Titre: Risques personnels version remaniée 10/2003 Chapitre 4 : Sans Répit (4/7) Auteur: R. J. Anderson Email: rebeccaj@pobox.com Traduit de l'anglais par dark_rogue@caramail.com Categorie: Drama/Angst Mots clefs: Rogue, Maugrey, cinquième année, après la coupe de feu (Accord parental souhaitable)

"Je ne sais pas pourquoi elle est venue vers moi et non vers toi," dit George. "Je me dirigeais juste vers le Portrait d'entrée quand elle est tombée de nulle part et a atterri à mes pieds. Quand je l'ai ramassée, elle était déjà morte..."

Maud pencha sa tête vers ses mains en forme de coupe, tenant le corps minuscule, sans vie d'Athéna contre son c?ur. Les signes avaient tous été là, pensa-t-elle misérablement. Pourquoi ne les avait-elle pas vus ?

"... et je savais que je devais te trouver, te le dire. Il y a une carte de Poudlard -C'est Harry qui l'a maintenant - elle montre où chacun est..." Une pause maladroite. "Alors je suis venu."

Sa gorge était toujours trop serrée pour qu'elle ne parle. Elle hocha la tête.

"Penses-tu ... est-ce que quelqu'un lui a fait cela ?"

Maud secoua la tête. Athéna n'était plus jeune et entre le choc d'être frappée par le sort lancé par Muriel et l'effort inhabituel de voler dans le froid et la pluie, son c?ur avait simplement cédé. Elle devait avoir su qu'elle était en train de mourir , pour être allée vers George. Le trouver avait été le cadeau de séparation d'Athéna à sa maîtresse, un acte final de fidélité et d'amour.

Lentement Maud sortit sa baguette , la tint suspendue au-dessus du corps du petit hibou. "Petrificus corpus," chuchota-t-elle et les plumes douces se changèrent en pierre. Maintenant rien ne pourrait nuire à Athéna et elle serait en sûreté ici jusqu'à ce que Maud puisse revenir et lui donner un enterrement approprié. Soigneusement, bien qu'une telle douceur ne soit plus nécessaire, Maud se baissa et la posa entre les pattes de la gargouille. Alors, chassant ses dernières larmes, elle se redressa et se tourna vers George.

"Aide-moi," dit-elle d'une voix rauque. "S'il te plaît. Athéna savait- Je dois aller à la volière."

Pendant un instant George hésita et elle craint qu'il ne soit sur le point de se disputer avec elle, ou de poser au moins des questions maladroites. Puis elle entendit le traînement de ses chaussures contre la pierre lorsqu'il se déplaça et son bras se glissa autour de ses épaules.

"D'accord," dit-il. "Allons-y ."

Avec reconnaissance elle s'accrocha à lui pendant qu'il la conduisait le long du couloir loin du bureau de Dumbledore. Son bras était étonnamment fort, dur avec du muscle et pas du tout comme la stature plus maigre, filiforme de Rogue. Elle supposa que cela devait être dû au Quidditch - George et Fred étaient des Batteurs, si elle se souvenait bien, ce qui signifiait donner beaucoup de coups durs. Ou du moins avait signifié, jusqu'à ce qu'Umbridge les ait bannis du jeu.

Ce qui lui rappelait ... elle pourrait aussi bien lui dire maintenant. N'importe quoi pour détourner son esprit de ce qui venait d'arriver, ou qu'elle était sur le point de faire. "Il y a quelques jours," dit-elle tranquillement pendant qu'il la guidait pour monter un escalier en bois grinçant, "tu m'as demandé pourquoi je ne vais à aucun match de Quidditch."

"Quoi ?" dit George, clairement désorienté. "Oh, ce - ce n'est rien. Oublie-ça."

"Non, je te dois une explication." En fait c'était la moindre des choses qu'elle lui devait, particulièrement après cela : mais c'était un début. "J'ai essayé de regarder le Quidditch de temps en temps, quand j'étais jeune : mon oncle m'a amené à quelques matchs. Mais Athéna ne pouvait jamais savoir où regarder. Elle n'arrêtait pas de suivre les mauvais joueurs, se faisait distraire par un Cognard quand quelqu'un d'autre attrapait le Vif d'or. Et bien sûr il n'y avait aucun moyen de lui expliquer le jeu. Tout cela était juste un exercice frustrant pour nous deux. Donc j'y ai renoncé."

