Titre: Risques personnels version remaniée 10/2003
Chapitre : Reste et Attends (5/7)
Auteur: R. J. Anderson
Email: rebeccaj@pobox.com
Traduit de l'anglais par dark_rogue@caramail.com
Categorie: Drama/Angst
Mots clefs: Rogue, Maugrey, cinquième année, après la coupe de feu
(Accord parental souhaitable)
D'une façon ou d'une autre Maud devait s'être endormie en pleurant, parce que quand elle ouvrit de nouveau les yeux le feu avait diminué et une lune sans nuages brillait par la fenêtre. Quelqu'un avait posé une couverture sur elle et sa joue et ses mains étaient appuyées contre quelque chose de chaud qui montait et descendait avec un rythme lent, stable; cela lui prit un moment de clignement d'yeux désorienté avant qu'elle ne se rende compte que c'était Rogue.
Maud se redressa comme un ressort, horrifiée par la pensée qu'elle devait être restée couchée sur sa poitrine pendant des heures et qu'il n'avait rien dit - avait-il glissé dans le coma pendant qu'elle dormait ? Mais un regard sur son visage la rassura. Ses yeux étaient toujours à demi ouverts, mais ils scintillaient avec une intelligence retrouvée et lorsqu'elle se déplaçait ils la suivaient sans hésitation.
"Les côtes cassées sont sur le côté gauche," dit-il, comme s'il avait lu ses pensées. "Autrement je me serais plaint. Fort et en couleurs, en fait."
Sa peau était chaude maintenant, lisse et veloutée. Il sentait le camphre, au lieu du sang et les blessures de sa poitrine semblaient moins irritées. "Comment vous sentez-vous ?" demanda-t-elle.
"Vivant. Conscient. Ces deux choses étant une amélioration distincte pour laquelle vous avez ma gratitude." Il fit une pause, une étrange lueur dans ses yeux. "Bien que vous devriez être consciente que je ne plaisantais pas en enlevant des points à Serpentard."
"Je sais."
Un sourcil sombre se souleva. "Aucune protestation ? Aucun argument ?"
"Non." Elle glissa ses mains le long de sa poitrine, remonta la couverture sur ses épaules et s'assit. "J'ai enfreint les règles de Poudlard , après tout. Je ne l'ai pas fait à la légère, mais je l'ai fait néanmoins. Et à cette heure beaucoup de gens doivent savoir que j'étais hors du château après l'heure - si vous n'aviez pas enlevé ces points, quelqu'un d'autre l'aurait fait. Alors..." Elle haussa légèrement les épaules. "Je devrai juste en supporter les conséquences."
"Les conséquences qui vous affectent personnellement sont une chose : les conséquences qui affectent votre Maison tout entière en sont une autre." Il rétrécit les yeux. "Vos camarades Serpentards ne vous pardonneront probablement pas après cela."
Ce n'était pas une pensée plaisante, mais cependant Maud dût sourire. "Auraient-ils préféré que je sauve leur place au classement en vous laissant mourir ?"
"Ils n'en sauront rien."
"Non," accorda-t-elle, regardant le feu. Puis, plus doucement, "Non, ils ne le sauront pas. Mais moi je le saurai."
Il y eut une longue pause. Alors il dit, avec une urgence soudaine et peu habituelle, "Maud".
Sa voix était comme le miel et le tonnerre. Effrayé, elle leva les yeux vers lui et l'intensité de son regard emporta son souffle.
"Ce que je veux savoir est," dit-elle en tremblant avant qu'il ne puisse parler, "qui perd quand vous transgressez les règles ?"
Il accepta l'interruption avec un sourire désabusé. "Touché, Mlle Maugrey. La réponse, bien sûr, est le Professeur Dumbledore. Ce qui est précisément pourquoi je n'ai pas l'intention de le faire."
"Je vois," dit Maud. Sa gorge était sèche. "Et cela explique l'incident avec la plume, n'est-ce pas ?"
Il étendit le bras, repoussa doucement une mèche de cheveux du visage de Maud. "C'était ... contestable, je l'admets. Mais cela n'était pas fait sans bonne raison."
Elle savait, ou du moins pensait savoir, ce qu'il voulait dire. "Si votre intention était de vous assurer que je penserais à vous et que j'attendrais avec inquiétude votre retour," dit-elle, "me faire remuer votre potion toutes les cinq heures aurait été amplement suffisant. Et à propos, j'espère que ce n'était rien de dangereux, parce que je pense qu'elle doit être en train de déborder à cette heure."
"A cette heure," dit Rogue, "elle se sera transformée en colle blanche. Ce n'est pas grave." Ses doigts se posèrent sur sa joue. "Qu'est-ce que c'est que ça ?"
Maud avait presque oublié la contusion. "Je ... je me suis battue avec Muriel. Je..."
"Vous avez peur." Il recula sa main. "Qu'avez-vous fait ?"
C'était fini. Son sang-froid s'effondra et les mots vinrent en désordre. "Ce que vous avez fait, est plutôt la question! Muriel m'a raconté une de ses histoires stupides et j'ai pensé que cette fois, elle savait vraiment quelque chose - qu'elle nous avait vu faire la Potion de Dissolution, qu'elle avait vu ... ce que vous avez fait. Et lorsque je me suis rendu compte que j'avais eu tort, je m'étais.vous avais. déjà trahi. Elle a menacé de vous faire mettre à la porte et j'ai dû - j'ai employé - je sais que ce n'est pas vraiment considéré comme mal, mais je le déteste-"
"Vous lui avez jeté le sort Oubliettes." Sa voix était plate.
Elle acquiesça misérablement.
"Votre oncle vous a-t-il dit ce que je pense de ce sort ? Il le saurait."
"Oui." Maintenant qu'elle avait commencé à avouer, il était dur de s'arrêter. "Il croyait ... il craignait ... que mon dégoût pour lui venait de vous."
Rogue rejeta la tête en arrière et rit. "Ce vieux chien soupçonneux! Pas étonnant qu'il ait été si furieux."
"Ce n'est pas drôle," protesta Maud. "Avez-vous une idée de-" Elle s'arrêta. "Furieux ? Quand ?"
"Quand je lui ai parlé il y a quelques heures," dit Rogue et se recoucha contre les oreillers.
Pendant un instant Maud le fixa simplement, ahurie. Puis elle dit, "Ne me dites pas que c'est lui qui vous a fait cela." Alastor Maugrey avait toujours été aimable avec sa nièce, mais en général il n'était pas réputé pour être tolérant. Si Rogue l'avait attrapé au mauvais moment, s'était approché de lui d'une mauvaise manière-
"Pas tout , non. Il a réussi à me donner quelques coups solides avant que je ne sois capable de raisonner avec lui : mais alors il avait quelque provocation."
