Titre: Risques personnels version modifiée 10/2003
Chapitre 6 : Pour empêcher cette rumeur (6/7)
Auteur: R. J. Anderson
Email: rebeccaj@pobox.com
Traduit de l'anglais par dark_rogue@caramail.com
Categorie: Drama/Angst
Mots clefs: Rogue, Maugrey, cinquième année, après la coupe de feu
(Accord parental souhaitable)
Pendant que Dumbledore la regardait sobrement, Maud se sentit passer du chaud au froid et du blanc au rose subitement. Il devait avoir entendu la réponse qu'elle avait donnée à Rogue : son seul espoir était qu'il avait aussi entendu la question. Autrement, elle aurait l'air d'avoir fait irruption ici au beau milieu de la nuit pour jurer un amour éternel - une pensée plus humiliante que tout ce que Muriel pourrait probablement inventer.
"Je-" elle commença à dire, mais Rogue fut plus rapide.
"Directeur," dit-il, "je prends la pleine responsabilité de .l'irrégularité de la situation. Mlle Maugrey m'a sauvé la vie ce soir et sa présence était seulement due à ses compétences médicales, je vous assure."
Sa voix sonnait, pensa Maud avec surprise, presque inquiète. Elle jeta un coup d'?il derrière elle à Rogue, vit la tension sur son visage, le regard implorant peu familier dans ses yeux.
"Je vous crois, Severus," dit Dumbledore doucement. "Cependant, maintenant que je suis ici, je pense qu'il serait mieux que Mlle Maugrey -"
"Ne me faites pas partir."
Les mots sortirent de sa bouche avant qu'elle ne puisse les retenir et elle rougit de nouveau lorsque les deux hommes la regardèrent. "C'est juste," dit-elle, "que je ne peux pas - je dois savoir-"
Dumbledore posa une main sur son épaule. "J'étais sur le point de dire, qu'il serait mieux que vous vous poussiez légèrement pour me permettre de voir ce que je peux faire pour Severus. Il devra donner des cours dans quelques heures, après tout et cela serait malheureux que quelqu'un doive remarquer ses blessures."
"Oh,"dit-elle faiblement. "Oui, bien sûr."
Dumbledore s'avança, tirant une fiole cristalline de sa manche. Soigneusement, même tendrement, il tourna la tête de Rogue sur le côté pour que l'entaille au-dessus de sa tempe soit visible et laisser tomber une seule goutte de la bouteille sur la blessure laide. "Y a-t-il autre chose ?" demanda-t-il.
"Des côtes cassées," dit Rogue. "Le reste est de simples contusions et des éraflures - mes robes les cacheront." Le Directeur inclina la tête. "Très bien. Ouvrez votre bouche, Severus," et quand Rogue obéit il versa une autre des gouttes nacrées sur sa langue. Rogue avala et quelque couleur revint sur son visage.
"Maintenant," dit Dumbledore, "je suggère que vous essayiez de dormir un peu. Mlle Maugrey et moi avons à parler."
"Directeur," dit Rogue. "Y avait-il - quelque chose pour moi ?"
Les yeux de Dumbledore pétillèrent faiblement dans un sourire. "Je crois que j'ai ce que vous cherchez, oui. Mais cela attendra que vous ne soyez dans une meilleure position pour l'apprécier. Maintenant dormez," et il mit une main sur le front de Rogue. Quand il la retira un moment plus tard, les yeux de Rogue étaient fermés.
"Bien, Mademoiselle Maugrey," dit Dumbledore d'un ton plus vif, prenant son bras et la menant à un siège dans un coin, "tu as eu une soirée mouvementée, à ce que je vois. Mais d'abord..." Il tira un petit objet arrondi de sa manche et le mit dans sa paume.
Maud savait sans regarder ce qu'il lui avait donné. Elle ferma ses doigts autour du corps d'Athéna, caressa doucement les plumes de pierre avant de glisser le petit hibou dans la poche de ses robes. "Professeur", dit-elle. "Où étiez-vous ?"
"J'ai reçu un appel urgent d'un vieil ami," dit Dumbledore. "Je te fais des excuses pour ne pas avoir été là quand tu es venue à mon bureau, mais même moi, je ne peux pas être à deux endroits au même moment ... et j'avais des raisons de croire que Severus serait en de bonnes mains."
"Comment va mon oncle ?"
Les sourcils de Dumbledore se levèrent : il lui donna un regard perçant à travers ses lunettes. "Je vois," dit-il. "Bien, alors, puisque tu sembles connaître la situation presque aussi bien que moi , la réponse est bien. Il était un peu surexcité et avait un superbe assortiment de heurts et des contusions, mais autrement il ne semblait pas avoir été blessé sérieusement."
Maud ferma les yeux de soulagement.
"Nous avons eu une longue conversation , Alastor et moi," dit Dumbledore pensivement. "De même que lui et Severus, je comprends, avant qu'Albert ne les ait interrompus."
"Albert ?"
"Albert Parnaby." Dumbledore soupira. "Une autre jeune vie prometteuse gaspillée au service d'un mauvais maître." Ses yeux se dirigèrent un instant vers la silhouette silencieuse, immobile de Rogue. "Albert était un élève ici il y a quelques années seulement : je le connaissais bien. Son père possède un magasin dans le chemin de embrumes, mais Severus et moi pensions il pourrait encore y avoir de l'espoir..."
Jusqu'à présent, Maud avait vu Parnaby comme un homme d'un certain âge, endurci par des années de service de Voldemort. La réalisation qu'il avait été seulement un peu plus vieux qu'elle et que Rogue lui avait donné des cours de même qu'à elle, secoua son estomac. Comment Rogue s'était-il senti, à devoir le tuer ?
"Il est chanceux que tu ais été avec Severus ce soir," dit Dumbledore tranquillement, comme s'il avait lu ses pensées. "Même s'il n'avait pas été blessé, cela n'aurait pas été bon pour lui d'être seul. Mademoiselle Maugrey-"
Elle leva la tête.
"Je ne prétendrai pas ne pas avoir entendu tes paroles lorsque je suis entré. Mais je ne te condamnerai pas non plus pour elles. En fait je suis d'accord avec toi : Severus a besoin d'être aimé. Et si tu as vraiment choisi de l'aimer malgré ses fautes, tu ne peux pas lui faire un cadeau plus grand."
Maud lui fit un sourire blême pour montrer qu'elle appréciait l'encouragement, mais à l'intérieur elle pensait : Nous y voila.
"Et ..." dit Dumbledore pensivement.
Elle se raidit, se préparant au pire.
"... j'ai de bonnes raisons de croire qu'il le sait. Soit patiente avec lui, Maud. Il a été seul pendant une longue période de temps et la confiance ne lui vient pas facilement."
D'accord, pensa Maud, c'est pour maintenant.
Mais non. Dumbledore replia ses mains ensemble et s'assit en tripotant ses pouces, et en chantonnant faiblement un air mélancolique. Il était évident, qu'il avait fini ce qu'il était venu dire - mais cela semblait impossible. Où était le cours sur la responsabilité, l'avertissement de l'importance d'une bonne réputation, le rappel sévère des règles de Poudlard ? Obscurément, Maud se sentit trompée.
"Professeur," dit-elle enfin, "je ne suis pas punie ?"
"Penses-tu que tu devrais être ?"
"Et bien ... oui."
Il sourit doucement. "Il arrive que j'ai remarqué à mon retour que Severus avait commis l'acte sans précédent de retirer des points de sa propre maison. Pour le crime de s'aventurer dans la Forêt Interdite après heures - une violation qui semble être commise avec une régularité navrante ces derniers temps - je crois que cinquante points seront plus que suffisant. Bien sûr, il y a la question de..."
Maud retint son souffle.
"... ton sauvetage de Severus. C'était un acte de courage, de fidélité et de sacrifice de soi comme j'en ai rarement vu chez un membre de la Maison Serpentard et s'il n'était pas nécessaire - et s'il n'y avait pas besoin - de tenir les détails de ton héroïsme secrets, j'accorderai volontiers cent points à ton crédit. Mais étant donné la situation..."
Il parlait, pensa Maud avec des yeux vides, comme s'il avait été témoin direct des événements de cette nuit , ou s'il savait au moins l'histoire entière. Mais s'il savait que Rogue avait besoin d'être sauvé, alors pourquoi il ne l'avait pas fait lui-même ? Ou au moins aidé d'une façon ou d'une autre ?
Parce que, se répercuta la voix de son oncle dans son esprit, je savais que je ne pourrais pas toujours être là pour toi...
Son esprit recula devant cette pensée. Elle la repoussa, se força à faire attention juste à temps pour entendre Dumbledore dire, "Hélas, je crains que tu ne deviennes encore moins populaire parmi tes camarades Serpentards que tu ne l'es déjà ."
"Je ne pense pas que c'est possible," dit Maud.
"Oh, mais si. Après cette nuit tu ne leur feras plus pitié comme auparavant, ils ne trouveront plus tout à fait si commode de t'ignorer. Tu vois - et je crois que tu me pardonneras ce de jeu de mots négligent - tu n'es plus aveugle."
Elle le regarda brusquement; son sourire s'élargit. "Ma chère jeune femme," dit-il, "même si tu n'avais pas laissé Athéna sur le seuil de ma porte, je n'aurais pas pu manquer de le remarquer. Je m'étais demandé qu'il faudrait pour convaincre ton esprit d'accepter ce que ton c?ur savait déjà : maintenant, il semblerait, nous l'avons découvert."
"Je... Je ne suis toujours pas sûre de comprendre."
"Oh, je pense que si, Mademoiselle Maugrey - ou au moins, tu le soupçonnes. Il y a au moins deux explications raisonnables pour lesquelles ta cécité a continué même après que toi et Severus ayez fabriqué votre potion de régénération des nerfs." Il les compta sur ses doigts. "La première était qu'Athéna avait été une partie de toi si longtemps, que c'était impossible pour toi d'imaginer voir sans elle. Tant qu'elle vivait, ton esprit n'accepterait pas de voir autrement."
Elle acquiesça : c'était logique.
"Et l'autre..." Il baissa la voix, l'invitant à continuer.
"Mon oncle pensait savoir." Elle parla doucement, pour que même si Rogue était éveillé, il n'entende pas. "Il croyait que c'était à cause du lien qui s'est formé entre nous - le Professeur Rogue et moi - quand il a sauvé ma vie. Que je lui avait livré ma volonté cette nuit-là et que même maintenant, une partie de moi lui obéissait toujours instinctivement. Donc je ne regagnerais jamais ma vue tant que j'étais avec lui, parce que si je pouvais voir, je - je pourrais devenir un Auror. Et cela voudrait dire le quitter."
Dumbledore la considéra sérieusement sous son long nez courbe. "Le crois- tu ?"