"Espèce d'idiot," dit George avec dégoût, se désignant clairement. "J'aurai dû y penser moi-"

Le mot s'estompa dans un sifflement : il la tira brusquement derrière lui, dans un embrasure étroite. Pendant une folle seconde Maud se demanda ce qui se passait; puis elle entendit des voix descendant le couloir vers eux. Elle retint son souffle pendant qu'ils approchaient :

"Je vous l'ai dit, Minerva, ce n'est pas à nous d'agir." C'était le Professeur Flitwick. "Si Dumbledore veut s'occuper de cette situation, il le fera sans aucun doute-"

"Professeur Dumbledore," dit la voix craquante de McGonagall , "a assez à l'esprit comme cela ces derniers temps. Comme nous tous, sans que ce genre d'absurdité arrive. Aussitôt que le Professeur Rogue reviendra-"

"Vous allez le lui dire ?" Flitwick sonna alarmé. "Pensez-vous vraiment que c'est sage ?"

"Bien sûr . C'est celui qui devra s'en occuper , après tout..."

Ils tournèrent au coin et Maud put sentir les muscles crispés du dos de George se détendre un à un pendant que les voix des professeurs s'éloignaient laissant revenir le silence.

"C'est bon," il lui chuchota. "La voie est libre." enroulant son bras autour de sa taille, il la tira de l'alcôve et ils se dépêchèrent de continuer.

"De quoi penses-tu qu'ils parlaient ?" demanda Maud, bien qu'elle ait un soupçon assuré, de le savoir déjà .

"Sais pas. Quelque Serpentard ou autre, probablement-" George s'arrêta. "Ce n'est pas toi qui a des ennuis, n'est-ce pas ? Suis-je en train de me rendre complice d'un crime ?"

"Non," dit Maud. Au moins, elle ajouta pour elle-même, pas encore.

"Dommage," dit George avec regret. Alors, avec un ton plein d'espoir, "Penses-tu que nous pourrions en commettre un de toute façon ?"

Il la taquinait, elle le savait, essayant de lui remonter le moral. Sans aucun doute il pensait que la meilleure et la plus gentille chose à faire serait de lui ôter Athéna de l'esprit pour le moment, de la faire rire ; et dans le cas général, il aurait eu raison. Mais il ne savait pas que Rogue était couché seul, là-bas dans la forêt, en loques et en sang et sans aucun doute à demi mort de froid-

"Hé," dit George. Il courba un doigt sous son menton, et souleva son visage. "Ne fais pas cette tête là, Maud. Nous sommes presque arrivés. Tout va BIEN se passer."

C'était une réplique évidente et n'importe quelle adolescente ordinaire, particulièrement ayant aussi désespérément besoin de réconfort que Maud en avait sur le moment, aurait fermé les yeux et se serait laisser embrasser. George était drôle et charmant et étonnamment prévenant et Maud n'avait aucune raison au monde pour détourner son visage...

Elle détourna son visage. "Merci," dit-elle doucement.

George prit un pas plus rapide, comme elle avait su qu'il le ferait. "Les demoiselles en détresse sont notre spécialité," dit-il d'un ton désinvolte et elle entendit le grincement de vieilles charnières lorsqu'il ouvrit une autre porte.

Il fut clair en un instant que c'était la porte de la volière, lorsque l'odeur acre des fientes d'oiseau assaillit les narines de Maud. Elle toussa et frotta son visage contre sa manche pendant que George la conduisait plus loin, dans la pièce froide et pleine de courants d'air.

"Et maintenant ?" demanda George.

"J'ai besoin d'un hibou," dit-elle. "Le plus petit que tu pourras trouver, mais un qui semble assez calme."

"D'accord." Il lâcha ses épaules et elle l'entendit chercher à travers la pièce, faisant de temps en temps des bruits de dégoût quand son pied glissait. "Par l'enfer, il gèle ici."

Maud se pelotonna , en frissonnant et attendit qu'il revienne en trébuchant . "J'ai trouvé," dit-il. "Je ne suis pas sûr de savoir s'il est vraiment calme ou s'il est comateux, mais le voilà." Avec des doigts doux il mit une mèche de cheveux derrière son oreille, puis posa le hibou sur son épaule. Elle pouvait sentir ses serres se refermer sur le tissu de ses robes, plus grandes qu'Athéna et sans aucun doute plus aiguisées aussi; mais l'oiseau s'était assis sur son nouveau perchoir légèrement et elle ne sentit aucune douleur.