Il fit une pause, savourant évidemment le moment et Maud résista à peine à la forte envie de l'étrangler. Au lieu de cela, elle prit la tasse de la table de nuit et alla au chaudron pour la remplir à nouveau. "Quelle sorte de provocation ?" demanda-t-elle, choisissant des fioles et des bouteilles de l'étagère et ajoutant plus d'ingrédients au thé. Il avait besoin d'une autre dose à présent et si tout allait bien cela le tiendrait suffisamment alerte pour finir de raconter l'histoire. L'histoire entière.
Rogue attendit qu'elle lui ait rapporté la tasse et qu'ait repris sa place à son chevet avant de répondre. "Suffisamment de provocation. Pendant qu'il était dehors au pub pour dîner, j'ai déposé quelques ordures juste devant sa porte , qu'il a naturellement ramassées à son retour."
"Vous avez déplacé mon oncle par Portoloin ?" Elle était simultanément admirative et atterrée. Les portoloins non enregistrés n'étaient pas seulement dangereux et difficile à créer - si Rogue avait cette compétence, il l'avait probablement apprise de Voldemort-- mais le Ministère aurait la baguette de tout sorcier qui serait attrapé à en faire un. Et bien qu'Alastor Maugrey maintienne sa maison sous la garde d'un formidable étalage de détecteurs magiques d'ennemis et de sorts protecteurs, le plan de Rogue l'aurait pris totalement par surprise: car aucune des précautions de Fol Oeil ne pouvait le prévenir contre quelqu'un qui agissait sans mauvaise intention.
Il haussa les épaules, comme si ce n'avait pas d'importance particulière. "J'avais besoin de lui parler en privé, et je ne voyais aucune meilleure alternative. Bien sûr, à peine était-il parvenu à l'emplacement - un champ confortablement éloigné - qu'il a sauté à la conclusion que j'avais été envoyé pour le tuer et il a agi en conséquence. Votre oncle se bat comme le diable, à propos."
"Je sais," dit Maud, avec une certaine satisfaction sinistre.
"Nous avons passé quelque temps à illuminer la campagne, tandis qu'il calomniait délicatement mon intelligence, ma généalogie et mes habitudes personnelles. Cependant, finalement il s'est aperçu que je ne retournait pas le feu. Cela lui a pris quelque temps pour se calmer, mais enfin il a consenti à arrêter de lancer des sorts et à écouter ce que j'avais à dire."
"Qui était ?"
Rogue fronça les sourcils en regardant le thé qu'il buvait, comme si quelque chose le rendait perplexe. "Plusieurs choses,"dit-il enfin. "Pour commencer, je lui ai donné quelque information sur les activités actuelles de certains Mangemorts que je savais qui l'intéresseraient et qu'il pourrait confirmer par ses propres sources. Votre oncle est en théorie à la retraite, mais il n'a évidemment aucune intention de quitter le champ de bataille." Un instant, il sembla presque reconnaissant. Puis sa voix reprit son vieux ton sardonique et il continua, "Je m'attends entièrement à ce qu'il parte un jour dans une flamme de gloire avec sa jambe de bois, pulvérisant sans aucun doute plusieurs blocs d'architecture avec lui.
"En tout cas, j'ai alors fait appel à sa vanité en lui demandant de m'aider à mettre en scène un petit spectacle pour mes compagnons Mangemorts , certains d'entre eux ne semblant pas entièrement convaincus de mon allégeance à Voldemort. J'ai suggéré, obliquement, que vous seriez plus en sécurité si ma loyauté n'était pas soupçonnée et après qu'il ait exprimé l'avis qu'il avait de moi en langue encore plus colorée et inventive, il fut d'accord.
"Nous avons discuté quelques autres questions et semblions progresser, quand arriva Parnaby, un des Mangemorts dont j'avais parlé . Il m'avait suivi à la dérobée depuis que je m'étais heurté à lui dans le chemin des embrumes ce matin là, espérant sans doute que je ne fasse quelque chose de déloyal qu'il puisse rapporter à Voldemort. Malheureusement, il a choisi juste ce moment-là pour décider que j'étais vraiment du côté du Seigneur des Ténèbres après tout, et m'a félicité pour mon intelligence pour avoir capturé le célèbre Maugrey Fol Oeil et m'a supplié de lui faire l'honneur de le laisser le tuer."
Les mains de Maud volèrent vers sa bouche.
"J'étais juste sur le point de lui expliquer que je pensais que Voldemort aimerait avoir ce plaisir, mais votre oncle m'a devancé en nous faisant sauter tous les deux avec un sort plutôt efficace et s'est éloigné en boitant. Parnaby a récupéré avant que je ne l'aie fait : il l'a poursuivi et les deux d'entre eux n'y allaient pas avec des pincettes quand j'ai été forcé d'intervenir."
Il fit une pause alors, son regard fixe s'obscurcissant. "Bien sûr, après cela Parnaby n'a pas mis longtemps à comprendre de quel côté j'étais . Et sachant qu'il était en infériorité numérique, il s'est battu avec tout ce qu'il avait, désespéré de prendre au moins un d'entre nous avec lui. Il ... a presque réussi."
"Votre tête..." La voix de Maud était un chuchotement. "c'était lui ?"
Rogue eut un rire court. "Il m'a lancé une roche tandis que j'essayais d'esquiver un de ses sorts. Pas très sophistiqué, mais certainement efficace." Il leva une main vers sa tempe, comme pour toucher la blessure; puis il sembla préférer ne pas le faire et la laissa retomber. "J'aurais dû me souvenir il avait été Poursuiveur quand il était à Poudlard, mais j'étais ... quelque peu distrait sur le moment."
"Alors finalement..." Elle se racla la gorge. "Parnaby a été capturé ?"
"Oh, non." Le visage de Rogue était sinistre. "Tué".
Les doigts de Maud se crispèrent lentement dans sa paume. Une partie d'elle voulait demander qui avait commis le meurtre; mais le reste décida qu'elle ne voulait pas vraiment le savoir.
Rogue continua d'un ton plus vif, "Je savais que Voldemort enverrait quelqu'un pour enquêter et ni votre oncle, ni moi ne voulaient être là quand cela arriverait. Nous avons tous les deux transplané au loin en hâte, lui chez lui et moi sur le bord lointain de la Forêt Interdite, qui était bien sûr le plus près possible de Poudlard..." Il haussa les épaules. "Vous savez le reste."
