Titre: Risques personnels version modifiée 10/2003 Chapitre 3 : Ce Sombre Monde (3/7) Auteur: R. J. Anderson Email: rebeccaj@pobox.com Traduit de l'anglais par dark_rogue@caramail.com Categorie: Drama/Angst Mots clefs: Rogue, Maugrey, cinquième année, après la coupe de feu (Accord parental souhaitable)

"Qu'est-ce que tu fais ?" dit la voix d'une fille.

Maud leva la tête et vit Hermione Granger debout devant la table, sa tête inclinée de côté, pour lire ce que Maud avait écrit. "J'étudie l'alphabet hébreu," dit-elle et la fille inclina la tête, comme satisfaite.

"Je savais que je ne connaissais pas ces lettres. Mais . de l'hébreu ?" Ses yeux s'élargirent avec un mélange étrange d'excitation et l'inquiétude. "On ne va pas les étudier en cours de Runes , n'est-ce pas ?"

Si cela avait été un autre Gryffondor qui lui parlait, Maud aurait fermé le sujet fraîchement et serait retournée à son travail. Hermione, cependant, était une amie de Viktor Krum et avec cette connaissance mutuelle il était naturel qu'ils dussent avoir au moins une conversation. En tout cas, Rogue avait quitté Poudlard après le petit déjeuner et Muriel n'avait aucune raison d'être jalouse du fait que Maud parle à Hermione, ainsi il y avait peu de chose à craindre. "Non", elle admit. "Je l'apprends pour le cours de Potions."

"Ah. Pourquoi n'utilises-tu pas juste un charme de traduction ?"

"Parce que je dois écrire de l'hébreu, et non le lire." L'autre fille continuait à sembler perplexe, aussi Maud continua avec un peu d'exaspération, "Tu sais, pour quand tu dois dessiner une lettre sur la surface d'une potion."

Hermione sembla étonnée. "Je n'ai jamais entendu parler de lettres hébraïques employées de cette manière." Elle fit une pause. "Ce n'est pas mentionné dans la Magie du Moyen-Orient, j'en suis sûre. Il y a une référence dans une Histoire des potions de l'Orient à des sorciers chinois dessinant des idéogrammes porte-bonheur autour du bord de leurs chaudrons, mais ce n'est pas de ça dont tu parles. N'est-ce pas ?"

"Non." Maud posa sa plume et ferma le livre élémentaire hébreu qu'elle lisait. "Tu veux dire que tu n'as jamais rencontré par hasard de référence au traçage de lettres ou de runes sur une potion ? Avec une plume, par exemple ?" Elle ne connaissait pas très bien Hermione, mais d'après ce qu'elle entendait cette fille était une encyclopédie de théorie magique vivante. Si elle n'en avait pas entendu parler...

"Je suppose que ce pourrait être dans Magica Hebraica," réfléchit Hermione, mais elle semblait en douter. "Attends, je vais aller voir."

Elle revint quelques minutes plus tard avec un volume fatigué, s'assit au bout de la table de Maud et commença à parcourir les pages. "Non", elle murmura. "Non, ce n'est pas cela ... peut-être au Chapitre Onze..."

Il y avait une façon plus rapide de résoudre ce problème, réalisa Maud : chercher la recette pour la Potion de Dissolution et voir ce qu'elle disait. Si elle s'en souvenait correctement, elle la trouverait dans Potions de Grands Pouvoirs, qui était rangé dans la Réserve; mais Rogue lui avait déjà donné carte blanche à cet égard et Madame Pince ne lui demandait même plus de note. Pendant que Hermione continuait à tourner les pages et à murmurer , Maud se leva tranquillement de sa chaise et alla demander le livre.

Un regard à la page appropriée confirma ses craintes. La recette demandait bien une plume de griffon, mais les instructions ne faisaient aucune allusion à ce qui devait en être fait. Il n'y avait certainement rien là dedans à propos de lettres hébraïques, ou de dessin, ou...