"Pendant quelque temps ... j'ai craint que cela puisse être vrai."
"Et maintenant ?"
Sa bouche se plia dans un sourire triste; lentement, elle secoua la tête. "Même si le Professeur Rogue avait réussi à jeter par mégarde un sort de confiance sur moi quand j'avais quatre ans, les effets n'auraient pas pu durer pendant treize heures, sans parler de treize ans. Et bien que lui devoir la vie m'ait donné un certain ... désir de ... lui montrer ma gratitude d'une façon ou d'une autre, et essayer de payer cette dette ... cela n'a pas changé qui je suis. Les choix que j'ai faits sont les miens. Pas les siens." Elle souleva son menton, regarda fermement derrière Dumbledore vers le lit où Rogue était étendu, son visage curieusement vulnérable dans le sommeil et ses cheveux noirs dégringolant sur l'oreiller. "Je le sais maintenant."
"Bien," dit Dumbledore avec satisfaction.
"De plus," Maud ajouta sans détourner les yeux, "si le Professeur Rogue veut me contrôler, il ne fait pas du très bon travail. Après ce soir, il a autant de dette envers moi que j'en ai jamais eu envers lui ... et je peux voir de nouveau."
Le Directeur tapota son bras, et se mit sur ses pieds avec effort. "Tu as toujours vu plus clairement que tu ne savais, Maud, particulièrement en ce qui concerne Severus. Et puisque de temps en temps tu possèdes aussi une capacité singulière à voir à travers lui, tu pourrais encore être capable de lui apprendre une chose que je ne pourrais jamais ."
Elle leva les yeux vers lui interrogativement.
"A rire de lui-même." Dumbledore chercha dans sa manche de nouveau, et en tira un rouleau serré de parchemin. " Pourras-tu donner cela à Severus pour moi ? Mes paupières attendent leur inspection de chaque nuit . Aussi bien que les tiennes, j'en suis tout à fait sûr : donc je t'encouragerais à prendre tout le repos que tu pourras avant le lever du soleil."
Maud était stupéfiée. "Professeur - vous me permettez de rester ici ?"
"Je te le permet. Pourvu que tu montres le bon jugement de savoir décider quand partir, comme je m'attends entièrement à ce que tu le fasses, tu constateras que tu es capable de retourner à ton dortoir sans être vue." Il fit une pause, puis ajouta avec des sourcils levés et un scintillement significatif dans son oeil, "Cependant, si tu insistes à accompagner Severus au petit déjeuner, je ne serai pas responsable des conséquences."
L'idée d'elle avançant rapidement dans la Grande Salle au bras de Rogue, aux regards incrédules fixés sur eux de ses camarades d'étude, était si absurde que Maud étouffa un rire. "Je m'en souviendrai," dit-elle. "Merci, Directeur."
"Mlle Maugrey," il la salua gravement, soulevant son chapeau et partit.
Maud attendit que la porte ne se soit fermée avant de regarder le parchemin dans ses mains. Que-est-ce que cela pouvait bien être ? Pendant un moment fou elle lutta avec l'impulsion de l'ouvrir : mais son meilleur jugement l'emporta et elle posa le rouleau de côté. Alors, tranquillement, elle tira sa chaise jusqu'au bout du lit, posa sa tête sur les couvertures et tomba en un instant dans un sommeil sans rêves.
***
"Maud."
Elle se réveilla au son de la voix de Rogue, se redressa avec effort. Pendant un instant elle regarda stupidement le lit vide, se demandant où il était parti : puis elle tourna la tête et le vit debout à côté d'elle.
Il était entièrement habillé, de robes noires identiques à celles qu'il avait ruinées la nuit précédente et les yeux qui rencontrèrent les siens étaient clairs, scintillant dans la première lumière faible de l'aube. Il lui tendit une main et lorsqu'elle la prit et le laissa la tirer sur ses pieds elle vit qu'il bougeait facilement, comme s'il n'avait jamais été blessé.
"Bien-" commença-t-elle à dire et elle ne put aller plus loin avant qu'il ne prenne son visage entre ses mains et ne couvre sa bouche de la sienne.
Pour un premier baiser c'était assez impressionnant et Maud était à bout de souffle lorsqu'il fut fini. A travers la brume, se demandant si elle était éveillée ou si c'était juste un rêve réaliste et potentiellement embarrassant, elle s'entendit dire d'une voix épaisse, "Vous ne pouvez pas faire cela."
Rogue enroula ses bras autour d'elle, posa son menton sur le sommet de sa tête. "Ah bon ?" dit-il.
"Non, vous ne pouvez pas," insista-t-elle, assourdie contre ses robes. "Les règles-"
"Maud," dit Rogue, "avez-vous une idée de ce que les règles disent en réalité en ce qui concerne cette sorte de situation ?"
"Non,"dit-elle de nouveau, poussant inefficacement contre son poitrine dans un effort pour se libérer de son embrassade. "Mais je suis tout à fait sûr qu'elles ne disent pas que vous pouvez faire ce que vous venez de faire."
"Tout à fait vrai," consentit Rogue, la relâchant et observant son visage rougi avec une sorte d'amusement de propriétaire. "Mais elles ne l'interdisent pas non plus."
"C'est impossible." Elle le regarda fixement. "Le professeur Dumbledore vous a dit quelque chose à propos de cela une fois, je me souviens. ' Se tenir la main entre enseignant et élève est expressément interdit par le règlement intérieur de l'école. ' Il l'a dit comme si c'était une plaisanterie, mais-"
"Notez qu'il n'a pas dit de quelle école. Et ayant consulté moi même les règles existantes de Poudlard-- jusqu'aux nouvelles qu'Umbridge a introduites cette année, inclues-- je peux vous assurer que les liens de ce genre sont seulement considéré comme un crime passible de punition quand l'élève n'est pas encore majeur, ou s'il y a évidence de corruption. Cependant-" Il étendit la main, glissa une mèche entêtée en arrière du visage de Maud - "je sais aussi bien que vous que la tolérance n'est pas le même chose que l'approbation."
"Exactement." Les joues en feu, elle repoussa sa main au loin, embarrassée par la réalisation que cette fois les cheveux de Rogue devaient avoir l'air plus soignés que les siens.
"Donc j'ai discuté la question en profondeur avec le Directeur. Qui, avec sa façon circonspecte habituelle, m'a conseillé de consulter une autorité plus haute."
Elle le regarda fixement. "Le conseil d'établissement ?"
"Non," dit Rogue avec quelque chose de sa vieille acidité. "Votre oncle."
Pendant un instant Maud continua à le regarder avec incrédulité : alors ses genoux cédèrent et Rogue dût la rattraper par les coudes. "Mon oncle ..." chuchota-t-elle. "C'était pour cela vous êtes allé le voir ? Vous avez vraiment risqué votre vie pour demander-"
"- sa permission, oui. Cela semblait la seule chose honorable à faire en de telles circonstances . Et en plus, si je ne l'avais pas fait, il m'aurait vraiment tué."
"Alors ce parchemin-"
"-était de lui. En effet. Bien qu'il y ait une lettre adressée à vous avec : voudriez-vous la lire?"
"Je pense que je ferais mieux de m'asseoir," dit Maud faiblement.
Chère Maudie, J'écris ces lignes sous le nez vigilant de Dumbledore et je devrai être rapide, puisqu' il tient beaucoup à revenir à Poudlard rapidement. Ton Professeur Rogue est un mendiant effronté et est en même temps trop sûr de lui si tu me demandes mon avis. Mais par la barbe de Merlin, il a du cran. Et puisqu'il m'a non seulement sauvé la vie ce soir, mais a pris une - (ici plusieurs mots étaient gribouillés ) bonne volée en le faisant, j'admettrai que j'ais pu mal le juger . Cependant, même cela n'aurait pas été assez pour moi, s'il n'y avait pas eu le garçon Parnaby. Rogue a dû le tuer, ou bien c'en aurait été fait de nous tous et d'un bon gros morceau de la campagne aussi. Mais il l'a fait rapidement - avec plus de pitié que le garçon en méritait, en fait - et j'ai pu voir qu'il n'y prenait aucun plaisir. Rogue semblait bien connaître Parnaby - il a probablement été son professeur à Poudlard. J'ai remarqué, aussi, que P. ressemblait un peu au garçon Potter en apparence. De toute façon, quand ce fut fini, Rogue avait l'air encore plus malade que d'habitude. Tu ferais bien de le surveiller pendant les quelques prochains jours, Maudie. Je parierai que tu n'aurais jamais pensé que je te demanderais un jour - moi, de t'occuper de Rogue ? Et bien, je suis peut-être un vieux (mot rayé) cognard dur, mais j'espère que je peux encore l'admettre quand j'ai eu tort. J'ai beaucoup repensé à ce que tu as dit quand tu étais ici et je pense que je commence à en voir le sens. Je savais que tu avais une tête sensée sur tes épaules et tu as toujours été plus vieille que ton age; mais même ainsi je ne pouvais pas imaginer ce qui pouvait te faire vouloir l'amitié d'un homme comme Rogue. Maintenant, cependant, j'ai vu un peu de ses vraies couleurs par moi-même. Et il doit penser beaucoup de bien de toi, Maudie, ou il n'aurait pas risqué sa peau à venir me voir. Je ne sais pas ce que tu penseras de tout cela. Tu m'avais dit que tu n'étais pas amoureuse de Rogue, après tout et à cette époque tu semblais le croire. Donc tu pourrais ne remercier aucun d'entre nous. Mais après ce qui est arrivé ce soir, j'ai décidé de donner une chance à cet homme. Ton oncle qui t'aime, Alastor Maugrey
P.S. Je ne suis pas amoureux de Rogue non plus, alors assure toi de bien l'envoyer sur les roses si tu ne veux pas de lui. Tu as toujours eu un c?ur trop tendre.
Derrière cette lettre était une autre page, écrite aussi de la main gribouillée de son oncle : Moi, Alastor Maugrey, consent par la présente à ce que le Professeur Severus Rogue fasse sa cour à ma nièce et pupille, Maud Margaret Maugrey, si pour quelque raison elle décide de l'agréer. Et si elle le fait, il ferait mieux de tenir son serment de se comporter en gentleman. Autrement, je jure par la présente de le pourchasser et lui arracher ses ( grand gribouillis noir) pieds . Et ce sera juste un début. Signé ce 17ème jour de janvier 1996, Alastor Maugrey
Maud relit les deux pages deux fois, pour être sûre qu'elle n'imaginait pas des choses. Enfin, lentement, elle les posa sur ses genoux et leva les yeux vers Rogue.
"Vous," dit-elle, "êtes fou."