Maud secoua la tête. "Vous avez de la chance de ne pas vous être Désartibulé, en plus de tout le reste. Depuis combien de temps rampiez-vous dans la forêt avant que je ne vous trouve ?"
"Je ne sais pas." Pour la première fois il semblait incertain et il jeta de nouveau un coup d'?il à sa tasse . "Pas si longtemps que ça, ou je serais mort de froid, mais cela m'a semblé des heures avant qu'Athéna ne vienne avec votre message ... qui était, bien sûr, très réconfortant. 'Où êtes vous ? ' Pas exactement sentimental, mais au moins cela m'a donné quelque chose à quoi penser tant que j'étais conscient."
Elle rougit. "Je devais écrire quelque chose. J'ai besoin d'une note qu'Athéna puisse porter pour pouvoir voir où vous étiez."
Ses sourcils se soulevèrent. "Vous avez employé votre liaison visuelle avec elle pour découvrir mon emplacement ? C'était inventif. Je me demande pourquoi personne n'a pensé à faire de même auparavant ?"
"Je suis sûre que quelqu'un y a pensé, mais cela marche seulement pour des distances courtes. Et dans la plupart des cas cela ne marcherait probablement pas du tout." Elle fit une pause, avalant la boule dans sa gorge. "Athéna avait comme fait partie de moi pendant treize ans. Le lien que nous avions était ... spécial."
"Je sais." Cette fois il n'y avait aucune moquerie dans son ton.
"Elle était vieille et n'était pas habituée à beaucoup d'exercice. J'aurais dû savoir que son c?ur était faible." Maud pencha la tête, luttant contre une nouvelle montée de chagrin. "J'aurais dû le savoir."
La main de Rogue recouvrit la sienne, la saisit fermement. "Vous n'avez aucune raison de vous blamer, Maud. Sans moi-" Alors il s'arrêta et dit d'une voix étrange et tendue, "Qu'avez-vous mis dans ce thé ?"
Elle fut déconcertée. "Quoi?"
"Vous avez mis une plume de Jobberknoll dans mon thé." Il avait l'air abasourdi.
Avec un effort elle garda une expression calme, s'assit dans la chaise. "Je ne vois pas pourquoi vous penseriez une telle chose."
Il jeta la tasse au loin avec une malédiction : elle vola en éclats contre le mur. Alors, comme elle le regardait fixement, il commença à rire : un rire las, sans joie qui ne s'arrêta pas avant qu'il ne s'effondre contre les oreillers, épuisé. "D'accord, Mlle Maugrey," il haleta. "Je semble être à votre merci. Que voulez-vous savoir ?"
Des pensées sauvages se poursuivirent dans sa tête et pendant un instant elle fut écrasée par le nombre de possibilités. Mais la première question qui sortit de la bouche de Maud fut, perversement, celle qu'elle avait presque oublié :
"Pourquoi haïssez-vous Harry Potter ?"
Pendant un instant Rogue resta très calme et elle se demanda s'il répondrait du tout. Alors il dit, lentement, "Haïr n'est pas le mot que je choisirais. Je trouve le comportement de ce garçon extrèmement irritant, sa famille écoeurante et son attitude méprisable, mais ce n'est rien comparé à mon opinion au sujet - d'autres personnes ." Sur le dernier mot ses yeux devinrent soudain sauvages, et elle se demanda à qui il pouvait penser: puis il continua"Je dirai cela, cependant. "
"Pendant la première guerre contre Voldemort, des sorciers et des sorcières se sont battus et ont donné leur sang et leur vie; ils ont perdu des maisons, des êtres aimés, la santé et la raison; ils ont exécuté des actes incroyables d'héroïsme et de sacrifice de soi. Mais dans les annales de l'histoire des sorciers, qui reçoit le crédit de la défaite de Voldemort ? Ce maudit Harry Potter." Pendant un instant sa voix perdit sa douceur et elle entendit un rythme plus lourd, moins cultivé au-dessous : puis il sembla revenir à lui et continua comme auparavant.
"Un enfant en armes n'a aucun droit d'être appelé un héros. Potter ne savait rien, n'a rien fait. Il était simplement présent quand Voldemort a fait une erreur de calcul fatale. Et il est encore gâté et loué, même par les enfants de ceux qui ont souffert le plus, comme s'il avait accompli quelque chose de grand. C'est quelque chose que je ne peux pas accepter."
"Mais-" Maud était consternée. "Ce n'est pas la faute de Harry. Pourquoi le punir pour cela ?"
"Ce n'était jamais mon intention de punir Potter pour l'accident de sa naissance. Je, l'ai cependant évalué pour voir ce dont il était fait - de qui me mène à ma deuxième raison." Il respira à fond, grimaça de douleur à cause de ses côtes. "Comme son défunt père, Potter montre une tendance dangereuse à se comporter comme s'il était invincible, invulnérable et d'une façon ou d'une autre au-dessus des règles qui lient les simples mortels . Et je ne tolèrerais pas cette sorte de sottise ." Les muscles de sa mâchoire se durcirent. "Potter peut se considérer comme maltraité, mais s'il le savait seulement, je lui fais une faveur. Son père James était si populaire auprès des étudiants et des enseignants, de la même façon , tant admiré pour son intelligence ,son charme et son habileté au Quidditch, si entouré et si soutenu par des amis loyaux-" sa voix traîna sarcastiquement sur le dernier mot - "qu'il n'a jamais eu la chance de comprendre combien il était ordinaire, vulnérable . Et à la fin, c'est cette confiance qui l'a tué."
"Donc vous essayez en réalité de sauver la vie d'Harry ?" Elle essaya de retenir le scepticisme de sa voix, mais il transparaissait néanmoins. "Cela ne semble pas une très bonne façon de le faire. Plus vous vous jetez durement sur lui, moins il vous trouve raisonnable."
"Peut-être. Mais il n'apprendra pas en étant caliné et loué, non plus-- même si je pouvais rassembler l'hypocrisie nécessaire pour le faire. Et sa colère contre moi, aussi juvénile qu'elle puisse être, pourrait le conduire à l'excellence. De telles choses... sont déjà arrivées."