Hier soir, Maud était restée loin du dortoir des Serpentards jusqu'au dernier moment possible et s'était couchée seulement après que la lumière ait été éteinte, ne voulant pas que Muriel la voie. Même comme cela, le souvenir du contact de Rogue brûlait encore contre sa peau et elle avait craint de regarder son bras de peur de voir la marque de ses doigts y rougeoyant.

Le sommeil n'avait jamais semblé si loin d'elle. La seule solution qu'elle avait trouvée pour se reposer au moins un peu était de se dire, encore et encore, qu'elle faisait beaucoup de bruit pour rien. Comment Rogue aurait- il pu lui montrer comment faire autrement ? C'était, après tout, une potion extrêmement volatile et les instructions devaient être suivies à la lettre...

Je le tuerai, se répercutait la voix furieuse de son oncle dans son esprit.

"As-tu trouvé ?"

Maud sursauta et laissa presque tomber le livre. Elle se tourna pour voir qu'Hermione était debout là, Magica Hebraica dans la main. "Moi je n'ai pas pu, "admit la jeune fille. Alors, avec une curiosité renouvelée, "Où en as- tu entendu parler, de toute façon ? Es-tu sûre que ce n'était pas juste une plaisanterie ?"

"Oui." Maud rendit Potions de Grands Pouvoir à Madame Pince et se détourna. "Tout à fait sûre."

* * *

Il y eut une autre longue pause avant qu'Alastor Maugrey ne parle de nouveau, semblant aussi résigné et las qu'elle se sentait : "Et tu dis que tu n'es pas amoureuse de Rogue."

"Je ne le suis pas. Mon oncle, quand t'ai-je jamais menti ?"

Il prit sa main, ses grands doigts engloutissant les siens, et la serra. "Je sais, jeune fille. Je suis désolé. Mais ces choses arrivent, tu sais. Cela pourrait encore arriver."

"Je ne sais pas pourquoi tu penses cela. Ses manières n'ont rien de charmant."

Maugrey eut un fou rire. "Ca c'est sûr!" Puis son visage se dégrisa de nouveau et il dit, "Juste ... ne prends pas la dureté pour de la force, Maudie, ou un homme à mauvais caractère pour quelqu'un de sensible. Beaucoup de femmes font et le regrettent."

C'était la plus proche admission qu'il ait jamais émise qu'elle ne pourrait pas toujours être une enfant et Maud se sentit curieusement émue. "Je me le rappellerai," dit-elle doucement. "Je te le promets."

***

Le chaudron dans le bureau de Rogue bouillait dangereusement haut lorsque Maud fut capable de s'échapper de sa dernière classe et de se hâter de descendre au donjon pour le remuer. Il le mériterait, elle pensa amèrement, si elle le faisait de travers et si cela lui explosait au visage. Néanmoins, elle donna les six coups en sens inverse des aiguilles d'une montre qu'il fallait et attendit que le bouillonnement baisse avant de quitter à nouveau le bureau et de fermer la porte derrière elle.

Elle n'avait pas fait trois pas dans le hall que la voix nasale, stridente de Muriel l'interrompit. "Que faisais-tu dans le bureau de Rogue, Maugrey ? Ou bien est-ce que je veux le savoir ?"

Maud s'arrêta sans se retourner. "Oh, je suis sûre que tu crois que tu le sais vraiment," dit-elle froidement. "Mais en fait, le Professeur Rogue est absent de Poudlard aujourd'hui. Essaye de déterrer tes sales rumeurs ailleurs, Groggins. Il n'y a rien pour toi ici."

C'était le discours le plus direct qu'elle ait jamais adressé à Muriel, mais cela ne sembla pas la dérouter. "Tu es rentrée tard hier soir," dit l'autre fille doucement, s'approchant d'elle et frappant Maud durement du bout de sa baguette . "Très tard. Où étais tu, Maugrey ? Que faisais-tu ?"