"Si vous pensez que ceci est alarmant," dit Rogue, "vous auriez dû entendre le serment." Il se baissa et prit les papiers de ses mains. "Ceux-ci resteront un secret entre nous et le Directeur. Je n'ai pas obtenu le consentement de votre oncle pour le bénéfice de quelque conseil d'établissement et je ne l'ai certainement pas fait pour le Seigneur des Ténèbres."
A titre privé, Maud était d'accord : il était peu probable que Voldemort apprécie que quoi que ce soit conclut une trêve entre un de ses Mangemorts et le célèbre Maugrey Fol Oeil. Maintenant, comme auparavant, leur meilleur espoir était de tenir leurs distances et feindre que l'animosité entre Maud et son oncle - aussi bien qu'entre son oncle et Rogue - était véritable.
"Bien sûr," dit Rogue d'une voix inexpressive, regardant toujours les lettres, "vous avez retrouvé votre vue ."
"Oui," dit-elle.
"Et donc vous avez aussi certaines options ... ... qui n'étaient pas ouvertes à vous auparavant."
"Comme ?" Elle le savait, mais elle voulait l'entendre le dire.
"Devenir Auror." Il fit une pause. "C'est-à-dire après tout, ce que vous avez toujours voulu . N'est-ce pas ?"
"Oui."
"Alors..." Avec une décision soudaine il s'avança à grands pas vers la cheminée, et tint les papiers au-dessus des charbons ardents.
"Vous êtes plus intelligent que cela," dit Maud doucement.
Il regarda derrière lui et les lignes dures de son visage se détendirent. Lentement, il baissa son bras. "Je voulais seulement que vous sachiez," dit-il, "que vous avez le choix."
"J'ai fait mon choix," dit-elle. "Je ne le regrette pas."
Rogue resta debout immobile, sa figure grande et maigre auréolée par la lumière du soleil d'un or lumineux. Pendant un instant, malgré ses traits durs sa peau jaunâtre et ses cheveux grêles (mais pas encore graisseux) tombant sur ses épaules, il était beau.
"Ni moi," dit-il. Et alors il lui ouvrit ses bras et elle s'y avança.
Pendant un long moment ils se tinrent, les mains de Maud caressant les muscles du dos de Rogue, le visage de Rogue enfoui dans les cheveux de Maud. Maud ferma ses yeux, avec un mal aigre-doux dans son c?ur en comprenant combien ils avaient tous les deux tiré profit cette nuit et combien plus que la vie d'Athéna -d'autant plus que ce chagrin lui faisait toujours de la peine - pourrait avoir été perdu.
Bien sûr, ils avaient toujours beaucoup à perdre, particulièrement maintenant, s'ils ne maintenaient pas leur vigilance. Elle n'avait aucune crainte que Rogue trahisse ses vrais sentiments en la favorisant trop : il était plus probable qu'il se trompe du côté de la sévérité. De toute façon, il avait vécu une charade pendant tant d'années déjà que l'addition d'un élément supplémentaire à son subterfuge importerait à peine . Maud était plus concernée par le maintien de sa propre discrétion, particulièrement après ce qui était arrivé avec Muriel : elle devait être mieux préparée à l'avenir et pas se permettre d'être prise de court comme ça de nouveau.
Et à propos d'être attrapée...
"Je dois partir," murmura-t-elle à contrec?ur contre le battement de c?ur de Rogue. "Dumbledore m'a promis un passage sûr jusqu'au dortoir, mais pas si j'attends plus longtemps."
Elle sentit son signe de tête d'approbation. Il recula un peu, embrassa son front, sa joue et finalement, lentement, sa bouche. Puis il la laissa partir et elle ramassa son manteau et quitta la pièce sans un autre mot.
***
"Muriel! Réveille-toi! Réveille-toi!"
La voix était celle d'Annie Barfoot. Maud ouvrit des yeux troubles et tira les couvertures de sa tête juste à temps pour voir la fille aux cheveux frisés saisir Muriel à deux mains et la secouer - une liberté qu' Annie n'aurait jamais osé prendre en temps normal.
" 'oi ?" marmonna Muriel, faisant un effort futile pour repousser Annie. "'a-t-en."
"Lucinda et moi revenons juste de la Grande Salle." Annie était presque hystérique. "Et Serpentard a perdu cinquante points!"
Maud s'assit lentement, se leva et commença tranquillement à s'habiller. Elle enfila ses robes scolaires noires par la tête, puis prit une brosse et lissa ses cheveux pâles, soyeux avec quelques coups rapides. Il était étrange de regarder son visage de front dans le miroir sans voir aussi Athéna sur son épaule ...
"TOI!" gronda la voix de Muriel derrière elle.
Maud se retourna en un éclair et frappa la main de Muriel loin de son bras. "Ne me touche pas," dit-elle, faisant sonner chaque mot d'un air glacial .
Les yeux de Muriel rencontrèrent ceux de Maud - et la couleur draina de son visage. Elle fit un pas en arrière, son expression circonspecte, presque craintive.
"C'est exact," dit Maud d'une voix égale. "Je peux voir. Dis-moi donc, Muriel ... pourquoi dois-je me soucier de combien de grains de sable sont dans le sablier des Serpentards ce matin ?"
"Oh," grinça Annie. "Oh, oh, oh!"
"La ferme!" Muriel aboya, se tournant vers elle. "Ou sort!"
Annie rabattit ses mains sur sa bouche, ses yeux ronds comme ceux d'un hibou et s'assit brusquement sur la fin du lit. Muriel la regarda fixement quelques secondes de plus avant de se retourner vers Maud et d'affronter son regard fixe de nouveau, cette fois avec une expression de défi.
"D'accord," dit-elle. "Peut-être que tu ne t'en soucie pas. Mais le reste d'entre nous le fait ... et je te promets, Fille Maugrey, que nous te ferons le regretter."
Maud sourit. "Tu peux essayer," dit-elle. "Mais je suggère que tu te demandes quelque chose, Muriel : pourquoi pourrais-je vouloir quitter Poudlard la nuit, seule? Et quelle sorte de pouvoir il faut pour faire voir une jeune aveugle ?"
Annie tourna d'une nuance délicate de vert, sauta sur ses pieds et courut hors de la pièce. Muriel, d'autre part, sembla presque impressionnée. "Bien, bien," dit-elle. "Alors qu'essayes-tu de me dire ? Que tu as des amis en bas lieu ?"
"Plus haut que tu n'atteindras jamais ."
"Des amis puissants ?"
"C'est toi qui le dit," dit Maud.
Les yeux de Muriel se rétrécirent, l'évaluant. "Je vois," dit-elle enfin, quoique Maud puisse dire qu'elle ne le faisait pas . Mais le manque d'information ne l'avait jamais arrêté de parler et avant la fin de la journée l'école bourdonnerait avec quelque rumeur pernicieuse ou autre sur comment Maud avait récupéré sa vue. Probablement plusieurs rumeurs différentes et contradictoires, en fait.
"Alors," Muriel dit. "Qui t'a attrapée quand tu es revenue ? McGonagall ? Umbridge?"
Maud resta silencieuse.
"C'est ce que je pensais." L'autre fille sembla satisfaite. "Bien, voyante ou non-voyante, je ne voudrais pas être à ta place pendant les quelques prochains jours, Maugrey." Elle s'étendue comme pour pousser Maud , mais Maud recula, soutenant sa brosse d'un air menaçant.
"Je ne te le dirais pas deux fois, Muriel. Ne me touche pas. Jamais."
Muriel la regarda fixement et ouvrit la bouche pour répliquer, mais alors la voix timide d'Annie vint de l'embrasure de la porte : "Muriel - dans la salle commune - il veut te voir."
"Qui ?" demanda Muriel, ne quittant toujours pas Maud des yeux.
Annie avala "Professeur Rogue."
Le son du nom de Rogue était difficilement mélodieux, mais il réussissait quand même à faire des choses inattendues à la base de l'épine dorsale de Maud. Elle pouvait ne pas s'être considérée comme amoureuse de lui il y a quatre jours, ou même hier; mais ,le ciel l'aide, elle l'était certainement maintenant. Étrange, elle pensa, comme un choix de l'esprit peut si rapidement prendre possession du c?ur ...
"Tu ferais mieux de t'habiller," dit-elle à Muriel, avec bien plus de calme qu'elle n'en ressentait.
Furieusement, Muriel se tourna, marcha vers son coffre et commença à en jeter des robes. Maud s'assit sur le bout de son lit et brossa ses cheveux avec de longues, lentes caresses jusqu'à ce que le claquement du couvercle du coffre ne l'avertisse que l'autre fille avait fini : alors elle se leva calmement et suivit Muriel par la porte.
Rogue était debout devant la cheminée, battant avec un long doigt contre son bras plié. Son regard vacilla vers Maud lorsqu'elles entrèrent et pendant un instant leurs yeux se rencontrèrent : mais son visage resta sans expression et dès l'instant suivant son attention s'était tournée complètement vers Muriel. "Mlle Groggins," dit-il brusquement. "Suivez moi."
Les épaules rentrées, comme si elle savait déjà et ressentait ce qui allait se passer, Muriel le suivit hors de la salle commune. Maud regarda jusqu'à ce que la porte ne se soit fermée derrière eux. Alors elle se tourna vers Annie, qui était debout, incertaine, à côté d'elle et dit, "Vite, Annie. Qu'a-t-il exactement dit quand il est entré ?"
La fille aux cheveux bruns secoua la tête. "Quelque chose à propos d'une réunion et la de présence de Muriel étant exigée ... je ne me souviens pas."
Elle darda un regard nerveux vers Maud, puis se mordit la lèvre et laissa tomber ses yeux de nouveau. "Penses-tu qu'elle a des ennuis ?"
"Oui," dit Maud lentement. "En réalité, oui."
"Alors..." Annie cligna des yeux. "Peut-être que ce n'était pas toi. Peut- être que c'était elle. Les cent points, je veux dire. Tu crois ? Je veux dire, McGonagall - c'était elle qui t'a attrapée, n'est-ce pas ? - a-t-elle dit qu'elle enlevait cinquante points ?"
"Non," lui dit Maud, avec une honnêteté parfaite. "Le professeur McGonagall n'a dit rien de tel."
***
Muriel ne se montra pas dans la Grande Salle avant que le petit déjeuner ne soit à moitié fini. Elle se fraya un chemin jusqu'au banc à côté de Lucinda, ses yeux rouges et avala une boule de gruau d'avoine sans parler ni regarder qui que ce soit. Elle n'avait pas simplement l'air coupable, pensa Maud : elle semblait condamnée. Et quand Chourave, Flitwick, McGonagall et Rogue entrèrent ensemble dans la salle quelques minutes plus tard, les regards de perplexité et de surprise échangés à la table des Serpentard tournèrent en regards de compréhension - et de colère.
"Je savais qu'elle aurait des ennuis un jour ou l'autre!" siffla Lucinda aussitôt que Muriel fut partie. "Je lui ai dit qu'elle était allée trop loin!"