Elle décida de laisser ça passer et changea le sujet. "D'accord, alors, pourquoi êtes-vous si dur avec les élèves qui enfreignent les règles? Je sais qu'en tant qu'enseignant vous devez soutenir les règles dans une certaine mesure, mais-"
"L'Anarchie commence quand vous commencez à croire que les seules lois qui vous lient sont celles avec lesquelles vous êtes d'accord. Il y a peu de distance entre cela et devenir votre propre loi." Il la regarda d'égal à égal. "Avez-vous déjà vu l'anarchie ? Moi oui. D'abord cela semble vous libérer, mais finalement cela devient ennuyeux et vous désirez un retour à l'ordre. Mais ayant rejeté la morale, la seule loi qui peut vous tenir est la loi de force brutale. C'était ce que Voldemort représentait. Représente."
Maud était silencieuse, pesant ses mots. Enfin elle dit, "Mais si je n'avais pas transgressé les règles de Poudlard ce soir, qu'est-ce qui vous serait arrivé ?"
"Ce n'était pas de l'anarchie, Maud. Vous avez simplement mis de côté une loi moindre pour une plus grande. La chose importante était que finalement, la loi que vous avez voulu suivre n'était pas une loi de votre propre invention, vous ne l'avez fait non plus pour votre propre intérêt. Malheureusement-" Sa bouche eut un tic. "Tous les élèves ne comprennent pas cette distinction. Ce qui est pourquoi les règles de Poudlard doivent toujours être maintenues et chaque infraction, indépendamment de la raison derrière elle, doit être punie en conséquence."
Maud pouvait penser à plusieurs exceptions que Rogue avait faites à ce principe, particulièrement en ce qui concernait le Quidditch ou certains Serpentards aux bonnes connections, mais elle acquiesça.
"Le professeur Dumbledore peut être charitable s'il le choisit," dit Rogue. "Je ne suis pas habitué au fait de montrer de l'indulgence ... ni à en recevoir."
La rugosité de sa voix la fit lever la tête, soudainement inquiète. Il semblait épuisé, elle comprit : il y avait des ombres noires sous ses yeux et les lignes autour de sa bouche s'étaient approfondies. Plus que tout, il avait besoin de se reposer et elle le faisait défendre sa philosophie de vie.
"Dormez," dit-elle, mettant une main sur son front. "Vous n'avez pas perdu connaissance depuis au moins trois heures maintenant; le danger doit être passé. Je serai ici si vous avez besoin de moi."
"Oh, allez, Mlle Maugrey." Il eut un faible sourire railleur . "Vous devez avoir plus de questions que cela. Vous feriez mieux de les poser maintenant : vous n'aurez pas une nouvelle chance comme celle-là ."
"Ah bon ?" Elle se leva de sa chaise, et alla ramasser les fragments brisés de la tasse qu'il avait jetée. "Je ne pense pas que cela soit si dur. Tout ce que j'ai à faire est de vous attraper dans une humeur à faire des confidences et de vous laisser prétendre que j'ai mis une plume de Jobberknoll dans votre thé."
Rogue se leva sur ses coudes. "Vous voulez dire que vous m'avez menti-"
"Pour emprunter une expression, je ne vous ai jamais menti. J'ai simplement suivi votre exemple, comme n'importe quel bon apprenti doit faire et je me suis abstenue de dire la vérité."
Pendant un instant encore il continua à la regarder fixement, incrédule : puis il retomba contre les oreillers et rit, le premier rire véritable, spontané qu'elle ait entendu de lui de toute la nuit. Elle observa avec une fascination silencieuse comme il gloussait - un son inopinément chaud, guttural pour un homme si réservé habituellement- et les traits durs de son visage se détendirent, le faisant sembler beaucoup plus jeune. C'était presque, elle pensa, comme regarder qui Rogue pourrait avoir été, ou pourrait être encore un jour, dans un monde sans Voldemort.
"Maud," il dit quand il put parler, "Venez ici. S'il vous plaît."
C'était la première fois qu'elle entendait Rogue dire s'il vous plaît à quelqu'un. Elle reposa les morceaux de faïence et revint à son chevet.
"Dites-moi," dit-il. Le sourire s'effaça et ses yeux tenaient les siens, à un même niveau et sans cligner. "La vérité, toute la vérité : m'aimez-vous ?"
Son c?ur se retourna comme un sablier et le temps s'arrêta. M'aimez-vous ? C'était une question qu'elle ne s'était jamais attendue à ce qu'il pose, pas avec tant de mots. Et elle n'avait jamais imaginé devoir lui dire la réponse. Et pourtant, à ce moment là, toutes les émotions et pensées emmêlées de la semaine passée semblèrent se dénouer, et sa réponse vint sans plus besoin de réfléchir:
"Vous n'êtes pas du tout aimable," dit-elle, lui rendant son regard fixe avec une stabilité qu'elle ne ressentait pas. "Vous êtes sarcastique et autoritaire et à un degré exaspérant indirect; vous mettez de la graisse dans vos cheveux et teintez vos dents en jaunes pour des raisons que je ne peux pas comprendre; vous semblez n'avoir aucune vie à l'extérieur de Poudlard et personne ne semble avoir confiance en vous, à part Dumbledore; vous m'avez aveuglée quand j'avais quatre ans et auriez pu par mégarde m'ensorceler aussi, une possibilité qui m'a causé quelque sérieuse consternation ... et oui, je vous aime. Non pas parce que vous m'avez fait vous aimer - je le sais maintenant, même si mon oncle ne le sait pas - ou parce que je voulais vous aimer, mais parce que j'ai choisi de vous aimer et parce que je sais que vous avez besoin que je vous aime, que vous soyez prêt à l'admettre ou non."
Elle finit la dernière phrase à la hâte, à bout de souffle et resta debout en attendant que le couperet tombe. Il pourrait la faire partir maintenant, s'il le voulait : et étant donné sa détermination d'obéir aux règles, il le ferait probablement. Il l'avait testée avec une plume de griffon et elle avait échoué; il avait mis sa vie dans ses mains et elle avait refusé de la prendre. Si ce qu'il voulait d'elle était une froide façade et une manière d'être impitoyable qui lui ressemblait, il devrait chercher ailleurs : Maud savait ce qu'elle était maintenant et elle n'était pas une extension de Rogue. Elle ne le serait d'ailleurs jamais .
Rogue acquiesça lentement, comme s'il s'était attendu à quelque chose comme ça. "Merci," dit-il. "Et maintenant, puis-je vous demander de me faire une petite faveur ?"
Maud respira à fond. "Oui".
"Cela vous ennuierait-il de vous pousser un peu, pour que je puisse parler au professeur Dumbledore ?"
Pendant un instant Maud le regarda fixement, incapable de croire ses oreilles. Puis, très lentement, elle se retourna .