Maintenant, elle pensa, c'est le moment de vérité. Elle n'avait jamais essayé cela auparavant avec un oiseau inexpérimenté : en l'absence des préparatifs magiques spéciaux qui avaient fait d'Athéna une hibou-guide si performante, le charme de liaison pourrait mal marcher, ou irrégulièrement, ou pas du tout. Maud leva sa baguette, la fit tourner autour de sa tête et dit d'une voix claire, "Iungo".

Quelques terribles secondes se passèrent dans l'obscurité. Ca ne marche pas, pensa Maud frénétiquement puis, mais il faut que ça marche. Il le faut.

Une lumière miroita aux bords de sa vision, puis commença lentement à s'étendre, comme l'aube d'un soleil fantomatique. L'image qui se créait peu à peu dans son esprit était sombre et indistincte - une pièce ronde dans une tour avec des perchoirs sombres alignés - et semblait étrangement disloquée, comme si elle regardait le monde sous un angle peu familier.

Le nouveau hibou devait être plus grand, comprit-elle. Cela lui prendrait quelque temps pour s'habituer. Et la liaison entre eux était au mieux primitive : quand elle se tourna pour regarder George, elle pouvait à peine deviner ses traits. Elle pouvait seulement espérer que sa vision deviendrait plus précise avec le temps.

"Ca a marché," dit-elle, mettant sa main dans celle de George et la serrant avec reconnaissance. "Merci. Merci beaucoup."

"Est-ce que tu vas bien ?" Il demanda, ses sourcils froncés et soucieux. "Tu es blanche comme un linge. Pendant une minute j'ai pensé que tu allais t'évanouir."

"Je vais bien. Juste ... merci." Elle hésita, puis se pencha en avant et posa ses lèvres contre sa joue. "Je n'oublierai jamais ça."

George sourit, ses dents faisant un flash blanc dans le demi-jour. "Ne t'inquiète pas. Moi non plus."

Maud se tourna alors pour partir, mais il attrapa son bras. "Attends une minute," dit-il. "Où vas-tu ?"

Une partie d'elle-même avait désespérément envie de le lui dire, pour lui demander son aide. S'aventurer seule, à moitié aveugle, dans l'obscurité, cherchant un homme qui était au moins sérieusement blessé et peut-être - non, ne pense pas cela - mort, sachant que même une fois qu'elle l'aurait trouvé ce serait un voyage long et fastidieux pour revenir à Poudlard, était presque insupportable.

Mais si ses soupçons étaient justes et que les blessures de Rogue étaient le résultat de quelque activité secrète, il ne voudrait pas que quiconque sache qu'il avait été blessé. Et arriver pour sauver Rogue avec George Weasley dans son sillage trahirait son alliance avec ces deux hommes - non seulement, mais au reste de Poudlard aussi, une fois que leur absence mutuelle serait connue. Elle pouvait juste imaginer Rogue essayant d'expliquer ça à Voldemort.

Désespérée, elle secoua la tête. "Je suis désolée, George. Je ne peux pas te le dire. Mais je n'ai pas de temps à perdre - s'il te plaît - laisse moi partir." Comme il ne desserrait pas sa prise elle ajouta frénétiquement, "Un jour, bientôt, je te jure que je ferai de mon mieux te récompenser pour ta gentillesse envers moi. Mais pas maintenant. Pas - MAINTENANT!"

Elle tira violemment de toute sa force pour se libérer de son étreinte, sortit en coup de vent par la porte (alarmé, le hibou agita ses ailes et hulula une protestation) et descendit l'escalier quatre à quatre, ses robes noires volant derrière elle. "Accio manteau," elle haleta tout en courant. "Accio cache-nez. Accio gants."

Elle essaya de ne pas imaginer ce que ses camarades de chambre pourraient penser quand son coffre s'ouvrit et que ses biens commencèrent à voler hors de la pièce. Mais cela ne ferait aucun bien à Rogue s'ils mourraient tous les deux de froid. George devait finalement avoir compris, car il ne semblait pas essayer de la suivre. Maud ralentit en approchant de l'entrée de Poudlard, soulagée de voir les vêtements elle avait appelés glisser rapidement vers elle. Elle attrapa le manteau en l'air et le mit sur ses épaules, jeta le cache-nez vert et argent des Serpentards autour de sa gorge. Puis elle poussa la porte et sortit dans le froid.

***

"En voilà assez!"

La voix d'Alastor Maugrey traversa la pièce comme le tonnerre, prenant Maud complètement au dépourvu. Elle eut à peine le temps de lever la tête avant qu'il ne saisisse son bras dans une poigne pareille à celle d'un ours et ne la tire violemment sur ses pieds.