Annie acquiesça solennellement. "Il y a des choses qu'on ne peut juste pas dire."
C'était de l'hypocrisie chancelante, étant donné que Lucinda et Annie étaient non seulement des commères invétérées elles-mêmes, mais les propres rapporteurs en chef de Muriel. Maud supprima la forte envie de leur frotter à tous les deux les oreilles, attrapa calmement un autre toast et dit, "Comme quoi ?"
"Et bien-" Annie rougit. "Allez, Maud, tu dois quand même savoir."
"Oh. Ca." Maud ne fit rien pour cacher son amusement - quoique les raisons pour cela soient différentes que n'importe laquelle que Lucinda ou Annie pouvaient espérer deviner. "Quelqu'un prend-il cela sérieusement ?"
Lucinda leva les yeux vers elle, la honte et la crainte se mélangeant dans ses yeux verts embués. "Pas - plus maintenant," dit-elle. "Maintenant que nous savons ce que vous faisiez vraiment ."
Maud n'avait aucune idée de ce qu'ils "savaient", mais elle inclina la tête comme si elle le faisait.
"De toute façon, j'ai entendu des Gryffindors parler il y a quelques minutes," ajouta Annie, "et ils ont dit que quand McGonagall a découvert certaines des choses que Muriel avait dites, elle était furieuse."
"Peut-être McGonagall a un béguin pour Rogue," dit Lucinda et elle rit sottement.
Annie fronça les sourcils. "C'est sérieux, Lucinda. J'ai entendu dire que Muriel pourrait être expulsée."
D'une façon ou d'une autre, Maud doutait qu'Annie ait entendu quoi que ce soit de la sorte : même si c'était vrai, les nouvelles n'auraient pas pu voyager si vite. Mais Lucinda sembla l'accepter comme un fait et sans aucun doute peu de temps après le reste des Serpentards aussi.
"Hé, Maugrey."
La voix venait de derrière elle, une voix traînarde et insolente que Maud ne connaissait que trop bien. Elle se tourna sur sa chaise pour lui voir Draco Malfoy debout là, les bras croisés, lui souriant d'un air satisfait . "Alors tu as retrouvé ta vue," dit-il. "Beaucoup de gens voudraient savoir comment tu y es arrivée ."
Maud lui fit un sourire tendu. "Pourquoi ne demandes-tu pas à Annie et Lucinda ?" dit-elle, se levant et lui offrant sa place sur le banc. "Elles te raconteront l'histoire beaucoup mieux que je ne le pourrais jamais ."
***
Toute la journée, Maud se prépara à se défendre contre les accusations et les récriminations, sûre que quelqu'un découvrirait qu'elle et non Muriel avait été la cause de la perte douloureuse de ces cent points. Mais personne ne le fit. Et avant la fin du dernier cours, Maud avait entendu assez d'histoires horrifiques sur les fautes de Muriel pour éclipser même les plus mauvaises rumeurs sur elle-même - ce qui disait beaucoup, parce que certaines des théories comment Maud avait récupéré sa vue étaient vraiment tout à fait alarmantes. Beaucoup d'entre elles impliquaient de la magie noire, des créatures sombres, des rituels douteux à minuit dans la Forêt Interdite, ou quelque combinaison des trois. Quelqu'un alla jusqu'à suggérer qu'elle ait tué une licorne.
Mais celles-là étaient les rumeurs des Serpentards. Les autres étudiants - particulièrement les Gryffondors - semblaient avoir une vue tout à fait différente de la question. Pour eux, Maud avait travaillé avec Rogue sur une potion pour rétablir sa vision et hier dans la nuit elle avait finalement découvert l'ingrédient manquant qui la ferait marcher. Dans son excitation elle s'était précipitée pour rencontrer Rogue, retournant juste de son affaire à l'extérieur de Poudlard et ils s'étaient dirigés de nouveau vers les cachots pour fabriquer la potion ensemble.
C'était tout à fait logique, vraiment. Bien sûr, quitter l'école après le couvre-feu aurait dû faire gagner à Maud au moins une réprimande : mais chacun savait que Rogue favorisait les Serpentards et ferait presque tout pour empêcher sa Maison de perdre des points. En effet, il avait même ignoré les calomnies de Muriel avant que les autres directeurs ne se soient finalement réunis pour le forcer à s'occuper d'elle. Après tout, il n'y avait pas que la réputation de Rogue en tant qu'enseignant en jeu, mais aussi la réputation de Poudlard elle-même...
"Je ne sais pas comment tu as fait cela," dit Maud doucement à la tête courbée de George, "ou même pourquoi. Mais merci."
Ils étaient assis sur le plancher du cabinet de voyage, une pile de notes griffonnées entre eux, tandis que Maud se creusait la tête pour trouver des ingrédients bon marché et des idées fraîches qui pourraient rendre les farces pour sorciers facétieux des Weasleys encore plus réussies. Elle faisait de son mieux - elle devait trop à George pour faire moins - mais c'était plus dur qu'elle ne l'avait imaginé possible de tenir son esprit à la tâche présente. Tant de choses étaient arrivées dans les vingt-quatre dernières heures...
"Et bien," dit George, griffonnant toujours avec sa plume, "tu as retrouvé ta vue , tu méritais une occasion de fêter cela. De toute façon, Muriel avait ça lui pendant au bout du nez. Goûter à ses propres stratagèmes et tout cela. En plus, je n'étais pas si loin de la vérité que cela ? Tu as récupéré ta vue ... et tu es aller rencontrer Rogue."
Il y eut un moment de silence terrible. George leva lentement les yeux vers Maud et son regard croisa le sien ... et il sourit. "Ne sois pas si choquée," dit-il. "J'avais toujours la carte d'Harry, tu te souviens ? Après que tu sois partie si vite de la volière, je suis retourné au dortoir et ai cherché à voir où tu t'étais dirigée. Je t'aurais suivie si je n'avais pas vu Rogue au bord de la carte ..., mais puisque tu semblais avoir quelque sorte de rendez-vous avec lui et tu agissait comme si l'affaire était ultrasecrète, j'ai supposé que je ferais mieux de ne pas intervenir."
Quelque sorte de rendez-vous. Et bien, c'était une façon de voir cela. "Qu'as-tu vu d'autre ?" demanda-t-elle, essayant de tenir sa voix naturelle.
"Je t'ai suivie jusqu'à ce que tu ne rencontres Rogue. Puis rien ne semblait plus se passer, alors..." Il haussa les épaules. "J'ai abandonné et je suis allé me coucher. J'ai supposé que tout se passerait bien : tu étais avec Rogue, après tout. Il peut être un malheureux salaud vicieux et pour tout que je sais il travaille pour Tu-sais-Qui , mais il ne serait pas assez stupide pour faire du mal à une élève, ici à Poudlard. Particulièrement pas à la nièce de Maugrey Fol Oeil."
Une vague de soulagement traversa Maud et elle sentit ses muscles tendus se relaxer. "Tu sembles avoir tout deviné," dit-elle.
"Et bien, j'ai eu assez de temps pour y penser. Particulièrement après que tu soit partie en coup de vent hier soir et me laissant planté là avec ton nouveau hibou-guide." Il lui jeta un regard calculateur. "Alors ... comment as-tu fait pour récupérer ta vue, de toute façon ?"
"Comme ta rumeur le disait... Le professeur Rogue et moi avons fait une potion."
"Mais ça a mis quelque temps avant de faire effet ?"
Elle hocha la tête.
"Super," dit George. "As-tu noté la recette ? Parce que je parie que ça se vendrait comme des petits pains."
Maud sourit.
"Au fait..." George reposa sa plume, poussa les papiers de côté et s'assit, ses yeux sérieux à présent. "As-tu finalement trouvé Dumbledore ? Tu semblais vraiment bouleversée qu'il ne soit pas là hier soir."
"Je..." Elle hésita, choisissant ses mots soigneusement. "Je ne voulais rien faire sans le consulter. C'était une situation difficile et je pensais que j'aurais besoin de son aide."
" Et bien, tu sembles t'être débrouillée toute seule."
"Oui." Ses yeux rencontrèrent fermement les siens. "Grâce à toi."
George continua à la regarder gravement un instant : puis il se pencha en avant, ferma les yeux et fronça ses lèvres d'une telle façon absurdement exagérée que Maud éclata de rire.
"Est-ce que c'est ça," dit-elle, "ton idée d'une juste récompense ?"
George sourit et s'assit de nouveau. "Nanh, je ne pouvais juste pas supporter le mélodrame."
Maud saisit son sac d'école et le lui jeta à la tête; il esquiva et retomba en arrière, en riant. "Tu es incorrigible," l'accusa-t-elle, incapable d'effacer le sourire de son visage. C'était un soulagement de savoir que quoi qu'il ait pu penser d'autre quant à son comportement d'hier soir, elle n'avait pas froissé ses sentiments.
"Yep," dit George gaiement et lui renvoya le sac. "Maintenant tu ferais mieux d'y aller, Mlle Maugrey. Quelqu'un pourrait se demander où tu es."
" Tu as raison." Grimaçant un peu devant la rigidité de ses muscles, Maud se mit sur ses pieds. "Ce qui me rappelle - où est Fred ?"
"Sais pô. Je ne l'ai pas vu depuis le dernier cours."
"Il ne savait pas que nous nous rencontrions ici ?" Maud fut étonnée : les jumeaux Weasley étaient inséparables d'habitude.
"Non."
Un soupçon particulier commença à grandir dans son esprit. "George - que sait Fred ?"
"Euh..." George fit une pause, fronça les sourcils et regarda le plafond, comme s'il compilait quelque liste mentale. "En réalité .. .rien."
La bouche de Maud s'ouvrit. "Il ne sait pas même ... ça ? Que nous avons fait affaire ... que je t'aide ?"
"Non." Il lui fit un mauvais sourire. "Imagine juste comme ça me donne l'air intelligent ."
"Mais tu avais fait un pari de - vous aviez fait un pari sur. Tu veux dire ... que tu ne lui as pas dit ce que je t'ai dit ? Tu n'as pas réclamé ton dû ?"
"Non."
"Et hier soir ... il n'était pas avec toi quand tu as regardé la carte ?"
"Non."
"Mais..." Elle le regarda d'un air impuissant. "Je pensais que vous faisiez tout ensemble."
"Pas la moitié!" dit-il, sonnant indigné. Puis il s' adoucit et dit, "Bon d'accord, un peu plus que la moitié. Mais pas tout. Je ne demande pas à Fred à ce qu'il fait quand je ne suis pas avec lui, n'est-ce pas ? Chacun a le droit à un peu de vie privée."
Elle était toujours étonnée, mais elle n'était pas sur le point de discuter. "D'accord," dit-elle et se tourna pour partir.