"J'étais dans la tour d'Astronomie, et je sortais avec George Weasley," répondit Maud et elle commença à s'éloigner.

Muriel saisit une poignée des robes de Maud, la fit tourner et la poussa contre le mur. "Tu penses que tu es parfaite, n'est-ce pas ? Tu penses juste que tu es meilleure que tous. Prouve le alors. Tout de suite."

Maud s'arracha d'elle. "Je n'ai rien à prouver, à toi ou à quiconque. Et se battre est contre les règles de Poudlard, alors remets cette baguette dans ta manche ."

"Allez," chuchota Muriel, ses yeux porcins scintillant dans le demi-jour. Elle se plaça au milieu du couloir, les coudes fléchis, ses doigts se serrant et se desserrant autour de sa baguette . "Allez, tu sais que tu le veux."

"Va te faire désartibuler , Groggins."

"Oh, la petite aveugle a son caractère. Rogue le sait-il ? Peut-être . Peut-être qu'il aime ça. Est-ce que c'est ce qu'il te chuchotait à l'oreille hier soir ?"

Maud se figea, immédiatement et complètement, comme si elle avait regardé un Basilic en face. Elle regarda fixement Muriel, incapable de parler.

"Il t'approche de si près quand il te donne des intructions, n'est-ce pas," dit l'autre fille, un sourire malveillant fendant son visage. "Pas en classe, oh non, notre Roguinet est bien trop intelligent pour cela. Mais quand il pense que vous êtes seuls tous les deux-"

Le sang surgit au visage de Maud et sa baguette dans sa main. "Trois", elle dit d'une voix enrouée. "Deux. Un."

"Apis!" cria Muriel et un long flot d'abeilles, bourdonnant furieusement, sortit du bout de sa baguette . Maud esquiva, sentant les griffes d'Athéna s'enfoncer durement dans son épaule et cria "Fumidus!" Immédiatement le couloir se remplit de fumée grise épaisse et les abeilles disparurent, laissant Muriel tousser dans sa manche.

Il n'y avait pas de temps à perdre. Maud leva de nouveau sa baguette . "Limus!"

"Contego!" cracha Muriel, juste à temps. Le sort rebondit sur un bouclier invisible et s'écrasa contre le mur. Alors elle appela d'une voix plus claire, "Turbo!"

Instinctivement Maud se jeta de côté, mais c'était trop pour Athéna. Effrayé, le petit hibou s'envola - directement au milieu du sort de Muriel. Avec un hurlement, elle commença à dégringoler , la tête par dessus les serres, ses ailes s'agitant frénétiquement pendant qu'elle s'efforçait de se tenir droite.

Le couloir tourbillonnait vertigineusement autour de Maud. Son estomac se rebella et elle se laissa tomber à genoux, une main devant la bouche pour ne pas vomir. Elle put à peine dire d'une voix entrecoupée le charme qui rompait sa liaison visuelle avec Athéna : "Abiungo-"

Et alors la baguette de Muriel était sur sa gorge.

"Pas si grande après tout, n'est-ce pas ?" Muriel respirait durement, mais il n'y avait aucun moyen de se tromper quant au triomphe de sa voix. "Sans ton hibou, tu n'es rien qu'une estropiée inutile. Et Roguounet chéri n'est pas là pour te sauver. Alors ... mets toi à genoux, l'aveugle. Embrasse mes pieds et promets d'être gentille et peut-être je te laisserai partir."

Derrière elle, Athéna tourbillonnait toujours et s'agitant désespérément, son hululement terrifié se répercutant dans le couloir. "Ne fais pas l'imbécile, Muriel," dit Maud entre ses dents. "Quelqu'un peut arriver à n'importe quel moment. Tu veux que je te dise que tu as gagné ? Très bien. Tu as gagné. Tu es meilleure que moi. Est ce que c'est ce que tu voulais entendre ?"