"Oncle - ?"

"N'essaye pas de m'embobiner, gamine! Je suis malade de tes mensonges ." Inexorablement il la propulsa vers la porte, son pied en bois battant fort comme le marteau d'un magistrat. "Tu es peut-être capable de tromper Dumbledore, mais ne pense pas un instant que tu peux me duper!"

Réalisant trop tard ce qui allait arriver, Maud lutta contre sa poigne. "Tu ne peux pas faire ça!" haleta-t-elle. "Mes parents-"

"-se retourneraient dans leurs tombes," ragea Fol Oeil , "s'ils savaient quelle sorte de petit serpent toxique leur fille est devenue! Ne me parle pas de responsabilité, fillette. Tu auras dix-huit dans deux mois et j'en aurai fini avec toi. Et bon débarras!"

Il la poussa dans l'escalier si durement qu'elle chancela et tomba presque. Elle pouvait voir les rideaux des voisins se tirer d'un coup sec pendant que son oncle continuait à crier d'une voix assez forte pour être entendu sur toute la longueur de la rue :

"Va-t-en! Dehors ! Et si jamais tu essayes de revenir.-!"

La porte claqua, et elle fut seule.

* * *

La lune s'était finalement libérée des nuages et la pluie glaciale ralentissait. L'herbe crissait sous les pieds de Maud tandis qu'elle courait à travers les terrains de Poudlard descendant vers la Forêt Interdite.

Pour tout ce qu'elle savait, Umbridge ou un de ses espions pourrait être en train de l'observer des fenêtres de Poudlard : mais elle n'avait pas de temps à perdre à être plus discrète. Déjà ses préparatifs avaient duré trop longtemps et Rogue pourrait en ce moment même rendre son dernier soupir. Cette pensée fit serrer son estomac d'une manière insupportable et elle redoubla son allure.

Elle ralentit en s'approchant de la hutte d'Hagrid. La lueur du feu rougeoyait chaudement par les fenêtres et la silhouette énorme, velue du propriétaire était clairement visible à l'intérieur. Oserait-elle mettre Hagrid au courant ? A sa propre façon il était un ami de Rogue : de temps en temps il semblait même le considérer avec la sorte d'affection qu'aurait un propriétaire, comme si Rogue était quelque monstre fabuleux. Mais d'autre part, bien que Hagrid soit indéniablement de bonne volonté, il n'était pas exactement renommé pour sa discrétion...

Maud enveloppa plus fermement le manteau autour de ses épaules et se dépêcha de continuer.

Au moment où elle mit le pied dans la Forêt Interdite elle regretta l'avoir fait. Les arbres se tressaient indistinctement au-dessus d'elle, leurs bras noirs, osseux s'entrelaçant si étroitement qu'ils bloquaient presque tour les rayons ternes du clair de lune. Maud fit seulement quelques pas avant de trébucher et de se tordre la cheville, tombant presque la tête la première avant de pouvoir saisir une branche surplombante pour se rétablir. C'était la folie, elle pensa frénétiquement. La forêt était trop sombre, la liaison visuelle était trop faible - elle ne trouverait jamais Rogue à ce train là.

Elle boita encore quelques pas avant que sa propre stupidité ne lui devienne claire. Sortant sa baguette de ses robes, dégoûtée de ne pas y avoir pensé plus tôt, elle la leva et dit à haute voix, "Lumos".

Une lumière jaillit de la baguette, une lumière miroitante d'argent qui éclairait le chemin devant elle. Elle aperçut deux yeux jaunes effrayés lorsque quelque petite créature bondit hors de son chemin et disparut parmi les arbres; au-dessus, un freux s'agita et croassa avant de se réinstaller sur son perchoir.

Il y avait des centaures dans ce bois et des licornes; mais il y avait beaucoup de choses moins plaisantes et la forêt n'était pas interdite sans raison. Cependant, quand Athéna avait fait son premier survol de la place, Maud n'y avait rien vu à craindre. Peut-être que la plupart des créatures hibernaient, ou du moins se pelotonnaient quelque part au chaud. Après tout, seulement un monstre singulièrement décidé - ou une jeune femme particulièrement désespérée - serait dehors par une nuit pareille .

