelle branche d'assassins qui œuvre pour le Ministère de la Magie…

Silence. Plume se redressa et lui jeta un regard rond.

- Gneuhbeuhzeuh… la Branche Obscure ?

- C'est comme ça qu'on l'appelle, admit Raven.

- Mais qu'est-ce que tu fiches chez Gryffondor ?!

- Légère divergence d'opinion avec mes parents… Je suis quand même surpris que tu connaisses ma famille.

Plume eut un sourire noir.

- Sache, très cher, que ton père a travaillé pour le mien.

L'autre eut un regard surpris.

- Ton père est au Ministère ?

- Noooon… Mieux que ça. Je n'ai pas dit que ton père avait travaillé en collaboration avec mon père, mais qu'il travaillait pour lui. Qu'il lui obéissait, quoi.

- Mon père ? Obéir ?! Non, franchement, non. Le seul qui lui faisait peur…

- Cherche pas. Plume Jedusor, à ton service, dit doucement Plume.

Raven s'écarta légèrement.

- Tu es le fils de Voldemort ?!

Le demi-elfe hoche lentement la tête. Voilà. Maintenant ce ne serait plus pareil, Raven le regarderait avec méfiance, conseillerait aux autres de ne plus l'approcher, et…

- Et tu oses me demander ce que je fais à Gryffondor ?! s'exclama le blond en éclatant de rire.

Plume, interloqué, le regarda puis se jeta dans ses bras.

Ils continuèrent à bavarder deux bonnes heures, se racontant, se comparant, comprenant sans peine ce que l'autre avait pu subir, ayant sensiblement vécu la même chose. Raven avait été formé dès son jeune âge en vue de succéder à ses parents, ce qui expliquait ses excellentes performances dans tout ce qui se rapprochait des Sortilèges. Bien que son rêve soit, tout comme Charlie, de partir étudier les dragons, il n'avait pas trop le choix.

- Je suis l'unique héritier, expliqua-t-il. Si je me défile, je pense qu'ils se débarrasseront de moi.

Plume, à son tour, lui raconta son enfance, ses crises, et le rôle de Severus dans tout ça.

Quand ils eurent terminé de vider leur sac, ils se retrouvèrent tout surpris, mais allégés.

- Et… Charlie sait, pour toi ?

- Non. Je ne pense pas qu'il comprendrait, pas encore. Quoique… lui non plus ce n'est pas très drôle. Sa famille n'est pas très riche, et c'est l'aîné de sept enfants. Il a du mal à faire comprendre à ses parents qu'il ne veut pas entrer au Ministère.

- Ouais…

- Et Killian est orphelin. C'est tout ce que je sais de lui.

Plume eut un sourire morose.

- Je sais. Mon père a fait tuer ses parents.

- Oh…

Il y eut un nouveau silence.

- Et bien, quelle belle équipe, soupira un peu amèrement Plume.

- Tu parles !

Puis le blond eut un grand sourire.

- Bon. On va commencer par régler tes problèmes.

- Ké problèmes ?

- Toi et ton Snapou, évidemment.

- Raven… tu as beau être mon ami, tu es parfois un peu lourd, tu sais.

- Oui, oui… Récapitulooooons…Si j'ai bien compris ce que tu m'as dit, il semblerait qu'il t'ait considéré comme un être humain à peu près jusqu'à ta crise.

Plume hocha la tête.

- Là, il apparaît tel le blanc héros…

- Heu… bof.

- Oui, bon. Il apparaît, parvient à t'arrêter, t'emporte dans ses bras et… tu t'endors. Plume, rassure-moi, ta tête contient-elle cette chose que l'on nomme un cerveau ?

- Maieuh… j'avais sommeil…

- ON N'A PAS SOMMEIL QUAND L'HOMME DE VOTRE VIE VOUS CARESSE LA MAIN !

Le demi-elfe ronchonna quelque chose que nous ne rapporterons pas ici, puis le regarda d'un air inquiet.

- Qu'est-ce que les élèves ont pensé de l'accident ?

- Que c'était bien fait pour Deloignon.

- Je ne parle pas de ça, soupira Plume.

- T'inquiète. Ils ont été tellement soulagés qu'ils n'ont pas eu le temps de se faire des idées. Snape est un peu remonté dans leur estime, tu n'y es pas descendu, et c'est tout. Non, franchement, c'est Deloignon que tout le monde prend pour un imbécile, à présent. Mais revenons à nos moutons… Donc maintenant, Snape est encore pire qu'à la rentrée ?

Raven avait vraiment l'air de s'amuser. Plume hocha la tête.

- Oui.

- Il t'ignore ?