"C'est un début." Muriel donna un coup de baguette sur la joue de Maud , assez durement pour lui faire un bleu. "Demande-moi maintenant comment je savais pour toi et Rogue."

Maud souleva la tête, tendant ses yeux pour apercevoir le visage de l'autre fille, mais le monde resta noir. Elle ne pouvait pas se rappeler la dernière fois où elle s'était sentie si impuissante.

"Allez," insista Muriel, "demande".

"D'accord." La voix de Maud était à peine audible. "Comment savais-tu ?"

Muriel laissa échapper un petit cri de plaisir. "Je ne le savais pas! Je te taquinais juste. Tu veux dire - c'est vraiment vrai ? Tu étais avec lui hier soir ? Comme ça" Elle ricana. "Oh, vous allez avoir un tas d'ennuis quand je vais le dire à Umbridge... Tu pourrais être renvoyée, tu sais. Et ce n'est rien comparé à ce qu'ils feront à Rogue-"

Il n'y avait pas le temps d'hésiter, même de penser. Maud libéra brusquement sa baguette de ses robes, la dirigea dans la direction de la voix de Muriel et dit un mot simple, froid et clair :

"Oubliettes."

Il y eut un silence soudain, terrible. La prise de Muriel se relâcha et les cris frénétiques d'Athéna s'arrêtèrent. Une minute plus tard , Maud sentit les serres du petit hibou se refermer sur son épaule et elle leva une main à calme vers l'oiseau tremblant. Elle put sentir la bile dans sa gorge lorsqu'elle chuchota, "Iungo".

Muriel était assise contre le mur, sa baguette lui était tombée des mains, elle avait les yeux vides. "Salut", murmura-t-elle vaguement. "Où suis-je ? Et que fais-tu ici ?"

Je te hais. Je me hais. Je trahis tout ce pour quoi je me battais. Une larme brûla la joue de Maud. "Ce n'est pas important," dit-elle d'une voix épaisse, ramassant la baguette de Muriel et la lui rendant. "Juste - tu ferais mieux de venir avec moi. Nous allons être en retard en classe."

* * *

"Bien, tu es seule à présent , Maudie. C'est ce que tu voulais, n'est-ce pas ?"

Elle fut étonnée. "Je te demande pardon ?"

"Oh, allez, gamine. Tu n'aurais pas pris le risque de venir ici juste pour bavarder." Il bougea nerveusement sur sa chaise, posa son bon pied sur un coussin . "A la minute où j'ai ouvert la porte et où je t'ai vue là, je savais que tu étais venue pour dire au revoir."

C'était la partie de la conversation que Maud avait le plus redouté. Elle retourna sa baguette à plusieurs reprises dans ses mains, ne sachant que dire.

"Je ne serai jamais heureux de penser que tu travailles avec Rogue," dit son oncle d'une voix rauque. "Tu ferais mieux de t'y habituer. Retiens mes paroles, tu finiras par maudire le jour où tu lui a fait confiance. Mais-"

Maud retint son souffle.

"Même dans ce cas, je ne serai pas en travers de ton chemin." Il s'étendit vers elle, mit une main grande, traumatisée doucement sur celle de Maud. "Tu sais que tu as une maison ici, Maudie. Quoi qu'il arrive, tu pourras toujours - TOUJOURS - venir me voir."

Il fit une pause, puis découvrit ses dents dans un sourire soudain, diabolique. "Particulièrement si tu décides que tu voudrais que Rogue soit coupé en morceaux et donné en pâture aux kneazles."

***

Maud n'avait jamais imaginé qu'elle prendrait l'offre de son oncle au sérieux, après que la nuit ait commencé à tomber sur Poudlard, elle y pensait sérieusement. Où était Rogue, de toute façon ?