Elle avait une assez bonne idée de la direction dans laquelle elle pourrait trouver Rogue : mais dans son vol au-dessus de la forêt Athéna peu fait attention aux chemins et c'était difficile pour Maud de prévoir où se dirigeait un chemin donné. Deux fois elle commença à suivre un itinéraire prometteur, seulement pour le voir se tourner dans une direction inattendue et la forcer à battre en retraite. Enfin, frustrée presque au point de pleurer, elle s'arrêta, se tourna et regarda derrière elle le chemin par lequel elle était venue, pensant qu'elle devrait peut-être retourner chercher Hagrid après tout.

À moins que...

Maud posa sa baguette sur sa paume ouverte et dit, "Praemonstro Severus Rogue!"

La baguette magique fit un cercle et s'arrêta, pointant une direction en dehors du chemin - vers la partie la plus épaisse de la forêt. Pendant un instant Maud hésita : puis, avec un soupir, elle rassembla ses robes et commença à marcher difficilement dans le sous-bois.

"Reducto!" dit-elle, balançant la baguette devant elle comme une machette et donnant des coups de pied aux restes noircis des buissons pour les écarter de son chemin. "Reducto! Reducto!"

Même avec l'aide de magie ce n'était pas une tâche facile que de se tracer un nouveau chemin et lorsque Maud atteint finalement sa destination, elle était épuisée. Elle fit sauter de côté l'obstacle final - un buisson d'épine à l'air particulièrement désagréable - et s'engageait tout juste dans la clairière lorsque ses pieds las la trahirent. Elle prit son pied dans une racine, trébucha et atterrit honteusement sur ses mains et genoux.

"J'enlève ... vingt points ... à Serpentard," dit une voix faible mais distinctement audible venant de par terre à côté d'elle. "Vous me décevez ... extrêmement ... Mlle Maugrey ...."

Maud s'effondra presque de soulagement. Elle rampa vers lui, prit sa main froide et sans force dans les deux siennes et lui demanda d'une voix tremblante, "Est-ce pour être allée dans la Forêt Interdite, être dehors après le couvre-feu, ou avoir défiguré les terrains de Poudlard ?"

Elle pouvait à peine discerner les traits de Rogue dans l'obscurité, mais il sembla réfléchir. Enfin il dit, "Vous avez raison ... cinquante points."

Maud pouvait sentir son pouls faible et irrégulier sous ses doigts et sa peau était d'un froid glacial. Lorsqu'elle enveloppa ses bras et son manteau autour de lui, il tremblait de façon incontrôlée et ce n'était pas étonnant : il était trempé jusqu'aux os. "Je suis une imbécile," dit-elle furieusement. "J'aurais dû venir avec Hagrid-"

"Non," dit Rogue en claquant des dents . "Pas Hagrid."

Maud le regarda avec inquiétude. Rogue était mince, mais il était certainement plus lourd qu'elle, particulièrement avec ces robes détrempées : En aucune façon elle ne pourrait le soulever . Transplaner était hors de question. Il y avait une civière et des couvertures chaudes à l'infirmerie de Poudlard, mais elle n'était pas en état de les Appeler d'une telle distance. S'il s'agissait seulement de transporter Rogue, elle pourrait jeter le simple sort mobilicorpus ; mais il avait besoin d'être réchauffé. Aussi...

"Levo," chuchota-t-elle et elle sentit son corps s'alléger. Lentement, doucement, elle commença à le tirer sur ses pieds.

Malheureusement, elle n'était pas tout à fait assez douce. Rogue se convulsa soudainement contre elle et eut un haut le c?ur, un horrible son sec qui lui disait que ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait. Puis ses muscles devinrent mou lorsqu'il perdit connaissance.

Tant pis pour la prudence, pensa Maud: ce dont elle avait à présent besoin était de vitesse. Traînant Rogue avec elle, elle revint vers le sentier avec difficulté.

La demi-heure suivante ressembla à un cauchemar, seulement elle ne pouvait pas se rappeler avoir jamais eu un rêve si mauvais. Cela semblait prendre une éternité pour n'importe quel déplacement et Rogue reprenait et reperdait conscience toutes les quelques minutes, ce qui ne manquait jamais de la terrifier. A chaque fois que sa tête s'effondrait, elle était sûre qu'il était mort. Après tout, si elle était humide et tremblante malgré son manteau et si le simple effort de le trouver l'avait épuisée, comment devait il se sentir lui ?

De temps en temps quelque bête indistincte croisait leur chemin, se tournant pour les considérer avec des yeux lumineux et Maud restait paralysée de peur. Mais finalement, quoi que cela ait été s'éloignait simplement.