Dumbledore était debout tranquillement derrière elle, ses mains pliées dans les manches de ses robes étoilées. Ses yeux semblaient las derrière ses lunettes en demi-lunes et sa bouche était grave. "Il est très tard, Mlle Maugrey," dit-il. "Ou peut-être je dois dire, très tôt. Je pense que vous avez une explication ?"
D'une façon ou d'une autre Maud devait s'être endormie en pleurant, parce que quand elle ouvrit de nouveau les yeux le feu avait diminué et une lune sans nuages brillait par la fenêtre. Quelqu'un avait posé une couverture sur elle et sa joue et ses mains étaient appuyées contre quelque chose de chaud qui montait et descendait avec un rythme lent, stable; cela lui prit un moment de clignement d'yeux désorienté avant qu'elle ne se rende compte que c'était Rogue.
Maud se redressa comme un ressort, horrifiée par la pensée qu'elle devait être restée couchée sur sa poitrine pendant des heures et qu'il n'avait rien dit - avait-il glissé dans le coma pendant qu'elle dormait ? Mais un regard sur son visage la rassura. Ses yeux étaient toujours à demi ouverts, mais ils scintillaient avec une intelligence retrouvée et lorsqu'elle se déplaçait ils la suivaient sans hésitation.
"Les côtes cassées sont sur le côté gauche," dit-il, comme s'il avait lu ses pensées. "Autrement je me serais plaint. Fort et en couleurs, en fait."
Sa peau était chaude maintenant, lisse et veloutée. Il sentait le camphre, au lieu du sang et les blessures de sa poitrine semblaient moins irritées. "Comment vous sentez-vous ?" demanda-t-elle.
"Vivant. Conscient. Ces deux choses étant une amélioration distincte pour laquelle vous avez ma gratitude." Il fit une pause, une étrange lueur dans ses yeux. "Bien que vous devriez être consciente que je ne plaisantais pas en enlevant des points à Serpentard."
"Je sais."
Un sourcil sombre se souleva. "Aucune protestation ? Aucun argument ?"
"Non." Elle glissa ses mains le long de sa poitrine, remonta la couverture sur ses épaules et s'assit. "J'ai enfreint les règles de Poudlard , après tout. Je ne l'ai pas fait à la légère, mais je l'ai fait néanmoins. Et à cette heure beaucoup de gens doivent savoir que j'étais hors du château après l'heure - si vous n'aviez pas enlevé ces points, quelqu'un d'autre l'aurait fait. Alors..." Elle haussa légèrement les épaules. "Je devrai juste en supporter les conséquences."
"Les conséquences qui vous affectent personnellement sont une chose : les conséquences qui affectent votre Maison tout entière en sont une autre." Il rétrécit les yeux. "Vos camarades Serpentards ne vous pardonneront probablement pas après cela."
Ce n'était pas une pensée plaisante, mais cependant Maud dût sourire. "Auraient-ils préféré que je sauve leur place au classement en vous laissant mourir ?"
"Ils n'en sauront rien."
"Non," accorda-t-elle, regardant le feu. Puis, plus doucement, "Non, ils ne le sauront pas. Mais moi je le saurai."
Il y eut une longue pause. Alors il dit, avec une urgence soudaine et peu habituelle, "Maud".
Sa voix était comme le miel et le tonnerre. Effrayé, elle leva les yeux vers lui et l'intensité de son regard emporta son souffle.
"Ce que je veux savoir est," dit-elle en tremblant avant qu'il ne puisse parler, "qui perd quand vous transgressez les règles ?"
Il accepta l'interruption avec un sourire désabusé. "Touché, Mlle Maugrey. La réponse, bien sûr, est le Professeur Dumbledore. Ce qui est précisément pourquoi je n'ai pas l'intention de le faire."
"Je vois," dit Maud. Sa gorge était sèche. "Et cela explique l'incident avec la plume, n'est-ce pas ?"
Il étendit le bras, repoussa doucement une mèche de cheveux du visage de Maud. "C'était ... contestable, je l'admets. Mais cela n'était pas fait sans bonne raison."
Elle savait, ou du moins pensait savoir, ce qu'il voulait dire. "Si votre intention était de vous assurer que je penserais à vous et que j'attendrais avec inquiétude votre retour," dit-elle, "me faire remuer votre potion toutes les cinq heures aurait été amplement suffisant. Et à propos, j'espère que ce n'était rien de dangereux, parce que je pense qu'elle doit être en train de déborder à cette heure."
"A cette heure," dit Rogue, "elle se sera transformée en colle blanche. Ce n'est pas grave." Ses doigts se posèrent sur sa joue. "Qu'est-ce que c'est que ça ?"
Maud avait presque oublié la contusion. "Je ... je me suis battue avec Muriel. Je..."
"Vous avez peur." Il recula sa main. "Qu'avez-vous fait ?"
C'était fini. Son sang-froid s'effondra et les mots vinrent en désordre. "Ce que vous avez fait, est plutôt la question! Muriel m'a raconté une de ses histoires stupides et j'ai pensé que cette fois, elle savait vraiment quelque chose - qu'elle nous avait vu faire la Potion de Dissolution, qu'elle avait vu ... ce que vous avez fait. Et lorsque je me suis rendu compte que j'avais eu tort, je m'étais.vous avais. déjà trahi. Elle a menacé de vous faire mettre à la porte et j'ai dû - j'ai employé - je sais que ce n'est pas vraiment considéré comme mal, mais je le déteste-"
"Vous lui avez jeté le sort Oubliettes." Sa voix était plate.
Elle acquiesça misérablement.
"Votre oncle vous a-t-il dit ce que je pense de ce sort ? Il le saurait."
"Oui." Maintenant qu'elle avait commencé à avouer, il était dur de s'arrêter. "Il croyait ... il craignait ... que mon dégoût pour lui venait de vous."
Rogue rejeta la tête en arrière et rit. "Ce vieux chien soupçonneux! Pas étonnant qu'il ait été si furieux."
"Ce n'est pas drôle," protesta Maud. "Avez-vous une idée de-" Elle s'arrêta. "Furieux ? Quand ?"
"Quand je lui ai parlé il y a quelques heures," dit Rogue et se recoucha contre les oreillers.
Pendant un instant Maud le fixa simplement, ahurie. Puis elle dit, "Ne me dites pas que c'est lui qui vous a fait cela." Alastor Maugrey avait toujours été aimable avec sa nièce, mais en général il n'était pas réputé pour être tolérant. Si Rogue l'avait attrapé au mauvais moment, s'était approché de lui d'une mauvaise manière-
"Pas tout , non. Il a réussi à me donner quelques coups solides avant que je ne sois capable de raisonner avec lui : mais alors il avait quelque provocation."