La potion qu'il avait confié à ses soins avait tourné au bleu liquide au premier tour, pourpre et visqueux au deuxième, et maintenant, finalement, cela était devenu aussi noir que de la marmite et c'était presque aussi épais. Pourtant elle n'avait aucune instruction qui l'aiderait à identifier le breuvage magique ou à décider ce qui devait en être fait . Rogue lui avait dit qu'il serait de retour avant maintenant. Mais il était dix heures et toujours aucun signe de lui.

Etait-elle censée venir ici pour remuer le brouet dans cinq autres heures ? Sûrement que non : il était contre les règles de Poudlard de laisser des élèves quitter leurs dortoirs après le couvre-feu et Rogue - malgré son comportement inexplicable d'hier soir - ne s'attendrait jamais à ce qu'elle transgresse les règles, ni ne serait heureux s'il apprenait qu'elle l'avait fait.

Mais si elle ne prenait pas soin de cette préparation, qui le ferait ? Potter ?

Maintenant cela sentait aussi la marmite. Maud fit une grimace et reposa la cuillère. Quel journée splendide elle avait eue. Tout ce dont elle avait besoin était que le chaudron de Rogue déborde à trois heures du matin et inonde les cachots . Alors il la ferait probablement revenir pour nettoyer.

D'un air impuissant elle jeta un coup d'?il autour de la pièce, espérant la trace d'une note, une recette, un livre laissé en plan ; mais ,c'était typique de Rogue, il avait laissé son bureau dans un ordre cliniquement parfait et il n'y avait aucun indice. Son seul espoir était de parler à Rogue, ou de découvrir au moins où il pouvait être. Mais comment ?

Athéna, sans aucun doute sentant la frustration de sa maîtresse, se rapprocha à la dérobée de l'oreille de Maud et la grignota pour la réconforter. Maud fit un sourire réticent, leva une main pour caresser le petit hibou-

1. et juste à ce moment là, elle sut.

Quelques minutes plus tard, armée de parchemin et de plume, elle s'assit à la table de la salle commune des Serpentards et écrivit les trois premiers mots qui lui vinrent à l'esprit. Le contenu du message n'était pas important de toute façon : tout ce qui importait était l'adresse. Soigneusement elle plia le papier, le scella avec sa baguette et écrivit " Professeur Severus Rogue" sur l'extérieur. Alors, avec quelque difficulté puisqu'elle voyait par les yeux d'Athéna et ne pouvait donc pas vraiment regarder Athéna, elle roula le parchemin et l'attacha à la patte du hibou.

Depuis l'incident avec Muriel, Athéna avait semblé distante et même avait un peu dépressive : mais maintenant, voyant la lettre, elle sautait d'agitation. En tant qu'hibou-guide, elle avait rarement l'occasion de délivrer du courrier. Elle mettrait tout son c?ur à cela, Maud le savait. Si Rogue pouvait être localisé à une distance raisonnable, Athéna volerait vers lui aussi rapidement que ses petites ailes la porteraient.

D'autre part, si Rogue était plus loin que quelques kilomètres, Maud perdrait le lien visuel avant qu'Athéna ne l'ait trouvé. Mais cela valait quand même la peine d'essayer. Même si Rogue recevait seulement le message , au moins il saurait que Maud le cherchait.

Aucun des autres Serpentards flânant dans la pièce ne sembla se remarquer ce que Maud faisait, ou s'en soucier : après tout, ils envoyaient tous des hiboux à leurs amis et parents pratiquement chaque jour. Maud choisit une des chaises à haut dossier devant le feu et s'y installa, respirant profondément pour calmer ses nerfs tremblants. Alors elle souleva Athéna dans ses mains en coupe, sentant la chaleur du petit hibou, son battement de c?ur irrégulier et rapide.

"Va," chuchota-t-elle.