Elle pleura presque de soulagement quand enfin le chemin se tourna, les arbres se séparèrent et qu'elle entrevit les fenêtres illuminées de la hutte du gardien des clefs et des lieux. Elle avait très envie de courir jusqu'à la porte et à frapper, pour s'effondrer ensuite avec reconnaissance sur le paillasson d'Hagrid : mais Rogue avait déjà rejeté cette idée. D'autre part, si elle essayait de traîner Rogue jusqu'à Poudlard par les couloirs jusqu'à la chambre de celui-ci, ils étaient sûrs d'être intercepté en route, ce qui serait même pire. Il ne semblait y avoir qu'une solution. Si elle pouvait faire sortir Hagrid de sa maison quelques minutes, juste assez longtemps pour utiliser sa cheminée...

La tête de Rogue s'effondra contre son épaule; elle pouvait entendre son souffle lent, peu profond dans son oreille. Si elle ne le mettait pas au chaud bientôt, il passerait en état de choc. Maud réunit ses dernières forces, dirigea sa baguette vers le ciel et cria "Draco praestigium!"

Pour une illusion c'était impressionnant : un dragon argenté-vert sortit de sa baguette magique, étendit les ailes et émit un hurlement mélodieux. De sa cachette derrière le tas de bois, Maud vit l'ombre énorme d'Hagrid cacher la lueur du feu quand il sauta sur ses pieds.

"J'arrive, ma beauté! T'en vas pas - attends moi!"

Un instant plus tard il sortit pesamment sur le pas de la porte, regardant vivement autour dans toutes les directions pour trouver trace de son précieux dragon. Maud donna un petit coup à sa baguette et l'illusoire Vert Gallois libéra un mince jet de flammes, tourna autour de la maison , puis s'éloigna vers la forêt. Captivé, Hagrid le suivit.

Maud attendit que le demi-géant ait disparu parmi les arbres et que les sons de sa marche dans le sous-bois s'estompent . Alors, serrant toujours maladroitement Rogue, effondré, contre elle, elle peina vers la hutte.

Cependant, à peine avait -elle poussé la porte , que le chien massif d'Hagrid se leva en aboyant. Maud serra Rogue convulsivement, épouvantée par la réalisation soudaine qu'ils devaient tous les deux sentir le sang; mais après ce premier grondement effrayant, Crocdur les renifla simplement tous les deux avant de se rasseoir.

Rogue avait déjà du venir ici , pensa Maud avec soulagement tout en traînant son mentor sur le seuil. Ou bien ce chien avait un degré peu commun de perspicacité quand il s'agissait de reconnaître ses amis de ses ennemis. De toute façon, Crocdur sembla satisfait : même quand elle dut le pousser , le chien n'offrit aucune résistance.

Hagrid avait fait un énorme feu, qui remplissait la maison entière de chaleur. En s'approchant de la flamme, Maud sentit ses doigts engourdis et ses orteils commencer à lui faire mal. Cela et la fatigue, la rendaient maladroite : elle trébucha devant le foyer avant de se rattraper et lâcha Rogue sans cérémonie sur le plancher.

Mais même alors son mentor ne tressaillit même pas, se tourna seulement sur le dos et ne bougea plus. Ses cheveux étaient un embrouillement complexe de glace et de sang, sa peau avait la couleur d'os. Seuls les faibles mouvements de sa respiration la rassuraient en lui disant qu'il était toujours vivant.

Il était si froid, elle pensa frénétiquement. Plus que tout elle voulait saisir une pile de couvertures et se coucher à côté de lui jusqu'à ce qu'il se réveille. Mais ils ne pouvaient pas rester ici : Hagrid pouvait revenir à tout moment. Elle se leva de sa position accroupie, dirigea ses mains le long du manteau de la cheminée.

Cela ne lui prit pas longtemps pour trouver la boite de poudre de cheminette, bien que le couvercle soit poussiéreux et qu'elle semble être peu souvent utilisée. Comme Umbridge surveillait les feux, ceci était risqué; mais Maud ne pouvait voir aucune alternative. De plus, le Ministère était certainement plus inquiet au sujet de personnes utilisant le réseau de Cheminette pour des communications illicites hors de Poudlard que pour un simple voyage interne?

Prenant une poignée de la poussière scintillante, elle la jeta dans le feu. Puis, pendant que les flammes viraient au vert avec un grondement, elle se baissa et lança le bras mou de Rogue autour de ses épaules.

"Chambre du Professeur Rogue à Poudlard," dit-elle, aussi clairement qu'elle le pouvait et fit un pas en avant.