Il fit une pause, savourant évidemment le moment et Maud résista à peine à la forte envie de l'étrangler. Au lieu de cela, elle prit la tasse de la table de nuit et alla au chaudron pour la remplir à nouveau. "Quelle sorte de provocation ?" demanda-t-elle, choisissant des fioles et des bouteilles de l'étagère et ajoutant plus d'ingrédients au thé. Il avait besoin d'une autre dose à présent et si tout allait bien cela le tiendrait suffisamment alerte pour finir de raconter l'histoire. L'histoire entière.
Rogue attendit qu'elle lui ait rapporté la tasse et qu'ait repris sa place à son chevet avant de répondre. "Suffisamment de provocation. Pendant qu'il était dehors au pub pour dîner, j'ai déposé quelques ordures juste devant sa porte , qu'il a naturellement ramassées à son retour."
"Vous avez déplacé mon oncle par Portoloin ?" Elle était simultanément admirative et atterrée. Les portoloins non enregistrés n'étaient pas seulement dangereux et difficile à créer - si Rogue avait cette compétence, il l'avait probablement apprise de Voldemort-- mais le Ministère aurait la baguette de tout sorcier qui serait attrapé à en faire un. Et bien qu'Alastor Maugrey maintienne sa maison sous la garde d'un formidable étalage de détecteurs magiques d'ennemis et de sorts protecteurs, le plan de Rogue l'aurait pris totalement par surprise: car aucune des précautions de Fol Oeil ne pouvait le prévenir contre quelqu'un qui agissait sans mauvaise intention.
Il haussa les épaules, comme si ce n'avait pas d'importance particulière. "J'avais besoin de lui parler en privé, et je ne voyais aucune meilleure alternative. Bien sûr, à peine était-il parvenu à l'emplacement - un champ confortablement éloigné - qu'il a sauté à la conclusion que j'avais été envoyé pour le tuer et il a agi en conséquence. Votre oncle se bat comme le diable, à propos."
"Je sais," dit Maud, avec une certaine satisfaction sinistre.
"Nous avons passé quelque temps à illuminer la campagne, tandis qu'il calomniait délicatement mon intelligence, ma généalogie et mes habitudes personnelles. Cependant, finalement il s'est aperçu que je ne retournait pas le feu. Cela lui a pris quelque temps pour se calmer, mais enfin il a consenti à arrêter de lancer des sorts et à écouter ce que j'avais à dire."
"Qui était ?"
Rogue fronça les sourcils en regardant le thé qu'il buvait, comme si quelque chose le rendait perplexe. "Plusieurs choses,"dit-il enfin. "Pour commencer, je lui ai donné quelque information sur les activités actuelles de certains Mangemorts que je savais qui l'intéresseraient et qu'il pourrait confirmer par ses propres sources. Votre oncle est en théorie à la retraite, mais il n'a évidemment aucune intention de quitter le champ de bataille." Un instant, il sembla presque reconnaissant. Puis sa voix reprit son vieux ton sardonique et il continua, "Je m'attends entièrement à ce qu'il parte un jour dans une flamme de gloire avec sa jambe de bois, pulvérisant sans aucun doute plusieurs blocs d'architecture avec lui.
"En tout cas, j'ai alors fait appel à sa vanité en lui demandant de m'aider à mettre en scène un petit spectacle pour mes compagnons Mangemorts , certains d'entre eux ne semblant pas entièrement convaincus de mon allégeance à Voldemort. J'ai suggéré, obliquement, que vous seriez plus en sécurité si ma loyauté n'était pas soupçonnée et après qu'il ait exprimé l'avis qu'il avait de moi en langue encore plus colorée et inventive, il fut d'accord.
"Nous avons discuté quelques autres questions et semblions progresser, quand arriva Parnaby, un des Mangemorts dont j'avais parlé . Il m'avait suivi à la dérobée depuis que je m'étais heurté à lui dans le chemin des embrumes ce matin là, espérant sans doute que je ne fasse quelque chose de déloyal qu'il puisse rapporter à Voldemort. Malheureusement, il a choisi juste ce moment-là pour décider que j'étais vraiment du côté du Seigneur des Ténèbres après tout, et m'a félicité pour mon intelligence pour avoir capturé le célèbre Maugrey Fol Oeil et m'a supplié de lui faire l'honneur de le laisser le tuer."
Les mains de Maud volèrent vers sa bouche.
"J'étais juste sur le point de lui expliquer que je pensais que Voldemort aimerait avoir ce plaisir, mais votre oncle m'a devancé en nous faisant sauter tous les deux avec un sort plutôt efficace et s'est éloigné en boitant. Parnaby a récupéré avant que je ne l'aie fait : il l'a poursuivi et les deux d'entre eux n'y allaient pas avec des pincettes quand j'ai été forcé d'intervenir."
Il fit une pause alors, son regard fixe s'obscurcissant. "Bien sûr, après cela Parnaby n'a pas mis longtemps à comprendre de quel côté j'étais . Et sachant qu'il était en infériorité numérique, il s'est battu avec tout ce qu'il avait, désespéré de prendre au moins un d'entre nous avec lui. Il ... a presque réussi."
"Votre tête..." La voix de Maud était un chuchotement. "c'était lui ?"
Rogue eut un rire court. "Il m'a lancé une roche tandis que j'essayais d'esquiver un de ses sorts. Pas très sophistiqué, mais certainement efficace." Il leva une main vers sa tempe, comme pour toucher la blessure; puis il sembla préférer ne pas le faire et la laissa retomber. "J'aurais dû me souvenir il avait été Poursuiveur quand il était à Poudlard, mais j'étais ... quelque peu distrait sur le moment."
"Alors finalement..." Elle se racla la gorge. "Parnaby a été capturé ?"
"Oh, non." Le visage de Rogue était sinistre. "Tué".
Les doigts de Maud se crispèrent lentement dans sa paume. Une partie d'elle voulait demander qui avait commis le meurtre; mais le reste décida qu'elle ne voulait pas vraiment le savoir.
Rogue continua d'un ton plus vif, "Je savais que Voldemort enverrait quelqu'un pour enquêter et ni votre oncle, ni moi ne voulaient être là quand cela arriverait. Nous avons tous les deux transplané au loin en hâte, lui chez lui et moi sur le bord lointain de la Forêt Interdite, qui était bien sûr le plus près possible de Poudlard..." Il haussa les épaules. "Vous savez le reste."
Maud secoua la tête. "Vous avez de la chance de ne pas vous être Désartibulé, en plus de tout le reste. Depuis combien de temps rampiez-vous dans la forêt avant que je ne vous trouve ?"