Immédiatement Athéna fila, frôlant le plafond bas de la salle commune. Elle dût en faire le tour trois fois, évitant étroitement les lampes , avant que la porte ne soit ouverte et que quelques élèves ne rentrent; elle se jeta alors à travers l'ouverture et plus loin, tournant à gauche, droite, gauche de nouveau et au dessus de l'escalier.

Les doigts de Maud s'enfoncèrent dans les bras de la chaise pendant que le monde descendait et remontait en flèche autour d'elle. Partager la vision d'Athéna en vol n'était jamais une expérience confortable, particulièrement à l'intérieur. Mais enfin Athéna trouva un des nombreux passages pour hiboux de l'école, des ouvertures intelligemment cachées spécifiquement conçues pour l'utilisation par ceux de son espèce : en un clin d'?il elle passa au-dessus des murs extérieurs et s'enfonça dans la nuit hivernale.

Maud comprit avec culpabilité qu'elle avait envoyé le petit hibou dans un très mauvais temps : bien qu'elle ne puisse pas sentir le froid comme Athéna le faisait, elle pouvait voir les nuages épais couvrant la lune, les champs glacés et la neige fondue tombant des arbres. Pendant un instant les battement d'aile d'Athéna hésitèrent, faisant une embardée dans le champ de vision de Maud lorsqu'elle perdit brusquement de l'altitude : mais le petit hibou se rattrapa avant de tomber plus de quelques mètres et continua obstinément.

Elle vola au-dessus de Poudlard, de la hutte éclairée d'Hagrid s'engagea dans la Forêt Interdite. Là, parmi les squelettes sombres des arbres, Athéna ralentit son allure et glissa silencieusement, son regard fixe balayant la terre inégale comme si elle recherchait une proie.

Maintenant ça c'était étrange. La seule explication à laquelle Maud pouvait penser était qu'Athéna devait avoir faim et sentait le besoin d'un casse-croûte pour se fortifier avant de commencer sérieusement son travail. Mais à peine avait-elle eu cette pensée qu'une souris se précipita hors du sous-bois ,et Athéna l'ignora flegmatiquement. Que faisait-elle ?

Le hibou volait encore, traçant son chemin parmi les arbres, avant d'atteindre une petite clairière à demi étranglée d'épines et de ronces. Elle tourna autour de ce secteur lentement avant de se poser sur branche en surplomb. Maud serra les poings avec une impatience à peine réprimée. Quelque chose avait mal tourné, elle pensa. Athéna devait être confondue. Peut-être que le sort qu'avait lancé Muriel avait-

Puis elle comprit ce que le hibou voyait et le sang se figea dans ses veines.

Près du bord de la clairière, à demi caché par un buisson, une forme sombre était étendue par terre. Ses robes étaient en lambeaux, le côté de son visage noir de sang. Lorsqu' Athéna quitta son perchoir et voleta vers lui, il fit un effort pour se redresser, seulement pour s'effondrer encore une fois sur l'herbe parsemée de neige.

Imperturbable, Athéna se posa sur l'épaule de l'homme blessé et sautilla vers le croissant pâle que faisait son visage. Puisqu'il ne répondait pas, elle grignota son oreille, mais il ne bougea même pas. Finalement, évidemment déconcertée, elle recula et s'assis en regardant le corps immobile de Rogue tandis que la neige fondue tombait autour d'eux.

Maud dût combattre l'impulsion de se jeter hors de sa chaise. Désespérément, silencieusement, elle s'écria au hibou qui était son seul moyen de vue : Reviens! Nous devons aller le chercher - tu dois me montrer - laisse le et reviens!

Le lien qu'elle partageait avec Athéna n'était que visuel, rien de plus; mais le charme créait un certain lien, que le caractère familier et les années passées avaient approfondis en une sorte d'empathie. Athéna ne pouvait pas avoir entendu le cri de Maud, mais elle connaissait assez bien sa maîtresse. Son hésitation ne dura qu'un moment de plus : alors avec une décision soudaine elle griffa la lettre pour la détacher de sa jambe, la laissa tomber sur la main mollement allongée de Rogue et redécolla.