"En plus," murmura George dans son souffle, "si je le lui disais, je devrais lui payer dix Galions, n'est-ce pas ?"
Maud se figea.
Pendant que Dumbledore la regardait sobrement, Maud se sentit passer du chaud au froid et du blanc au rose subitement. Il devait avoir entendu la réponse qu'elle avait donnée à Rogue : son seul espoir était qu'il avait aussi entendu la question. Autrement, elle aurait l'air d'avoir fait irruption ici au beau milieu de la nuit pour jurer un amour éternel - une pensée plus humiliante que tout ce que Muriel pourrait probablement inventer.
"Je-" elle commença à dire, mais Rogue fut plus rapide.
"Directeur," dit-il, "je prends la pleine responsabilité de .l'irrégularité de la situation. Mlle Maugrey m'a sauvé la vie ce soir et sa présence était seulement due à ses compétences médicales, je vous assure."
Sa voix sonnait, pensa Maud avec surprise, presque inquiète. Elle jeta un coup d'?il derrière elle à Rogue, vit la tension sur son visage, le regard implorant peu familier dans ses yeux.
"Je vous crois, Severus," dit Dumbledore doucement. "Cependant, maintenant que je suis ici, je pense qu'il serait mieux que Mlle Maugrey -"
"Ne me faites pas partir."
Les mots sortirent de sa bouche avant qu'elle ne puisse les retenir et elle rougit de nouveau lorsque les deux hommes la regardèrent. "C'est juste," dit-elle, "que je ne peux pas - je dois savoir-"
Dumbledore posa une main sur son épaule. "J'étais sur le point de dire, qu'il serait mieux que vous vous poussiez légèrement pour me permettre de voir ce que je peux faire pour Severus. Il devra donner des cours dans quelques heures, après tout et cela serait malheureux que quelqu'un doive remarquer ses blessures."
"Oh,"dit-elle faiblement. "Oui, bien sûr."
Dumbledore s'avança, tirant une fiole cristalline de sa manche. Soigneusement, même tendrement, il tourna la tête de Rogue sur le côté pour que l'entaille au-dessus de sa tempe soit visible et laisser tomber une seule goutte de la bouteille sur la blessure laide. "Y a-t-il autre chose ?" demanda-t-il.
"Des côtes cassées," dit Rogue. "Le reste est de simples contusions et des éraflures - mes robes les cacheront." Le Directeur inclina la tête. "Très bien. Ouvrez votre bouche, Severus," et quand Rogue obéit il versa une autre des gouttes nacrées sur sa langue. Rogue avala et quelque couleur revint sur son visage.
"Maintenant," dit Dumbledore, "je suggère que vous essayiez de dormir un peu. Mlle Maugrey et moi avons à parler."
"Directeur," dit Rogue. "Y avait-il - quelque chose pour moi ?"
Les yeux de Dumbledore pétillèrent faiblement dans un sourire. "Je crois que j'ai ce que vous cherchez, oui. Mais cela attendra que vous ne soyez dans une meilleure position pour l'apprécier. Maintenant dormez," et il mit une main sur le front de Rogue. Quand il la retira un moment plus tard, les yeux de Rogue étaient fermés.
"Bien, Mademoiselle Maugrey," dit Dumbledore d'un ton plus vif, prenant son bras et la menant à un siège dans un coin, "tu as eu une soirée mouvementée, à ce que je vois. Mais d'abord..." Il tira un petit objet arrondi de sa manche et le mit dans sa paume.
Maud savait sans regarder ce qu'il lui avait donné. Elle ferma ses doigts autour du corps d'Athéna, caressa doucement les plumes de pierre avant de glisser le petit hibou dans la poche de ses robes. "Professeur", dit-elle. "Où étiez-vous ?"
"J'ai reçu un appel urgent d'un vieil ami," dit Dumbledore. "Je te fais des excuses pour ne pas avoir été là quand tu es venue à mon bureau, mais même moi, je ne peux pas être à deux endroits au même moment ... et j'avais des raisons de croire que Severus serait en de bonnes mains."
"Comment va mon oncle ?"
Les sourcils de Dumbledore se levèrent : il lui donna un regard perçant à travers ses lunettes. "Je vois," dit-il. "Bien, alors, puisque tu sembles connaître la situation presque aussi bien que moi , la réponse est bien. Il était un peu surexcité et avait un superbe assortiment de heurts et des contusions, mais autrement il ne semblait pas avoir été blessé sérieusement."
Maud ferma les yeux de soulagement.
"Nous avons eu une longue conversation , Alastor et moi," dit Dumbledore pensivement. "De même que lui et Severus, je comprends, avant qu'Albert ne les ait interrompus."
"Albert ?"
"Albert Parnaby." Dumbledore soupira. "Une autre jeune vie prometteuse gaspillée au service d'un mauvais maître." Ses yeux se dirigèrent un instant vers la silhouette silencieuse, immobile de Rogue. "Albert était un élève ici il y a quelques années seulement : je le connaissais bien. Son père possède un magasin dans le chemin de embrumes, mais Severus et moi pensions il pourrait encore y avoir de l'espoir..."
Jusqu'à présent, Maud avait vu Parnaby comme un homme d'un certain âge, endurci par des années de service de Voldemort. La réalisation qu'il avait été seulement un peu plus vieux qu'elle et que Rogue lui avait donné des cours de même qu'à elle, secoua son estomac. Comment Rogue s'était-il senti, à devoir le tuer ?
"Il est chanceux que tu ais été avec Severus ce soir," dit Dumbledore tranquillement, comme s'il avait lu ses pensées. "Même s'il n'avait pas été blessé, cela n'aurait pas été bon pour lui d'être seul. Mademoiselle Maugrey-"
Elle leva la tête.
"Je ne prétendrai pas ne pas avoir entendu tes paroles lorsque je suis entré. Mais je ne te condamnerai pas non plus pour elles. En fait je suis d'accord avec toi : Severus a besoin d'être aimé. Et si tu as vraiment choisi de l'aimer malgré ses fautes, tu ne peux pas lui faire un cadeau plus grand."
Maud lui fit un sourire blême pour montrer qu'elle appréciait l'encouragement, mais à l'intérieur elle pensait : Nous y voila.
"Et ..." dit Dumbledore pensivement.
Elle se raidit, se préparant au pire.
"... j'ai de bonnes raisons de croire qu'il le sait. Soit patiente avec lui, Maud. Il a été seul pendant une longue période de temps et la confiance ne lui vient pas facilement."
D'accord, pensa Maud, c'est pour maintenant.
Mais non. Dumbledore replia ses mains ensemble et s'assit en tripotant ses pouces, et en chantonnant faiblement un air mélancolique. Il était évident, qu'il avait fini ce qu'il était venu dire - mais cela semblait impossible. Où était le cours sur la responsabilité, l'avertissement de l'importance d'une bonne réputation, le rappel sévère des règles de Poudlard ? Obscurément, Maud se sentit trompée.
"Professeur," dit-elle enfin, "je ne suis pas punie ?"
"Penses-tu que tu devrais être ?"
"Et bien ... oui."
Il sourit doucement. "Il arrive que j'ai remarqué à mon retour que Severus avait commis l'acte sans précédent de retirer des points de sa propre maison. Pour le crime de s'aventurer dans la Forêt Interdite après heures - une violation qui semble être commise avec une régularité navrante ces derniers temps - je crois que cinquante points seront plus que suffisant. Bien sûr, il y a la question de..."
Maud retint son souffle.
"... ton sauvetage de Severus. C'était un acte de courage, de fidélité et de sacrifice de soi comme j'en ai rarement vu chez un membre de la Maison Serpentard et s'il n'était pas nécessaire - et s'il n'y avait pas besoin - de tenir les détails de ton héroïsme secrets, j'accorderai volontiers cent points à ton crédit. Mais étant donné la situation..."
Il parlait, pensa Maud avec des yeux vides, comme s'il avait été témoin direct des événements de cette nuit , ou s'il savait au moins l'histoire entière. Mais s'il savait que Rogue avait besoin d'être sauvé, alors pourquoi il ne l'avait pas fait lui-même ? Ou au moins aidé d'une façon ou d'une autre ?
Parce que, se répercuta la voix de son oncle dans son esprit, je savais que je ne pourrais pas toujours être là pour toi...
Son esprit recula devant cette pensée. Elle la repoussa, se força à faire attention juste à temps pour entendre Dumbledore dire, "Hélas, je crains que tu ne deviennes encore moins populaire parmi tes camarades Serpentards que tu ne l'es déjà ."
"Je ne pense pas que c'est possible," dit Maud.
"Oh, mais si. Après cette nuit tu ne leur feras plus pitié comme auparavant, ils ne trouveront plus tout à fait si commode de t'ignorer. Tu vois - et je crois que tu me pardonneras ce de jeu de mots négligent - tu n'es plus aveugle."
Elle le regarda brusquement; son sourire s'élargit. "Ma chère jeune femme," dit-il, "même si tu n'avais pas laissé Athéna sur le seuil de ma porte, je n'aurais pas pu manquer de le remarquer. Je m'étais demandé qu'il faudrait pour convaincre ton esprit d'accepter ce que ton c?ur savait déjà : maintenant, il semblerait, nous l'avons découvert."
"Je... Je ne suis toujours pas sûre de comprendre."
"Oh, je pense que si, Mademoiselle Maugrey - ou au moins, tu le soupçonnes. Il y a au moins deux explications raisonnables pour lesquelles ta cécité a continué même après que toi et Severus ayez fabriqué votre potion de régénération des nerfs." Il les compta sur ses doigts. "La première était qu'Athéna avait été une partie de toi si longtemps, que c'était impossible pour toi d'imaginer voir sans elle. Tant qu'elle vivait, ton esprit n'accepterait pas de voir autrement."
Elle acquiesça : c'était logique.
"Et l'autre..." Il baissa la voix, l'invitant à continuer.
"Mon oncle pensait savoir." Elle parla doucement, pour que même si Rogue était éveillé, il n'entende pas. "Il croyait que c'était à cause du lien qui s'est formé entre nous - le Professeur Rogue et moi - quand il a sauvé ma vie. Que je lui avait livré ma volonté cette nuit-là et que même maintenant, une partie de moi lui obéissait toujours instinctivement. Donc je ne regagnerais jamais ma vue tant que j'étais avec lui, parce que si je pouvais voir, je - je pourrais devenir un Auror. Et cela voudrait dire le quitter."
Dumbledore la considéra sérieusement sous son long nez courbe. "Le crois- tu ?"
"Pendant quelque temps ... j'ai craint que cela puisse être vrai."
"Et maintenant ?"