"Je ne sais pas." Pour la première fois il semblait incertain et il jeta de nouveau un coup d'?il à sa tasse . "Pas si longtemps que ça, ou je serais mort de froid, mais cela m'a semblé des heures avant qu'Athéna ne vienne avec votre message ... qui était, bien sûr, très réconfortant. 'Où êtes vous ? ' Pas exactement sentimental, mais au moins cela m'a donné quelque chose à quoi penser tant que j'étais conscient."
Elle rougit. "Je devais écrire quelque chose. J'ai besoin d'une note qu'Athéna puisse porter pour pouvoir voir où vous étiez."
Ses sourcils se soulevèrent. "Vous avez employé votre liaison visuelle avec elle pour découvrir mon emplacement ? C'était inventif. Je me demande pourquoi personne n'a pensé à faire de même auparavant ?"
"Je suis sûre que quelqu'un y a pensé, mais cela marche seulement pour des distances courtes. Et dans la plupart des cas cela ne marcherait probablement pas du tout." Elle fit une pause, avalant la boule dans sa gorge. "Athéna avait comme fait partie de moi pendant treize ans. Le lien que nous avions était ... spécial."
"Je sais." Cette fois il n'y avait aucune moquerie dans son ton.
"Elle était vieille et n'était pas habituée à beaucoup d'exercice. J'aurais dû savoir que son c?ur était faible." Maud pencha la tête, luttant contre une nouvelle montée de chagrin. "J'aurais dû le savoir."
La main de Rogue recouvrit la sienne, la saisit fermement. "Vous n'avez aucune raison de vous blamer, Maud. Sans moi-" Alors il s'arrêta et dit d'une voix étrange et tendue, "Qu'avez-vous mis dans ce thé ?"
Elle fut déconcertée. "Quoi?"
"Vous avez mis une plume de Jobberknoll dans mon thé." Il avait l'air abasourdi.
Avec un effort elle garda une expression calme, s'assit dans la chaise. "Je ne vois pas pourquoi vous penseriez une telle chose."
Il jeta la tasse au loin avec une malédiction : elle vola en éclats contre le mur. Alors, comme elle le regardait fixement, il commença à rire : un rire las, sans joie qui ne s'arrêta pas avant qu'il ne s'effondre contre les oreillers, épuisé. "D'accord, Mlle Maugrey," il haleta. "Je semble être à votre merci. Que voulez-vous savoir ?"
Des pensées sauvages se poursuivirent dans sa tête et pendant un instant elle fut écrasée par le nombre de possibilités. Mais la première question qui sortit de la bouche de Maud fut, perversement, celle qu'elle avait presque oublié :
"Pourquoi haïssez-vous Harry Potter ?"
Pendant un instant Rogue resta très calme et elle se demanda s'il répondrait du tout. Alors il dit, lentement, "Haïr n'est pas le mot que je choisirais. Je trouve le comportement de ce garçon extrèmement irritant, sa famille écoeurante et son attitude méprisable, mais ce n'est rien comparé à mon opinion au sujet - d'autres personnes ." Sur le dernier mot ses yeux devinrent soudain sauvages, et elle se demanda à qui il pouvait penser: puis il continua"Je dirai cela, cependant. "
"Pendant la première guerre contre Voldemort, des sorciers et des sorcières se sont battus et ont donné leur sang et leur vie; ils ont perdu des maisons, des êtres aimés, la santé et la raison; ils ont exécuté des actes incroyables d'héroïsme et de sacrifice de soi. Mais dans les annales de l'histoire des sorciers, qui reçoit le crédit de la défaite de Voldemort ? Ce maudit Harry Potter." Pendant un instant sa voix perdit sa douceur et elle entendit un rythme plus lourd, moins cultivé au-dessous : puis il sembla revenir à lui et continua comme auparavant.
"Un enfant en armes n'a aucun droit d'être appelé un héros. Potter ne savait rien, n'a rien fait. Il était simplement présent quand Voldemort a fait une erreur de calcul fatale. Et il est encore gâté et loué, même par les enfants de ceux qui ont souffert le plus, comme s'il avait accompli quelque chose de grand. C'est quelque chose que je ne peux pas accepter."
"Mais-" Maud était consternée. "Ce n'est pas la faute de Harry. Pourquoi le punir pour cela ?"
"Ce n'était jamais mon intention de punir Potter pour l'accident de sa naissance. Je, l'ai cependant évalué pour voir ce dont il était fait - de qui me mène à ma deuxième raison." Il respira à fond, grimaça de douleur à cause de ses côtes. "Comme son défunt père, Potter montre une tendance dangereuse à se comporter comme s'il était invincible, invulnérable et d'une façon ou d'une autre au-dessus des règles qui lient les simples mortels . Et je ne tolèrerais pas cette sorte de sottise ." Les muscles de sa mâchoire se durcirent. "Potter peut se considérer comme maltraité, mais s'il le savait seulement, je lui fais une faveur. Son père James était si populaire auprès des étudiants et des enseignants, de la même façon , tant admiré pour son intelligence ,son charme et son habileté au Quidditch, si entouré et si soutenu par des amis loyaux-" sa voix traîna sarcastiquement sur le dernier mot - "qu'il n'a jamais eu la chance de comprendre combien il était ordinaire, vulnérable . Et à la fin, c'est cette confiance qui l'a tué."
"Donc vous essayez en réalité de sauver la vie d'Harry ?" Elle essaya de retenir le scepticisme de sa voix, mais il transparaissait néanmoins. "Cela ne semble pas une très bonne façon de le faire. Plus vous vous jetez durement sur lui, moins il vous trouve raisonnable."
"Peut-être. Mais il n'apprendra pas en étant caliné et loué, non plus-- même si je pouvais rassembler l'hypocrisie nécessaire pour le faire. Et sa colère contre moi, aussi juvénile qu'elle puisse être, pourrait le conduire à l'excellence. De telles choses... sont déjà arrivées."
Elle décida de laisser ça passer et changea le sujet. "D'accord, alors, pourquoi êtes-vous si dur avec les élèves qui enfreignent les règles? Je sais qu'en tant qu'enseignant vous devez soutenir les règles dans une certaine mesure, mais-"
"L'Anarchie commence quand vous commencez à croire que les seules lois qui vous lient sont celles avec lesquelles vous êtes d'accord. Il y a peu de distance entre cela et devenir votre propre loi." Il la regarda d'égal à égal. "Avez-vous déjà vu l'anarchie ? Moi oui. D'abord cela semble vous libérer, mais finalement cela devient ennuyeux et vous désirez un retour à l'ordre. Mais ayant rejeté la morale, la seule loi qui peut vous tenir est la loi de force brutale. C'était ce que Voldemort représentait. Représente."