- Oui.

- Il t'envoie balader quand tu lui parles ?

- Oui.

- Il te laisse poiroter quand tu as terminé tes potions ?

- Oui.

- Il est méprisant ?

- Oui. Dis-moi, Raven, tu aimes bien faire souffrir les gens, hein ? Tu ne serais pas un poil sado sur les bords ?

- Bien sûr que si. Ton Snapou… (Raven hésita)… tu tiens tant que ça à lui ? Je veux dire dans le sens où… Bon, me regarde pas avec cet air-là, j'ai compris…

- Alors je fais quoi ?

- Tente ton coup ?

Plume taquina un moment un pauvre escargot qui passait par-là.

- Raven. J'ai quinze ans de moins que lui. Je suis un monstre. Je fous la merde partout où je vais. Il me considère comme un élève. Je n'ai même aucune idée de ses préférences entre hommes ou femmes, pour autant que j'en sache il pourrait même être totalement asexué ! Alors franchement…

- Et alors ?! Lui non plus n'est pas parfait ! Il n'est pas beau. Il est chiant. C'est un ancien MangeMort. Vous formez le couple idéal ! Et honnêtement je doute fortement qu'il soit asexué… Tu me diras quand tu auras vérifié, mmh ?

- Pas touche. Hé, Raven…

Plume le regarda d'un air malicieux.

- Et toi, alors ?

- Quoi, moi ? Tu me fais peur.

- Avec qui va-t-on te caser ? chantonna l'adolescent.

- Mais je suis déjà casé, très cher.

Plume le dévisagea avec suspicion.

- Tu me fais marcher.

- Que non. Il s'agit de Raoul Roy, en septième année à Serpentard.

- RAOUL ROY EST… ? Heeuuu… pardon…

- Pas grave. Pourquoi pensais-tu que j'allais souvent voir Killian ?

- Ben pour le charme de sa compagnie…

- Débile.

- Raconte-moi ! Est-ce que…

La nuit arriva très vite, et ils rejoignirent Charlie et Killian dans la Grande Salle, abordant un grand sourire qui rassura complètement leurs deux amis.

Plume rangea ses affaires, les mains tremblantes, et attendit que la classe soit complètement vide. Il fallait qu'il lui parle. Il fallait qu'il fasse quelque chose. Cela durait depuis un mois et il n'en pouvait tout simplement plus.

Quand il n'y eut plus qu'eux deux dans le cachot, il se dirigea vers le bureau derrière lequel Snape corrigeait encore des copies.

- Monsieur, je voudrais vous demander…

- Je ne vois pas ce que vous pourriez bien me demander, M. Percevent, répondit sèchement Snape sans même lever les yeux, étant donné que vous représentez sans aucun doute le meilleur élève qu'il m'ait jamais été donné de rencontrer. Maintenant si vous voulez bien m'excuser…

Plume resta un moment immobile, comme sonné, puis quitta lentement la pièce sans un mot.

Severus reposa sa plume en tremblant. Il n'en pouvait plus. Il allait donner sa démission, demander des congés maladie (ou de grossesse, tiens, ce serait amusant), en tout cas faire quelque chose pour s'éloigner très loin.

* J'y pense tout le temps… J'en ai même rêvé… c'est si ridicule !* pensa-t-il amèrement.

Et dire qu'il avait toute confiance en lui… Merde !

- Excusez-moi… Monsieur ?

Severus leva vivement les yeux sur l'élève qui se tenait sur le pas de la porte.

- Que voulez-vous, Whitewinter ? demanda-t-il froidement.

Le Gryffondor s'avança sans un mot, jusqu'à se retrouver face à lui, séparés seulement par le bureau. Les deux regards noirs se dévisagèrent quelques instants impassiblement, puis le blond dit simplement.

- Je viens de croiser Plume. Il ressemblait à un zombie. Il pleurait, aussi.

Son aîné haussa un sourcil ironique.

- Et en quoi ceci est-il sensé me concerner ?

Whitewinter rougit furieusement et Severus crut un instant qu'il allait lui hurler en pleine figure, mais il se reprit.

- Et quand il n'en pourra plus et qu'il sautera d'une tour ou l'autre, ça ne vous concernera toujours pas ? demanda-t-il doucement.

Severus se sentait confusément comme si quelqu'un venait de le frapper de toutes ses forces avec son meilleur chaudron. Sonné, quoi.

- Ne dites pas de bêtises, coassa-t-il. Percevent n'est pas du genre à…

- Vous êtes vraiment con, hein ?

- Whitewinter !

- Mais ouvrez vos mirettes, bon sang ! Il est en train de crever pour vous !