Sa bouche se plia dans un sourire triste; lentement, elle secoua la tête. "Même si le Professeur Rogue avait réussi à jeter par mégarde un sort de confiance sur moi quand j'avais quatre ans, les effets n'auraient pas pu durer pendant treize heures, sans parler de treize ans. Et bien que lui devoir la vie m'ait donné un certain ... désir de ... lui montrer ma gratitude d'une façon ou d'une autre, et essayer de payer cette dette ... cela n'a pas changé qui je suis. Les choix que j'ai faits sont les miens. Pas les siens." Elle souleva son menton, regarda fermement derrière Dumbledore vers le lit où Rogue était étendu, son visage curieusement vulnérable dans le sommeil et ses cheveux noirs dégringolant sur l'oreiller. "Je le sais maintenant."
"Bien," dit Dumbledore avec satisfaction.
"De plus," Maud ajouta sans détourner les yeux, "si le Professeur Rogue veut me contrôler, il ne fait pas du très bon travail. Après ce soir, il a autant de dette envers moi que j'en ai jamais eu envers lui ... et je peux voir de nouveau."
Le Directeur tapota son bras, et se mit sur ses pieds avec effort. "Tu as toujours vu plus clairement que tu ne savais, Maud, particulièrement en ce qui concerne Severus. Et puisque de temps en temps tu possèdes aussi une capacité singulière à voir à travers lui, tu pourrais encore être capable de lui apprendre une chose que je ne pourrais jamais ."
Elle leva les yeux vers lui interrogativement.
"A rire de lui-même." Dumbledore chercha dans sa manche de nouveau, et en tira un rouleau serré de parchemin. " Pourras-tu donner cela à Severus pour moi ? Mes paupières attendent leur inspection de chaque nuit . Aussi bien que les tiennes, j'en suis tout à fait sûr : donc je t'encouragerais à prendre tout le repos que tu pourras avant le lever du soleil."
Maud était stupéfiée. "Professeur - vous me permettez de rester ici ?"
"Je te le permet. Pourvu que tu montres le bon jugement de savoir décider quand partir, comme je m'attends entièrement à ce que tu le fasses, tu constateras que tu es capable de retourner à ton dortoir sans être vue." Il fit une pause, puis ajouta avec des sourcils levés et un scintillement significatif dans son oeil, "Cependant, si tu insistes à accompagner Severus au petit déjeuner, je ne serai pas responsable des conséquences."
L'idée d'elle avançant rapidement dans la Grande Salle au bras de Rogue, aux regards incrédules fixés sur eux de ses camarades d'étude, était si absurde que Maud étouffa un rire. "Je m'en souviendrai," dit-elle. "Merci, Directeur."
"Mlle Maugrey," il la salua gravement, soulevant son chapeau et partit.
Maud attendit que la porte ne se soit fermée avant de regarder le parchemin dans ses mains. Que-est-ce que cela pouvait bien être ? Pendant un moment fou elle lutta avec l'impulsion de l'ouvrir : mais son meilleur jugement l'emporta et elle posa le rouleau de côté. Alors, tranquillement, elle tira sa chaise jusqu'au bout du lit, posa sa tête sur les couvertures et tomba en un instant dans un sommeil sans rêves.
***
"Maud."
Elle se réveilla au son de la voix de Rogue, se redressa avec effort. Pendant un instant elle regarda stupidement le lit vide, se demandant où il était parti : puis elle tourna la tête et le vit debout à côté d'elle.
Il était entièrement habillé, de robes noires identiques à celles qu'il avait ruinées la nuit précédente et les yeux qui rencontrèrent les siens étaient clairs, scintillant dans la première lumière faible de l'aube. Il lui tendit une main et lorsqu'elle la prit et le laissa la tirer sur ses pieds elle vit qu'il bougeait facilement, comme s'il n'avait jamais été blessé.
"Bien-" commença-t-elle à dire et elle ne put aller plus loin avant qu'il ne prenne son visage entre ses mains et ne couvre sa bouche de la sienne.
Pour un premier baiser c'était assez impressionnant et Maud était à bout de souffle lorsqu'il fut fini. A travers la brume, se demandant si elle était éveillée ou si c'était juste un rêve réaliste et potentiellement embarrassant, elle s'entendit dire d'une voix épaisse, "Vous ne pouvez pas faire cela."
Rogue enroula ses bras autour d'elle, posa son menton sur le sommet de sa tête. "Ah bon ?" dit-il.
"Non, vous ne pouvez pas," insista-t-elle, assourdie contre ses robes. "Les règles-"
"Maud," dit Rogue, "avez-vous une idée de ce que les règles disent en réalité en ce qui concerne cette sorte de situation ?"
"Non,"dit-elle de nouveau, poussant inefficacement contre son poitrine dans un effort pour se libérer de son embrassade. "Mais je suis tout à fait sûr qu'elles ne disent pas que vous pouvez faire ce que vous venez de faire."
"Tout à fait vrai," consentit Rogue, la relâchant et observant son visage rougi avec une sorte d'amusement de propriétaire. "Mais elles ne l'interdisent pas non plus."
"C'est impossible." Elle le regarda fixement. "Le professeur Dumbledore vous a dit quelque chose à propos de cela une fois, je me souviens. ' Se tenir la main entre enseignant et élève est expressément interdit par le règlement intérieur de l'école. ' Il l'a dit comme si c'était une plaisanterie, mais-"
"Notez qu'il n'a pas dit de quelle école. Et ayant consulté moi même les règles existantes de Poudlard-- jusqu'aux nouvelles qu'Umbridge a introduites cette année, inclues-- je peux vous assurer que les liens de ce genre sont seulement considéré comme un crime passible de punition quand l'élève n'est pas encore majeur, ou s'il y a évidence de corruption. Cependant-" Il étendit la main, glissa une mèche entêtée en arrière du visage de Maud - "je sais aussi bien que vous que la tolérance n'est pas le même chose que l'approbation."
"Exactement." Les joues en feu, elle repoussa sa main au loin, embarrassée par la réalisation que cette fois les cheveux de Rogue devaient avoir l'air plus soignés que les siens.
"Donc j'ai discuté la question en profondeur avec le Directeur. Qui, avec sa façon circonspecte habituelle, m'a conseillé de consulter une autorité plus haute."
Elle le regarda fixement. "Le conseil d'établissement ?"
"Non," dit Rogue avec quelque chose de sa vieille acidité. "Votre oncle."
Pendant un instant Maud continua à le regarder avec incrédulité : alors ses genoux cédèrent et Rogue dût la rattraper par les coudes. "Mon oncle ..." chuchota-t-elle. "C'était pour cela vous êtes allé le voir ? Vous avez vraiment risqué votre vie pour demander-"
"- sa permission, oui. Cela semblait la seule chose honorable à faire en de telles circonstances . Et en plus, si je ne l'avais pas fait, il m'aurait vraiment tué."
"Alors ce parchemin-"
"-était de lui. En effet. Bien qu'il y ait une lettre adressée à vous avec : voudriez-vous la lire?"
"Je pense que je ferais mieux de m'asseoir," dit Maud faiblement.
Chère Maudie, J'écris ces lignes sous le nez vigilant de Dumbledore et je devrai être rapide, puisqu' il tient beaucoup à revenir à Poudlard rapidement. Ton Professeur Rogue est un mendiant effronté et est en même temps trop sûr de lui si tu me demandes mon avis. Mais par la barbe de Merlin, il a du cran. Et puisqu'il m'a non seulement sauvé la vie ce soir, mais a pris une - (ici plusieurs mots étaient gribouillés ) bonne volée en le faisant, j'admettrai que j'ais pu mal le juger . Cependant, même cela n'aurait pas été assez pour moi, s'il n'y avait pas eu le garçon Parnaby. Rogue a dû le tuer, ou bien c'en aurait été fait de nous tous et d'un bon gros morceau de la campagne aussi. Mais il l'a fait rapidement - avec plus de pitié que le garçon en méritait, en fait - et j'ai pu voir qu'il n'y prenait aucun plaisir. Rogue semblait bien connaître Parnaby - il a probablement été son professeur à Poudlard. J'ai remarqué, aussi, que P. ressemblait un peu au garçon Potter en apparence. De toute façon, quand ce fut fini, Rogue avait l'air encore plus malade que d'habitude. Tu ferais bien de le surveiller pendant les quelques prochains jours, Maudie. Je parierai que tu n'aurais jamais pensé que je te demanderais un jour - moi, de t'occuper de Rogue ? Et bien, je suis peut-être un vieux (mot rayé) cognard dur, mais j'espère que je peux encore l'admettre quand j'ai eu tort. J'ai beaucoup repensé à ce que tu as dit quand tu étais ici et je pense que je commence à en voir le sens. Je savais que tu avais une tête sensée sur tes épaules et tu as toujours été plus vieille que ton age; mais même ainsi je ne pouvais pas imaginer ce qui pouvait te faire vouloir l'amitié d'un homme comme Rogue. Maintenant, cependant, j'ai vu un peu de ses vraies couleurs par moi-même. Et il doit penser beaucoup de bien de toi, Maudie, ou il n'aurait pas risqué sa peau à venir me voir. Je ne sais pas ce que tu penseras de tout cela. Tu m'avais dit que tu n'étais pas amoureuse de Rogue, après tout et à cette époque tu semblais le croire. Donc tu pourrais ne remercier aucun d'entre nous. Mais après ce qui est arrivé ce soir, j'ai décidé de donner une chance à cet homme. Ton oncle qui t'aime, Alastor Maugrey
P.S. Je ne suis pas amoureux de Rogue non plus, alors assure toi de bien l'envoyer sur les roses si tu ne veux pas de lui. Tu as toujours eu un c?ur trop tendre.
Derrière cette lettre était une autre page, écrite aussi de la main gribouillée de son oncle : Moi, Alastor Maugrey, consent par la présente à ce que le Professeur Severus Rogue fasse sa cour à ma nièce et pupille, Maud Margaret Maugrey, si pour quelque raison elle décide de l'agréer. Et si elle le fait, il ferait mieux de tenir son serment de se comporter en gentleman. Autrement, je jure par la présente de le pourchasser et lui arracher ses ( grand gribouillis noir) pieds . Et ce sera juste un début. Signé ce 17ème jour de janvier 1996, Alastor Maugrey
Maud relit les deux pages deux fois, pour être sûre qu'elle n'imaginait pas des choses. Enfin, lentement, elle les posa sur ses genoux et leva les yeux vers Rogue.
"Vous," dit-elle, "êtes fou."
"Si vous pensez que ceci est alarmant," dit Rogue, "vous auriez dû entendre le serment." Il se baissa et prit les papiers de ses mains. "Ceux-ci resteront un secret entre nous et le Directeur. Je n'ai pas obtenu le consentement de votre oncle pour le bénéfice de quelque conseil d'établissement et je ne l'ai certainement pas fait pour le Seigneur des Ténèbres."