Il n'y avait pas de temps à perdre. "Abiungo", chuchota Maud et l'image de la forêt, avec ses chemins sinueux et son jeu d'arbres sombres et proches, disparut. A l'aveuglette, elle se leva de sa chaise et sentit son chemin le long du mur en pierres brutes en direction de la porte.

Ce n'était pas la première fois que Maud marchait dans les couloirs de Poudlard sans Athéna. Pendant les quelques dernières semaines, sachant que son manque de familiarité avec le château était un inconvénient, elle s'était efforcée de mémoriser les itinéraires de son dortoir à plusieurs places clefs : la Grande Salle, le cachot souterrain où Rogue donnait ses cours de potions, le bureau de Dumbledore...

Dumbledore. Il l'aiderait - aiderait Rogue - plus que tout autre. Dumbledore était celui à qui son mentor faisait ses rapports en tant qu'enseignant et en tant qu'espion; il était aussi, Maud le sentait, la chose la plus proche que Rogue ait eu d'un père. Si elle pouvait seulement arriver à l'atteindre avant qu'il ne soit trop tard!

Brossant le mur du bout des doigts, elle comptait ses pas, se déplaçant aussi rapidement qu'elle l'osait. Cinquante-trois, cinquante-quatre - et à gauche. Le prochain virage était à gauche : et ensuite elle devait monter un escalier étroit de dix-sept marches, évitant soigneusement la sixième, qui avait une tendance malheureuse à céder et à piéger les élèves imprudents.

L'entrée du bureau de Dumbledore était à trente-huit pas du sommet de l'escalier, derrière une gargouille en pierre. Maud mit sa main sur la tête rude de la statue, se forçant à respirer profondément, à penser calmement et rationnellement. La dernière fois qu'elle était venue ici, le mot de passe avait été...

" Sirop fondant," dit-elle.

Il n'y eut aucune réponse, mais Maud n'en avait pas vraiment attendu : bien sûr, Dumbledore aurait changé le mot de passe depuis lors. Elle essaya les noms de plusieurs autres confiseries, passant du délectable au grotesque. Aucun d'eux ne marcha. Avec une frustration montante elle a saisi la gargouille des deux mains, et commença à débiter à toute allure les noms de toutes sortes de nourriture et de boisson auxquels elle pouvait penser : toujours rien.

"Jus de citrouille," dit-elle d'une voix rauque. "Pouding . Bouillabaisse- "

"Maud ?"

La voix était celle de George et elle sonnait inhabituellement sérieuse. Maud se figea, se demandant s'il était sûr de lui parler, mais il anticipa :

"Tout va bien, il n'y a personne alentour. Que fais-tu ici ?"

"Je dois parler à Dumbeldore ," dit-elle en tremblant. "Tout de suite. C'est important."

"Dumbledore n'est pas dans son bureau. Il n'est même pas à Poudlard. Ecoute , Maud, je-"

"Pas ... là ?" Même ses pires craintes n'avaient pas inclus cela. Elle avait vu Dumbledore dans la Grande Salle au dîner : il n'y avait aucune raison de penser qu'il projetait de partir ce soir. Il y avait, bien sûr, la possibilité mince qu'il soit parti chercher Rogue. Mais elle n'osait risquer la vie de son mentor sur une possibilité.

Il n'y avait rien d'autre à faire. Maud devait sortir, dans le froid et la neige fondue et tous les dangers de la Forêt Interdite, toute seule. Aussitôt qu'Athéna reviendrait, elle-

La main de George se posa, très doucement, sur son épaule. "Je suis vraiment désolé," dit-il et prenant sa main il posa quelque chose de petit et de doux dans sa paume. C'était encore chaud, mais c'était tout à fait mou et ses doigts ne pouvaient détecter aucun battement de c?ur.

"Athéna," chuchota-t-elle.