- Sortez d'ici !

- Oooh que non ! Il vous aime plus que tout, et vous le traitez comme de la merde ! Vous vous rendez compte de ce que vous lui faites, pauvre débile ?!

- ALLEZ-VOUS-EN !

- LA FERME ! PLUME EST UN TYPE SUPER, MERLIN SAIT CE QU'IL VOUS TROUVE, ET VOUS L'ENVOYEZ CHIER ?! SOYEZ AU MOINS UN PEU PLUS GENTIL AVEC LUI, MEME SI VOUS NE L'AIMEZ PAS COMME IL VOUS AIME !

Ils se turent tous les deux, fulminants, penchés au-dessus du bureau, leurs deux visages à quelques centimètres à peine l'un de l'autre.

- Vous l'aimez, hein ? dit enfin l'élève d'une voix douce. Vous ne voulez pas l'admettre mais vous l'aimez aussi. Alors pourquoi ?

- Cassez-vous, Whitewinter, dit Severus d'une voix lasse en se rasseyant. Vous ne savez rien.

- Bien sûr que si, je sais tout, fit tranquillement le blond en s'asseyant sur le bureau. Je sais qui est l'arrière-grand-père de Plume, le grand-père de Plume, et même le père de Plume, si vous voulez savoir, dit-il gentiment à l'homme qui le dévisageait d'un air éberlué. Je sais même qui est le type qui compte le plus au monde pour lui, même si je ne partage pas vraiment ses goûts. Bien sûr que je parle de vous, imbécile !… moi qui vous croyais intelligent, soupira-t-il. Bon, vous attendez quoi pour lui courir après avant qu'il ne saute d'une tour ?

- Whitewinter ?

- Mmh ?

Snape secoua la tête avec dérision.

- Ca ne fonctionne pas comme ça.

- Ah bon ? Ben mince alors, j'étais sûr qu'en sautant d'une tour on se tuait à coup sûr, pourtant.

- Ne faites pas l'imbécile, fit l'homme sèchement. Vous savez parfaitement de quoi je parle. C'est tout simplement impossible.

- Tout ce que je sais, c'est que Plume est triste. Qu'est-ce que vous lui reprochez ?

- A Plu… à Percevent ? (il lança un regard noir au blond qui affichait un sourire de triomphe). Bon Dieu, cette conversation est ridicule ! Allez-vous-en.

- Certainement pas. Alors ?

Severus jeta un regard fatigué à son élève qui patientait tranquillement et renonça.

- Plume a seize ans, il est en bonne voie pour accomplir une carrière exceptionnelle, au vu de son intelligence et de ses capacités. Avec un peu de chance, il pourra oublier son passé peu agréable, et n'aura aucun mal à se trouver une femme exceptionnelle qui l'adorera. Cela vous suffit-il ?

Whitewinter le fixait de ses grands yeux noirs écarquillés.

- C'est tout ? Je veux dire… vous ne lui reprochez pas d'être un démon-dragon ou le fils de Voldemort ?

- Bien sûr que non, soupira Severus avec agacement. Où avez-vous été pêcher ça ?

- Vous ne lui en voulez pas pour ses crises ? Vous n'avez pas peur de lui ? Il ne vous dégoûte pas ?

- Non !

- Ca ne vous fait rien qu'il soit un homme ? Ou qu'il ait quinze ans de moins que vous ? Vous vous fichez du qu'en-dira-t-on ?

- Totalement, répondit Severus un peu surpris.

- Donc, si j'ai bien compris (et Whitewinter affichait un sourire hilare), tout ce qui vous gêne, c'est la pensée de ne pas être assez bien pour lui ?

- Whitewinter sortez d'ici.

Mais le blond se roulait déjà par terre en riant.

- Et Plume… et Plume, hoquetait-il, qui pense exactement la même chose ! Ô Merlin… ils sont faits l'un pour l'autre !

- Whitewinter !

L'adolescent se calma et se redressa.

- Je vous aime bien, en fait, sourit-il.

- …

- Ecoutez-moi. Si Plume est obligé de vous quitter encore une fois, il en mourra. Il n'y a que vous qui puissiez le sortir de là, et non pas quelque ''femme exceptionnelle''. C'est vous qui comptez à ses yeux. Et il croit que vous le détestez. Alors à votre place, je ferais quelque chose. Bon, sur ce, bon après-midi.

Et il disparut, abandonnant un Severus K.O.

Plume ne vint pas en cours le lendemain, ni le surlendemain, ni le restant de la semaine, il ne vint plus en cours jusqu'aux vacances de Noël.

Severus apprit qu'il était au lit avec 40° de fièvre.

A suivre.