A titre privé, Maud était d'accord : il était peu probable que Voldemort apprécie que quoi que ce soit conclut une trêve entre un de ses Mangemorts et le célèbre Maugrey Fol Oeil. Maintenant, comme auparavant, leur meilleur espoir était de tenir leurs distances et feindre que l'animosité entre Maud et son oncle - aussi bien qu'entre son oncle et Rogue - était véritable.
"Bien sûr," dit Rogue d'une voix inexpressive, regardant toujours les lettres, "vous avez retrouvé votre vue ."
"Oui," dit-elle.
"Et donc vous avez aussi certaines options ... ... qui n'étaient pas ouvertes à vous auparavant."
"Comme ?" Elle le savait, mais elle voulait l'entendre le dire.
"Devenir Auror." Il fit une pause. "C'est-à-dire après tout, ce que vous avez toujours voulu . N'est-ce pas ?"
"Oui."
"Alors..." Avec une décision soudaine il s'avança à grands pas vers la cheminée, et tint les papiers au-dessus des charbons ardents.
"Vous êtes plus intelligent que cela," dit Maud doucement.
Il regarda derrière lui et les lignes dures de son visage se détendirent. Lentement, il baissa son bras. "Je voulais seulement que vous sachiez," dit-il, "que vous avez le choix."
"J'ai fait mon choix," dit-elle. "Je ne le regrette pas."
Rogue resta debout immobile, sa figure grande et maigre auréolée par la lumière du soleil d'un or lumineux. Pendant un instant, malgré ses traits durs sa peau jaunâtre et ses cheveux grêles (mais pas encore graisseux) tombant sur ses épaules, il était beau.
"Ni moi," dit-il. Et alors il lui ouvrit ses bras et elle s'y avança.
Pendant un long moment ils se tinrent, les mains de Maud caressant les muscles du dos de Rogue, le visage de Rogue enfoui dans les cheveux de Maud. Maud ferma ses yeux, avec un mal aigre-doux dans son c?ur en comprenant combien ils avaient tous les deux tiré profit cette nuit et combien plus que la vie d'Athéna -d'autant plus que ce chagrin lui faisait toujours de la peine - pourrait avoir été perdu.
Bien sûr, ils avaient toujours beaucoup à perdre, particulièrement maintenant, s'ils ne maintenaient pas leur vigilance. Elle n'avait aucune crainte que Rogue trahisse ses vrais sentiments en la favorisant trop : il était plus probable qu'il se trompe du côté de la sévérité. De toute façon, il avait vécu une charade pendant tant d'années déjà que l'addition d'un élément supplémentaire à son subterfuge importerait à peine . Maud était plus concernée par le maintien de sa propre discrétion, particulièrement après ce qui était arrivé avec Muriel : elle devait être mieux préparée à l'avenir et pas se permettre d'être prise de court comme ça de nouveau.
Et à propos d'être attrapée...
"Je dois partir," murmura-t-elle à contrec?ur contre le battement de c?ur de Rogue. "Dumbledore m'a promis un passage sûr jusqu'au dortoir, mais pas si j'attends plus longtemps."
Elle sentit son signe de tête d'approbation. Il recula un peu, embrassa son front, sa joue et finalement, lentement, sa bouche. Puis il la laissa partir et elle ramassa son manteau et quitta la pièce sans un autre mot.
***
"Muriel! Réveille-toi! Réveille-toi!"
La voix était celle d'Annie Barfoot. Maud ouvrit des yeux troubles et tira les couvertures de sa tête juste à temps pour voir la fille aux cheveux frisés saisir Muriel à deux mains et la secouer - une liberté qu' Annie n'aurait jamais osé prendre en temps normal.
" 'oi ?" marmonna Muriel, faisant un effort futile pour repousser Annie. "'a-t-en."
"Lucinda et moi revenons juste de la Grande Salle." Annie était presque hystérique. "Et Serpentard a perdu cinquante points!"
Maud s'assit lentement, se leva et commença tranquillement à s'habiller. Elle enfila ses robes scolaires noires par la tête, puis prit une brosse et lissa ses cheveux pâles, soyeux avec quelques coups rapides. Il était étrange de regarder son visage de front dans le miroir sans voir aussi Athéna sur son épaule ...
"TOI!" gronda la voix de Muriel derrière elle.
Maud se retourna en un éclair et frappa la main de Muriel loin de son bras. "Ne me touche pas," dit-elle, faisant sonner chaque mot d'un air glacial .
Les yeux de Muriel rencontrèrent ceux de Maud - et la couleur draina de son visage. Elle fit un pas en arrière, son expression circonspecte, presque craintive.
"C'est exact," dit Maud d'une voix égale. "Je peux voir. Dis-moi donc, Muriel ... pourquoi dois-je me soucier de combien de grains de sable sont dans le sablier des Serpentards ce matin ?"
"Oh," grinça Annie. "Oh, oh, oh!"
"La ferme!" Muriel aboya, se tournant vers elle. "Ou sort!"
Annie rabattit ses mains sur sa bouche, ses yeux ronds comme ceux d'un hibou et s'assit brusquement sur la fin du lit. Muriel la regarda fixement quelques secondes de plus avant de se retourner vers Maud et d'affronter son regard fixe de nouveau, cette fois avec une expression de défi.
"D'accord," dit-elle. "Peut-être que tu ne t'en soucie pas. Mais le reste d'entre nous le fait ... et je te promets, Fille Maugrey, que nous te ferons le regretter."
Maud sourit. "Tu peux essayer," dit-elle. "Mais je suggère que tu te demandes quelque chose, Muriel : pourquoi pourrais-je vouloir quitter Poudlard la nuit, seule? Et quelle sorte de pouvoir il faut pour faire voir une jeune aveugle ?"
Annie tourna d'une nuance délicate de vert, sauta sur ses pieds et courut hors de la pièce. Muriel, d'autre part, sembla presque impressionnée. "Bien, bien," dit-elle. "Alors qu'essayes-tu de me dire ? Que tu as des amis en bas lieu ?"
"Plus haut que tu n'atteindras jamais ."
"Des amis puissants ?"
"C'est toi qui le dit," dit Maud.
Les yeux de Muriel se rétrécirent, l'évaluant. "Je vois," dit-elle enfin, quoique Maud puisse dire qu'elle ne le faisait pas . Mais le manque d'information ne l'avait jamais arrêté de parler et avant la fin de la journée l'école bourdonnerait avec quelque rumeur pernicieuse ou autre sur comment Maud avait récupéré sa vue. Probablement plusieurs rumeurs différentes et contradictoires, en fait.
"Alors," Muriel dit. "Qui t'a attrapée quand tu es revenue ? McGonagall ? Umbridge?"
Maud resta silencieuse.
"C'est ce que je pensais." L'autre fille sembla satisfaite. "Bien, voyante ou non-voyante, je ne voudrais pas être à ta place pendant les quelques prochains jours, Maugrey." Elle s'étendue comme pour pousser Maud , mais Maud recula, soutenant sa brosse d'un air menaçant.
"Je ne te le dirais pas deux fois, Muriel. Ne me touche pas. Jamais."
Muriel la regarda fixement et ouvrit la bouche pour répliquer, mais alors la voix timide d'Annie vint de l'embrasure de la porte : "Muriel - dans la salle commune - il veut te voir."
"Qui ?" demanda Muriel, ne quittant toujours pas Maud des yeux.
Annie avala "Professeur Rogue."
Le son du nom de Rogue était difficilement mélodieux, mais il réussissait quand même à faire des choses inattendues à la base de l'épine dorsale de Maud. Elle pouvait ne pas s'être considérée comme amoureuse de lui il y a quatre jours, ou même hier; mais ,le ciel l'aide, elle l'était certainement maintenant. Étrange, elle pensa, comme un choix de l'esprit peut si rapidement prendre possession du c?ur ...
"Tu ferais mieux de t'habiller," dit-elle à Muriel, avec bien plus de calme qu'elle n'en ressentait.
Furieusement, Muriel se tourna, marcha vers son coffre et commença à en jeter des robes. Maud s'assit sur le bout de son lit et brossa ses cheveux avec de longues, lentes caresses jusqu'à ce que le claquement du couvercle du coffre ne l'avertisse que l'autre fille avait fini : alors elle se leva calmement et suivit Muriel par la porte.
Rogue était debout devant la cheminée, battant avec un long doigt contre son bras plié. Son regard vacilla vers Maud lorsqu'elles entrèrent et pendant un instant leurs yeux se rencontrèrent : mais son visage resta sans expression et dès l'instant suivant son attention s'était tournée complètement vers Muriel. "Mlle Groggins," dit-il brusquement. "Suivez moi."
Les épaules rentrées, comme si elle savait déjà et ressentait ce qui allait se passer, Muriel le suivit hors de la salle commune. Maud regarda jusqu'à ce que la porte ne se soit fermée derrière eux. Alors elle se tourna vers Annie, qui était debout, incertaine, à côté d'elle et dit, "Vite, Annie. Qu'a-t-il exactement dit quand il est entré ?"
La fille aux cheveux bruns secoua la tête. "Quelque chose à propos d'une réunion et la de présence de Muriel étant exigée ... je ne me souviens pas."
Elle darda un regard nerveux vers Maud, puis se mordit la lèvre et laissa tomber ses yeux de nouveau. "Penses-tu qu'elle a des ennuis ?"
"Oui," dit Maud lentement. "En réalité, oui."
"Alors..." Annie cligna des yeux. "Peut-être que ce n'était pas toi. Peut- être que c'était elle. Les cent points, je veux dire. Tu crois ? Je veux dire, McGonagall - c'était elle qui t'a attrapée, n'est-ce pas ? - a-t-elle dit qu'elle enlevait cinquante points ?"
"Non," lui dit Maud, avec une honnêteté parfaite. "Le professeur McGonagall n'a dit rien de tel."
***
Muriel ne se montra pas dans la Grande Salle avant que le petit déjeuner ne soit à moitié fini. Elle se fraya un chemin jusqu'au banc à côté de Lucinda, ses yeux rouges et avala une boule de gruau d'avoine sans parler ni regarder qui que ce soit. Elle n'avait pas simplement l'air coupable, pensa Maud : elle semblait condamnée. Et quand Chourave, Flitwick, McGonagall et Rogue entrèrent ensemble dans la salle quelques minutes plus tard, les regards de perplexité et de surprise échangés à la table des Serpentard tournèrent en regards de compréhension - et de colère.
"Je savais qu'elle aurait des ennuis un jour ou l'autre!" siffla Lucinda aussitôt que Muriel fut partie. "Je lui ai dit qu'elle était allée trop loin!"
Annie acquiesça solennellement. "Il y a des choses qu'on ne peut juste pas dire."