Maud était silencieuse, pesant ses mots. Enfin elle dit, "Mais si je n'avais pas transgressé les règles de Poudlard ce soir, qu'est-ce qui vous serait arrivé ?"
"Ce n'était pas de l'anarchie, Maud. Vous avez simplement mis de côté une loi moindre pour une plus grande. La chose importante était que finalement, la loi que vous avez voulu suivre n'était pas une loi de votre propre invention, vous ne l'avez fait non plus pour votre propre intérêt. Malheureusement-" Sa bouche eut un tic. "Tous les élèves ne comprennent pas cette distinction. Ce qui est pourquoi les règles de Poudlard doivent toujours être maintenues et chaque infraction, indépendamment de la raison derrière elle, doit être punie en conséquence."
Maud pouvait penser à plusieurs exceptions que Rogue avait faites à ce principe, particulièrement en ce qui concernait le Quidditch ou certains Serpentards aux bonnes connections, mais elle acquiesça.
"Le professeur Dumbledore peut être charitable s'il le choisit," dit Rogue. "Je ne suis pas habitué au fait de montrer de l'indulgence ... ni à en recevoir."
La rugosité de sa voix la fit lever la tête, soudainement inquiète. Il semblait épuisé, elle comprit : il y avait des ombres noires sous ses yeux et les lignes autour de sa bouche s'étaient approfondies. Plus que tout, il avait besoin de se reposer et elle le faisait défendre sa philosophie de vie.
"Dormez," dit-elle, mettant une main sur son front. "Vous n'avez pas perdu connaissance depuis au moins trois heures maintenant; le danger doit être passé. Je serai ici si vous avez besoin de moi."
"Oh, allez, Mlle Maugrey." Il eut un faible sourire railleur . "Vous devez avoir plus de questions que cela. Vous feriez mieux de les poser maintenant : vous n'aurez pas une nouvelle chance comme celle-là ."
"Ah bon ?" Elle se leva de sa chaise, et alla ramasser les fragments brisés de la tasse qu'il avait jetée. "Je ne pense pas que cela soit si dur. Tout ce que j'ai à faire est de vous attraper dans une humeur à faire des confidences et de vous laisser prétendre que j'ai mis une plume de Jobberknoll dans votre thé."
Rogue se leva sur ses coudes. "Vous voulez dire que vous m'avez menti-"
"Pour emprunter une expression, je ne vous ai jamais menti. J'ai simplement suivi votre exemple, comme n'importe quel bon apprenti doit faire et je me suis abstenue de dire la vérité."
Pendant un instant encore il continua à la regarder fixement, incrédule : puis il retomba contre les oreillers et rit, le premier rire véritable, spontané qu'elle ait entendu de lui de toute la nuit. Elle observa avec une fascination silencieuse comme il gloussait - un son inopinément chaud, guttural pour un homme si réservé habituellement- et les traits durs de son visage se détendirent, le faisant sembler beaucoup plus jeune. C'était presque, elle pensa, comme regarder qui Rogue pourrait avoir été, ou pourrait être encore un jour, dans un monde sans Voldemort.
"Maud," il dit quand il put parler, "Venez ici. S'il vous plaît."
C'était la première fois qu'elle entendait Rogue dire s'il vous plaît à quelqu'un. Elle reposa les morceaux de faïence et revint à son chevet.
"Dites-moi," dit-il. Le sourire s'effaça et ses yeux tenaient les siens, à un même niveau et sans cligner. "La vérité, toute la vérité : m'aimez-vous ?"
Son c?ur se retourna comme un sablier et le temps s'arrêta. M'aimez-vous ? C'était une question qu'elle ne s'était jamais attendue à ce qu'il pose, pas avec tant de mots. Et elle n'avait jamais imaginé devoir lui dire la réponse. Et pourtant, à ce moment là, toutes les émotions et pensées emmêlées de la semaine passée semblèrent se dénouer, et sa réponse vint sans plus besoin de réfléchir:
"Vous n'êtes pas du tout aimable," dit-elle, lui rendant son regard fixe avec une stabilité qu'elle ne ressentait pas. "Vous êtes sarcastique et autoritaire et à un degré exaspérant indirect; vous mettez de la graisse dans vos cheveux et teintez vos dents en jaunes pour des raisons que je ne peux pas comprendre; vous semblez n'avoir aucune vie à l'extérieur de Poudlard et personne ne semble avoir confiance en vous, à part Dumbledore; vous m'avez aveuglée quand j'avais quatre ans et auriez pu par mégarde m'ensorceler aussi, une possibilité qui m'a causé quelque sérieuse consternation ... et oui, je vous aime. Non pas parce que vous m'avez fait vous aimer - je le sais maintenant, même si mon oncle ne le sait pas - ou parce que je voulais vous aimer, mais parce que j'ai choisi de vous aimer et parce que je sais que vous avez besoin que je vous aime, que vous soyez prêt à l'admettre ou non."
Elle finit la dernière phrase à la hâte, à bout de souffle et resta debout en attendant que le couperet tombe. Il pourrait la faire partir maintenant, s'il le voulait : et étant donné sa détermination d'obéir aux règles, il le ferait probablement. Il l'avait testée avec une plume de griffon et elle avait échoué; il avait mis sa vie dans ses mains et elle avait refusé de la prendre. Si ce qu'il voulait d'elle était une froide façade et une manière d'être impitoyable qui lui ressemblait, il devrait chercher ailleurs : Maud savait ce qu'elle était maintenant et elle n'était pas une extension de Rogue. Elle ne le serait d'ailleurs jamais .
Rogue acquiesça lentement, comme s'il s'était attendu à quelque chose comme ça. "Merci," dit-il. "Et maintenant, puis-je vous demander de me faire une petite faveur ?"
Maud respira à fond. "Oui".
"Cela vous ennuierait-il de vous pousser un peu, pour que je puisse parler au professeur Dumbledore ?"
Pendant un instant Maud le regarda fixement, incapable de croire ses oreilles. Puis, très lentement, elle se retourna .
Dumbledore était debout tranquillement derrière elle, ses mains pliées dans les manches de ses robes étoilées. Ses yeux semblaient las derrière ses lunettes en demi-lunes et sa bouche était grave. "Il est très tard, Mlle Maugrey," dit-il. "Ou peut-être je dois dire, très tôt. Je pense que vous avez une explication ?"