Il y eut un assaut momentané de chaleur, suivit par le tunnel sombre et familier du voyage par poudre de cheminette. Une longue ligne de grilles passa devant d'elle à une vitesse grisante et puis vint un heurt soudain et elle tomba en avant, hors d'un foyer froid et étrange dans une pièce également peu familière.

À côté d'elle, Rogue s'agita nerveusement, murmurant quelque chose d'inintelligible. "Tout va bien," lui chuchota-t-elle. "Vous êtes chez vous à présent. Je suis là. Tout va bien."

La chambre de Rogue était un lieu austère : méticuleusement propre, bien meublé et certainement adéquat pour son but, mais en aucun cas attirant ou accueillant. Cependant, le lit semblait assez confortable. Avec un dernier effort Maud l'y souleva et arrangea les oreillers et les couvertures autour de lui du mieux qu'elle le pouvait.

Il y avait un lavabo à côté de l'unique fenêtre étroite et l'eau dans la cruche semblait fraîche. Avec un mot et un coup de sa baguette elle la réchauffa, puis porta le pichet légèrement fumant vers son chevet et commença, très soigneusement, à laver la saleté du visage de Rogue et de ses cheveux. Cela ne lui prit pas beaucoup de temps pour trouver la source du sang qui l'avait tellement alarmée : une longue entaille de quelques centimètre dans son cuir chevelu, juste derrière la tempe. Cependant c'était moins profond qu'elle avait craint, et la plupart du saignement s'était arrêté.

Soigneusement elle retira les couvertures qui couvraient Rogue, cherchant d'autres blessures. Ses robes étaient souillées en plusieurs endroits, mais il n'y avait aucun moyen de savoir si les tâches sombres étaient du sang ou de la boue ou juste de l'humidité. Bien, se dit-elle, de toute façon il ne porterait pas exactement ces vêtements à nouveau . Prenant son courage à deux mains, elle s'empara des robes de Rogue au niveau de sa gorge et les déchira pour les ouvrir.

Un instant plus tard son poignet était prisonnier d'une poigne de fer froid et une voix dit, faible et enrouée de douleur, mais néanmoins tout à fait distincte, "Je ne pense pas."

Elle sursauta, la chaleur lui montant au visage. "Vous êtes blessé-"

"Des contusions. Une côte fêlée." Il inspira profondément, en frissonnant, grimaça et laissa échapper son souffle. "Ou deux. Pas plus."

"Mais vos robes - le sang-"

"Ce n'est pas si grave que ça en a l'air." Il leva une main vers sa tempe, tressaillit lorsque ses doigts effleurèrent la chair à nu. "Par contre cela- "

Elle fronça les sourcils et se pencha plus près, essayant de voir si ses pupilles étaient inégales, mais il était dur de le dire dans cette lumière incertaine. Ses yeux étaient à demi fermés, scintillant de noir; ils l'observaient sans expression. "Vous souvenez-vous comment vous vous êtes blessé à la tête ?" demanda-t-elle.

"Pas ... pour l'instant."

Maud se rassit sur ses talons. "Vous n'avez pas arrêté perdre connaissance et quand j'ai essayé de vous déplacer pour la première fois, vous avez vomi." Rogue bougea les épaules, comme s'il était sur le point de se lever : elle mit une main sur sa poitrine pour le retenir. Sa peau était poisseuse . "Ne bougez pas."

Il cligna des yeux. Ses pupilles étaient inégales, elle le voyait à présent. Et il semblait ahuri, ce qui était un autre mauvais signe. Dans des conditions ordinaires Rogue avait un esprit acéré comme un poignard et une langue non moins pointue, mais maintenant cela lui prenait plusieurs secondes pour répondre. "Mlle Maugrey," dit-il. "Avez-vous jamais été une enfant?"

"Demandez ça à mon oncle."

Rogue sembla y réfléchir. "Je le ferai," dit-il. "La prochaine fois. S'il y en a une. Ce qui est peu probable."

Ce serait un discours laconique et énigmatique venant de la plupart des patients, mais pour Rogue c'était dangereusement proche de bavardage. Maud mit une main sur son front. "Reposez-vous", dit-elle. "Ne parlez pas. Je vais vous concocter quelque chose pour votre commotion cérébrale; je serai juste à côté si vous avez besoin de moi."

"A côté." Un demi-sourire vacilla à travers sa bouche. "Mademoiselle Groggins aurait quelque chose à dire de cela."