C'était de l'hypocrisie chancelante, étant donné que Lucinda et Annie étaient non seulement des commères invétérées elles-mêmes, mais les propres rapporteurs en chef de Muriel. Maud supprima la forte envie de leur frotter à tous les deux les oreilles, attrapa calmement un autre toast et dit, "Comme quoi ?"
"Et bien-" Annie rougit. "Allez, Maud, tu dois quand même savoir."
"Oh. Ca." Maud ne fit rien pour cacher son amusement - quoique les raisons pour cela soient différentes que n'importe laquelle que Lucinda ou Annie pouvaient espérer deviner. "Quelqu'un prend-il cela sérieusement ?"
Lucinda leva les yeux vers elle, la honte et la crainte se mélangeant dans ses yeux verts embués. "Pas - plus maintenant," dit-elle. "Maintenant que nous savons ce que vous faisiez vraiment ."
Maud n'avait aucune idée de ce qu'ils "savaient", mais elle inclina la tête comme si elle le faisait.
"De toute façon, j'ai entendu des Gryffindors parler il y a quelques minutes," ajouta Annie, "et ils ont dit que quand McGonagall a découvert certaines des choses que Muriel avait dites, elle était furieuse."
"Peut-être McGonagall a un béguin pour Rogue," dit Lucinda et elle rit sottement.
Annie fronça les sourcils. "C'est sérieux, Lucinda. J'ai entendu dire que Muriel pourrait être expulsée."
D'une façon ou d'une autre, Maud doutait qu'Annie ait entendu quoi que ce soit de la sorte : même si c'était vrai, les nouvelles n'auraient pas pu voyager si vite. Mais Lucinda sembla l'accepter comme un fait et sans aucun doute peu de temps après le reste des Serpentards aussi.
"Hé, Maugrey."
La voix venait de derrière elle, une voix traînarde et insolente que Maud ne connaissait que trop bien. Elle se tourna sur sa chaise pour lui voir Draco Malfoy debout là, les bras croisés, lui souriant d'un air satisfait . "Alors tu as retrouvé ta vue," dit-il. "Beaucoup de gens voudraient savoir comment tu y es arrivée ."
Maud lui fit un sourire tendu. "Pourquoi ne demandes-tu pas à Annie et Lucinda ?" dit-elle, se levant et lui offrant sa place sur le banc. "Elles te raconteront l'histoire beaucoup mieux que je ne le pourrais jamais ."
***
Toute la journée, Maud se prépara à se défendre contre les accusations et les récriminations, sûre que quelqu'un découvrirait qu'elle et non Muriel avait été la cause de la perte douloureuse de ces cent points. Mais personne ne le fit. Et avant la fin du dernier cours, Maud avait entendu assez d'histoires horrifiques sur les fautes de Muriel pour éclipser même les plus mauvaises rumeurs sur elle-même - ce qui disait beaucoup, parce que certaines des théories comment Maud avait récupéré sa vue étaient vraiment tout à fait alarmantes. Beaucoup d'entre elles impliquaient de la magie noire, des créatures sombres, des rituels douteux à minuit dans la Forêt Interdite, ou quelque combinaison des trois. Quelqu'un alla jusqu'à suggérer qu'elle ait tué une licorne.
Mais celles-là étaient les rumeurs des Serpentards. Les autres étudiants - particulièrement les Gryffondors - semblaient avoir une vue tout à fait différente de la question. Pour eux, Maud avait travaillé avec Rogue sur une potion pour rétablir sa vision et hier dans la nuit elle avait finalement découvert l'ingrédient manquant qui la ferait marcher. Dans son excitation elle s'était précipitée pour rencontrer Rogue, retournant juste de son affaire à l'extérieur de Poudlard et ils s'étaient dirigés de nouveau vers les cachots pour fabriquer la potion ensemble.
C'était tout à fait logique, vraiment. Bien sûr, quitter l'école après le couvre-feu aurait dû faire gagner à Maud au moins une réprimande : mais chacun savait que Rogue favorisait les Serpentards et ferait presque tout pour empêcher sa Maison de perdre des points. En effet, il avait même ignoré les calomnies de Muriel avant que les autres directeurs ne se soient finalement réunis pour le forcer à s'occuper d'elle. Après tout, il n'y avait pas que la réputation de Rogue en tant qu'enseignant en jeu, mais aussi la réputation de Poudlard elle-même...
"Je ne sais pas comment tu as fait cela," dit Maud doucement à la tête courbée de George, "ou même pourquoi. Mais merci."
Ils étaient assis sur le plancher du cabinet de voyage, une pile de notes griffonnées entre eux, tandis que Maud se creusait la tête pour trouver des ingrédients bon marché et des idées fraîches qui pourraient rendre les farces pour sorciers facétieux des Weasleys encore plus réussies. Elle faisait de son mieux - elle devait trop à George pour faire moins - mais c'était plus dur qu'elle ne l'avait imaginé possible de tenir son esprit à la tâche présente. Tant de choses étaient arrivées dans les vingt-quatre dernières heures...
"Et bien," dit George, griffonnant toujours avec sa plume, "tu as retrouvé ta vue , tu méritais une occasion de fêter cela. De toute façon, Muriel avait ça lui pendant au bout du nez. Goûter à ses propres stratagèmes et tout cela. En plus, je n'étais pas si loin de la vérité que cela ? Tu as récupéré ta vue ... et tu es aller rencontrer Rogue."
Il y eut un moment de silence terrible. George leva lentement les yeux vers Maud et son regard croisa le sien ... et il sourit. "Ne sois pas si choquée," dit-il. "J'avais toujours la carte d'Harry, tu te souviens ? Après que tu sois partie si vite de la volière, je suis retourné au dortoir et ai cherché à voir où tu t'étais dirigée. Je t'aurais suivie si je n'avais pas vu Rogue au bord de la carte ..., mais puisque tu semblais avoir quelque sorte de rendez-vous avec lui et tu agissait comme si l'affaire était ultrasecrète, j'ai supposé que je ferais mieux de ne pas intervenir."
Quelque sorte de rendez-vous. Et bien, c'était une façon de voir cela. "Qu'as-tu vu d'autre ?" demanda-t-elle, essayant de tenir sa voix naturelle.
"Je t'ai suivie jusqu'à ce que tu ne rencontres Rogue. Puis rien ne semblait plus se passer, alors..." Il haussa les épaules. "J'ai abandonné et je suis allé me coucher. J'ai supposé que tout se passerait bien : tu étais avec Rogue, après tout. Il peut être un malheureux salaud vicieux et pour tout que je sais il travaille pour Tu-sais-Qui , mais il ne serait pas assez stupide pour faire du mal à une élève, ici à Poudlard. Particulièrement pas à la nièce de Maugrey Fol Oeil."
Une vague de soulagement traversa Maud et elle sentit ses muscles tendus se relaxer. "Tu sembles avoir tout deviné," dit-elle.
"Et bien, j'ai eu assez de temps pour y penser. Particulièrement après que tu soit partie en coup de vent hier soir et me laissant planté là avec ton nouveau hibou-guide." Il lui jeta un regard calculateur. "Alors ... comment as-tu fait pour récupérer ta vue, de toute façon ?"
"Comme ta rumeur le disait... Le professeur Rogue et moi avons fait une potion."
"Mais ça a mis quelque temps avant de faire effet ?"
Elle hocha la tête.
"Super," dit George. "As-tu noté la recette ? Parce que je parie que ça se vendrait comme des petits pains."
Maud sourit.
"Au fait..." George reposa sa plume, poussa les papiers de côté et s'assit, ses yeux sérieux à présent. "As-tu finalement trouvé Dumbledore ? Tu semblais vraiment bouleversée qu'il ne soit pas là hier soir."
"Je..." Elle hésita, choisissant ses mots soigneusement. "Je ne voulais rien faire sans le consulter. C'était une situation difficile et je pensais que j'aurais besoin de son aide."
" Et bien, tu sembles t'être débrouillée toute seule."
"Oui." Ses yeux rencontrèrent fermement les siens. "Grâce à toi."
George continua à la regarder gravement un instant : puis il se pencha en avant, ferma les yeux et fronça ses lèvres d'une telle façon absurdement exagérée que Maud éclata de rire.
"Est-ce que c'est ça," dit-elle, "ton idée d'une juste récompense ?"
George sourit et s'assit de nouveau. "Nanh, je ne pouvais juste pas supporter le mélodrame."
Maud saisit son sac d'école et le lui jeta à la tête; il esquiva et retomba en arrière, en riant. "Tu es incorrigible," l'accusa-t-elle, incapable d'effacer le sourire de son visage. C'était un soulagement de savoir que quoi qu'il ait pu penser d'autre quant à son comportement d'hier soir, elle n'avait pas froissé ses sentiments.
"Yep," dit George gaiement et lui renvoya le sac. "Maintenant tu ferais mieux d'y aller, Mlle Maugrey. Quelqu'un pourrait se demander où tu es."
" Tu as raison." Grimaçant un peu devant la rigidité de ses muscles, Maud se mit sur ses pieds. "Ce qui me rappelle - où est Fred ?"
"Sais pô. Je ne l'ai pas vu depuis le dernier cours."
"Il ne savait pas que nous nous rencontrions ici ?" Maud fut étonnée : les jumeaux Weasley étaient inséparables d'habitude.
"Non."
Un soupçon particulier commença à grandir dans son esprit. "George - que sait Fred ?"
"Euh..." George fit une pause, fronça les sourcils et regarda le plafond, comme s'il compilait quelque liste mentale. "En réalité .. .rien."
La bouche de Maud s'ouvrit. "Il ne sait pas même ... ça ? Que nous avons fait affaire ... que je t'aide ?"
"Non." Il lui fit un mauvais sourire. "Imagine juste comme ça me donne l'air intelligent ."
"Mais tu avais fait un pari de - vous aviez fait un pari sur. Tu veux dire ... que tu ne lui as pas dit ce que je t'ai dit ? Tu n'as pas réclamé ton dû ?"
"Non."
"Et hier soir ... il n'était pas avec toi quand tu as regardé la carte ?"
"Non."
"Mais..." Elle le regarda d'un air impuissant. "Je pensais que vous faisiez tout ensemble."
"Pas la moitié!" dit-il, sonnant indigné. Puis il s' adoucit et dit, "Bon d'accord, un peu plus que la moitié. Mais pas tout. Je ne demande pas à Fred à ce qu'il fait quand je ne suis pas avec lui, n'est-ce pas ? Chacun a le droit à un peu de vie privée."
Elle était toujours étonnée, mais elle n'était pas sur le point de discuter. "D'accord," dit-elle et se tourna pour partir.
"En plus," murmura George dans son souffle, "si je le lui disais, je devrais lui payer dix Galions, n'est-ce pas ?"
Maud se figea.