"Mademoiselle Groggins," dit Maud avec plus d'acidité que d'habitude , "peut aller se faire pendre."

Rogue ne répondit pas. Elle lui donna un regard perçant, inquiet, mais ses yeux étaient toujours ouverts, alors elle se leva et alla vers la cheminée. Les elfes de maison avaient laissé une pile suffisante de bois : elle eut seulement à pointer sa baguette et murmurer "Incendio".

Du thé noir fort comme base, pensa-t-elle en regardant monter les flammes , avec une goutte de jaune d'?uf de runespoor si elle pouvait en trouver. De la Valériane pour l'état de choc, mais pas trop. Du prodigiosa pour le mal de tête, du ginseng pour le garder éveillé et du cardère pour ces côtes. Et puis de la pâte de camphre pour mettre sur ses coupures et ses égratignures...

Comme elle s'y attendait, la plupart des ingrédients qu'elle voulait étaient dans les armoires de Rogue et il n'était pas dur de remplacer les autres. Jetant un coup d'?il derrière elle à intervalles régulier pour s'assurer que son patient était toujours éveillé, elle finit de lui préparer son thé et le lui apporta .

"Pouvez-vous vous asseoir ?" demanda-t-elle.

Rogue ne dit rien, alors elle posa une main sur son bras. Il tremblait toujours, et ce n'était pas étonnant : même avec les couvertures et un bon feu grondant, ces chiffons humides qu'il portait ne lui faisaient aucun bien. Un instant Maud débattit l'opportunité de lui parler : puis prenant un décision soudaine elle posa le thé sur la table de nuit, lui tourna le dos et jeta rapidement trois sorts par dessus son épaule . Rogue émit un bruit outragé, mais quand elle osa se retourner à nouveau, il était couché sur le dos avec les couvertures autour de ses épaules et les lambeaux restants de ses robes étaient entassés dans le lavabo.

"Arrêtez de vous plaindre," lui dit-elle sévèrement. "Que pensiez-vous que j'allais faire, vous violer ?"

Quelque chose de la vieille étincelle revint dans les yeux de Rogue. Avec un effort il se tourna vers elle et se leva sur un coude, étendant la main pour prendre la tasse qu'elle lui offrait. "Si cette remarque était sensé m'humilier," dit-il, buvant précautionneusement à petits coups le thé chaud, "vous devrez faire un peu plus d'efforts."

Maud mit du camphre sur sa tempe, le faisant tressaillir - ou peut-être c'était juste le goût du thé. "Je ne vois pas pourquoi je pourrais vouloir vous humilier," dit-elle. "Le Ciel sait que vous ne m'avez jamais fait une telle chose ... que vous ne m'avez jamais menti, ni manipulée..."

"Je ne vous ai jamais menti." Sa voix était toujours rauque, mais elle avait une férocité qui l'étonna. "Et si je m'abstenais parfois d'expliquer la vérité tout entière , je vous donnais toujours les moyens de découvrir la vérité par vous-même."

"Comme m'envoyer à la bibliothèque pour apprendre l'alphabet hébreu ?" Maud fit glisser les couvertures jusqu'à sa taille, commença à enduire de camphre une longue éraflure de son côté . "J'ai apprécié, merci."

"Maud ..." commença-t-il et puis s'arrêta. D'un ton étrangement changé il demanda, "Où est Athéna ?"

Ses doigts arrêtèrent de bouger. Elle avala, sentant réapparaître un chagrin trop longtemps nié. "Elle est morte."

"Alors..." Il rétrécit ses yeux, comme pour essayer de la voir plus clairement. "Comment pouvez-vous voir ?"

"Vous voulez dire que vous n'avez pas remarqué le ..." commença-t-elle à dire , et puis cela la frappa.

Il n'y avait aucun hibou sur son épaule, il n'y en avait pas eu depuis longtemps. Il n'avait pas même été avec elle lorsqu'elle avait mis son manteau pour sortir. Il devait être resté dans la volière quand elle était sortie en courant par la porte, laissant George trop abasourdi pour la poursuivre . Et elle avait été trop occupée à sauver Rogue, avec tous les dangers et les difficultés, pour le remarquer.

"Je peux voir," chuchota-t-elle, le croyant à peine et puis soudainement ses émotions embrouillées furent trop pour elle et elle commença à pleurer, des sanglots énormes secouant son corps entier, sa vision nouvellement découverte nageant dans une tache floue pendant que des larmes coulaient sur ses joues.